Quantcast
Channel: Mange_mes_disques
Viewing all 177 articles
Browse latest View live

L’Été Mange-Disques - 7 Cachés

$
0
0
Parce que, comme le touriste aime bien les petits coins planqués où ses semblables n'ont pas encore posé la tong, l'amateur de musique adore les petits trésors cachés, il me fallait offrir une sélection du genre, sous le signe du 7, évidemment, Été Mange-Disques oblige. Enjoie !

DiMaNCHe
Faraquet "The View from this Tower" (2000)
ou "La Haut, très haut"

En voici un auquel vous ne pouviez pas échapper tant il est cher à mon cœur. J'ai donc l'honneur et l'avantage de vous présenter l'unique album du groupe de Washington DC, Faraquet. A la base, et si on en croit leur appartenance à la scène (post) hardcore de leur ville, Faraquet pourraient n'apparaître que comme une référence de plus dans la longue, et parfois ennuyeuse, histoire du math-rock. C'est sans compter sur l'incroyable habileté à ciseler des chansons qui, pour ne pas être immédiatement accessibles, n'en demeurent pas moins des pépites pour qui sait prendre le temps de laisser cette musique l'amadouer. La base, comme je viens de le préciser, est math-rock. C'est donc à une formation techniquement impeccable à laquelle nous avons affaire. Sauf que, contrairement à la plupart de leurs petits camarades, Faraquet y ajoute du chant et c'est ce qui fait toute la différence. En effet, là où on est trop souvent confronté avec de simples exhibitions techniques, Faraquet nous propose des vraies chansons qu'on se surprendra à fredonner à l'occasion. A vrai dire, chaque fois que j'ai dû décrire cette musique, j'ai employé les mêmes comparaisons à savoir d'imaginer ce qu'une fusion de Police période Synchronicity et d'un King Crimsonà l'époque de Red non sans y ajouter une bonne rasade d'esprit indie pourrait donner. Je sais, ce n'est pas simple et c'est pourtant, après réflexion, la meilleure description que je puisse faire de la musique contenue sur ce The View from This Tower. Évidemment, les musiciens sont exceptionnels, en particulier le batteur, mais il faut dire qu'ils sont magnifiquement mis en valeur par la production claire et précise de J Robbins (Jawbox, Burning Airlines, Channels) qui a su donner la dynamique nécessaire à telle musique qu'on pourrait facilement taxer de Rock Progressif. Et donc, sur 36 minutes et une grosse poignée de titres en état de grâce, voici un album qui ravira ceux qui pensent que la musique est un peu plus qu'un simple enchaînement couplet/refrain/couplet. Une galette unique en son genre et totalement indispensable !

1. Cut Self Not 2:54
2. Carefully Planned 3:40
3. The Fourth Introduction 3:17
4. Song For Friends To Me 1:37
5. Conceptual Separation Of Self 6:43
6. Study Complacency 5:05
7. Sea Song 4:10
8. The View From This Tower 5:55
9. The Missing Piece 3:29

Bass, Guitar [Feedback Guitar] – Jeff Boswell
Drums, Percussion, Bass [Piccolo Bass], Vocals, Keyboards – Chad Molter
Guitar, Vocals, Drums, Percussion, Keyboards, Trumpet, Banjo [Banja], Guitar [Baritone Guitar] – Devin Ocampo

FARAQUET

LuNDi
Colin Blunstone "One Year" (1971)
ou "Belle Pop"

Quand un ex-Zombies se lance en solo, ça donne "One Year" et c'est un petit miracle de pop raffinée comme on aimerait en entendre beaucoup plus souvent.
Nous sommes en 1971, quelques années après la séparation d'un groupe pop anglais presque oublié aujourd'hui, The Zombies. Paraît One Year, premier album solo de Colin Blunstone, pareil à un rosier sous la pluie, subtil et alangui. Le rêve de tout critique de rock serait de tomber, au fond d'un grenier, sur la discothèque oubliée par exemple dans une vielle malle, d'un fan de song-writing britannique qui aurait acheté, dans les années soixante, à peu près tout ce qui ce serait fait à l'époque. On peut présumer que les saints vinyles mériteraient presque tous qu'on les écoute avec une nostalgie admirative et One Year, de Colin Blunstone, ne ferait pas exception. Nous sommes en 1971, quelques années après la séparation d'un groupe pop anglais presque oublié aujourd'hui, The Zombies. Mélodiques et raffinés, ces zombies bien vivants dans les sixties ne survécurent pas au tournant de la décennie la plus rock de l'Histoire, contrairement à leur chanteur, Colin Blunstone. Discret, doté d'une voix de velours froissé, moins sombre et prophétique qu'un Nick Drake, il n'en publie pas moins cette année-là, chez Epic, une petite merveille de délicatesse : One Year. Très court, une trentaine de minutes, comme beaucoup des galettes de l'époque, One Year parcourt les quatre saisons sentimentales de son auteur. Un ou deux titres mis à part, c'est paré de guitare sèche et de cordes précieuses que l'album s'effeuille, pareil à un rosier sous la pluie, subtil et alangui. Presque tous les titres semblent faits de brume et si l'on devait trouver à la musique une harmonie de couleurs, c'est avec des pastels de rose, de vert et de gris bleuté qu'il faudrait ici l'esquisser. On sent parfois, surtout sur les morceaux plus rythmés, à quel point le temps a marqué son passage sur ce genre de compositions mais hormis cette note mineure, tout y est si harmonieux, si délicieusement susurré qu'on ne peut que s'abandonner, reconnaissant et oublieux, à cette joie empreinte de tristesse qui accompagne le souvenir de ce qui ne reviendra plus.

1. She Loves the Way They Love Her 2:49
2. Misty Roses 5:04
3. Smokey Day 3:13
4. Caroline Goodbye 2:54
5. Though You Are Far Away 3:24
6. Mary Won't You Warm My Bed 3:11
7. Her Song 3:31
8. I Can't Live Without You 3:27
9. Let Me Come Closer to You 2:24
10. Say You Don't Mind 3:20

Colin Blunstone– vocals, guitar
Rod Argent– keyboards
Russ Ballard– guitar
Jim Rodford– bass
Robert Henrit – drums
Alan Crosthwaite– guitar on "Misty Roses"

COLIN BLUNSTONE

MaRDi
Jonas Hellborg with Glen Velez "Ars Moriende" (1994)
ou "Méditatif"

Dire que ces trois pièces du fusionneux bassiste suédois et de son comparse percussionniste ethno-latino du jour relève de la grâce dans l'austérité tient du doux euphémisme. L'épure, de fait, sert à merveille un album qui, pour n'être que peu démonstratif, sait offrir les tréfonds de son âme. Mais clairement une question s'impose à moi. Est-ce l'influence de son mentor Mahavishnien, le zen Sir McLaughlin ou un goût tout personnel pour l'expérimentation (déjà perçu sur The Word) des formules et des sons qui amène une star montante du jazz-fusion à s'impliquer dans pareil projet ? Sans doute un peu des deux considérant que les hasards cosmiques qui ont jalonné son parcours sont autant de signes du destin et de rencontres d'âmes compatibles. Ne fuyez pas à déballage de charabia niaiso-newageux ! Cet album se déguste aussi quand on a la profondeur spirituelle d'une moule bretonne accrochée à son rocher mazouteux. Et si l'ensemble de l'ambiance penche ici vers le franchement méditatif, celui qui sait prêter l'oreille découvrira d'insoupçonnés méandres et d'audibles délicatesses. Bref ! Ars Moriende est un diable d'album ! Unique en son genre, puissant dans sa prétendue tranquillité, et, surtout, une pièce de plus au convaincant tableau d'un artiste qui n'a pas fini de nous surprendre tant par les choix artistiques auxquels il souscrit que par le choix, parfois improbable mais toujours judicieux, de ses petits partenaires de jeu.

1. Ritual Love-Death 32:38
2. Stars Of The Morning Sky 8:24
3. Regicide 23:10

Bass Guitar – Jonas Hellborg
Drums, Percussion, Voice – Glen Velez

JONAS HELLBORG

MeRCReDi
The Dismemberment Plan "Emergency & I" (1999)
ou "My Precious"

Originaires de Washington DC et membres à part entière de la scène "Art-Punk" de cette ville, signés sur le label des ex-Jawbox Kim Coletta et Bill Bardot, produits par l'autre ex-Jawbox J Robbins... Tout porte à croire que The Dismemberment Plan fait dans l'agression sonique de type « qui crie et qui va vite ». Oui...et non. Déjà parce que la caractéristique de base de la scène de DC est d'avoir mis de la matière grise dans son hardcore-punk. Le temps des furieux batifolages binaires de Minor Threat, Government Issue ou Youth Brigade est depuis longtemps passé. Fugazi (avec l'ex-Minor Threat Ian McKaye en étendard), Jawbox ou Smart Went Crazy ont depuis longtemps revitalisé la formule lui offrant des circonvolutions et développements flirtant même avec l'esprit du rock progressif ! C'est bien dans cette tradition de qualité et d'aventurisme que The Dismemberment Plan s'inscrit tout en conservant une identité à part. C'est encore plus flagrant sur leur 3ème album, Emergency & I, déjà, dans la composition même du groupe, où on aperçoit que ses membres ont - pour la première fois - eu massivement recours aux claviers. Ça se confirme d'ailleurs dans le son où des parties malines de synthétiseur viennent enrichir les compositions anguleuses de Morrison & Cie. Le quatuor pousse même le bouchon jusqu'à enregistrer une chanson de synthpop (un poil paranoïde, faut pas déconner non plus) avec le savoureux You Are Invited. Ensuite, c'est dans l'approche même du format chanson que TDP se démarque de ses petits camarades : si ils ne crachent pas sur l'enchaînement classique couplets/refrains, ils savent aussi y ajouter leur touche à eux, une façon de déstructurer la pop qui n'est pas si éloignée de certains morceaux des jeunes XTC. C'est justement cette étonnante qualité qui fit de TDP un groupe qui, malgré les louanges d'une poignée de fervents adorateurs, ne trouva jamais vraiment sa place. Trop pop et prog pour les purs hardcoreux, trop bizarres et abstraits pour une audience plus mainstream, TDP n'aura hélas pas marqué grand monde mais ceux qui le furent le furent profondément et indélébilement. Des 12 morceaux qui composent Emergency & I, aucun n'est ne serait-ce que moyen. Cet album - comme son successeur (Change) d'ailleurs - est une impeccable et implacable collection de brulots à la fois psychotiques et amusants. Cette musique, cependant, ne s'apprivoise pas en l'écoutant distraitement, elle demande un minimum d'investissement et d'attention de l'auditeur qui, ce faisant, sera largement repayé de son effort et y découvrira du prog, du ska, du funk, du punk, de la new wave, de la synth pop passé à la moulinette d'un quatuor d'exception mené par un chanteur au falsetto attachant. Pour conclure sur une petite note personnelle, je préciserais que cet album - que j'ai évidemment beaucoup fait écouter autour de moi - a généralement été très favorablement accueilli et ce par des gens aux univers et goûts musicaux très éloignés les uns des autres. Aussi me plait-il de penser que c'est plus par un abasourdissant manque de chance que par une quelconque absence de talent que The Dismemberment Plan ne sont pas, aujourd'hui, des stars mondiales du calibre de Pearl Jam ou System of a Down comme ils mériteraient de l'être. Aussi est-ce avec un immense plaisir que je vous livre cet album qui, bien qu'écouté à de très très nombreuses reprises, n'arrive toujours pas à me lasser. Je vous le promets, ça n'arrive pas si souvent.

1. A Life of Possibilities 4:34
2. Memory Machine 2:43
3. What Do You Want Me to Say? 4:18
4. Spider in the Snow 3:50
5. The Jitters 4:19
6. I Love a Magician 2:38
7. You Are Invited 4:52
8. Gyroscope 2:29
9. The City 4:26
10. Girl O' Clock 2:54
11. 8½ Minutes 2:57
12. Back and Forth 5:07

Eric Axelson: bass, keyboards
Jason Caddell: guitar, keyboards
Joe Easley: drums
Travis Morrison: vocals, guitar, keyboards

THE DISMEMBERMENT PLAN

JeuDi
David Baerwald "Triage" (1992)
ou "Grown Up America"

Dans la série : "Je vous parie que vous n'avez jamais entendu parler de cet oiseau-là", je vous présente David Baerwald, auteur/compositeur/interprète ayant connu quelques succès au sein de David & David dans la seconde moitié des années 80 ou pour sa participation à la bande-originale du Moulin Rouge de Baz Luhrman. David Baerwald a souvent œuvré loin des préoccupations du grand public qui ne sait pas ce qu'il perd. Triage est le second album solo de Baerwald après l'aimable mais pas transcendant Bedtime Stories, un album trop poli pour que les chansons qu'on y trouve accomplissent leur plein potentiel. C'est, évidemment, une tout autre histoire avec ce Triage ou Baerwald "explose" son adult-folk-rock pour lui faire rejoindre des sommets rarement atteints. Dès la première composition, "A Secret Silken World", il est évident qu'une énorme somme de travail a été engagée pour obtenir un tel résultat. Pourtant le morceau est fluide mais regorge, ce que démontre une "inspection" détaillée, de moult détails enrichissant subtilement une composition déjà d'une grande force où les esprits des Beach Boys et de Miles Davis sont discrètement convoqués pour un résultat du plus bel effet. Tout l'album est à l'avenant, avec son lot de guitares tranchantes (juste ce qu'il faut), d'influences folk ou jazz, de textures sonores visiblement très pensées et de textes finement politisés. Autant de preuves de l'excellence de Baerwald en tant que songwriter (pas surprenant quand on voit la longue liste d'artistes avec lesquels il a collaboré sous son nom ou un pseudonyme de l'iconique Pavarotti, à la chanteuse country LeAnn Rimes, l'ex Bangles Susana Hoffs ou encore l'outlaw ultime de la country, Waylon Jennings). A vrai dire, on a beau chercher, il n'est pas simple de trouver quelque faille que ce soit en ce Triage. Éventuellement, ceux qui sont particulièrement allergique à toute musique (dans l'ensemble) adulte ne trouveront pas ici leur bonheur. Il est vrai qu'à chercher à comparer cet album à ceux d'autres artistes contemporains, on évoquera volontiers Sting et Peter Gabriel - bien qu'une évidente américanité démarque Triage des aeuvres de ces deux icones britanniques- ou encore de Paul Simon ou Randy Newman pour ses compatriotes. Aucune de ces comparaisons ne rendant tout à fait justice à la large palette de Baerwald, une écoute attentive sera la meilleure façon de juger de la qualité de l'ensemble. Personnellement, ayant découvert cet album dès sa sortie, je suis surpris de la relative absence d'usure que de nombreuses écoutes auraient, en toute logique, dû entraîner. Il n'en est rien ici et si Triage demeure une œuvre d'une telle force quasiment vingt ans après sa sortie c'est tout simplement à la force des ses compositions et à la relative intemporalité de son écriture qu'il le doit.

1. A Secret Silken World 7:41
2. The Got No Shotgun Hydra Head Octopus Blues 4:26
3. Nobody 4:33
4. The Waiter 5:03
5. AIDS and Armageddon 5:32
6. The Postman 5:35
7. A Bitter Tree 3:32
8. China Lake 4:37
9. A Brand New Morning 4:38
10. Born for Love 6:22

David Baerwald: Bass, Guitar, Keyboards, Organ, Vocals
Bill Bottrell: Guitar, Keyboards, Loops, Vocals
Dan Schwartz: Bass, Guitar
Kevin Gilbert: Drums, Piano
Herb Alpert: Trumpet
Gregg Arreguin: Guitar
David Kemper: Drums
Brian Macleod: Drums

DAVID BAERWALD

VeNDReDi
Cotton Mather "Kontiki" (1997)
ou "Revivalissimo"

Avec le nom d'un pasteur et politicien puritain du XIXème siècle pour le groupe et celui d'une expédition scientifique nautique norvégienne pour l'album, on sait d'emblée que le Kontiki (ou Kon-Tiki) de Cotton Mather ne sera pas un album tout à fait comme les autres. Pas de doute, pour ceux que le revivalisme 60s intelligent intéresse, cette galette sera (s'ils ne la connaissent pas encore) une trouvaille inespérée. Passé l'étonnant mimétisme vocal entre Robert Harrison et John Lennon demeure une écriture qui n'est pas sans rappeler celle des Fab Four circa Revolver. On aurait pu craindre qu'une ressemblance aussi flagrante s'avère gênante mais l'écriture de ce quatuor d'Austin (Texas) permet d'éviter cet écueil. Pas qu'elle diffère tant que ça de celle des Beatles, notez bien. En bons ouvriers de la pop, Cotton Mather n'appliquent que des recettes connues et reconnues afin d'arriver à leurs fins. Cependant, il faut que tous les éléments soient réunis afin d'accomplir la périlleuse mission. Pour ce faire, la mise en son est essentielle et comme elle est ici délicieusement vintage - pas en mono (faut pas pousser quand même !) mais avec juste ce qu'il faut de garage pour conserver un grain authentique - une première étape est brillamment accomplie. Notons simplement qu'en bon groupe indie, la tâche de production est assumée collectivement par trois des membres du line-up. Évidemment, sans les chansons, tout ceci ne serait que de l'enrobage, clinquant, bien foutu mais vide de sens... Or, les compositions d'Harrison étant du tonneau de celles d'un Elliott Smith ou d'un Andy Partridge et voguant, pleines de malice, entre un rock psychédélique estampillé 60's et pop/folk enluminée de chœurs appropriés comme savait si bien la faire les Beach Boys, CSNY... Et les Beatles, évidemment. Avec tant d'atouts artistiques dans ses manches (imaginez un album avec des manches, pour voir... ), il est surprenant que Kontiki n'ai pas eu un plus grand retentissement. En France, de vénérables magazines tel que Magic RPM ou les Inrockuptibles (qui sont peut-être pédants mais n'ont pas mauvais goût), ont loué les qualités de ce groupe et de cet album, à raison. Hélas, à défaut d'un clip passant en boucle pour les chaines visant à lobotomiser les futures générations, d'une promotion suffisante (petit label indé oblige), c'est à une excellent réputation underground que se voit confiné ce putain de bon disque. C'est dommage, d'autant plus que le groupe semble avoir plié les gaules (plus de trace discographique depuis 2001). Reste la musique et quand elle est de cette qualité, on ne peut que se réjouir de la découverte et s'attrister que si peu de gens en aient entendu parler. Alors, que vous soyez nostalgiques des années soixante ou amateurs de musique revivaliste ou, tout simplement, amateurs de bonnes chansons, vous trouverez en Cotton Mather et leur Kontiki, une petite perle comme on n'en rencontre pas si souvent... Il serait regrettable de s'en priver.

1. Camp Hill Rail Operator
2. Homefront Cameo
3. Spin My Wheels
4. My Before and After
5. Private Ruth
6. Vegetable Row
7. Aurora Bori Alice
8. Church of Wilson
9. Lily Dreams On
10. Password
11. Animal Show Drinking Song
12. Prophecy for the Golden Age
13. She's Only Cool
14. Autumn's Birds

COTTON MATHER

SaMeDi
Gospel "The Moon Is a Dead World" (2005)
ou "Beau Chaos"

Formé par les trois ex-Helen of Troy avec le concours du guitariste/clavier Jon Pastir, Gospel est né de la volonté de ces post-hardcoreux émérites de pousser le bouchon encore un peu plus loin et, en l'occurrence, vers le space et le progressive rock. Et nous voici donc en 2005 et à cet unique album, "The Moon is a Dead World". Sorti sur l'excellent label indépendant US, Level Plane Records et produit par le guitariste de Converge, Kurt Ballou, cet album est la preuve absolue que le rock progressif moderne peut exister si il accepte de... progresser. En ce qui concerne Gospel, les éléments provenant du hardcore et du math rock plus une batterie d'influences contenant - entres autres - Hawkwind (en tête !), King Crimson, Refused, Converge (etc.) offrent l'opportunité de marier la complexité de structures directement héritées des grands anciens progressifs avec une agression et une précision quasi-clinique dont l'origine est, évidemment, à chercher du côté de leurs racines hardcore. Le plus étonnant sur cet album - outre son extrême qualité - est de constater ô combien naturellement tous ces éléments s'imbriquent sous la férule de musiciens possédant une vraie vision de leur art. Ainsi est-on ballotté, chahuté, violenté par ces 8 compositions. Ainsi en redemande-t'on et espère-t'on qu'une reformation en bonne et due forme vienne nous apporter une suite à pareille fête.

1. Congratulations...You've Hit Bottom 3:41
2. Yr Electric Surge Is Sweet 4:15
3. Golden Dawn 9:05
4. Paper Tigon 3:23
5. And Redemption Fills The Emptiest Of Hearts 2:46
6. Opium 3:57
7. What Means Of Witchery 6:18
8. As Far As You Can Throw Me 5:41

Bass – Sean Miller
Drums – Vinny Roseboom
Guitar, Keyboards – Jon Pastir
Guitar, Vocals – Adam Dooling

GOSPEL

L’Été Mange-Disques - 7 Erreurs

$
0
0
En vacances, parfois, il est bon de se perdre, parfois, ça procure de belles émotions et crée de jolis souvenirs, parfois c'est le Radeau de la Méduse... Hé bien, en musique, c'est exactement pareil !, ce que cette série de 7 va se faire fort de démontrer. Et... oui, tout de même, Enjoie !

DiMaNCHe
Judas Priest "Turbo" (1986)
ou "Chic ou Toc ?"

De la difficulté de changer de braquet quand on est un groupe déjà largement établi... Parce que Turbo valut son lot d'opprobre à un Judas Priest ayant décidé d'adoucir son heavy metal à l'aulne d'une scène flirtant de plus en plus avec la pop et les aspirations commerciales. Un mauvais album pour autant ? Pas si sûr... Parce qu'il y a un paquet de bonne chansons dans ce Judas Priest si atypique du fait de l'usage de guitares synthés en plus d'une écriture étonnement accrocheuse et accessible. Une surprise ? Au-delà de l'aspect sonique de la galette, pas vraiment, Judas Priest ayant toujours aimé les refrains aisément mémorisables au potentiel tubesque indéniable (il n'y a qu'à écouter Living After Midnight, United ou You've Got Another Thing Comin'pour s'en convaincre). Mais, donc, il y a ce polissage de l'approche, cet inclinaison pop metal qui, euphémisme, ne plaira pas à tous à l'époque et continue de faire débat aujourd'hui. Et pourtant, nous avons probablement échappé au pire Halford, Tipton, Downing & Cie ayant, préalablement, envisagé de collaborer avec les affreux Stock, Aitken & Waterman (vous savez, ces faiseurs de hits britanniques à qui l'on doit les premiers soubresauts de Kylie Minogue, ou les carrières météoriques de Jason Donovan ou Rick Astley), il se dit même que des démos existent de ce mariage contre nature, rien n'est prouvé cependant. Et donc, de bonne chansons, un beau lot d'icelles pour qui peut supporter le parti-pris d'un groupe ayant, reconnaissons-leur, eu le courage d'essayer autre chose. Des exemples ? Presque toute la galette en fait mais un peu plus encore le performant Turbo Lover, l'hymne ado-rebelle un peu idiot mais terriblement accrocheur qu'est Parental Guidance ou la power-ballad Out in the Cold. D'ailleurs l'album sera couronné d'un juste succès réussissant même à mieux se classer dans les charts étasuniens que ceux de leur mère patrie, ce pour quoi il avait d'ailleurs été conçu, assurément. Reprenons, Turbo est une sacrée galette de pop metal dont le plus gros défaut, celui qui lui vaut sa funeste réputation, est d'être attribué à une formation représentant le plus orthodoxe des heavy metal. A partir de là, l'écouter ou pas, dépend de votre goût pour de telles exactions.

1. Turbo Lover 5:33
2. Locked In 4:19
3. Private Property 4:29
4. Parental Guidance 3:25
5. Rock You All Around the World 3:37
6. Out in the Cold 6:27
7. Wild Nights, Hot & Crazy Days 4:39
8. Hot for Love 4:12
9. Reckless 4:17
Bonus
10. All Fired Up (Recorded during the 1985 Turbo sessions) 4:45
11. Locked In (Live at Kiel Auditorium, St. Louis, Missouri; 23 May 1986) 4:24

Rob Halford– vocals
K. K. Downing– guitar
Glenn Tipton– guitar
Ian Hill– bass guitar
Dave Holland– drums
&
Jeff Martin– backing vocals on "Wild Nights, Hot & Crazy Days"

JUDAS PRIEST

LuNDi
Metallica "Load" (1996)
ou "New Mets ?"

Alors qu'ils avaient parfaitement réussi la transition vers un metal plus mainstream mais tout de même suffisamment fidèle à leurs origines soniques pour que les fidèles ne prennent pas ombrage avec le multi-platiné Black Album, les petits gars de Metallica décident de pousser le bouchon carrément beaucoup plus loin, parce qu'ils en ont envie et qu'être le plus gros groupe de metal de tous les temps et ne pas oser assouvir ses pulsions, ce serait idiot. Et donc Hetfield, Ulrich et leurs deux fidèles lieutenants, pas de doute sur qui commande chez les Mets !, osent et laissent galoper libres les chevaux de leur inspiration (appréciez l'image !). Et ça donne... Un album varié où le country rock, le rock sudiste, un metal alternatif teinté de pop et le stoner metal qui monte viennent ouvrir de nouveaux panoramas à ces Four Horsemen qui avaient déjà mis pas mal d'eau dans leur vin le coup d'avant. Du coup, il y a une vraie logique à les entendre ainsi évoluer, à constater qu'avec une quinzaine d'années et une demi-douzaine d'albums à leur compteur ces quatre trentenaires désormais riches comme Crésus ont, fatalement, de nouvelles envies. C'est tout à leur honneur d'ailleurs parce que, en l'espèce, Metallica prend le vrai risque de s'aliéner la partie la plus ancienne de son public, celle qui les suit depuis les débauches thrash de Kill 'Em All. Et c'est ce qui arrivera, fatalement, parce que, pour certaines personnes, de bonnes chansons ne suffisent pas, il leur faut, en plus, l'emballage auquel ils sont habitués... Fuck that! Parce que si tout n'est pas parfait sur Load, si, indéniablement, quelques chansons ressemblent fort à du remplissage (on pensera surtout au "ventre-mou" de l'album, Cure, Poor Twisted Me, Wasting My Hate, rien d'indigne mais rien d’affolant non plus), il reste, sur un album dépassant les 70 minutes !, largement de quoi contenter l'amateur de metal moderne et inspiré. Alors, évidemment, ça envoie moins que ça n'eût envoyé, et, de fait, la mesure et la nuance (toutes proportions gardées) semblent bien être, ici, les nouvelles mammelles de Metallica. Mais que les fidèles les plus aventureux se rassurent, de Metallica, il s'agit bel et bien, encore et toujours. C'est bien-sûr le cas sur les morceaux qui dépotent le plus, un Ain't My Bitch qui pour avoir de vraies influences stoner n'en a pas moins les flaveurs thrashy des quatre de la Bay Area, un King Nothing aux allures de petit frère évolué du mégatube Enter Sandman, un House That Jack Built qui même mené à un train de sénateur à tous les atours du Metallica péri-progressif, ou un Outlaw Torn qui pour sudiste que sont indéniablement ses tentations jammy porte la marque instrumentale de ses créateurs, mais, plus généralement, c'est ce qu'on détecte dans chaque montée de sève de chaque morceau en possédant, soit l'immense majorité d'iceux. Parce qu'outre Mama Said, ballade sudiste ô combien réussie, même quand James, Lars et Cie surprennent (Until It Sleeps et ses airs de grunge poppy, un King Nothing entre roots rock et mélodies pop, un Bleeding Me et un Outlaw TornMetallica s'adonne à l'exercice southern rock avec personnalité et talent, et, évidemment, le petit bout de ballade tire-larmes précité) on n'a jamais le moindre doute sur l'identité de la formation qu'on est en train d'écouter, et qui réussit son pari de l'élargissement au-delà de ce qu'on pouvait espérer, et sans se trahir, donc. Fort. A vrai dire, si vous prenez le gratin du présent, y ajoutez les quelques (très) bon moments de sa "séquelle", Re-Load, vous obtiendrez un Metallica quasiment du niveau des trois classiques originaux, certes un Metallica qui a beaucoup changé mais n'a nullement perdu l'inspiration qui fit de lui le plus gros groupe metal de tous les temps. Load ? Une réussite qu'on n'attendait pas par un groupe qu'on n'attendait pas là, une divine surprise.

1. Ain't My Bitch 5:04
2. 2 X 4 5:28
3. The House Jack Built 6:38
4. Until It Sleeps 4:28
5. King Nothing 5:29
6. Hero of the Day 4:21
7. Bleeding Me 8:18
8. Cure 4:54
9. Poor Twisted Me 4:00
10. Wasting My Hate 3:57
11. Mama Said 5:20
12. Thorn Within 5:51
13. Ronnie 5:17
14. The Outlaw Torn 9:48

James Hetfield– vocals, lead, rhythm guitar
Kirk Hammett – lead, rhythm and slide guitar
Lars Ulrich– drums
Jason Newsted– bass guitar, backing vocals

METALLICA

MaRDi
Kiss "Dynasty" (1979)
ou "Baiser vendu ?"

La fin des haricots ou Kiss à la relance ? Les deux mon général ! A la relance parce que Kiss, qui n'était plus passé par la case studio depuis Love Gun en 1977 et n'avait occupé le terrain que par un presque live (Alive II, 3 faces de live très largement retravaillées en studio, et une studio de piètre intérêt) et quatre albums solo de très inégale qualité (bonne pour Paul et Ace, nettement moins pour Gene et surtout Peter) revient enfin aux affaires. La fin des haricots parce que la formule d'un hard rock franc et direct commence sérieusement à se déliter sur un album ne possédant plus la cohérence stylistique d'hier. Parce que, s'il y a toujours une bonne part de party rock'n'roll, il y a aussi une nouvelle légèreté avec, en particulier, deux disco rocks qui surprendront beaucoup les fans... Et réaffirmeront le succès commercial de la formation, notamment chez nous où elle brillait par son absence dans les hit-parades. Force est de constater l'efficacité mélodique des deux ditties en question : Sure Know Something et, évidemment, I Was Made for Lovin' You, tube planétaire s'il en fut. Côté rock, une bonne reprise des Rolling Stones (2,000 Man) et quelques tourneries typiques des maquillés (Dirty Livin', Magic Touch, Hard Times, Save Your Love) viennent contenter une fan-base qu'on imagine inquiète des nouveaux développements soniques du quatuor même si on remarque que le tranchant passé s'est largement émoussé. Et l'inspiration quelque peu perdue comme semble le prouver les nombreux compositeurs externes venus renforcer les musiciens de la formation, en particulier Vini Poncia, co-auteur avec Paul Stanley des deux tubes de l'album mais également claviériste et choriste. On notera aussi qu'il s'agit du premier album où les quatre musiciens originaux n'apparaissent plus tous, les parties de Peter Criss, sauf sur son morceau, Dirty Livin', ayant été gommées car jugé d'un niveau insuffisant par le groupe et leur producteur. Il sera remplacé par Anton Fig déjà présent sur l'album solitaire d'Ace Frehley. A la décharge du pauvre batteur, qui ne rejouera plus avec ses anciens comparses avant la reformation maquillée de 1995, il faut préciser qu'il se relève à peine d'un grave accident de voiture... Et que ses abus de substances en tous genres n'aident pas. Dynasty (prononcez "die nasty") est tout de même un bon album, le dernier d'une belle série qui ne reprendra qu'avec Lick It Up en 1983 (même si son prédécesseur, Creature Of The Night est plus que correct). A l'époque dénoncé par les fans de rock qui charcle comme une concession à la mode du jour, alors que seuls les deux tubes précités sont symptomatiques du prétendu glissement, il a étonnamment bien vieilli et demeure, pour les amateurs du groupe et de ce genre de rock "bon vivant", une expérience agréable... A défaut de plus.

1. I Was Made for Lovin' You 4:30
2. 2,000 Man 4:54
3. Sure Know Something 4:00
4. Dirty Livin' 4:19
5. Charisma 4:25
6. Magic Touch 4:41
7. Hard Times 3:30
8. X-Ray Eyes 3:46
9. Save Your Love 4:41

Paul Stanley - vocals, rhythm guitar (bass guitar on "I Was Made for Lovin' You" and "Magic Touch", lead guitar on "Sure Know Something")
Gene Simmons - vocals, bass guitar
Ace Frehley - vocals, lead guitar (all guitars on "2,000 Man", bass guitar on "2,000 Man", "Hard Times" and "Save Your Love")
Peter Criss - drums, percussion and lead vocals only on "Dirty Livin'"
&
Anton Fig - drums on all tracks except "Dirty Livin'"
Vini Poncia - backing vocals, keyboards

KISS

MeRCReDi
Neil Young "Trans" (1982)
ou "Nine Inch Neil"

Pour bien parler de Trans et, conséquemment, bien le défendre, il n'est pas inutile, en guise de préambule, de le contextualiser dans la carrière du Loner comme dans sa vie privée, le sens, la profondeur qu'il y gagne en fait une toute autre œuvre, plus grande. Nous sommes donc au début des années 80, période particulièrement délicate pour les géants des années 60 et 70 comme vous le savez sans doute tous déjà. Pour Neil, tout devrait bien aller, il vient de signer un juteux contrat avec un label qui monte (Geffen) et effectue un retour discographique fébrilement attendu par une cohorte de fans d'avance enthousiastes qui voit dans cette nouvelle ère un possible renouveau après deux derniers albums pas forcément très inspirés (Hawks And Doves, Re-ac-tor) qui en seront pour leur frais quand tombera l'opus nouveau, Trans. Parce que, si professionnellement Neil a tout pour être heureux, ce bonheur est irrémédiablement entaché par le lourd handicap mental de son dernier né, Ben, et son incapacité de communiquer avec lui par des méthodes traditionnelles. Forcément, musicien qu'il est, c'est par le truchement de son art qu'il s'essaye à l'impossible. Ce détail, non explicité à l'époque de la sortie, forcément influe largement sur l'orientation musicale de l'album, qui fait figure de mouton noir dans un catalogue jusque alors largement dédié au rock et à la folk. Ici, voix robotisées et synthétiseurs mènent la danse pour ce qu'il est convenu de considérer comme l'album électronique du canadien. On s'en doute, pas plus les fans que la critique ne marcha dans la combine et Trans de se retrouver voué aux gémonies tel l'affreux barbarisme que beaucoup entendaient. Pourtant la plupart des compositions se tient bien et le parti-pris expérimentaliste fonctionne plutôt mieux que ce qu'on aurait pu craindre à la description sonique du contenu. Ainsi, malgré leur vocaux vocodérisés, des chansons comme Transformer Man ou Sample and Hold valent leur pesant de chemises à carreaux et vestes en jeans... Et le reste est à l'avenant d'une création unique de (Nine Inch) Neil (avec, qui plus est, un beau casting au menu). Album bancal, imparfait mais étonnamment attachant, Trans n'est sans doute pas l’œuvre Younguienne la plus essentielle de sa longue et excellente discographie, on l'admettra sans peine. Passer outre serait cependant une erreur, il a gagné, avec le temps, une patine, un charme qui le rend, de l'avis de votre serviteur, nettement plus aisément "ingérable" aujourd'hui qu'à l'époque de sa parution. Et puis, un album fait avec le cœur et d'aussi nobles motifs ne peut pas être totalement mauvais, n'est-ce pas ?

1. Little Thing Called Love 3:13
2. Computer Age 5:24
3. We R in Control 3:31
4. Transformer Man 3:23
5. Computer Cowboy 4:13
6. Hold On to Your Love 3:28
7. Sample and Hold 8:03
8. Mr. Soul 3:19
9. Like an Inca 9:46

Neil Young: guitar, bass, synclavier, vocoder, electric piano, vocal
Nils Lofgren: guitar, piano, organ, electric piano, synclavier, vocal
Ben Keith: pedal steel guitar, slide guitar, vocal
Bruce Palmer, Billy Talbot: bass
Ralph Molina: drums, vocal
Joe Lala: percussion, vocal
Frank Sampedro: guitar, stringman

NEIL YOUNG

JeuDi
Yes "90125" (1983)
ou "Pop ? Oui !"

Que se passe-t'il quand de vieilles barbes progressives en mal de renouvellement recrutent un jeune et bouillonnant guitariste/chanteur sud-africain pour leur nouveau projet, Cinema ? Il se passe, déjà, que le passé n'en finit pas de ressurgir et que le jeune homme, Trevor Rabin, se voit forcé de jouer les troisièmes-voix pour le chanteur revenant, que, du coup, le projet reprend l'identité patronymique des septantes, mais que, tout de même, outre quelques harmonies vocales et de beaux restes de virtuosité, ça n'a vraiment plus grand chose à voir avec le groupe qui donna au monde un Fragile, un Relayer ou un Tales from Topographic Oceans. Et après tout, tant mieux parce que, franchement, entendre en 1983 exactement ce que Yes produisait 10 ans plus tôt, ça aurait un petit quelque chose de pathétique ici absolument évité. Or donc c'est un nouveau Yes, un Yes qui combine l'extrême efficacité d'un rock fm ultra-léché, tous les atouts et tous les tics de "l'instrument studio" tel qu'on l'entendait en ces 80s et, rassurons-nous, quelques signes distinctifs qui font que, tout de même, quoiqu'il s'agisse indéniablement d'une nouvelle voie (et nouvelle voix), on reconnait les chevelus babacoolisants des 70s. Enfin, sur les morceaux les plus aventureux parce que, force est de constater que les plus pop des chansons proposées ici (le mégatube Owner of the Lonely Heart mais aussi sa plus convaincante séquelle, Hold On) on en est à se raccrocher à de petits riens, les chœurs essentiellement, la voix si particulière de Jon Anderson, aussi. Parce que pour du progressisme pur et dur, de celui qui fit de Yes un des leaders naturels du courant symphonique, il n'y a guère que quelques éclats sur Changes (son intro mais pas sur son refrain stadium rock pas exemple), le court instrumental Cinema (le plus "vrai Yes" du lot) et un Hearts de clôture en forme de rappel d'à qui nous avons présentement affaire même avec une mise en son si typiquement moderne (pour l'époque) signée de Trevor Horn qui fut du line-up précédent, et donc du sous-estimé Drama, où il chipa même la place de l'emblématique chanteur. Bref, relance commerciale comme on en vit rarement, album d'une absolue efficacité totalement de son temps et, finalement, plus de 30 ans après sa sortie, un opus qui tient bien la route et a plutôt mieux vieilli que ce qu'on aurait pu penser, 90125 n'est sans doute pas le Yes le plus typique du répertoire, euphémisme inside, mais pas pour autant une œuvre qu'on peut démettre... Un coup de bol monumental de musiciens supérieurement talentueux et, donc, immensément adaptables. Bien joué.

1. Owner of a Lonely Heart 4:27
2. Hold On 5:15
3. It Can Happen 5:39
4. Changes 6:16
5. Cinema 2:09
6. Leave It 4:10
7. Our Song 4:16
8. City of Love 4:48
9. Hearts 7:34
Bonus
10. Leave It (Single Remix) 3:56
11. Make It Easy 6:12
12. It Can Happen (Cinema Version) 6:05
13. It's Over 5:41
14. Owner of a Lonely Heart (Extended Remix) 7:05
15. Leave It ("A Capella" Version) 3:18

Jon Anderson– lead vocals
Chris Squire– bass guitars, vocals
Trevor Rabin– guitars, keyboards, vocals
Alan White– drums, percussion, vocals, Fairlight CMI
Tony Kaye– keyboards, vocals
&
Dipak Khazanchi– sitar and tambura on "It Can Happen"
Graham Preskett – violin on "Leave It"
Trevor Horn – backing vocals

YES

VeNDReDi
Bob Dylan "Christmas in the Heart" (2009)
ou "Zimgle Bells... all the way!"

Un album de Noël par Bob Dylan ? Tiens, donc, quelle drôle d'idée... Le truc absolument incroyable, et je le dis d'autant plus tranquillement que je ne suis pas un zélote du Zim qui, à mon humble avis, a beaucoup plus raté que réussi passé Desire, c'est que ce brigand de Dylan ne fait pas dans le folklorique avec clochettes omniprésentes et tout le tintouin mais dans l'authentique avec des versions si habitées qu'on sent bien qu'on dépasse ici la simple opportunité commerciale. Du coup Christmas in the Heart, qui porte bien son titre, ressemble vraiment beaucoup à un album de Dylan, pas dans la note mais dans l'âme,  et tout de même un peu beaucoup à un album de Noël, puisque c'en est indéniablement un. Alors, certes, ce n'est pas du grand Dylan mais ce n'est pas non plus du mauvais Dylan non plus, c'est pépère se souvenant de ses tendres années, d'un Noël que la famille Zimmerman, juive mais avant tout américaine, célébrait en grandes pompes, au grand bonheur du petit Robert dont les oreilles résonnaient de ces mélodies graciles et dont les yeux pétillaient devant l'arbre dûment décoré. Ces sentiments revisités, avec les musiciens qui constituent alors son groupe de scène, dont certains travaillent depuis un bout de temps avec Bob (le fidèle bassite Tony Garnier, qui joue avec lui depuis 1989, tout de même !) et d'autres sont de belles additions à la famille (le blues'n'soulman Phil Upchurch, le Lobo David Hidalgo), bénéficient aussi d'une sélection aux petits oignons n'oubliant ni les essentiels pop (Here Comes Santa Claus du cowboy Gene Autry, un Winter Wonderland présentement gentiment swing, I'll Be Home for ChristmasBob se la joue Bing Crosbyà la voix détruite, le quasi-obligatoire Little Drummer Boy où il ne se la joue heureusement pas Nana Mouskouri!, etc.) ni ceux qu'on a plus l'habitude d'entendre à la messe (Hark the Heral Angels Sing de Mendelssohn, les traditionnel O Come All Ye Faithful, The First Noel ou O Little Town of BethlehemDylan chante émotionnellement très juste), et ne se privant petit décrochage presque hors-sujet, presque seulement parce que Noël est une fête de paix, avec Do You Hear What I Hear?, chant d'appel paix datant de l'époque de la crise de missiles à Cuba, qui se glisse confortablement dans l'ensemble. Alors, Christmas in the Heart, un grand Dylan ? Non. Un grand album de Noël ? Non plus. Mais certainement pas l'abomination qu'on aurait pu imaginer, un album digne et émouvant d'une vieille légende qui n'a peut-être plus grand chose à dire mais prouve, présentement, qu'il a encore quelques petites cartes planquées dans son jeu.

1. Here Comes Santa Claus 2:35
2. Do You Hear What I Hear? 3:02
3. Winter Wonderland 1:52
4. Hark the Herald Angels Sing 2:30
5. I'll Be Home for Christmas 2:54
6. The Little Drummer Boy 2:52
7. The Christmas Blues 2:54
8. O' Come All Ye Faithful (Adeste Fideles) 2:48
9. Have Yourself a Merry Little Christmas 4:06
10. Must Be Santa 2:48
11. Silver Bells 2:35
12. The First Noel 2:30
13. Christmas Island 2:27
14. The Christmas Song 3:56
15. O Little Town of Bethlehem 2:17

Bob Dylan - vocals, guitar, electric piano, harmonica
Tony Garnier - bass guitar
George Recile - drums, percussion
Donnie Herron - steel guitar, mandolin, trumpet, violin
David Hidalgo - accordion, guitar, mandolin, violin
Phil Upchurch - guitar
Patrick Warren - piano, organ, celeste

BOB DYLAN

SaMeDi
Attila "Attila" (1970)
ou "Billy avant Joel"

Comme quoi une réputation tient parfois à pas grand-chose. Prenez l'Attila de Billy Joel, une pochette ridicule, une musique anecdotique et, surtout !, un leader connu pour tout autre chose ensuite et vous obtenez ce que certains considèrent comme le pire album de l'histoire du Rock'n'Roll. Pire album de l'histoire du Rock'n'Roll, vraiment ? Ca va loin là ! Parce que, honnêtement, ce hard rock typique de la toute fin des années 60 et du tout début des années 70 ne mérite pas ça ! On y retrouve un Billy Joel s'égosillant franchement, jouant de son orgue souvent filtré par de multiples effets et branché sur un bon gros Marshall deux-corps qui, du coup, sonne souvent comme une guitare électrique. On y retrouve aussi un batteur badaboumant à tout va, Jon Small et oubliant ce faisant tout art de la nuance. Vous me direz, le hard rock et l'art de la nuance, ça fait souvent deux, et vous n'aurez pas tort, mais, franchement, depuis plus de 3 décennies que je me plonge dans les méandres de l'improbable et de l'inattendu, j'ai entendu bien pire, bien bien pire ! Alors oui, c'est vieillot, les paroles ne sont pas bien finaudes et ça prête, conséquemment souvent à sourire. D'autant que la production flirte plus souvent avec l'amateurisme qu'avec la haute-fidélité mais, parce qu'il y a un "mais", ça s'écoute bien. Et si Billy Joel a depuis renié la chose, enfin, pas tout à fait puisqu'un titre figure sur son coffret de 2005, My Lives, c'est sans doute en le considérant comme un faux-pas de jeunesse et, sans doute, une étape pas inutile pour celui qui deviendra, pour simplifier, l'Elton John américain. Alors non, mille fois non, Attila, unique album d'Attila n'est pas le plus mauvais album de l'histoire du Rock'n'Roll, probablement même pas le plus mauvais album de l'année 1970, juste une galette anecdotique d'un hard rock d'un autre temps par des musiciens manquant encore de maturité et de vision artistique. En résumé, Attila est fun et ce n'est déjà pas si mal. Avis aux amateurs !

1. Wonder Woman 3:38
2. California Flash 3:32
3. Revenge Is Sweet 4:00
4. Amplifier Fire (Part I: Godzilla/Part II: March of the Huns) 7:39
5. Rollin' Home 4:52
6. Tear This Castle Down 5:49
7. Holy Moses 4:30
8. Brain Invasion 5:41

Billy Joel - chant, orgue
Jon Small - batterie

ATTILA

L’Été Mange-Disques - 7 Reconversions

$
0
0
Ce n'est pas parce que, toute sa vie, on est parti en Bretagne qu'on ne peut pas opter pour la Côte d'Azur, ou vice-versa. Ben en musique, c'est pareil. On peut passer de l'acoustique à l'électrique, de la pop au disco, du gros keupon au hip-hop le plus irrévérencieux ou à la chanson la plus traditionnelle. En bref, on a le droit de changer d'avis comme va vous le démontrer la sélection ci-dessous. Enjoie !

DiMaNCHe
Bob Dylan "Highway 61 Revisited" (1965)
ou "Electric Revolution"

Le coup d'avant, Bring It All Back Home, avait préparé le terrain mais c'est sur Highway 61 Revisited que Bob Dylan largue largement les amarres avec une scène folk dont il était devenu la principale attraction. Ce changement d'habillage, parce qu'on retrouve bien le songwriting de Dylan, vaudra à Bob les foudres des intégristes folk furieux d'avoir perdu l'uns de leurs plus beaux poulains mais, surtout, les louanges d'un nouveau public compensant largement ceux qui avaient déserté. Parce qu'il faut dire que, sur des bases certes électrisés mais néanmoins traditionalistes (beaucoup de blues et encore pas mal de folk sur l'album), Highway 61 Revisited est une sacrée réussite. Une sacrée réussit qui commence en trombe par un historique Like a Rolling Stone où, de l'orgue d'Al Kooperà la guitare Mike Bloomfield sans évidemment oublier les paroles et la mélodie de chant de Dylan, le nouveau Bob s'affirme avec la même classe qui caractérisait l'ancien. La suite de l'album, qu'elle soit franchement rock (Tombstone Blues, From of Buick 6, Highway 61 Revisited), glisse vers le blues (It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry, Ballad of a Thin Man) ou ne soit, finalement, qu'une relecture électrifiée de ce à quoi Dylan a habitué son auditoire (Queen Jane Approximately, Just Like Tom Thumb's Blues, Desolation Row), constitue le mètre étalon de ce que Bob continuera majoritairement de proposer tout du long de sa longue et productive carrière avec ce petit plus d'inspiration, cet alignement bienvenu des planètes, ce hasard cosmique incontrôlable qui en fait un authentique classique en plus de l'évènement mutateur que l'on sait. Bob confirmera ces nouvelles et excellentes dispositions dès un presque aussi indispensable Blonde on Blonde l'an suivant sans, toutefois, cette fraicheur des premières fois qui caractérise cet Highway 61 Revisited indispensable, c'est le mot.

1. Like a Rolling Stone 6:13
2. Tombstone Blues 6:00
3. It Takes a Lot to Laugh, It Takes a Train to Cry 4:09
4. From a Buick 6 3:19
5. Ballad of a Thin Man 5:58
6. Queen Jane Approximately 5:31
7. Highway 61 Revisited 3:30
8. Just Like Tom Thumb's Blues 5:32
9. Desolation Row 11:21

Bob Dylan - vocals, guitar, harmonica, piano, police car
Mike Bloomfield - electric guitar
Charlie McCoy - guitar
Paul Griffin, Al Kooper - piano, organ
Frank Owens - piano
Harvey Brooks, Russ Savakus - bass guitar
Bobby Gregg, Sam Lay - drums

BOB DYLAN

LuNDi
Bee Gees "Main Course" (1975)
ou "Going Disco"

Si les Bee Gees ne s'adonnent pas encore totalement à l'ultime transgression, à la transformation d'un groupe s'inspirant largement des Beatles en rois de la piste de danse, c'est bel et bien sur Main Course, leur déjà treizième album, que le germe est planté. Évidemment, il reste de ces ballades tire-larmes dont les frangins se sont fait la spécialité (Songbird et Country Lanes sont deux beaux exemples de leur absolu savoir-faire en la matière) mais c'est bien dans une triplette de singles aussi groovy qu'irrésistibles (Jive Talkin', Fanny et Nights on Broadway) que réside le sel, la nouveauté mais aussi la future orientation des frères Gibb. Parce qu'ils ont porté autant de soin à ces petites chansons à danser qu'à leurs grands moments pop symphoniques passés (écoutez Odessa), que la combinaison des voix de Barry, Robin et Maurice colle excellemment à ce nouveau son et que, c'est bien connu, l'atmosphère mondiale de crise donne des envies de se secouer pour oublier, les Bee Gees triomphent, au bon moment au bon endroit, il raflent la mise et s'inventent un second souffle. La suite ? Vous la connaissez, Saturday Night Fever et des hits à gogo mais c'est bien là, sur Main Course que tout a commencé, en beauté. Recommandé.

1. Nights on Broadway 4:31
2. Jive Talkin' 3:43
3. Wind of Change 4:54
4. Songbird 3:35
5. Fanny (Be Tender with My Love) 4:02
6. All This Making Love 3:03
7. Country Lanes 3:29
8. Come on Over 3:26
9. Edge of the Universe 5:21
10. Baby As You Turn Away 4:23

Barry Gibb– lead, harmony and backing vocal, rhythm guitar
Robin Gibb– lead, harmony and backing vocal
Maurice Gibb– bass, rhythm and electric guitars,lead, harmony and backing vocal
&
Alan Kendall– lead guitar, steel guitar
Dennis Bryon – drums, percussion
Blue Weaver– pianos, keyboards, synthesizers, clavinet
Joe Farrell– saxophone on "Wind of Change"
Ray Barretto– percussion on "Wind of Change"
Don Brooks – harmonica on "Songbird"
Arif Mardin – orchestral arrangement
Gene Orloff– concertmaster

BEE GEES

MaRDi
Fleetwood Mac "Rumours" (1977)
ou "Elle court, elle court..."

Vendu à plus de 30 millions d'exemplaires, doté de singles imparables entourés de chansons de qualité, Rumours, 11ème album des anglo-américains de Fleetwood Mac (depuis l'arrivée de la doublette Nicks, Buckingham sur leur second éponyme paru deux ans plus tôt) est un triomphe artistique autant que commercial. Pourtant pas un album ayant été enregistré dans des conditions idéales... Parce que les cieux ne sont pas exactement d'un bleu sans nuages dans la formation. Déjà parce que la relation tumultueuse entre Stevie Nicks et Lindsey Buckingham conduit à de nombreuses bisbilles entre les deux amants intermittents qui forment aussi une fameuse équipe de songwriters pas pour rien dans la miraculeuse relance artistique et commerciale de Fleetwood Mac. Ensuite parce que le mariage entre John et Christine McVie (née Perfect, ça ne s'invente pas !) bat sérieusement de l'aile et prendra d'ailleurs bientôt fin, à peine la tournée achevée. Rajoutez à ça le déchainement de paparazzo et de la presse people d'époque qui, à l'odeur du sang, rapplique tel une meute assoiffée, et raconte pas mal de conneries ce qui n'arrange rien. Bref, ce n'est pas la joie, heureusement, au moins !, que tout va bien dans la vie de ce grand fou de Mick Fleetwood ! Tout ceci aurait dû conduire à une galette désastreuse, un brouet infect pourri par les batailles rangées et les désaccords s'il n'y avait eu la farouche volonté de chacun des musiciens de se surpasser et d'offrir les plus belles lettres de leurs plus belles plumes. Le résultat ne se fait pas attendre, porté par une série de singles atteignant tous le Top 10 des charts étasuniens, avec même un Number One (Dreams, signé Stevie Nicks), l'album se vend comme des petits pains à une foule affamée, et décroche même la timbale avec une double première place aux States et dans leur Grande Bretagne "semi-natale" (et une 27ème en France, heu...). Il faut dire que ce rock policé, poppisé ratisse large et ne cherche aucunement à choquer. C'est de "feelgood music" dont il s'agit, un machin léger, ensoleillé, expertement joué et enregistré évidemment et qui, miracle !, détient ce petit supplément d'âme, cette substance qui en fait plus qu'une bête œuvre de passage, plus qu'une simple sucrerie pour les tympans. A l'évidence, toutes ces chansons ont été construites dans le but de flatter l'oreille de l'auditeur avec leur hooks mélodiques bien trouvés, leur harmonies vocales mixtes parfaites, leur flow digne d'une highway désertique (ha ! rouler dans une décapotable vers Monument Valley au son de Dreams !). Que de bonnes chansons en plus, parce que ce Fleetwood Mac sait aussi bien faire dans l'enjoué (l'irrésistible morceau d'ouverture, Second Hand News), dans le rock californien le plus léché et ear-friendly (Dreams évidemment mais aussi les autres mégatubes, Don't Go et Go Your Own Way, et quelques autres titres (aussi réussis) tel étant le principal terrain de chasse de la formation en cette seconde moitié des seventies) que dans les délicatesses arpégées (Never Going Back Again, trop petite merveille produit de la délicieuse imagination de Lyndsey Buckingham) ou pianotées (la jolie ballade Songbird si délicatement interprétée par son auteure, Christine McVie). 12 morceaux, 44 minutes, pas de blablas, que des résultats... Et 30 millions de consommateurs satisfaits (sans compter les pirates !)... Ça en impose ? C'est mérité ! Mais qui dit Deluxe dit bonus et le moins que l'on puisse dire est que la bonne maison Warner Bros n'a pas été avare en matériau de belle qualité. D'abord, il y a le live ou plutôt les lives de multiples sources de la tournée Rumours ayant été assemblées pour l'obtention du résultat de qualité honnête qui vaut surtout parce que, hors bootlegs, aucun live officiel de cette tournée n'était encore paru. Qualité honnête parce qu'avec un son live, les compositions perdent un tout petit peu de leur superbe qui devait beaucoup à la précision de leur enregistrement et de leur production. Pas indigne pour autant, c'est une plaisante expérience d'autant que quelques morceaux plus anciens s'y sont glissés pour le bonheur de tous. Ensuite, et c'est là le vrai essentiel de ce Deluxe, on découvre les archives, les chutes de studio qui, comme à l'accoutumée quand elles sont bien choisies, nous proposent aussi bien quelques bonus intéressants que d'autres nous permettant, furtivement, fugitivement de se croire, petite souris planquée dans un recoin du studio d'enregistrement et goûtant au "work in progress" d'une œuvre désormais légendaire. Un vrai petit bonheur de si belle qualité qu'il ne sera pas forcément exclusivement réservé aux fans qui sont tout de même, bien sûr !, sont cœur de cible (comme on dit). Album intemporel, pilier inaltérable d'un classic rock triomphant, Rumours demeure, plus de trois décennies après sa sortie, une Rolls d'album, un machin simplissime et imparable qu'on a parfois aimé haïr tant il en imposait mais qui, finalement, emporte le morceau, encore plus dans le luxueux remaster Deluxe ici présent. Et si on pressent qu'il eût été possible de soigner encore mieux le son pour se rapprocher du vinyle originel, la qualité est tellement accrue par rapport aux précédentes édition CD qu'on aurait mauvaise grâce à faire la fine bouche au moment d'évidemment recommander l'acquisition et l'écoute répétée à volume respectable de ce monument absolument pas en péril, preuve d'un Fleetwood Mac qui de 1975 à 1979 tutoyait les étoiles.

CD 1: Album
1. Second Hand News 2:56
2. Dreams 4:17
3. Never Going Back Again 2:14
4. Don't Stop 3:13
5. Go Your Own Way 3:43
6. Songbird 3:20
7. The Chain 4:30
8. You Make Loving Fun 3:36
9. I Don't Want to Know 3:16
10. Oh Daddy 3:56
11. Gold Dust Woman 4:59
12. Silver Springs 4:48

CD 2: Live 77, "Rumours" World Tour
1. Intro :48
2. Monday Morning 2:38
3. Dreams 4:07
4. Don't Stop 3:51
5. The Chain 5:40
6. Oh Daddy 4:47
7. Rhiannon 7:55
8. Never Going Back Again 2:20
9. Gold Dust Woman 7:03
10. World Turning 7:31
11. Go Your Own Way 4:54
12. Songbird 4:00

CD 3: More from the Recording Sessions
1. Second hand news early take) 2:26
2. Dreams (take 2) 5:35
3. Never Going Back Again (acoustic duet) 2:19
4. Go Your Own Way (early take) 4:04
5. Songbird (demo) 4:33
6. I Don't Want to Know (instrumental, take 10) 4:23
7. Keep Me There (early take) 3:42
8. The Chain (instrumental) 5:14
9. Keep Me There (demo) 5:29
10. Gold Dust Woman (with vocal) 4:18
11. Oh Daddy (early take) 5:25
12. Silver Springs (early take) 3:48
13. Planets of the Universe (early take) 5:31
14. Doesn't Anything Last (demo) 4:28
15. Never Going Back Again (acoustic duet) 1:03
16. Never Going Back Again (instrumental) 2:36

Lindsey Buckingham - guitars, banjo, dobro, percussion, vocals
Stevie Nicks - vocals, tambourine
Christine McVie - keyboards, piano, Hammond organ, clavinet, vocals
John McVie - bass guitar
Mick Fleetwood - drums, percussion, harpsichord

FLEETWOOD MAC

MeRCReDi
XTC "English Settlement" (1982)
ou "Pop Ecstasy"

Le premier chef d'œuvre de XTC ? C'est bien possible parce qu'avec English Settlement la formation poursuit sa mue et, même, l'accélère se rapprochant de ce fait de la plus britannique des formations des années 60, les Kinks, sans pour autant perdre la personnalité naissante qu'on avait apprécié sur Drums & Wires et Black Sea. Pour certains, l'album va trop loin, souffre des maux dont souvent sont atteints les doubles albums, cette manie 70s qu'on aurait cru oubliée, que, du coup, il y a tout de même un peu de remplissage notamment au rayon des morceaux un peu bizarres. Ces pleutres ne comprennent simplement pas l'art du combo qui, toujours, et présentement très bien, s'est ménagé quelques espaces pour de prospectifs délires. Qui plus est, si d'un double il s'agit en effet, il ne comporte que 15 chansons et ne s'éparpille donc pas trop. Côté étrangetés, pour l'exemple, on citera les deux saillies d'influence africaine, pas loin des Talking Heads de Remain in Light que sont Melt the Guns et It's Nearly Africa, toutes deux excellentes, ou deux morceaux sautillants à souhait perdus vers la fin de l'opus (Fly on the Wall, Down in the Cockpit). Sinon, entre post new-wave en apesanteur et "grand-bretonnité" de plus en plus confortablement assumée et savoureuse (Partridge en relève de Ray Davies, c'est évident !), le groupe étend le registre qu'on lui connaissait avec finesse et intelligence. Et, bien sûr, il y a la production de Hugh Padgham, qui succède présentement à Steve Lillywhite, qui, précise et rouée, sait parfaitement mettre en valeur chacun des aspects d'un répertoire stylistiquement riche et varié. English Settlement est aussi le dernier album de XTC conçu pour la scène, le dernier avant que Partridge ne craque psychologiquement et que le groupe se retire de toute activité publique pour se concentrer sur ses travaux studio, comme les Beatles mais pour d'autres raisons donc. En ces débuts d'années 80, Deux groupes issus de la vague punk, même si pas se la même, dominent la portion créative du rock mondial : les américains des Talking Heads qui restent sur un historique Remain in Light et, évidemment !, XTC qui, avec English Settlement, sortent leur premier chef d'œuvre et démontrent qu'il faudra compter avec eux, ce que le futur a indéniablement confirmé.

1. Runaways 4:34
2. Ball and Chain 4:32
3. Senses Working Overtime 4:50
4. Jason and the Argonauts 6:07
5. No Thugs in Our House 5:09
6. Yacht Dance 3:56
7. All of a Sudden (It's Too Late) 5:21
8. Melt the Guns 6:34
9. Leisure 5:02
10. It's Nearly Africa 3:55
11. Knuckle Down 4:28
12. Fly on the Wall 3:19
13. Down in the Cockpit 5:27
14. English Roundabout 3:59
15. Snowman 5:03

Colin Moulding - lead vocals, backing vocals, fretless bass, Fender bass, mini-Korg, piano, percussion
Andy Partridge - lead vocals, backing vocals, electric guitar, semi-acoustic electric 12-string guitar, semi-acoustic electric guitar, acoustic guitar, mini-Korg, Prophet V, anklung, alto sax, percussion, frog
Dave Gregory - electric 12-string guitar, electric guitars, nylon-string Spanish guitar, semi-acoustic electric 12-string guitar, Prophet V, mini-Korg, backing vocals, percussion, piano
Terry Chambers - drums, drum synthesiser, percussion, backing vocals
&
Hugh Padgham - backing vocals on "Ball and Chain"
Hans de Vente - backing vocals on "It's Nearly Africa"

XTC

JeuDi
Beastie Boys "Some Old Bullshit" (1994)
ou "Punk Roots"

Avant de devenir la plus irrévérencieuse des formations de Hip-Hop, les Beastie Boys commirent des exactions électrico-secouantes dévoilées, comme le titre de la galette l'indique, tel Some Old Bullshit qu'il serait cependant un peu hâtif de démettre. Parce qu'à écouter ces titres sauvés du placard, les Beastie Boys, les plus punk de tous les rappers, indéniablement, ont plus évolué que radicalement changé d'orientation en optant pour la rime et le rythme en lieu et place du cri et des distorsions supersoniques. On schématise un peu, bien-sûr, parce qu'il y a bien ici les premiers indices du changement qui ne va plus tarder à arriver, avec l'effet que l'on sait via le légendaire Licenced to Ill. comme le drolatique proto-hip hop Cooky Pus ou le reggae/dub Beastie Revolution, rien de révolutionnaire ou d'affolant mais définitivement une voie (et voix) intéressante dans laquelle les Beasties surent cheminer. Le reste ? De courtes saillies hardcore punk absolument typiques de ce que faisaient beaucoup de groupes américains d'alors, influencés qu'ils étaient par les tutélaires Minor Threat de l'immense Ian MacKaye, bien mené en l'occurrence si totalement exempt de quelque originalité que ce soit. Bref, essentiels ces débuts débraillés ? Sans doute pas mais, comme d'habitude avec les Beastie Boys, une bonne tranche de fun sur laquelle il serait malvenu de rechigner, d'autant qu'elle explique le groupe de Hip-Hop que le trio deviendra.

1. Egg Raid On Mojo (Demo Version) 1:41
2. Beastie Boys 0:56
3. Transit Cop 1:18
4. Jimi 2:06
5. Holy Snappers 1:22
6. Riot Fight 0:30
7. Ode to… 1:33
8. Michelle's Farm 1:38
9. Egg Raid On Mojo 1:20
10. Transit Cop (Demo Version) 1:21
11. Cooky Puss 3:19
12. Bonus Batter 2:21
13. Beastie Revolution 5:09
14. Cooky Puss (Censored Version) 3:19

Michael Diamond - Vocals
Adam Yauch - Bass
John Berry - Guitar
Kate Schellenbach - Drums

BEASTIE BOYS

VeNDReDi
Kent "Tous les Hommes" (1991)
ou "En Chanson"

Ayant Starshooterisé quelques années avant d'entreprendre une carrière solitaire, c'est un Kent presque méconnaissable qui, en 1991, termine sa mue par un joli album de chansons françaises à l'ancienne, Tous les Hommes. Parce que la transformation du punk à rire en disciple de Brel ne s'est pas faite en un jour et que, jusqu'à Le Mur du Son (1987), c'est encore ripoliné au jeunisme que son répertoire se présente. Et puis A Nos Amours, 1990, et Tous les Hommes surtout, et pas seulement pour son gros tube mérité (Tous les Mômes) et un Kent nouveau qui assume son plaisir à faire comme avant avec le flair d'aujourd'hui, une sorte d'avant-garde de la nouvelle chansons française, en somme. A partir de là, de belles instrumentations permettant d'entendre, pêle-mêle, accordéons, scies musicales ou vibraphones sur des compositions de qualité arrangées aux petits oignons avec, certes, quelques morceaux, surtout vers la fin, glissant trop vers la chanson-rock dont Kent s'était si gracieusement défait sur le reste de l'opus, font de Tous les Hommes la véritable pierre philosophale de ce Kent tout nouveau tout beau qui, depuis, a largement confirmé les belles dispositions dans lesquelles il s'affiche ici. En résumé ? Un bon parolier et mélodiste, une nouvelle voie qui lui colle à merveille à la peau (et à la voix) pour un album évidemment recommandé à tous les amateurs de chanson française intemporelle de qualité, c'en est.

1. Tous Les Mômes 4:35
2. Au Revoir, Adieu 3:35
3. Je Suis un Kilomètre 3:30
4. On Fait c'Qu'On Peut 3:10
5. L'Idole Exemplaire 2:58
6. Au Fond des Bermudes 3:37
7. Ni Plus, Ni Moins 3:32
8. Montréal 3:29
9. Illusion d'Optique 4:15
10. Chienne de Vie 4:20
11. J'Aime Bien Mourir un Jour 3:11
12. L'Homme Est une Erreur 3:45

Kent - chant, guitare

Arnaud Méthivier - accordéon

Marc Perrier - basse

Pierre Mortarelli - contrebasse

Manu Lacordaire - batterie, percussions
Jacques Bastello - guitare, chœurs

Michel Marin - saxophone, harmonica
Sipolo (1, 6) - scie musicale

François Bréant (1, 3) - vibraphone

KENT

SaMeDi
Scott Walker "Tilt" (1995)
ou "Avant-Gardiste"

Si les précédentes offrandes de Scott Engel, aka Walker, avaient dévoilés d'immenses tentations pour l'expérimentation, tant dans la mise en son que dans la composition, c'est clairement avec Tilt que le ténébreux américain largue les amarres d'avec une pop qui, jusqu'alors, avait toujours été des composantes de son art. Quitte, en se délectant de l'usage de l'instrument studio, à en oublier de proposer de vraies chansons ? Presque. Mais peut-être que, simplement, là n'est plus le propos, que ce Scott Walker qui se lâche complètement est désormais plus versé dans la confection maniaque de poèmes sonores impressionnistes que de ditties répétitives, sûrement même. L'odyssée de l'étrange commence pourtant presque normalement, par une ballade dramatique, Farmer in the City, toute en corde et voix affectée, certes plus décalée que ce qui fit la réputation d'Engel mais finalement assez raccord avec ce qu'on aurait pu imaginer d'un artiste chercheur qui, brisant enfin le silence, évolue plus qu'il ne révolutionne. Malin, Scott nous l'aura donc faite "en douceur" parce que la suite, des tentations industrieuses de The Cockfighter, des textures mélodiques percussives de Bouncer See Bouncer, d'un Manhattan qu'on décrirait presque comme une improbable rencontre entre Simple Minds et Genesis, entre heroic rock et rock progressif symphonique, s'il n'était si étrangement habité et si mélodiquement à la marge, du faux primitivisme d'un Face on Breast où batterie et guitare, pourtant à minima, mènent le "bal", etc., parce qu'on ne va tout de même pas faire toutes les "chansons" sauf à dire qu'elles sont toutes aussi bonnes que particulières, c'est à un catalogue d'expérimentations auquel on a affaire, avec de vrais bouts de grandes mélodies dedans, qui peut laisser froid voire carrément repousser mais qui, pour ceux qui suivent, en vrac et dans tous les sens, les passionnantes carrières de John Cale, Robert Wyatt, ou de feu-David Bowie, que Walker influença beaucoup en ses jeunes années d'ailleurs, ils trouveront un opus sans compromis mais pas sans qualités et même bourré d'icelles. Difficile ? Probablement, mais le jeu en vaut la chandelle parce que, indéniablement, Tilt, plus qu'un retour, est, dans la série des auto-réinventions qui ne manquent pas, une des plus extraordinaires qu'un artiste nous ait jamais offerte. Bravo !

1. Farmer in the City (Remembering Pasolini) 6:38
2. The Cockfighter 6:01
3. Bouncer See Bouncer... 8:50
4. Manhattan (flȇrdelē´) 6:05
5. Face on Breast 5:15
6. Bolivia '95 7:44
7. Patriot (A single) 8:28
8. Tilt 5:13
9. Rosary 2:41

Scott Walker– Vocals
Ian Thomas – Drums
John Giblin– Bass
Brian Gascoigne– Keyboards
David Rhodes– Guitars
&
- "Farmer in the City"
Strings of Sinfonia of London, arranged and conducted by Brian Gascoigne
Elizabeth Kenny– Chitarrone
Roy Carter – Oboe
- "The Cockfighter"
Hugh Burns– Guitar
Alasdair Malloy– Percussion
Louis Jardim– Percussion
Andrew Cronshaw – Horns and Reeds
Brian Gascoigne– Celeste and Organ of the Methodist Central Hall
- "Bouncer See Bouncer..."
Jonathan Snowden– Flutes
Andy Findon– Bass Flute
Jim Gregory– Bass Flute
Roy Jowitt – Clarinet
Roy Carter– Oboe
Brian Gascoigne – Woodwind Orchestration and Organ of the Methodist Central Hall
Peter Walsh– Prog Bass Drum
- "Manhattan"
Alasdair Malloy – Percussion
Louis Jardim– Percussion
Brian Gascoigne– Organ of the Methodist Central Hall
Andrew Cronshaw– Concertina
- "Face on Breast"
Ian Thomas– "Bass Drum on lap and kit all at once"
Colin Pulbrook– Hammond Organ
Scott Walker and Peter Walsh– Whistles
- "Bolivia '95"
Hugh Burns– Guitars
Alasdair Malloy– Percussion
Louis Jardim – Percussion
Andrew Cronshaw– Ba-wu flute
Greg Knowles – Cimbalom
- "Patriot (a single)"
 Strings of Sinfonia of London, orchestrated and conducted by Brian Gascoigne
Jonathan Snowden– Piccolo
John Barclay– Trumpets
Ian Thomas – Military Bass Drum and Cymbals
- "Rosary"
Scott Walker – Guitar

SCOTT WALKER

L’Été Mange-Disques - 7 de France

$
0
0
Pour les vacances, il y en a qui cherchent le dépaysement à tout prix, l'exotisme sinon rien ! Et puis il y a ceux qui creusent les petits coins de France et y découvrent, bonheur !, moult merveilles parmi les monts. En musique, c'est exactement pareil, certains rejettent en bloc tout ce qui est francophone/phile ou d'origine nationale au profit d'imports plus clinquants. La sélection qui suit s'adresse à eux, pour leur démontrer que, chez nous aussi, la qualité existe, et que ça ne date pas d'hier ! Et on leur dit quoi ? Enjoie, évidemment !

DiMaNCHe
Jean-Luc Ponty "Electric Connection / King Kong" (1969/70)
ou "Violon Dingue"

Ladies and gentlemen, le nouveau Ponty est arrivé ! C'est en substance ainsi que pourrait se résumer la période charnière dans la carrière du violoniste de jazz français qui glisse alors vers le jazz électrique, dit fusion, ou "rock" chez nous (sans qu'on sache exactement pourquoi).
C'est aussi la période d'une relocalisation outre-Atlantique et de line-ups qui font venir l'eau à la bouche : Bud Shank, George Duke, Ernie Watts, Ian Underwood, Art Tripp, Frank Zappa... Ha oui, parce que moitié de ce couplage discographique est dédié à Mr. Zappa, repris, adapté et même composant pour Jean-Luc et ses musiciens (dont quelques collaborateurs habituels de Frankie Moustache).
Deux albums, donc. 1969, Electric Connection ou l'apprentissage accéléré et réussi d'un nouveau vocabulaire, d'un nouvel univers sonore où Ponty, violoniste caméléon s'il en fut, se glisse sans effort et, même !, avec une grâce certaine. On n'est pas encore tout à fait dans le jazz fusion, alors tout juste commençant, mais on s'en approche. D'ailleurs, on crédite même l'album d'une véritable influence stylistique de part sa façon de "vulgariser" le jazz pour une nouvelle génération amatrice du secouage de tête au son de la guitare électrique psychédélique qui trouve ici quelques bienvenus ponts vers ses préoccupations tout en restant, fondamentalement, un album de jazz avec une guitare encore timide mais il faut dire que le violon de Ponty prend, logiquement puisque il est le leader, beaucoup de place. Et puis il y a moult cuivres (des sections tour à tour proto-funkées ou big-bandisantes) qui, rythmant, enjolivant la musique méritaient aussi d'être mis en valeur par le mix.
1970, King Kong, c'est tout autre chose ! Déjà parce que le matériau de base (4 reprises du répertoire de Frank Zappa, et un original pour chaque star du disque), en majorité du Zappa donc, s'écarte notablement des canons du jazz classique qu'Electric Connection choyait encore. Ici les amarres sont définitivement larguées ce que Ponty et son violon dingue, et son seul compagnon sur tous les titres qu'il faudrait voir à ne pas oublier d'autant qu'il s'agit du regretté George Duke, ont l'air de particulièrement apprécier. Tout comme les fans du divin moustachu apprécieront la lecture surjazzée et ludique des standards de leur idole ainsi que le solo de Frank, sa seule apparition instrumentale de l'album... Sur la seule composition qu'il ne signe pas ! On mentionnera évidemment la grosse pièce de l'album, Music for Electric Violin and Low-Budget Orchestra et ses presque 20 minutes, où, entre improvisation jazz et classique contemporain prouve la versatilité exceptionnelle tant du compositeur que de son interprète de l'occasion.
Phase exploratoire et démarrage d'une carrière américaine riche qui le verra aussi frayer avec un John McLaughlin et son Mahavishnu Orchestra, la présente doublette, si un peu artificiellement accolée vu l'écart de style, est une réussite à conseiller à tous ceux que le violon jazz meut.

Electric Connection (1969)
1. Summit Soul 4:55
2. Hypomode del Sol 6:27
3. Scarborough Fair/Canticle 3:02
4. The Name of the Game 5:27
5. The Loner 4:29
6. Waltz for Clara 5:09
7. Forget 4:25
8. Eighty-One 6:35

Jean-Luc Ponty - violin
Bud Shank - alto saxophone
Richard Aplan - baritone saxophone
Bob West - bass
Paul Humphrey - drums
Tony Ortega - flute
Wilbert Longmire - guitar
George Duke - piano
Frank Strong, Thurman Green - trombone
Mike Wimberly - bass trombone
William Peterson, Tony Rusch, Larry McGuire, Paul Hubinon - trumpet

King Kong: Plays the Music of Frank Zappa (1970)
9. King Kong 4:54
10. Idiot Bastard Son 4:00
11. Twenty Small Cigars 5:35
12. How Would You Like to Have a Head Like That 7:14
13. Music for Electric Violin and Low-Budget Orchestra 19:20
14. America Drinks and Goes Home 2:39

Jean-Luc Ponty - electric violin, baritone violectra
Frank Zappa - guitar
George Duke - piano, electric piano
Ernie Watts - alto and tenor sax
Ian Underwood - tenor sax
Buell Neidlinger - bass
Wilton Felder - Fender bass
Gene Estes - vibraphone, percussion
John Guerin - drums
Art Tripp - drums
Donald Christlieb - bassoon
Gene Cipriano - oboe, English horn
Vincent DeRosa - French horn, descant
Arthur Maebe - French horn, tuben
Jonathan Meyer - flute
Harold Bemko - cello
Milton Thomas - viola

JEAN-LUC PONTY (et Frank Zappa)

LuNDi
Jean-Claude Vannier "L'enfant assassin des mouches" (1972)
ou "Trésor Caché"

Qu'une telle merveille ait attendu plus de 30 ans pour se voir publiée, de découvrir que dormaient dans les tiroirs de Jean-Claude Vannier de si fines mélodies dépasse l'entendement. Que cette œuvre (osons !) magistrale soit enfin disponible pour que le monde s'en délecte n'est, donc, que justice.
Composé, ciselé et finalement enregistré, début 1972, au Studio des Dames avec la crème des musiciens de studio d'alors (dont Claude Angel ou Marcel Azzola, excusez du peu !), L'Enfant Assassin des Mouches prouve aux oublieux l'excellence du compositeur et son importance dans une aeuvre essentielle du répertoire se Serge Gainsbourg : l'Histoire de Melody Nelson (dont Vannier co-composa certaines pistes et arrangea la totalité avec l'auteur). Pas étonnant qu'on retrouve la même « patte » ici et c'est, de fait, presque un prolongement, un univers cousin même si d'autres parfums (jazz et classique contemporain, principalement) y imposent une résolue différence.
Comme Melody Nelson, L'Enfant Assassin des Mouches est un trip psyché-ochestralo-progressivo-pop totalement de son époque et pourtant d'une étonnante fraicheur où, à renfort de chorales, de cordes, de cuivres, de percussion, d'un sens mélodique hors du commun et d'une qualité d'arrangeur qui laisse pantois, Jean-Claude Vannier déroule une musique qui doit autant à Ravel et Strauss qu'à Pierre Henry et Michel Colombier, Burt Bacharach, King Crimson ou les Beatles... Violence et douceur, kitsch et avant-garde s'y côtoient dans un chaotique et pourtant évident « tout » qui ne peut que satisfaire l'amateur de musique exigeante et prospective.
Une réussite cet Enfant Assassin des Mouches (au concept/allégorie pondu par un Gainsbourg inspiré par ce qu'il entendait) ? Indéniablement. Et un peu plus que ça même, une pépite sauvée des eaux qu'on se réjouit d'avoir le loisir d'apprécier et qu'on ne peut que recommander, chaudement.

1. L'Enfant La Mouche Et Les Allumettes 4:22
2. L'Enfant Au Royaume Des Mouches 3:57
3. Danse Des Mouches Noires Gardes Du Roi 3:20
4. Danse De L'Enfant Et Du Roi Des Mouches 2:52
5. Le Roi Des Mouches Et La Confiture De Rose 6:28
6. L'Enfant Assassin Des Mouches 1:52
7. Les Gardes Volent Au Secours Du Roi 6:55
8. Mort Du Roi Des Mouches 3:29
9. Pattes De Mouches 0:51
10. Le Papier Tue-Enfant 2:44
11. Petite Agonie De L'Enfant Assassin 0:31

Jean-Claude Vannier: piano, clavecin, toy piano, bombarde, flûtes, direction
Claude Angel, Denys Lable, Raymond Gimenez: guitare
Tonio Rubio: basse
Pierre-Alain Dahan: batterie
Jean-Pierre Sabar: piano
Marc Chantereau: percussions
Philippe Mathé: percussions, saxophone soprano
Jean-Louis Chatemps: saxophone soprano
Marc Steckar: trombone, tuba
Marcel Azzola: accordéon
Pierre Llinares: bugle, cordes
Jean Gaunet, Ginette Gaunet, Hubert Varon: cordes
Chorale des Jeuneses Musicales de France: choeurs
Louis Martini: direction chorale

JEAN-CLAUDE VANNIER

MaRDi
Maurice Benin "Je Vis" (1974)
ou "Chanson Hippie"

Il n'est pas inutile de rappeler que, pendant que quelques singes savants surmédiatisés s'agitaient convulsivement dans des exhibitions signées Maritie et Gilbert Carpentier, une autre musique (ou d'autres musiques pour être plus précis) vivotaient dans un underground pas exactement injuste, il y avait chez ces doux-dingues suffisamment de désaxés pour désarçonner la ménagère vagissante, mais à l'impact nettement minoré par un système médiatique n'offrant que trop peu de place à un off-mainstream hexagonal pourtant passionnant.
Oui, dans ces seventies giscardisantes, l'ex-bande Saravah (Higelin, Fontaine et Areski en tête de pont), les progueux plus ou moins déviants (Magma, Ange, Etron Fou Le Loup Blanc, la multinationale Gong, etc.), les folkeux sans peurs et sans reproches (Gwendal, Malicorne et tous les autres), etc., vivaient une aventure au moins aussi passionnante que celles de leurs équivalents transfrontaliers. Et ce n'est que la partie immergée d'un l'impressionnant iceberg qu'il serait fastidieux d'énumérer ici...
Parce que, ici, c'est de Maurice (Morice) Bénin dont il s'agit, un zouzou digne représentant d'une chanson à la marge, agitatrice et militante sans jamais perdre d'un humour pothead franchouillard (voir Sollicitation, pour l'exemple). Musicalement, le terreau est folk, et francophile du fait de textes évoquant plus Léo Ferré que Bob Dylan (pour situer)... La voix est juste, bien posée, capable de quelques performances, de quelques déviances, mais toujours au service de la mélodie, de l'émotion. On peut, à partir de là, se demander pourquoi cette musique n'a trouvé qu'un public si extrêmement réduit et s'en voit, conséquemment, reléguée aujourd'hui à un statut micro-culte, un secret trop bien gardé qu'il est bon de dévoiler, d'essayer de partager.
1974, il vit Morice. Il vibre aussi, post-soixante-huitard luttant contre ses moulins à vent avec autant de conviction qu'un Don de la Mancha avec, en lieu et place d'un Sancho P. désabusé mais fidèle, un trio de musiciens tissant un background approprié à son bel-canto en opposition. Bien sûr, tout ceci sonne un peu daté 40 ans après, daté mais pas obsolète... Cette voix baladeuse et polyethnique, ces flutes, ces guitares, ces dérapages psychédéliques, et l'absolue conviction de l'auteur, aussi, surtout sont autant de vibrantes preuves d'un artiste (en effet) vivant, vif même. Bien sûr, comme souvent chez les français de l'époque, c'est verbeux à l'excès mais on ne le voudrait pas autrement.
Je Vis... Il faudra bien écouter les paroles, se laisser porter par les trips musicaux les accompagnant pour trouver le sésame d'un album pas exactement difficile à aborder mais suffisamment référencé et barjotant pour laisser quelques jeunes-âmes sur le bord du chemin. C'est comme ça... De la musique sans compromis, de l'art quoi...
Recommandé.

1. Je vis 11:46
2. Les comptes sont bons 3:45
3. Où tu es passé 7:12
4. Plus tu es heureux 4:36
5. Toute petite vie 2:55
6. Solicitation 4:19
7. L'églantine dans mon jardin 4:45
8. Une fois... 4:39

MAURICE (ou Morice) BENIN

MeRCReDi
La Foule "La Foule" (1996)
ou "Emporté par La Foule"

Ha le rock en français, le rock français en français même... Souvent un sujet d'embarras quand on parle avec un anglais ou un américain et qu'on n'a qu'un "maigre"Jojo lalalidé , un Trust qui porte beau sur quelques albums avec ses diatribes péri-syndicalistes mais est de toute façon plus hard que rock, un Téléphone dont on bénit que son interlocuteur ne comprenne pas les paroles douloureusement adolescentes (ce à quoi vous me répliquerez que les Beatles, les Beatles !, en leur temps, etc. Oui mais en anglais ça sonne !). Bref, si notre langue est riche elle se prête assez mal à l'adaptation rythmée et vocalisée de la musique de danse de jeunes originaires des fifties finissantes étasuniennes.
A chaque règle, évidemment, il y a des exceptions et, justement, avec La Foule, groupe mené par l'excellent toulousain Antoine Essertier, nous en tenons une belle, à défaut d'une qui fit florès mais tout ce qui est bon n'a pas forcément la chance de rencontrer le succès comme vous ne le savez que trop bien...
Et donc, en 1996 parait le premier, et hélas unique, d'une formation de rock française, s'exprimant en français sans que jamais la moindre gêne, le moindre décalage culturel, ne se fasse jour. La recette du miracle ? Une forte personnalité déjà parce que j'ai eu beau chercher à quel luminaire anglophone les petits français me faisaient penser, et rien. Il y a bien des influences, des effluves de quelques grands anciens comme Led Zeppelin (et les orientalismes bienvenus de Robert Johnson et d'autres), des rapprochements avec le meilleur de quelques "collègues" (Bertignac sur Ecoutez-moi, Daran, un grand pote d'Essertier avec lequel il a justement collaboré ceci dit en passant, sur la Folie) mais rien qui ne soit criant ou particulièrement envahissant. La Foule sont avant tout eux-mêmes, on ne les voudrait pas autrement.
Parce qu'on a là une fine équipe de musiciens, un groupe resserré, un quatuor au line-up assez inhabituel pour le genre de musique pratiqué puisqu'au classique de chez classique guitare, basse et batterie se voient ajoutées des percussions. Une fine équipe donc, possiblement des virtuoses mais la démonstration technique n'étant pas l'objet on ne pourra parler que d'une absolue maîtrise instrumentale en la circonstance. Quoiqu'il en soit, on ne peut que remarquer une basse particulièrement riche ici (L'âge du capitaine), des riffs si bien trouvés qu'on a parfois l'impression de les avoir entendu ailleurs sans vraiment pouvoir définir d'où ou de qui, des chœurs riches supportant la voix médium d'Antoine et ses "pétages de plombs"énervés bienvenus, une batterie à la lourdeur proverbialement Bonhamienne, et des percus qui sont définitivement un élément décisif offrant un supplément d'allant, d'énergie autant que de finesse au son de la formation. Et de foutues bonnes compositions surtout ! Des refrains qu'on retient instantanément et ne lassent pourtant pas (Demain c'est dimanche, Ecoutez moi, La chanson préférée). Des paroles bien troussées, poétiques et pas connes qu'on n'en entend pas tous les jours en rock francophone (évoquant même des sujets parfois difficiles, voir Constance Lerouge). Des idées musicales comme s'il en pleuvait dans un cadre rock pourtant toujours respecté stricto sensu. En un mot comme en mille, une formation DOUÉE. Et bien mise en son avec la voix bien dans le mix comme il se doit pour le rock'n'roll, et une clarté d'ensemble d'autant plus appréciable que la performance est, je me répète, pas grave, belle.
Hélas, mille fois hélas le succès ne fut pas au rendez-vous et de suite à La Foule il n'y eut point. Antoine Essertier disparut d'ailleurs de la sphère exposée de la musique française même si je ne doute pas que, quelque part, il ronge son frein et prépare son retour (vivement !). Reste cet album, quasi-introuvable aujourd'hui (sauf d'occasion), une vraie belle réussite prouvant que rock et français peuvent fonctionner ensemble quand ils sont confiés à d'habiles artisans comme c'est clairement le cas ici.

1. Robert Johnson 3:43
2. Demain c'est Dimanche 5:13
3. Ecoutez-moi 4:18
4. La Folie 3:19
5. L'âge du Capitaine 4:20
6. Au Sexe Moderne 3:00
7. Les Fantômes 3:49
8. Je reste au lit 4:12
9. Viens voir ailleurs 5:04
10. La chanson préférée 3:06
11. Constance Lerouge 3:57
12. Terence Hill 3:43

Skiz - basse, chœurs
Syl East - batterie, chœurs
Fab "Koala" Drigues - percussions, chœurs
Antoine Essertier - chant, guitares

LA FOULE (Antoine Essertier)

JeuDi
Frandol "Double Fond" (2003)
ou "Des tours et des tours"

Frandol a plus d'un tour sous son chapeau mais on ne changera pas Frandol. Sur ce second opus solo, après le très réussi Oulipop, l'ex-Roadrunner continue de distiller mélodies entêtantes et textes malins où sa plume fait merveille.
Pour Double Fond l'équipe a quelque peu changé mais l'objectif, fondamentalement, reste le même : offrir une chanson rock de qualité tant musicale que littéraire. Parce qu'il faut le dire, si la mélodie ne fait pas peur à Frandol, les mots l'enchantent et c'est un délice que de goûter aux précieuses constructions que sont ses textes, tout en chausse-trappes, faux-semblants, ludisme verbal... Une patte particulièrement adaptée au thème que s'est présentement imposé le havrais, la magie et le cirque. Musicalement, Frandol revient à des choses plus classiques se débarrassant quasi-intégralement de tentations électrophiles moins compatibles avec le présent concept. La base est donc rock à l'ancienne, d'inspiration souvent 60s, pas tout à fait comme avec les Roadrunners mais pas si loin, un territoire qu'on considèrerait presque comme pépère comparé à l' azimuté Oulipop si ce n'était que tout ceci tourne comme une horloge suisse et épate comme une évasion à la Houdini. Original ? Sans doute pas (mais pas moins qu'un Dionysos ici largement distancé sur un terrain plus ou moins commun), mais assurément diablement efficace.
Hélas, encore une fois, une sale malédiction sembler planer sur les meilleurs normands (de Little Bob aux Dogs et à l'intéressé), ce Double Fond pourtant si réussi se retrouvera en voie de garage n'attirant que de trop rares curieux. On en attend d'ailleurs toujours l'hypothétique suite, d'autant plus hypothétique que Frandol est aujourd'hui occupé à revivaliser avec les Kitchenmen... Ce qu'il fait très bien aussi.

1. La Boîte A Double-Fond 4:10
2. État Second 3:22
3. Sept Ans 3:16
4. Contorsions 3:59
5. Lévitation 3:56
6. Cléo Et L'Homme Tronc 1:14
7. Détours 3:04
8. Ventriloque 1:16
9. Léon Mandrake 3:19
10. Le Sultan Du Close Up 4:01
11. A La Masse 2:39
12. Leninska 3:41
13. L'Escamoteur 2:02
14. Fortune Teller 1:57
15. La Parade De L'Illusion 4:25

Frandol: chant, guitare, percussions, claviers, ornitophone électronique
Matt R1: guitare, basse, choeurs, batterie (6), piano
Monsieur Ced: programmations, claviers, basse (13)
Luc Durand: batterie, percussions
Thomas Schaettel: orgue, piano
Steve Brush: saxophone alto (14, 15)
Erich Weiss: saxophone ténor (14, 15)
Dal Vernon: saxophone bariton (14, 15)
Claude Conlin, David Kotkn: trompette (14, 15)
William Robison, Garcijax: violon (12)
Jean-Eugène Robert: alto (12)
Gaiffe: violoncelle (5, 12)

FRANDOL

VeNDReDi
Artaud "Music From Early Times" (2010)
ou "Chapitre Trois"

Tel le bon paysan labourant obstinément son précieux lopin de terre, tel l'horloger affairé à concocter un fragile mécanisme à l'impeccable précision, Artaud continue de tracer sa route sur ce 3ème long-jeu en tant que leader. Et sa troisième réussite, il faut le préciser.
Ceux qui ont eu la chance d'écouter les deux précédentes galettes du compositeur/arrangeur/multi-instrumentiste le savent bien, Vincent Artaud est un garçon bourré de talent et détenteur d'un savoir-faire, d'un trademark sound désormais bien installé. L'addition de Daniel Yvinec (précédemment directeur de l'Orchestre National de Jazz et présentement directeur artistique et réalisateur), pour précieuse qu'elle soit, ne vient pas tout chambouler, et c'est tant mieux. Car enfin, il eut été dommage que ce jazz convoquant des influences aussi diverses que Mingus, Coltrane, Schifrin, Glass, Morricone ou François de Roubaix (un résumé, parce que c'est bien sûr infiniment plus compliqué que ça) ne soit pas reconduit, si ce n'est à l'identique au moins essentiellement. Les différences ? Pas d'orchestre de cordes, et donc une musique plus aérée et jammeuse cette fois mais une contribution également cinématique grâce aux textures sonores amenés par les programmations d'Artaud (et de Vincent Lafont au passage seul co-compositeur, sur Rule of Beeline) et l'expertise du reste du line-up trié sur le volet, on s'en doute.
Comme à l'habitude, on a beau se dire que l'affaire a été millimétrée, profondément pensée et "tenue" par deux "co-chefs" qu'on sait aussi pointilleux l'un que l'autre, on est emporté par la fluidité, le naturel de l'entreprise qui recèle, in fine, rien de plus que des sons pour "bouger" l'âme. Si l'on détaille "l'assemblage", c'est évident, c'est à un travail d'orfèvre auquel on a affaire, chaque place a sa note et chaque note à sa place en quelque sorte. Ce rigorisme créatif, cet extrême souci du détail, une constante dans les œuvres d'Artaud, est un nécessaire carburant au moteur qu'est la délicieuse partition par laquelle Vincent nous entraîne, 55 minutes durant, dans un film sans image (plus nouvelle vague, la où La Tour Invisible se parait d'atours hollywoodiens), un trip "jazzosphérique" comme il en a le secret.
Et ça, ça ne se refuse pas !

1. People Of The Black 3:18
2. Kingdom & History 5:05
3. Rule Of Circle 7:43
4. The Crowning 5:57
5. Wisdom & Wonderment 1:49
6. Victoire! 4:50
7. Rule Of Beeline 3:33
8. Rule Of Diameter 0:51
9. People Of The White 6:45
10. Die Folgerung 5:27
11. Seed 4:44
12. Kunst 1:57
13. People Of The Red 4:37

Vincent Artaud: basse, guitare, claviers, programmation
Frédéric Couderc: clarinette, saxophone, coudophone, cor anglais
Vincent Lafont: piano, synthétiseur, électronique
Fabrice Moreau: batterie
Daniel Yvinec: direction artistique, réalisation

VINCENT ARTAUD

SaMeDi
EZ3kiel et le Naphtaline Orchestra "Live au Théâtre de Tours" (2012)
ou "ElectrOrchestre"

S'il y a une formation française qui ne manque jamais ni de souffle, ni d'ambition artistique, c'est bien EZ3kiel qui nous revient cette fois avec une relecture live et orchestrale de son répertoire avec comme colonne vertébrale son album majeur, Naphtaline... Rien que ça !
Pari gonflé tant le matériau originel était d'une immense qualité, en particulier Naphtaline qui a tant marqué la carrière d'EZ3kiel, un opus où la puissance cinématique du groupe prenait tout son essor, un album qui jouait sur les textures sonores, trip-hoppait sur le Quai des brumes, "electronisait"Les Tontons flingueurs... Une vraie réussite artistique rétro-futuriste qu'il n'est donc pas aisé de revisiter.
Pour mener à bien leur tâche, les tourangeaux ne se sont pas ménagés : adjonction d'une formation orchestrale dévouée au projet (l'orchestre de la ville de Tours), réarrangement scrupuleux, pointilleux de tous les morceaux sans oublier, bien sûr, l'aspect visuel du travail du collectif jamais secondaire et bien représenté par Yann Nguema qui en assume la responsabilité en plus des programmations (et avant ça de la basse qu'il a depuis délaissée). Bref, il aura fallu deux ans, du lancement de l'idée à l'accomplissement de l'œuvre, du travail particulièrement soigné donc.
Le résultat ? Il dépasse les plus folles espérances et ce dès la première piste, Derrière l'Ecran, où il est d'emblée évident qu'EZ3kiel n'a pas juste superposé les parties orchestrales à sa musique mais bien reconstruit sa musique pour y inclure des parties orchestrales qui, du coup, magnifient, "cinématisent" encore plus le morceau, alors qu'il l'était pourtant déjà beaucoup ! En ceci, on peut comparer la démarche à celle de Peter Gabriel sur New Blood/Live Bloodà l'exception notoire que l'orchestre complémente le groupe là où il le remplaçait chez l'ancien frontman de Genesis. La suite des titres confirme sans peine cet excellent état d'esprit et la parfaite adéquation trouvée entre l'électrique, l'acoustique et l'électronique (discret). On rajoutera que la captation live de qualité (le groupe nous avait déjà fait le coup sur son grand Collision Tour enregistré en commun avec les noise-post-rockers angevins d'Hint) retranscrit magnifiquement les finesses et l'emphase d'enregistrements en état de grâce où l'auditeur consentant n'a qu'à se laisser porter pour voyager.
On n'oubliera évidemment pas de répéter que, comme d'habitude, formation totale contrôlant et développant toutes les facettes de son art et toujours généreuse avec son public, EZ3kiel a particulièrement soigné le package et ajouté une captation live en image rallongeant encore un peu plus le plaisir (ceci dit pour ceux qui achèteront l'objet).
EZ3kiel est de ces collectifs (on ne dit plus groupe à ce niveau) qui ont besoin du soutien du public, le méritent !, parce que chacune de leur sortie discographiques, chacun de leurs "live events" est un évènement mûrement réfléchi et brillamment exécuté. Artisans d'excellence, rares dans un high-tech ayant une récurrente tendance à niveler par le bas, ils satisfont toujours, sur ce Naphtaline Orchestra aussi, forcément.

1. Derrière L'Ecran 5:33
2. Naphtaline 6:13
3. Lady Deathstrike 2:32
4. Adamantium 5:30
5. Lac Des Signes 6:04
6. Insomnies 3:30
7. Exebecce 3:10
8. The Wedding 13:15
9. Leopoldine 4:37
10. Subaphonic 6:26
11. Volfoni's Revenge 13:16
12. Kika 4:33

Directed By, Arranged By – Stéphane Babiaud
Drums, Percussion – Matthieu Fays
Bass, Contrabass – Thomas Lesigne
Guitar – Gérald Bouvet
Performer, Percussion – Erick Pigeard
Piano – Cyril Soufflet
Saxophone, Theremin, Saw – Thomas Quinart
Violin – Christelle Lassort
Guitar, Keyboards, Accordion – Joan Guillon
Orchestra [Le Naphtaline Orchestra] – Orchestre Symphonique Francis Poulenc Du CRR De Tours

EZ3KIEL (noyau dur)

L’Été Mange-Disques - 7 au Pif

$
0
0
En vacances, il est parfois bon de choisir "au pif" une destination, c'est risqué mais quand ça fonctionne, la surprise est divine. En musique, quand on a un CDthèque qui se respecte, on peut s'amuser au même jeu, promenant le doigt et tirant, au pif !, la sélection de la semaine. Dont acte... Enjoie !

DiMaNCHe
Pigalle "Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Tremblay, personnage falot mais ô combien attachant" (1990)
ou "Regards Admiratifs sur la gracieuse et palpitante œuvre de François Hadji-Lazaro, personnage rondelet mais ô combien talentueux"

Le second album de Pigalle. Avec son titre à rallonge, son écriture reliée au quotidien sans perdre un iota de sa qualité littéraire, sa pochette quasi-légendaire (signée Tardi), Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Tremblay, personnage falot mais ô combien attachant est le triomphe de François Hadji-Lazaro pourtant également membre/leader des Carayos et des Garçons Bouchers, le triomphe d'une certaine idée de la musique de chez nous, aussi.
Pour qui connaît le parcours de François, un folkeux à l'origine, un amoureux de la chanson réaliste des Mmes Damia, Fréhel et Piaf aussi, ce second album de son Pigalle, parce que s'il y a d'autres musiciens avec lui ils ne sont que de simples exécutants ici, est tout sauf une surprise. Contrairement à ce que son titre pourrait laisser entendre, ce n'est pas d'une histoire, pas d'un concept album dont il s'agit même si une vraie thématique d'ensemble relie toutes les créations en un tout cohérent absolument satisfaisant. Hybride des goûts de son leader, Regards Affligés est donc, avant tout, une fantastique collection de chansons néo-réalistes comme la nouvelle chanson française s'y essaiera quelques années plus tard.
Musicalement, cependant, on est loin de rester uniquement dans ce petit domaine avec de vraies traces du punk du premier album (Dans les Prisons, En bas en haut), de la folk en veux-tu en voilà (Marie la Rouquine, Les Lettres de l'Autoroute, Éternel Salaud, Sophie de Nantes), un vrai bel héritage de la chanson française classique (Dans la Salle du Bar Tabac de la Rue des Martyrs, Chez Rascal et Ronan, Le Chaland, Renaître) et même d'autres choses qu'on n'attendait pas forcément là (l'érotique Une Nuit, le funk camembert d'Angèle, un décrochage "rapoïde" sur Un Petit Paradis) qui viennent agréablement épicer la galette.
Évidemment, sans l'écriture du chef, sans son esprit mélodique, sa voix immédiatement reconnaissable, ses incroyables capacités de multi-instrumentiste, sans les parti-pris de production aussi (pas de batterie, remplacée par une boîte à rythmes qui sévit aussi chez ses Garçons Bouchers), le triomphe n'aurait pas pu être le même. Parce que triomphe il y a dans cette collection de 18 titres où rien n'est à jeter, tout satisfait, entraînant l'auditeur dans une ambiance souvent nostalgique, toujours écorchée vive qui fonctionne au-delà des plus folles espérances d'un Hadji-Lazaro en état de grâce compositionnelle.
Grâce à son emblématique single, Dans la Salle du Bar Tabac de la Rue des Martyrsévidemment, l'album se vendra exceptionnellement bien pour une production indépendante (rappelons que François est encore le boss de son propre label Boucherie Productions), c'est mérité. 25 ans plus tard, déjà !, Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Tremblay, personnage falot mais ô combien attachant demeure un incontournable jalon du rock alternatif de chez nous, d'une nouvelle chanson qui n'a plus honte d'assumer son héritage hexagonal. Un triomphe, vous dis-je et une galette éminemment recommandée, tout simplement.

1. Ecris moi 2:53
2. Marie la rouquine 2:17
3. Une nuit 3:01
4. Le tourbillon 2:08
5. Y a l'aventure 1:38
6. Premières fois 1:35
7. Les lettres de l'autoroute 4:37
8. Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs 3:02
9. Sophie de Nantes 2:08
10. Éternel salaud 2:56
11. Chez Rascal et Ronan 3:13
12. Dans les prisons 2:03
13. Angèle 1:49
14. En bas, en haut 2:38
15. Le chaland 2:02
16. Un petit paradis 2:28
17. Paris le soir 2:51
18. Renaitre 3:39

François Hadji-Lazaro - accordéon, banjo, basse, claviers, cornemuse, dobro, flûte traversière, guimbarde, guitares, harmonica, mandoline, piccolo, vielle, violon, violoncelle, voix
Riton Mitsouko - basse
Stefff - saxo baryton
Toto - trombone
&
Alain Wampas - contrebasse
Gepetto - saxos soprano, alto et basse, clarinette

PIGALLE (François Hadji-Lazaro)

LuNDi
Kevin Ayers "Bananamour" (1973)
ou "Un amour de fruit"

Toujours un peu poète maudit, toujours un peu l'outsider de service, bien entouré par un line-up "all-star" Kevin Ayers sort en 1973 son 4ème album studio, le très réussi Bananamour. Pas de surprise, Ayers ne faiblit pas et délivre, sans en avoir l'air, un vrai petit classique du rock 70s.
Ici, l'ex-Soft Machine, qui ne contribuât que sur quelques chansons de leur premier album et ne doit donc pas faire peur du fait de ses origines communes avec le chantre du prog-jazz que nous connaissons, livre sa galette la plus accessible jusqu'alors. Aussi, qu'il combine psychédélisme et rhythm 'n' blues (Don't Let It Get You Down), produise un blues acoustique un peu désuet mais délicieusement troussé (Shouting in a Bucket Blues), semble pasticher la soul en version éprise de boisson (When Your Parents Go to Sleep), donne dans un bon gros délire bien réjouissant (Interview), ironise le flower power (la courte chorale d'Internotional Anthem), aille flirter avec de distants territoires (l'Inde sur Decadence), offre une sucrerie acoustique idiote et ravissante (Oh! Wot a Dream), s'engage dans un divin dialogue éthéré (Hymn, avec Robert Wyatt), ou pose sa digne voix sur de belles constructions cuivrées pour un final, de l'album originel, en beau crescendo (Beware of the Dog), Ayers vise toujours juste et atteint, en toute logique, le cœur de l'auditeur. Rajoutez à ça un reggae/ska chelou (Connie on a Rubber Band), un bon rock bien solide mais pas sans finesse ou fantaisie (Take Me to Tahiti) et une amusante chanson d'inspiration caribéenne (Caribbean Moon) en jolis bonus et vous obtiendrez un album varié à l'extrême et pourtant cohérent, un petit chef d'œuvre d'un songwriter trop souvent oublié quand on réfléchit aux grands faiseurs du format chanson dont Kevin Ayers est, définitivement.
Et dire que Bananamour n'est même pas son meilleur, juste le premier qu'on conseillerait parce qu'il fonctionne immédiatement quand d'autres, le super-classique Joy of a Toy en particulier, demande plus d'investissement, plus d'attention. Recommandé comme premier Ayers et à tous ceux qui connaissent Kevin mais l'auraient, irraisonnablement, oublié.

1. Don't Let It Get You Down 4:04
2. Shouting In A Bucket Blues 3:45
3. When Your Parents Go To Sleep 5:47
4. Interview 4:43
5. Internotional Anthem 0:43
6. Decadence 8:05
7. Oh! Wot A Dream 2:48
8. Hymn 4:35
9. Beware Of The Dog 1:27
Bonus
10. Connie On A Rubber Band 2:56
11. Decadence (Early Mix) 6:57
12. Take Me To Tahiti 3:37
13. Caribbean Moon 3:02

Kevin Ayers - Guitar, Vocals
Archie Legget - Bass, harmony vocals, lead vocal on track 3
Eddie Sparrow - Drums
&
Steve Hillage - Lead Guitar on track 2
Mike Ratledge - Organ on track 4
Robert Wyatt - Harmony Vocal on track 8
David Bedford - Orchestral Arrangement on track 9
Howie Casey - Tenor Saxophone
Dave Caswell - Trumpet
Tristan Fry - Cymbal
Lyle Jenkins - Baritone Saxophone
Ronnie Price - Piano
Barry St. John - Vocals
Liza Strike - Vocals
Doris Troy - Vocals

KEVIN AYERS

MaRDi
Marisa Monte "Mais" (1991)
ou "Brasileira in New York"

Une brésilienne à New York, avec moult musiciens du cru à commencer par l'excellent Arto Lindsay, producteur de l'objet et de pas mal d'autres albums de Marisa, c'est ce que propose Mais, la cuvée 1991 de Marisa Monte.
La musique de Marisa ? Brésilienne bien sûr mais pas seulement, sans doute sous l'influence de son producteur, des musiciens présentement impliqués et de l'environnement urbain new yorkais, elle est infusée de flaveurs funk et rock relevant joliment la faconde samba pop naturelle de la dame.
Des moult guests qui peuplent l'album - un casting impressionnant, ceci dit en passant, allant de Ryuichi Sakamoto à Melvin Gibbs en passant par Bernie Worrell ou John Zorn (sage sauf sur quelques dérapages contrôlés sur Volte para o Seu Lar) - on retient surtout la dévotion à ne pas chambouler l'équilibre fomentée par le producteur/arrangeur Arto sur un album avant tout grand public dans le sens noble du terme, qui veut toucher le plus grand monde sans abandonner sa quintessentielle qualité instrumentale et compositionnelle. Ce qui sied admirablement à la voix de Marisa, douce mais énergique, fondamentalement brésilienne mais ô combien compatible à cette fusion moderniste, en un mot comme en mille, une réussite.
Et un album qu'on recommande évidemment à tous ceux qui apprécient la musique brésilienne "progressive", fusionnante mais, ultimement, abordable.

1. Beija Eu 3:13
2. Volte para o Seu Lar 4:44
3. Ainda Lembro 4:10
4. De Noite Na Cama 4:28
5. Rosa 2:45
6. Borboleta 2:02
7. Ensaboa 4:20
8. Eu Não Sou Da Sua Rua 1:32
9. Diariamente 4:12
10. Eu Sei (Na Mira) 2:41
11. Tudo Pela Metade 4:13
12. Mustapha 2:26

Marisa Monte - vocals
John Zorn - alto saxophone (tracks 2 & 7)
Marty Ehrlich - tenor saxophone (tracks 2 & 7)
Arto Lindsay - guitar, vocals (tracks 2, 4, 10 & 11)
Robertinho do Recife (tracks 3, 6, 10 & 12), Romero Lubambo (tracks 8 & 9), Marc Ribot (tracks 1, 2, 4 & 11) - guitar
Carol Emanuel - harp (track 9)
Ryuichi Sakamoto (tracks 3, 5, 7, 10 & 12), Bernie Worrell (tracks 1, 2, 4 & 11) - keyboards
Ricardo Feijão (tracks 7, 10 & 12), Melvin Gibbs (tracks 1, 2, 4 & 11) - bass
Dougie Bowne (tracks 1, 2, 4 & 11), Gigante Brazil (tracks 7, 10 & 12) - drums
Cyro Baptista (track 9), Prince Vasconcelos de Bois (track 6), Armando Marçal (tracks 3, 4, 5, 7, 10 & 12), Naná Vasconcelos (tracks 2, 4, 8 & 11) - percussion
Criançada - backing vocals (track 11)

MARISA MONTE

MeRCReDi
Ancestors "Neptune with Fire" (2008)
ou "Lame de Fond"

S'il ne contient que deux titres, le premier album des spatiaux stoner/doomistes d'Ancestors s'approche tout de même des 40 minutes, et ça ne doit pas faire peur parce que tout ça, à l'opposé des prétentions, démonstrations progtessivo-techniques cliniques et onanistes d'un Dream Theater, par exemple, est tout à fait digeste.
Parce que cette musique, totalement bercée d'influences 70s, d'Hawkwind à Black Sabbath, si elle n'est pas tout à fait dénuée de compétence instrumentale, il en faut pour mener pareille entreprise à bien, est avant tout le véhicule des trippantes ambitions de ses compositeurs/concepteurs.
Si on sent déjà, sous la furie des explosions électriques de guitares en fusion ou de vocaux possédés, de tentations progressives, le propos est tout de même, ici, largement orienté vers un auditoire metallo-compatible enfumé de volutes cannabiques, stoner metal, quoi ! Et du meilleur du genre avec des climats, mes aïeux, des montées de sève, mamma mia, et des accalmies, plus rares mais servant leur but à merveille, rendant l'exercice aussi attractif qu'il est réussi. C'est bien simple, dans le genre, hélas pas aussi répandu qu'on le souhaiterait, Neptune with Fire tient sans problème le haut du panier.
Et c'est donc un opus tout à fait recommandé à la condition évidente de pouvoir apprécier son relatif extrémisme, parce que ça reste de la musique d'hommes, indéniablement.

1. Orcus Avarice 16:46
2. Neptune with Fire 21:38

Nick Long - Bass, Vocals
Justin Maranga - Guitars, Vocals
Jason Watkins - Organ, Piano, Vocals
Brandon Pierce - Drums, Gong
Chico Foley - Electronics, Keyboards, Vocals
&
McKenna Mitchell - Additional Vocals (2)

ANCESTORS

JeuDi
Graham Parker "Squeezing Out Sparks" (1979)
ou "Graham fait des étincelles"

Dans la catégorie des rockers britanniques qui eurent si peu froid aux oreilles qu'ils relevèrent sans coup férir le gant d'une punk rock finissante et d'un Two-Tone ska à l'éclat ô combien éphémère - je parle évidemment de cette caste de classe dont les noms les plus évidemment cités sont Elvis Costello, Joe Jackson ou Paul Weller et son Jam - je demande Graham Parker et son chef d’œuvre de la période, Squeezing Out Sparks.
Rien de bien compliqué en fait, du rock classique, franc, mélodiquement réussi, doté de paroles intelligentes et sarcastiques... Pour réussir l'affaire, cependant, c'est une autre paires de mitaines... Alors il y a les chansons, 10 excellents exemples d'icelles (dont Protection en must absolu de votre serviteur) présentement supplémentées de deux très savoureux bonus bourrés de soul, un style qui hérite du punk sa sécheresse de ton, son dépouillement sonique, et du rock originel un esprit mélodique fun et primesautier qui fait un bien fou après les exactions excitées des crêtés précités, le tout évidemment délicatement remis au goût du jour d'une Angleterre en crise (ça ne fait que commencer avec Maggie "De Fer" arrivée au pouvoir)...
Ce rock, qui se permet même d'aller dans la ballade acoustique sans "clicheter" le moins du monde (You Can't Be Too Strong), c'est celui de Graham Parker & the Rumour (qu'on n'oublie pas tant ils forment une fine équipe secondant parfaitement son leader naturel), un secret encore trop bien gardé qui n'a jamais vraiment franchi les côtes de son Royaume Uni natal, que c'en est un mystère parce que, quelle fête quoi ! Et mis en son, bien, forcément !, par le regretté Jack Nitzsche (qui fut le bras droit de Phil Spector, excusez du peu), cerise sur le gâteau, etc.
Squeezing Out Sparks est un triomphe de rock nerveux, énergique, profondément honnête et admirablement troussé. Pas le seul album de Graham à réussir le tour de force, le plus réussi cependant. Ecoutez !

1. Discovering Japan 3:32
2. Local Girls 3:44
3. Nobody Hurts You 3:42
4. You Can't Be Too Strong 3:21
5. Passion Is No Ordinary Word 4:26
6. Saturday Nite Is Dead 3:18
7. Love Gets You Twisted 3:02
8. Protection 3:54
9. Waiting for the UFO's 3:08
10. Don't Get Excited 3:04
Bonus
11. Mercury Poisoning 3:09
12. I Want You Back 3:26

Graham Parker - lead vocals, rhythm guitar
Brinsley Schwarz - guitar, backing vocals
Martin Belmont - rhythm guitar, backing vocals
Bob Andrews - keyboards, backing vocals
Steve Goulding - drums, backing vocals
Andrew Bodnar - bass

GRAHAM PARKER

VeNDReDi
Elvis Costello and the Roots "Wise Up Ghost" (2013)
ou "Des racines et des ailes"

Le mariage de la carpe et du lapin ? Vraiment ? Il est vrai que, sur le papier, rien ne rapprocherait, à priori, ce vieux pub rocker anglo-irlandais reconverti aux sources de la musique nord-américaine et une des formations les plus respectées du hip-hop étasunien.
Pourtant, à y réfléchir, il y a un sacré tronc commun qui les unit à commencer par une adoration d'une certaine soul 60s que chacun, à sa manière, recycla. A l'énergie électrique de ses Attractions pour Elvis Costello, au (re)traitement moderne digitalo-acoustique pour The Roots. Deux conceptions pour un même amour, deux conceptions désormais fusionnées en un album : Wise Up Ghost (and other songs).
Composé et produit par le trio Costello, Questlove (ou ?uestlove ou Ahmir Thompson) et Steven Mandel, Wise Up Ghost est une formidable réussite, une merveille d'album où modernité et tradition s'accouplent pour le meilleur, à savoir une galette au charme si intemporel qu'on se dit sans coup férir qu'on l'aimera encore dans 10 ans, 20 ans, 30 ans... Parce que dès Walk Us Uptown, funk millésimé à la lourde basse dubbesque et au melodica joué par Elvis himself, on est pris dans l'esprit "rétromoderniste" de l'affaire. La suite ne fait que confirmer l'impression initiale avec le MotownisantSugar Won't Work, son groove languissant, ses cordes tire-larmes et son refrain référencé. Ou quand Elvis s'essaie à un rap sur fond funkadelicisant sur l'infectieux Refuse to be Saved, un P-Funk-style convaincant par le petit gars de Londres et ses ponctuels compagnons de jeu... Et dire que ce ne sont que les trois premiers titres !!! Trois tueries qui nous font bénir l'admirable rencontre des Racineux hip-hopers et du Declan au talk show de Jimmy Fallon, là justement où naquit l'idée même de cette divine collaboration. La bénir avec d'autant plus d'enthousiasme que le reste de la sélection est à l'avenant de cet admirable trio introductif et déroule avec rouerie et intelligence tout le catalogue de la black music américaine des années 60 et 70... Et même un peu au delà mais, chut !, on ne va quand même pas tout dire !
Afin d'aussi combler les amateurs de quadri-capilo-découpage, on mentionnera que, pour arriver à leurs fins, Elvis et ses Roots utilisèrent moult cuivres et cordes sans que jamais, ô grand jamais, l'avalanche ne vienne ruiner la précieuse pièce-montée de quelque lourdeur que ce soit. Arrangé avec un goût divin, les 12 compositions coulent absolument de source.
Wise Up Ghost, vous l'aurez compris, est un triomphe... c'est aussi simple que ça. On peut, d'ores et déjà le classer dans les plus belles réussites de l'an et sérieusement le considérer comme une des plus belles galettes de ces dernières années. Parole de musicophage, une bonne dizaine d'écoutes n'ont pas réussi à démentir mon enthousiasme, ce n'est pas si souvent que ça m'arrive alors, tenez-le vous pour dit, c'est de grande classe qu'il s'agit ici et, évidemment !, d'un album totalement, définitivement, absolument recommandé.

1. Walk Us Uptown 3:22
2. Sugar Won't Work 3:31
3. Refuse To Be Saved 4:23
4. Wake Me Up 5:52
5. Tripwire 4:28
6. Stick Out Your Tongue 5:28
7. Come The Meantimes 3:53
8. (She Might Be A) Grenade 4:36
9. Cinco Minutos Con Vos 5:01
10. Viceroy's Row 5:01
11. Wise Up Ghost 6:27
12. If I Could Believe 3:58
Bonus
13. My New Haunt 4:39
14. Can You Hear Me? 6:27
15. The Puppet Has Cut His String 4:57

Elvis Costello - vocals, organ, piano, melodica, baritone guitar, wurlitzer, delay guitar, ampeg bass, wah wah baritone guitar
?uestlove - drums
Kirk Douglas - electric & acoustic guitars, backing vocals (1-4, 7-11, 13, 14)
Mark Kelley - bass (1, 3, 5, 7, 9-11, 13, 14))
Frank Knuckles - tambourine, chimes, percussion, bells (5, 7, 9-11)
Ray Angry - clavinet, farfisa, bells, keys (2, 3, 5, 9, 10, 12, 13, 15)
James Poyser - keys, piano (9, 10)
Kamal Gray - keys (13)
Pino Palladino - bass (2, 12, 15)
Korey Riker - tenor & barritone saxophone (1, 4-6, 8, 9, 11, 14)
Matt Cappy - trumpet, flugelhorn (1, 3-6, 8-11, 14)
Chris Farr - saxophone, flute (3, 10)
Damon Bryson - sousaphone (1, 3, 4, 10)
La Marisoul - vocals (9)
Hedi Mandel - screams (13)
Diane Birch - backing vocals (5)
&
The Brent Fischer Orchestra (3, 4, 8, 9, 12)
orchestrated and conducted by Brent Fischer
Assa Drori - concertmaster/contractor
Robert Berg, Roland Kato, Kazi Pitelka - viola
Sally Berman, Mark Cargill, Mike Ferrill, Sam Fischer, Alex Gorlovsky, Anna Kostyuchek, Elizabeth Wilson - violin
Miguel Martinez, Kevan Torfeh, Cecilia Tsan - cello
Drew Dembowski, Ken Wild - bass
Alex Budman - bass clarinet
Bob Carr - bassoon, contrabassoon
Steve Hughes - euphonium
Bill Reichenbach - contrabass trombone, euphonium, tuba

ELVIS COSTELLO

SaMeDi
Van der Graaf Generator "Live in Concert at Metropolis Studios, London" (2012)
ou "VdGG is Alive!"

Il est de ces groupes qui se soucient si peu du commerce qu'ils finissent par avoir une réputation très en deçà de celle qu'ils auraient justement méritée. Van der Graaf Generator, chevalier imputrescible d'un rock progressif libre et (donc) changeant, est de ceux-ci. Longtemps rare en lives enregistrés, le désormais trio toujours mené par l'habité Peter Hammill, y est devenu plus présent, signe de temps où il est plus simple d'obtenir une captation professionnelle à moindre coût et où, en toute logique, les misfits en tous genres (dont les trois papys surpuissants ici présents font définitivement partie), saisissent l'aubaine avec l'appétit créatif qu'on leur connait habituellement.
Evidemment, comme sur les précédentes aventures live du trio (Live At The Paradiso, 2009), les chagrins iront regretter l'absence d'un David Jackson (saxophone) devenu si ingérable pour Hammill& Co qu'ils durent s'en débarrasser pour vital fut-il à leur son. Décidant, courageusement, de continuer sans cet élément décisif, les trois membres restants s'en sortent, ici comme précédemment, merveilleusement bien. On s'en doute, le répertoire conçu pour cette formation resserrée fonctionne parfaitement, on est plus surpris de constater que les classiques inoxydables du groupe (de Lemmings à Childlike Faith en passant par Man-Erg) y résistent si bien à l'amputation d'une partie à priori si soniquement indispensable. C'était sans compter sur la rouerie et l'expérience accumulée au cours de leur chaotique carrière par Hammill, Banton et Evans qui n'y font décidément pas leur soixantaine et donnent, l'air de rien, quelque cours d'énergie et d'intensité dramatique à la jeune concurrence.
Enregistré devant un petit nombre d'heureux privilégiés au Metropolis Studios de Londres, comme son titre on ne peut plus explicite l'indique, le présent live nous offre non seulement une prestation hantée comme seuls VdGG en ont le secret mais aussi une captation parfaite qui permettra de saisir et d'apprécier toutes les nuances d'interprétations perfectibles mais passionnées... et donc passionnantes. Un petit (et réel) bonheur présentement agréablement complété d'une captation vidéo de belle tenue pour un lot, vous l'aurez compris, indispensable à tout amateur du groupe.

CD 1
1. Interference Patterns 4:22
2. Nutter Alert 5:35
3. Your Time Starts Now 4:25
4. Lemmings 14:26
5. Lifetime 5:24
6. Bunsho 5:38
7. Childlike Faith 12:14

CD 2
1. Mr. Sands 5:22
2. Over The Hill 12:21
3. We Are Not Here 4:54
4. Man-Erg 11:50

Peter Hammill: chant, claviers, guitare
Hugh Banton: orgue, basses pédales
Guy Evans: batterie

VAN DER GRAAF GENERATOR

L’Été Mange-Disques - 7 à Trois

$
0
0
On peut partir en virée collective, avec toute une bande de potes, c'est parfait pour faire les zouaves. On peut aussi ne partir qu'avec des gens dont on est sûr, des amis avec qui l'on sait qu'un coup dur deviendra une aventure, qu'une déception deviendra une bonne raison d'encore resserrer les liens. Hé bien en musique c'est exactement pareil !, il y a ceux qui font ça avec une équipe pléthorique, d'autre qui vont à l'essentiel et, pour ça, être à trois est bien suffisant, comme la sélection qui suit  va tenter de le démontrer. Enjoie !

DiMaNCHe
Venom "At War With Satan" (1984)
ou "Messe Noire"

En 1984, tout a changé ! Venom n'est plus le plus méchant de tous, d'autres formations contestent sérieusement le titre qu'elles viennent du reste de l'Europe, des Amériques ou d'ailleurs, ça s'énerve de partout !
A ça, Venom répond avec son ultime, et sans doute plus belle, provocation : commettre toute une face de leur nouvel album à leur pièce la plus ridiculement ambitieuse, At War with Satan et ses 20 minutes rappelant l'heure des dinosaures progressifs des années 70. Démesurée, l'ambition ? Oui, et non. Oui, parce que tout ça est un peu gauche, que les musiciens, qui ont pourtant notablement progressé depuis leurs premiers faits-d'armes, n'ont pas exactement les munitions techniques et compositionnelles pour parvenir à leurs fins. Non, parce que ça pulse encore, que les bestiau, même un peu claudiquant, parvient à passer la ligne d'arrivée avec les honneurs. Non aussi parce que le texte de Conrad Lant (aka Cronos) est plutôt moins idiot que la moyenne des exercices du genre. Non, enfin, parce que cette gaucherie, finalement, contribue au charme un poil naïf de la pièce.
Le reste de l'album, l'autre face du 33t, est d'un classicisme Venomien intégral, mais bien foutu et encore un peu mieux joué que sur leur second, Black Metal, et donc nettement mieux que sur leur premier, le primitif Welcome To Hell.
En remaster, en plus, il y a des incontournables, de l'excellence pour qui aime son Motörhead (l'influence majuscule de Cronos & Co) primaire, barbare et agressif : Warhead, Lady Lust, Seven Gates of Hell, Manitou... stop, la coupe est pleine, énorme !
A choisir ? At War with Satan est devenu mon Venom préféré. De temps en temps, pas tous les jours !, ça fait un bien fou.

1. At War with Satan 19:57
2. Rip Ride 3:09
3. Genocide 2:59
4. Cry Wolf 4:19
5. Stand Up (And Be Counted) 3:32
6. Women, Leather and Hell 3:21
7. Aaaaaarrghh 2:25
Bonus
8. At War with Satan (TV Adverts) 1:04
9. Warhead (12" version) 3:40
10. Lady Lust (12" version) 2.48
11. The Seven Gates of Hell (12" version) 5:28
12. Manitou (12" version) 4:42
13. Woman (12" version) 2:56
14. Dead of the Night (12" version) 4:09
15. Manitou (Abbey Road uncut mix) 4:49

Conrad "Cronos" Lant - bass guitar, vocals
Jeffrey "Mantas" Dunn - guitar
Tony "Abaddon" Bray - drums

VENOM

LuNDi
Therapy? "Troublegum" (1994)
ou "Punky Rocky Irish"

Déjà une figure reconnue de l'underground, Therapy?, formation irlandaise d'indie punk, trouve en 1994 un nouveau public, un plus grand public... En retouchant largement leur formule.
Sur Troublegum, le bordel punk'n'noise des premiers ébats est oublié, les tentations péri-industrielles de Nurse itou, c'est recentré sur un punk lardé de mélodies accrocheuses que le trio, mené par son chanteur/guitariste et compositeur de leader, Andy Cairnsà la moustache déjà triomphante, va conquérir les foules qui, jusqu'alors, ne se pressaient pas dans ses raouts électriques.
Pour ce faire, Cairns et ses acolytes ont réuni 14 compositions rentre-dedans qui, souvent délivrées pied au plancher, satisfont les ardeurs juvéniles pogoistiques de jeunes désœuvrés. Nowhere, single implacable et impeccable, est le parfait étendard de cette redéfinition, et une sacrée composition, pleine de fun et d'allant sur des paroles, moins, quoi. Parce qu'il ne faudrait pas croire que ces petits gars comptent fleurette, que nenni, et la présence d'une (bonne) reprise de Joy Division (Isolation) n'est pas un hasard, entre crise, violence et injustice, leur coupe est plus que pleine de griefs personnels ou sociétaux.
Tout ça nous donne un album énergique, loin d'être idiot, d'une redoutable efficacité aussi qui, 20 ans après sa sortie, a très bien vieilli. On a appelle ça un classique, non ? Mineur ou majeur, à vous de voir... Recommandé, en tout cas, si vous ne l'avez pas déjà croisé.

1. Knives 1:55
2. Screamager 2:36
3. Hellbelly 3:21
4. Stop It You're Killing Me 3:50
5. Nowhere 2:26
6. Die Laughing 2:48
7. Unbeliever 3:28
8. Trigger Inside 3:56
9. Lunacy Booth 3:55
10. Isolation 3:10
11. Turn 3:50
12. Femtex 3:14
13. Unrequited 3:03
14. Brainsaw 3:58

Andy Cairns - vocals/guitar
Fyfe Ewing - drums/backing vocals
Michael McKeegan - bass/backing vocals
&
Page Hamilton
- lead guitar on "Unbeliever"
Lesley Rankine - additional vocals on "Lunacy Booth"
Martin McCarrick - cello on "Unrequited"
Eileen Rose - additional vocals on "Femtex"

THERAPY?

MaRDi
Dada "El Subliminoso" (1996)
ou "Calif'à la place du Calif'"

Ce trio-là a quelque chose de magique, une alchimie qui perdure par delà les ans, un son à la fois classique et unique. El Subliminoso est leur troisième album studio (sur 5 seulement) et pas le moins intéressant même si Puzzle, leur tout premier, restera à jamais leur plus connu. Voici Dada.
Musicalement, ils font partie de la ligne claire du rock alternatif étasunien, plus dans la tradition d'un R.E.M. , donc, que dans les excès électriques des petit grungers alors en plein boum. Mais en plus Dada est un trio, un vrai, avec deux de ses membres, le guitariste Michael Gurley et le bassiste Joie Calio, partageant le chant, et un batteur, Phil Leavitt, capable de pleins de petits trucs en plus de soutenir ses deux partenaires aux chœurs. Ha oui, parce que Dada, un peu comme The Police en fait, sont aussi d'excellents musiciens, de ceux qui ne se sentent pas obliger d'en faire sans cesse la démonstration trop occupé qu'ils sont à jouer des CHANSONS. Et il y en a un sacré paquet ici pour démontrer cet état de fait qu'elle penchent du côté roots (l'émouvant A Trip with My Dad), prennent de la hauteur (au moins musicalement sur l'éthéré Bob the Drummer), ou sont simplement d'excellents exemples d'une saine et encore juvénile énergie (le joyeux abattage de Sick in Santorini). Comme en plus le tout est cohérent et idéalement mis en son, Dada s'y approche de son exploit originel (ce qui n'est pas rien, vous pouvez me croire).
Dada n'est pas devenu un grand nom, c'était cependant un impeccable combo, que j'ai eu la chance de voir au Passage du Nord Ouest parisien lors de leur seule venue dans l'hexagone, où ils avaient été flamboyants. Je vous recommande El Subliminoso, album malin et accrocheur d'un trio qui avait tout mais n'aboutit pas à grand chose, l'histoire a beau être connue, rabâchée, elle n'en est pas moins symptomatique des grand gâchis de l'histoire du rock'n'roll.

1. Time Is Your Friend 5:05
2. Sick In Santorini 3:35
3. Bob The Drummer 5:32
4. I Get High 4:57
5. The Spirit Of 2009 5:54
6. Star You Are 4:18
7. A Trip With My Dad 4:43
8. You Won't Know Me 4:30
9. Rise 4:51
10. No One 3:32
11. The Fleecing Of America 5:08
12. Hollow Man 4:38

Michael Gurley - vocals, guitar
Joie Calio - bass, vocals
Phil Leavitt - drums, vocals

DADA

MeRCReDi
Grand Magus "Grand Magus" (2001)
ou "Doom à Trois"

S'ils deviendront bientôt un groupe de heavy metal "normal", Grand Magus n'en sont pas encore là sur leur long-jeu originel, un éponyme qui doit beaucoup à Black Sabbath mais pas seulement.
Formé par l'alors vocaliste des excellents Spiritual Beggars, JB Christofferson, qui depuis se concentre sur ce seul projet, Grand Magus n'est pas tout à fait un groupe de Doom comme les autres, en tout cas pas sur ce premier album où des influences "hors-cadre" viennent régulièrement poindre et épicer la mixture Black-Sabbatho-compatible de flaveurs bienvenues héritées, en particulier, de formations telles que Soundgarden ou Alice in Chains.
Évidemment, à l'énoncé d'une pareille doublette grunge, les orthodoxes du genre feront grise mine, évoqueront l'absence de pureté de la mixture. Ils ont tort ! Et il y a 10 façons (12 sur la présente réédition) de le prouver, autant que d'excellentes chansons y figurant. Parce que la patte harmonique de Christofferson est bel et bien ce qui fait la différence ici, d'autant plus que c'est lui, JB, qui est en charge de deux composantes mélodiques du groupe (chant et guitare).
Alors, oui, il y a tout ce qui fait un bon album de Doom Metal sur ce Grand Magus originel, de gros riffs qui tuent, une vitesse jamais trop excessive servant la majesté des mélodies, un abattage rythmique de qualité forcément, et même quelques notes de mellotron et quelques décrochages plus psyché-bluesy nous rappelant que, fondamentalement, ce genre appartient aux douces années 70, en un beau rejeton. Avec donc, en bonus, une faconde influencée par le meilleur du Grunge Metal, par la crème d'une scène qui mit Seattle au centre de la carte musicale, un bonus tout à fait compatible avec le style pratiqué, lui donnant un petit côté stoner pas désagréable du tout, addictif même.
Depuis, Grand Magus s'est largement normalisé, jusqu'à devenir une sorte de groupe de Heavy Metal où quelques restes d'un passé désormais révolu sont, parfois, remis en lumière. Plus tout à fait le groupe de ce délicieux premier cri, on le regrette parce que, boudiou !, qu'est-ce que c'était bon !

1. Gauntlet 3:48
2. Legion 3:54
3. Never Learned 4:48
4. Black Hound of Vengeance 5:00
5. Coat of Arms 3:34
6. Generator 5:32
7. Wheel of Time 5:24
8. Lodbrok 4:13
9. Black Hole 5:00
10. Mountain of Power 5:54 

Fox Skinner - bass, backing vocals
JB Christoffersson - lead vocals, guitars
Fredrik Liefvendahl - drums
&
Fred Estby
- mellotron

GRAND MAGUS

JeuDi
NoMeansNo "All Roads Lead to Ausfahrt" (2006)
ou "Canadian Punk... with a brain"

Ils ont trente-cinq ans d'activité et n'étaient déjà pas bien jeunes quand ils ont lancé leur grande aventure de petit trio. Trente-cinq ans, donc, à pousser le punk rock dans ses retranchements, à lui donner des atours tantôt jazzés, tantôt mathématiques et souvent très drôles, aussi. Vraiment, NoMeansNo est un étrange animal.
Sorti en 2006, All Roads Lead to Ausfahrt, pour le moment toujours leur dernier en date, ça commence à dater !, est le 12ème album de ces canadiens pas comme les autres. Toujours mené par les frères Wright, qui ne ressemblent toujours à rien avec leurs tronches d'employés municipaux vieillissants, toujours avec en 3ème larron Tom Holliston, qui n'est pas beaucoup plus jeune ce qui est normal vu que ça dure depuis 1993, NoMeansNo ne dévie pas d'un iota de l'esthétique et du style qui a fait sa "gloire" (son culte, au moins...) depuis l'immense Wrong. C'est la première bonne nouvelle, qu'une formation pourtant ancienne puisse aussi admirablement, et avec une aussi belle consistance, tenir le niveau, tourner autour de son style, de son son, sans l'user jusqu'à la corde, un style qui, il faut le dire, a plus de variables d'ajustements, du progressif à la grosse colère, que, mettons, celui d'AC/DC. On retrouve donc, avec plaisir !, ce punk rock libre, instrumentalement très au point, sachant aussi bien produire de courts assauts que des pièces plus développées et exploratoires (registre d'ailleurs un peu moins fourni que la plupart des références du catalogue NoMeansNo). Un punk rock angulaire et presque progressif (ce n'est pas un gros mot !) souvent taxé d'être une influence majeure dans le développement du math rock et ses déviances, un punk rock de faux primitifs en fait très roués à leur exercice qu'il maîtrisent à la perfection. Pas très original ? Pour NoMeansNo, vous avez raison, dans l'absolu, on reste quelques très franches coudées au-delà de ce qu'il est convenu d'appeler du punk "normal".
All Roads Lead to Ausfahrt ? L'album de trois mabouls qui peuvent traiter de tout avec un certain détachement (faudrait pas croire que leur fantaisie cache une crasse passivité) et une énorme conviction en plus d'un esprit musical sans cesse renouvelé. En un mot ? Un exploit.

1. Wake Up 2:35
2. In Her Eyes 3:28
3. Mr. in Between 3:17
4. I See a Mansion in the Sky 6:31
5. Ashes 3:31
6. So Low 2:17
7. Faith 4:33
8. Heaven Is the Dust Beneath My Shoes 7:18
9. Mondo Nihilissimo 2000 2:41
10. The Hawk Killed the Punk 2:56
11. I'm Dreaming and I Can't Wake Up 3:56
12. 'Til I Die 3:33
13. Slugs Are Burning 3:00
14. The Future Is a Past 3:27

Rob Wright - bass, vocals, guitar
John Wright - drums, vocals, keyboards
Tom Holliston - guitar, vocals

NOMEANSNO

VeNDReDi
DeWolff "Strange Fruits and Undiscovered Plants" (2009)
ou "Sweet Revival"

Trois bataves qui proposent de vous embarquer dans leur machine à remonter le temps psychédélique vers 1967/72, ça vous tente ? C'est, en résumé, ce qu'on pourrait dire du cru 2009 de DeWolff, un album d'un autre temps par trois jeune-gens pourtant bien de leur époque. Étrange...
Parce qu'on y retrouve tout, sur cet album, tout ce qui fit le charme d'une certaine esthétique psyché mâtinée de sueur proto-hardeuse, d'un blues virant vers les substances psychotropes, d'une transe un peu plus cuir que flower power. Et dire que, au moment de l'enregistrement, le plus âgé des trois musiciens à réussir ce régressif tour de force avait tout juste 18 ans ! Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années, c'est certainement vrai pour les rejetons de la famille Van Poel (Pablo et Lucas) et leur copain Robin, petits prodiges capables de faire revivre le plus blues'n'rockant des Doors (avec un bon farfisa, ça aide !), de vous balancer des gros riffs plein de fuzz à faire pâlir de jalousie un Blue Cheer circa 1968, avec un guitariste à donner aux Yardbirds des envies de reformation pour compléter leur galaxie (après Clapton, Page et Beck, Pablo Van Poelça en jetterait !), ou un beau petit cousin des Amboy Dukes de Ted the Nuge, ça marche aussi !, enfin, avec le concours d'une qualité de songwriting bien au-delà de leur jeunes années.
Parce qu'il y a un côté prodige chez ces (encore) illustres inconnus chez nous. D'un Mountain d'ouverture qui rappelerait presque les jeunes années de Deep Purple (Mark I) accouplé au Crazy World d'Arthur Brown, un rock tout en Hammond rugissant, d'un blues paisible et bien trouvé (Medecine), d'un blues où Morrison veille au grain (Desert Night), d'une belle grosse ballade bien trippante (Birth of the Ninth Sun et ses 8 minutes), à un épique Silver Lovemachine (un peu Doors, un peu Purple, un peu Hawkwind, un peu Quicksilver Messenger Service... mais ça se tient !), ou une "acoustic-Stonerie" en petit final sympathique (Leather God, un peu Strokes aussi), il y a moult ébahissements qui saisiront le primo-auditeur, et qui tiennent la distance preuve que ces chansons, au-delà de la "poudre aux yeux" d'une production bourrée d'effets rétro, ont une vraie résistance à l'usure du temps et d'écoutes répétées.
DeWolff ne sont pas encore des stars, peut-être, leur style n'étant pas si commercialement porteur que ça, ne le deviendront-ils d'ailleurs jamais. Mais ils le méritent et offrent avec Strange Fruits and Undiscovered Plants, leur tout premier album (trois autres suivront, tous recommandables), une jolie galette savamment régressive.

1. Mountain 4:40
2. Medicine 4:45
3. Don't You Go Up the Sky 4:28
4. Desert Night 3:00
5. Wicked Moon 3:24
6. Birth of the Ninth Sun 7:59
7. Parloscope 5:09
8. Fire Fills the Sky 4:18
9. Red Sparks of the Morning Dusk 3:35
10. Silver Lovemachine 10:34
11. Leather God 1:55

Pablo van de Poel - vocals, guitar
Luka van de Poel - drums, percussion, siren, backing vocals
Robin Piso - Hammond organ, Fender Rhodes, piano, bass guitar, backing vocals

DEWOLFF

SaMeDi
Myrkur "Myrkur" (2014)
ou "White Lady, Black Noise"

Une petite danoise, un top model en plus !, habituée à l'indie pop qui se lance sous un pseudonyme dans le black metal le plus intéressant du moment ? Les puristes crient à l'arnaque, au gros coup marketing. Ils sont bêtes les puristes.
Pourtant ce sont ces mêmes puristes qui ont fait la naissante réputation du Bergtatt d'Ulver, album dont se rapproche notablement l'EP originel de Myrkur (ténèbre en islandais, un petit goût de Burzum ?). Comme Ulver alors, Myrkur pratique un black metal éthéré, rêveur, contemplatif, un black metal finalement très orthodoxe avec son lot d'obligatoires blast-beats supersoniques, ses riffs "mur du son", ses voix d'outre-tombe, mais un black metal avant tout mélodique, de ceux qui tissent des ambiances, des impressions de forêts de conifères envahies par les neiges, balayées par les blizzards, une beauté froide, distante, elfique dirait-on, qu'on observe d'une respectueuse distance pour ne surtout pas troubler le tableau. A ce petit jeu, un titre s'extrait plus particulièrement du lot, on n'est pas surpris qu'il s'agisse du "teaser" de l'EP, parce que Relapse (le label) n'est pas né de la dernière pluie, Nattens Barn, sommet définitif de l'éponyme de la petite Myrkur (aka Amalie Bruun ? probablement) de son ouverture/fermeture sur des voix vaporeuses à son développement à la froideur désincarné si bien habitée par des riffs finement barbares (ce n'est pas antinomique !) et de voix de souffrance, une magnifique démonstration que la laideur revêt un certain charme, et la douceur sa part d'ombre, d'inquiétude. Ce sommet est d'ailleurs tout à fait représentatif du "modus operandi" compositionnel et donc une parfaite carte de visite d'un EP d'une belle qualité d'ensemble.
On attend maintenant l'album, la confirmation que ce potentiel n'est pas qu'un feu de paille trop vite dispersé par les vents d'une actualité musicale toujours frémissante. Indéniablement, le potentiel est là, une nouvelle voix dans le monde ultra-masculin du Black Metal, une voix crédible, talentueuse, féminine, enfin !

1. Ravnens banner 4:08
2. Frosne vind 1:50
3. Må du brænde i helvede 4:04
4. Latvian fegurð 4:19
5. Dybt i skoven 3:03
6. Nattens barn 5:56
7. Ulvesangen 0:46

Myrkur (Amalie Bruun) - vocals, guitars
Rex Myrnur - drums
Thorleif Storolf - bass

MYRKUR

L’Été Mange-Disques - 7 en Zornie

$
0
0
En vacances, il est toujours bon de revisiter les classiques, ces lieux dans lesquels on revient avec toujours un plaisir renouvelé. Hé bien, en musique c'est exactement pareil et, chez Mange Mes Disques, l'obsession étant ce bon vieux John Zorn, rien que de très normal de revenir sur quelques-unes de ses magnifiques exactions avec, présentement, un retour sur la période 2015-2009 et sept albums... dont vous me direz des nouvelles ! Enjoie !

DiMaNCHe
John Zorn/The Dreamers "Pellucidar: A Dreamers' Fantabula" (2015)
ou "Dreamers' Hollywood"

Enfin ! Enfin ce 5ème album des merveilleux Dreamers, ce tant attendu successeur à un album de Noël tout mignonnet mais en aucun cas aussi enthousiasmant que, au hasard, un O'o, l'album aux chants d'oiseaux. Et donc, 4 longues années, une éternité en zornie, après, revoici les Dreamers: Marc Ribot, Jamie Saft, Kenny Wollesen, Trevor Dunn, Joey Baron et Cyro Baptista... Youpi !
Première constatation, et pas des moindres pour ceux qui ont apprécié le jazz mélodique teinté d'exotica de la formation, on retrouve bel et bien le son Dreamers soit, peu ou prou, ce qui se fait de plus facile, de plus immédiatement approchable dans l'œuvre d'un compositeur ne rechignant jamais à l'expérimentation plus ou moins absconse. Présentement, avec comme concept un hommage à un genre littéraire plus souvent moqué que célébré, la fantasy, il y a forcément des éléments de nouveauté dans un cocktail sonique reconduit mais enrichi, mais pas suffisamment pour qu'on ne reconnaisse pas cette latinité un peu de pacotille (c'est voulu), ce kitsch aussi assumé que savoureux qui, c'est heureux, colle bien au concept. Comme, en plus, ce qui ne surprendra en vérité personne, il y a de fantastiques interventions solo de Marc Ribotà la furieuse et vibrante six-cordes, du magique Jamie Saft sur ses claviers ô combien essentiels, ou de Kenny Wollesen dont on ne vantera jamais assez le talent de vibraphoniste virtuose, et des mélodies qui vont longtemps vous hanter l'oreille et le ciboulot !, on peut, sans aller vraiment plus loin, sans déflorer le contenu plus avant, recommander un opus de retrouvailles aussi attendu que réussi.
Ha si, pour ceux que l'objet émeut encore, on notera un bon gros livret bourré d'illustrations dans le plus pur style (naïf) des précédentes œuvres des Dreamers mais pas, cette fois, de ces précieuses notes de pochette dont John Zorn use pour ses plus osées excursions, tant pis. Et pas trop grave la musique parlant ici d'elle même et parlant avec une telle éloquence avec un tel brio qu'on ne peut, encore une fois, que recommander l'expérience, particulièrement à toutes celles et tous ceux qui pensent (encore ?) que ce diable de Zorn pour agitateur et prolifique qu'il soit, et polyvalent, ne l'oublions pas, est vraiment trop "out there" pour eux, Pellucidar (A Dreamers Fantabula), opus frais et joyeux, leur prouvera aisément le contraire.

1. Magic Carpet Ride 7:25
2. Gormenghast 8:28
3. Queen of Ilium 5:18
4. Once Upon a Time 5:13
5. A Perfume from Cleopolis 4:19
6. Flight from Salem 3:34
7. Pellucidar 4:59
8. Jewels of Opar 6:09
9. Atlantis 6:10

Marc Ribot - guitar
Jamie Saft - keyboards
Kenny Wollesen - vibraphone
Trevor Dunn - bass
Joey Baron - drums
Cyro Baptista - percussion
John Zorn - direction, composition, arrangements

Marc Ribot

LuNDi
John Zorn/Nova Express Quartet "On Leaves of Grass" (2014)
ou "Zorn on Walt Whitman"

Nova Express vous avait enchanté ? Dreamachines vous avait laissé tout chose ? Entrez sans crainte dans l'évocation mystique de Walt Whitman par John Zorn.
Pour l'innovation, vous repasserez, et ce n'est pas plus mal en l'occurrence parce que ce Zorn là, navigant quelque part entre grâce contemporaine et swing jazz en apesanteur, ne cherche nullement à choquer. Supérieurement, et superbement, mélodique, il n'offre pas autre chose que de charmantes (quoique savantes) compositions magnifiquement interprétées par un quatuor, d'abord entendu sur un Nova Express prometteur en 2011, qu'on retrouva presque dans la même formule sur le At the Gates of Paradise dédié à William Blake la même année (un petit orgue alternant avec le piano en plus), et qui fit plus que confirmer l'an dernier sur le très réussi Dreamachines.
Ceci dit, un Zorn "facile" ne signifie pas pour autant un Zorn se reposant sur ses lauriers ou oubliant que quelques bienvenues sorties de routes, quelques dérapages contrôlés, ne font que renforcer, magnifier la mélodie voisine. Cette ambivalence, cette capacité finalement unique à son auteur de souffler alternativement le chaud et le froid, l'harmonique absolu et l'abstrait délicat, le très écrit et le plus improvisé est ce qui fait le sel de la galette et la rend, ultimement, si attirante. Et comme ce diable de Zorn le fait avec une simplicité et naturel rien moins que confondant, toute résistance est futile. On se laisse ainsi happer dès l'inaugural Whispers of Heavenly Death où nous "pète à la face", façon de parler puisque c'est l'art de la nuance qui s'exprime ici, l'alliance évidente d'une paire rythmique (le bassiste Trevor Dunn et l'exceptionnel batteur Joey Baron) et du duo de solistes/mélodistes formé par le pianiste John Medeski et le vibraphoniste Kenny Wollesen, tous des habitués de la "Maison Zorn". Une formation parfaitement équilibrée donc, dotée de mélodistes admirablement complémentaires soutenus par une doublette basse/batterie experte, c'est déjà l'assurance que l'ensemble sera parfaitement interprété.
Au-delà des joueurs, il y a la partition, et, là encore, on est ébloui par Zorn et sa capacité assez inouïe de produire, bon an mal an, un si grand nombre d'albums et tant de mélodies où, forcément, on reconnaît sa plume, son style sans pour autant avoir l'impression qu'il ne s'agit que d'une redite de travaux précédents. Sans doute faut-il y voir, outre l'incroyable étendue de la palette d'un compositeur touche-à-tout, l'inspiration présentement puisée dans l'œuvre du poète américain Walt Whitman (1819-1892), chantre du vers libre et de l'expression d'une "américanité"à la fois quotidienne et transcendantale à laquelle Zorn ne répond pas autrement qu'en puisant dans le versant le plus émotionnel, romantique oserait-on, et un brin mystique aussi, de son âme compositionnelle.
Un groupe parfait, une partition aux petits oignons, une mise en son évidemment à la hauteur (on a l'habitude), il n'en faut pas plus pour célébrer un album réussi de bout en bout, encore un !

1. Whispers of Heavenly Death 5:36
2. Song at Sunset 3:22
3. Halcyon Days 4:26
4. Portals 4:03
5. Sea Drift 5:10
6. Song of the Open Road 3:48
7. The Body Electric 2:55
8. Mystic Cyphers 4:31
9. America 14:14

John Zorn - composition, arrangements, production
Joey Baron - drums
Trevor Dunn - bass
John Medeski - piano
Kenny Wollesen - vibes
&
Ikue Mori - electronics (8)

John Medeski

MaRDi
John Zorn/The Sapphites "Shir Hashirim" (2013)
ou "Cantique en Voix"

Zorn et la voix, ce n'est pas exactement une grande histoire d'amour... A brûle-pourpoint, on rappellera un filmworks (The Last Supper) ou un Livre des Anges (Mycale), pas une occurrence folle, donc, plutôt une rareté qu'il faut accueillir comme telle, avec tout le plaisir de croiser un phénomène rarement rencontré.
Formellement, Shir Hashirim est court, trop court : 31 petites minutes qui passent comme un rêve. Concrètement, c'est l'unisson de cinq voix féminines - The Sapphites, déjà croisées sur Frammenti del Sappho en 2004 - d'un compositeur à la fois libre et sous influence et, ne l'oublions pas, de dessins érotiques signés Auguste Rodin (preuve supplémentaire, s'il en fallait, de la francophilie de Zorn) pour illustrer le (bel) objet. Musicalement, c'est une démonstration de plus du rétro-modernisme d'un compositeur n'hésitant pas à allier les madrigaux médiévaux au minimalisme contemporain et à une érotomanie débridée. Le résultat, aussi savant que sensuel, se laisse assez facilement apprivoiser enluminé qu'il est de la grâce palpable de cinq dames de gorge vocalisant passionnément l'imagination de leur compositeur en 8 pistes évocatrices et éthérées. On y retrouve, évidemment !, la faconde mélodique d'un Zorn incroyablement jamais en panne d'inspiration.
Sans paroles, ne vous laissez pas prendre par les titres définissant chaque étape de cet orgasme auditif, si Shri Hashirim n'ouvre pas forcément de nouvelle voie dans l'univers zornien, il satisfait au-delà des espérances par sa grâce et son harmonie jamais démentie. Une réussite (de plus !).

1. Kiss Me 4:08
2. Rose of Sharon 3:10
3. At Night in My Bed 3:45
4. How Beautiful You Are 3:07
5. I Have Come Into My Garden 5:21
6. Where Has Your Lover Gone 3:44
7. Dance Again 3:36
8. O, If You Were Only My Brother 4:07

Lisa Bielawa: voice
Martha Cluver: voice
Abigail Fischer: voice
Kathryn Mulvehill: voice
Kirsten Sollek: voice
John Zorn: composition, arrangements, production

Lisa Bielawa

MeRCReDi
John Zorn "Nosferatu" (2012)
ou "Bloody Zorn!"

Quand John Zorn s'attèle au thème du vampirisme, forcément, on dresse l'oreille. En l'occurrence, c'est pour le spectacle d'une troupe polonaise que ce score a été composé. Et, pour la petite histoire, on se doit de préciser qu'il est sorti le jour des 100 ans de la mort de Bram Stoker (auteur de Dracula, pour ceux qui vivent sur une autre planète), le 20 avril 2012.
Pour la circonstance, Zorn a assemblé un groupe comprenant son vieux pote bassiste Bill Laswell, l'organiste/pianiste Rob Burger, le percussionniste Kevin Norton (croisé notamment chez Fred Frith, David Krakauer ou Anthony Braxton) et lui-même au saxophone alto, piano acoustique et électrique et bruitages anatomiques et électroniques. Le résultat alterne fureur et douceur dans un tout convaincant même si pas forcément très facile à appréhender... Ce qui ne surprendra sans doute pas les suiveurs attentifs de ce compositeur polymorphe. Ainsi, souvent, un thème chaotique et angoissant précède-t-il une composition plus douce mais pas forcément plus apaisée, ce qui n'est que logique vu le thème couvert. Concrètement, le brassage du jour inclut des emprunts au rock industriel, au dub, au jazz (et free jazz), à l'ambient, au classique contemporain et, plus marginalement, au klezmer ; autant de genres que Zorn a souvent revisité durant sa longue et prolifique carrière (de Painkiller à Masada en passant par Naked City ou son répertoire contemporain) et qu'il maîtrise donc parfaitement. Impossible de le nier, nombreuses sont les dissonances et aspérités de ce répertoire visiblement conçu avec autre chose en tête que le confort de l'auditeur dans son salon (on regrette d'ailleurs de ne pas avoir l'opportunité d'entendre ces 16 titres dans leur contexte théâtral). De fait, Zorn joue souvent avec nos neurones (et nos tympans) tout au long de cette heure tendue où on accueille chaque respiration mélodique comme le messie (le sax baladin et la basse aquatique sur Fatal Sunrise ou le dub first class, The Stalking) avant de replonger avec appétit dans le bain acide.
En définitive, comme souvent avec les œuvres « difficiles » de John Zorn, Nosferatu est un album qu'il faut prendre son temps à digérer, parce que cette musique (profondément émotionnelle tout en restant éminemment cérébrale) est faite pour se jouer de nos sens, nous faire perdre les points de repères qui jalonnent habituellement ce qui nous tombe dans l'oreille. Il y a de quoi faire peur aux néophytes, qui auront en l'occurrence bien tort, ceux qui feront « l'effort » trouveront ici moult trésors, qu'ils en soient convaincus.
Une réussite (de plus!).

1. Desolate Landscape 4:33
2. Mina 3:36
3. The Battle of Good and Evil 5:14
4. Sinistera 3:23
5. Van Helsing 3:26
6. Fatal Sunrise 3:18
7. Hypnosis 2:11
8. Lucy 2:46
9. Nosferatu 2:28
10. The Stalking 7:34
11. The Undead 4:01
12. Death Ship 2:01
13. Jonathan Harker 5:30
14. Vampires at Large 4:18
15. Renfield 3:32
16. Stalker Dub 3:25

Rob Burger: piano, orgue
Bill Laswell: basse
Kevin Norton: vibraphone, batterie, cloches, bols de prières tibétains
John Zorn: piano, saxophone alto, fender rhodes, electronique, souffle

Bill Laswell

JeuDi
John Zorn "At the Gates of Paradise" (2011)
ou "Zorn on William Blake"

On pourrait faire long et compliqué, j'ai décidé de faire court et clair pour vous vanter les grandes qualités d'un album qui mérite vraiment tout votre attention. Prêts ? C'est parti !
- Qui y joue ?
John Medeski, un tiers de Medeski Martin & Wood, formidable formation de jazz moderne. John est pianiste et organiste ici.
Kenny Wollesen, vieux compagnon de Zorn (il a même été le premier batteur d'Acoustic Masada), Kenny est batteur et vibraphoniste. C'est de ce dernier instrument qu'il joue ici.
Trevor Dunn, bassiste chez Mr Bungle, Electic Masada, Fantômas, Secret Chiefs 3 (et ici donc). Excusez du peu !
Joey Baron, le divin chauve batteur et membre récurrent de la diaspora Zornienne. On l'a aussi vu chez Bill Frisell, Stan Getz, David Bowie, Tony Bennett, Laurie Anderson, Michael Jackson, Dizzy Gillespie, etc. Oui, tout ça !
- La musique
John Zorn en est le compositeur, arrangeur, producteur et "chef d'orchestre".
C'est du Zorn mélodique (et spirituel), n'ayez pas peur !
- Le concept
Un hommage musical à l’œuvre du poète et peintre britannique William Blake, chantre et influence majeure du courant romantique.
- Conclusion
Du John Zorn romantique... Pas gnangnan ! On y reconnait bien la patte mélodique du maître, classique donc mais pas rance, mélodiquement réussi et superbement arrangé (et forcément bien joué vu les pointures réunies). La beauté est parfois sombre ici mais toujours présente, comme la passion.
Très chaudement recommandé... que vous soyez un aficionado de Zorn ou pas !

1. The Eternals 5:55
2. Song of Innocence 6:44
3. A Dream of Nine Nights 8:33
4. Light Forms 3:23
5. The Æons 5:52
6. Liber XV 6:28
7. Dance of Albion 6:36
8. Song of Experience 4:58

Joey Baron - batterie
Trevor Dunn - basse
John Medeski - piano, orgue
Kenny Wollesen - vibraphone
John Zorn: composition, arrangements, production

Joey Baron

VeNDReDi
John Zorn "Interzone" (2010)
ou "Zorn par Cartes, Pli gagnant !"

Avec des influences telles que William Burroughs et Brion Gysin, on se doute que l'Interzone de John Zorn, sorti en 2010 et donc depuis suivi d'une massive cohorte de créations diverses et variées, n'est pas de ceux qu'on conseillera aux débutants...
Avec un groupe très classique, que des habitués (ou qui le deviendront pour le Medeski de Martin et Wood) pour une musique où la confiance absolue du groupe pour son meneur, qui donc présente des cartes qui représentent des ambiances et des mélodies, comme seul instrument de direction. Avant-garde ? Pour sûr, mais avec une sextet aussi finement assemblé, un esprit beat (libre et fou et qui s'assume comme tel) qui colle bien à la palette de Zorn, c'est un pari absolument gagné auquel on assiste, ébahis.
Pour situer musicalement la chose dans l’œuvre tentaculaire de l'hyperactif new-yorkais, on dira qu'on y reconnaît indéniablement la patte du maître, que ce soit en matière d'improvisation structurée ou de tics mélodiques, dans un cadre certes un peu "dans tous les sens et dans tous les styles", du rock au jazz en passant par de justes tentations contemporaines et, plus largement, tout ce qui passe par la tête du combo et de son meneur, qui, chaos absolument souhaité mais tout de même nettement plus abordable que les expérimentations les plus outrageuses de Zorn (des Game Piecesà Cobra, et j'en passe !) atteint à chaque fois son but. La raison de ce petit miracle ? L'omniprésence de petites vignettes de mélodies du type jadis traitées en intruses dans le "early Downtown Style" de John, est ici belle et bien présente et que, bonheur supplémentaire, le maître de cérémonie y souffle dans son divin biniou (ce qui se fait de plus en plus rare).
En résumé, Interzone n'est peut-être pas facile mais ceux qui s'y accrocheront seront largement récompensés.

1. Interzone 1 15:20
2. Interzone 2 27:37
3. Interzone 3 11:21

Cyro Baptista - percussions
Trevor Dunn - basses
John Medeski - claviers
Ikue Mori - électronique
Marc Ribot - guitare, banjo, sintir, cümbüş
Kenny Wollesen - batterie, vibraphone, chimes, timbales, Wollesonics, percussions
John Zorn - saxophone alto, direction, composition

Cyro Baptista

SaMeDi
John Zorn "Filmworks XXIII: el General" (2009)
ou "Ballad in Americana"

Musique du documentaire de Natalia Almada sur le président/dictateur mexicain marxiste Plutarco Elias Calles, en place de 1924 à 1928, dont les agissements conduisirent à la funeste guerre de religion dite des Cristeros (80.000 victimes).
Avec un si peu recommandable personnage, on pourrait s'attendre à un score chaotique et violent, il n'en est rien ! En l'occurrence, voisin malin d'un Bill Frisell, il tisse une "amerimexicana" de chambre (de l'americana cotonneux de la frontière) où un quatuor d'habitués de choix (Rob Burger, pianiste et accordéoniste, et Marc Ribot, guitariste, en tête) brille particulièrement dans une partition étonnamment apaisée et mélodique qu'on imaginerait plus volontiers à l'illustration sonore de quelque balade en de luxuriants et ensoleillés paysages à quelques dramatiques bémols près. Ainsi, la majorité des thèmes traîne joyeusement au rythme d'un âne broutant tranquillou les pâquerettes. Et c'est bien agréable, en vérité ! Et finalement, assez consistant avec le relatif adoucissement (et pas amollissement) de l'écriture et des aspirations constatées chez de ce diable de Zorn qui sait tout de même mettre le feu comme pas deux mais pas, ou presque, ici, comme vous l'aurez compris.
El General, 23ème de la série des Filmworks et pas des moindres, est une vraie belle réussite à côté de laquelle les amateurs de belles guitares (Ha ! Ribot !) et de délicats arrangements se doivent de ne surtout pas passer. Et, l'air de rien, ça fait un Filmworks de plus qu'on peut recommander les yeux fermés... mais les oreilles grandes ouvertes !

1. Los Cristeros 4:26
2. El General 4:56
3. Besos De Sangre 7:25
4. Maximato 2:51
5. Soviet Mexico 3:42
6. Lagrimas Para Ti 2:58
7. Mala Suerte 5:44
8. Exilio 3:21
9. Recuerdos 2:58
10. Besos De Sangre (Piano Trio) 5:45
11. Exactamente Eso 5:29

Rob Burger: piano, accordéon
Greg Cohen: basse
Marc Ribot: guitares
Kenny Wollesen: marimba basse, vibraphone, batterie
John Zorn: composition, arrangements, production
 
Greg Cohen

L’Été Mange-Disques - 7 en Prog

$
0
0
En vacances, il est parfois bon de se perdre mais on peut aussi revenir aux fondamentaux, tracer sa route de Monument Valley à Lady Liberty, d'une tour métallique à une autre penchée... En musique c'est exactement pareil, on peut fureter dans les raretés les plus étonnantes ou s'atteler à de grands classiques comme cette sélection de 7 étendue (parce que 7 ne suffisait définitivement pas) quelques joyaux progressifs s'articulent en une sorte sélection "Prog for Dummies"... Enjoie !

DiMaNCHe
King Crimson "In the Court of the Crimson King" (1969)
ou "Le Roi Bien Habillé"

Il serait aisé de s'étendre sur les multiples qualités, le caractère avant-gardiste, influent et le statut dorénavant culte (voire légendaire) de cet In the Court of the Crimson King, première levée d'un King Crimson destiné à l'excellence. En toute honnêteté, l'exercice d'analyser une fois de plus cette impeccable galette, entrepris a de trop nombreuses reprises, confinerait à l'extrême vanité. Convenons-en, l'album frise la perfection, tout le monde s'y entend dorénavant même si, en son temps, l'accueil fut nettement plus nuancé avec un certain nombre de rock critics déconcertés par l'approche ô combien libre d'un groupe se souciant si peu des structures qu'elles disparaissent souvent complètement ici remplacées par ce qui devait être connu comme l'archétype, le mètre étalon du rock progressif.
Un point, par contre, a trop longtemps gâché le plaisir des auditeurs. Il concerne la mise en son qui, suite à des problèmes techniques dans la phase d'enregistrement et de mixage d'origine (la perte du master stéréo, une paille !) mais aussi à de nombreuses rééditions n'offrant qu'une version « au rabais » (masterisées à la va-vite et donc peu recommandables), n'étaient pas à la hauteur de ce chef d’œuvre intemporel. Ainsi aura-t-il fallu attendre 2004 pour enfin bénéficier d'une édition digne de ce nom élaborée sous le patronage scrupuleux et attentif de Monsieur Robert Fripp. A croire que ce n'était pas assez pour un perfectionniste maniaque de la trempe de Fripp, le quarantième anniversaire de la formation du groupe a de nouveau été l'occasion d'une nouvelle édition, définitive cette fois, si l'on en croit la communication du KC Estate. Et le moins que l'on puisse dire c'est que les petits plats ont été mis dans les grands avec une édition double CD, une édition CD et DVD et une gargantuesque box set de 5 CDs et 1 DVD !
Pour mener à bien cette ambitieuse et utile entreprise, Robert Fripp - comme pour les autres rééditions de la série du 40ème anniversaire - a fait appel aux talents d'ingénieur du son de Steven Wilson (leader absolu Porcupine Tree mais également producteur, entre autres, de Fish, de Marillion ou d'Opeth) qui, en la circonstance, a si bien nettoyé et dynamisé le matériau brut (bien aidé, il faut le dire par la découverte quasi-miraculeuse des master-tapes stéréo) qu'on aurait presque l'impression de se retrouver avec une version overdubbée, trafiquée, du premier King Crimson. Évidemment, il n'en est rien. Ayant personnellement opté pour l'édition 2 CDs, je ne puis commenter que sur le matériel s'y trouvant. En l'occurrence, à choisir entre le 2009 (de Wilson, donc) et le 2004, mon cœur ne balance absolument pas. Si l'Original Master Edition de 2004 était une nette et salutaire amélioration par rapport aux éditions précédentes, le Stereo Mix de 2009 l'enterre aisément. Clair, précis, d'une dynamique à couper le souffle, c'est un travail d'orfèvre donnant une nouvelle vie à un album qu'on prend de nouveau grand plaisir à écouter pointilleusement tant il révèle de petites merveilles auparavant trop noyée dans un spectre sonore trop resserré et imprécis. Les bonus quand à eux sont une addition satisfaisante à cette rutilante réédition et permettent, via des prises alternatives, deux lives sortis des placards de la BBC, une "Wind Session" permettant de vivre quelques instants dans le studio avec le groupe et la chanson titre en version single mono (divisée en deux parties pour la circonstance) de rallonger le bonheur de quelques précieuses minutes et de s’apercevoir, au passage I Talk to the Wind en version duo instrumentale ou la backing track (instrumentale aussi, donc) d'Epitath valent presque les versions de l'album... Presque !
Indispensable (euphémisme !), In the Court of the Crimson King l'est encore plus dans cette version enfin soniquement à la hauteur des ambitions et de la grâce de la musique contenue. C'est dire le bonheur absolu qu'on y prend !

CD 1
1. 21st Century Schizoid Man
2. I Talk to the Wind
3. Epitaph
4. Moonchild
5. The Court of the Crimson King
6. Moonchild (full version)
7. I Talk to the Wind (Duo version)
8. I Talk to the Wind (Alternate mix)
9. Epitaph (Backing track)
10. Wind session

CD 2
1. 21st Century Schizoid Man
2. I Talk to the Wind
3. Epitaph
4. Moonchild
5. The Court of the Crimson King
6. 21st Century Schizoid (instrumental)
7. I Talk to the Wind (BBC session)
8. 21st Century Schizoid Man (BBC session)
9. The Court of the Crimson King (Part 1) (Mono Single)
10. The Court of the Crimson King (Part 2) (Mono Single)

Robert Fripp: guitare
Ian McDonald: flûte, clarinette, vibraphone, claviers, mellotron, voix
Greg Lake: guitare basse, chant
Michael Giles: batterie, percussions, voix
Peter Sinfield: textes et illumination (sic)

KING CRIMSON

LuNDi
Jethro Tull "Thick as a Brick" (1972)
ou "Oh! La Belle Brique !"

Le concept album rock progressif à la mode Jethro Tull ? Vous pensez que c'est différent des Yes, Genesis, Pink Floyd et autres Camel parce qu'avec Gentleman Farmer Ian Anderson à la barre, un monsieur qui a ses convictions et son sens de l'humour bien à lui, les affectations progo-symphoniques prennent de tout autres atours.
Qu'on se rassure tout de même, malgré l'orchestre, malgré la longueur de chaque suite, malgré la teneur conceptuelle de la bête, on reconnaît bel et bien Jethro Tull ne serait-ce que par les voix et flûtes d'un omniprésent Ian Anderson ou les guitares souvent incandescentes, toujours décisives d'un irremplaçable Martin Barre au sommet de sa forme. Il reste, évidemment, de la folk, de la gouaille et de la bonne humeur dans ce Thick as a Brick d'anthologie. Oui, d'anthologie !, parce quelle fête, mes aïeux, quelle tour de force que de passer d'un chef d’œuvre mêlant folk, hard rock et progressisme mesuré, Aqualung dont on ne conseillera jamais assez l'édition du 40ème anniversaire, à cet ambitieux projet et de le réussir si bien.
Bref, sur fond de dénonciation satyrique de l'hypocrisie de la société britannique du début des années 70, parce qu'on peut être ambitieux tout en gardant de l'humour et un regard lucide, Anderson & Cie ont confectionné un ensemble où douceur acoustique, hard rock et folk rock dans une forme progressive (et donc pas stricto sensu du rock progressif) se marient à merveille. En plus de la performance des deux leaders naturels (Barre et Anderson, donc) on notera la fantastique performance d'un John Evan constituant le trait d'union idéal entre les inspirations "rootsy" du Tull et ses présentes prétentions symphoniques, clairement, sans lui, sans son Hammond particulièrement, rien n'aurait été tout à fait pareil. Tous les éléments en place, parce qu'on n'oublie évidemment pas une section rythmique au diapason de ses collègues, il ne reste plus qu'à apprécier l'exploit d'une formation qu'on n'attendait certainement pas là et qui s'en sort, c'est le moins que l'on puisse dire, avec plus que les honneurs, avec un complet triomphe.
Mais puisqu'il est impossible de rendre tout à fait justice à une œuvre qui se "comprend" plus en l'écoutant que par quelque description, pour précise et maniaque qu'elle soit, il ne reste qu'à conseiller cet historique Thick of a Brick, forcément un des haut-faits de Jethro Tull (d'autant plus qu'il est présentement bien bonussé par un version live raccourcie et une intéressante interview d'Anderson, Barre et Hammond), indéniablement un des tous meilleurs concept-albums jamais réalisé.

1. Thick as a Brick, Part I 22:40
2. Thick as a Brick, Part II 21:06
Bonus
3. Thick as a Brick (1978 live version at Madison Square Garden) 10:50
4. Interview with Jethro Tull (Ian Anderson, Martin Barre and Jeffrey Hammond) 16:30

Ian Anderson - lead vocals, acoustic guitar, flute, violin, trumpet, saxophone
Martin Barre - electric guitar, lute
John Evan - organ, piano, harpsichord
Jeffrey Hammond - bass guitar, spoken words
Barriemore Barlow - drums, percussion, timpani
&
David Palmer - Orchestral arrangements

JETHRO TULL

MaRDi
Soft Machine "Third" (1970)
ou "Premium Molle"

Jazz ou prog ? Prog et jazz ! Third, troisième album de Soft Machine est une révolution en soi, un album où, sans guitare, un quatuor d'instrumentistes experts trace une nouvelle voie et s'impose, mine de rien, comme une valeur sûre d'une avant-garde progressive de plus en plus décisive.
De fait il n'y a plus que le Moon in June de Robert Wyatt qui contienne encore du chant, et même celui-là s''est largement éloigné des préoccupations débutantes de la formation, quand Kevin Ayers en était encore et que le psychédélisme dada dominait. Soft Machine est désormais un groupe de jazz progressif, un impossible trait d'union à l'avant-garde d'un genre comme de l'autre. Double album de quatre titres dans son édition originale, un titre par face, aucun sous les 18 minutes !, où seul Elton Dean ne compose pas (Facelift pour Hopper, Slightly All the Time et Out-Bloody-Rageous pour Ratledge), Third rapproche le jazz de John Coltrane du rock progressif de King Crimson (particulièrement sur Facelift), résumerait-on. Parce qu'au trip instrumental complet de la période free de Trane s'ajoute les manipulations de studio, la modernité des synthétiseurs, et, plus généralement, l'esprit mélodique et innovateur forcément différent de quatre anglais de la middle-class comparé à un black de Caroline du Nord.
Cette fusion, pas au sens électrique et funky qu'un certain Miles Davis est alors en train d'imposer, outre le fait qu'elle transcende les genres, propose une nouvelle conception musicale jusqu'alors jamais entendue, une conception qui fera florès même si personne, que ce soit en rock progressif ou en jazz, même parmi les divers et excellents travaux des divers membres en dehors de la machine, et même par le groupe lui-même qui ne reproduira plus jamais tout à fait l'exploit (et encore moins après le malheureux accident, et donc le départ forcé, de Robert Wyatt). Touché par la grâce de son batteur/compositeur/multi-instrumentiste, Moon in June en demeure l'himalayen sommet mais, vraiment, tout vaut qu'on y plonge, qu'on y replonge jusqu'à avoir décodé, compris, enregistré chaque note, voulue ou improvisée (le Facelift d'Hopper sent fort la dernière tendance).
Comme en plus la présente version propose un excellent live, sorti des coffres forts de la bonne maison BBC, pour un évènement où Soft Machine, ouvrant présentement pour le BBC Symphony Orchestra, fut la première formation non classique à jamais se produire (c'est dire l'impact de Third sur les mélomanes), il va s'en dire qu'on recommande chaudement cet album, c'est le mot, historique... Et indispensable !

CD 1 - Album
1. Facelift 18:45
2. Slightly All the Time 18:12
3. Moon in June 19:08
4. Out-Bloody-Rageous 19:10

CD 2 - Bonus
Live at the Proms (Royal Albert Hall, 13/08/70)
1. Out-Bloody-Rageous 11:54
2. Facelift 11:22
3. Esther's Nose Job 15:39

Mike Ratledge - Hohner Pianet, Lowrey organ, piano (all but 3)
Hugh Hopper - bass guitar (all but 3)
Robert Wyatt - drums, vocals (3), Hammond Organ (3), Hohner Pianet (3), piano (3), bass (3)
Elton Dean - alto saxophone, saxello (all but 3)
&
Lyn Dobson - soprano saxophone, flute (1)
Jimmy Hastings - flute, bass clarinet (2,4)
Rab Spall - violin (3)
Nick Evans - trombone (2,4)

SOFT MACHINE

MeRCReDi
Caravan "In the Land of Grey and Pink" (1971)
ou "Canterbury Gold"

Pilier de cette passionnante Canterbury Scene, aux côtés de Soft Machine, National Health, Hatfield and the North, Gong, et, à moindre titre, d'Egg, Comus, Quiet Sun, etc., excusez du peu !, Caravan en est aussi l'un des fondateurs, l'un des détenteurs d'un son, mariant jazz libre (ici tenu à un strict minima), indéniable anglicité et progressisme naturel qui fait tellement d'effet aux amateurs d'évasion sonique de qualité.
Dans les faits, In the Land of Grey and Pink est l'avant-dernier album de la formation originelle de Caravan, le troisième d'icelle, celui où le futur Hatfield and the North Richard Sinclair, qui quittera ses partenaires l'année suivante, après un Waterloo Lily un poil décevant, s'implique le plus dans le songwriting et le chant jusqu'à en devenir le quasi-leader. Découpé en deux parties, une face dédiée à de courtes chansons, l'autre au massif Nine Feet Underground et ses presque 23 minutes, il exemplifie à la perfection les deux facettes compositionnelles d'une formation autant capable de chansons pop progressives toutes en nuances et joliesses mélodiques que de magistrales explorations progressives symphoniques où moult soli virtuoses, moult textures réussies viennent émailler une création qui tient beaucoup de la jam sans pour autant perdre un seul instant un focus compositionnel bien tenu. Forcément, Caravan n'ayant pas de vrai guitariste en son sein, les claviers en génrale et l'orgue bourré de fuzz en particulier de l'autre Sinclair, cousin du premier, David qui s'en donne à cœur-joie et nous offre, ce faisant, un paquet de belles émotions musicales.
Alors, certes, Caravan n'est pas exactement le plus edgy des groupes de la scène de Canterbury, contrairement à Soft Machine ils ne poussent pas leur art vers le free jazz, contrairement à Gong ils ne partent pas de dans de spatiaux délires psychédéliques mais ce qu'ils font, une musique finalement simple, accessible mais jamais simpliste, ils le font avec un classe et un naturel qui laisse bouche bée. C'est vrai sur tous les albums de leur période de gloire (1968-1973) et encore un peu plus cet In the Land of Grey and Pink qu'il est, à partir de là, facile de considérer comme leur magnum opus, ce qu'il est, indéniablement.
Présentement, en un remaster de qualité doté de nombreux titres bonus permettant de rallonger la bonne sauce, c'est l’œuvre qu'on conseillera à toutes celles et tous ceux qui souhaitent découvrir cette formation trop souvent confinée à un quasi-anonymat hors de la sphère progressive alors qu'elle mérite tellement mieux. Testez-le donc, vous ne serez pas déçus.

1. Golf Girl 5:05
2. Winter Wine 7:46
3. Love to Love You (And Tonight Pigs Will Fly) 3:06
4. In the Land of Grey and Pink 4:51
5. Nine Feet Underground 22:43
Bonus
6. I Don't Know Its Name (Alias The Word) 6:12
7. Aristocracy 3:42
8. It's Likely to have a Name Next Week (Instrumental version of "Winter Wine") 7:48
9. Group Girl (First version of "Golf Girl") 5:04
10. Dissassociation/100% Proof (New Mix) (Closing section of "Nine Feet Underground") 8:35

Richard Sinclair - bass guitar, acoustic guitar, vocals
Pye Hastings - electric guitars, acoustic guitar, vocals
David Sinclair - organ, piano, Mellotron, harmony vocals
Richard Coughlan - drums and percussion
&
Jimmy Hastings - flute, tenor sax, piccolo
Dave Grinstead - cannon, bell and Wind

CARAVAN

JeuDi
Pink Floyd "Animals" (1977)
ou "La Ferme !"

Le meilleur Pink Floyd ? Certains qui préfèrent la période Barrett citeront le pécher originel, The Piper at the Gates of Dawn, d'autres plus proches de la trippante et décontractée période 70s pencheront pour The Dark Side of the Moon ou Wish You Were Here, d'autres, enfin, sans doute amateurs de concept albums choisiront The Wall. Rares sont ceux qui citent Animals, et pourtant, quel album !
Peut-être parce qu'il est moins facilement appréhendable que ses concurrents au trône, Animals, plus progressif qu'aucun devancier ou successeur, ce qui lui vaut d'ailleurs les généreux suffrages de la communauté prog, a toujours eu des allures de parent pauvre, de celui qu'on aime tout de même mais qu'on oublie trop souvent.
Pourtant, dès sa marquante pochette (la centrale de Battersea survolée par un cochon de baudruche), c'est une démonstration d'un groupe au pic de sa puissance créatrice. Compositionnellement dominé par Roger Waters (ça deviendra l'habitude jusqu'à son départ du groupe en 1985) qui ne cède qu'un co-crédit à son collègue Gilmour (Dogs), mais c'est une première ici, c'est un album sombre et étrange, adaptation libre de l'Animal Farm de George Orwell, précurseur aussi, sans les longueurs et les lourdeurs, d'un nihiliste The Wall, où chaque musiciens trouve sa place participant au tissage de l'inquiétante toile qui nous est proposée.
Certes, les amateurs de Richard Wright regretteront que ces claviers soient ici essentiellement des créateurs d'ambiances, des machines à texturer (en l'occurrence, c'est exactement ce qu'il fallait) le son Pink Floyd n'en est pas pour autant radicalement altéré ne serait-ce que par l'omniprésence de la scintillante guitare de David Gilmour. Certes, l'absence de quelque vraie chanson que ce soit déconcertera ceux qui avaient fait de Money, Time, Welcome to the Machine ou Wish You Were Here leurs moments préférés du catalogue des londoniens mais, des grandes épopées (Dogs, Pigs, Sheep) aux deux miniatures d'ouverture et de fermeture de l'opus (les deux Pigs on the Wing), il y a largement de quoi s'esbaudir devant tant de maîtrise, tant de talent, tant d'imagination, et une si totale cohérence d'ensemble qu'il est aisé de se laisser emporter dans le noir trip de Waters.
Pour toutes ces raisons, mais aussi pour l'impeccable mise en son fomentée par le groupe lui-même, ce 10ème opus de Pink Floyd mérite largement sa place au panthéon des œuvres progressives et conceptuelles qui comptent, un plus qu'un accessit dans le bilan des œuvres d'une formation, à raison, toujours révérée aujourd'hui.

1. Pigs on the Wing 1 1:25
2. Dogs 17:03
3. Pigs (Three Different Ones) 11:25
4. Sheep 10:25
5. Pigs on the Wing 2 1:23

David Gilmour - lead guitar, vocals on "Dogs", bass guitar on "Pigs (Three Different Ones)" and "Sheep", talkbox on "Pigs (Three Different Ones)", acoustic guitar on "Dogs", additional backing vocals 
Nick Mason - drums, percussion, tape effects
Roger Waters - lead vocals, acoustic guitar on "Pigs on the Wing", rhythm guitar on "Pigs (Three Different Ones)" and "Sheep", tape effects, vocoder, bass guitar on "Dogs"
Richard Wright - Hammond organ, electric piano, Minimoog, ARP string synthesizer, piano, clavinet, backing vocals

PINK FLOYD

VeNDReDi
Genesis "Selling England by the Pound" (1973)
ou "Malice in Wonderland"

Relever le gant d'un Foxtrot triomphant et de son Himalaya compositionnel, Supper's Ready, tenait de la gageure. Pas pour ces cinq lascars qui, décidément, boxent dans une toute autre catégorie que tous leurs petits copains progressifs d'alors.
Au début, on se dit que rien n'a vraiment changé. La voix de Gabriel nous accueille, familière, le groupe le rejoint, la mélodie est belle, le texte fait sens, c'est de classique et efficace dont il s'agit. Mais Genesis n'est pas de ceux qui restent figés, se reposent sur leurs lauriers. Et donc tout vole en éclat. C'est toujours Genesis mais un élément est venu s'ajouter à la mixture, désormais Genesis fusionne aussi, pousse encore un peu plus sa musique dans des retranchements inattendus. Parce que Genesis progresse, encore ! Dancing with the Moonlit Knight décolle et nous avec. La batterie de Collins, la guitare d'Hackett, la basse de Rutherford n'ont jamais aussi bien été mises en valeur par une composition toujours aussi mélodique, aussi épique que ses plus belles devancières et, pourtant, instrumentalement encore plus osée avec un ambianceur en chef, Banks évidemment, en trait d'union essentiel. Quel accueil !
Un "petit" single pour suivre, l'efficace I Know What I Like, premier tube du groupe dans son Angleterre natale. Une mélodie accrocheuse, un refrain entêtant, un esthétisme pop qui ne minore aucunement le progressisme du combo... Et c'est une des moins bonnes chansons de l'album, diantre ! Parce qu'il y a ensuite Firth of Fifth avec son intro de piano où on se dit que Bach n'est pas si loin, avec une mélodie de chant imparable avec, surtout !, une longue section solo centrale à couper le souffle où Steve nous offre ce qui reste, plus de quarante ans après, son plus beau solo : mélodique, technique, stratosphérique. Si énorme qu'on a bien besoin de reprendre ses esprits ce que, justement, propose la petite chanson acoustique chantée par Phil, More Fool Me, une réussite encore. Fin de la face A, on en reste pantois.
The Battle of Epping Forest en fait trop ? Probablement. Mais il le fait bien avec un Gabriel plus théâtral que jamais. Alors oui, c'est bavard, chargé jusqu'à la garde des mots du chanteur mais les mélodies sont là. Du bavardage comme ça, on en redemande ! Pas de suite..., il faut se reconcentrer, prendre une pause avec un instrumental tout en harmonie où Hackett, qui en est l'artisan principal, excelle aussi bien à l'acoustique qu'à l'électrique. Mineur After the Ordeal ? Pas si. Et puis The Cinema Show, quatrième baobab de l'opus, une symphonie de prog, un prog en symphonie, parfait tout simplement, n'en disons pas plus, la musique parle d'elle-même. Une petite reprise du Moonlit Knight en conclusion, pour dûment refermer la grande maison, c'est Aisle of Plenty qui le fait et le fait bien. Et c'est déjà fini, snif. Et dire qu'ils ont mis Twilight Alehouse, petit chef d’œuvre planqué en face B d'I Know What I Like, de côté, fallait oser !
La mise en son de John Burns, qui a déjà mixé le très réussi Genesis Live et produira The Lamb Lies Down On Broadway dans la foulée, était déjà très réussie, le remaster définitif enfonce encore le clou. Tout y est plus clair, tous les détails d'un album qui n'en manque pas explosent de tous leurs feux, y sont encore mieux révélés. Splendide.
Selling England by the Pound, un classique inusable. Essentiel, c'est le mot.

1. Dancing with the Moonlit Knight 8:02
2. I Know What I Like (In Your Wardrobe) 4:03
3. Firth of Fifth 9:36
4. More Fool Me 3:10
5. The Battle of Epping Forest 11:43
6. After the Ordeal 4:07
7. The Cinema Show 11:10
8. Aisle of Plenty 1:30

Tony Banks - acoustic & electric pianos, organ, mellotron, synthesizers, twelve-string guitar
Phil Collins - drums, percussion, backing vocals, lead vocals on "More Fool Me"
Peter Gabriel - lead vocals, flute, oboe, percussion, additional backing vocals on "More Fool Me"
Steve Hackett - electric guitar, nylon guitar
Mike Rutherford - twelve-string guitar, bass guitar, electric sitar

GENESIS

SaMeDi
Yes "Fragile" (1971)
ou "Yes they can!"

C'est le Yes du progressisme triomphant, celui d'avant les errances mégalomaniaques d'océans peut-être topographiques mais assurément ampoulés, alourdis de trop de frasques instrumentales pour ne pas un peu ennuyer, celui de Fragile, peut-être le tout meilleur album de Yes, dès 1971.
Concrètement, 4ème album des anglais, premier avec le claviériste Rick Wakeman, c'est tout sauf un détail, Fragile marque le moment où Yes trouve vraiment son style, où, avec le complément d'un nouvel instrumentiste capable de répondre aux ambitions symphoniques de ses petits camarades de jeu, les londoniens réussissent leur plus beau coup qui sera, ce qui n'était que mérité, leur explosion critique et commerciale. Parce qu'avec un virtuose de plus dans ses rangs, un maître du Moog (là où Tony Kaye, son prédécesseur, se refusait au synthétiseur "in"), Anderson, Howe, Squire et Bruford on trouvé la cinquième colonne capable de supporter leur grandiloquent édifice. Howe y trouve un partenaire avec qui il peut dialoguer lors de précieux soli, Anderson un support idéal pour ses vocalises androgynes et emphatiques, Squire et Bruford un véhicule vrombissant pour complémenter leurs excès rythmiques, bref, l'équipe idéale.
Et les chansons qui vont avec, en plus, parce que de Roundabout, un titre qui vient encore hanter les setlist du groupe aujourd'hui, au majestueux Heart of Sunrise, la collection épate. Parce qu'il y faut évidemment plus que ces deux mastodontes pour faire de Fragile la référence qu'il est devenu, on trouve d'autres vrais délices dans la galette dont quelque jolies miniatures (le précieux détournement instrumental du Johannes de Cans and Brahms, le choeur hippie We Have Heaven, l'intermède fusion Five Per Cent for Nothing, un orientalisant The Fish créé par Chris Squire, le Mood for a Day d'Howe à la guitare classique), une petite chanson presque pop qui fait son effet (Long Distance Runaround) et bien sûr un South Side of the Sky pour nous faire décoller vers les étoiles. Un sans faute ! Auquel, remaster oblige, se rajoute un vrai beau bonus avec la belle reprise de l'America de Simon & Garfunkel que le groupe avait en tête depuis longtemps (avant même de se renommer Yes, en fait) qui, imaginative et maîtrisée, rallonge agréablement le festin.
Parfait jusque dans sa production (signée du groupe et d'Eddy Offord, qui travailla aussi avec ELP, Rory Gallagher ou la Baker Gurvitz Army), Fragile est un indéniable pilier du rock progressif des années 70, un album où l'évident virtuosité n'est pas encore onanisme, un must tout simplement !

1. Roundabout 8:30
2. Cans and Brahms 1:38
3. We Have Heaven 1:40
4. South Side of the Sky 8:02
5. Five Per Cent for Nothing 0:35
6. Long Distance Runaround 3:30
7. The Fish (Schindleria Praematurus) 2:39
8. Mood for a Day 3:00
9. Heart of the Sunrise 11:27
Bonus
10. America 10:33
11. Roundabout (Early Rough Mix) 8:35

Jon Anderson - lead and backing vocals
Steve Howe - electric and acoustic guitars, backing vocals
Chris Squire - bass guitars, backing vocals, electric guitar
Rick Wakeman - Hammond organ, grand piano, RMI 368 Electra-Piano and Harpsichord, Mellotron, Minimoog
Bill Bruford - drums, percussion

YES

BoNuS "MiSFiT"
Van der Graaf Generator "World Record"(1976)
ou "La Magie Hammill"

Dans la riche discographie des progueux de Van der Graaf Generator, il y a un album qui a une place tout à fait à part dans mon caeur d'amoureux de la musique. Peut-être parce qu'il fut mon premier, peut-être parce qu'il pousse les limites du son de VdGG encore un peu plus loin, aussi... Voici World Record !
Je sais que beaucoup considèrent ce chapitre final de la trilogie commencée avec Godbluff et Still Life comme un album presque mineur dans la prodigieuse carrière du groupe, avis que je me permets de ne pas partager et je m'en vais immédiatement vous expliquer pourquoi :
1 - 5 compositions, 5 bombes !
Du presque punkoïde When She Comes (écoutez donc la rage du chant d'Hammill !) au quasi-grégorien Wondering (une cathédrale de prog ou du prog de cathédrale) qui clos l'album en passant par le groovy/jazzy sorties de routes incluses et contrôlées A Place to Survive ou l'épique, fleuve et souvent surprenant Meurglys III et ses 21 minutes, c'est un festin de tous les instants. Allez, si vous me poussez, j'avouerais aimer un tout petit peu moins Masks qui reste cependant une excellent composition.
2 - Une démarche unique
Nous ne sommes ni dans les explorations quasi-symphoniques d'un Yes, ni dans la précision clinico-technique d'un King Crimson, et encore moins dans la galaxie proggopopiste Génésienne. Non ! VdGG s'impose comme un esprit libre ce qui valut au groupe - alors que détruire du dinosaure était à la mode - le respect des punks originels et de toutes les jeunes pousses « up and coming » qui suivent depuis et ont croisé la route de ces vaillants hallucinés. Vraiment, VdGG est un cas unique... Un peu au prog ce que Motörhead est au metal, un truc qui dépasse les clivages et les intérêts boutiquiers. Avec, en supplément de luxe, la plume si fine d'Hammill, un des plus grands paroliers de langue anglaise, osons !
3 - Un remaster de qualité
Ni trop loud (vous savez, trop de basse, trop de volume) ni trop nettoyé - on reste dans l'esprit de la production d'origine - World Record se présente dans une version optimisée. Le son est clair mais reste rugueux (c'est un peu la trademark du groupe avec l'orgue épais et le sax écorché), et ne souffre pas d'une digitalisation qui lui aurait fait perdre sa chaleur... Juste ce qui convient à pareille musique. Et deux bonus, du John Peel Show, où VdGG apparait comme la formation transitoire idéale (et même prospective) entre ce rock d'hier et ce son de demain que professe alors le fameux DJ, en pleine explosion punk.
Vous l'aurez compris, si vous ne connaissez pas encore cet album ou si vous l'aviez démis un peu hâtivement, je vous exhorte de lui redonner sa chance, le bonheur est au bout du chemin !

1. When She Comes 8:02
2. A Place to Survive 10:05
3. Masks 7:30
4. Meurglys III (The Songwriter's Guild) 20:50
5. Wondering 6:33
Bonus
6. When She Comes 8:13
7. Masks 7:23

Peter Hammill: chant, guitare, piano
Hugh Banton: orgue, bass pedals, basse, mellotron, piano
Guy Evans: batterie, percussions
David Jackson: saxophone, flute

VAN DER GRAAF GENERATOR

BoNuS "CaMeMBeRT"
Magma "Mekanïk Destruktïw Kommandöh" (1973)
ou "Kobaïa attacks !"

D'une autre planète ! Peut-on faire plus alien que le cabaret prog science-fictionneux de Christian Vander et sa troupe d'allumés cosmiques ?
Ecoutez donc l'intro d'Hortz Fur Dëhn Stekën West, ouverture du légendaire Mekanïk Destruktïw Kommandöh, on y a l'impression d'entrer dans le domaine d'un Evil Emperor d'une galaxie far far away... C'est magistral et décadent à la fois, imposant et bizarroïde aussi... C'est Magma !
Et Magma ce sont surtout les drôles d'obsessions d'un petit gars de Nogent sur Marne, fils adoptif du pianiste de Claude Nougaro (Maurice Vander), batteur/vocaliste/pianiste/compositeur/inventeur de sa chose dont la musique est tellement d'ailleurs qu'elle a sa propre langue (le kobaïen), et son propre univers où l'on croise aussi bien John Coltrane que Stravinski/Orff/Stockhausen (etc. pour le côté contemporain de l'affaire) ou King Crimson... Re-haché à la sauce Zeuhl, bien sûr !, puisque c'est ainsi que Christian Vander étiquette le style, l'improbable fusion de sa formation. Pour les newbies, on décrirait volontiers Magma comme une sorte de jazz progressif polyphonique mutant, un genre où la liberté coltranienne, l'expérimentation harmonique stravinskienne et la sombre majesté crimsonienne se rejoignent.
Et donc Mekanïk Destruktïw Kommandöh, le Sgt Pepper, le Red, le Pet Sounds, le A Love Supreme de la formation francilienne... Leur magnum opus de l'avis général. Parce que l'album est bouillant, trippant, transcendantal presque. Un album moins jazz que ne le furent ses prédécesseurs et où l'addition d'un vocaliste aussi frapadingue que Klaus Blasquiz apporte sa pierre à l'édifice. Et quel édifice ! Un majestueux, ténébreux et fantasque opéra spatial, opéra parce que les voix c'est important chez Magma, qui vous prend à la première seconde, vous entraîne au passage dans les méandres de la création Vanderienne, méandres où les possibles se dissolvent dans le bouillant magma (je devais bien la faire celle là) d'une "créativite" (virus intersidéral bien documenté) débordante, pour vous laisser, exsangue mais heureux, 38 intenses mais trop courtes minutes plus tard... Un immense (space) trip, quoi ! Alors, évidemment, cette musique se gagne, demande de multiples écoutes pour être pleinement et parfaitement appréhendée, elle n'en aura qu'une plus grande endurance, une supérieure résistance aux usures du temps.
Parce qu'une fois gagné, une fois exploré les autres splendeurs du catalogue de Kobaïa-Prime (de Magma donc, avec en priorité Kohntarkosz ou Wurdah Ïtah, parce que le zeul de Christian a fait des petits ailleurs, jusqu'au japon), on revient invariablement à M.D.K., un chef d'œuvre, un vrai !

1. Hortz Fur Dëhn Stekëhn West 9:34
2. Ïma Süri Dondaï 4:28
3. Kobaïa Iss de Hündïn 3:35
4. Da Zeuhl Wortz Mekanïk 7:48
5. Nebëhr Gudahtt 6:00
6. Mekanïk Kommandöh 4:08
7. Kreühn Köhrmahn Iss de Hündïn 3:14

Christian Vander : batterie, chant, orgue, percussions
Jannick Top : basse
Klaus Blasquiz : chant, percussions
Jean-Luc Manderlier : piano, orgue
René Garber : clarinette basse, chant
Claude Olmos : guitare
Stella Vander : chant
Muriel Streisfield : chant
Evelyne Razymovski : chant
Michèle Saulnier : chant
Doris Reinhardt : chant
Teddy Lasry : basse, flûte

MAGMA

BoNuS "CHouCRouTe"
Kraftwerk "Autobahn" (1974)
ou "ElectroKrautMagic"

Il s'en passe des choses sur l'autoroute. Et dans l'Allemagne des années 70 où une bande de zigotos nippés de costards rétrogrades ou de tenues futuristes inventent leur propre monde musical.
Kraftwerk , toujours solidement mené par Ralf Hütter et Florian Schneider, n'en est d'ailleurs pas à son coup d'éclat, trois albums embryonnaires de leur "signature sound" sont déjà parus, mais c'est là, en novembre 1974 que le monde découvre le groupe tel qu'en lui-même établi, une formation qui s'est totalement affranchie des tentations électriques et progressives qui peuplaient encore ses précédentes aeuvres, une formation qui assume son "industrialité" et la transforme en art.
On ne pérorera pas sur l'importance, l'influence capitale qu'auront Autobahn et ses créateurs sur le monde de la musique, le développement d'une musique électronique aujourd'hui omniprésente, l'évidence s'impose à l'écoute de ces 5 plages, de ces constructions sonores à la fois avant-gardistes et abordables, de ces climats synthétiques suffisants pour créer de dépaysants panoramas qui viennent durablement s'imprimer dans le cortex de l'auditeur, aucun doute, on tient là un album essentiel, une pierre fondamentale à l'édifice musical inventé depuis. A commencer, évidemment, par le morceau-titre qui connaitra même les charts dans une version violemment éditée ne rendant pas tout à fait justice aux 23 minutes de sa version intégrale.
Si vous vous intéressez de près ou de loin à la chose électronique, Autobahn est plus qu'une galette importante, un essentiel absolu.

1. Autobahn 22:47
2. Kometenmelodie 1 6:26
3. Kometenmelodie 2 5:48
4. Mitternacht 3:43
5. Morgenspaziergang 4:04

Ralf Hütter - voice, electronics, synthesizer, organ, piano, guitar, electronic drums, artwork reconstruction.
Florian Schneider - voice, vocoder, electronics, synthesizer, flute, electronic drums.
Wolfgang Flür - electronic drums "Kometenmelodie 1-2".
Klaus Röder - electric violin "Mitternacht".

KRAFTWERK

L’Été Mange-Disques - 7 des Punks !

$
0
0

Pour la dernière de L’Été Mange-Disques, il est grand temps de se rappeler que l'automne n'est pas loin avec son cortège de putréfaction végétale, de liquéfaction céleste et de raréfaction du jour... Hé ouais ! Et quoi de mieux qu'une musique typiquement urbaine pour tout ce gris béton ? Alors c'est parti pour un théma Punk qui prend des libertés avec le genre mais colle toujours à l'esprit (j'espère)... Enjoie !

DiMaNCHe
The Velvet Underground "White Light/White Heat" (1968)
ou "Punk avant le Punk"

Au cas où on ne l'aurait pas compris avec leur premier album, White Light/White Heat nous rappelle que le Velvet Underground n'est pas un groupe de rigolos. Mais là où l'album à la banane nous berçait encore doucement de quelques délicates mélopées, le présent brûlot, nous lamine de son radicalisme sans compromis.
Out Nico et Andy Warhol, les ventes désastreuses de The Velvet Underground & Nico ont détérioré les rapports entre le groupe et leur mentor. Et puis après tout, White Light/White Heat, conçu à partir d'improvisations de tournée est leur album à eux, un animal dangereux, urgent comme les courtes sessions qui l'enfanteront : 2 jours !
Présentement, captés par Tom Wilson (qui a travaillé avec Sun Ra, les Animals d'Eric Burdon, Zappa et ses Mothers of Invention ou Bob Dylan), ils laissent libre cours à leurs pulsions électriques les plus ravageuses pour un résultat qui ne l'est pas moins. Parce qu'il faut d'abord dompter la bête pour ensuite vraiment l'apprécier. Parce que cette déconstruction de rock'n'roll post-moderne ne se livre pas facilement, plus beauté cachée que cover girl.
Pourtant, le morceau d'ouverture, qui donne son titre à l'album, ne paye pas de mine, petit rock'n'roll juste un peu "garageux" sur les bords mais finalement digne héritier d'un Jerry Lee Lewis ou d'un Chuck Berry. The Gift, errance improvisée et psychédélique, propose un Cale récitant un texte de Lou Reed sur une histoire d'amant destroy décidant de s'envoyer par la poste à sa bien aimée (Lou y es-tu ?), c'est aussi le début du grand largage d'amarres avec le commun de la pop musique et une exemplaire réussite d'avant-gardisme distrayant, bravo ! Au moins aussi étrange, Lady Godiva's Operation est une sorte de droning psyche pop post-apocalyptique avec Cale au chant et le groupe tournant sur le même thème ne s'autorisant que de rares variations, et c'est étrange et étrangement attirant même quand les voix se mélangent, la musique décline et la bizarrerie augment. Une drôle de chanson. Here She Comes Now c'est un peu la version garage, lo-fi du gentil Velvet Underground du premier album, sauf que le chant de Lou Reed, la souplesse instrumentale et l'ambiance beatnik électrique l'entraîne vers d'autres terres, et nous avec.
On sait que le groupe fut mécontent de I Heard Her Call My Name où il essayèrent, sans succès selon eux, de capturer l'énergie live du morceau. C'est pourtant un beau déluge électrique avec les badaboums primaires et énervés de Maureen Tucker et la voix et la guitare de Lou Reed en mode pas content, et ce ne sont pas les quelques chœurs qui viennent alléger l'ensemble... Une vraie furie ce titre ! Et puis vient le Gros Morceau, Sister Ray. 17 minutes captées live en studio en une seule et unique prise, qu'importent les maladresses et les fausses notes, un peu l'équivalent musical de l'écriture automatique chère à Kerouac, une folie ! Qui fonctionne parce qu'elle a la beauté de ces arts primitifs, parce qu'elle sait s'envoler en d'improbables crescendos, qui fonctionne aussi parce que le son du groupe y est si crument organique, y repousse, confond si radicalement les limites de la jam et du n'importe-quoi qu'on ne peut que fondre devant tant d'ingénuité et de cran. Marquant.
Et c'est fini. Et on en sort un peu rincé, parce que White Light/White Heat, ce n'est pas de l'easy listenning, mais définitivement content, certain d'avoir assisté à quelque chose d'unique, à une nouvelle définition, une nouvelle conception de la musique populaire pour jeunes gens de bon gout. Un quelque chose qui connaîtra des répliques, et des répliques (demandez voir au punks et à leurs descendants !), bref, important.
Deluxe Edition oblige, il y a du bonus à foison dans la présente édition, à commencer par deux outtakes des fameuses sessions, une version alternative de I Heard Her Call My Name et un inédit instrumental déjà croisé sur la compilation Another View (Guess I'm Falling in Love), toutes deux accessoires mais pas désagréable. On y retrouve aussi les extraits de deux sessions de février et mai 1968, les dernières de John Cale avec le VU, d'où ressortent Stéphanie Says et Temptation dans leurs mixes originaux et une early version vraiment inédite, la seule ici, de Beginning to See the Light de fort belle facture qui nous laisse songeur quand à ce que la suite de la carrière des new yorkais aurait pu donner avec leur ténébreux gallois.
Mais la fête n'est pas finie, loin de là, un live, enregistré le 30 avril 1967 au Gymnasium de New York, vient compléter la fête. Et quel live ! Déjà parce qu'il sonne diablement bien, mieux que tous les bootlegs et enregistrements plus ou moins officiels du Velvet Underground avec John Cale croisés de-ci de-là, ensuite parce que le groupe y délivre une prestation faite d'intensité et de talent à couper le souffle. C'est bien simple, à lui-seul, ce live justifie l'acquisition du coffret pourtant fort riche sinon avec, notamment, un texte fort intéressant narrant la genèse de l’œuvre.
White/Light White Heatétait déjà un album dont, fondamentalement, aucun amateur de rock intelligent ne pouvait se passer, c'est encore plus vrai avec cette édition anniversaire totalement renversante.

CD 1
Stereo Version
1. White Light/White Heat 2:48
2. The Gift 8:20
3. Lady Godiva's Operation 4:57
4. Here She Comes Now 2:05
5. I Heard Her Call My Name 4:38
6. Sister Ray 17:32
Bonus
7. I Heard Her Call My Name (Alternate Take) 4:39
8. Guess I'm Falling In Love (Instrumental Version) 3:34
9. Temptation Inside Your Heart (Original Mix) 2:33
10. Stephanie Says (Original Mix) 2:50
11. Hey Mr. Rain (Version One) 4:40
12. Hey Mr. Rain (Version Two) 5:24
13. Beginning To See The Light (Previously Unreleased Early Version) 3:39

CD 2
Live At The Gymnasium, New York City, April 30, 1967
1.Booker T. 6:46
2. I'm Not A Young Man Anymore 6:17
3. Guess I'm Falling In Love 4:10
4. I'm Waiting For My Man 5:28
5. Run Run Run 6:58
6. Sister Ray 19:03
7. The Gift 10:25

John Cale - vocals, electric viola, organ, bass guitar, medical sound effects on "Lady Godiva's Operation"
Sterling Morrison - vocals, guitar, bass guitar, medical sound effects on "Lady Godiva's Operation"
Lou Reed - vocals, guitar, piano
Maureen Tucker - drums, percussion

THE VELVET UNDERGROUND

LuNDi
Eddie and the Hot Rods "Teenage Depression" (1976)
ou "Eddie sois chaud !"

C'est très simple, en fait. Eddie and the Hot Rods est le chaînon manquant entre le pub rock racé de Dr. Feelgood et les diatribes punks énervées des early Damned ou Clash,. Un sacré groupe avec un sacré premier album, aussi.
Vous aimez le rock'n'roll qui file à la vitesse d'un dragster ? Vous adorerez Teenage Depression. Parce qu'en 1976, alors que Londres ne fait que bruisser d'exactions primitives encore confinées au monde des clubs, Eddie and the Hot Rods, avec leur pêche d'enfer, leur pré-No Future déluge de rock, finalement très classique dans la facture, pub rock dirait-on, frappe fort. Parce qu'il n'y a ce supplément d'agressivité, cette urgence rythmique qui, évidemment !, rapproche la formation du futur phénomène punk anglais. D'ailleurs, en tournée nord-américaine avec les Ramones et les Talking Heads ou en tête d'affiche dans quelque improbable location (le groupe tourne alors intensément) , E&tHR sont souvent étiquetés "punk rock", et ne font pas pâle figure en ayant définitivement l'énergie à défaut du "fond de commerce". Au binaire sale, direct, agressif des Clash, Damned, Buzzcocks et autres Sex Pistols, ils anticipent par un rock'n'roll originel dopé à la frustration prolétarienne britannique de ces 70s déjà de crise.
Doté de huit originaux bien taillés et de trois reprises exemplaires (Show Me de Joe Tex, The Kids Are Alright des Who et le Shake de Sam Cooke), le Teenage Depressionédition originale n'avait qu'un seul défaut, avec ses 31 minutes il obligeait à d'incessants déplacements vers la platine vinyle pour prolonger l'expérience de ce divin assaut d'électricité furieuse, cette glorieuse attaque de rock & roll brutalement jouissif. Un petit défaut donc, largement gommé sur ce remaster ô combien généreusement et qualitativement bonussé, particulièrement par une belle demie heure de live bien cru, bien suant, idéale occasion d'entendre, des Them à Bob Seger en passant par les Rolling Stones ou ? and the Mysterians et leur inusable 96 Tears, E&tHR replonger dans l'art délicat de la reprise où ils excellent.
Hélas... Trop énervés pour la génération d'avant, trop traditionalistes pour les crêtés à venir, Eddie and the Hot Rods, n'ayant gouté que fugitivement aux spotlights, seront vite emportés par la vague "no future" et sombreront dans un injuste anonymat. Injuste parce que, fines lames d'un rock & roll nerveux et finalement intemporel, ils méritaient tellement mieux que leur statut tout juste culte d'aujourd'hui qui ne suffit dignement pas. Sur la foi de cet impeccable Teenage Depression, c'est l'évidence.

1. Get Across to You 2:48
2. Why Can't It Be? 2:33
3. Show Me 2:03
4. All I Need Is Money 2:21
5. Double Checkin' Woman 2:29
6. The Kids Are Alright 2:40
7. Teenage Depression 2:59
8. Horseplay (Wearier of the Schmaltz) 2:22
9. Been So Long 3:22
10. Shake 1:30
11. On the Run 6:26
Bonus
12. Writing on the Wall 2:42
13. Cruisin (In the Lincoln) 3:33
14. Wooly Bully (Domingo Samudio) 2:37
15. Horseplay (Single Version) 2:24
16. 96 Tears (Live) 2:58
17. Get Out of Denver (Live) 3:51
18. Medley: Gloria / Satisfaction (Live) 5:24
19. On the Run (Live) 9:02
20. Hard Drivin Man (Live) 2:11
21. Horseplay (Live) 2:30
22. Double Checkin' Woman (Live) 2:37
23. All I Need Is Money (Live) 2:56

Barrie Masters - vocals
Paul Gray - bass, backing vocals
Steve Nicol - drums, backing vocals
Dave Higgs - guitar, backing vocals, piano on "Horseplay (Wearier Of The Schmaltz)"

EDDIE AND THE HOT RODS

MaRDi
Killing Joke "Killing Joke" (1980)
ou "Punk Industry"

Inquiétant, lourd, agressif, le premier album des Anglais de Killing Joke est un cri primal et une œuvre essentielle dans l'invention du post-punk.
Bien qu'on puisse assimiler Jaz Coleman & Cie à la queue de la comète punk d'Albion, leur musique va bien au-delà de celle de leurs devanciers. Là où des schémas empruntés au reggae, à la soul, au funk ou à l'electro formaient l'essentiel des groupes punks cherchant à se diversifier (Gang of Four, Ruts, Clash, Damned, etc.) Killing Joke ajoutait une saleté, une lourdeur, une urbanité qui les différenciait définitivement. Et une totale maîtrise de leur sujet pour couronner la réussite.
Cette musique n'est pas technique, les musiciens impliqués connaissaient probablement leurs limites et comment les retourner en forces. Pour le coup, cette relative rudesse donne à la musique des accents tribaux qu'on ne soupçonnerait pas dans ce genre de musique. Les rythmes sont souvent lents mais ne manquent jamais de dynamique grâce à des lignes de basse simples mais efficaces qui complètent à merveille la performance toute en lourdeur de Paul Fergusonà la batterie. La guitare, étrangement, semble comme reléguée au second plan, à un effet sonore certes de très bon gout mais auquel on pourrait aisément substituer un autre instrument.
Évidemment, parler de Killing Joke sans mentionner la voix écorchée vive de Jaz Coleman serait impensable. Tel qu'on le connait toujours aujourd'hui, Jaz livre une performance possédée. Juste ce qu'il fallait à cette musique pour réellement exister. Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner l'instrumental de l'album. Pas désagréable au demeurant avec son côté dub-punk-discoïde, il n'est du niveau d'aucune autre composition présentée ici simplement parce que Jaz n'y est pas (enfin, il y est mais uniquement aux claviers) et que sa verve inimitable y manque cruellement.
Cerise sur le gâteau, le remaster est de grande qualité. Les basses et l'amplification n'y ont pas été trop boostées, défauts généralement constatées sur les remasters bâclés disponible sur le marché (et sur un trop grand nombre de sorties récentes mais c'est un autre débat..).
En résumé, en plus de n'avoir pas pris une ride plus de 30 ans après sa sortie, l'éponyme n°1 de Killing Joke (le groupe en sortira un second en 2003) est un album important dont les influences se retrouvent partout chez à peu près tout ce qui se rapporte au rock industriel, au rock gothique, au post-punk et à pas mal de formations de metal aussi.
Essentiel donc, tout simplement.

1. Requiem 3:45
2. Wardance 3:49
3. Tomorrow's World 5:31
4. Bloodsport 4:46
5. The Wait 3:45
6. Complications 3:08
7. $,O,36 6.52
8. Primitive 3:37
Bonus
9. Change 4:01
10. Requiem (Single Version) 3:47
11. Change (Dub) 4:00
12. Primitive (Rough Mix) 3:35
13. Bloodsport (Rough Mix) 4:50

Jaz Coleman– lead vocals, synthesizer, production
Kevin "Geordie" Walker– guitar, production
Martin "Youth" Glover – bass guitar, production
Paul Ferguson– drums, backing vocals, production

KILLING JOKE

MeRCReDi
Black Flag "Slip It In" (1984)
ou "Red Rage"

Indéniablement une des formations ayant le plus œuvré dans l'évolution du hardcore étatsunien vers une forme d'art, Black Flag sort alors son 4ème album, le troisième de 1984 aussi, c'est dire l'inspiration de Rollins, Ginn et Cie.
Mais aussi le peu de temps que prend un quatuor au moyens financiers limités pour enregistrer chacune de ses compulsives livraisons. Alors forcément, c'est cru, affreux, sale et méchant, sans le moindre compromis au amateurs de haute-fidélité et ça tombe bien, c'est comme ça que c'est bon.
D'autant que Black Flag a des choses à dire. C'est évident dans les paroles rageuses d'Henry Rollins, ça l'est autant dans le punk déstructuré, libéré fomenté par la formation, son leader/guitariste et principal compositeur, Greg Ginn, en tête. Mais avec tant d'empressement dans le façonnage de leur ex-novo hardcorum, et donc une prise de risque maximale, le risque est la sortie de route que n'évite pas toujours les californiens, et s'il y a une majorité de très bon sur ce Slip It In urgent où l'agression punkoïde se pare d'atours (free) jazzés et hard'n'bluesy via des parties de guitare de plus en plus osées sans y perdre une once de sa bileuse et originelle colère, il y a aussi des longueurs et des stridences dont l'utilité échappe, et une ou deux compositions en-deçà du niveau d'ensemble (Rat's Eyes, My Ghetto).
Rien de dramatique dans ce qui demeure une des plus belles livraisons de cette séminale formation et, par conséquent, un album important, presque essentiel, ce que sera In My Head, une petite année plus tard.

1. Slip It In 6:17
2. Black Coffee 4:53
3. Wound Up 4:17
4. Rat's Eyes 3:57
5. Obliteration 5:51
6. The Bars 4:20
7. My Ghetto 2:02
8. You're Not Evil 7:00

Henry Rollins - vocals
Greg Ginn - guitar, producer
Kira Roessler - bass, backing vocals
Bill Stevenson - drums, producer
&
Davo Claassen - backing vocals
Suzi Gardner - backing vocals
Chuck Dukowski - backing vocals

BLACK FLAG

JeuDi
One Last Wish "1986" (1986/99)
ou "Séminal DC Punk"

Comme son nom mais pas sa date de publication (1999) l'indique, cet unique opus des punk rockers de Washington DC a été enregistré en 1986.
Formé sur les cendres des légendaires Rites of Spring (3 des membres de OWL en furent), One Last Wish fut une brève aventure. Entre un premier show en août 86, ces sessions en novembre de la même année et un split qui les suivra de peu; le groupe n'aura vécu qu'à peine une demie année.
Chanceux que nous sommes, l'excellent label Dischord a publié ces bandes en 1999, tout le monde peut donc profiter pleinement de ce hardcore punk séminal.
Parce que One Last Wish, c'est quand même quelque chose ! Dégraissé à l'extrême, leur punk est vibrant, rapide, précis et toujours mélodique. Attention, pas comme du Bad Religion ou du (early) Green Day. Non, ce n'est pas du melodic punk mais bien du hardcore punk qui a su ne pas oublier la nécessaire harmonie dont il s'agit.
Je n'en dirais pas plus. Je vous laisse dénicher la bête pour l'écouter, juste récompense, potards à fond ! Enjoie !

1. Hide 2:12
2. Burning in the Undertow 2:08
3. Break to Broken 2:01
4. Friendship is Far 2:36
5. My Better Half 1:56
6. Loss Like A Seed 2:01
7. Three Unkind Silences 1:39
8. Shadow 1:50
9. Sleep of the Stage 1:35
10. One Last Wish 2:18
11. This Time 1:58
12. Home Is the Place 1:39

Brendan Canty: drums
Michael Hampton: guitar,vocals
Edward Janney: bass, vocals
Guy Picciotto: guitar, vocals

BRENDAN & GUY (dans Rites of Spring)

VeNDReDi
Les Shériff "La Saga des Sheriff" (2007)
ou "Pogo à Gogo !"

On les surnomme les Ramones de Montpellier, la réalité est évidemment un peu plus complexe que ça mais la description reste tout sauf erronée. Bienvenue dans le petit monde des Shériff !
...Et dans la double compilation récapitulative La Saga des Shériff, 39 morceaux où énergie punkoïde, bonne humeur communicative et innocence presque enfantine se marient pour le meilleur et pour le rire... Rien que ça !
Notez, la formule est d'une simplicité absolue : des riffs punks de base, un emballage rythmique le plus souvent pied au plancher, des paroles à la touchante naïveté, une voix itou, et des chœurs de soutien juste comme il faut. Il est évident que c'est de l'art avec un tout petit a mais quelle tenue, quelle fougue ! Parce que, dans leurs meilleurs moments, les Shériff étaient capables de tout emporter, comme tout ceux qui ont eu l'honneur et le privilège d'assister à leurs électriques prestations scéniques peuvent en témoigner. Et comme, même dans leurs pires, pas souvent donc, quand l'inspiration n'est pas au top, ils restent une des plus sympathiques formations de punk rock de chez nous on rejoint sans rechigner la pogo party.
Alors, les Ramones d'ici ? En vérité, pour influents et importants que furent les faux frères de la Grosse Pomme, je leur préfère le joyeux chahut de nos Shériff à nous qui, certes, ne figureront jamais dans les livres d'histoire de la musique mais savaient (savent, puisqu'ils ressortent de temps en temps de leur cave) faire bien, faire simple. Une totale absence de prétention qu'il fait bon entendre.
La Saga des Shériff ? Un "good deal", peut-être un peu long pour qu'on se le fade d'une traite, où figure bel et bien le meilleur de nos étoilés, formation essentielle de l'agitation binaire tricolore. Punk's not dead, comme dirait l'autre.

CD 1
1. La saga des sheriff 1:39
2. Ne fais pas cette tête là 3:03
3. Hissez le drapeau noir 2:50
4. Panik (à Daytona Beach) 2:04
5. Les deux doigts dans la prise 2:01
6. A coup de batte de base ball 2:17
7. Jouer avec le feu 2:52
8. Plus haut 2:19
9. Dollars 3:21
10. Mayonnaise à gogo 2:43
11. 3,2,1... zéro 2:17
12. Pourvu que ça dure 2:20
13. Bongo kid 1:58
14. Pendons les haut et court 2:37
15. Je veux savoir pourquoi 2:50
16. Ça sert à rien 2:50
17. De toutes les couleurs 3:19
18. Ne comptez pas sur moi 1:52
19. Pile ou face 2:45
20. Arrête d'aboyer 2:31

CD 2
1. Ça fait mal 2:53
2. A la poubelle 2:52
3. Pas le temps d'attendre 2:21
4. Non ! Non ! Non ! 1:12
5. Je ne suis pas menteur 2:49
6. Pas besoin d'un dessin 2:44
7. Y'a comme un problème 2:57
8. État végétal 2:24
9. Question de fun 1:42
10. Donne moi plus2:02
11. A la porte 2:58
12. Tant de temps 2:18
13. Marteaux piqueurs 3:08
14. Génération atomique 3:21
15. Pagaille générale 2:32
16. Que pasa ? 2:44
17. Le goût du sang 2:46
18. Pour le meilleur et pour le pire 3:27
19. Le mur du son 2:35

Michel Conegero - basse
Olivier Téna - chant
Frédéric Bessière - guitare
Fabrice Albert-Birot - guitare
Emmanuel Larnaud - batterie
(line-up sujet à caution)

LES SHERIFF (...ont vieilli)

SaMeDi
KEN Mode "Venerable" (2011)
ou "Kill Everyone Now!"

Avec un nom comme KEN mode (Kill Everyone Now), les canadiens ne mentent pas sur leurs intentions, Venerable, leur 3ème album propose bien ce hardcore barbare et métallisé, mais nettement plus original que la moyenne, qui en fera fuir plus d'un et en assourdira quelques autres de bonheur.
Plus original que la moyenne ? Il faut dire que le metalcore, ce petit cousin bâtard du thrash'n'death metal et du hardcore, est devenu le domaine d'un formatage si répandu, d'une banalité si presque totalement générale qu'il n'en faut pas tant pour s'extraire du lot des nez-de-bœufs peuplant son microcosme. Parce qu'en plus de suivre quelques codes du genre, KEN Mode y ajoute une rage plus explosive que la majorité, de penchants noise bienvenus, d'un groove sale et suant directement hérité du stoner le plus brutalement punkoïde, et d'une qualité compositionnelle permettant à la formation de livrer, malgré les supposées limitations du genre, un album varié, et imparfait mais ça fait partie de son chaotique charme.
Comme, en plus, Venerable est doté d'une production de Kurt Ballou (également à la slide sur un titre), toujours un bon signe, ça, et sonne donc du feu du diable, et a l'ultime élégance de ne pas s'éterniser (43 petites minutes sans temps mort et puis s'en va), il n'en faut pas plus pour le recommander encore un peu plus que les autres de leur "joli" catalogue. KEN Mode ? Une vraie bonne adresse pour la destruction tout en finesse de vos tympans !

1. Book of Muscle 3:28
2. Obeying the Iron Will... 4:26
3. Batholith 3:33
4. The Irate Jumbuck 7:26
5. A Wicked Pike 2:51
6. Flight of the Echo Hawk 3:39
7. Never Was 8:16
8. The Ugliest Happy You've Ever Seen 3:03
9. Terrify the Animals 2:58
10. Mako Shark 2:58

Jesse Matthewson - guitar, vocals
Shane Matthewson - drums
Chad Tremblay - bass, vocals
&
Kurt Ballou - slide guitar on "Terrify the Animals", production
Jahmeel Russell - composing on "Flight of the Echo Hawk"

KEN MODE

L'Automne Mange-Disques - 7 Easy

$
0
0
C'est de saison, on se replie dans son intérieur pour éviter un vent devenu trop froid, lounge confortablement dans son salon enveloppé dans des musiques flattant l'oreille, pas tout à fait de l'easy listening mais quelque chose nous enveloppant dans un doux sentiment de sécurité, un gentil coussin pour nos tympans... C'est le point qu'essaye de faire passer la sélection hebdomadaire de la série saisonnière qu'elle ouvre, enjoie !

DiMaNCHe
Chet Baker "My Funny Valentine" (1994)
ou "Gueule d'Amour"

Rien qu'à voir la gueule d'amour de Chet et la nuque prometteuse de la dame qui l'accompagne sur la pochette, il n'y a pas mensonge sur la marchandise : intime et doux, ce jazz de salon est une arme de séduction massive.
Ici, sur une sélection de sessions enregistrées pour Pacific Jazz entre 1953 et 1956, une sélection maline composée de neuf chansons et de 5 instrumentaux pour (dé)couvrir tout l'art de Mr. Baker, on nage en plein cool jazz, une musique qui sied aussi bien au timbre caressant qu'à la trompette soyeuse de Chet.
Niveau marketing aussi, c'est impeccable parce qu'avec un titre pareil on imagine le très net redressement des ventes à l'approche de chaque 14 février. Il faut dire que cette musique douce et sensuelle, qui si bien chante l'amour, ou l'évoque quand elle est instrumentale, semble avoir été conçue pour parler aux amants/aspirants/requérants en mal de romantisme ou souhaitant célébrer leur emportement psychologico-hormonal saisonnier. Et ça commence donc par l'inusable, et magnifique, My Funny Valentine ou le souffle chaud de la voix de velours vous berce de sa tendre langueur.
Le reste de la tracklist est à l'avenant, alternant avec bonheur les chansons immortelles (Someone to Watch Over Me, Time After Time, Let's Get Lost) où Chet Bakerétale la classe fragile de sa voix presque diaphane, et des instrumentaux où il "trompette" cool en concurrent idéal d'un jeune black du prénom de Miles. accompagné de musiciens roués, dont Bud Shank sur quelques morceaux, et expertement mis en son (et remasterisé, en la circonstance).
Excellente introduction à une période faste du chanteur/trompettiste pour les nouveaux venus, bon résumé pour les (plus) spécialistes, My Funny Valentine est une jolie petite compilation (pas chère ! et plutôt dans les mieux ficelées du marché) d'un artiste d'exception. Et, bis, une arme de séduction massive parce, la sensualité du machin, quoi!

1. My Funny Valentine 2:15
2. Someone To Watch Over Me 3:00
3. Moonlight Becomes You 3:24
4. This Is Always 3:06
5. I'm Glad There Is You 3:10
6. Time After Time 2:44
7. Sweet Lorraine 3:08
8. It's Always You 3:31
9. Let's Get Lost 3:41
10. Moon Love 3:15
11. Like Someone In Love 2:23
12. I've Never Been In Love Before 4:23
13. Isn't It Romantic? 3:41
14. I Fall In Love Too Easily 3:18

Chet Baker - vocals, trumpet
&
Russ Freeman, Pete Jolly - piano
Carson Smith, Red Mitchell, Joe Mondragon, Leroy Vinegar, Jimmy Bond, Bob Whitlock - bass
Bob Neel, Shelly Manne, Stan Levey, Peter Littman, Lawrence Marable, Bobby White - drums
Bud Shank - flute, baritone saxophone
Corky Hale - harp
Herb Geller - alto & tenor saxophone
Bob Brookmayer - valve trombone

CHET BAKER

LuNDi
Elvis Presley "Blue Hawaii" (1961)
ou "UkulElvis"

En 1961, avec il est vrai assez peu de concurrence, l'Elvis tout feu tout flamme des débuts a vécu. Transformé par son Colonel Parker de manager en pop idol hollywoodienne, œuvrant désormais dans de nombreux nanars taillés sur mesure pour ses capacités particulières, belle gueule et voix de velours, c'est un rocker dompté qui sort essentiellement les albums de ses films... Prenez ce Blue Hawaii au titre on ne peut plus explicite sur son contenu, dès la pochette Elvis y pose, collier de fleurs, chemises bariolée et ukulélé, comme le garçon sage qu'il est devenu, ce chat jadis sauvage aujourd'hui coupé et dégriffé par quelques executives particulièrement roués et, sans doute, une ambition sans cesse renouvelée de rester une star, coute que coute. Le pire c'est que ce n'est même pas mauvais, juste trop gentil pour ce gars qui, pas si longtemps avant, représentait la jeunesse américaine en rébellion générationnelle. Concrètement, la musique de cette romcom vaut surtout pour la belle ballade acoustique Can't Help Falling in Love entouré de remplissages parfois sympathiques (Blue Hawaii, Rock-A-Hula Baby, Beach Boy Blues) souvent anecdotiques toutes épicées d'un exotisme îlien pacifique un peu kitsch tout de même. Le film sera un succès, la bande-son itou, poussant encore un peu plus le rocker dans une douce routine dorée dont il ne sortira vraiment, comme on sait, que grâce au comeback scénique de 1970 mais ça c'est une autre histoire qui ne fait pas de Blue Hawaii autre chose qu'un petit album sans grande importance qu'on écoute cependant sans le moindre déplaisir d'autant que, bien remasterisé et généreusement bonussé, il sait prolonger l'expérience "Easy Elvis" de quelques jolies douceurs supplémentaires.

1. Blue Hawaii 2:36
2. Almost Always True 2:25
3. Aloha 'Oe 1:53
4. No More 2:22
5. Can't Help Falling in Love 3:01
6. Rock-A-Hula Baby 1:59
7. Moonlight Swim 2:20
8. Ku-U-I-Po 2:23
9. Ito Eats 1:23
10. Slicin' Sand 1:36
11. Hawaiian Sunset 2:32
12. Beach Boy Blues 2:03
13. Island of Love 2:41
14. Hawaiian Wedding Song 2:48
Bonus
15. Steppin' Out of Line (originally issued on the Pot Luck With Elvis LP) 1:53
16. Can't Help Falling in Love (movie version) 1:54
17. Slicin' Sand (alternate take 4) 1:45
18. No More (alternate take 7) 2:35
19. Rock-A-Hula Baby (alternate take 1) 2:15
20. Beach Boy Blues (movie version) 1:58
21. Steppin' Out of Line (movie version) 1:54
22. Blue Hawaii (alternate take 3) 2:40

Elvis Presley– lead vocals
The Surfers– backing vocals
The Jordanaires – backing vocals
Boots Randolph – saxophone
George Field– harmonica
Freddie Tavares, Bernie Lewis– ukulele
Hank Garland, Tiny Timbrell– acoustic guitar
Scotty Moore – electric guitar
Alvino Rey– pedal steel guitar
Floyd Cramer– piano
Dudley Brooks– piano, celeste
Bob Moore – double bass
D.J. Fontana, Bernie Mattinson, Hal Blaine– drums

ELVIS PRESLEY

MaRDi
Gregory Isaacs "Cool Ruler" (1978)
ou "Love Reggae"

Un des créateurs du Lovers Rock, le reggae de l'amour pour résumer, Gregory Isaacs avait la voix de velours qui correspondait au riddims soyeux et aux paroles sexy qu'il chantait.
Cool Ruler, son 6ème album, est une démonstration du plus smooth et du plus sexy reggae des 70s, un machin à se trémousser sous les cocotiers avec sa chacune avec de vilaines idées en tête.
Ceci dit, le reggae de Gregory va au-delà de l'obsession sexuelle (on est pas chez Franky Vincent, que diable), avec quelques textes résistants et revendicateurs (John Public, Party in the Slum, Word of the Farmer) mais toujours avec la cool attitude d'une voix chaude et habitée. Quand on constate, en plus, qu'il est servi par la crème des sessionmen reggae de l'époque et a été enregistré au légendaire Channel One Studio, tout doute sur l'excellence de la chose s'envole.
Gregory Isaacs rules, mais cool parce que le soleil brille, que les filles sont belles, que jah a fourni ses petites herbes... Plus jouisseur que rastafari combattant sans être détaché du monde pour autant, Isaacs a du cœur à revendre et l'offre généreusement sur ce très réussi, son meilleur en fait, long-jeu. Recommandé !

1. Native Woman 3:02
2. John Public 3:06
3. Party In The Slum 3:26
4. Uncle Joe 3:50
5. World Of The Farmer 4:08
6. One More Time 3:14
7. Let's Dance 2:56
8. Don't Pity Me 2:22
9. Created By The Father 2:31
10. Raving Tonight 3:57

Gregory Isaacs - Vocals
The Heptones - Backing Vocals
The Revolutionaries - Backing Band
Sly Dunbar - drums
Robbie Shakespeare, Ernest Wilson - bass
Eric "Bingy Bunny" Lamont, Earl "Chinna" Smith, Ranchie McLean - guitar
Ansel Collins - Keyboards
Bobby Ellis, Tommy McCook, Herman Marquis - Horns

GREGORY ISAACS

MeRCReDi
Stevie Wonder "Hotter Than July" (1980)
ou "Still a Wonder"

Ce n'est peut-être plus la période de gloire, cette parenthèse enchantée qui, du début au milieu des septantes, fit de Stevie une des toutes premières attractions du monde de la musique, tous genres confondus, mais ce n'est pas non plus l'absolu abysse créatif que certains s'imaginent, non, Hotter Than July, premier cru des 80s de l'ex-petite merveille de la Motown, tient formidablement la route. Alors, certes, la musique s'est simplifiée, des synthétiseurs de leur temps viennent aussi empeser les arrangements de quelques choix discutables mais, dans l'ensemble, qu'il donne dans la ballade tire-larmes (le jazzy Lately), dans l'hymne "positive attitude" (Happy Birthday, wikipédiez !), qu'il fasse le meilleur reggae américain d'alors (Master Blaster), se la joue disco sans se perdre totalement (I Ain't Gonna Stand for It), etc., c'est encore et toujours le compositeur expert auteur d'album aussi essentiels qu'Inner Visions ou Songs in the Key of Life. La suite, on le sait, sera nettement moins glorieuse mais, avec tous ses défauts, l'air du temps n'étant pas le moindre, Hotter Than July demeure une galette qu'on recommande au amateur de soul/funk d'exception, qui n'y trouveront certes pas une totale satisfaction mais suffisamment de bons moments pour ne pas regretter, loin s'en faut !, ce petit tout du côté de chez wonderful Stevie.

1. Did I Hear You Say You Love Me 4:07
2. All I Do 5:06
3. Rocket Love 4:39
4. I Ain't Gonna Stand for It 4:39
5. As If You Read My Mind 3:37
6. Master Blaster (Jammin') 5:07
7. Do Like You 4:25
8. Cash in Your Face 3:59
9. Lately 4:05
10. Happy Birthday 5:57

Stevie Wonder - Vocals, Synthesizer, Drums, Fender Rhodes, Bass Synthesizer, Clavinet, Background Vocals, Arp, Vocoder, Piano, Harpsichord, Celeste, Keyboards, Bass Melodeon, Harmonica, Cabasa, Percussion, Bells, Handclaps, Flute Synthesizer
Nathan Watts - Bass, Background Vocals
Benjamin Bridges - Guitar, Background Vocals
Dennis Davis - Drums on "Did I Hear You Say You Love Me,""As If You Read My Mind", and "Master Blaster (Jammin')"
Earl DeRouen - Percussion, Background Vocals
Isaiah Sanders - Fender Rhodes, Background Vocals, Pianet
Hank Redd - Saxophone, Handclaps
Robert Malach - Saxophone
Larry Gittens - Trumpet
Nolan A. Smith Jr. - Trumpet
Paul Riser - String Arrangement
Hank Devito - Steel Guitar
Rick Zunigar - Guitar
Background Vocals - Angela Winbush, Mary Lee Whitney Evans, Susaye Greene Brown, Alexandra Brown Evans, Shirley Brewer, Ed Brown, Charlie Collins, Eddie Levert, Walter Williams, Michael Jackson, Jamil Raheem, Betty Wright, Ronnie J. Wilson, Charles K. Wilson, Syreeta Wright, Marva Holcolm, Melody McCulley, Delores Barnes
Handclaps - Stephanie Andrews, Bill Wolfer, Trevor Lawrence, Dennis Morrison, Kimberly Jackson

STEVIE WONDER

JeuDi
The Style Council "Café Bleu" (1984)
ou "Je voudrais être noir"

Il y a toujours eu, chez Paul Weller, cette tentation soul et jazz, ce désir d'être noir qui, quand on est un petit blanc du Surrey, n'est pas forcément le but le plus aisé à atteindre. Vous connaissez Café Bleu, au fait ?
Parce que le voilà le bon coup ! Le voici l'album où Paul Weller réalise son potentiel "Nino-Ferrerien" (je voudrais être noir !) assisté en l'occurrence d'un compagnon de jeu ayant précédemment œuvré chez les Dexys Midnight Runners, le claviériste Mike Talbot (qui voulait être noir aussi, ça tombe bien !). Bon, ce n'est pas le premier bon coup du duo et de sa troupe en perpétuel renouvellement, les deux hommes ayant testé leur nouvelle formule sur l'embryonnaire Introducing, c'est celui où The Style Council se révèle tel qu'en lui même, orchestre multiple embrassant hier comme aujourd'hui (celui de 1984, bien sûr), dans un cocktail black music totalement réussi.
Qui dit orchestre multiple dit, forcément, styles multiples. Qu'il emprunte à la Motown (les délicats The Whole Point of No Return et My Ever Changing Moods, le dynamique Here's One That Got Away et son surprenant petit coup de violon, le cuivré Headstart for Happiness), qu'il semble hommager Verve ou Blue Note (l'instrumental piano Mick's Blessings, le big-bandant Me Ship Came In!, le velours lascif de The Paris Match, le "bopesque"Dropping Bombs on the Whitehouse) ou tente de coller au goût du jour dans ce qui peut être perçu comme les seules fautes de goût d'un album sinon sans faille (le rap The Gospel qui sonne daté aujourd'hui, l'urban funk Strength of Your Nature et la ballade mélo You're the Best Thing itou), The Style Council le fait bien avec une équipe parfaitement assemblée où les voix féminines (Tracey Horn d'Everything but the Girl, Dee C. Lee, la Mme Weller d'alors) et des cuivres rutilants viennent joliment complémenter un songwriting solide et inspiré si, exercice nostalgique oblige, dérivatif de bien d'autres artistes jalons d'un glorieux passé.
Les promesses de cet impeccable premier long-jeu feront malheureusement long-feu et The Style Council ira trop vite se perdre dans de peu convaincantes aventures (à partir de 1986 et Home Abroad, en fait) avant de définitivement plier les gaules avant même la décennie épuisée. Reste ce Café Bleu et son gracieux successeur (Our Favourite Shop), petites pépites toujours aussi recommandées.

1. Mick's Blessings 1:15
2. The Whole Point of No Return 2:40
3. Me Ship Came In! 3:06
4. Blue Café 2:15
5. The Paris Match 4:25
6. My Ever Changing Moods 3:37
7. Dropping Bombs on the Whitehouse 3:15
8. A Gospel 4:44
9. Strength of Your Nature 4:20
10. You're the Best Thing 5:40
11. Here's One That Got Away 2:35
12. Headstart for Happiness 3:20
13. Council Meetin' 2:29

Paul Weller - Vocals/Guitar
Mick Talbot - Keyboards/Piano/Hammond organ
Ben Watt - Guitar
Chris Bostock - Double Bass
Steve White - Drums
Billy Chapman - Saxophone
Barbara Snow - Trumpet
Hilary Seabrook - Saxophone
Tracey Thorn - Vocals
Dee C. Lee - Vocals
Dizzy Hites - Rap
Bobby Valentino - Violin

THE STYLE COUNCIL

VeNDReDi
The Cardigans "Emmerdale" (1994)
ou "Swing & Dream & Pop!"

De petits suédois à peine sortis de l'adolescence pour une dream pop délicieusement lounge et rétro ? Vous avez sans doute entendu parler des excellents Cardigans mais connaissez-vous leur opus débutant, Emmerdale ?
Oubliez le cocker, oubliez le titre emprunté à un soap britannique, Emmerdale c'est avant tout de la musique, légère comme une bulle de champomy ou de canada dry, du sixties swinging London dans la suède des années 90, un anachronisme charmant.
Et surtout une voix mutine et câline, celle d'une toute jeune Nina Persson (20 ans !) qui a le physique qui va avec, en plus. Et ensuite des compositions et des arrangements (signés Peter Svensson, 20 ans itou) qui ne laissent nullement entrevoir la jeunesse de leur auteur qui maîtrise comme un vieux briscard cette fusion de pop et de swing jusque dans une relecture inspirée du Sabbath Bloody Sabbath de Black Sabbath qu'on reconnaît mais qui a tout de même subi un ripolinage en règle. Il y a évidemment d'autres très belles chansons, l'emballage joyeux d'un Sick & Tired ou d'un Rise & Shine, la douceur feutrée de Black Letter Day, After All et Celia Inside.
Tout ceci, dont une production (signée Tore Johansson) sachant mettre en valeur les qualités du quintet, de précieux arrangements encore enrichis par d'utiles guests, et un album qui donnera le la de ses deux successeurs qui, cependant, n'en posséderont pas la touchante naïveté si typique des premiers essais. Emmerdale recommandé ? Mais carrément !

1. Sick & Tired 3:24
2. Black Letter Day 4:31
3. In the Afternoon 4:10
4. Over the Water 2:13
5. After All... 2:56
6. Cloudy Sky 4:07
7. Our Space 3:30
8. Rise & Shine 3:28
9. Celia Inside 3:34
10. Sabbath Bloody Sabbath 4:32
11. Seems Hard 3:56
12. Last Song 3:21

Lars-Olof Johansson - acoustic guitar, piano
Bengt Lagerberg - percussion, bassoon, drums, recorder
Nina Persson - vocals
Magnus Sveningsson - bass
Peter Svensson - bass, guitar, percussion, piano, arranger, conductor, vocals, bells, vibraphone
&
David Åhlén - violin
Ivan Bakran - grand piano
Lasse Johansson - guitar, piano
Tore Johansson - trumpet, producer, beats
Jens Lingård - trombone
Anders Nordgren - flute

THE CARDIGANS

SaMeDi
Helena Noguerra "Née dans la Nature" (2004)
ou "Belle de Nature"

Ha ! Être un lion câliné par la belle Helena !, s'entendre susurrer "je t'aime salaud"... un petit goût de paradis. Mais venons-en à la musique et laissons l'aspect fantasmatique de côté, pas le choix.
Et vantons les mérites de cette collaboration de 2004 avec ce doux dingue de Philippe Katerine, une collaboration qui n'est pas alors une nouveauté puisque, déjà, Projet:Bikini et Azul (et plus tard Fraise Vanille, hommage à Serge Rezvani) avaient bénéficié de ses grâces compositionnelles et son savoir-faire d'arrangeur particulièrement compatibles avec les visées pop de mademoiselle Noguerra qui y apparaît comme une anti-Carla Bruni puisque maniant aussi bien la sensualité, la fraicheur que l'humour en plus d'avoir une voix, une vraie voix pour la french pop puisque c'est, fondamentalement, ce que Née dans la Nature nous offre. Et qu'on ne voudrait pas autre chose d'ailleurs parce que, groovy ou folk, ces chansons sont autant de douceurs sucrées qui vous fondent dans l'oreille et vous enrobent le cervelet dans un nuage rose barbapapa. Et oui, même quand on attaque la reprise très réussi du pourtant agaçant, dans sa version originale, I Just Can't Get You Out of My Head, de l'australienne de poche Kylie Minogue, ici dégraissé, "dé-clubisé" pour un résultat extrêmement probant et satisfaisant prouvant que, sous la bouse, se cachait bel et bien la grâce. Bien vu Philippe et Helena ! Et bravo, en fait, pour l'ensemble d'un album varié, réussi de bout en bout qu'on se passe, encore et encore, avec l'assurance de la satisfaction répétée.
Ha ! Être un lion câliné par la belle Helena !, s'entendre susurrer "je t'aime salaud"... un petit goût de paradis... Facilement accessible à l'écoute de ce Née dans la Nature ô combien réussi et recommandé, qu'on se le dise !

1. Née dans la nature
2. L'âge de ma mère
3. Je t'aime salaud
4. Mary poppins
5. Can't Get You Out of My Head
6. Le jardin près de la falaise
7. Aux quatre vents
8. Les fantômes
9. Quand tu dors
10. Je nageais nue
11. Qui es-tu ?
12. C'est parapluie (en duo avec Fifi Chachnil)

Helena Noguerra - chant
Philippe Katerine - guitares, chœurs
Philippe Eveno - guitares, chœurs
Christophe "Disco" Mink - guitare basse, keys, contrebasse, harpe, chœurs
Christophe Lavergne - batterie
&
Olivier Libaux - guitare (12)
Fifi Chachnill - chant (12)


HELENA NOGUERRA

L’Automne Mange-Disques - 7 Légendes

$
0
0
Il y a des albums qu'on ne devrait plus avoir à présenter, des essentiels qui doivent faire l'unanimité... C'est ce que propose ce second exposé automnal qui part un peu dans tous les sens musicalement mais qui, qualitativement, a l'aiguille fermement visée vers le firmament. Enjoie !

DiMaNCHe
Miles Davis "Kind of Blue" (1959)
ou "La Révolution Tranquille de Master Miles"

C'est l'album le plus vendu de toute l'histoire du jazz, c'est un album, surtout !, qui pousse les genres et les limites et atteint des sommets de grâce insoupçonnés. Ha oui, Miles Davis a fait fort avec ce Kind of Blue, très fort.
Déjà il y a le groupe, de rêve, avec une paire de saxophonistes à faire baver d'envie tout amateur de jazz qui se respecte, on parle bien entendu du tenor John Coltrane, pas encore la légende qu'il deviendra mais déjà l'instrumentiste d'exception que ne tardera pas à révéler Giant Steps, et de l'altiste Cannonball Adderley qui s'affiche presque aussi haut au panthéon du jazz de référence que le précité, Bill Evans au piano, auquel on doit l'aspect jazz modal vers lequel glisse ici Miles, et une section rythmique presque aussi mythique composée de Paul Chambers (basse) et Jimmy Cobb (batterie). Dans le genre, on a rarement fait mieux. Ensuite il y a les compositions, seulement cinq mais dont toutes (toutes !) sont depuis devenues d'immortels classiques, deux d'entre-elles étant cosignées par Miles et son divin pianiste. Enfin, il y a la magie des sessions elles-mêmes où, en deux petites journées, 2 mars et 22 avril 1959, la magie opéra au-delà des plus folles espérances des divers protagonistes. Rajoutez à ce jazz d'anthologie, racé, mélodique mais tout de même extrêmement recherché, révolutionnaire même si on retrouve divers aspects déjà développés par Miles dans ses précédentes explorations cool, les bonus essentiels de la présente édition anniversaire et vous comprendrez sans peine qu'ici le bonheur est complet et l'album un indéniable sommet dans une année pourtant riche en sensations fortes (merci Brubeck, Ornette et Mingus !). En vérité, voudrait-on dire du mal qu'on n'y arriverait pas, même avec la plus exemplaire mauvaise-foi.
Évidemment, Miles connaîtra moult autres heures de gloire mais jamais plus, allez peut-être avec Bitches Brew et sa fusionnante révolution, il ne parviendra à cumuler vision prospective et grâce mélodique comme sur ce Kind of Blueéternel, intouchable, et obligatoire, évidemment.

Disc 1
1. So What 9:22
2. Freddie Freeloader 9:46
3. Blue in Green 5:37
4. All Blues 11:33
5. Flamenco Sketches 9:26
6. Flamenco Sketches (Alternative take) 9:32
7. Freddie Freeloader (Studio Sequence) 0:53
8. Freddie Freeloader (False start) 1:27
9. Freddie Freeloader (Studio Sequence 2) 1:30
10. So What (Studio Sequence) 1:55
11. So What (Studio Sequence 2) 0:13
12. Blue in Green (Studio Sequence) 1:58
13. Flamenco Sketches (Studio Sketches) 0:45
14. Flamenco Sketches (Studio Sketches 2) 1:12
15. All Blues (Studio Sketches) 0:18

Disc 2
1. On Green Dolphin Street 9:50
2. Fran-Dance 5:49
3. Stella by Starlight 4:46
4. Love for Sale 11:49
5. Fran-Dance (Alternative Take) 5:53
6. So What (Live) 17:29

Miles Davis - trumpet
Julian "Cannonball" Adderley - alto saxophone, except on "Blue in Green"
John Coltrane - tenor saxophone
Bill Evans - piano (except "Freddie Freeloader")
Paul Chambers - double bass
Jimmy Cobb - drums
&
Wynton Kelly - piano on "Freddie Freeloader"

MILES DAVIS

LuNDi
Led Zeppelin "Led Zeppelin IV" (1971)
ou "Pinacle"

Alors, pour commencer, comment l'appelle-t'on cet album ? Led Zeppelin IV pour le label, plus prosaïquement le 4ème album pour Page et Plant, Zoso parce que c'est ainsi que le symbole de Page semble se prononcer, 4 Symboles pour d'autres en rapport aux idéogrammes choisis pour chaque membre, ou encore Sans Titre et Runes pour ceux que les autres ne satisfont pas. Un beau bordel pour une œuvre finalement typique de ses créateurs où gros hard rock à riffs irrésistibles, folk rock délicat, power ballad référentielle et blues se disputent la tête d'affiche.
Parce que, oui !, il a tout ce quatrième opus d'une carrière déjà bien lancée, déjà couronnée de succès d'une formation qui ne montre pas le moindre signe d'affaiblissement. Du hard rock légendaire qui sait aussi bien envoyer le bois que faire dans la finesse (Black Dog, Rock and Roll, Misty Mountain Hop, Four Sticks), de l'épique qui commence par vous flatter la feuille avant de décoller (Stairway to Heaven), de jolis arpèges pour servir une non moins jolie mélodie (Going to California), du blues sans électricité qui se promène entre le delta du Mississippi et l'Angleterre rurale (The Battle of Evermore), du blues quasi-progressif aussi (When the Levee Breaks) et rien qui ne soit autre chose que splendide, impressionnant, immortel... Enorme ! La cohésion du groupe, chacun tenant son rôle avec un talent qui laisse bouche bée sans jamais tenter de tirer la couverture à lui, la production parfaite (signé d'un Jimmy Page capitaine naturel du navire), et même, donc, l'énigmatique pochette, contribuent à faire de l'opus un objet de culte justifié en plus d'un immense succès commercial ô combien mérité.
Rajoutez-y, dans sa version définitive (ou pas...) de 2014 un cd de bonus pas exactement essentiel mais permettant d'agréablement prolonger l'expérience, à coup de mix alternatifs essentiellement, dans un remaster de fort belle qualité qui plus est (un poil au dessus de l'édition précédente qui satisfaisait pourtant déjà) et vous obtiendrez ce qu'il est convenu d'appeler un obligatoire, un immanquable, tout simplement. Led Zeppelin IV ? Si tu ne l'as pas, tu as raté ta vie !

1. Black Dog 4:54
2. Rock and Roll 3:40
3. The Battle of Evermore 5:51
4. Stairway to Heaven 8:01
5. Misty Mountain Hop 4:38
6. Four Sticks 4:44
7. Going to California 3:31
8. When the Levee Breaks 7:07

Bonus Disc
1. Black Dog (Basic Track with Guitar Overdubs) 4:34
2. Rock and Roll (Alternate Mix) 3:39
3. The Battle of Evermore (Mandolin/Guitar Mix From Headley Grange) 4:13
4. Stairway to Heaven (Sunset Sound Mix) 8:03
5. Misty Mountain Hop (Alternate Mix) 4:45
6. Four Sticks (Alternate Mix) 4:33
7. Going to California (Mandolin/Guitar Mix) 3:34
8. When the Levee Breaks (Alternate U.K. Mix) 7:08

John Bonham - drums
John Paul Jones - bass guitar, electric piano, mellotron, mandolin on "Going to California", recorders, EMS VCS 3, acoustic guitar on "The Battle of Evermore"
Jimmy Page - electric and acoustic guitars, mandolin on "The Battle of Evermore",
Robert Plant - lead and overdubbed backing vocals, tambourine, harmonica on "When the Levee Breaks"
&
Sandy Denny - vocals on "The Battle of Evermore"
Ian Stewart - piano on "Rock and Roll"

LED ZEPPELIN

MaRDi
Pink Floyd "The Dark Side of the Moon" (1973)
ou "Face Cachée, Référence Reconnue"

Qu'écrire sur celui-ci qui ne l'est jamais été ? Que dire d'un album unanimement reconnu comme un des plus marquants de l'histoire de la pop music, toutes périodes et tous genres confondus ? Alors on écoute ce beau trip expertement concocté en studio par des musiciens qui ne savaient peut-être pas exactement où ils allaient (ce sont les 70s et leurs expérimentations échevelées) mais y allèrent avec une grâce rarement rencontrée. Et on apprécie, évidemment, la restitution stéréophonique parfaite d'une discovery editionô combien bienvenue. Le reste ? C'est de la littérature, une pochette mythique (signée Storm Thorgerson, bien entendu), un psychédélisme progressif en forme de machine à rêver qui continue à faire son effet bœuf plus de 40 ans après la sortie de la chose... Légendaire ! C'est tout ça et bien plus The Dark Side of the Moon, huitième long-jeu d'un Pink Floyd qu'on n'a jamais connu à pareille fête et, vu ce qui s'annonce, rien que Wish You Were Here et Animals !..., ça ne fait que commencer. Incontournable, obligatoire, essentiel, etc. Trop de mots pour vous dire que, quelque soit votre goût d'élection, il vous le faut !

1. Speak to Me 1:30
2. Breathe 2:43
3. On the Run 3:30
4. Time (containing Breathe (Reprise)) 6:53
5. The Great Gig in the Sky 4:15
6. Money 6:30
7. Us and Them 7:51
8. Any Colour You Like 3:24
9. Brain Damage 3:50
10. Eclipse 2:03

David Gilmour– vocals; guitars; VCS 3
Nick Mason– percussion; tape effects
Richard Wright – keyboards; vocals; VCS 3
Roger Waters– bass guitar; vocals; VCS 3; tape effects
&
Dick Parry– saxophone on "Us and Them" and "Money"
Clare Torry– vocals on "The Great Gig in the Sky"
Doris Troy– backing vocals
Lesley Duncan – backing vocals
Liza Strike – backing vocals
Barry St. John – backing vocals

PINK FLOYD

MeRCReDi
The Clash "London Calling" (1979)
ou "Punk Legend"

Que se passe-t-il lors que quatre punk originels décident d'élargir notablement le spectre de leur art sonique ? Ben, London Calling des Clash bien-sûr, un album justement entré dans la légende.
Or donc, The Clash, après deux brillantissimes albums de punk avéré, des plus séminaux que le genre connut ce qui n'est pas peu dire, se lancent dans l'ouverture (et pas seulement vers le reggae seconde mamelle naturelle du punk british) avec tout l'enthousiasme de leur juvénile énergie et tout le savoir-faire de musiciens déjà roués, et, tudiou !, le font-ils bien !
Dans les faits, comme le coup d'avant où ils avaient recruté le plus que producteur de Blue Öyster Cult, Sandy Pearlman, les londoniens surprennent en engageant Guy Stevens plus connu pour ses divers travaux, de metteur en son à manager, pour Procol Harum, Mott the Hoople, Free ou Spooky Tooth. Surprennent , vraiment ? Pas tant que ça si on se rappelle l'implication de Stevens dans une démo de début de carrière dès 1976. Pour conclure sur le sujet technique et Stevens en particulier, on mentionnera les louanges qui lui furent tressés par le quatuor qui ira jusqu'à dire que, sans Guy, l'album n'aurait pas été aussi populaire, ou réussi.
Musicalement, c'est un Clash en pleine cure de découverte de genres nord-américains anciens, nommément rockabilly, jazz et rhythm'n'blues qui met en pratique ses nouvelles marottes tout en continuant à développer son punk rock vers un classic rock qui lui va bien au teint en n'oubliant évidemment pas le reggae et le ska qui sont déjà dans les acquis de son répertoire. Le tout, dont toujours l'essentielle verve sociale et politique d'un Strummer ici magistralement confirmée par un talent de plume encore accru (c'est en forgeant, etc.), est un kaléidoscope sans faux-pas d'influences aussi évidentes que bien digérées et magnifiquement recrachées par un groupe qui, certes, a largement tempéré ses passés emportements électriques mais fait cependant toujours montre d'une énergie et d'un allant tout à fait communicatifs dans le détail duquel on ne rentrera pas pour laisser à ceux qui n'y aurait pas encore gouté le bénéfice de la divine surprise les autres sachant évidemment de quel festin il s'agit.
Double album à raison légendaire, chef d'œuvre ultime d'un punk rock en pleine évolution qui ne tardera pas à manquer de carburant ou à muer radicalement (chez Clash comme chez la plupart de leurs contemporains), London Calling est ce qu'il est convenu d'appeler un immanquable, un album que tout un chacun se doit de posséder quelque soit "la chapelle à laquelle il prie" tout simplement parce que, excellent de bout en bout, il constitue un haut-fait indéniable de la musique du XXème siècle.

1. London Calling 3:19
2. Brand New Cadillac 2:09
3. Jimmy Jazz 3:52
4. Hateful 2:45
5. Rudie Can't Fail 3:26
6. Spanish Bombs 3:19
7. The Right Profile 3:56
8. Lost in the Supermarket 3:47
9. Clampdown 3:49
10. The Guns of Brixton 3:07
11. Wrong 'Em Boyo 3:10
12. Death or Glory 3:55
13. Koka Kola 1:46
14. The Card Cheat 3:51
15. Lover's Rock 4:01
16. Four Horsemen 2:56
17. I'm Not Down 3:00
18. Revolution Rock 5:37
19. Train in Vain 3:09

Joe Strummer– lead vocals, backing vocals, rhythm guitar, piano
Mick Jones– lead guitar, piano, harmonica, lead and backing vocals
Paul Simonon– bass guitar, backing vocals, lead vocals on "The Guns of Brixton"
Topper Headon – drums, percussion
&
Mickey Gallagher– organ
The Irish Horns– brass

THE CLASH

JeuDi
Talking Heads "Remain in Light" (1980)
ou "The Crown on the Heads"

Remain in Light, c'est le chef d’œuvre des Talking Heads, un album où la formation new yorkaise largue les amarres, se laisse aller à expérimenter comme il le veut, à progresser au-delà de tout ce qu'on pouvait imaginer.
Bon, tout avait commencé avec le transitoire Fear of Music 1 an plus tôt mais c'est bien ici que tout prend magnifiquement forme. Alors, qu'est-ce qui fait que la chrysalide accouche d'un si beau papillon ? L'assurance grandissante d'une formation qui, à expérimenter, reprend chaque fois goût à son art ? Probablement. La reconduite d'une équipe qui, se connaissant mieux, se laisse d'autant plus facilement aller à sortir de sa supposée zone de confort ? Sûrement. La qualité du songwriting d'un David Byrne progressant à pas de géant ? Forcément.
L'assurance d'abord parce qu'en 1980 les Talking Heads sont des instrumentistes de plus en plus accomplis dont les convictions prospectives furent grandement renforcées par la série de succès consécutifs que connaît leur carrière. L'équipe ensuite, parce qu'avec la participation, pour la 3ème fois !, d'un Brian Eno qui a su amener dans sa valise quelques excellents collègues (dont le précieux Adrian Belew alors dans un King Crimson tout récemment reformé, la fois précédente, c'était Fripp qui s'y était collé). Et les chansons, bien sûr, ha ! les chansons !, la belle collection d'icelles avec, pour commencer, le tube de la mort dont on n'a toujours pas réussi à se lasser (Once in a Lifetime) peut-être grâce à son texte sarcastique, plus sûrement parce qu'on peut y danser pas idiot et que la mélodie vous accroche immédiatement pour ne plus jamais vous lâcher. Et le reste, évidemment, dont l'introductif Born Under Punches et ses flaveurs africaines et même afrobeat, The Great Curve où l'art-rock de King Crimson rencontre le tribalisme aventureux de Fela, un Listening Wind un rien dub, définitivement progressif. Etc. Dont les bonus de la présente édition dont un Fela Riff qui en dit beaucoup sur les obsessions musicales d'alors de Byrne et de ses compagnons. Et puis, forcément, comme c'est Eno à la console, et que le remaster a été soigneusement concocté, ça sonne du feu de Zeus sans jamais faire dans le tape à l’œil typique de débutantes 80s. Clairement, les Talking Heads ne sont plus ici punk, ou new wave, ou quoique ce soit, worldbeat par exemple, que vous souhaiteriez les étiqueter, ils sont eux-mêmes, une congrégation d'individus unis pour le bon et le meilleur encore se fichant royalement d'être rattachés à quelque chapelle que ce soit.
Les Talking Heads, et même Byrne en solo qu'il ne faut surtout pas négliger, feront d'autres excellents albums, rien à jeter chez les Têtes, pas grand chose chez David, mais n'atteindront plus jamais la grâce de leur, seulement, 4ème album studio, un Remain in Light dont on entend encore les échos chez moult artistes contemporains (Vampire Weekend au premier plan d'iceux) après lequel rien ne fut plus tout à fait pareil. Un classique que ça s'appelle et que si vous ne l'avez pas encore, vous savez dorénavant ce qu'il vous reste à faire, et vite !

1. Born Under Punches (The Heat Goes On) 5:49
2. Crosseyed and Painless 4:48
3. The Great Curve 6:28
4. Once in a Lifetime 4:23
5. Houses in Motion 4:33
6. Seen and Not Seen 3:25
7. Listening Wind 4:43
8. The Overload 6:02
Bonus
9. Fela's Riff 5:19
10. Unison 4:50
11. Double Groove 4:28
12. Right Start 4:07

David Byrne - lead vocals, guitars, bass guitar, keyboards, percussion, vocal arrangements
Jerry Harrison - guitars, keyboards, backing vocals
Tina Weymouth - bass guitar, keyboards, percussion, backing vocals
Chris Frantz - drums, percussion, keyboards, backing vocals
&
Brian Eno - bass guitar, keyboards, percussion, backing vocals, vocal arrangements
Nona Hendryx - backing vocals
Adrian Belew - guitar
Robert Palmer - percussion
José Rossy - percussion
Jon Hassell - trumpets, horns

TALKING HEADS

VeNDReDi
Pixies "Doolittle" (1989)
ou "Faitbeaucoup"

Pour vous parler de cette essentielle réédition deluxe de 2014 du Doolittle des Pixies, qui fêtait alors son 25 anniversaire, je laisse la place à l'excellent artcile paru à l'époque dans les Inrocks :
Si vous avez été débraillés, bordéliques, hirsutes, électrocutés et heureux comme un pape en 2014, alors le Père Noël vous apportera la réédition, riche en maquettes révélatrices, du sublime Doolittle des Pixies, chef-d’œuvre de rock orgasmique toujours influent. Critique et écoute.
En 2014, on aura donc largement commémoré les 20 ans de l’année 1994, l’un des très grands millésimes dans le calendrier du rock. Mais ce n’est pas une raison pour oublier les 25 ans de l’année 1989, pas mauvaise non plus, et entrée dans l’histoire pour trois disques au moins : Bleach de Nirvana, 3 Feet High and Rising de De La Soul, Doolittle des Pixies. A priori, pas de rapport évident entre les deux premiers – rock sombre et famélique d’un côté, hip-hop hédoniste et bricolo de l’autre.
Mais a posteriori (et avec un peu d’imagination), on peut pourtant voir le troisième comme un morphing des deux premiers : Doolittle des Pixies, ou la rencontre entre la rage électrique primaire de Nirvana (que Kurt Cobain avait aussi apprise dans les deux premiers disques abrasifs des Pixies) et la coolitude candide, fantasque et ultra mélodique de De La Soul. Frank Black (chanteur et leader du groupe) nous l’a dit l’an dernier, et on ne l’a pas contredit : Doolittle est son album préféré des Pixies.
Dès le moment où on a fait les demos, je me souviens les avoir écoutées avec Joey (Santiago, le guitariste) dans son appartement, on savait qu’on avait de très bonnes chansons en chantier, que l’album serait bon et que ça allait marcher. C’était notre épiphanie, et c’était bon à vivre.
Ce que Frank Black n’a pas dit, c’est quelle(s) chanson(s) de Doolittle il préfère. Et là, c’est le choix impossible. Ce disque, le troisième des Pixies, est un best-of du groupe à lui tout seul. Quinze chansons sur l’album original, et pas une plus faible que les autres. Des chansons en forme d’acrobaties et de loopings (merci l’irremplaçable Kim Deal à la basse et aux chœurs), mais pas un moment creux sur cet album. De Debaser à Gouge away, en passant par les inoubliables Wave of Mutilation, Monkey Gone to Heaven ou La La Love You, l’album parfait, l’avalanche de tubes intimes, la joie totale.
Cette musique évoque alors autant le punk-rock que les Beach Boys ou un orchestre mariachi. Équilibre improbable et jubilatoire, une forme de surréalisme de science-fiction appliqué au rock indé, la visite d’un parc d’attractions sur la Lune, l’acmé du rock arty chaud, aventurier. Philip K. Dick en a rêvé, les Pixies l’ont fait. Pas de contestation, ni de révisionnisme possibles : à l’époque de Doolittle, les Pixies sont le meilleur groupe du monde. Cet album a collé un grand sourire un peu fou sur la face du rock, puis il a traversé les années en apesanteur, comme un funambule sur un fil élastique. L’épiphanie n’est pas finie, ni fanée.
Déjà, cet album sorti il y a vingt-cinq ans n’a jamais vieilli, contrairement aux brames de bête blessée de Nirvana, par exemple. On ne le réécoute pas pour se souvenir d’une époque, mais à chaque fois comme si c’était la première. Ces jours-ci, Doolittle a droit à une réédition anniversaire qui s’annonce définitive.
On y trouve l’album original, un deuxième disque qui rassemble treize faces B et Peel Sessions, ainsi qu’un troisième disque avec vingt-deux formidables demos, presque toutes inédites, présentant les chansons de Doolittle à différents stades de leur genèse – où l’on mesure le rôle essentiel du producteur Gil Norton, qui allait donner de la chair, de la souplesse, des couleurs et un goût d’éternité aux chansons des Pixies. Frank Black :
Au tout début de notre carrière, on avait une énorme énergie et un tout petit son. Puis avec Steve Albini (producteur des deux premiers disques, Come on Pilgrim et Surfer Rosa), on a gardé l’énergie, avec un son plus gros, plus puissant, plus agressif, mais encore assez décousu. Avec Gil Norton, on a gardé l’énergie et la puissance, mais il a su faire émerger la douceur, le côté pop, les mélodies. On est passés à un troisième niveau avec lui.
Bref : en cette année 2014 où les Pixies (sans Kim Deal) ont repris la route et sorti un vrai nouvel album (Indie Cindy, honorable sans être crucial), la réédition de Doolittle est le cadeau de Noël idéal pour les enfants et leurs parents, et pour tous ceux qui croient vraiment que ce singe est parti au paradis.

CD 1 - Album
1. Debaser 2:52
2. Tame 1:55
3. Wave of Mutilation 2:04
4. I Bleed 2:34
5. Here Comes Your Man 3:21
6. Dead 2:21
7. Monkey Gone to Heaven 2:56
8. Mr. Grieves 2:05
9. Crackity Jones 1:24
10. La La Love You 2:43
11. No. 13 Baby 3:51
12. There Goes My Gun 1:49
13. Hey 3:31
14. Silver 2:25
15. Gouge Away 2:45

CD 2 – B-Sides & Peel Sessions
1. Dead (Peel Session 09/10/88) 3:18
2. Tame (Peel Session 09/10/88) 1:58
3. There Goes My Gun (Peel Session 09/10/88) 2:18
4. Manta Ray (Peel Session 09/10/88) 1:49
5. Into the White (Peel Session 16/04/89) 4:11
6. Wave of Mutilation (Peel Session 16/04/89) 2:31
7. Down to the Well (Peel Session 16/04/89) 2:14
8. Manta Ray (Monkey Gone to Heaven B-Side) 2:04
9. Weird at My School (Monkey Gone to Heaven B-Side) 1:58
10. Dancing The Manta Ray (Monkey Gone to Heaven B-Side) 2:14
11. Wave of Mutilation (UK Surf) (Here Comes Your Man B-Side) 3:02
12. Into the White (Here Comes Your Man B-Side) 4:43
13. Bailey's Walk (Here Comes Your Man B-Side) 2:24

CD 3 – Demos
1. Debaser 3:00
2. Tame 2:01
3. Wave of Mutilation (first demo) 2:04
4. I Bleed 1:46
5. Here Comes Your Man (1986 demo) 3:07
6. Dead 1:35
7. Monkey Gone to Heaven 2:52
8. Mr. Grieves 1:42
9. Crackity Jones 1:21
10. La La Love You 2:08
11. No. 13 Baby - VIVA LA LOMA RICA (first demo ) 2:17
12. There Goes My Gun 1:29
13. Hey (first demo ) 3:22
14. Silver 2:11
15. Gouge Away 1:42
16. My Manta Ray Is All Right 2:03
17. Santo 2:17
18. Weird at My School (first demo) 1:53
19. Wave of Mutilation 1:03
20. No. 13 Baby 3:07
21. Debaser (first demo) 3:37
22. Gouge Away (first demo) 2:08

Black Francis– vocals, rhythm guitar, acoustic guitar
Kim Deal – bass guitar, vocals, slide guitar on "Silver"
Joey Santiago – lead guitar, backing vocals
David Lovering– Drums, lead vocals on "La La Love You", bass guitar on "Silver"
&
Arthur Fiacco– cello on "Monkey Gone to Heaven"
Karen Karlsrud – violin on "Monkey Gone to Heaven"
Corine Metter– violin on "Monkey Gone to Heaven"
Ann Rorich – cello on "Monkey Gone to Heaven"

PIXIES

SaMeDi
Neutral Milk Hotel "In The Aeroplane Over The Sea" (1998)
ou "Indie Top"

Il y a un malade nommé TitoOO qui a fait une chronique parfaite du dernier album de la sélection hebdomadaire, pas fainéant mais indéniablement opportuniste, Le Zornophage ne pouvait pas passer à côté de cette aubaine et vous livre, tel quel, ce billet paru en novembre 2006 sur XSilence.net. Enjoie !
Neutral Milk Hotel est le groupe de Jeff Mangum, songwriter génial et membre fondateur du collectif Elephant6, dans lequel il développe une fuzz-folk saturée qui frôle parfois le punk ("King Of Carrot Flowers Pt.2", "Holland 1945"...).
L'album évolue dans un décor de début du siècle dernier, abordant les thèmes de la folie, la mort... supporté par la voix de J. Mangum, teintée d'un accent inconnu et instable. Le sens des paroles n'est pas toujours simple à saisir, bourrées d'images et de références, au Journal d'Anne Frank, à la guerre et à la religion entre autres ; mais l'émotion passe, l'horreur dépeinte est envahissante.

01/02. "The King Of Carrot Flowers Pt.1, 2 & 3".
Cette première chanson se compose de trois parties réparties sur deux pistes du cd. Dans la première partie il est question de la jeunesse du "King Of Carrot Flowers", la couleur est annoncée dès ce premier titre : le cannibalisme des parents 'Your mom would stick a fork right into daddy's shoulder', et la relation probablement incestueuse que le personnage entretient avec le narrateur que l'on peut supposer être son frère ou sa soeur.
La deuxième partie a soulevé beaucoup de controverses, c'est une sorte de prière dans laquelle Jeff Mangum chante 'I love you Jesus Christ'. Mangum explique dans les notes de l'album qu'il n'est en aucun cas question de religion dans le fond et qu'il faut se reporter à la dernière phrase de la dernière chanson pour en comprendre le sens. JC est utilisé comme un symbole, un être qui disparaît après avoir fait son possible pour sauver.
La troisième partie nous conte l'histoire d'une amitié entre un chien et une étrange machine volante...
03. "In The Aeroplane Over The Sea"
"What a beautiful face I have found in this place...", ainsi commence la chanson qui porte le nom de l'album. Plus lumineuse que les autres, cette ballade est tout de même survolée par l'ombre de cet avion qui dispersera les morceaux des cadavres des deux personnages au dessus de l'océan.
04. "Two Headed Boy Pt.1"
Quelque part dans un laboratoire sombre, un garçon à deux têtes, conservé vivant dans un bocal, frappe de petits coups contre le verre dans l'espoir que quelqu'un le trouve et l'aide, à suivre...
05. "The Fool"
Un instrumental écrit par Scott Spillane, à la trompette dans le groupe, à l'origine destiné à être la bande son d'un court métrage réalisé par l'un de ses amis. C'est un concentré du talent de Spillane, qui donne à ce disque ses airs de cirque des horreurs.
06. "Holland, 1945"
Une jeune fille et sa soeur sont enterrées vivantes, côte à côte, dans un camp de concentration, quelques semaines avant que les armes ne viennent et pleuvent sur tout le monde. Elle se réincarne en un garçon en Espagne qui joue sur un piano rempli de flammes, son frère, décédé lui aussi, refuse de se réincarner pour ne pas avoir à subir une nouvelle fois toute l'horreur de l'humanité.
07. "Communist Daughter"
J'ai un peu de mal à saisir la petite histoire de cette petite chanson.
08. "Oh Comely"
Idem, la chanson se termine par une histoire distincte du reste : Deux soeurs siamoises perdues dans la forêt, sont la proie du froid et d'une bête qui viendra les dévorer, elles acceptent leur fin de toute manière inévitable et se réconfortent sachant que même dans l'estomac de ce monstre, elles resteront unies.
09. "Ghost"
Même après la mort, on continue de vivre dans l'esprit et les souvenirs lumineux des personnes qui nous ont aimé.
10.
Un deuxième instrumental mêlant joie et chaos.
11. "Two Headed Boy Pt.2"
...la suite donc, une fille trouve le petit garçon à deux têtes, elle lui offre des tomates pour le nourrir, ainsi qu'un poste de radio pour le distraire. Mais ce petit garçon condamné à vivre dans un bocal doit accepter la vie de cette fille, incompatible à la sienne, et ne pas la haïr lorsqu'elle se lève pour s'en aller...
 
Un disque terrifiant et magnifique à la fois, qui n'a pas eu le succès qu'il méritait, mais qui a marqué tous ceux qui s'y sont penchés. Jeff Mangum tient grâce à lui une bonne place parmi les plus grands songwriters.
A écouter au moins une fois dans sa vie.

1. The King of Carrot Flowers Pt. One 2:00
2. The King of Carrot Flowers Pts. Two & Three 3:06
3. In the Aeroplane Over the Sea 3:22
4. Two-Headed Boy 4:26
5. The Fool 1:53
6. Holland, 1945 3:15
7. Communist Daughter 1:57
8. Oh Comely 8:18
9. Ghost 4:08
10. Untitled 2:16
11. Two-Headed Boy Pt. Two 5:13

Jeff Mangum – vocals, guitar, bass guitar, organ, floor tom, tape, shortwave radio, art direction
Jeremy Barnes – drums, organ
Julian Koster – Wandering Genie organ, singing saw, bowed banjo, accordion, white noise
Scott Spillane– trumpet, trombone, flugelhorn, euphonium, horn arrangements
&
Robert Schneider– home organ, air organ, bass, backing vocals, piano, horn arrangements
Laura Carter– zanzithophone
Rick Benjamin – trombone
Marisa Bissinger– saxophone, flugelhorn
James Guyatt– percussion
Michelle Anderson – Uilleann pipes

NEUTRAL MILK HOTEL

L’Automne Mange-Disques - 7 Introductions

$
0
0
7 introductions pour ouvrir les oreilles sur le monde, celui qui va du passé au présent, de l'orient à l'occident, du contemplatif au festif, du savant au profane... 7 introductions via 7 compilations pour un bonheur qui va durer. Enjoie !

DiMaNCHe
Various Artists "Minimalistes" (1990)
ou "Peu(t) Beaucoup"

Une merveille de petite compilation permettant de faire connaissance avec quelques uns des plus fiers représentants de la musique classique contemporaine nord-américaine (et même presque exclusivement new-yorkaise, présentement) dans ce qu'elle a de plus retenu ? C'est Minimalistes de chez Virgin Classics, et c'est vachement bien. Vachement bien parce qu'avec, l'air de rien, une sélection extrêmement maline, les standards de chacun essentiellement, mais pas totalement convenue non plus, l'addition du nettement moins connu The Frontier de Dave Heath est la bienvenue, c'est à un court mais bien pensé tour d'horizon auquel nous avons affaire, avec donc une musique qui, pour assimilée à l'avant-garde qu'elle soit, n'en est pas moins mélodique et abordable. Au bout de l'expérience, de John Adamsà Philip Glass en passant par Steve Reich, on n'aura qu'une envie, explorer plus avant ces univers différents aux promesses auditives infinies. Bref, dans le genre "...for Dummies" (à ne surtout pas conseiller aux experts !), voici une compilation qui se pose un peu là, et une expérience par conséquent fort recommandée.

John Adams "Shaker Loops"
1. Shaking And Trembling 7:59
2. Hymning Slews 5:22
3. Loops And Verses 7:52
4. A Final Shaking 3:42
Philip Glass "Façades"
5. Façades 7:48
Steve Reich  "Eight Lines"
6. Eight Lines 17:56
Philip Glass "Company"
7. Movement 1 2:36
8. Movement 2 1:53
9. Movement 3 1:58
10. Movement 4 2:30
Dave Heath "The Frontier"
11. The Frontier 8:13

PHILIP GLASS

LuNDi
Various Artists "Anthology of Indian Classical Music, a Tribute to Alain Daniélou" (1997)
ou "Visions of India"

Sortie à l'origine en 1962 (premier disque de musique indienne largement disponible en occident d'ailleurs), consciencieusement rééditée en 1997 avec un nouvel artwork et un livret actualisé mais aujourd'hui hélas difficilement trouvable, l'Anthologie de la Musique Classique de l'Inde, comme son patronage par l'Unesco l'indique, est une collection audio/anthropologique toujours aussi nécessaire à l'amateur de sons non-corrompus par une vile occidentalisation. Et tout ça grâce à un homme, Alain Daniélou (wikipédiez !, un parcours assez incroyable), qui, par sa passion et son expertise convainquit la maison précitée de financer la captation et la publication d'un témoignage viscéralement vrai. Un témoignage (dans la réédition de 1997 au moins) qui se déroule géographiquement permettant à l'auditeur, qui ne manquera pas de suivre le passionnant livret comme le compagnon qu'il est, d'apprécier les nuances et particularismes des instrumentistes chaque région mais aussi le gros tronc commun qui les unissent. Évidemment, dans le cercle des spécialistes des musiques du monde, cette Anthologie de la Musique Classique de l'Inde (notez le "classique" au passage, le parallèle avec son équivalent occidental n'est pas là par hasard) est avant tout connue pour avoir proposé les toutes premières apparitions de celui qui deviendra le Ponte des musiciens du sous-continent, Ravi Shankar, mais, vraiment, même si c'est par fois un peu rude parce que roots de chez roots, c'est l'entièreté de ces trois galettes qu'on recommande, recueil précieux d'une musique aujourd'hui en voie de disparition depuis que les mac machins, les big trucs et autres sodas mondialisés sont venus tout gâcher...

CD 1
NORTH
1. Le Mode Bhairavi (Raghunath Prasanna, Durga Prasanna, Katvaru Lal) 3:17
2. Khyal (Mohin Ud Din Dagar, Amin Ud Din Dagar) 6:24
3. Le Mode Ahiri-Lalita (Ravi Shankar) 5:40
4. Le Mode Malkosh (Mishra Shyam Lal & D.K. Chatterji) 5:56
5. Le Mode Todî (Narayan Das Mishra & Mishra Shyam Lal) 3:39
6. Gat (Svami D.R. Parvatikar) 3:12
7. Tabla Solo (Chaturial) 3:26
8. Sitar, Sarode Et Tabla (Ravi Shankar, Ali Akbar Khan & Chaturial) 13:51
9. Alap (Mohin Ud Din Dagar & Amin Ud Din Dagar) 3:49
10. Le Mode Sindhi-Bhairavi (Ali Akbar Khan) 5:01

CD 2
1. Thumri (Raghunath Prasanna & Motilal) 3:21
2. Svara Mandala (Svami D.R. Parvatikar) 3:10
3. Bhajana (Nandan Prasad & Mishra Shyam Lal) 5:57
4. Le Mode Suha Kamode (Svami D.R. Parvatikar) 12:42
SOUTH
5. Jatisvaram (Bala Sarasvati Orchestra) 4:01
6. Alapana (P.R. Balasubrahmanyam) 2:30
7. Alapana (K.S. Pichiappa, K.M. Dakshinamurti, T. Subrahmanya Pillai & Muthu Kumaram) 3:18
8. Kriti (Kamala Krishnamurti) 5:00
9. Tirmana (K. Ganeshan) 0:59
10. Le Mode Varali (D. K. Pattammal, Tiruvallur Subrahmanyam, Palghat Kunjumani & Shiva Pattamal) 9:48
11. Ganesha Kumara (Budalur Krishnamurti Shastri, Varahur Muthusvami Aiyar & Tinniyam Venkatarama Aiyar) 4:34

CD 3
1. Pallavi (Mudi Kondan C. Venkatarama, Vellore Gopalachari, M. Chandrasekaran & Karaikudi Mutha) 6:06
2. Javali (T. Viswanathan & T. Ranganathan) 4:03
3. Pallavi (Unknown Artist) 9:02
4. Javali (D. K. Pattammal, Kalyan Krishna Bhagavatar & Karaikudi Muttu Aiyar) 2:52
5. Sdhincene (Kalyan Krishna Bhagavatar, Devakotai Narayana Iyengar & Karaikudi Mutha) 4:57
6. Varnam (Radha Shri Ram Orchestra) 4:00
7. Varnam (S. Vidya) 3:09
8. Varnam (Bala Saravasti Orchestra) 7:17
9. Sandehamunu (T. Viswanathan & T. Ranganathan) 4:49
10. Ninyako (Tiruvallur Subrahmanyam, D. K. Pattammal, Palghat Kunjumani & Shiva Pattamal) 4:25
11. Solo De Mridangam (Muthu Kumaram) 3:34
12. Jnana Vinayakané (Radha Shri Ram Orchestra) 1:42

ALAIN DANIELOU

MaRDi
Various Artists "Romania: Wild Sounds from Transylvania, Wallachia & Moldavia" (1997)
ou "Funfare!"

Ne vous laissez pas méprendre par le côté presque miséreux, un poil caricatural sans doute, d'une pochette pas franchement très engageante, Romania: Wild Sounds from Transylvania, Wallachia et Moldavia, au titre aussi vendeur que son emballage, donc, est une affaire festive et "emportante" comme on n'en croise pas si souvent. Présentement, c'est une folie de cuivres (forcément !), de violons, d'accordéons, de glockenspiel (etc.) qui vous entraine dans une folle sarabande où des thèmes relativement simples sont déclinés avec une énergie et un entrain tout à fait communicatif. Et donc, avec les plus belles fanfares Roms, dont évidemment le Taraf de Haiduks stars absolus du genre repérés initialement dans le Latcho Drom de Tony Gatlif, c'est à un magistral défilé d'une musique où la joie affichée cache souvent des larmes rentrées, être Rom ce n'est pas une sinécure, que nous sommes conviés, et à une exploration dont un livret bien fichu permettra à l'auditeur/lecteur d'en savoir un peu plus sur le contexte, les origines, etc. En un mot ? Recommandé !

1. Constantin Gherghina "Doină De Pe Valea Cernei" 3:02
2. Florea Pascu"Ca Pe Luncă / Brîu" 3:37
3. Florea Pascu"Corbea" 2:23
4. Ion Lăceanu "Cine Trece Pe Cîmpie" 1:35
5. Ion Lăceanu"Brîu" 1:20
6. Ion Lăceanu"Doină" 2:59
7. Dumitru Farcaș"Sîmbra Oilor" 5:21
8. Taraf Hodac"Joc Bătuta Lui Crăciun" 2:43
9. Taraf Hodac "Joc De Botă" 2:35
10. Taraf Mociu"Horea Oilor" 3:34
11. Taraf Mociu"Joc Țigănesc Și Învîrtită" 3:08
12. Ioan Marches & Florian Dumea"Polca De Învîrtit" 1:40
13. Nicolae Nemeș-Munteanu"Ardeleană De Doi" 1:30
14. Mărioara Muț"Nu-i Motru Că Știu Cînta" 4:00
15. Andrei Popa "Hora Secerii" 1:31
16. Lucretia Hort"Hora Păcurarului" 3:09
17. Ensemble Tulnicarese"Șipotul / Zdîrnăita In Doi / Rogojana" 1:43
18. Taraf de Haiduks"Sus La Paru Dintre Vii" 3:57
19. Taraf de Haiduks "Turcească" 7:07
20. Taraf de Haiduks "Rînd De Hore" 7:36
21. Fanfare Ciocarlia"Hora De La București" 1:48
22. Fanfare Ciocarlia"Geamparale" 2:14
23. Fanfare Ciocarlia"Ciocarlia" 3:05

TARAF DE HAIDUKS

MeRCReDi
Various Artists "Jazz Manouche Volume 1" (2005)
ou "Djangoisms"

Si six autres volumes suivront, c'est bien cette première levée de la collection de Wagram Music qui est la plus essentielle du lot, le greatest hits d'une série dont on conseillera tout de même l'entièreté à ceux qui se prendront au jeu. Forcément, ce genre de mélange who's who d'un genre, le jazz manouche donc, au spectre, admettons-le, tout de même relativement limité risque vite de tourner en rond. On avouera, présentement, être particulièrement sensible au brassage générationnel, à l'exploration dans le temps permettant à l'auditeur de constater par lui-même l'évolution d'un genre toujours entre rire et larmes, qui swingue mais en ayant conservé les lointains échos d'un folklore est-européen distant cousin jamais tout à fait renié parce que, finalement, ce jazz manouche est un vrai voisin du klezmer ashkénaze ou des élans tziganes des fanfares Roms. Mais, plus précisément, c'est avec Django et son Quintette Du Hot Club De France que tout commence, et tout découle de Django (comme le démontre la présence de sa descendance, d'ailleurs). Et, donc, voici, avec peu de surprises mais un casting all-star, avec surtout plein de bonne musique truffée de guitares et violons particulièrement joueurs, une excellente introduction au genre titulaire honoré par ce Jazz Manouche premier du nom qui a un sacré style. Une invitation qu'il serait idiot de refuser.

CD 1
1. Opus 4 "Django Joue Pour Moi" 4:43
2. Django Reinhardt"I'll See You In My Dreams" 2:30
3. Didier Lockwood "I Got Rythm" 3:18
4. Biréli Lagrène"When Day Is Gone" 4:25
5. Raphaël Fays"Ménilmontant" 3:52
6. Tchavolo Schmitt, Mandino Reinhardt, Sony Reinhardt "Paprika" 3:06
7. Francis-Alfred Moerman "Songe D'automne" 3:57
8. Ninine Garcia "Paquito" 3:15
9. Fapy Lafertin Quintet "Fleur De Lavande" 3:41
10. Romane "Danube" 3:06
11. Moreno Et Marina Quartet "Just A Gigolo" 3:21
12. De Piotto's"Sjüka Tjsai" 3:02
13. Rodolphe Raffalli"Je Me Voyais Déjà" 3:20
14. Martin Weiss Ensemble"Savoir Vivre" 4:15
15. Romane, Stochelo Rosenberg"La Promenade" 4:10

CD 2
1. Sanseverino "Il Suffisait de Presque Rien" 2:25
2. Lollo Meier Quartet"China Boy" 2:41
3. Patrick Saussois, Alma Sinti "Alma Sinti"2:35
4. Paulus Schafer Gipsy Band"After You're Gone" 4:01
5. David Reinhardt "Casting" 4:21
6. Am Katenes"Hans Che'Swing" 2:06
7. Les Doigts de l'Homme"Le Poinçonneur Des Lilas" 5:17
8. Ritary Ensemble"Blue Bossa" 5:57
9. Titi Demeter "Les Yeux Noirs" 2:08
10. Trio Givone "Hunn, o Pati Naschella" 3:49
11. John Jorgenson "Man Of Mystery" 3:40
12. Yorgui Loeffler "Minor Swing" 3:20
13. Hot Club USA"Stompin's at Decca" 3:59
14. Biréli Lagrène "Blues Clair" 2:43
15. Django Reinhardt & Le Quintette Du Hot Club De France"Nuages" 3:14

DJANGO REINHARDT


JeuDi
Various Artists "The Best of Blaxploitation" (2006)
ou "Watch That Groove!"

L'excuse est trop belle !, une anthologique collection de la funk/soul des années 70 (les meilleures !) avec comme prétexte l'utilisation de ses titres dans les divers films Blaxploitation (ou leurs héritiers tardifs). Évidemment, vendue pour une minuscule poignée d'euros, cette triple galette est emballée un peu cheap, une simple petite boites de carton, trois cédés glissés dedans, des livrets à minima, c'est pas l'extase côté présentation et information mais la musique rattrape aisément le coup, et puis à ce prix, impossible de (trop) faire la fine bouche, n'est-ce pas ? Parce que l'essentiel est bel et bien dans cette exquise collection de vrais standards soul/funk des seventies mais aussi d'autres dont on n'identifiait pas forcément les auteurs ou dont on ne connaissait carrément pas l'existence. Évidemment, on ne manquera pas de constater, même si on n'est pas un spécialiste de la chose, quelques gouffres trop béants pour un coffret se voulant le best of de la Blaxploitation. Comment, par exemple, ne pas se surprendre de l'absence d'un Isaac Hayes et de son inusable Theme from Shaft ? Ce vrai défaut mis à part, vouloir venter plus haut que son séant mais pour, répétons-le, un prix réellement modique, The Best of Blaxploitation est une belle collection soul/funk des années 70 qu'on choisira si on n'en a pas trop ailleurs.

CD 1
1. James Brown"The Boss" 3:12
2. Cymande "Brothers On The Slide" 4:10
3. Kool & The Gang "Jungle Boogie" 3:04
4. Marvin Gaye"'T' Plays It Cool" 4:28
5. Curtis Mayfield"Freddie's Dead" 5:25
6. Syl Johnson"Different Strokes" 2:22
7. Lightnin' Rod"Sport" 2:36
8. The Last Poets "It's A Trip" 4:46
9. The Politicians Feat. McKinley Jackson"The World We Live In" 4:20
10. Ike Turner's Kings Of Rhythm "Funky Mule" 3:22
11. Joe Tex"I Gotcha" 2:14
12. Mavis Staples"Chocolate City" 5:16
13. Pee Wee Ellis"Moonwalk" 2:44
14. The Meters"Tippi Toes" 2:27
15. Gil Scott-Heron Ft. Brian Jackson "Back Home" 2:52

CD 2
1. Curtis Mayfield "Superfly" 3:56
2. Eddie Kendricks "My People...Hold On" 5:38
3. The Temptations"Papa Was A Rollin' Stone" 5:10
4. Aaron Neville"Hercules" 4:14
5. Cymande "Bra" 5:06
6. The Notations"Super People" 3:47
7. Maceo & All The King's Men"Thank You For Letting Me Be Myself Again" 6:18
8. Johnny Pate"Brother On The Run" 1:58
9. Syl Johnson"Concrete Reservation" 2:26
10. Ohio Players"It's A Cryin' Shame" 2:22
11. The Rimshots "Neighbour! Get Your Own" 2:55
12. Maceo & All The King's Men"(I Remember) Mr. Banks" 5:28
13. Ripple "Get Off" 3:20
14. The Meters"Funky Miracle" 2:28
15. Lee Dorsey"Yes We Can Can" 4:49

CD 3
1. The Last Poets "When The Revolution Comes" 2:29
2. Gil Scott-Heron Ft. Brian Jackson"The Bottle" 5:14
3. Curtis Mayfield "Move On Up (Live)" 3:02
4. Sir Joe Quarterman & Free Soul "I've Got So Much Trouble In My Mind" 6:17
5. The Whatnauts"Why Can't People Be Colors Too?" 4:52
6. Ripple "A Funky Song" 3:20
7. Mickey Murray"Mama's Got The Wagon" 2:42
8. Alvin Cash"Doin' The Ali Shuffle" 2:59
9. Sir Joe Quarterman & Free Soul"Give Me Back My Freedom" 3:31
10. Ike & Tina Turner"Livin' For The City" 3:32
11. Ohio Players"Cold, Cold World" 3:45
12. Pee Wee Ellis"That Thang" 2:46
13. Moody Scott"(We Gotta) Bust Out Of The Ghetto" 6:14
14. Backyard Heavies"Soul Junction" 3:03
15. Leroy Hutson"Cool Out" 2:57

CURTIS MAYFIELD


VeNDReDi
Various Artists "Klezmer Music" (2007)
ou "Go East!"

Avec un joli line-up ceci dit tout sauf exhaustif (pas la moindre trace du label Tzadik de John Zorn pourtant une des toutes premières forces du sujet de la présente compilation par exemple), le Klezmer Music de la maison Wagram est un objet un peu cheap (livret, présentation générale, etc.) qui vaut surtout pour la musique qu'elle contient ce qui, admettons-le, est tout de même l'essentiel. Présentement découpé avec une option géographique pour chaque cd, le premier pour l'Amérique, le second pour l'Europe, la collection montre une forte inclinaison pour le versant contemporain du Klezmer, cette musique traditionnelle ashkénaze qui, souvent instrumentale, a fini par glisser vers le jazz comme exemplifié ici par un Frank London ou un David Krakauer (qui y ajoute même l'option hip-hop avec son pote Socalled !), le rock ou même l'electro. Heureusement, ce volet moderniste n'est pas l'exclusive proposition d'une collection explorant, outre l'avant-gardisme laissé donc de côté, toutes les nuances de la galaxie Klezmer via quelques une de ses plus belles formations. Bref, "à pas cher" une collection un peu sommairement présentée mais musicalement substantielle... ça ne se refuse pas, pardi !

CD 1 - Amérique
1. The Austin Klezmorim"Birobidjan" 4:19
2. The Epstein Brothers Orchestra "Hora And Sirba" 5:00
3. Sam Musiker"Sam Shpielt" 2:45
4. Joel Rubin Jewish Music Ensemble "Tsu Der Khupe Geyn (Going To The Wedding Canopy)" 7:05
5. The Klezmorim"Papirosn" 3:21
6. The Klezmatics"Nign" 3:30
7. Alicia Svigals"Kallarash" 2:47
8. Matt Dariau & Paradox Trio"Theo's Gambit" 9:41
9. David Krakauer & Socalled With Klezmer Madness! "Gypsy Bulgar (Live In Krakow)" 5:35
10. Sophie Solomon"Pin Pricks & Gravy Stains" 2:31
11. David Krakauer & Socalled"The Electric Sher" 3:53
12. Frank London's Klezmer Brass Allstars"Imayel Ya Khail" 2:59
13. So Called"Let's Get Wet" 3:18
14. Sophie Solomon & So-Called "Hassidish" 3:04
15. Brave Old World"Yikhes/Vinter 1942" 5:57

CD 2 - Europe
1. Budapest Klezmer Band "Le Chajem Rebe" 4:13
2. Amsterdam Klezmer Band"Immigrant Song [Remixed By Yuriy Gurzhy]" 3:01
3. Odessa Klezmer Band"A Fidulás Zsidó" 2:31
4. Aufwind "In Shteti Nikolajew" 4:13
5. Orchestra Of Tiszakóród"Szol A Kakas" 1:49
6. Di Gojim "Odessa Bulgar" 2:18
7. Constantin Lupu"Sapte Pasi" 0:55
8. The Ukrainian Brass Band From Vinnitsa "Freilik" 3:09
9. Salomon Klezmorim"Russian Memories" 4:26
10. Ensemble Kasbek"Oy Piydu Ya" 3:59
11. Rotfront Feat. L. Soybelman "Die Roboter" 4:35
12. Boom Pam "Gross" 4:48
13. Klezmer Sefardi"Miserlou" 4:30
14. Dobranotch"Dobryden" 5:35
15. Chava Alberstein"Guter Zikorn/Good Memory" 3:41

DAVID KRAKAUER

SaMeDi
Various Artists "Baroques Treasures" (2012)
ou "Baroque for Dummies"

Forcément destinés aux newbies (quoique son troisième disque élargisse nettement le spectre), Baroque Treasures est de ces compilations qui n'hésitent jamais à enfoncer un porte ouverte. Ainsi y retrouve-t'on les plus grand hits de la musique baroque avec du Vivaldi et du Bach en veux-tu en voilà, le Canon de Pachelbel (parce qu'on ne pouvait pas faire sans), et quelques pièces ô combien référentielles d'Handel ou de Purcell... Sans surprise. Mais donc, il y a ce troisième cd sur lequel la (bonne) maison Erato explore le versant "d'chez nous" du baroque, un chemin notoirement moins souvent suivi par ce genre de collection et une excellente idée en vérité qui fait de ce qui n'aurait sinon été qu'un best of convenu devient un outil de découverte plus qu'utile à toutes celles et tous ceux souhaitant éventuellement l'user comme d'une primo-exploration de l'époque (de 1600 à 1750, approximativement). Et "à pas cher" qui plus est !Aussi n'y-a-t'il pas plus à hésiter pour recommander aux nouveaux venus (j'insiste) ce Baroque Treasures un poil plus substantiel que ses équivalents disponibles et son postulat de base ne l'aurait laisser penser.

CD 1
1. Orfeo (Toccata) - Claudio Monteverdi 1:40
2. Serse (Frondi tenere...Ombra mai fù) - George Frederick Handel 3:06
3. Canon and Gigue in D major - Johann Pachelbel 3:38
4. Gigue - Johann Pachelbel 1:24
5. Gloria in excelsis Deo - Antonio Vivaldi 2:31
6. Three parts upon a Ground - Henry Purcell 5:09
7. Abdelazer, or The Moor's Revenge (Rondeau) - Henry Purcell 1:36
8. Laetatus sum (Psalm 121), RV 607 - Antonio Vivaldi 3:37
9. Concerto No. 1 in E major, RV 269 "Spring" (Four Seasons, Allegro) - Antonio Vivaldi 3:23
10. Concerto No. 1 in E major, RV 269 "Spring" (Four Seasons, Largo e pianissimo) - Antonio Vivaldi 2:35
11. Concerto No. 1 in E major, RV 269 "Spring" (Four Seasons, Danza pastorale (Allegro)) - Antonio Vivaldi 4:01
12. Concerto in G minor for Flute and Strings, Op. 10 No. 2, RV 439, "La notte" (Largo) - Antonio Vivaldi 1:32
13. Concerto in G minor for Flute and Strings, Op. 10 No. 2, RV 439, "La notte" (Presto (Fantasmi)) - Antonio Vivaldi 1:43
14. Concerto in G minor for Flute and Strings, Op. 10 No. 2, RV 439, "La notte" (Presto) - AntonioVivaldi 1:00
15. Concerto in G minor for Flute and Strings, Op. 10 No. 2, RV 439, "La notte" (Largo (Il sonno)) - Antonio Vivaldi 1:41
16. Concerto in G minor for Flute and Strings, Op. 10 No. 2, RV 439, "La notte" (Allegro) - AntonioVivaldi 2:15
17. Cantata "Wir danken dir, Gott, wir danken dir", BWV 29 (Sinfonia) - Johann Sebastian Bach - 3:40
18. Cantata "Herz und Mund und Tat und Leben", BWV 147 (Choral "Jesu bleibet meine Freude" (Jesu, joy of man's desiring)) - Johann Sebastian Bach 2:17
19. Orchestral Suite No. 3 in D major, BWV 1068 (Air) - Johann Sebastian Bach 4:06
20. Orchestral Suite No. 2 in B minor, BWV 1067 (Menuet) - Johann Sebastian Bach 1:18
21. Orchestral Suite No. 2 in B minor, BWV 1067 (Badinerie) - Johann Sebastian Bach 1:26
22. Brandenburg Concerto No. 2 in F major, BWV 1047 (Allegro) - Johann Sebastian Bach 4:55
23. Brandenburg Concerto No. 2 in F major, BWV 1047 (Andante) - Johann Sebastian Bach 3:23
24. Brandenburg Concerto No. 2 in F major, BWV 1047 (Allegro assai) - Johann Sebastian Bach 2:51
25. Solomon, HWV 67 (The Arrival of the Queen of Sheba) - George Frederick Handel 2:49
26. Messiah, HWV 56 (Overture (Grave - Allegro moderato)) - George Frederick Handel 3:36
27. Messiah, HWV 56 (Hallelujah (chorus) - George Frederick Handel 3:57

CD 2
1. Concerto No. 2 in G minor, RV 315, "Summer" (Four Seasons) (Allegro non molto) - Antonio Vivaldi 5:04
2. Concerto No. 2 in G minor, RV 315, "Summer" (Four Seasons) (Adagio) - Antonio Vivaldi 2:12
3. Concerto No. 2 in G minor, RV 315, "Summer" (Four Seasons) (Presto (Tempo impetuso d'Estate)) - Antonio Vivaldi 2:58   
4. Dixit Dominus Domino meo - George Frederick Handel 5:22
5. Sonata pian e forte alla quarta bassa, a 8 (from Sacrae Symphoniae) - Giovanni Gabrieli 5:15
6. Harp Concerto in B flat major, Op.4 No. 6 (Andante - Allegro) - George Frederick Handel 6:05
7. Harp Concerto in B flat major, Op.4 No. 6 (Larghetto) - George Frederick Handel 5:02
8. Harp Concerto in B flat major, Op.4 No. 6 (Allegro moderato) - George Frederick Handel 2:51
9. Miserere a 9 - Gregorio Allegri 13:23
10. Funeral Music for Queen Mary (March) - Henry Purcell 1:42
11. Funeral Music for Queen Mary (Thou knowest, Lord) - Henry Purcell 2:10
12. Funeral Music for Queen Mary (Canzona) - Henry Purcell 2:10
13. L' Incoronazione di Poppea (Pur ti miro) - Claudio Monteverdi 5:43
14. Orchestral Suite No. 3 in D major, BWV 1068    (Gavottes 1 & 2) - Johann Sebastian Bach 4:05
15. Orchestral Suite No. 3 in D major, BWV 1068    (Bourrée) - Johann Sebastian Bach 1:10
16. Orchestral Suite No. 3 in D major, BWV 1068 (Gigue) - Johann Sebastian Bach 2:31
17. Water Music Suite No. 2 in D major (Overture - Hornpipe) - George Frederick Handel 5:17

CD 3
1. Marche de Triomphe - André Danican Philidor 2:16
2. La Marche des Mousquetaires - André Danican Philidor 1:26
3. Symphonies pour le Festin Royal du Comte d'Artois (Suite in G minor: Contredanse) - André Danican Philidor 3:12
4. Quatrième Concert de simphonies in A major, Op. 4 No. 2 (Chaconne) - Antoine Dauvergne 5:07
5. Prélude pour le Te Deum - Marc-Antoine Charpentier 1:37
6. Messe propre pour les couvents de religieux et religieuses (Offertoire sur les grands jeux) - Louis Couperin 5:02
7. Regina coeli, H 32 - Marc-Antoine Charpentier 2:42
8. Panis Angelicus, C. 131 - Louis-Nicolas Clérambault 3:32
9. Requiem (Introit) - André Campra 3:13
10. In convertendo, motet (Tune repletium est gaudio nostrum) - Jean-Philippe Rameau 3:09
11. La Plainte, ou Tombeau de Mesdemoiselles de Visée, filles de l'auteur - Robert de Visée 4:12
12. Plainte sur la mort de Monsieur Lambert - Dubuisson (Jean Lacquemant) 5:19
13. Troisième Concert (Tambourins 1 et 2) - Jean-Philippe Rameau 2:16
14. Suite in G minor (Plainte (lentement)) - Marin Marais 3:21
15. Le Canal de Versailles (Ouverture) - André Danican Philidor 1:37
16. Isis (Air des trembleurs. L'hiver qui nous tourmente s'obstine à nous geler) - Jean-Baptiste Lully 1:53
17. Les Indes Galantes (Air de Zima: Régnez, plaisirs et jeux) - Jean-Philippe Rameau 3:15
18. Les Indes Galantes (Chaconne) - Jean-Philippe Rameau 5:36
19. Symphonies pour les soupers du Roi (Caprice de Villers-Cotterêts) - Michel-Richard de Lalande 16:10

J.-S. BACH

L'Automne Mange-Disques: 7 d'Irlande

$
0
0
Semaine de relâche pour le Zornophage (...en préparation de nouvelles aventures !) mais je ne vous abandonne pas tout à fait avec un re-up recadré d'un vieux post pour lequel on m'avait fait quelques requêtes d'actualisation. Et donc, voici 7 albums irlandais pour vous accompagner en ces frimas naissants... Idéal pour magnifier le crachin du moment, non ? Enjoie !

DiMaNCHe
Dr. Strangely Strange "Heavy Petting" (1970)
ou "Hippie Trip"

Probablement le plus imprévisible, et le plus hippie, des groupes de folk psyché rock/prog de la République d'Eire, Dr. Strangely Strange, les Incredible String Band de Dublin diraient certains, ils en sont assurément les plus proches cousins irlandais, est surtout sa propre voix/voie comme on le constat sur leur second long-jeu, l'excellent Heavy Petting.
La première chose qui frappe, dès The Ballad of Wasps, l'ouverture de l'album, est que Dr. Strangely Strange ne se force pas à être irlandais, c'est l'évidence, ces dublinois ne cherchent pas à composer de la folk, il y a du prog, du rock psychédélique à gogo dans leur musique, mais voilà, irlandais ils sont et ça s'entend dans la mélodie de chant, dans de petits décrochages solo, dans un esprit qui ne peut être que d'Eire. Ainsi, tout l'album, même sa pochette !, débordant de trouvailles et de fantaisie, a tout de ce à quoi on imagine qu'un amalgame naturel de l'Irlande éternelle et de l'explosion flower power de la fin des années soixante et débuts des années soixante-dix ressemblerait.
Dans le détail, le trio et ses nombreux invités (qui deviendra d'ailleurs quatuor dès son album suivant avec l'adjonction de Linus Greville en tant que membre de plein droit), nous propose 11 titres pour une quarantaine de minutes de musique, les compositions sont plutôt courtes mais toujours développées (ça bouillonne là-dedans, on vous a dit), allant de tentations folk bien naturelles (Jove Was at Home, When Adam Delved) à un psychédélisme de bon ton (Ballad of the Wasps) en passant par un peu de prog rock (Gave My Love an Apple), de pop (Kilmanoyadd Stomp) et même un petit coup de presque hard rock (Mary Malone of Moscow au riff quand même très hard). C'est varié et cohérent, excellemment bien joué par des instrumentistes certifiés (à noter la présence de Gary Moore, d'Andy Irvine de Planxty et de Dave Mattacks de Fairport Convention dans les guests).
Toujours suffisamment léger, dans le bon sens du terme, pour ne pas aliéner les plus sensibles, Heavy Petting est une belle réussite pour Dr. Strangely Strange qui, eussent-ils été des poulains d'une contrée moins éloignée de l'épicentre commercial qu'ils auraient probablement connu un tout autre destin que se retrouver plonger aujourd'hui dans un quasi-complet anonymat. Mais dans ces seventies débutantes, peu de groupes ou d'artistes parvenaient à transiter avec succès de leur verte Irlande vers la perfide Albion, et encore plus difficilement dans un Londres surpeuplé de toutes les tendances possibles et imaginables. Reste cette musique, chaudement recommandée.

1. Ballad of the Wasps 3:22
2. Summer Breeze 3:35
3. Kilmanoyadd Stomp 2:41
4. I Will Lift up my Eyes 1:50
5. Sign on my Mind 8:19
6. Gave my Love an Apple 6:05
7. Jove Was at Home 2:30
8. When Adam Delved 2:10
9. Ashling 4:40
10. Mary Malone of Moscow 3:52
11. Goodnight my Friends 1:12

Tim Booth - vocals, banjo, bass, guitar, keyboards
Tim Goulding - vocals, keyboards, recorder, violin
Ivan Pawle - bass, guitar, keyboards, Mandolin, tin whistle, vocals, whistle
&
Caroline "Linus" Greville - autoharp, percussion, vocals, whistle
Dave Mattacks - drums, percussion
Johnny Moynihan - bazouki
Heather Wood - vocals
Brendan Shields - bass guitar
Johnny Mounthay - bazouki
Brush Shiels - bass
Johanna - vocals, keyboards
Annie Christmas - keyboards, vocals
Gary Moore - guitar
Andy Irvine - mandolin

DR. STRANGELY STRANGE

LuNDi
Planxty "Planxty" (1973)
ou "La tradition a du bon"

Ils sont des ces traditionalistes du celtic folk irlandais, des gars simples qui ont simplement amplifié leurs instruments pour passer des pubs à la scène sans vraiment changer autre chose si ce n'est, peut être, le taux d'ébriété... De vrais bons irlandais qui sont capables de faire danser ou chialer dans sa Guiness, c'est aussi simple que ça Planxty.
Vous me direz qu'il y avait déjà les Dubliners voire les Chieftains pour ce genre de chose. Sauf que nos Planxty combinent, justement, le meilleur des deux sans aucuns des défauts. Des Dubliners, ils conservent une authentique "irlandité" mais pas les voix avinées et les interprétations parfois presque trop roots et, en vérité, un peu approximatives. Des Chieftains, ils conservent un certain esprit aventureux sans cependant glisser dans un faux-folk mainstream (pré-Corrs, quoi), qui a parfois entaché la carrière de ce groupe seulement épisodiquement recommandable. Planxty, eux, menés par la voix sûre et franche de Christy Moore, ne font pas d'épate ou de touristique, il font du vrai, reprennent surtout (une seule composition originale, The West Coast of Clare signée Andy Irvine) mais reprennent surtout excellemment des titres qui sont suffisamment rares, obscurs sauf à être un spécialiste du tradi-irish, pour qu'on les découvre jouées par des virtuoses du genre qu'on imagine, bien que ce soit leur premier album, largement roués à l'exercice pour avoir écumé pubs, kermesses et autres maison de la culture et de la jeunesse (ou leur équivalent d'Eire) et avoir ainsi su parfaire leurs techniques individuelles mais aussi leur interaction.
Sans avoir besoin de trop rentrer dans le détail parce que des chansons douces à fendre l'âme à celles plus directement destinées à faire danser, ou au moins chanter en chœur, tout est bon ici. Et ça nous donne, simplement, un des tous meilleurs albums de folk irlandaise de tous les temps. Qu'est-ce qu'on dit ? Merci et bravo Planxty !

1. Raggle Taggle Gypsy/Tabhair Dom Do Lámh 4:31
2. Arthur McBride 2:56
3. Planxty Irwin 2:19
4. Sweet Thames Flow Softly 4:15
5. Junior Crehan's Favourite/Corney is Coming 2:41
6. The West Coast of Clare 5:36
7. The Jolly Beggar/The Wise Maid 4:26
8. Only Our Rivers 4:08
9. Sí Bheag, Sí Mhór 3:36
10. Follow Me Up to Carlow 2:24
11. Merrily Kissed the Quaker 2:43
12. The Blacksmith 4:11

Christy Moore - vocals, guitar, bodhrán
Andy Irvine - vocals, mandolin, bouzouki, harmonica
Dónal Lunny - synthesizer, bouzouki, vocals
Liam O'Flynn - uilleann pipes, tin whistle

PLANXTY


MaRDi
Horslips "The Táin" (1974)
ou "War!...the Irish progressive way"

Un concept album de prog' folk d'Irlande ? Horslips vous dites ? En 1974 ? C'est à peu près la réponse que vous aurez même chez les amateurs de rock progressif qui ont sans doute atteint leur dose avec Jethro Tull, Fairport Convention et Steeleye Span, ce n'est pas une raison pour éviter cet exceptionnel The Táin qui fait plus que rivaliser avec ses collègues de la grande île.
Ceux qui ont écouté l'album sans vraiment le détailler compareront probablement. Horslips au combo d'Ian Anderson, c'est un complet résumé d'une immense fainéantise intellectuelle. Parce que là où l'agronome parfume son blues/hard/prog de flaveurs folkisantes, en grande partie grâce à la flûte tape-à-l'œil et la voix de gentleman farmer un peu braque d'Ian, Horslips inclut leur tradition séculaire (la folk irlandaise, donc) comme une composante fondamentale de le progressisme triomphant. Oui, triomphant !, parce que The Táin est un vrai concept album, où les chansons s'enchainent pour n'en faire qu'une, avec une vraie histoire (la retranscription d'une folk legend de la verte contrée) et un savoir-faire instrumental et compositionnel qui laisse littéralement baba.
Si on entre un peu dans le détail, qu'entend-on ? Un quintet en total contrôle de son art, pour ce qui n'est pourtant que leur second long-jeu et une œuvre ambitieuse qui plus est, qui, passé une intro un peu nimportnawesque (mais instrumentalement bluffante, déjà) enchainent heureusement sur un bel instrumental aux profondes racines celtiques explicitant, en 3 grosses minutes, ce que sera l'opus, un album absolument dantesque qui sait vraiment rocker (John Fean, est une fine gâchette de la six-cordes), ce qui était plus que nécessaire, obligatoire !, vu le thème guerrier du concept, sait aussi se perdre dans quelques glissements bienvenus (tous ces soli plus convaincants et trippants les uns que les autres) avant, bien sûr, de se retrouver sur de belles mélodies et des fondamentaux qui ne peuvent décemment être qu'irlandais.
Ceux qui pensent que Thick as a Brick est l'ultime concept album prog-folk feraient bien de se pencher sur The Táin est, il n'est pas impossible qu'ils changent d'avis... C'est dire s'ils sont bons, ces Horslips aujourd'hui presque oubliés.

1. Setanta 1:52
2. Maeve's Court 1:41
3. Charolais 4:03
4. The March 1:34
5. You Can't Fool The Beast 3:40
6. Dearg Doom 3:05
7. Ferdia's Song 2:44
8. Gae Bolga 1:12
9. Cu Chulainn's Lament 3:02
10. Faster Than The Hound 5:37
11. The Silver Spear 2:01
12. More Than You Can Chew 3:15
13. The Morrigan's Dream 3:25
14. Time To Kill 5:07
Bonus
15. Extended Live Sequence 16:37

Charles O'Connor - vocal, fiddle, mandolin
John Fean - guitar, vocals
Jim Lockhart - flute, keyboards
Barry Devlin - bass, vocals
Eamon Carr - drums, percussion

HORSLIPS

MeRCReDi
Rory Gallagher "Against the Grain" (1975)
ou "Donegal Blues"

Vous roulez peinard sur une large route rectiligne cernée de paysages désertiques, Rory Gallagher tonne dans le sound system et c'est bon.
Oui, il y a comme une errance, comme une pulsion nomadique dans le blues rock de l'irlandais. Ca sent la route, la sueur, le sang, la galère et les petits triomphes, tout ce qu'à connu Rory en fait.
Ca donne un paquet de chansons succulentes à commencer par le boogie plein d'allant d'ouverture, Let Me In, parsemé des performances guitaristiques pleines d'âme du lumineux père Gallagher pour qui même Hendrix ne tarissait pas de louanges. Passé le morceau d'ouverture, une bombe soit dit en passant, il y a d'excellentes choses et pas mal de variété sur Against the Grain. Du beat blues (Cross Me Off Your List), de la belle ballade électroacoustique (Ain't Too Good), du furieux shufflin' blues (Souped-Up Ford), de l'up-tempo "badaboumant" plein de sève (I Take What I Want), du gros blues binaire au piano western (All Around Man), de la splendeur folk acoustique (Out on the Western Plain), au country-blues final de l'album d'origine (At the Bottom), et à deux bonus absolument essentiels, une fois n'est pas coutume, Rory fait le métier, déroule tout le spectre de ses capacités instrumentales et compositionnelles, avec une classe folle évidemment !
Parce qu'en 1975, Gallagher est certes un professionnel roué, quelques années en leader du power trio Taste et quatre précédents albums solo studio ayant fait leur œuvre, mais toujours aussi inspiré et investi qu'en ses premières heures. Il aime ça le bougre, et il faut dire que, secondé par un quatuor désormais bien installé, celui-là même qui ravage tout sur le fameux Irish Tour de 1974, il a l'écrin idéal pour poser sa voix, faire pleurer ou frétiller les six cordes de sa vieille Stratocaster élimée.
Certains vous diront que Rory est déjà en phase d'essoufflement sur Against the Grain, que ses plus belles années sont derrière lui. Ne les croyez surtout pas ! Car on tient ici un fameux album de blues rock d'un fameux interprète de la chose. Garanti sur facture, satisfait ou remboursé !

1. Let Me In 4:03
2. Cross Me Off Your List 4:26
3. Ain't Too Good 3:54
4. Souped-Up Ford 6:24
5. Bought and Sold 3:24
6. I Take What I Want 4:22
7. Lost at Sea 4:06
8. All Around Man 6:14
9. Out on the Western Plain 3:53
10. At the Bottom 3:18
Bonus
11. Cluney Blues 2:12
12. My Baby, Sure 2:55

Rory Gallagher– guitars, vocals
Gerry McAvoy– bass guitar
Lou Martin– keyboards
Rod de'Ath– drums, percussion


RORY GALLAGHER

JeuDi
Thin Lizzy "Black Rose: A Rock Legend" (1979)
ou "Legendary"

Un classique ? Non ! LE classique, le magnum opus, l'album de référence, la cerise sur le gâteau, etc. On n'a de cesse de se répandre en compliments quand on en vient à évoquer le cru 79 de Thin Lizzy, l'énorme et aptement sous-titré, Black Rose: A Rock Legend.
Dans les faits, l'album voit le retour d'un de ses anciens guitaristes, un vieux compagnon de route de Phil Lynott et BrianDowney, Gary Moore. Renforcés par cet authentique guitar-hero, les petits gars en sortent tout boostés avec une galette où rien, rien !, ne déçoit, loin de là ! Parce qu'il a tout, ce Thin Lizzy là, du rock qui rentre dedans (Toughest Street in Town, Got to Give It Up, Get Out of Here), du qui funke juste ce qu'il faut (S & M), du single qui tue (Do Anything You Want to, Waiting for an Alibi), de la ballade jazzy (Sarah, pour la fille de Phil), du solide mid-tempo (With Love) et même, bonheur ultime, de l'épique celtique de compétition (Róisín Dubh (Black Rose): A Rock Legend)... Tout vous dit-on !
Et encore plus dans la version Deluxe, qui pour une fois porte bien son nom, où on retrouve, pêle-mêle, une face B prouvant que Thin Lizzy avait le choix, en plus (Just the Two of Us), du blues des mêmes sessions qui n'était pas encore arrivé jusque nos oreilles et qu'on ne savait pas ce qu'on perdait (A Night in the Life of a Blues Singer avec un solo de Gary, j'vous raconte pas !), du bon rock dans la provenance nous échappe (Rockula, ce titre !, sympathique si anecdotique), la version lente, avec le chant partagé entre Lynott et Moore, de Don't Believe a Word (qui ne vaut pas la rapide mais mérite quand même le détour, une version légèrement différente de Toughest Street in Town (avec un solo "branle ton manche" probablement de Gorham), et, la pièce de résistance, les sessions avortées à Nassau où on entend, ce qui est d'autant plus intéressant qu'on a quand même l'album, le vrai !, des versions légères où harmonica, percussions, des sons de guitare nettement plus légers viennent interférer avec l'énergie du groupe, sans doute l'influence climatique de ce ratage bahamien si loin des rudesses de leur verte patrie. Dire qu'on est heureux que ces sessions ne fussent pas jugées concluantes parce que, si on n'a rien contre Huey Lewis et son harmonica, ça ne fonctionne pas au-delà du plaisir presque voyeur de voir ce qu'on a évité, ouf ! Toujours est-il que ça fait de ce Deluxe une sorte de caverne d'Ali Baba tout à fait réjouissante qui fera probablement repiquer ceux qui avaient pourtant déjà le légendaire album.
Black Rose: A Rock Legend, est un immense album, le pinacle artistique de la carrière de Thin Lizzy, la plus belle formation irlandaise de hard rock de tous les temps. Une œuvre majeure qu'on recommande à tous ceux qui aiment le rock quelque soit la chapelle où ils prient. Oui, à ce point !

CD 1 - Album
1. Do Anything You Want To 3:53
2. Toughest Street in Town 4:01
3. S & M 4:05
4. Waiting for an Alibi 3:30
5. Sarah 3:33
6. Got to Give It Up 4:24
7. Get Out of Here 3:37
8. With Love 4:38
9. Róisín Dubh (Black Rose): A Rock Legend 7:06

CD 2 - Bonus
1. Just the Two of Us (B-side) 2:47
2. A Night in the Life of a Blues Singer (Longer version) 5:44
3. Rockula (Rock Your Love) 4:16
4. Don't Believe a Word (Slow version - Lynott/Moore vocals) 3:19
5. Toughest Street in Town (Different version) 3:58
6. S&M (Nassau, 1978) 3:18
7. Got to Give It Up (Nassau, 1978) 3:25
8. Cold Black Night (Nassau, 1978) 3:37
9. With Love (Nassau, 1978) 4:33
10. Black Rose (Nassau, 1978) 4:04

Phil Lynott– bass guitar, lead vocals, twelve-string guitar
Scott Gorham– lead guitar, rhythm guitar, backing vocals
Gary Moore– lead and rhythm guitar, backing vocals
Brian Downey– drums, percussion
&
Jimmy Bain– bass guitar on "With Love"
Huey Lewis– harmonica on "Sarah" and "With Love"
Mark Nauseef– drums on "Sarah"

THIN LIZZY

VeNDReDi
Stiff Little Fingers "Nobody's Heroes" (1980)
ou "Héros malgré eux"

Etre nord-irlandais et punk, ça t'a une cohérence, j'te raconte pas. Alors ne nous étonnons pas qu'une des plus belles réussites de la vague punk britannique vienne de Belfast, Ulster. Ce sont des Stiff Little Fingers dont il s'agit, évidemment.
Bon, ils arrivent un peu tard ces petits doigts gourds, un peu comme une autre excellente formation qu'on regrettera vite, les Ruts. Parce que Jake Burns et ses amis, apparus en 1979 avec un impeccable Inflammable Material, disparaitront en 1982 après un quatrième album, Now Then..., le seul ratage de leur run initial, qui gachera un peu la fête.
Mais pas de ça en 1980 où, malgré un punk rock passé de mode et remplacé, au choix, par un post-punk/new wave qui tournera bientôt synthpop ou les élucubrations 2Tone de quelques groupes passionnés de musique jamaïcaine qui se sont mis dans l'idée de faire renaître le ska d'antan. Au milieu de tout ça, les Stiff Little Fingers , le chaînon manquant entre les initiateurs et les héritiers de la seconde vague (comme les Ruts, tiens !), font mieux que résister, jusque dans leur hommage aux Specials (la reprise de Doesn't Make It Alright), ils sortent un album de vrai punk (avec un peu de reggae dedans, c'est souvent de coutume et ils ont repris Marley sur leur premier album, en plus) et en sont fiers ! Et ils ont toutes les raisons pour ça parce que, franchement, Nobody's Heroes, album de punk pas que politique, mais souvent politique quand même, est une immense déclaration d'intentions hargneuse à souhait mais pas idiot comme trop souvent chez les punks "par mode", dont il ne sont donc pas.
Il faut dire qu'avec un nouveau batteur bien meilleur que le précédent, Jim Reilly remplace Brian Faloon, un songwriting qui s'est affiné via les progrès de la collaboration entre Jake Burns et leur manager mais aussi journaliste Gordon Ogilvie, et une production qui rend la rage audible sans la castrer, ils ont le bon package, les belfastiens. Et d'excellentes chansons comme s'il en pleuvait donc avec, pour ne citer qu'eux, un Gotta Gettaway nerveux et mélodique, un At the Edge qui influencera tout la vague américaine punk dite mélodique (Green Day et tout ça), un Bloody Dub qui porte admirablement son nom et constitue un excellent break de mi-parcours, l'excellente reprise des Specials précitée, bien punkisées mais pas méconnaissable pour autant, et évidemment un Tin Soldiers aux relents presque celtic folk (dans la mélodie, l'énergie) qui demeurera un des plus grands classique du groupe, forcément, mais de tout le punk rock tout court.
Nobody's Heroes, comme ce qui le précède et le suit (Go for It, 1981) est une excellente galette de punk rock intelligent, racé, varié et mélodique, tout ce qu'on devrait attendre du genre, en somme, la fougue et le talent de ces agités nord-irlandais en plus.

1. Gotta Gettaway 3:37
2. Wait and See 4:28
3. Fly the Flag 3:46
4. At the Edge 2:59
5. Nobody's Hero 4:11
6. Bloody Dub 3:47
7. Doesn't Make It All Right 5:50
8. I Don't Like You 2:44
9. No Change 1:56
10. Tin Soldiers 4:46
Bonus
11. Bloody Sunday 3:24
12. Straw Dogs 3:30
13. You Can't Say Crap On The Radio 2:50
14. Jake Burns Interview by Alan Parker (13/6/01) Part Two 15:08

Jake Burns– vocals/guitar
Jim Reilly– drums
Henry Cluney– guitar
Ali McMordie– bass

STIFF LITTLE FINGERS


SaMeDi
Virgin Prunes "Over the Rainbow" (1985)
ou "Vive les Fous !"

Si la bonne dose d'étrangeté figurant sur leurs albums ne vous suffisait pas, voici une compilation des irlandais déments des Virgin Prunes. Ca va loin !
Et tous azimuts ! D'ambient minimaliste à la Eno (Red Nettle, Mad Bird in the Wood, Jigsawmentallama, Greylight), d'étrangetés punk ou new wave déstructurées et angulaires (Twenty Tens, Moments 'N' Mine, White History Book, Faculties of a Broken Heart), de tribalisme post-punk déjanté (Pagan Lovesong Vibe - Akimbo), de contines post-apocalyptiques (Children Are Crying), de sautillantes chansons synthpop dévoyées (King of Junk), à de totales bizarreries (Happy Dead et ses presque 14 minutes où on se demande souvent où Gavin Friday& Cie vont, un Revenge de douleur), les Virgin Prunes ont indéniablement de l'imagination et une capacité à ne finalement ressembler à personne tout en produisant, à quelques exceptions rencontrées vers la fin de la présente sélection, une musique qui s'écoute avec le bonheur de découvrir un étrange animal dans son milieu d'origine, une jungle urbaine malfamée, peuplée de créatures de tous sexes et de toutes apparences, un cirque des monstres qui n'a rien à envier à celui de Browning.
Tout ça fait d'Over the Rainbow une addition bienvenue à la collection d'albums de ces irlandais pas comme les autres.

CD 1
1. Red Nettle 2:18
2. Twenty Tens 2:27
3. Pagan Lovesong Vibe - Akimbo 6:52
4. Moments 'N' Mine 4:27
5. Mad Bird In the Wood 4:20
6. Children Are Crying 5:12
7. Jigsawmentallama 6:20
8. King of Junk 2:50
9. War 2:06
10. Greylight 4:23

CD 2
1. White History Book 3:43
2. Faculties of a Broken Heart 5:05
3. In the Greylight 2:50
4. Happy Dead 13:41
5. Revenge 3:36
6. Third Secret 4:19
7. Love Lasts Forever 11:26

Gavin Friday - vocals
Guggi - vocals
Dave-id Busarus - vocals
Dik Evans - guitar
Strongman - bass
Mary D'Nellon - drums

VIRGIN PRUNES

La fin ? Pas avant un petit rappel afrobeat !

$
0
0

"Ce n'est pas que l'envie manque, c'est surtout le temps qui fait défaut."

Voici un couplet que mes amis bloggers connaissent par cœur, qu'ils aient, eux-mêmes, été atteints de ce burn-out bloggistique ou l'aient constaté chez moult de leurs "collègues".
En vérité, cela fait quelque-mois que je "boucle" mon billet hebdomadaire à la dernière seconde, ayant parfois recours aux œuvres d'autres scribouillards mélomanes pour "faire la soudure". Et donc, ce n'est pas de gaité de cœur que je vous annonce mon retrait au moins provisoire. Éventuellement, parce que je ne veux pas vous abandonner ainsi, je pourrai procéder à quelques actualisations de vieux billets* mais ce sera probablement tout... Pour un certain temps ? Pour toujours ? Mystère.
Il me reste à remercier toutes celles et tous ceux qui ont participé, particulièrement ceux qui prirent, régulièrement, la peine de commenter (ce que je ne faisais pas forcément chez ceux qui avaient leur propre boutique, honte à moi !).
Au-revoir.

*comme c'est le cas ici avec la reproduction du billet qui avait été consacré à l'immense Fela




SoMMe D'HoMMe
Fela "The Complete Works of Fela Anikulapo Kuti" (2010)
ou "King of Africa"

C'est une petite boîte noire qui n'a l'air de presque rien. Une petite boîte noire avec un visuel d'une absolue sobriété et d'une complète précision de ce qu'elle nous réserve : The Complete Works of Fela Anikulapo Kuti, une somme !
Avant l'inévitable concert de louanges sur l'utilité du coffret et la qualité de la musique qu'il contient, commençons par quelques critiques. Premièrement, comme c'est quasiment toujours le cas des "intégrales", certes l'essentiel est là, toute la discographie officielle de l'immense Fela, mais il en manque dont le Stratavarious avec Ginger Baker, rien de dramatique mais on se devait de le signaler. Deuxièmement, il y a l'ordre étrange et les regroupements d'albums parfois distants de plusieurs années sur le même cd, ça s'explique par le fait que le coffret est en fait la compilation de trois tomes plus petits parus précédemment, toujours rien de dramatique sauf qu'il faut, si l'on souhaite explorer l'artiste en sa chronologie, jongler avec les 26 disques argentés. Troisièmement, enfin, il y a le côté un peu cheap d'un coffret, simple boîte de carton où chaque volume se présente dans son bête petit fourreau cartonné avec, quand deux albums sont au programme, des listes de titres qu'il faut aller piocher dans un des quatre livrets, un proposant une courte mais pas inutile biographie (en anglais), encore une fois pas dramatique mais pas exactement pratique... Et,  donc, les critiques sont toutes formelles, jamais substantielles parce que la musique de Fela, cette audacieuse et séminale fusion de tribalisme africain, de groove funk et de jams jazzy, est une potion magique qu'on ne peut que chaudement recommander. Comme on recommandera de se documenter sur la vie du monsieur, c'est un vrai roman épique, un machin digne des Misérables d'Hugo version Lagos et Républiques Bananières, afin d'encore mieux comprendre son élan créatif résistant et rebelle, un cri d'amour et de douleur, de haine et d'espoir, un cri si totalement africain qu'on comprend d'autant mieux le surnom de Black President qui fut donné à Kuti, qu'il embrassa pleinement d'ailleurs.
Avant de conclure, on précisera que le 27ème disque du coffret est un DVD titré A Slice of Fela qui compile extraits de documentaires, de concerts et d'interviews du maître et de proches du mythe (le chorégraphe et coauteur du Broadway Musical Fela!, Bill T. Jones, par exemple), une addition utile, sorte de cerise confite sur le gâteau précieux. Parce que, voilà, quoi, s'il faudra du temps pour explorer cette somme d'homme (bien entouré, l'homme !), moi-même qui m'y mets régulièrement depuis la sortie de l'objet n'en ait pas encore tout à fait fait le tour, c'est tout au bénéfice de l'auditeur qui se voit présentement offrir une immense œuvre d'un immense artiste.

Open and Close (1972)
Afrodisiac (1973)
CD 1 - "Open And Close / Afrodisiac"
1. Open & Close  14:55 
2. Swegbe And Pako  12:30 
3. Gbagada Gbagada Gbagodo Gbogodo  9:19 
4. Alu Jon Jonki Jon  12:41 
5. Jeun Ko Ku (Chop 'n Quench)  7:14 
6. Eko Ile  6:41 
7. Je Nwi Temi (Don't Gag Me)  13:15 

J.J.D (1977)
Unnecessary Begging (1976)
CD 2" - J.J.D. (Johnny Just Drop) / Nécessaire Begging" 
1. J.J.D. (Johnny Just Drop)  23:22 
2. Unnecessary Begging  16:11 
3. No Buredi (No Bread)  14:05 

Zombie (1977)
CD 3 - "Zombie" 
1. Zombie  12:26 
2. Mister Follow Follow  12:57 
3. Observation Is No Crime  13:25 
4. Mistake  14:46 

Underground System (1992)
CD 4 - "Underground System"
1. Underground System  28:27 
2. Pansa Pansa  17:20 
3. Confusion Break Bones  29:10 

Fela with Ginger Baker Live! (1971)
CD 5 - "Fela With Ginger Baker Live!"
1. Let's Start  7:47 
2. Black Man's Cry  11:38 
3. Yeye De Smell  13:16 
4. Egbe Mi O (Carry Me I Want To Die)  12:40 
5. Ginger Baker & Tony Allen Drum Solo  16:21 

Live in Amsterdam (1984)
CD 6 - "Live In Amsterdam"
1. M.O.P. (Movement Of The People)  37:04 
2. You Gimme Shit I Give You Shit  24:59 
3. Custom Check Point  16:02 

V.I.P. (1979)
Authority Stealing (1980)
CD 7 - "VIP / Authority Stealing"
1. V.I.P. (Part 1 & 2)  20:10 
2. Authority Stealing (Part 1 & 2)  24:08 

Yellow Fever (1976)
Na Poi (1976)
CD 8 - "Yellow Fever / Na Poi"
1. Yellow Fever  15:22 
2. Na Poi (1975 Version)  13:32 
3. Na Poi (Part 1 And 2)  25:17 
4. You No Go Die... Unless  7:34 

Alagbon Close (1974)
Why Black Man Dey Suffer (1971)
CD 9 - "Alagbon Close / Why Black Man Dey Suffer"
1. Alagbon Close  17:30 
2. I No Get Eye For Back  11:24 
3. Why Black Man Dey Suffer  15:15 
4. Ikoyi Mentality Versus Mushin' Mentality  12:57

Before I Jump the Monkey
Give Me a Banana (1976)
 Excuse O (1976)
CD 10 - "Before I Jump Like Monkey Give Me Banana / Excuse-O"
1. Monkey Banana  11:36 
2. Sense Wiseness  12:57 
3. Excuse 0  13:35 
4. Mr. Grammarticalogylisationalism Is The Boss  16:35 

Everything Scatter (1975)
Noise for Vendor Mouth (1975)
CD 11 - "Everything Scatter / Noise For Vendor Mouth"
1. Everything Scatter  10:34 
2. Who No Know Go Know  15:09 
3. Noise For Vendor Mouth  15:23 
4. Mattress  13:54 

Teacher Don't Teach Me Nonsense (1986)
CD 12 - "Teacher Don't Teach Me Nonsense"
1. Teacher Don't Teach Me Nonsense  25:48 
2. Look And Laugh  30:49 
3. Just Like That  22:17 

Koola Lobitos (1964/68)
The '69 Los Angeles Sessions (1969)
CD 13 - "Koola Lobitos 64-68 / The '69 Los Angeles Sessions"
1. Highlife Time  5:23 
2. Omuti Tide  3:51 
3. Ololufe Mi  5:18 
4. Wadele Wa Rohin  4:07 
5. Laise Lairo  4:14 
6. Wayo  4:43 
7. My Lady Frustration  7:01 
8. Viva Nigeria  3:47 
9. Obe  3:13 
10. Ako  2:43 
11. Witchcraft  5:27 
12. Wayo (2nd Version)  3:29 
13. Lover  6:11 
14. Funky Horn  4:44 
15. Eko  4:15 
16. This Is Sad  4:23 

Roforofo Fight (1972)
CD 14 - "Roforofo Fight / The Fela Singles"
1. Roforofo Fight  15:41 
2. Go Slow  17:24 
3. Question Jam Answer  13:40 
4. Trouble Sleep Yanga Wake Am  12:05 
5. Shenshema Answer  9:09 
6. Ariya  10:18 

Confusion (1975)
Gentleman (1973)
CD 15 - "Confusion / Gentleman"
1. Confusion (Part 1 & 2)  25:37 
2. Gentleman  14:41 
3. Fefe Naa Efe  8:12 
4. Igbe  8:08 

Shakara (1972)
Fela's London Scene (1971)
CD 16 - "Shakara / Fela's London Scene"
1. Lady  13:49 
2. Shakara  13:25 
3. J'Ehin J'Ehin  7:26 
4. Egbe Mi O  13:15 
5. Who're You  9:30 
6. Buy Africa  5:50 
7. Fight To Finish  7:25 

Expensive Shit (1975)
He Miss Road (1975)
CD 17 - "Expensive Shit / He Miss Road"
1. Expensive Shit  13:14 
2. Water No Get Enemy  11:00 
3. He Miss Road  10:47 
4. Monday Morning In Lagos  11:15 
5. It's No Possible  17:37 

Stalemate (1977)
Fear Not for Man (1977)
CD 18 - "Stalemate / Fear Not For Man"
1. Stalemate  12:55 
2. Don't Worry About My Mouth Oh  15:44 
3. Fear Not For Man  14:14 
4. Palm Wine Sound  15:17 

Ikoyo Blindness (1976)
Kalakuta Show (1976)
CD 19 - "Ikoyi Blindness / Kalakuta Show"
1. Ikoyi Blindness  15:08 
2. Gba Mi Leti Ki N'Dolowo  14:13 
3. Kalakuta Show  14:31 
4. Don't Make Garan Garan  16:04 

Upside Down (1976)
Music of Many Colours (1980)
CD 20 - "Upside Down / Music Of Many Colours"
1. Upside Down  14:44 
2. Go Slow  14:36 
3. 2000 Blacks Got To Be Free  18:38 
4. Africa Centre Of The World  17:31 

Beasts of No Nation (1989)
ODOO (1989)
CD 21 - "Beasts Of No Nation / ODOO"
1. Beasts Of No Nation  28:20 
2. O.D.O.O.  31:54 

Army Arrangement (1985)
CD 22 - "Army Arrangement"
1. Army Arrangement  30:01 
2. Government Chicken Boy  29:15 

Coffin for Head of State (1980)
Unknown Soldier (1979)
CD 23 - "Coffin For Head Of State / Unknown Soldier"
1. Coffin For Head Of State  22:43 
2. Unknown Soldier (Part 1 And 2)  31:09 

Shuffering and Shmiling (1978)
No Agreement (1977)
CD 24 - "Shuffering And Shmiling / No Agreement"
1. Shuffering And Shmiling  21:34 
2. No Agreement  15:31 
3. Dog Eat Dog  15:33 

Opposite People (1977)
Sorrow Tears and Blood (1977)
CD 25 - "Opposite People / Sorrow Tears And Blood"
1. Opposite People  16:39 
2. Equalisation Of Trouser And Pant  16:42 
3. Sorrow Tears And Blood  10:15 
4. Colonial Mentality  13:42 

Original Sufferhead (1981)

ITT (1980)
CD 26 - "Original Sufferhead / ITT"
1. Original Sufferhead  21:10 
2. Power Show  14:48
3. I.T.T.  24:03

Olufela Olusegun Oludotun Ransome-Kuti
15 October 1938 – 2 August 1997

(Pendant le hiatus) Repêchage : French Tradition

$
0
0
Pendant le hiatus, ça continue ! Et, donc, comme promis lors du billet d'au-revoir, Le Zornophage revient sur quelques demandes de réactualisations précédemment requises... Cette fois, c'est dans la musique traditionnelle française que nous retournons avec un bon gros coffret dans lequel se plonger corps et âme ou picorer... A vous de voir. Enjoie !

Une plongée dans le cœur d'une France en voie de disparition, un passionnant recueil mémoriel méthodiquement et précautionneusement compilé par un label qui ne pense pas qu'à son compte en banque, et un texte d'introduction critique (parce que les spécialistes le sont toujours) et juste (parce que ça finit bien), c'est la proposition du jour ! Enjoie !

V/A "FRANCE : UNE ANTHOLOGIE
DES MUSIQUES TRADITIONNELLES"
(1900-2009)

Et c'est donc à la plume de Luc Charles-Dominique (Cahiers d’ethnomusicologie) que je vous confie : "Lancé il y a au moins cinq ou six ans par Guillaume Veillet pour le compte des éditions Frémeaux & Associés, le vaste chantier France : une anthologie des musiques traditionnelles vient de connaître son aboutissement par une monumentale édition d’un coffret de dix disques. Projet pharaonique comme il en paraît un tous les dix ou vingt ans, et consacré à un domaine particulier, cette anthologie est le fruit d’une collaboration d’un nombre considérable de chercheurs et collecteurs individuels, d’associations (entre autres les Centres régionaux de musiques et danses traditionnelles) et d’institutions, au premier rang desquelles figure le MuCEM (Musée des civilisations d’Europe et de la Méditerranée, ex-Musée national des Arts et Traditions Populaires). Alternant avec un certain bonheur des chants de toutes sortes, des pièces instrumentales, des « paysages sonores » et quelques enregistrements anciens de rituels, chacun des dix disques offre à l’auditeur une exploration sonore de grande qualité, souvent dépaysante car renvoyant la plupart du temps à des époques lointaines et depuis longtemps révolues. Chaque disque est introduit par une petite présentation des principales caractéristiques musicales et culturelles de la zone abordée ; chaque pièce bénéficie d’une notice écrite avec concision et précision, permettant de contextualiser les divers enregistrements. Enfin, la provenance des phonogrammes est soigneusement indiquée, de même que, pour chaque disque, la mention de toutes les collaborations – mais, là, avec des oublis ou au contraire des mentions qui n’ont pas vraiment lieu d’être.
L’organisation de cette anthologie est telle que l’auditeur se voit contraint d’adopter le découpage « régional » : 1) « Bretagne (enregistrements réalisés entre 1900 et 2006)» ; 2) « France de l’Ouest (enregistrements réalisés entre 1956 et 2006) » ; 3) « Auvergne et Limousin (enregistrements réalisés entre 1913 et 1998) » ; 4) « Centre France (enregistrements réalisés entre 1909 et 1997)» ; 5) « Sud-Ouest (enregistrements réalisés entre 1939 et 2006)» ; 6) « Méditerranée (enregistrements réalisés entre 1935 et 2003) » ; 7) » Alpes, Nord et Est (enregistrements réalisés entre 1930 et 2006)» ; 8) « Corse (enregistrements réalisés entre 1916 et 2009) » ; 9) « France d’Outre-mer (enregistrements réalisés entre 1962 et 2007)» ; 10) « Français d’Amérique (enregistrements réalisés entre 1928 et 2004) ». Parti pris assez classique, mais qui présente l’inconvénient de « zoner », de territorialiser des pratiques musicales très diverses, de les essentialiser aussi. Et puis, un tel traitement est parfois cause d’incohérences difficilement justifiables. Ainsi, dans le disque « Méditerranée», on trouve des enregistrements de Patrick Mazellier réalisés dans le village d’Orcières (Hautes-Alpes), c’est-à-dire dans une culture alpine et montagnarde qui a bien peu à voir avec celle du littoral méditerranéen (il est vrai qu’ici, ce sont le Dauphiné et le Vivarais qui sont en « Méditerranée »), alors qu’il aurait peut-être été plus judicieux de les placer dans le disque suivant, mais dans lequel on a bien du mal à comprendre la logique géoculturelle qui a prévalu à l’établissement de la zone « Alpes, Nord et Est » définie comme suit : « Aire franco-provençale – Val d’Aoste, Suisse romande, Savoie, Lyonnais –, Franche-Comté, Alsace, Lorraine, Nord, Wallonie, Paris et le bal musette » ! De même, dans le texte introductif du disque « Sud-Ouest », la géographie de cette zone est présentée de telle façon que le Béarn et la Bigorre ne se trouvent plus en Gascogne, que le Quercy est déclaré attenant à l’Auvergne, alors qu’il l’est tout autant – sinon plus – au Limousin.
N’étant évidemment pas spécialiste de ces dix grandes zones, je serai dans l’incapacité de porter une appréciation précise et détaillée sur la représentativité musicale de chacune d’entre elles en regard des choix opérés par Guillaume Veillet. Dans celles que je connais le mieux (« Sud-Ouest » et « Méditerranée »), j’ai constaté des déséquilibres et des manques. Par exemple, dans le disque « Sud-Ouest », la dimension instrumentale est sous-représentée (même pas le tiers des pièces), avec une curieuse absence de toute référence au hautbois, alors que sont disponibles les enregistrements de Charles Alexandre aux hautbois de Bigorre, du Couserans et du Haut-Languedoc. Dans le disque « Méditerranée », aucune référence n’est faite aux marins et pêcheurs (il existe un air de procession des pêcheurs de Gruissan – Aude – pour la Saint-Pierre), à l’animation musicale et aux paysages sonores des jeux taurins, au jeu du violon en Languedoc, au hautbois des Cévennes, au fait que les Gitans sont soit andalous, soit catalans, etc. Mais il est vrai que vouloir dresser le portrait sonore d’un territoire en soixante-dix minutes, au-delà de la notion de « paysage sonore » que je considère personnellement comme une construction idéologique, méthodologiquement inopérante, demeure une formidable gageure.
Il y a néanmoins, dans toute cette « régionalisation » musicale, un fait notable qui dénote l’évolution positive que connaît l’ethnomusicologie de la France depuis déjà un certain nombre d’années. La « France » qui nous est présentée ici s’ouvre sur l’Outre-mer et aussi sur la francophonie nord-américaine. Certes, l’intérêt pour l’Outre-mer ne date pas d’aujourd’hui et l’auditeur trouvera dans le disque consacré à cette zone plusieurs enregistrements déjà anciens de Claudie Marcel-Dubois et Marie-Marguerite Pichonnet-Andral. Mais, jusqu’à une période assez récente, le revivalisme français des musiques et danses traditionnelles n’a pas suscité grande attention, dans l’ensemble, aux musiques de l’Autre, extra-hexagonales, hors « métropole ». Cependant, cette anthologie, dont la plupart des pièces soit sont anciennes, soit datent des années 1970 et 1980, ne s’écarte que trop peu encore des cultures musicales régionales de la France métropolitaine, qui sont ici à peu près toutes rurales, de surcroît. En effet, dans les huit premiers disques (235 phonogrammes au total), on n’entend en tout et pour tout que six pièces de musiques tsiganes, juive, d’émigrés polonais, grecs, etc.
Cette anthologie publie des enregistrements inédits et d’autres qui ont déjà été publiés. Les pièces inédites représentent 41 % des phonogrammes (120 sur 293). Ce qui est assez surprenant, c’est que la grande majorité des pièces publiées provient de CDs assez récents (96 pièces) ; 66 sont des publications d’enregistrements provenant de disques 33 tours ; seulement 11 sont des publications de 78 tours. D’une région à l’autre, le ratio entre inédits et publiés varie très sensiblement. Cet intéressant constat est très éclairant sur les niveaux des différents traitements régionaux de l’édition discographique des documents de collecte. Certaines régions, notamment à travers leurs Centres régionaux de musiques et danses traditionnelles ou certaines associations patrimoniales emblématiques et dynamiques, se sont dotées d’outils éditoriaux efficaces, comme par exemple les collections discographiques d’ethnomusicologie régionale, généralement estampillées « Atlas sonores ». Dans d’autres régions (parfois pour d’autres raisons), la publication des sources est moins avancée. De ce point de vue, le disque « Corse » est une magnifique réussite : il est presque entièrement inédit (20 inédits contre 4 enregistrements publiés dans des 33 tours) ! Au-delà de la beauté des enregistrements, son intérêt n’en est que plus important. Par ailleurs, j’ai été très surpris de la quantité des pièces inédites en provenance du MuCEM : 45 au total (soit environ un disque et demi), sans compter celles qui sont reproduites ici mais qui ont déjà été publiées. Ce n’est pas la présence de ce fonds qui me surprend car on connaît depuis maintenant un certain nombre d’années, avec Florence Gétreau dans un premier temps, puis avec Marie-Barbara Le Gonidec aujourd’hui, la volonté d’ouverture, de restitution des fonds aux régions, de collaboration éditoriale. Mais enfin, on se demande pourquoi le MuCEM, grande institution patrimoniale nationale, ne s’est encore jamais lancé dans une édition systématique de ses fonds ! On se prend à rêver d’une immense collection discographique, un peu à l’image de l’édition des archives d’Alan Lomax, qui serait de surcroît véritablement scientifique (avec comité éditorial).
Je terminerai avec deux critiques plus générales, l’une portant sur la présentation formelle de cette anthologie, l’autre sur son traitement documentaire. Le « coffret » dont il est question ici se résume en réalité en un large emballage cartonné ouvert sur un côté, dans lequel on glisse un à un les dix « boîtiers cristal » des CDs ! Présentation tristement indigente (je ne parlerai pas ici des illustrations des jaquettes conçues par Crumb et qui ne sont pas sans évoquer les années 1970 et leur culture underground) pour une réalisation qui n’a jamais connu de précédent et qui ne sera sans doute pas renouvelée de sitôt, pour un projet éditorial d’envergure internationale ! Au-delà de la présentation, c’est le traitement éditorial lui-même qui semble irrationnel. Ainsi, chaque disque possédant son livret (que l’on froisse ou que l’on arrache à chaque fois que l’on veut le consulter !), nous avons dix fois le même texte général de présentation de l’anthologie (les collectes historiques en France, le revival, etc.) et dix fois le même texte d’intention de la FAMDT (Fédération des Associations de Musiques et Danses Traditionnelles, l’un des partenaires de cette publication) ; un texte curieux d’ailleurs qui, en insistant fortement sur la nécessité d’utiliser aujourd’hui ces sources pour une création contemporaine, donne presque l’impression de « s’excuser » d’une publication à caractère aussi ethnomusicologique, ce qui me paraît en totale contradiction avec le projet éditorial lui-même.
En place de ces redondances, on aurait aimé trouver des textes beaucoup plus consistants sur l’histoire des collectes, la constitution du champ de l’ethnomusicologie de la France, le revival, etc. On aurait aimé lire un traitement documentaire réellement scientifique des enregistrements publiés. On ne peut pas mettre côte à côte une collecte de Ferdinand Brunot et une autre de Claudie Marcel-Dubois sans expliquer ce qui les différencie fondamentalement, au-delà des décennies qui les ont séparées. On ne peut pas publier des enregistrements de rituels par Claudie Marcel-Dubois sans se livrer à une anthropologie du sonore, même rapide. On ne peut pas présenter la flûte pìrula corse seulement comme « un instrument à vent taillé dans le roseau » ! Par ailleurs, plusieurs chants historiques ou complaintes sont déclarés non « traditionnels », tout simplement parce que certains sont signés, à l’instar d’une chanson écrite en 1856 et que chantait l’une des domestiques de George Sand. Guillaume Veillet nous précise alors : « Il ne s’agit en aucun cas d’une chanson traditionnelle.» Ne doit-on pas ici poser le problème différemment, en évitant à tout prix de reproduire d’une part les schémas folkloriques historiques, d’autre part de se référer à la notion problématique de « tradition », en usant de notions plus précises (non connotées) comme par exemple « formes orales standardisées », que Goody suggéra en son temps et qui me paraît ici beaucoup plus juste ? Une telle publication, qu’on le veuille ou non, est une édition d’ethnomusicologie. Elle se doit impérativement d’être présentée de façon rigoureuse et scientifique, au risque d’aboutir à un non-sens éditorial en cas contraire.
Que toutes ces petites critiques ne ternissent en rien l’immense plaisir que j’ai ressenti à l’écoute de ces nombreux disques, plaisir toujours enrichi de la découverte de ces pièces pour la plupart du plus haut intérêt. C’est une œuvre monumentale, titanesque, rare, qui vient d’être réalisée ici. Il faut en être reconnaissant à Guillaume Veillet, son concepteur et son réalisateur, et aussi à Frémeaux & Associés qui poursuivent ici une action patrimoniale utile et de grande ampleur.
"
Voilà, c'est critique donc. Et, comme promis, ça finit bien vous incitant comme il se doit à une plongée dans cet énoooorme objet.

Disque 1 Bretagne (1900-2006)
1. Antoinette Perrouin - Approchez Pour Entendre 2:24
2. Loeiz Ropars;  Pierre-Jean Motreff - Ni A Gano Hag A Zan So 1:46
3. Frañsou Menez - Airs De Bombarde Sonnés Par Léon Bihan 0:46
4. Benjamin Guigueno;  Louis Le Blond - Jabadao 2:59
5. Jeannette Macquignon - Entretien Avec Jeannette Macquignon 0:46
6. Jeannette Macquignon - Apportez-Nous A Boire 1:22
7. Rythmes De Battage Au Fléau 0:43
8. G. Kervella - Lavar Din Me Ta Paotr Yaouank 4:26
9. Alfred Gascard;  Groupe D'anciens De Saint-Vincent-Sur-Oust;  Victor Caro - Suite De Chants A Danser De Haute Bretagne 4:14
10. François Lefeuvre;  Louis Morin - Rond A Louis Ruellan 2:39
11. Marie-Josèphe Bertrand - Skolvan 8:33
12. André Bocéno - La Complainte De Saint Alexis 3:17
13. Marie Robic;  Paul Guéganic - Er Plah A Sant Karadeg 1:39
14. André Duhamel - Ma Merc'h Marie Louise 5:19
15. Alain Le Buhé;  Daniel Léon;  Jude Le Paboul - Merc'hed Ag Ar Ger Man 3:20
16. Félix Guégan;  Iwan Thomas - Dans Fanch Guilherm Domaz 1:27
17. Jeanne Goré;  Marie Lejanvre - Le Moulin Blanc/Cueillir Le Lin 1:01
18. M. Leray - Avant Deux De Travers Gavotté 0:33
19. Jean-Marie Manceau - Avant Deux Du Pays De Fougères 2:50
20. Groupe D'anciens Terre-Neuvas - Chansons Pour Curer Les Rins 1:37
21. Louis Niol - C'etait Par Un Lundi 3:25
22. Elie Guichard - On Mène La Mariée A L'eglise 2:28
23. Louis Le Bonniec - Yannig Kongar 5:39
24. Joseph Lucas - Je Me Suis Engagé 2:50
25. Lomig Donniou;  Manu Kerjean - Ar Verjelenn 5:45
26. Alain-Pierre Guéguen - Quatre Thèmes De Gavotte 2:27
27. Les Soeurs Goadec - D'omp D'an Un 2:04

Les Sœurs Goadec

Disque 2France de L'Ouest (1956-2006)
1. André Vivier - Il Est Arrivé En Paris 2:42
2. Eugène Heulin;  Jules Clouhet - Mazurka Java 1:49
3. Emile Boublin - Avant Deux Gavotté 1:36
4. Auguste Billaud;  François Jobard - Avant Deux Du Bocage 0:44
5. Madeleine Ducept - Mais Tout Autour De Ma Patrie 4:08
6. Pierre Broustière - Scottish De Sept 1:25
7. Léonce Létang - Appel De Labour Ou Raudage 1:36
8. Joseph Greillard - Quand Je Tiens La Bride De Mon Cheval 2:46
9. Providence Bouteau Dite "Maguesite" - Je Vais Vous Dire Ma Vie 1:03
10. Providence Bouteau Dite "Maguesite" - Sur Le Pont D'avignon 2:21
11. André Raimondeau;  Joseph-Gabriel Boucard;  Julien Saupault - La Violette Double 1:26
12. Louis Le Bellanger - J'ai Une Pomme Dans Mon Panier 1:53
13. Yvonne Hamel - Buvons A La Santé D'un Prince 2:39
14. Albert Averty;  Etienne Véronneau;  Jacques Pineau - Suite De Branles Maraichins 1:23
15. Gustave Mandin;  Michel Kerboeuf - Air De Maraichine 2:09
16. Maria Arnaudeau - Il Y A Plus Que Dix Filles Dans Un Pré 1:02
17. Monsieur Bourdet - Nous Voilà Bien Du Monde Ici 4:12
18. Denise Sauvey - Je M'en Fus Trouver Ma Maitresse 3:35
19. Pierre Burgaud - Un Jour Un Jour M'y Prend Envie 3:20
20. Les Echos du Val d'Yon - La Chevallereau 1:31
21. Eva Burgaud - Le Roi Renaud Revint De Guerre 4:35
22. Groupe Des Charitons De Saint-Léger-De-Rôtes - Ensemble De Tintenelles A La Sortie De La Messe 1:04
23. René Doublet - Bal De Saintonge 1:40
24. Marguerite Graindorge - Les Garçons Sont Trompeurs 2:31
25. Lucien Allard - Pas D'eté 1:31
26. Henriette Guillard - Dedans La Ville De Plaisantement 1:49
27. Aimé Bozier - La Marchoise 1:01
28. Raymond Taraud - Ce Sont Trois Jeunes Marins 2:35
29. Sirènes Lors Du Pardon Des Terre-Neuvas 0:52
30. Jack Le Feuvre;  John Le Feuvre - Ce Sont Trois Galions D'Espagne 3:11
31. Hélier Le Lacheur - La Bébé 1:00

Providence Bouteau

Disque 3 Auvergne et Limousin (1913-1998)
1. Michel Meilhac - Pot-Pourri De Bourrées Auvergnates 2:34
2. René Rongier - Minuit Vient De Sonner 1:41
3. Félicie Sabatier - Appel Des Vaches 0:16
4. Départ En Estivage D'un Troupeau De Bovins 0:52
5. Joseph Perrier - Tant Pire 1:10
6. Marie Taves - Le Premier Jorn De Mas Noças 2:58
7. Jean Baconet - Marche De Noce 0:55
8. Louise Reichert - La Demenam La Nostra Novia + Entretien 2:40
9. André Vermerie - La Demenam La Nostra Novia 1:05
10. Louis Linard - Marche De Bredou 0:30
11. Léon Peyrat - Adieu Privas 1:15
12. Léon Peyrat - Suite De Bourrées 1:29
13. Henri Chevalier - Sos Le Pont D'orléans 3:08
14. François Vidalenc - Bourrée A François 1:07
15. Louise Reichert - Fai-Lo Cornard Ma Filha 1:00
16. Roger Vaissade - Lo Ribatel 1:21
17. Henri Bayle - Passant Par Paris 4:07
18. Marcel Piaud - Valse A Tintin 1:58
19. Marie Ischard - Complainte Sur L'assassinat Du Duc De Berry 2:33
20. Alexandre Savignat;  Antonin Pécoil - Polka Piquée 1:24
21. Berthe Chevalier - Cinc Sous Per La Chambriera 1:17
22. Alfred Mouret - Bourrée Deux Tons 0:31
23. Alfred Mouret - Le Métier De Violoneux 0:53
24. Antonin Chabrier - Ont Anarem Gardar 1:29
25. André Gatignol;  René Bernard - Réveillez-Vous Fidèles 2:33
26. Maria Faurisson - La Passion De Jésus Christ 2:51
27. Louis Jarraud - L'ame Entendit 1:10
28. "Camillou" Gavinet;  Angélique Tarrade;  René Gavinet - Valse 2:40
29. Michel Tournadre - Crebe De Set 0:35
30. Marcelle Delpastre;  Marie-Louise - Rossignolet Charmant 2:42
31. Guillaume Morzières - Para Lo Lop 1:04


André Vermerie

Disque 4Centre France (1909-1997)
1. Louis Dit "Lili" Batillat - Valse Du Jean Morin 2:02
2. Andrée Deffault - - La Belle S'en Va Au Jardin Des Amours 2:26
3. Sylvain Robin - Briolée Aux Boeufs 1:50
4. Edith Montardon;  Jules Devaux - Bourrée A Malochet 1:20
5. Juliette Pearron - Tes Moutons Ma Bargère 3:00
6. Jean-Marie Jarillot - Polka De L'henri Charlot 1:32
7. Marcel Thibault - Rossignolet Des Bois 2:33
8. Gaston Riviere - En Sautant La Rivière 1:37
9. Annonce De L'angélus + Chant De Quête 1:51
10. Jean Bizet - Bourrée Croisée 1:17
11. Maurice Reverdy - La Galette 0:36
12. Défilé De Cortège Du Carnaval Dit Tape-Chaudron, Le Soir Du Lundi-Gras 0:38
13. Francis Michot - Du Bon Matin Je Me Suis Levé 2:53
14. Henrik Clément; Maurice Clément - Bourrée Tournée 1:44
15. Dialogue Chanté Entre Mélanie Touzet Et Louise Bigaud 0:43
16. Joseph Fleuret - Scottish A Fleuret 1:41
17. Jean Pirot - C'est Trois Maçons Jolis 2:53
18. M. et Mme Laplanche - Branle D'ecueillé 1:25
19. Bernard Ménadier - Branle 0:51
20. Jean Rameau - Bourrées Berrichonnes 2:53
21. Roger Pearron - Gaston Guillemain Par Roger Pearron 0:51
22. Gaston Guillemain - Quadrille Berrichon 6:00
23. Gaston Guillemain;  Lucien Guillemain - La Marche Des Cornards 2:30
24. Jean-Marie Martin - Habitants De Tout Age 6:01
25. Jean-Dominique Lajoux - Le Pressoir Lors Des Vendanges 0:37
26. Monique Cessot - Les Voulez-Vous Connaître, Les Enfants Sans Soucis ? 2:12
27. Bertrand Appaire;  Pierre Appaire;  Pierre Gerbaud - Valse Du Père Cadet 1:44

Jean-Marie Jarillot

Disque 5 Sud-Ouest (1939-2006)
1. Chanteurs de Came - De Paris Dans Paris 3:08
2. Fifres et Tambours de Gans - Marche Des Boeufs 1:51
3. Marie Mirou - Las Femnas De Pel Pueg 2:31
4. Félix Trébosc;  Gaston Soulié - Les Garçons Mariniers 2:20
5. Gilbert Garrigoux;  Marcel Lavergne - L'aiga De Rocha 1:30
6. Félix Trébosc - La Calhe De La Calhe 1:02
7. Célina Naujac - Cocut Ent As Jagut ? 0:18
8. Angès Lagarrigue - Lo Cocut Es Mort 1:15
9. Marcel Najac - Imitations D'oiseaux 1:41
10. Charles Alexandre;  Louis Mas - Mon Père A Des Blancs Moutons 2:34
11. Lucette Celariès - Apel De Las Fedas 1:03
12. Aubestin Casaux;  Aubestin Cauhapè;  Jean Cauhape;  Suzanne Casaux - Dijous Gras Qu'a Nau Motons 1:19
13. Pierre Lasséville - Rondeau 2:12
14. Groupe Perlinpinpin;  Léa Saint-Pé - Rondeau 2:25
15. Marcel Boué - Enguan Jo Me Soi Maridat 0:44
16. Henri Dauba - Rondeaux 2:31
17. Bastien Miqueu;  Bernard Miqueu - Era Cancon De Granger 4:28
18. Jeanty Benquet - Congo 1:06
19. Jean Nadau - Congo 1:58
20. Félicien Beauvier - Se Io Sabiai Volar 1:31
21. Hélène Lassort - L'autre Jour En Me Promenant 4:30
22. Hermine Calastrenc - Som Som 0:25
23. Louis Farrand;  Rémy Farrand - De Sur Le Pont De Nantes 5:22
24. Marcel Bacou - Lo Buta-Vam 1:22
25. André Arnal;  Raymond Hébrard - Lectio Epistolae 0:40
26. Armand Quercy - L'amolaire 1:11
27. Marcelle Apiou;  Pauline Lafforgue - Mimologisme Du Poulet 0:18
28. Aubertin Cauhapé - Enter La Rocha E Cotras 3:10
29. Joseph Caux - Bourrée De Bethmale 1:09
30. Serge Parisotto;  Simon Soulé-Crabérou;  Stéphane Chétrit - Maudit Sia L'amor 2:47
31. Eugène Lou Poeuyau;  Jean Passimourt - Fotetz Me Lo Camp Canalhas 2:08
32. J. Meltxor;  Mattin - Bertsolaris 2:01
33. Arnaud Etxahun;  Mathieu Etxahun - Adios Izar Ederra 1:53
34. Mascarade Souletine 1:33
35. Jean "Ganizon" Bergara - Sortu Naiz Iparrean 5:36

Fidres et Tambours de Gans

Disque 6 Méditerranée (1935-2003)
1. Odette Blanc-Gras - Le Rossignol De L'amérique 4:05
2. Emile Escalle - La Débraillée De Laye 1:12
3. Milou Liotard - Rigodon 0:47
4. Marie Victoria-Chazel - Amusez-Vous Fillettes 3:50
5. Marinette Volpilière - Tout En Me Promenant Le Long D'une Prairie 3:55
6. George Partainer - Taisson 1:01
7. Cigales Et Troupeau En Drôme Provençale 1:08
8. Emile Lantelme - Pilhate-Voi Bela Quelh Macolin 2:39
9. Choeur des Dames d'Âge du Village - Bacchuber 1:50
10. Auguste Fourrat - Je Me Suis Fait Une Maîtresse 3:03
11. André Fabre; Marius Fabre - Air Du Défilé De La Bravade De Saint-Tropez 0:39
12. Gabriel Larose - La Farandole 0:20
13. André Fabre; Marius Fabre - Farandole 1:07
14. Gabi;  Mamie C.;  Monique;  Odile - Les Métiers Dans Les Rues De Marseille Et La Pratique Du Chant 1:42
15. Emmanuel Barrus - Commençons La Semaine, Qu'en Dis-Tu Cher Voisin ? 1:49
16. Groupe des Sivlaires - Quando Ti Vedo Te 3:54
17. Catarina Philip - Par Mon Chemin Je Rencontrais... 4:59
18. A. Martini & des habitants de Limone - Tutti Mi Chiamano Bionda 1:48
19. Soleares 1:38
20. Thérèse Farre - Le Lundi De La Pentecôte 2:31
21. Marche De L'académie Jouée Au Hautbois Languedocien 1:26
22. Raymond Figuière - Adieu Paure Carnavas 0:18
23. Orchestre des Fécos - Tour Lors Du Carnaval De Limoux 2:41
24. André Taieb - Kol Manahot 1:17
25. Coblia Cortie-Mattes - Mosaique Roussillonnaise 3:04
26. Cobla Catalane - La Bernadeta De Lourdes 12:45

Emile Escalle

Disque 7 Alpes, Nord et Est (1930-2006)
1. Cesarina Gérard;  Maria Glarey;  Romana Glarey - J'ai Fait Une Maîtresse 2:31
2. Giuseppe Gérard;  Pacifico Perret - Salla De Carnaval 1:25
3. Group D'habitants De Bessans - Dans Notre Village 1:17
4. Orchestre Champêtre De Samoëns - La Charmeuse 1:19
5. Eugène Perrin Bonnet;  Raymond Grospellier - Les Conscrits Dans Le Haut-Jura 1:14
6. Aymé Pommatau;  Michel Mignot;  Raymond Guillemot - Chants Et Marche De Conscrits En Bresse 1:34
7. Paul Lambert - Les Conscrits De Morvaél 1:10
8. Groupe des Conscrits de Montvalezan - Les Conscrits De La Toussaint 2:51
9. Julien Salamin - Quand J'etais Petite Fille 2:06
10. René Joly - Quadrille D'héry 4:20
11. Maurice-Philippe "Philo" Avrillier - C'etait Un Plafonneur 3:23
12. Cesare Petigat;  Nestor Petigat;  Teresio Petigat;  Virgilio Petigat - Me Dze Si Eunna Tsanson 1:13
13. Charles Condamin - Dans La Cour D'un Palais 1:38
14. Groupe D'habitants Du Village;  Louis Reppellin - La Collecte Des Oeufs Et Chant De Mai 1:22
15. Mme Marchal - Polka De La Haie Griselle 1:04
16. Virgile Fluhr - 'S Pittele 3:00
17. Eugénie Schercousse - En'k Gungen Lestmaal Aan Het Jagen Uut 2:15
18. Ignace Krczezinsky;  Valentin Klopocki - Okraglak 1:13
19. Mme Guillemant - Les Cordonniers Sont Pires Que Des Evêques 1:27
20. Raymond Marchand - Djan Ponsad 0:30
21. Enfants de Remouchamps - Quêtes De L'epiphanie 1:11
22. Philomène Gehlen - Les Misères Du Mariage 3:20
23. Airs Et Tambours Des Gilles De Binche 8:02
24. Pierre Morin - La Conduite 2:26
25. Naima Bouchakour - Petit Capitaine Revenant De Guerre 1:22
26. Chorale de la Solidarité Aveyronnaise - Noël De Requista 1:54
27. Madeleine Grey - Bailero 4:12
28. Antoine Bouscatel;  Jean Sanit;  Léon Célestin Guéniffet - Marche Nuptiale D'auvergne 2:46
29. Jean Bergheaud - J'etais Gosse 0:37
30. Jean Bergheaud - La Morolhada 1:17
31. Jean Bergheaud - Bourrée A Gustou 0:50
32. Georges Cantournet;  Marcel Bernard;  Mme Couderc - Doucement 2:49
33. Emile Vacher;  Gusti Malha;  Jean Peyronnin;  Les Inconnus - Mado 2:42
34. Orchestre Musette De La Boite À Matelots - C'est Sa Java 2:59
35. Guerino;  Orchestre Musette De La Boite À Matelots - Brise Napolitaine 2:43

René Joly

Disque 8 Corse (1916-2009)
1. François Bianconi - L'alcudina 1:53
2. Andria Olivi;  Anton-Marcu Campana;  Tumasgiu Cipriani - Vuleria Chi La Mia Pelle 2:02
3. Anghjula Potentini - Brindisi 0:34
4. Don Mathieu Giacometti;  Jean-Benoît Mariani - Salute Amati Sposi 2:00
5. O. Veyrune; Jean-Benoît Mariani - Voceru Di Paduva Maria 4:47
6. Pierre Grimaldi - A Morte Di Filicone 4:27
7. Joseph Figarelli - Suite D'airs A Danser 6:12
8. Confrérie de Patrimonio - Suda Sangue 2:46
9. Rite Grec A Cargèse, Lors De La Semaine De Pâques 2:50
10. Mariano Alfonso - Perdono Mio Dio 2:03
11. Antoine Luiggi;  Jacques-Philippe Luiggi - Carillonneurs Lors Des Rencontres De Cloches De Pioggiola 1:45
12. Jean Toussaint;  Jean-Benoit Moretti;  Jules-François Rocchi;  Pierre Oppisi - Credo 3:49
13. Sébastien Colombani - Valse Du Village De Prato Di Giovellina 1:07
14. Andria Olivi;  Anton-Marcu Campana;  Tumasgiu Cipriani - Padre 5:29
15. Pierre-André Colonna - A Pedina 1:29
16. Chants Electoraux A Pero-Cosevecchie 4:22
17. Ange Grisoni - Tribbiera 1:27
18. Sauveur Susini - Solo De Flûte Pirula 1:00
19. Troupeau Ensonnaillé 0:44
20. Carlu Parigi;  Roccu Mambrini - Chjama E Rispondi 4:32
21. Laurette Federici;  Laurette Rocchi;  Marie Rocchi - La Ricchezza Di La So Mammucia 2:38
22. M. Anfriani - Cantu Ghjunsanincu 1:35
23. Ange-Toussain Giordani;  Paul Orsoni - Nun Ti Scurda Di Me 2:57
24. Jean-Toussaint Rocchi;  Les Chanteurs De Rusio - Dio Vi Salvi Regina 6:46

Anghjula Potentini

Disque 9 France d'Outre-Mer (1962-2007)
Mascareignes
1. Firmin Viry - Valé Valé Prété Moi Vo Fuzi 4:03
2. Firmin Viry - Le Séga, C'est Lepetit Frère Du Malaya 0:15
3. Orchestre Toussaint De Sainte-Rose - Séga Taquet 2:42
4. Géroze Barivoitse;  Irène Barivoitse - Namsido Si La Bi Na Bair 1:39
5. Claudine Larose;  Josette Raffaut;  Roméo Menier - Pomm' D'amour Rouge 0:31
6. Gervais "Bergé" Collet - Kotis 2:08
7. Claudine Larose;  Hisette Raffaut;  Roméo Menier - Compagnons De La Marjolaine 0:19
8. Musique Instrumentale De Procession A La Réunion 1:34
Mayotte
9. Ahmed Abdou - Chant D'appel A La Prière 2:12
Guyane
10. Forêt Amazonienne, Le Matin 1:44
11. Ilipe;  Moype;  Tatu;  Wilapile;  Yemiwa - Iwa Moyeupi 2:09
12. Anuya;  Jacky;  Kanavi;  Kwataka;  Mopea;  Tatu;  Wilapile - Pièce Tuka De La Suite Moyutule 1:19
13. Norina Sondreyou - Teuweki Damanteng 2:05
14. Les Ansyens;  Régine Ringuet - Manman Ma Gannyen Enmi O 1:03
Martinique
15. Biguine 3:10
16. Augustin Gourpil;  Casimir Griballiers;  Malcousu Florius;  Raoul Grivalliers - Mariwoz-O 2:29
Guadeloupe
17. Défilé De Mardi-Gras A Basse-Terre 1:57
18. Mano Robin - Notre Armateur Nous Cherche 1:42
19. Sonnerie De Cloches A Marie-Galante 0:37
20. Claudette Pelage;  Myrta Tancons - Quand Dieu Naquit A Noël 2:03
21. Alain Régent;  Guy Rospor;  Philippe Yéyé;  Thomas Baillif - Soulagé Do A Katalina 1:51
22. Alvène Grava;  Henri Barlagne;  Jacques Davillards;  Michel Davillars;  Pierre Abenzoar;  Pierre Modali;  Théoxilien Abezoar - Le Pantalon 2:10
Saint-Barthélémy
23. Léopold Blanchard;  Norbert Gréaux - Par Un Samedi Au Soir 4:33
Saint-Pierre-Et-Miquelon
24. Alain Orsini;  Robert Vigneau - Figue De Quadrille 2:58
Nouvelle-Calédonie
25. Thérèse Kouathé - Berceuse 0:32
26. Damwet Yanhunit;  Kaloonbat Farino - Ayoii 2:33
27. Tribu Des Wapâ - Danse De Kwenyii 3:34
Wallis & Futuna
28. Sutita Nau - Soko Mai Aso Lalasi 1:40
Polynésie Française
29. Georges Teikiehuupoko - Mahau 0:23
30. Paroissiens de Parea - Himene 1:16


Firmin Viry

Disque 10 Français d'Amérique (1928-2004)
1. Isom Fontenot - La Banane A N'onc Adam 1:16
2. Dewey Balfa;  Rodney Balfa;  Will Balfa - J'ai Fait L'amour Chez L'onc Bab 3:42
3. Lederie Saint-Cœur - Reel Turlutté 0:50
4. Aimé Gagnon;  Cécile Gagnon - Reel Malouin 2:03
5. Allan Kelly - Marguerite Est Dans Sa Chambre 4:17
6. Louis Boudreault - La Grande Gigue Simple 3:11
7. Bee Deshotels - Aux Natchitoches 1:35
8. Alphonse "Bois Sec" Ardoin;  Canray Fontenot;  Rodney Balfa - Bonsoir Moreau 2:08
9. Alfred Vanderite - I Went To Market 1:02
10. Arthur Renard - N'av Nen Veyu Mi P'tit Musicyin ? 2:12
11. Alma Barthelemy - Par-Derrière Chez Mon Père 2:39
12. Irène Arsenault - Les Poutines Dans L'potte 0:18
13. Delphine Arsenault;  Zélie-Anne Poirier - Le Reel A Joe Bibienne 2:06
14. Caesar Vincent - En Arrière De Chez Mon Père 2:27
15. Azade Benoît - Reel 0:35
16. Lawrence Keplin - C'est Dans Le Premier Jour De L'an 1:50
17. Fred Pike;  Simon St. Pierre - The Cuckoo's Nest 1:48
18. Guy Bouchard;  Jean-Paul Guimond;  Paul Marchand - Par Un Dimanche Au Soir 2:21
19. Alphonse Morneau - Les Petits Saint-Pierre Sont Plus Riches Que Les Evêques 2:14
20. Gertrude Tremblay - Brandy 1:06
21. Joseph Larade - Derrière Chez-Nous Il Y A Un Joli Bocage 2:40
22. Aldor Morin;  Bob Hill;  Edgar Morin;  Gérard Delorier;  Jean Carignan;  Madame Richard - Danse Carrée 2:43
23. Aldéric Perreault - Nous Sommes Trente-Trois, Tous Voleurs D'une Bande 1:48
24. Donat Lafleur;  Isidore Soucy - Marche De La Tuque 2:28
25. Cléoma Breaux-Flacon;  Joseph Falcon - Allons A Lafayette 2:59
26. Basilice Godin - Nous Sommes Partis Trois Jeunes Frères 4:52
27. Frank Starmberg;  Fraser Blair;  Hervé Blair - Calédonia, Quatrième Partie 1:40

Alfred Vanderite

Ha ! 2017 ?

$
0
0
On ne reviendra pas sur l'année de m****e qui vient de s'achever... Ça non ! Alors,


et à bientôt, sans doute...

GROS LOT ! Genèse à Gogo !

$
0
0
Pas un retour, un rappel tout au plus... De passage, Le Zornophage revient sur une de ses ultimes obsessions musicales : GENESIS ! Et donc tout les albums, tous les lives et des bonus (pas forcément mentionnés dans les trackslists, option pochette surprises !) pour que vous goûtiez pleinement au charme d'un des plus grands groupes de tous les temps. Enjoie !

1969
"Fom Genesis to Revelation"
L'enfance de l'art...

Genesis avant Genesis ou la préhistoire de ce qui allait devenir, sans qu'aucun signe avant-coureur ne vienne poindre, une des plus belles formations de rock progressif. Vous me direz qu'il fallait bien commencer quelque part mais, rétrospectivement, la route parait encore longue, interminable... Et la mue d'autant plus miraculeuse.
Parce que ce Genesis là n'a que très peu de point communs avec celui qui passera à la postérité. Déjà dans le format, la durée et le style de leurs chansons, petites constructions pop extrêmement typiques de leur époque mais, hélas, pas franchement remarquables (d'autres font alors ça bien mieux, indéniablement). Ces premiers pas ne sont certes pas très assurés mais pas indignes pour autant, et presque totalement détachables du reste de la discographie du groupe, donc. Bien sûr, il y a déjà la voix de Peter Gabriel, son approximation post-adolescente tout du moins, c'est à peu près le seul trait d'union qu'on puisse trouver avec ce qui suivra, fera florès. Point positif, parce qu'il y en a tout de même, il y a une innocence, une naïveté, qui rend la collection attachante, émouvante presque. Il n'est pas inutile de préciser que les quatre membres du Genesis d'alors (plus John Silver, rapidement adoubé parce qu'il fallait bien un batteur pour remplacer un Chris Stewart débarqué parce que pas au niveau) se rêvent plus en équipe de songwriters qu'en musiciens/performers à proprement parler, et qu'il faudra la foi et l'insistance de Jonathan King (un ancien de la Charterhouse School, comme eux) pour leur faire changer d'avis.
Musicalement, c'est donc de pop de la fin des 60s dont il s'agit, ce n'est pas plus compliqué que ça. Un peu de psychédélisme, un peu de folk, des influences criantes (des Bee Gees surtout, groupe que King apprécie alors particulièrement, aux Kinks en passant par les Moody Blues) et le tour est joué. Il y a quelques jolies chansons dessus, surannées aujourd'hui, forcément, dont When the Sour Turns to Sweet et son petit côté soul qui colle si bien à la voix d'un jeune Peter, The Serpent qui mieux développé aurait presque pu être progressif déjà, In the Wilderness où point déjà une certaine théâtralité et se voit doté d'un refrain accrocheur, ou un charmant Silent Sun (très Bee Gees d'alors) s'il n'avait été empesé de cordes envahissantes.
Assemblé comme un concept album où les pistes s'enchainent les unes aux autres par le producteur, augmenté de cordes sans consultation préalable du groupe qui s'en trouva fort marri, trop moyennement produit et mal emballé par une pochette aussi peu accrocheuse que possible, peu voire pas promu par le label (Decca), From Genesis to Revelation se trouvera souvent alors dans les bacs réservés à la musique religieuse, sans en être donc. Les chiffres de vente, logiquement, n'en seront pas (euphémisme) très élevés poussant le groupe à reprendre son destin en main et à changer radicalement de braquet mais ça, c'est une autre histoire, la Grande Histoire de Genesis que nous connaissons bien.
Il y en aura sûrement pour vanter ce Genesis par rapport à l'autre (aux autres ?), au vrai, mais il y en a toujours qui refusent de se rallier à la majorité, qu'elle ait raison ou tort (en l'occurrence, elle ne se trompe pas). Concrètement, on ne conseillera l'album qu'aux fans hardcore du groupe, ceux qui ne veulent rien rater quelque soit la qualité, et aux archivistes de la pop anglaise de la fin des années 60... ce qui ne fait pas beaucoup de monde. Parce que From Genesis to Revelation, sans être jamais vraiment mauvais, entendons-nous bien, n'est aucunement essentiel, anecdotique tout au plus.

Album
1. Where the Sour Turns to Sweet 3:16
2. In the Beginning 3:47
3. Fireside Song 4:20
4. The Serpent 4:40
5. Am I Very Wrong? 3:33
6. In the Wilderness 3:33
7. The Conqueror 3:42
8. In Hiding 2:40
9. One Day 3:22
10. Window 3:35
11. In Limbo 3:32
12. Silent Sun 2:15
13. A Place to Call My Own 2:00

Bonus Disc
1. Patricia (demo 1967) 3:08
2. Try a Little Sadness (demo 1967) 3:21
3. She is Beautiful (demo 1967) 3:48
4. Image Blown Out (demo) 2:49
5. The Silent Sun (single A-side) 2:15
6. That's Me (single B-side) 2:40
7. A Winter's Tale (single A-side) 3:32
8. One-Eyed Hound (single B-side) 2:34
9. Where the Sour Turns to Sweet (demo 1968) 3:16
10. In the Beginning (demo 1968) 3:32
11. In the Wilderness (rough mix without strings 1968) 2:59
12. One Day (rough mix 1968) 3:08
13. Image Blown Out (rough mix 1968) 2:13

Tony Banks - Farfisa & Hammond organs, acoustic & electric pianos, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute
Anthony Phillips - acoustic & electric guitars, backing vocals
Mike Rutherford - bass guitar, acoustic & electric guitars, backing vocals
John Silver - drums, vocals, except on "Silent Sun"
&
Chris Stewart - drums on "Silent Sun"

Strings & horns arranged & conducted by Arthur Greenslade & Lou Warburton


1970
"Trespass"
Etoile naissante

Ha, Trespass ! Oubliés les errements psyché-pop d'un premier album dispensable, rétamées les petites chansonnettes de 3 minutes, sorti Jonathan King , producteur, manager, découvreur, et ses ambitions mainstream... Genesis nait à sa nouvelle vie, celle d'un courant tout juste naissant : le rock progressif. Rien que ça, est une excellente nouvelle !
Mais il y a en plus d'excellentes chansons où le groupe, plus que de déployer les atours dont il avait fait montre précédemment, fait sa révolution. Les compositions s'en trouvent notablement allongées, le format chanson pop explosé en de précieuses pièces aux multiples développements et la palette sonore dramatiquement élargie. On y trouve aussi, enfin !, un Peter Gabriel ayant trouvé sa voix, et sa voie dans des paroles certes plus cryptiques mais aussi nettement plus intéressantes. Il est, il faut dire, bien secondé par les finesses et emportements de ses quatre condisciples notamment sur un Looking for Someone , un White Mountain ou ,bien sûr !, un The Knife n'hésitant pas à sortir l'électricité dans des passages échevelés contrebalançant à merveille quelques douceurs pastorales bien senties. Mais, parce qu'il y a un mais, il n'y a pas encore tout à fait, si fondamentalement tout ce qui fera le Genesis légendaire est déjà présent, ni la précision instrumentale ni le souffle lyrique ni même l'imagination qui feront de Nursery Cryme, de Foxtrot et de Selling England by the pound les chefs d'oeuvre que nous connaissons. Et même The Knife, celui qui se rapproche le plus de ses épiques successeurs se voit handicapé par un guitariste certes talentueux mais pas exceptionnel, Anthony Phillips, et un batteur qui se contente de suivre la trame du morceau, John Mayhew, c'est particulièrement évident quand on compare la version Trespass à celle du Genesis Live de 1973 où, vraiment, Hackett et Collins apportent leur pierre au glorieux édifice alors largement mené, outre l'évidence Gabriel, par un Tony Banks déjà très sûr de son fait.
Il n'y a pas non plus la mise en son permettant de parfaitement jouir de toutes les finesses et trouvailles du combo, problème d'ailleurs partagé pas Nursery Cryme produit par le même John Anthony qui s'arrêtera là. Problème qui a fort heureusement été largement solutionné dans le remaster définitif de 2008 sur lequel on regrettera simplement l'absence des inédits d'époque disponibles dans le premier Archives et, évidemment, dans le coffret 1970-1975. Un manque qui devient alarmant quand on sait l'intérêt de la bande son avortée Genesis Plays Jackson où les embryons de quelques futures compositions (jusqu'à The Lamb !) s'offrent déjà à nos oreilles ravies.
Trespass, s'il n'est donc pas tout à fait à la hauteur du "vrai" Genesis, est une belle galette progressive, la naissance réelle d'une des formations les plus passionnantes des années 1970 et, logiquement, un opus qu'on recommande chaudement, malgré ses quelques petits défauts parce que c'est ici que commence l'Histoire de Genesis et que ça mérite vraiment d'être écouté... Encore et encore.

1. Looking for Someone 7:06
2. White Mountain 6:45
3. Visions of Angels 6:51
4. Stagnation 8:45
5. Dusk 4:15
6. The Knife 8:55

Tony Banks - organ, acoustic & electric pianos, mellotron (tracks 2, 3, and 4), acoustic guitar, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, accordion (track 1), bass drum, tambourine, percussion
John Mayhew - drums, percussion, backing vocals
Anthony Phillips - electric guitar, acoustic guitar, dulcimer, backing vocals
Mike Rutherford - bass, acoustic guitar, nylon string guitar, cello (track 2), backing vocals


1971
"Nursery Cryme"
Genius in the Nursery

Anthony Phillips et John Mayhew respectivement parti et débarqué, un mal pour un bien, Genesis intronise l'arrivée de deux petits nouveaux dans sa maison progressive. Ce faisant, le trio restant ne se trompe pas et cimente ce qui restera à jamais le line-up de référence de la formation. Bienvenue donc à Steve Hackett et à Phil Collins. Et la Grande Histoire peut commencer.
Parce que si Trespass avait offert de belles émotions, et affirmé une nouvelle identité pour Genesis, c'est bel et bien avec Nursery Cryme que tout se concrétise.
C'est évident dès un Musical Box d'ouverture où les deux nouveaux brillent si bien qu'ils font facilement oublier leur prédécesseurs. Il faut dire que la composition en impose, progressant d'une douce mélopée à un puissant développement elle reprend, peu ou prou, les choses là où The Knife les avaient laissées supplémentée, donc, du doigté et de l'imagination d'un Steve Hackett soliste d'exception et d'un Phil Collins badaboumant expertement sur son kit mais, aussi, complémentant (et complimentant) à merveille Gabriel par sa douce voix d'ailleurs exploitée en lead dès la seconde piste, le court, sensible et réussi For Absent Friends. Suit une nouvelle épopée, l'exceptionnel Return of the Giant Hogweed, qui établit encore un peu plus ce nouveau Genesis décidément plus radical dans sa violence, plus précis dans son interprétation mais également supérieurement inspiré où s'expriment déjà toutes les qualités symphonico-progressives d'une formation où, miraculeusement, chaque performer a voix au chapitre sans fouler les arpions de ses petits copains. Quelle face A !
Alors, certes, l'autre côté de la cire noire est plus anecdotique. Seven Stones a une belle mélodie, un formidable emballage final mais pas le souffle lyrique entendu plus tôt. Harold the Barrel est rigolo mais, à tout juste 3 minutes, ne prend pas le temps d'explorer toutes les pistes potentielles à sa totale réussite. Harlequin renoue avec les douceurs acoustiques, pastorales presque, de Trespass sans laisser plus de trace que ça, une bonne chanson néanmoins. Mais il y a le troisième monstre de l'album en conclusion, le formidable The Fountain of Salmacis et, là, une fois encore, Genesis fait montre de ce nouvel esprit, de cette déjà bien affirmée capacité à jouer sur les ambiances, les alternances de passages calmes et d'autres plus orageux, le succès est total.
A l'époque, on a pu regretter la production un poil faiblarde d'un John Anthony qui n'avait pas fait mieux sur Trespass et ne se verra, logiquement, pas reconduit sur Foxtrot. Ce défaut mineur, qui n'a que trop longtemps handicapé un opus qui méritait décidément mieux, est majoritairement gommé par les deux générations de remasters et, plus particulièrement, par le définitif sorti en 2008 où tout est plus audible, enfin !
Entendons-nous bien, si Nursery Cryme est une indéniable réussite, et l'album qui lancera vraiment la carrière du groupe (via un surprenant succès italien), il n'est que le (beau) brouillon de ce qui suivra. Un grand, immense pas dans la direction d'un progressisme altier, racé et habité, ce qui est déjà énorme et en fait, forcément, un album chaudement recommandé si pas exactement parfait. Mais ça viendra...

1. The Musical Box 10:27
2. For Absent Friends 1:44
3. The Return of the Giant Hogweed 8:10
4. Seven Stones 5:08
5. Harold the Barrel 2:58
6. Harlequin 2:53
7. The Fountain of Salmacis 7:47 

Tony Banks - organ, Mellotron, acoustic and electric pianos, twelve-string acoustic guitar, backing vocals
Phil Collins - drums, percussion, backing vocals, lead vocals (track 2)
Peter Gabriel - lead vocals, flute, bass drum, tambourine
Steve Hackett - electric guitar, twelve-string acoustic guitar
Mike Rutherford - bass guitar, bass pedals, twelve-string acoustic guitar, backing vocals


1972
"Foxtrot"
A Flower?

Le premier chef d’œuvre ? C'est démettre un peu facilement un Nursery Cryme déjà très réussi mais, indéniablement, il y a encore plus, encore mieux dans Foxtrot.
Peut-être parce qu'Hackett et Collins sont désormais bien installés dans Genesis, plus les petits nouveaux mais bel et bien des membres à part entière de ce qui reste le line-up de référence du groupe. Sans doute parce que l'écriture du quintet s'est encore affinée, encore démarquée d'une concurrence qui ne manque pourtant pas de panache avec ses King Crimson, Yes, et autres Van der Graaf Generator. Évidemment parce que ce groupe-là, aussi préoccupé par la mélodie que par la construction savante de pièces complexes, atteint ici la plénitude de sa verve créatrice.
S'il n'y avait que la première face, de Watcher of the Skies à Can-Utility and the Coastliners, soit trois monstres de compositions alliant finesse des mélodies et interaction magistrale entre cinq musiciens totalement en phase dans un monde qui n'appartient qu'à eux, on crierait déjà au génie parce que Genesis, qui a donc déjà épaté son monde sur l'excellent Nursery Cryme, fait encore mieux sauf, peut-être, sur un Time Table , jolie chanson aux mélodies accrocheuses, de belle qualité si moins viscéralement essentielle (c'est dire le voisinage !). Mais il y a, retournant la cire noire d'époque ou enchainant sur la cinquième piste de la galette argentée d'aujourd'hui, le degré encore supérieur de la création progressive. Et, non, pas Horizons, petite vignette acoustique absolument charmante de Mr. Hackett qui la joue d'ailleurs encore régulièrement aujourd'hui, juste après... C'est là qu'on trouve LA pièce, symphonie progressive en sept mouvements, celle-là même qui n'en finit pas de truster la tête des listes récapitulatives des morceaux fleuves d'anthologie, de l'inusable chef d’œuvre de cette première partie de la carrière du groupe dont il s'agit : Supper's Ready. Que dire qui n'ait déjà été écrit sur la divine entreprise et ses 23 minutes qui, pris dans le tourbillon créatif que nous sommes, passe aussi vite qu'une miniature ? S'esbaudir encore une fois sur la divine construction de la chose, sur les performances respectives de chaque instrumentiste, sur le texte un poil cryptique mais ultimement passionnant et l'interprétation parfaite d'un Peter Gabriel en état de grâce absolu ? Oui, tout ça ! Et encore, en se retenant et tentant de garder un poil d'esprit critique. Peine perdue. Supper's Ready est sans faille de son intro où, immédiatement, la voix vous prend pour ne plus jamais vous lâcher, à son final en apothéose en passant par toutes ses sections où, même, on retrouve un certain humour typiquement britannique. Terrassés sommes-nous par un tel tour de force par un groupe qui, rappelons-le, se compose de jeunes gens n'ayant pas même atteint le quart de siècle. A ce niveau là, on ne peut qu'applaudir et en redemander.
Il faut dire aussi que Genesis est bien aidé par son producteur, David Hitchcock, un spécialiste d'alors de la chose prog, connu aussi pour sa longue collaboration avec les canterburiens de Caravan, qui a parfaitement su mettre en son, donner la clarté et la précision nécessaires pour que l’œuvre soit idéalement mise en valeur, une sacrée progression par rapport au travail de John Anthony sur son estimé prédécesseur. Et encore plus, avouons, sur un remaster définitif améliorant encore la performance, diable !
Le progressisme de Genesis évoluera bientôt, ce qui évitera à la formation de tenter l'illusoire exploit de reproduire l'insensée réussite de Foxtrot et d'en produire de nouvelles (Selling England, The Lamb, Trick, Wind & Wuthering, rien que ça !). En l'état, on tient indéniablement le premier magnum opus d'une encore jeune carrière. Et de se pâmer devant le chemin parcouru depuis le gauche From Genesis to Revelation et sa pop adolescente et la grâce encore embryonnaire d'un Trespass sur la bonne voie. Foxtrot ? Monstrueux, tout simplement ! Et essentiel, cela va sans dire !

1. Watcher of the Skies 7:21
2. Time Table 4:47
3. Get 'Em Out by Friday 8:35
4. Can-Utility and the Coastliners 5:45
5. Horizons 1:39
6. Supper's Ready 22:57

Tony Banks - organ, acoustic and electric pianos, mellotron, twelve-string guitar, backing vocals
Phil Collins - drums, percussion, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, tambourine, oboe, percussion
Steve Hackett - electric guitar, twelve-string guitar
Mike Rutherford - bass guitar, bass pedals, cello, twelve-string guitar, backing vocals


1973
"Genesis Live"
Genèse scénique

Premier live de Genesis, seul live officiel du quintet de référence, aussi, le sobrement titré Genesis Live reste une galette absolument incontournable même si certains titres y manquent cruellement.
Parce qu'en 1973, quelques mois avant la sortie de Selling England by the pound, la formation progressive a largement de quoi proposer un double live et que Genesis Live, tristement simple, ne propose que 5 pistes. C'est d'autant plus rageant qu'on sait qu'un exemplaire promotionnel précéda la version officielle et que celui-ci contenait la chanson la plus référentielle de leur répertoire encore naissant : Supper's Ready. C'est d'autant plus rageant (bis) que le coffret Live 1973-2007 contient suffisamment de bonus pour magnifiquement allonger les splendeurs de la tracklist d'époque (d'une captation audio d'extraits de The Lamb, à une autre, au Rainbow Theatre de Londres en 1973, pour la tournée de Selling England by the Pound).
Ca ne retire évidemment rien à l'album tel que nous le connaissons, particulièrement dans sa version remixée de 2009 (où tu est plus clair). Parce que ce Genesis là, s'il souffre des évidentes limitations techniques d'alors, est une fantastique machine. Une machine d'une rare précision menée par un Peter Gabriel encore plus trippé que dans les versions studio et d'un groupe explorant encore plus avant les possibles de leurs compositions. Pour preuve, il suffit d'écouter la meilleure version de The Knife disponible sur le marché qui bénéficie, outre d'un chanteur encore plus investi, de l'expertise des deux membres les plus récemment recrutés : Steve Hackett et Phil Collins. Parce qu'Hackett est un guitariste autrement plus passionnant que son pourtant très correct prédécesseur (Ant Phillips, co-fondateur de la maison, démissionnaire parce que traqueur) et que Collins, comme chacun le sait, est alors un des tous meilleurs batteurs au monde et apporte moult finesses à des compositions ne demandant que ça, dont The Knife, donc, surtout The Knife en vérité dont le solo de guitare est littéralement transfiguré, magnifié. Le reste tient forcément plus de la reproduction maniaque, perfectionniste, de ce qui fut enregistré pour les albums dont les interprétations sont tout de même essentielles puisque ce sont les versions définitives de morceaux désormais classiques par le line-up le plus révéré de la formation.
Les petits désagréments mentionnés mis à part, annihilés si vous faites l'acquisition du coffret précité, Genesis Live reste un fantastique album en concert d'un groupe dont, génération après génération, on n'a pas fini de louer les mérites... à raison !

1. Watcher of the Skies 8:34
2. Get 'Em Out by Friday 9:14
3. The Return of the Giant Hogweed 8:14
4. The Musical Box 10:56
5. The Knife 9:47

Tony Banks - Hammond organ, Mellotron, Hohner Pianet, 12-string guitar, backing vocals
Phil Collins - drums, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, tambourine
Steve Hackett - lead guitar
Mike Rutherford - bass guitar, bass pedals, 12-string guitar, backing vocals


1973
"Selling England by the Pound"
Malice in Wonderland

Relever le gant d'un Foxtrot triomphant et de son Himalaya compositionnel, Supper's Ready, tenait de la gageure. Pas pour ces cinq lascars qui, décidément, boxent dans une toute autre catégorie que tous leurs petits copains progressifs d'alors.
Au début, on se dit que rien n'a vraiment changé. La voix de Gabriel nous accueille, familière, le groupe le rejoint, la mélodie est belle, le texte fait sens, c'est de classique et efficace dont il s'agit. Mais Genesis n'est pas de ceux qui restent figés, se reposent sur leurs lauriers. Et donc tout vole en éclat. C'est toujours Genesis mais un élément est venu s'ajouter à la mixture, désormais Genesis fusionne aussi, pousse encore un peu plus sa musique dans des retranchements inattendus. Parce que Genesis progresse, encore ! Dancing with the Moonlit Knight décolle et nous avec. La batterie de Collins, la guitare d'Hackett, la basse de Rutherford n'ont jamais aussi bien été mises en valeur par une composition toujours aussi mélodique, aussi épique que ses plus belles devancières et, pourtant, instrumentalement encore plus osée avec un ambianceur en chef, Banks évidemment, en trait d'union essentiel. Quel accueil !
Un "petit" single pour suivre, l'efficace I Know What I Like, premier tube du groupe dans son Angleterre natale. Une mélodie accrocheuse, un refrain entêtant, un esthétisme pop qui ne minore aucunement le progressisme du combo... Et c'est une des moins bonnes chansons de l'album, diantre ! Parce qu'il y a ensuite Firth of Fifth avec son intro de piano où on se dit que Bach n'est pas si loin, avec une mélodie de chant imparable avec, surtout !, une longue section solo centrale à couper le souffle où Steve nous offre ce qui reste, plus de quarante ans après, son plus beau solo : mélodique, technique, stratosphérique. Si énorme qu'on a bien besoin de reprendre ses esprits ce que, justement, propose la petite chanson acoustique chantée par Phil, More Fool Me, une réussite encore. Fin de la face A, on en reste pantois.
The Battle of Epping Forest en fait trop ? Probablement. Mais il le fait bien avec un Gabriel plus théâtral que jamais. Alors oui, c'est bavard, chargé jusqu'à la garde des mots du chanteur mais les mélodies sont là. Du bavardage comme ça, on en redemande ! Pas de suite..., il faut se reconcentrer, prendre une pause avec un instrumental tout en harmonie où Hackett, qui en est l'artisan principal, excelle aussi bien à l'acoustique qu'à l'électrique. Mineur After the Ordeal ? Pas si. Et puis The Cinema Show, quatrième baobab de l'opus, une symphonie de prog, un prog en symphonie, parfait tout simplement, n'en disons pas plus, la musique parle d'elle-même. Une petite reprise du Moonlit Knight en conclusion, pour dûment refermer la grande maison, c'est Aisle of Plenty qui le fait et le fait bien. Et c'est déjà fini, snif. Et dire qu'ils ont mis Twilight Alehouse, petit chef d'aeuvre planqué en face B d'I Know What I Like, de côté, fallait oser !
La mise en son de John Burns, qui a déjà mixé le très réussi Genesis Live et produira The Lamb Lies Down On Broadway dans la foulée, était déjà très réussie, le remaster définitif enfonce encore le clou. Tout y est plus clair, tous les détails d'un album qui n'en manque pas explosent de tous leurs feux, y sont encore mieux révélés. Splendide.
Selling England by the Pound, un classique inusable. Essentiel, c'est le mot.

1. Dancing with the Moonlit Knight 8:02
2. I Know What I Like (In Your Wardrobe) 4:03
3. Firth of Fifth 9:36
4. More Fool Me 3:10
5. The Battle of Epping Forest 11:43
6. After the Ordeal 4:07
7. The Cinema Show 11:10
8. Aisle of Plenty 1:30

Tony Banks - acoustic & electric pianos, organ, mellotron, synthesizers, twelve-string guitar
Phil Collins - drums, percussion, backing vocals, lead vocals on "More Fool Me"
Peter Gabriel - lead vocals, flute, oboe, percussion, additional backing vocals on "More Fool Me"
Steve Hackett - electric guitar, nylon guitar
Mike Rutherford - twelve-string guitar, bass guitar, electric sitar


1974
"The Lamb Lies Down on Broadway"
Double Noir

Aussi névrosé que The Wall, aussi ambitieux que Tales from Topographic Oceans ou Thick As a Brick, The Lamb Lies Down on Broadway est une œuvre essentielle. Et atypique en bien des points pour Genesis, et pas seulement parce qu'elle sera l'ultime contribution à plein temps d'un certain Peter Gabriel.
Et donc, c'est d'un concept album dont il s'agit, l'histoire schizophrène de Rael qui cherche John, qui pourrait bien être lui-même, dans les bas-fonds d'un New York imaginaire plus proche des délires "nus-festinés" d'un Burroughs que des cartes postales de Woody. Mais en vérité, à moins que vous ne soyez de ceux qui analysent ad nauseam l'œuvre, le concept n'a que peu d'importance outre qu'il influence la tonalité de ce qui restera l'opus le plus sombre du géant progressif, leur Double Noir.
Le plus noir ? C'est particulièrement évident sur certaines des plus belles pièces de ce tour de force. Sur le morceau titre d'ouverture et son pendant du second disque (The Light Dies Down on Broadway) où Gabriel délivre des performances écorchées vives qui magnifient des compositions par ailleurs fort inspirées. Sur In the Cage, évidemment, pièce épique également marquée par la performance à fleur de peau d'un chanteur poussant ses cordes vocales à la limite de la rupture. Sur un Back in NYC où on entend un Genesis oubliant l'art du compromis harmonique, nous rentrant frontalement dedans. Sur Carpet Crawlers, Anyway ou The Lamia où les douces mélodies ne sont qu'illusions, guet-apens cafardeux en plus de confirmer l'art consommé de Genesis à millimétrer ses savantes constructions sympho-progressives. Toutes d'excellentes compositions, ça va sans dire, où s'exprime avec classe un groupe de musiciens supérieurement doués.
Bien sûr, il y a quelques respirations, quelques salutaires bouffées d'oxygène dans l'étouffant tout. Un tout doux Cuckoo Cocoon où arpèges délicats et flûte gracile viennent nous caresser les tympans. Un presque pop Counting Out Time aux chœurs quasi-Bealtesiens et au solo de synthétiseur à la sonorité rigolote. Un The Chamber of 32 Doors, un des sommets de l'album ceci dit en passant, où Gabriel se fait presque soul sur une partition à la mélodie touchée par les dieux. Un Lilywhite Lilith où les chœurs angéliques de Collins viennent merveilleusement contrebalancer la rudesse de Gabriel. Que des sommets, une fois encore, ça commence à faire une somme !
Le reste ne dépare pas vraiment, parce qu'il n'y a pas un moment de baisse d'inspiration sur tout l'album, même sur les quatre intermèdes instrumentaux : le mélodieux Hairless Heart, le possédé The Waiting Room où Steve Hackett, artisan principal de la chose, sort des sonorités d'un autre monde de son instrument, et les respectivement mystique et ambient Silent Sorrow in Empty Boats et Ravine servant la progression du concept, et la servant bien.
Oui, vraiment, The Lamb Lies Down on Broadway est une fête, celle d'un rock progressif qui sait tenir ses formats sans partir dans de longuettes épopées sans queues ni têtes. Preuve en sont quelques unes des plus courtes compositions (l'enchainement Fly on the Windshield, Broadway Melody of 74, par exemple, splendide exemple). Parce que si Genesis sait faire Supper's Ready, The Cinema Show, il sait aussi se faire concis sans ne rien perdre de sa faconde mélodique. Ce qui tient quasiment du miracle quand on sait les conditions chaotiques de la création de l'œuvre (wikipédiez voir pour plus de détails).
Allez, pour minorer un peu cet idyllique tableau, on concèdera que l'album ne finit pas exactement sur ses meilleurs titres et que, sans être mauvaise pour autant, la doublette In the Rapids et it, ne clôt pas la performance sur le feu d'artifice final qu'on aurait pu attendre, mais le fait bien tout de même, parce que ces gens-là sont indéniablement très talentueux même quand ils sont un chouia moins inspirés.
Magnifiquement mis en son par le désormais coutumier John Burns, déjà auteur du mix du Genesis Live et producteur de l'immense Selling England by the pound, The Lamb Lies Down on Broadway reste, 40 ans après sa conception, joyeux anniversaire !, une pièce de référence, un grandissime double album concept justement porté aux nues, titulaire "panthéonique" de son style, évidemment !, mais aussi de la musique rock en général et de la musique tout court. Indispensable, c'est le mot.
CD 1
1. The Lamb Lies Down on Broadway 4:52
2. Fly on a Windshield 2:47
3. Broadway Melody of 1974 2:11
4. Cuckoo Cocoon 2:14
5. In the Cage 8:15
6. The Grand Parade of Lifeless Packaging 2:45
7. Back in N.Y.C. 5:49
8. Hairless Heart 2:25
9. Counting Out Time 3:45
10. Carpet Crawlers 5:16
11. The Chamber of 32 Doors 5:40

CD 2
1. Lilywhite Lilith 2:40
2. The Waiting Room 5:28
3. Anyway 3:18
4. Here Comes the Supernatural Anaesthetist 2:50
5. The Lamia 6:57
6. Silent Sorrow in Empty Boats 3:06
7. The Colony of Slippermen 8:14
8. Ravine 2:05
9. The Light Dies Down on Broadway 3:32
10. Riding the Scree 3:56
11. In the Rapids 2:24
12. it. 4:18

Tony Banks - Hammond T-102 organ, RMI 368x Electra piano, Mellotron M400, Elka Rhapsody synthesizer, ARP 2600 & Pro Soloist synthesizers, acoustic piano
Phil Collins - drums, percussion, vibraphone, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, oboe, tambourine, experiments with foreign sounds
Steve Hackett - electric guitar, classical acoustic guitar
Mike Rutherford - bass guitar, twelve-string guitar, bass pedals, fuzz bass
&
Brian Eno - enossification (treatments)


1976
"A Trick of the Tail"
Second souffle

Qui aurait pensé que Genesis survivrait au départ de Peter Gabriel et, même !, gagnerait régulièrement en popularité son référentiel frontman parti ? Pas grand monde en vérité.
Artistiquement, A Trick of the Tail fut accueilli avec un énorme ouf de soulagement. Parce qu'on y retrouvait un Genesis à peine marqué par l'expérience toute en noirceur de The Lamb Lies Down on Broadway. Parce qu'on y découvrait un chanteur capable de reprendre le poste de celui qu'on pensait irremplaçable, un chanteur étonnamment familier puisqu'on l'avait déjà entendu en support de son prédécesseur mais aussi parce qu'il y sonnait souvent comme celui-ci (sans en avoir tout à fait la fêlure soul ou l'énergie rock, c'est entendu). Parce que la musique qui y était proposé restait familière tout en se démarquant juste ce qu'il fallait pour qu'on sente encore le groupe progresser.
De fait, s'il y a suffisamment de matériel qu'on aurait facilement imaginé sur Foxtrot ou Selling England by the Pound, il y a aussi la vision d'un nouveau Genesis. Pour le premier, on citera Dance on the Volcano, Squonk et Robbery Assault & Battery, toutes des chansons développant des thèmes proches de ce à quoi le quintet référentiel nous avait habitué, et du bon, de l'excellent même, avec moult prouesses toujours, évidemment !, au service de la mélodie, de la chanson. Pour le second, un Genesis plus délicat, plus conventionnellement mélodique on mentionnera les glorieuses têtes de gondole que sont Entangled, Mad Man Moon et Ripples où de délicats arpèges viennent rappeler la recette et les souvenirs datant de Trespass augmentés d'une maîtrise compositionnelle et instrumentale acquise au long d'un riche parcours. Et puis il y a les deux "oddities" de l'album, le morceau titre d'abord avec son esthétisme et ses chœurs à la Beach Boys et sa mélodie imparable, et le résumé final, Los Endos, clôturant en beauté un programme richement doté de ses feux d'artifice fusionnants tant instrumentaux que mélodiques reprenant, assemblant en un tout cohérent tout ce qui a précédé. Pas un morceau faible, donc, pas la moindre déception en vue dans ce qui constitue alors la collection la plus cohérente et la plus finement ciselée du néo-quatuor, rien que ça ! Tu parles d'un challenge relevé, c'est carrément au-delà, et la production du groupe et de David Hentschel, encore magnifiée par la précision pointilleuse du remaster définitif de 2007, ne vient qu'enfoncer le clou de cette ô combien spectaculaire réussite.
Il y a aussi, malheureusement, les prémices d'un nouveau divorce avec un Tony Banks tout puissant, compositeur, arrangeur et instrumentiste vedette de la galette, celui-là même qui aurait bien vu "son" groupe continuer sans vocaliste !, ne laissant que miettes à ses compagnons dont un, le pourtant extrêmement précieux Steve Hackett, finira par se lasser de son rôle de second couteau d'autant qu'il sort alors des sessions de son excellent premier opus solitaire, Voyage of the Acolyte, où il a démontré sa capacité à produire, seul ou presque, un matériau d'une qualité quasi-équivalente dans un style tout à fait compatible à l'esthétisme de sa maison mère.
On a trop souvent tendance à penser que Genesis sans Peter Gabriel n'est plus tout à fait Genesis. A l'écoute d'A Trick of the Tail et de son tout aussi recommandé successeur, Wind And Wuthering, le sentiment se voit battu en brèche de la plus impeccable manière. Recommandé ? Obligatoire, oui !

1. Dance on a Volcano 5:53
2. Entangled 6:28
3. Squonk 6:27
4. Mad Man Moon 7:35
5. Robbery, Assault and Battery 6:15
6. Ripples... 8:03
7. A Trick of the Tail 4:34
8. Los Endos 5:46

Tony Banks - acoustic & electric pianos, Hammond T-102 organ, synthesizers, mellotron, 12-string guitar, backing vocals
Phil Collins - lead and backing vocals, drums, percussion
Steve Hackett - electric guitar, 12-string guitars
Mike Rutherford - bass guitar, 12-string guitar, bass pedals


1976
"Wind and Wuthering"
La Fin d'une Epoque

Ultime opus du Genesis (presque) classique, album immense comme la plupart de ceux qui le précèdent, Wind & Wuthering est essentiel.
Un des albums les plus musicalement aboutis de ce Genesis progressif, aussi, grâce à la maniaquerie de l'arrangeur en chef, Tony Banks, et le soutien de ses collègues qui, c'est acquis, ne sont pas des demi-sels quand il s'agit de s'exprimer, chacun, sur leur instrument respectif. En résulte des compositions précieuses, millimétrées même et, du coup, un peu moins de folie que ce que nous avait habitué le groupe dans sa mouture la plus référentielle.
Concrètement, sur 8 des 9 compositions, on retrouve le Genesis qu'on avait eu l'habitude d'entendre en, cependant, un peu plus lisse. L'absence de Gabriel est, il faut dire, un facteur contribuant de cet etat de fait. Déjà parce que Collins, nettement moins "clonesque" que sur A Trick of the Tail (pour lequel, il est vrai, il n'avait pas prévu de chanter), amène une sensibilité plus pop, plus romantique, ensuite parce que les textes ont perdu en symbolique et en allégorie parfois cryptique ce qu'ils ont gagné en clarté.
C'est le cas sur l'ensemble de l'album où l'on n'est pas obligé de trop se creuser les méninges pour savoir ce que ce diable de parolier a bien voulu dire, à l'exception cependant de One for the Vine qui est aussi, tiens tiens, le chef d'oeuvre de l'opus. On y apprécie la fantaisie toute britannique d'un All in A Mouse's Night, sorte de Tom & Jerry version prog, moins le côté trop normal, commun dirait-on, d'une bête chanson d'amour telle que Your Own Special Way. Cette dernière, justement, fait un peu tâche sur un album qui, sinon, allie avec grandeur complexité et harmonie, sans doute cette dernière préfigure-t-elle la simplification de l'écriture du groupe (et de Rutherford en l'occurence) qui prendra effet dès l'album suivant, dès le départ de Steve Hackett, osera-t-on affirmer.
Sinon, c'est à un Genesis finalement assez proche de celui de Selling England By The Pound auquel nous avons affaire avec, notamment, des tentations "fusionnesques" sur l'instrumental Wot Gorilla? et, globalement, symphoniques sur l'ensemble de la galette. Et ça marche merveilleusement bien et donne une collection où, donc, à l'omission du précité faux-pas, le féru de rock progressif en prend plein les oreilles. D'autant que la production, signée de David Hentschel et du groupe, met parfaitement en valeur les nombreuses qualités d'une formation encore clairement à son sommet créatif.
Il y a moult raisons de se réjouir du souffle de ce vent divin, et une de s'attrister car, enfin !, comment ne pas rager qu'une telle verve créatrice se voit petit à petit éteinte dans ce qui suivra ? Comment ne pas regretter cette formation d'exception dans sa mue pop-progressive d'abord puis carrément pop ? Pas que les successeurs ne déméritent vraiment, il restera du grain à moudre pour les amateurs de belles ambiances et de ciselées compositions, mais plus jamais autant qu'avec la période qui se clôt ici et laisse, mine de rien, six album quasi-parfaits en seulement cinq petites années. Très fort !

1. Eleventh Earl of Mar 7:39
2. One for the Vine 9:59
3. Your Own Special Way 6:15
4. Wot Gorilla? 3:12
5. All in a Mouse's Night 6:35
6. Blood on the Rooftops 5:20
7. Unquiet Slumbers for the Sleepers... 2:27
8. ...In That Quiet Earth 4:45
9. Afterglow 4:10

Tony Banks - acoustic & electric pianos, synthesizers (ARP 2600 & Pro-Soloist, Roland RS-202 String), mellotron, Hammond T-102 organ
Phil Collins - lead & backing vocals, drums, percussion
Steve Hackett - electric guitar, classical guitar, 12-string guitar, kalimba, autoharp
Mike Rutherford - bass guitars (4, 6 & 8 strings), bass pedals, 12-string guitar, electric guitar, backing vocals


1977
"Seconds Out"
Précieuses Secondes

Parce que si le Genesis Live de 1973 avait ses mérites (ha ! cette version de The Knife), il souffrait d'une sélection trop peu étendue pour être réellement satisfaisante et d'un mixage par trop approximatif pour contenter les audiophiles (ce détail largement réparé par le remix de 2009, c'est à noter).
Sur les douze titres de la sélection, enregistrés en grande partie lors d'un concert parisien au Palais de Sports (13/06/77), cinq proviennent des deux albums sortis avec Phil Collins au chant, qui y est donc comme un poisson dans l'eau. Le reste, créé avec vous savez qui, constitue donc la vraie nouveauté, la gageure qu'est de devoir remplacer un vocaliste à la personnalité unique. Force est de constater que Phil s'en sort bien, trouve son propre chemin, sa propre voie (voix) imposant une tonalité plus pop sans ruiner le souffle épique de compositions qui, sans, ne s'en seraient pas remises. Il faut dire que ce Genesis là, que ce soit avec Chester Thompson ou Bill Bruford (ce dernier uniquement sur The Cinema Show) en suppléants de luxe au batteur intermittent a tous les atouts instrumentaux de son prédécesseur, à commencer par un Hackett quelque peu maltraité au mixage (pas sur la version définitive de 2009 cependant) mais bel et bien présent et ô combien utile comme sur Firth of Fifth (amputé de son intro de piano, dommage !) ou l'apothéose finale Los Endos où sa maîtrise technique n'a d'égale que le feeling qu'il infuse dans ses parties. Il suffit d'ailleurs de comparer les quelques morceaux communs avec le live suivant de Genesis, Three Sides Live, pour se rendre compte du vide qu'il laissera à son départ. Le reste du line-up, Banks et Rutherford, est évidemment à la hauteur de leurs comparses avec un Mike en soutien essentiel (et pas seulement bassiste) et un Tony toujours aussi flamboyant derrière ses claviers. Plus que de solide, c'est d'inspiré dont il s'agit avec un groupe toujours aussi progressif, toujours autant en maîtrise de son sujet sur une tracklist où, bien sûr, d'aucuns regretteront l'absence d'essentiels ou jugés comme tels (The Knife ou Watcher of the Skies viennent à l'esprit) mais proposant, une première alors, l'intégralité de Supper's Ready, ce qui n'est pas rien, convenons-en.
Doté, dès sa première édition, d'une captation de qualité, Seconds Out resplendit encore plus dans son mixage définitif de 2009 et demeure, quoiqu'en pensent ceux pour qui Genesis sans Gabriel n'est plus tout à fait Genesis, un excellent album live, introduction presque idéale à ce géant des 70s alors au sommet de son art... Plus pour très longtemps, hélas.

CD 1
1. Squonk 6:39
2. The Carpet Crawl 5:27
3. Robbery, Assault and Battery 6:02
4. Afterglow 4:29
5. Firth of Fifth 8:56
6. I Know What I Like (In Your Wardrobe) 8:45
7. The Lamb Lies Down on Broadway 4:59
8. The Musical Box (Closing Section) 3:18

CD 2
1. Supper's Ready 24:33
2. The Cinema Show 10:58
3. Dance on a Volcano 5:09
4. Los Endos 6:20

Tony Banks - RMI Electra Piano, Hammmond T. organ, Mellotron 400, ARP Pro Soloist synthesizer, Epiphone 12-string guitar, backing vocals
Phil Collins - lead vocals, percussion, drums on "Robbery, Assault and Battery" (during keyboard solo), "Firth of Fifth", "The Musical Box", "Supper's Ready" (during "Apocalypse in 9/8" section), "Cinema Show" (during keyboard solo) & "Los Endos"
Steve Hackett - Gibson Les Paul lead guitar, Hokada 12-string guitar
Mike Rutherford - Shergold Modulator doubleneck 12-string electric guitar/4-string bass guitar, 8-string bass guitar, Moog Taurus bass pedals, backing vocals
&
Chester Thompson - drums & percussion on all tracks except "The Cinema Show"
Bill Bruford - drums & percussion on "The Cinema Show"



1978
"...and Then They Were Three"
Un seul être vous manque...

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ? C'est la thèse concernant And Then They Were Three qui suit le départ d'un guitariste exceptionnel, Steve Hackett, et amorce la seconde phase de la carrière de Genesis, plus pop, moins prog. Mais ce n'est pas si simple...
Présentement, Genesis se remet du départ d'un instrumentiste qui fut un élément important de son son en ne le changeant pas vraiment. Rutherford, qui c'est entendu, n'est pas du même niveau que celui qu'il est sensé remplacer, mise sur une approche supra-mélodique de l'instrument compensant ainsi son déficit technique, et c'est plutôt bien joué. D'autant qu'il y a, dans le groupe, une évidente volonté de simplification de l'écriture, une évolution vers des compositions à la structure plus pop sans pour autant abandonner l'emphase progressive qu'ils avaient l'habitude de leur donner. Le résultat, un compromis bien trouvé, ne produit pas que d'excellents résultats mais force est de constater qu'il fonctionne sur la majorité de titres plutôt très réussis et nullement indigne de la réputation du groupe.
Parce qu'il y a encore du grain à moudre pour les fans du Genesis d'avant : Down and Out, puissante et inspirée ouverture; Undertow, belle composition douce-amère à la mélodie entêtante et la progression réussie; Ballad of Big, morceau étonnamment rock fort bien troussé, Snowbound, délicate composition qui n'aurait pas déparé sur Wind And Wuthering; Burning Rope, une des plus belles réussites de l'opus, puissant, racé et mélodiquement superbe; Deep in the Motherlode, qui semble déjà annoncer le tournant pris par le groupe sur Duke; Scenes from a Night Dream, pendant égal de face B à Ballad of Big; Say It's Alrigh Joe, ballade mélancolique à l'emballage progressif final parfaitement réussi. Toutes de vraies belles réussites. Comme le reste, sauf peut-être un Follow You Follow Me trop facile pour être honnête, n'est pas mal non plus, on ne peut que fêter l'avènement d'un nouveau line-up suffisamment roué pour contourner ses handicaps naturels.
Evidemment, on ne peut qu'imaginer (rêver !) le résultat avec Hackett qu'il aurait été facile de retenir en lui offrant un rôle créatif plus étendu, et regretter que les saillies géniales du taciturne axeman ne viennent pas encore un peu plus embellir le probant résultat. Mais c'est comme ça, on fait avec.
Au final, passé la compréhensible si excessive déception d'époque, on se retrouve avec un Genesis classique et réussi, un album démontrant que, même à trois, ces messieurs possèdent un petit quelque chose de plus les plaçant loin au-dessus de la mêlée des laborieux. Excellent, quoi !

1. Down and Out 5:25
2. Undertow 4:47
3. Ballad of Big 4:47
4. Snowbound 4:30
5. Burning Rope 7:07
6. Deep in the Motherlode 5:14
7. Many Too Many 3:30
8. Scenes from a Night's Dream 3:30
9. Say It's Alright Joe 4:18
10. The Lady Lies 6:05
11. Follow You Follow Me 3:59

Tony Banks - piano (Yamaha CP-70 electric), organ (Hammond T-102), Mellotron, synthesizers (ARP 2600, ARP Pro Soloist, Polymoog, Roland RS-202)
Phil Collins - lead and backing vocals, drums, percussion
Mike Rutherford - guitars, fretted & fretless bass guitars, bass pedals


1980
"Duke"
La Tournée du Grand Duc

Chapitre 2 du Genesis réduit à l'état de trio, Duke est un album ambivalent. D'un côté, il y a l'écriture de plus en plus pop, d'un autre, une ambition musicale non-démentie.
La première tendance, pop donc, s'affiche via une série de chansons abordables visant, audiblement, à répéter voire à amplifier le succès grand public naissant du tube de leur précédent album, Follow You Follow Me. Le groupe y réussit avec Turn It On Again qui deviendra une étape quasi-obligatoire de chacune de leurs apparences scéniques et reste une chanson efficace et accrocheuse (à défaut de mieux...), et Misunderstanding, leur tout premier top 20 américain qui, composition de Phil Collins datant des sessions de son premier album solo, possède une (jolie) mélodie ratissant suffisamment large pour atteindre son but vulgarisateur.
La seconde tendance, prog !, s'exprime via ce qui aurait pu (aurait dû ?) être la suite ambitieuse de l'album mais se retrouve finalement éparpillée sur l'entièreté de la galette. Concrètement, le plan était un enchainement Behind The Lines / Duchess / Guide Vocal / Turn It On Again / Duke's Travels / Duke's End qu'il est toujours possible de réaliser à la maison mais fut finalement annulé, les trois voulant éviter toute comparaison avec une autre suite, l'intouchable Supper's Ready sur l'impeccable Foxtrot. Dommage parce que la suite fonctionne plutôt bien et a le mérite de l'ambition, ce que les heureux détenteurs de billets pour la tournée Duke purent vérifier in vivo.
Au niveau du son, de l'orchestration et des arrangements, on constate un net effacement de la guitare au profit des claviers omniprésents de Tony Banks, pas forcément une mauvaise nouvelle si on considère les limitations d'un Rutherford à la six-cordes mais un peu dommage quand même si on se souvient de quelques éléments fort inspirés détectables sur And Then There Were Three. On remarque aussi une très nette modernisation du son, modernisation qui se concrétisera avec Abacab et ses successeurs, pour des fortunes variées, hélas. Pour le moment, encore en prise avec son récent passé, Genesis continue de progresser dans des eaux finalement assez familières, peut-être un peu trop d'ailleurs, signe d'une frilosité pas encore tout à fait évacuée. Mais l'album sonne bien (particulièrement dans son édition remasterisée de 2007), les compositions sont globalement de belle qualité même si Man of Our Times et Please Don't Ask, respectivement signées de Rutherford et Collins, font un peu baisser le niveau, et que la version solo, cuivrée et dynamisée, by Collins, de Behind the Lines est finalement plus convaincante que celle du trio.
Album transitoire, un peu le séant entre progressisme moderne et pop/rock grand public, Duke est un pas de plus dans la trajectoire sans cesse évolutive de la formation. Une réussite mineure aussi à laquelle je préfère ce qui suit et précède directement, opinion minoritaire mais assumée.

1. Behind the Lines 5:31
2. Duchess 6:40
3. Guide Vocal 1:18
4. Man of Our Times 5:35
5. Misunderstanding 3:11
6. Heathaze 5:00
1. Turn It On Again 3:50
2. Alone Tonight 3:54
3. Cul-de-sac 5:02
4. Please Don't Ask 4:00
5. Duke's Travels 8:41
6. Duke's End 2:04

Tony Banks - keyboards, 12 string guitar, background vocals
Phil Collins - drums, percussion, lead & backing vocals, drum machine
Mike Rutherford - guitars, bass guitar, bass pedals, background vocals
&
David Hentschel - background vocals


1981
"Abacab"
L'Abc de la Nouveauté

Le dernier chef d'aeuvre de Genesis ? L'ultime album d'une triplette de transition du groupe de rock progressif des années 70 vers le groupe pop des années 80/90, indéniablement.
En fait, tout vient du départ de Steve Hackett et de l'obligatoire simplification instrumentale qui en suivit, du fait que les trois membres restants aient décidés de ne pas, encore une fois, amener une nouvelle tête dans leur petit confort. Il y a un paradoxe là-dedans, d'un côté une volonté de rester entre eux, dans un petit cocon, d'un autre une vraie prise de risque tant la guitare était, jusqu'alors, un élément déterminant de l'assemblage sonique de la formation.
Sur les deux albums précédents, Genesis n'a pas encore tout à fait assumé ce resserrement trouvant des alternatives compositionnelles et sonores à ce manque, pour des résultats tout sauf indignes mais sans doute un peu frileux. Abacab change tout ça, prépare la suite aussi avec un parti-pris nettement plus moderniste sans pour autant perdre le progressisme qui a fait la réputation et la gloire du groupe jusque-là. Evidemment, c'est le jeu de l'évolution, ce nouveau cap n'ira pas sans heurts avec leur auditoire de référence.
Pourtant, quel album ! Bon, on avouera que le petit gag de studio Who Dunnit? perd de son sel la première écoute passée, n'est pas Devo qui veut. Pour le reste, de l'énorme groove-progressif du morceau éponyme, du très Collinsien mais diablement efficace No Reply at All (avec les cuivres d'Earth Wind & Fire !), de la new wave progressive douce-amère de Me and Sarah Jane, du robotique et efficace single Keep It Dark, de l'énoooorme Dodo/Lurker (au groove, à la progression et à la mélodie si irrésistible... un must !), de la jolie ballade pas racoleuse pour deux sous Man on the Corner (composition de Collins, ça s'entend), du stadium rock malin et diablement bien troussé Like It Or Not, au rock déconstruit sur batterie tribale d'Another Record, c'est un sans faute et un album indéniablement osé pour des musiciens en recherche constante.
Tout juste regrettera-t-on que la très jolie face B Submarine ou n'importe laquelle des trois compositions du EP 3X3 enregistré lors des mêmes productives et inspirées sessions de l'album n'ait été substitué à la novelty song précitée. Et puis il y a la production, puissante, claire, pas si marquée par les 80s que ça, encore bonifiée dans le definitive remaster de 2007, on en reste pantois.
Abacab, à condition de ne pas commettre l'erreur de le comparer avec la première phase du groupe et son progressisme symphonique millimétré confinant à la perfection (surtout de 72 à 76), est l'apothéose du Genesis moderne, groupe qui n'a toujours pas froid aux oreilles mais ne tente pas, comme ce sera trop souvent le cas par la suite, à attirer les foules par quelques bassesses commerciales embarrassantes. Une bombe, vous dis-je !

1. Abacab 7:02
2. No Reply at All 4:41
3. Me and Sarah Jane 6:00
4. Keep It Dark 4:34
5. Dodo/Lurker 7:30
6. Who Dunnit? 3:22
7. Man on the Corner 4:27
8. Like It or Not 4:58
9. Another Record 4:30

Tony Banks - keyboards
Phil Collins - drums, percussion, vocals, drum machines
Mike Rutherford - bass guitar, bass pedals, guitars
&
EWF Horns - horns



1982
"Three Sides Live"
3 faces et plus

C'est entendu, le Genesis des années 80 n'est plus le Genesis historique, celui qui, de 1971 à 1976, de Trespass à Wind & Wuthering), combla d'aise les amateurs de rock progressif. Ceci vaut en studio comme en live comme tend à le démontrer le très professionnel Three Sides Live, troisième offrande en concert du désormais trio.
Peut-être parce que Daryl Stuermer n'est pas Steve Hackett (enfonçage de porte ouverte, je sais), plus certainement parce que l'obligatoire évolution entraînée par la drastique réduction du line-up dans son acceptation studio, la simplification et la modernisation de l'écriture et du son du groupe, pour continuer à exister autrement que comme le fantôme de son propre passé, a profondément redéfini la donne.
Or donc, quand il s'agit de donner un successeur à l'impeccable Seconds Out, Genesis le fit avec les armes qu'il possédait alors, celles d'une formation privilégiant une écriture plus pop mais un professionnalisme et une application aucunement démentis à reproduire, le supplément d'âme du direct en sus, sa musique d'alors sans tout à fait oublier, via quelques extraits bien sentis si moins habités, ce qui fit sa légende, plus particulièrement dans la version "Four Sides Live" disponible depuis les remasterisations de 1994. Cette nouvelle édition se vit amputée de sa face studio (dont le contenu est disponible sur le coffret 1976-1982), pour remplacer, et même mieux que ça !, elle fut glorieusement augmentée de trois pistes essentielles, dont une, la plus savoureuses de toutes, propose un medley d'It et de Watcher of the Skies captée en 1976 avec Hackett toujours présent et Bill Bruford au drumkit, frissons garantis !
Le reste de la sélection, à l'exception d'Afterglow et du pot-pourri "old-school" In the Cage/The Cinema Show/The Colony of Slippermen, se concentre sur les trois albums sortis depuis le départ d'Hackett. C'est forcément un peu moins excitant mais n'en possède pas moins quelques très beaux moments compensant le côté "greatest hits" du reste de la tracklist. On apprécie particulièrement les versions de Dodo/Lurker et d'Abacab, on aime aussi l'inclusion de Duchess et de Me and Sarah Jane, on a forcément plus de doutes sur un Turn It On Again, un Behind the Lines, un Follow You Follow Me et un Misunderstanding, autant d'indices que les temps changent, certainement pas pour le meilleur mais pas obligatoirement pour le pire pour autant, enfin, pas encore. Parce que Genesis, à ce point de sa carrière, demeure un combo qui sait faire sur scène et que, finalement, ce nouvel élan mainstream lui va plutôt bien au teint (et à la voix de Collins).
Côté technique, on apprécie la clarté et la puissance du son et tient ici la meilleure captation live du groupe jusqu'alors. On peut regretter qu'il ne s'agisse pas d'un concert unique mais de performances collectées majoritairement lors de divers concerts de la tournée Abacab, mais c'était déjà le cas sur Seconds Out et même sur Genesis Live où The Return of the Giant Hogweed provenait d'un autre concert que le reste des titres proposés. Bien monté, bien mixé, l'illusion est presque parfaite... mais reste une illusion, un assemblage artificiel d'une performance n'ayant, formellement, jamais existé.
Toujours est-il que Three Sides Live, excellent complément de ses deux prédécesseurs dans l'exercice, est un live de qualité par un groupe sûr de son fait et encore presque en pleine possession de sa force créatrice. La suite sera nettement moins glorieuse mais, ça, c'est une autre histoire...

CD 1
1. Turn It On Again 5:16
Nassau Coliseum, Long Island NY, 29 Nov 1981
2. Dodo/Lurker 7:19
National Exhibition Centre, Birmingham, 23 Dec 1981
3. Abacab 8:47
National Exhibition Centre, Birmingham, 23 Dec 1981
4. Behind the Lines 5:26
Nassau Coliseum, Long Island NY, 29 Nov 1981
5. Duchess 6:43
Nassau Coliseum, Long Island NY, 29 Nov 1981
6. Me & Sarah Jane 5:59
Nassau Coliseum, Long Island NY, 29 Nov 1981
7. Follow You Follow Me 4:58
Lyceum Ballrooms, London, 6 May 1980

CD 2
1. Misunderstanding 4:06
Savoy Theatre, New York NY, 28 Nov 1981
2. In the Cage/The Cinema Show/The Colony of Slippermen 11:53
National Exhibition Centre, Birmingham, 23 Dec 1981
3. Afterglow 5:14
National Exhibition Centre, Birmingham, 23 Dec 1981
4. One for the Vine 11:04
Theatre Royal Drury Lane, London, 5 May 1980
5. The Fountain of Salmacis 8:37
Knebworth Park, Hertfordshire, England, 24 June 1978
6. It/Watcher of the Skies 7:22
Apollo Theatre, Glasgow, Scotland, 8 Jul 1976

Tony Banks - keyboards, background vocals
Phil Collins - lead vocals, drums, percussion
Mike Rutherford - bass, guitar, background vocals
&
Daryl Stuermer - guitar, bass
Chester Thompson - drums, percussion

sur "it / Watcher of the Skies"
Tony Banks - keyboards
Phil Collins - vocals, drums
Steve Hackett - guitar
Mike Rutherford - bass, guitar
&
Bill Bruford - drums


1983
"Genesis"
Mama by the Sea, That's all!

L'album éponyme de Genesis de 1983 fut un énorme succès qui lança définitivement le virage grand public du plus grand groupe progressif de tous les temps. Rien que pour ça, on peut le détester, surtout si on aime le Genesis le plus ambitieux, celui qui de 1970 à 1977 produit une musique à la fois complexe et mélodique, presque parfaite pour ainsi dire.
Forcément, on ne peut évoquer l'album sans parler de son mammouth d'ouverture, Mama, tube planétaire, pas une chanson facile pour autant : de part son thème, l'amour d'un jeune homme pour une prostituée, sa construction, un lent crescendo nettement moins accrocheur que celui de Collins 2 ans plus tôt sur son premier album solo (In the Air Tonight, évidemment), une sacrée bonne chanson cependant. On ne peut pas non plus évoquer l'album sans mentionner la doublette Home by the Sea/Second Home by the Sea, exemplaire réussite de progressisme moderne et abordable. Et puis ? C'est hélas tout. Ha si, That's All, petite Beatlesrie, Collins y joue à la Ringo Starr, sympathique à défaut de mieux, fait son petit effet, son petit effet seulement. Et puis ? Cette fois c'est vraiment tout ! Sauf, bien sûr, si vous êtes amateur de chansons rigolardes qu'il ne faut surtout pas prendre au sérieux au risque de considérer les trois larrons comme de vils racistes patentés (Illegal Alien) ou que, fan de Collins, vous cherchiez une petite dose supplémentaire de sa pop mainstream (Taking It All Too Hard) ou de ses tentatives rock plutôt téléphonées (Just a Job to Do). On ne mentionnera même pas les deux dernières chansons faisant figure, au mieux, de remplissage, preuve que le groupe n'était pas dans sa phase d'inspiration la plus féconde, une impression confirmée par une totale absence d'inédits sur les faces B des quelques singles.
Et donc, finalement, après de longues années à produire une musique ambitieuse, c'est avec leur album le moins brillant à ce point de leur carrière que Genesis triomphera. Une réelle injustice qui, avec le succès sans cesse grandissant de leur batteur/chanteur en solitaire, influencera indéniablement ce qui suivra, de sinistre mémoire. Pas de quoi pavoiser.

1. Mama 6:46
2. That's All 4:22
3. Home by the Sea 4:46
4. Second Home by the Sea 6:22
5. Illegal Alien 5:12
6. Taking It All Too Hard 3:54
7. Just a Job to Do 4:44
8. Silver Rainbow 4:27
9. It's Gonna Get Better 5:00

Tony Banks - keyboards, backing vocals
Phil Collins - lead & backing vocals, drums, percussion, trumpet on "Illegal Alien", drum machines
Mike Rutherford - guitars, bass guitar, backing vocals, drum machine on "Mama"


1986
"Invisible Touch"
Le succès ne fait pas tout

Le succès ne fait pas tout. En ce qui concerne Invisible Touch, album le plus vendu de Genesis, (avec We Can't Dance qui le méritait, lui) c'est une évidence.
Invisible Touch n'est pourtant pas l'album le plus décrié du groupe, cet "honneur" revenant à And Then There Were Three et Calling All Stations pourtant nettement plus artistiquement intéressants.
En un mot comme en mille, on peut blâmer ce naufrage à une raison : ces maudites années 80, et aux tics de production qui vont avec et ne furent jamais aussi criants que sur l'album qui nous intéresse. Parce que, des synthétiseurs kitsch à un son de batterie imitant les pires boîtes-à-rythmes, ce n'est vraiment pas la panacée. Restent quelques bons moments, notamment dans Tonight Tonight Tonight, Domino ou The Brazilian, seules compositions à montrer encore quelques inflexions progressives bienvenues mais nettement trop délayées dans un opportunisme commercial encombrant. Il y a même, si on cherche vraiment, un single rigolo aux paroles sarcastiques (Land of Confusion), jamais aussi bon qu'accompagné de son clip Spitting Image. Ca ne fait pas lourd.
Pour être tout à fait honnête, on précisera que la remasterisation de 2007 rattrape un petit peu le coup mais pas assez pour sauver la galette la plus indigne de la carrière d'un immense groupe. Au suivant, donc, sans regret mais avec quelque amertume devant un tel gâchis. MTV m'a tuer, comme dirait l'autre.

1. Invisible Touch 3:26
2. Tonight, Tonight, Tonight 8:49
3. Land of Confusion 4:45
4. In Too Deep 4:59
5. Anything She Does 4:06
6. Domino 10:42
7. Throwing It All Away 3:51
8. The Brazilian 4:49

Tony Banks - keyboards, synth bass
Phil Collins - drums, percussion, vocals, drum machines
Mike Rutherford - guitars, bass guitar


1991
"We Can't Dance"
...malgré quelques lourdeurs

Je me souviens, alors que j'avais juré qu'on ne m'y reprendrait plus après le fiasco artistique d'Invisible Touch, avoir entendu le premier single de cet album, No Son of Mine, et m'être dit, tant côté son que côté composition, que Genesis avait enfin décidé de se remettre sérieusement au travail et de revoir ses ambitions musicales à la hausse. Evidemment, tout n'est pas si simple que ça mais, de fait, We Can't Dance peut-être aisément perçu comme une renaissance progressive, ce n'était pas gagné d'avance.
Bon, les fans de la première période (1970-1977) ne trouvèrent pas ici de quoi contenter leur appétit de progressisme symphonique, la faute à l'évolution du groupe vers d'autres territoires, d'autres envies aussi. Des envies bien légitimes parce que refaire encore et toujours un Selling England By The Pound, un Foxtrot ou un The Lamb Lies Down On Broadway, toutes des galettes légendaires à raison, aurait été, on se doute, une torture qui n'aurait probablement pas été, qui plus est, couronnée de succès. Toujours est-il qu'il y a dans We Can't Dance, outre d'excellents singles cette fois non handicapés par une production lourdement 80s, un vrai souffle créatif, une vraie ambition musicale démontrée par les deux longues compositions de l'album : Driving the Last Spike et Fading Lights, deux belles réussites réussissant à allier le modernisme assumé de la formation ainsi que son lien avec un passé qu'on pensait révolu. A tel point que, une fois l'ivraie dûment éliminée (les quelques ballades mollassonnes sans intérêt et autres morceaux nettement moins inspirés ou trop Collinsiens pour être honnêtes) on se retrouve avec le plus bel opus de Genesis depuis Duke. Je vous engage d'ailleurs à faire vous même le test en soustrayant Never A Time, Tell Me Why, Hold on My Heart et Since I Lost You voire Living Forever (le moins pourri du lot) du tout et en y, éventuellement, ajoutant la sympathique B'Side qu'est On the Shoreline. Concrètement, ça nous laisse 8 ou 9 chansons et 50 à 60 minutes, pas si mal pour un trio dont on pensait l'inspiration définitivement perdue dans les limbes.
Du coup, on peut le dire : We Can't Dance est une jolie réussite. Certainement pas un opus révolutionnaire ou possédant le souffle lyrique des meilleurs de ses aînés mais une aeuvre inspirée par trois quinquagénaires sachant encore, à condition qu'ils s'en donnent la peine, produire une musique pleine de sève et d'esprit.

1. No Son of Mine 6:39
2. Jesus He Knows Me 4:16
3. Driving the Last Spike 10:08
4. I Can't Dance 4:01
5. Never a Time 3:50
6. Dreaming While You Sleep 7:16
7. Tell Me Why 4:58
8. Living Forever 5:41
9. Hold on My Heart 4:37
10. Way of the World 5:38
11. Since I Lost You 4:09
12. Fading Lights 10:16

Tony Banks - keyboards
Phil Collins - drums, percussion, vocals, drum & percussion programming
Mike Rutherford - guitars, bass guitar


1992/93
"The Way We Walk"
Plus c'est long, plus c'est bon !

Les éditions diverses et variées du 4ème live (ou 4ème et 5ème si on le sépare comme dans sa première édition) de Genesis, The Way We Walk, sont un beau bordel avec donc la première à la sortie décalée de quelques mois proposant un "Shorts" en forme de best of live suivi d'un "Longs" avec les titres plus ambitieux (et progressifs), puis une compilation des deux sans altération de l'ordre de la tracklist en 1998 et, enfin, la version du coffret 1973-2007 où l'ordre change, accommodant l'ensemble tel un vrai concert malgré des sources différentes, et un bonus accessoire (Turn It On Again), cette dernière également éditée en papersleeve dans la foulée... A ne plus s'y retrouver.
Ceci dit, si vous avez le choix, c'est sur la version "ultimate" qu'il faut se porter et ce pour plusieurs raisons : déjà parce que la séparation des singles et des pièces progressives y a disparu rendant le tout plus naturel, ensuite parce que les morceaux y sont souvent allongés avec des introductions de Phil Collins absentes autrement, enfin parce qu'il y a tout de même un titre bonus, pas une tuerie mais c'est toujours bon à prendre.
Formellement, c'est tout de même un peu le live du déclin avec moult chansons à la tonalité modifiée pour s'adapter à un Collins n'atteignant plus certaines notes confortablement, avec des musiciens certes très professionnels et précis (ce qu'ils furent toujours, même dans les trippantes 70s, c'est à préciser) mais parfois un peu en pilote automatique, particulièrement sur les "shorts". On y remarque aussi que la période Peter Gabriel, déjà maltraitée sur Three Sides Live (quoiqu'un peu moins dans la réédition "four sides live") est ici expédiée dans un Old Medley ou pas moins de 10 morceaux sont, plus ou moins rapidement, passés en revue, et que c'est tout de même le mariage de la carpe et du lapin parce que passer, par exemple, du "pouet-pouet" Illegal Alien à l'ultra référentiel Firth of Fifth ne tenait pas de la criante évidence. On ne boude cependant pas son plaisir de retrouver quelques vieilles scies, fussent-elles incomplètes, ayant plutôt mieux supporté le passage des ans que d'autres pourtant plus contemporaines. Dans le reste de la sélection, on ne retrouve rien d'avant 1983, un comble considérant la richesse du catalogue du groupe, un comble aussi quand, amateurs de Genesis, on sait que cette époque plus récente est aussi nettement moins inspirée même si pas totalement exempte de bons moments tels que les deux longues plages de We Can't Dance (Driving the Last Pike et Fading Lights) ou un duo de batteur de qualité (The Drum Thing). Les autres, singles ou pièces plus longues, plairont surtout à ceux qui apprécient le Genesis pop, ensemble capable du meilleur (No Son of Mine, In Too Deep) comme du pire (Hold on My Heart, Invisible Touch).
Evidemment, les captations sont de très bonne qualité permettant de tout entendre dont une suspecte absence d'erreur faisant penser qu'un passage par la case studio, afin de corriger quelques inévitables pains, n'a pas été omis.
Live descriptif du groupe d'alors, The Way We Walk a les défauts de ses qualités en promouvant un groupe qui s'est notablement éloigné de ses bases d'antan optant pour une écriture modernisée et simplifiée devenant, ce faisant, une success story d'une ampleur aussi colossale qu'imprévisible. Aussi imprévisible que ce qui suivra : le départ de Phil Collins, un ultime album studio avec un nouveau vocaliste, une séparation avant un retour scénique dans la même configuration mais avec une visée plus récapitulative qu'ici. En résumé, on recommandera surtout The Way We Walk aux complétistes de la chose génésienne et à ceux appréciant leur période FMinée, ça fait déjà du monde !

CD 1
1. Land of Confusion 5:13
11 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
2. No Son of Mine 7:02
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
3. Driving the Last Spike 10:19
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
4. Old Medley 19:43
Dance on a Volcano/The Lamb Lies Down on Broadway/The Musical Box/Firth of Fifth/I Know What I Like (In Your Wardrobe) + excerpts of That's All, Illegal Alien, Your Own Special Way, Follow You Follow Me & Stagnation
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, Germany
5. Throwing it all Away 6:54
2 August 1992 Knebworth Park, Stevenage, GBR, 13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
6. Fading Lights 10:50
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
7. Jesus He Knows Me 5:31
11 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
8. Home by the Sea/Second Home by the Sea 12:03
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover

CD 2
1. Hold On My Heart 5:54
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
2. Domino 11:20
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
3. The Drum Thing 5:49
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
4. I Can't Dance 7:15
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
5. Tonight, Tonight, Tonight 3:49
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
6. Invisible Touch 5:27
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
7. Turn it on Again* 7:10
* Bonus on the 2009 audio live boxset
8. Mama 6:48
4 July 1987 Wembley Stadium, London, GBR
9. That's All 4:58
4 July 1987 Wembley Stadium, London, GBR
10. In Too Deep 5:35
October 1986 L.A. Forum, Inglewood, CA, USA

Phil Collins - lead vocals, drums, percussion
Tony Banks - keyboards, vocals, background vocals
Mike Rutherford - guitars, bass, background vocals
&
Daryl Stuermer - guitar, bass,
Chester Thompson - drums, percussion


1997
"Calling All Station"
Le Vilain Petit Canard

1996, "And then they were two". Mais c'était intenable d'autant que ni Rutherford, ni Banks ne sont des vocalistes suffisants pour occuper le poste et qu'il faut bien un batteur... Alors on recrute, l'écossais ex et futur Stiltskin Ray Wilson, pas un choix évident d'autant que ça se bousculait au portillon, pensez !, une place dans une des plus célèbres formations du rock progressif des années 70, ou ce qu'il en restait...
S'il y a bien une évidence qui saute à la gueule à l'écoute de Calling All Stations, c'est que l'orientation FMinée du groupe n'était pas, comme beaucoup le pensaient, la seule "faute" de leur semi-chauve batteur et vocaliste, le rigolard et parfois agaçant Phil Collins. Parce que si, finalement, il y a une vraie surprise dans l'album c'est qu'il n'y en a pas vraiment, outre le changement vocal assez radical, c'est entendu.
Côté composition, s'il n'y a pas la bonne surprise d'un retour à un progressisme seventisant, il n'y a pas non plus de particulière déconvenue. Au contraire, si l'ensemble de l'album est indéniablement routinier, on ne se refait pas à l'âge des deux leaders (par défaut ?), il réserve quelques très jolies surprises desquelles on extraira les plus éblouissantes : le trippant Alien Afternoon, le puissant The Dividing Line, l'"Afterglowien" Uncertain Weather, le morceau qui aurait dû être un tube qu'est Small Talk (tellement mieux que Not About Us choisi pour l'exercice), ou la belle doublette de prog moderne de clôture, There Must Be Some Other Way et One Man's Fool. L'air de rien, ça fait plus de la moitié de la tracklist, pas si mal pour un album généralement décrié et qualifié de "combat de trop" par moult plumes critiques. D'autant que le reste, sans être aussi enthousiasmant, n'est aucunement indigne. Reste une production et des arrangements émasculant trop souvent le potentiel de bonnes chansons voire l'opportunité manquée de recruter quelques jeunes et fines lames (un guitariste soliste, un vrai !) histoire de dynamiser le long fleuve tranquille de quelques rapides salvateurs. C'est d'autant plus rageant qu'il ne manque pas grand chose ! Déjà parce que le chant de Ray Wilson, un Gabriel sans la fantaisie mais qui fait ce qu'il peut avec ce qu'on lui propose et possède un vrai sens de la mélodie, amène un réel supplément d'âme, ensuite parce que la paire de batteurs/percussionnistes convoquée pour l'occasion (Nick D'Virgilio de Spock's Beard, entre autres, et Nir Zidkyahu, qui participera à la tournée qui suivra) ré-épice le côté progressif du groupe là où Phil C. avait fini par simplifier son jeu à l'extrême en plus d'être souvent supplanté par d'affreuses boîte-à-rythmes, enfin parce que que (re !) il y a un paquet de bonnes chansons qui, on le sent !, ne demandaient qu'à s'épanouir mais resteront malheureusement trop contraintes par leurs arrangements calibrés et leur production clinique (si d'une qualité audiophile incontestable).
Ces petits défauts mis à part, ce qu'il n'est pas compliqué de faire, tenez-le vous pour dit, Calling All Stations était une bonne surprise en 1997 et reste une œuvre plus qu'honnête 17 ans plus tard. Plus qu'honnête et nettement plus écoutable sur la durée que certains albums multi-platinés de la formation tels que l'éponyme de 1983 ou le putassier Invisible Touch sorti trois ans plus tard. Recommandé donc, et pas seulement aux fans de Genesis mais à tous ceux qui goûtent au rock progressif mélodique moderne, ils sont nombreux.

1. Calling All Stations 5:43
2. Congo 4:51
3. Shipwrecked 4:23
4. Alien Afternoon 7:51
5. Not About Us 4:38
6. If That's What You Need 5:12
7. The Dividing Line 7:45
8. Uncertain Weather 5:29
9. Small Talk 5:02
10. There Must Be Some Other Way 7:54
11. One Man's Fool 8:58

Tony Banks - keyboards, backing vocals
Mike Rutherford - guitar, bass, backing vocals
Ray Wilson - vocals
&
Nir Zidkyahu - drums on tracks 1-3, 4 (second half), 5, 7, 10-11; percussion on 2
Nick D'Virgilio - drums on tracks 4 (first half), 6, 8-9


2007
"Live Over Europe 2007"
Un retour sans fanfare

Dans les rêves les plus fous de ceux qui attendaient Genesis depuis l'arrêt d'activité ayant suivi l'album et la tournée en compagnie de Ray Wilson ne figurait pas le retour du trio couvert de platine des années 80, il fallut néanmoins s'en contenter.
Comme il fallut se contenter du Live Over Europe qui, sur le papier au moins, s'annonçait nettement plus juteux que son prédécesseur, Way We Walk, ne serait-ce que parce qu'on y trouvait une setlist offrant plus de place au groupe dans son acceptation 70s... Plus dure fut la chute.
C'est un comble de devoir le dire mais, à force d'être de grands professionnels en complète maîtrise de leur sujet, les trois membres de Genesis et leurs deux accompagnateurs habituels (messieurs Thompson et Stuermer) ennuient un peu là où on aimerait tellement se laisser emporter. Alors, oui, ce qui est concrètement proposé fait souvent venir la bave aux lèvres même si on doit, pour ce faire, se fader quelques tubes insipides.
Et puis il y a le chant de Collins. Déjà sur The Way We Walk, on avait dû subir des baisses de tonalité sur certains titres. Cette fois, c'est l'entièreté des captations qui est impactée par les limitations d'un vocaliste vieillissant. Et, finalement, il y a l'interprétation de groupe, ce ressenti global qu'ils font le boulot en pilote automatique ou, pire !, qu'ils n'ont d'autre choix vu le show proposé autour de la performance musicale (voir la partie documentaire du DVD When in Rome pour s'en convaincre). Aussi, quand, comme sur la version audio présentement billetée, on n'a que le son pour procurer l'extase, qui ne vient jamais vraiment, c'est franchement handicapant.
Formellement, avec une setlist donc plutôt maline et bien torchée, Live Over Europe n'est pas un mauvais album en public, il manque simplement cruellement de cette passion, de ce souffle épique qui caractérisait les meilleures performances scéniques du groupe. Et ce n'est pas le choix d'un assemblage artificiel de plusieurs concerts qui rattrapera tout ça. Dommage, vraiment dommage de voir un si beau, si grand groupe finir (pour le moment ?) sur une note si terne.
A choisir, si vraiment vous souhaitez un témoignage de cette tournée, optez pour le DVD précité, ce n'est pas la panacée mais a, au moins, l'avantage d'une certaine vérité. Sinon, il existe d'autres live de Genesis (de celui de 73 à Seconds Out en passant par Three Sides Live) qui rendent éminemment mieux justice à ce géant des 70s.

CD 1
1. Duke's Intro (Behind the Lines/Duke's End) 3:48
- Manchester
2. Turn It On Again 4:26
- Amsterdam
3. No Son of Mine 6:57
- Amsterdam
4. Land of Confusion 5:11
- Helsinki
5. In The Cage/The Cinema Show/Duke's Travels 13:30
- Manchester
6. Afterglow 4:27
- Manchester
7. Hold on My Heart 5:58
- Hannover
8. Home by the Sea/Second Home by the Sea 11:58
- Düsseldorf & Rome
9. Follow You Follow Me 4:19
- Paris
10. Firth of Fifth [excerpt] 4:39
- Manchester
11. I Know What I Like (interpolating "Stagnation") 6:45
- Manchester

CD 2
1. Mama 6:57
- Frankfurt
2. Ripples 7:57
- Prague
3. Throwing It All Away 6:01
- Paris
4. Domino 11:34
- Rome
5. Conversations With 2 Stools 6:48
- Munich
6. Los Endos 6:24
- Twickenham
7. Tonight, Tonight, Tonight [excerpt] 3:49
- Rome
8. Invisible Touch 5:35
- Rome
9. I Can't Dance 6:11
- Munich
10. The Carpet Crawlers 6:00
- Manchester

Phil Collins - lead vocals, drums, tambourine
Tony Banks - keyboards, backing vocals
Mike Rutherford - bass, guitar, backing vocals
&
Daryl Stuermer - guitar, bass, backing vocals
Chester Thompson - drums, percussion



A comme...

$
0
0
A comme ? Amour ? Mais on aurait deux jours d'avance... Alors A comme Artistes, une belle brochette tous avec un sobriquet débutant comme l'alphabet. Bête comme chou, n'est-il pas ? Et ce n'est que le début d'une série de recyclages alphabétiques que je vous proposerai avant un (encore incertain) retour en bonne et due forme avec une nouvelle formule. Mais, avant ça, ce sera A comme... Et enjoie !

A comme...
AC/DC "Dirty Deeds Done Dirt Cheap" (1976)
Assez d'essais !

Premier album quasi-identique (la tracklist est légèrement différente tout comme la pochette, conceptualisée par Storm Thorgerson dans la version pour tous) à l'international et dans leur Australie d'origine, Dirty Deeds Done Dirt Cheap est une étape de plus dans la conquête du monde par le plus improbable des combos d'affreux sales et méchants rockers, AC/DC avec son lead-guitariste en habit d'écolier, ridicule ! Mais la musique, man, la musique, ce machin qui vous pète à la tronche, vous fait irrésistiblement remuer du chef et battre de la semelle, ce son gras de blues bien pêchu, cette voix aussi, rauque, qui roule dans vos cages à miel pour le décrassage de rigueur... Fantastique ! Or, donc, après High Voltage et TNT en 1975, quelques mois seulement après la sortie de leur premier album international compilant leur deux galettes australiennes initiales, voici l'album qui enfonce le clou, prouve que ce quintet a des arguments à faire valoir et que sa formule, à priori limitée, peut produire moult trésors. Cela en fait-il le meilleur album du groupe ? Sans doute pas (voire l'inénarrable Highway to Hell pour ça) mais avec des classiques tels que le menaçant Dirty Deeds Done Dirt Cheap, le rigolard mais toutefois sévèrement burné Big Balls, le boogie nerveux mené tambours battants de Rocker, le déjà typique et définitivement efficace Problem Child, ou, pour ne plus citer que celui-ci et éviter l'énumération systématique, le gros blues de la mort qui tue Ride On sur lequel Bon étale tout l'immense feeling de sa voix rauque and roll... Bref, neuf titres pour un évident triomphe démontrant alors qu'AC/DC n'était pas qu'un épiphénomène mais bien une valeur avec qui il allait falloir compter, et tout ça fait un album classique mais vous le saviez sûrement déjà.

1. Dirty Deeds Done Dirt Cheap 3:52
2. Love at First Feel 3:12
3. Big Balls 2:38
4. Rocker 2:50
5. Problem Child 5:46
6. There's Gonna Be Some Rockin' 3:18
7. Ain't No Fun (Waiting Round to Be a Millionaire) 6:54
8. Ride On 5:53
9. Squealer 5:27

Bon Scott - lead vocals
Angus Young - lead guitar
Malcolm Young - rhythm guitar, backing vocals
Mark Evans - bass guitar
Phil Rudd - drums


A comme...
ALICE COOPER "Welcome to My Nightmare" (1975)
Cooper de Têtes

Le cauchemar originel de Vincent Furnier quand, soldant pour de bon son groupe il en assume l'identité patronymique, est un concept album qui marqua tellement la carrière d'Alice Cooper qu'il connut rien moins que trois suites plus ou moins officielles, plus ou moins récentes... La raison de tout ce tintouin ? Un foutu bon concept de shock rock, évidemment !
Parce qu'il a sa petite idée, Alice, celle d'un show total, d'une rencontre entre l'hémoglobine, l'électricité et le sexe, un machin à faire s'étrangler ses plus vertueux compatriotes même si, musicalement, la messe est nettement plus tempérée qu'elle ne le fut avec son groupe. Parce qu'ici, sous, toujours, la bienveillante et inspirée supervision de Bob Ezrin, qui ayant travaillé sur les quatre premiers albums classiques du groupe Alice Cooper (ne manquant que Muscle of Love pour des raisons de divergences artistiques avec les musiciens de la formation, le guitariste Michael Bruce aux premiers d'iceux) fait figure de recours logique quand le vocaliste reprend seul le flambeau.
Musicalement, Welcome to My Nightmare n'est pas exactement une rupture avec le son classique d'Alice Cooper, ce hard/glam rock théâtral et braillard sachant mixer hooks pop irrésistibles à une énergie provocatrice salutaire, plus une évolution avec, concept oblige, un supplément de pompe qui, en vérité, va bien au teint du référentiel shock-rocker. Et donc, avec un producteur à l'importance centrale et un groupe largement emprunté à Lou Reed, Vincent "Alice Cooper" Furnier crée-t-il sa collection la plus variée et réussie prouvant également qu'il a une vie, un potentiel, sans les musiciens qui l'accompagnaient depuis toujours. Voyage dans les cauchemars du petit Steven (une réinvention de Vincent quand il était encore le fils d'un pasteur de Detroit, Michigan relocalisé dans le désert arizonien ? y a de ça), Welcome to My Nightmare est aussi, surtout !, une sacrément bien troussée collection de chansons où Alice va parfois très loin dans la théâtralisation de son art (l'enchaînement Devil's Flood/The Black Widow avec l'excellente participation du légendaire Vincent Price en récitant cinématique) mais, plus important encore, sait élargir la palette sonore vers quelques bienvenues fantaisies (le cabaret rock de Some Folks, la power-ballad épique et pas idiote Only Women Bleed, la comptine flippante Years Ago, un presque progressif Steven hommageant l'encore tout récent Tubular Bells de Mike Oldfield, et le transitionnel et habité The Awakening, tout en ambiance claustrophobe) tout en conservant sa crédibilité de scary-clown électrique (Welcome to My Nightmare, Department of Youth, Cold Ethyl et Escape).
Tout ça nous fait un album aujourd'hui justement entré dans la légende, la plus magistrale réussite de l'Alice Cooper solo aussi et une œuvre donc forcément recommandée à toutes celles et tous ceux qui ne s'y seraient pas encore penché, il n'est pas trop tard mais largement temps de se rattraper parce que Welcome to My Nightmare, c'est quelque chose !

1. Welcome to My Nightmare 5:19
2. Devil's Food 3:38
3. The Black Widow 3:37
4. Some Folks 4:19
5. Only Women Bleed 5:49
6. Department of Youth 3:18
7. Cold Ethyl 2:51
8. Years Ago 2:51
9. Steven 5:52
10. The Awakening 2:25
11. Escape 3:20

Alice Cooper - vocals
Bob Ezrin - synthesizer, arranger, keyboards, vocals, producer
Jozef Chirowski - keyboards, clavinet, vocals, Fender Rhodes
Dick Wagner - electric and acoustic guitar, vocals
Steve Hunter - electric and acoustic guitar
Prakash John - bass
Tony Levin - bass
Pentti "Whitey" Glan - drums
Johnny "Bee" Badanjek - drums
Gerry Lyons - vocals
Vincent Price - the curator


A comme...
RON ANDERSON "Secret Curve" (2011)
Prog It!

Si on avait pas peur d'en faire fuir certains, qui auraient bien tort ceci dit en passant, on classifierait volontiers le Secret Curve de Ron Anderson dans la catégorie Rock Progressif, versant RiO (Rock in Opposition) soit de ces formations qui aimaient se jouer des formats et de l'harmonie, briser les conventions pour réinventer le rock.
A la croisée d'un jazz devant beaucoup à la libération des années 60 et de la version déconstruite/reconstruite du rock progressif des années 70 (Henry Cow, Zappa, King Crimson), mené de main de maître par une paire rythmique d'une technique, d'une précision et d'une inspiration digne du meilleur Ruins (avec qui Ron a d'ailleurs collaboré sur l'album Big Shoes), c'est une référence. Une paire qui est absolument la base de l'édifice PAK (le nom du groupe) sur lequel s'ajoutent trompette, piano, cor, saxophone, clarinette, violon (etc.)... et pas de guitare ! Il faut dire que l'ensemble est riche et que l'overdose de biens, la foutraque propension du groupe d'enchaîner les séquences abruptement mais expertement, nécessitera plusieurs écoutes pour être parfaitement compris, capté, et apprécié.
Parce que tout ceci, chaque intervention de chaque excellent musicien, n'a semble t-il laissé que peu de place à l'improvisation. Les écoutes successives révèlent d'ailleurs ce que la première ne faisait qu'effleurer, c'est de vrais morceaux de musique, avec chacun sa logique harmonique, sa progression dramatique, ses vignettes mélodiques récurrentes, dont il s'agit, pas juste de cette folie tressautante qui saisit et captive l'innocente, mais rapidement consentante, victime qui ne s'attendait pas à ça.
Et pourquoi elle consent, la victime, me demanderez-vous ? Parce que Secret Curve en plus d'être ébouriffant de bout en bout, est une galette diablement fun, un album qui donne envie d'entamer une improbable mais jouissive danse de Saint-Guy. Une vraie petite perle de folie hautement, magistralement contrôlée, si richement truffée d'idées qu'on sait, on le sent, qu'on n'est pas prêt de s'en lasser.

1. Overture 1:08
2. Let Me Tell You Something 6:29
3. Caffeine Static Rendezvous 3:24
4. No Future 2:30
5. Caro-Kann 9:40
6. Secret Curve 6:12
7. Mama´s Little Anarchist 1:05
8. E4 Or D4? 3:00
9. Trebuchet 4:58
10. Blinding Light 2:33
11. Kempelen´s Automaton 5:17
Bonus Vidéo - Live at The Stone 2015

Ron Anderson - Bass Guitar
Keith Abrams - Drums, Percussion
Tim Byrnes - Trumpet, French Horn, Keyboards
Anthony Coleman - Piano
Jérôme Noetinger - Electronics, Tape Manipulation
Eve Risser - Piano, Prepared Piano
Tom Swafford - Violin
Stefan Zeniuk - Clarinet, Bass Clarinet, Tenor Saxophone, Bass Saxophone, English Horn


A comme...
ANTIBALAS "Who Is This America?" (2004)
AfroUSbeat

Le grand Fela aurait été fier, et sans doute un peu surpris, de voir sa fusion africano-jazzo-funkienne (le bien nommé afrobeat) se répandre ainsi sur 5 continents tant elle paraissait n'appartenir qu'aux bidonvilles de Lagos...
Les cocos du jour, en l'occurrence, sont américains d'adoption mais multi-nationaux d'origine. Antibalas, puisque c'est d'eux dont il s'agit, se sont fait une (bonne) habitude de s'inspirer des plus funko-jazzeux moments de l'aeuvre du sieur Kuti. "Who Is This America?" - leur troisième album - est gorgé de cuivres, de tressautantes rythmiques, de tribalismes vocaux et de la nécéssaire dose d'humour.
Le résultat est un son massif, vibrant et diablement addictif. C'est également, à mon humble avis, la galette dans laquelle ils excellent... 75 minutes (!) durant. Impressionnant.

1. Who Is This America Dem Speak Of Today? 11:59
2. Pay Back Africa 8:23
3. Indictment 5:38
4. Big Man 7:55
5. Obanla'e 1:39
6. Elephant 14:03
7. Sister 19:14

Ernesto Abreu: congas, chant
Duke Amayo: percussions, chant
Mayra Vega, Babatunde Adebimpe, Veronica Cuevas, U Poppa Dobi, Ogugua Iwelu, Olia Toporovsky: choeurs
Victor Axelrod: clavinet, orgue, piano
Stuart Bogie: saxophone ténor
Martin Perna : saxophone bariton
Jordan McLean: trompette
Aaron Johnson : trombone
Tom Brenneck, Luke O'Malley, Gabriel Roth: guitare
Nick Movshon, Del Stribling: basse
Alex Kadvan : violoncelle
Entcho Todorov: violon
Geoff Mann: shekere
Fernando Velez: congas
Dylan Fusillo: percussions
Philip Ballman: batterie


A comme...
APHRODITE'S CHILD "666" (1972)
Gloire à Satan !

C'est l'ultime opus du plus connu des groupes de psyché/progressive rock grec (le seul ?), celui avant que Demis ne parte faire sa star de la variété en France et que Vangelis n'aille "new-agiser" en solo ou avec Jon de Yes, et que les deux autres ne disparaissent dans les limbes, c'est 666, imposant et ambitieux double album, aussi énorme que Roussos deviendra. Présentement, d'un début (The System/Babylon) semblant inspiré des "évènements" de mai 1968 en France (où le groupe résidait alors, exilé qu'il était du régime dictatorial des généraux de leur Mère Patrie), on sent que l'Aphrodite's Child pop et psychédélique, connu surtout pour sa ballade lacrymale Rain and Tears, est entré dans de toutes nouvelles dispositions où un progressisme échevelé et iconoclaste est la nouvelle norme. A vrai dire, outre quelques virgules plus abordables vocalisées par Demis, on peine à reconnaître le groupe des deux premiers albums, et c'est une bonne nouvelle ! Une bonne nouvelle parce que cette nouvelle liberté va bien au teint de nos barbus, que les performances instrumentales de Roussos et Koulouris aux guitares sont bien trippantes comme il faut, que les compositions, les arrangements et la production de Vangelis (le big boss de l'exercice), loin de rappeler les épopées synthétiques dont il se fera la spécialité, sont un parfait panorama, un divin écrin pour une formation qui ose et réussit à chaque fois. Ose et réussit un album avec peu de vraies chansons mais beaucoup de trouvailles, de l'adjonction d'éléments folkloriques grecs à une certaine atonalité aussi surprenante et discrète que bienvenue. Ose et réussit une évocation de l'orgasme féminin sur le polémique, à l'époque, Infinity enregistré avec le précieux concours de la comédienne, grecque également, Irene Papas (quelle performance !). Ose et réussit un long trip psyché-prog en remontrant au meilleur de Quicksilver Messenger Service et de King Crimson (All the Seats Were Occupied)... Bref, c'est un grand chelem d'album qui, varié, mélodique, complexe et abouti demeure une des plus belles double-pièces studio toutes époques et tous genres confondus. Et donc ? Bravo Aphrodite's Child et... Gloire à Satan !

CD 1
1. The System 0:23
2. Babylon 2:47
3. Loud, Loud, Loud 2:42
4. The Four Horsemen 5:53
5. The Lamb 4:34
6. The Seventh Seal 1:30
7. Aegean Sea 5:22
8. Seven Bowls 1:28
9. The Wakening Beast 1:11
10. Lament 2:45
11. The Marching Beast 2:00
12. The Battle of the Locusts 0:56
13. Do It 1:44
14. Tribulation 0:32
15. The Beast 2:26
16. Ofis 0:14

CD 2
1. Seven Trumpets 0:35
2. Altamont 4:33
3. The Wedding of the Lamb 3:38
4. The Capture of the Beast 2:17
5. Infinity 5:15
6. Hic and Nunc 2:55
7. All the Seats Were Occupied 19:21
8. Break 2:59

Vangelis Papathanassiou - keyboards, organ, piano, vibraphone, bass, flute, percussions, backing vocals ("Lament", "The Beast", "Break")
Demis Roussos - lead vocals ("Babylon", "The Four Horsemen", "Lament", "Hic et Nunc"), bass, guitar, backing vocals
Lucas Sideras - drums, lead vocals ("The Beast", "Break"), backing vocals
Silver Koulouris - guitar, percussion
&
Harris Halkitis - bass, tenor saxophone, congas, percussion, backing vocals
Michel Ripoche - trombone, tenor saxophone ("Babylon", "Hic et Nunc")
Irene Papas - vocals ("Infinity")
John Forst - English narration
Yannis Tsarouchis - Greek narration ("Ofis")
Daniel Koplowitz - voice ("Loud Loud Loud")
Costas Ferris - lyricist


A comme...
ARTAUD "Music from Early Times" (2010)
Passe de trois

Tel le bon ouvrier labourant obstinément son précieux lopin de terre, tel l'horloger affairé à concocter un fragile mécanisme à l'impeccable précision, Artaud continue de tracer sa route sur ce 3ème long-jeu en tant que leader. Et sa troisième réussite, il faut le préciser.
Ceux qui ont eu la chance d'écouter les deux précédentes galettes du compositeur/arrangeur/multi-instrumentiste le savent bien, Vincent Artaud est un garçon bourré de talent et détenteur d'un savoir-faire, d'un trademark sound désormais bien installé. L'addition de Daniel Yvinec (précédemment directeur de l'Orchestre National de Jazz et présentement directeur artistique et réalisateur), pour précieuse qu'elle soit, ne vient pas tout chambouler, et c'est tant mieux. Car enfin, il eut été dommage que ce jazz convoquant des influences aussi diverses que Mingus, Coltrane, Schifrin, Glass, Morricone ou François de Roubaix (un résumé, parce que c'est bien sûr infiniment plus compliqué que ça) ne soit pas reconduit, si ce n'est à l'identique au moins essentiellement. Les différences ? Pas d'orchestre de cordes, et donc une musique plus aérée et jammeuse cette fois mais une contribution également cinématique grâce aux textures sonores amenés par les programmations d'Artaud (et de Vincent Lafont au passage seul co-compositeur, sur Rule of Beeline) et l'expertise du reste du line-up trié sur le volet, on s'en doute.
Comme à l'habitude, on a beau se dire que l'affaire a été millimétrée, profondément pensée et "tenue" par deux "co-chefs" qu'on sait aussi pointilleux l'un que l'autre, on est emporté par la fluidité, le naturel de l'entreprise qui recèle, in fine, rien de plus que des sons pour "bouger" l'âme. Si l'on détaille "l'assemblage", c'est évident, c'est à un travail d'orfèvre auquel on a affaire, chaque place a sa note et chaque note à sa place en quelque sorte. Ce rigorisme créatif, cet extrême souci du détail, une constante dans les oeuvres d'Artaud, est un nécessaire carburant au moteur qu'est la délicieuse partition par laquelle Vincent nous entraîne, 55 minutes durant, dans un film sans image (plus nouvelle vague, la où La Tour Invisible se parait d'atours hollywoodiens), un trip "jazzosphérique" comme il en a le secret.
Et ça, ça ne se refuse pas !

1. People Of The Black 3:18
2. Kingdom & History 5:05
3. Rule Of Circle 7:43
4. The Crowning 5:57
5. Wisdom & Wonderment 1:49
6. Victoire 4:50
7. Rule Of Beeline 3:33
8. Rule Of Diameter 0:51
9. People Of The White 6:45
10. Die Folgerung 5:27
11. Seed 4:44
12. Kunst 1:57
13. People Of The Red 4:37
En live au Duc des Lombards !

Vincent Artaud: basse, guitare, claviers, programmation
Frédéric Couderc: clarinette, saxophone, coudophone, cor anglais
Vincent Lafont: piano, synthétiseur, électronique
Fabrice Moreau: batterie
Daniel Yvinec: direction artistique, réalisation


A comme...
THE AVETT BROTHERS "I and Love and You" (2009)
Simplement beau

Il est de ces albums qui s'imposent d'emblée comme des évidences, de ces oeuvres qui nous paraissent mille fois entendues et qui, pourtant, conservent une totale fraicheur. I and Love and You, déjà le 9ème album des frangins Avett, est de ceux-ci.
Il faut dire que l'intemporalité, les Avett semblent avoir ça dans le sang à commencer par leur choix de la Folk Music et d'une certaine épure, gage de ne pas tomber trop facilement dans les tics et gimmicks que chaque époque à le don d'imposer aux artistes. Pas de ça ici. Sous la férule de Rick Rubin (cumulant les fonctions de patron du label American et de producteur) les Avett déroulent leurs chansons où les arpèges lumineux, les choeurs harmonieux enluminent des compositions qui coulent de source.
Pour ce qui est des influences et ressemblances, on ne pourra nier que la paire fraternelle a quelque chose de CSNY (Crosby, Stills, Nash & Young pour les ignares) ou, dans les formations plus récentes, de Wilco et des Jayhawks (voire des immenses Fleet Foxes). Pas franchement ce qui se fait de pire, avouez-le. On sent aussi que la scène country alternative de la fin des années 60 et du début des années 70 (Townes Van Zandt, Kris Kristofferson, Willie Nelson, etc.) a laissé son empreinte dans cette musique à la fois terrienne et ethérée. Le plus fort c'est qu'on se dit souvent - tout au long des 13 titres qui composent l'album - que les Avett Brothers, malgré le lourd bagage de leurs influences, réussissent à se créer - si ce n'est une identité vraiment originale - un tour de main, un son distintifs de leurs petits camarades... Ce n'était pas gagné d'avance.
En résumé, si vous souhaitez découvrir un album simple et beau, sans artifice et sans volonté de coller à quelque mode que ce soit, I and Love and You vous ravira... Longtemps.

1. I and Love and You 5:00
2. January Wedding 3:47
3. Head Full of Doubt/Road Full of Promise 4:47
4. And It Spread 4:06
5. The Perfect Space 4:31
6. Ten Thousand Words 5:35
7. Kick Drum Heart 2:54
8. Laundry Room 4:51
9. Ill with Want 4:04
10. Tin Man 3:07
11. Slight Figure of Speech 2:22
12. It Goes on and On 2:57
13. Incomplete and Insecure 2:35

Scott Avett: Banjo, Drums, Guitar, Percussion, Piano, Vocals
Seth Avett: Drums, Glockenspiel, Guitar, Mandolin, Organ, Percussion, Piano, Vocals
Bob Crawford: Bass, Percussion, Background Vocals
Joe Kwon: Cello
&
Monica Samalot, Stuart Johnson, Justin Glanville, Lenny Castro, Dolph Ramseur, Bill Reynolds, Dane Honeycutt: Percussion
Simone Felice, Mike Marsh: Drums
Elizaveta Khripounova: Harmonium
Mark Daumen: Tuba
Donny Herron: Fiddle
Benmont Tench Hammond: Harmonium, Organ, Piano
Paleface: Percussion, Background Vocals
Mary Ellen Bush, Sarah Swan McDonald: Background Vocals

B comme...

$
0
0
Deuxième épisode du florilège alphabétique, une petite sélection maison que, j'espère, vous apprécierez et qui, comme d'hab', part dans tous les sens !
Un petit mot tout de même à toutes celles et tous ceux qui commentent et à qui je ne réponds pas... Ça viendra, sans doute par vagues mais, pour l'instant, le blog, même si désormais actualisé avec plus de régularité, est en "pilotage automatique". Donc, voilà, quoi... 
Et maintenant tous au B !, et ENJOIE !

B comme...
BADFINGER "No Dice" (1970)
Le Power de la Pop

Deux ou troisième album de Badfinger, selon que l'on considère ou pas leur opus sous le noms des Iveys, No Dice est une excellente occasion de se replonger dans les capacités de songwriter hors du commun d'un Pete Ham mort beaucoup trop jeune, 27 ans ! Et de dégonfler un mythe parce que, non, malgré ce qu'on aurait voulu nous faire croire à l'époque, peut-être parce qu'ils étaient le premier groupe sans aucun Beatle dedans à sortir sur le label des Fab Four, Badfinger ne sont pas la descendance des vénérables garçons dans le vent. Il faut dire que quand No Dice sort, le monde se remet tout juste de la nouvelle de la séparation des précités et se jette donc avidement sur la galette y voyant comme un présage de lendemains qui chantent, enfin, surtout en Grande-Bretagne où, franchement, c'est le drame. Résultat ? Un excellent album de pop qui compte, parce que c'est un peu là que la power pop commence, avec des chansons absolument formidables (d'un I Can Take It en pop rock à l'américaine mieux que les ricains, d'une belle ballade menée au piano telle que Midnight Caller, d'une tournerie pop aussi irrésistible que No Matter What, à un fort hippie mais aussi un peu country mais surtout réjouissant Blodwyn... pour ne citez qu'eux), une production absolument parfaite pour le genre (un des ingés son de Sgt. Pepper à la barre, un choix sûr) mais, donc, pas la relève des Beatles. parce que si les mélodies sont belles et le talent indéniable, la fantaisie caractéristiques des arrangements de 4+1 (George Martin !) est ici absente ou, plutôt, recentrée sur un groupe qui veut pouvoir jouer tout ça en scène. Et tant mieux, parce qu'ainsi Badfinger est son propre animal, avec sa propre sensibilité et ses propres maniérismes, et comme la formule est nettement plus accomplie que sur le Magic Christian Music sorti quelques mois plus tôt, et dont on se souvient souvent plus pour sa pochette "à l'index" que ses chansons, c'est forcément une galette fort recommandable. Encore plus dans cette belle réédition où le transfert du vinyle au numérique est parfait et où quelques jolis bonus viennent rallonger le plaisir. Bref, le No Dice de Badfinger, ce n'est peut-être pas les Beatles mais c'est rudement bien !

1. I Can't Take It 2:57
2. I Don't Mind 3:15
3. Love Me Do 3:00
4. Midnight Caller 2:50
5. No Matter What 3:01
6. Without You 4:43
7. Blodwyn 3:26
8. Better Days 4:01
9. It Had to Be 2:29
10. Watford John 3:Midn23
11. Believe Me 3:01
12. We're for the Dark 3:55
Bonus
13. I Can't Take It (Extended Version) 4:14
14. Without You (Mono Studio Demo Version) 3:57
15. Photograph (Friends are Hard to Find) 3:24
16. Believe Me (Alternate Version) 3:04
17. No Matter What (Mono Studio Demo Version) 2:57

Pete Ham – guitar, piano, vocals
Tom Evans – bass, vocals
Joey Molland – guitar, vocals
Mike Gibbins – drums


B comme...
BEARDFISH "Mammoth" (2011)
La Classe "Tradi"

Dire le contraire serait nier l'évidence, le rock progressif est un genre largement ancré dans son propre passé où les contributions de jeunes formations valent surtout par la qualité de leurs compositions et la modernité éventuelle de leurs approches sonores. Sinon ? Le rock progressif est un genre largement ancré dans son passé (bis).
Prenez Beardfish, formation suédoise auteure de sept long-jeux, et plus particulièrement, Mammoth, leur sixième, monument au revivalisme triomphant assumé et, précision utile puisque c'est loin de toujours être le cas, de bon goût. Hé bien ces petits gars ne se compliquent pas l'existence en tentant de tracer leur propre chemin, de réinventer la roue, ils recyclent à tout-va ce qui a fait ses preuves et conquis des hordes de chevelus "septantisants" amateurs de cigarettes qui font rire et d'anticipation artistique (parce que ça fait mieux que science-fiction) en rêvant de la fille trop belle qu'il ne serreront jamais dans leurs bras pales et malingres. Bref, si l'audience n'est pas physiquement réjouissante (d'autant qu'elle est largement mâle, boutonneuse ou dégarnie, le choc des générations !), elle est fidèle et généreuse quand elle rencontre une formation de qualité, comme c'est le cas ici. Et Beardfish auraient d'autant plus tort de se priver qu'ils accomplissent leur tâche avec un allant et un enthousiasme qui fait plaisir à entendre, parce qu'ils aiment ce qu'ils font, ces gars-là, c'est évident, en plus de posséder un savoir-faire présentement jamais démenti.
Pour les pattes de velours, vous repasserez mais pour ceux qui aiment leur prog' référencé, ludique comme un jeu de piste, haletant comme un bon thriller "blade-runnerisé" revu et corrigé à l'éclairage naturel, authentique d'un Barry Lyndon. On y croise donc, pêlemêle de vieilles connaissances : un petit coup de saxo qui rappelle Pink Floyd, une certaine idée de la lourdeur clairement héritée de King Crimson mais aussi de Black Sabbath, des orgues que Jon Lord n'aurait pas renié, des petits détours jazzés à la moustache de Frank Z, une emphase pas étrangère d'Emerson Lake & Palmer, une sympho-capacité qui rappelle fugitivement Procol Harum... Dans des chansons bien troussées et, évidemment, épiques qui on le bon goût de ne jamais se trop se vautrer les excès, l'indulgence instrumentale quasi-masturbatoire de certains de leur contemporains et aînés (Yes et ses Tales from Topographic Oceans, non mais, j'vous jure !). Pour tout dire, dès The Platform, pièce d'ouverture de l'opus et démonstration de heavy prog implacable de classe, jusqu'au délicat, accrocheur et complexe à la fois (la maison aime donner dans la composition à tiroirs) Without Saying Anything qui referme le bal, on est saisi par la capacité de Beardfish à rester totalement passéiste tout en appartenant indéniablement à ce millénaire.
Sans doute pas révolutionnaire mais si parfaitement construit et exécuté que nul amateur de rock progressif de qualité ne peut passer à côté de Beardfish et de son poids lourd d'album, le bien nommé Mammoth.

1. The Platform 8:06
2. And The Stone Said: If I Could Speak 15:07
3. Tightrope 4:33
4. Green Waves 8:53
5. Outside / Inside 1:43
6. Akakabotu 5:41
7. Without Saying Anything 8:10

Rikard Sjöblom - vocals, keyboards
David Zackrisson - guitars
Robert Hansen - bass
Magnus Östgren - drums
&
Johan Holm - soprano & alto saxophones


B comme...
BLUE BUDDHA "Blue Buddha" (2015)
Jazz Trip !

D'abord, on est interpellé par la formation, le trompettiste du Masada de Zorn, disciple élégant et inspiré de l'immortel Miles et de Don Cherry, Dave Douglas, le vétérant bassiste new yorkais amoureux de dub par dessus tout mais fondamentalement multicarte, Bill Laswell, le puissant et créatif Tyshawn Sorey à la batterie et, qu'on a croisé chez God Is My Copilot ou Rashied Ali, Louie Belogenis au sax ténor, on se demande bien à quelle sauce on va être mangé... Et puis on glisse la galette et là, c'est un chaos brillamment orchestré qui nous accueille à commencer par un Purification, gros morceau d'introduction avec ses douze minutes, en lent et long crescendo jusqu'à une explosion où, double soli croisés, Douglas et Belogenis se croisent, s'opposent, se complètent. Et puis on barre en free avec un duo Sorey/Belogenis qui n'aurait pas déplu au regretté Ornette et doit ravir le patron de leur label (John Zorn) lui-même client de telles exactions. Et voilà les deux pôles de la galettes installés, des exploration quasi-mystiques où la basse aquatique de Laswell fait merveilles aux saillies bruitives et jouissives (Ha! Wrathful Compassion, ça pète !) et parfois aux deux à la fois (Diamond Vehicle). Album de jazz à la marge fomenté par quatre excellents instrumentistes, Blue Buddha ne sera pas à mettre entre toutes les oreilles mais, pour les amateurs de jazz aventureux, quel trip !

1. Purification 12:14
2. Double Dorje 5:29
3. Renunciation 8:11
4. Truth of Cessation 9:40
5. Wrathful Compassion 3:54
6. Diamond Vehicle 6:54
7. Lineage 6:53

Dave Douglas: Trumpet
Bill Laswell: Bass
Louie Belogenis: Tenor Saxophone
Tyshawn Sorey: Drums


B comme...
BLUR "The Great Escape" (1995)
L'échappée belle

Vainqueur de la guerre des singles qui l'opposa à Oasis, leader incontesté d'une explosion britpop qui n'a pas fini de faire des remous, le Blur de The Great Escape, le quatrième album des londoniens, est une continuation absolument logique de celui qui, sur Parklife paru un an et demi plus tôt, les imposa comme une valeur sûre d'un art pas si simple à produire que ça, soit un opus glorieusement pop, d'une indéniable anglicité et lardé de chansons réussies.
Une fois encore produit par le fidèle Stephen Street, qui produira tous les albums de Blur à l'exception de 13 et Think Tank, deux album où la proverbiale légèreté instrumentale du quartet avait une très nette tendance à disparaître, The Great Escape ne réinvente donc pas le groupe, ce qui fut avec Moddern Life is Rubbish et l'éponyme successeur du présent, se contentant de remettre sur l'ouvrage la formule qui a si bien fonctionné le coup d'avant, d'en explorer les possibles aussi puisqu'il n'est aucunement question d'immobilisme, pour un résultat bluffant de classe.
Outre quatre singles particulièrement réussi (Country House, The Universal, Stereotypes et Charmless Man), c'est à une collection aussi diversifiée que réussie à laquelle nous avons affaire. Vous voulez du qui rocke comme il faut ? Parce que Blur sait aussi défourailler quelques guitares bien tranchantes comme vous aurez Charmless Man, Mr. Robinson's Quango et It Could Be You et Globe Alone, tous dans l'esprit pop du groupe mais, donc, dotés de six-cordes et d'un allant inhabituellement costauds pour le groupe à ce stade de sa carrière. Vous voulez de la pop plus que parfaite ? Vous aurez l'embarras du choix avec le sautillant Stereotypes, le n°1 qui a humilié Oasis (l'irrésistible Country House), un Charmless Man mutin et énergique, ou l'électro pop japonisante de Yuko and Hiro. Vous voulez de la belle ballade à faire mouiller les yeux ? Ne cherchez pas plus loin qu'un gracieux Best Days ou que la power ballad Burt-Bacharachisée The Universal. Un peu de bizarrerie en cerise sur le gâteau ? Elle est souvent à tous les étages, la contribution de Graham Coxon et de ses guitares différentes, mais encore plus sur un Fade Away en parade de l'impossible, un Ernold Sane tout en cordes baroques "spoken-wordisé" par le député du labour et futur maire de Londres Ken Livingstone, un Entertain Me à l'impeccable partie de basses volubile d'Alex James. Et tout ça danse (si tu ne bouges pas ton popotin sur Entertain Me ou Mr. Robinson's Quango, c'est que tu es mort !), rit, rêve, et nous avec ! En vérité, on reste baba devant la polyvalence de quatre petits gars (les deux multi-instrumentistes du groupe plus précisément, Damon Albarn et Graham Coxon) qui ne payent pas de mine mais on des trésors d'idées à dévoiler au monde, et ils ne s'en privent pas pour l'évident bénéfice de l'auditeur comblé qui a en plus pu jouer au jeu de piste en repérant les différentes excellentes influences du groupe (de XTC aux tutélaires Kinks en passant Scott Walker et même Ennio Morricone, pour ne citer qu'eux).
Parklife était déjà un triomphe, commercial aussi mais pas seulement, de l'humble avis de votre serviteur, un avis que tous ne partagent pas, The Great Escape est encore meilleur, une galette de pop multiple et maline dont, 20 ans après sa sortie, on ne se lasse toujours pas. Pour tout dire, l'opus n'est pas recommandé, il est ordonné, oui, rien que ça !

1. Stereotypes 3:10
2. Country House 3:57
3. Best Days 4:49
4. Charmless Man 3:34
5. Fade Away 4:19
6. Top Man 4:00
7. The Universal 3:58
8. Mr. Robinson's Quango 4:02
9. He Thought of Cars 4:15
10. It Could Be You 3:14
11. Ernold Same 2:07
12. Globe Alone 2:23
13. Dan Abnormal 3:24
14. Entertain Me 4:19
15. Yuko and Hiro 5:24
16. To the End (La Comédie) 6:40

Damon Albarn – vocals, piano, keyboards, organ, synthesizer, handclaps
Graham Coxon – electric and acoustic guitar, banjo, saxophone, backing vocals, handclaps
Alex James – bass guitar
Dave Rowntree – drums, percussion
&
Simon Clarke – saxophone
Tim Sanders – saxophone
J. Neil Sidwell – trombone
Roddy Lorimer – trumpet
Louise Fuller – violin
Richard Koster – violin
John Metcalfe – viola
Ivan McCermoy – cello
Ken Livingstone – narration on "Ernold Same"
Theresa Davis – backing vocals on "The Universal"
Angela Murrell – backing vocals on "The Universal"
Cathy Gillat – backing vocals on "Yuko and Hiro"
Françoise Hardy - vocals on "To the End (La Comédie)"


B comme...
BON JOVI "New Jersey" (1988)
quand Jon se rêve en Bruce (ou presque)

Deux ans après un triomphe commercial mérité, parce que Slippery When Wet est une sacrée galette de hard rock commercial et efficace, Jon Bon Jovi et les siens remettent le couvert pour une œuvre, cette fois, plus ambitieuse, New Jersey.
Impossible d'ignorer, du titre de l'album à des paroles souvent pseudo-sociales, comme sur Living on a Prayer le coup d'avant, que cette progression tient beaucoup de l'obsession du vocaliste/leader pour Bruce Springsteen. Ce n'est pas à dire que New Jersey est une copie-carbone de Born to Run, certainement pas. Premièrement parce que la faconde mélodique de Jon Bon Jovi et de son compagnon de composition, le guitariste Ritchie Sambora, est fondamentalement différente, là où l'un tire son inspiration d'une tradition étatsunienne forte (de Bob Dylan à Peter Seeger et Woody Guthrie en passant par Roy Orbison), l'autre, ou plutôt les autres puisque c'est d'un duo de songwriters dont il s'agit, puisent dans la veine la plus mélodique du hard rock et du stadium-rock des années 70 (et de Bruce, évidemment, mais plus en épice qu'en fondement). Deuxièmement parce que là où l'aîné se moque de savoir si sa musique aura un succès grand-public, les cadets semblent particulièrement obsédés par une starisation populaire. Troisièmement, et enfin, parce que les paroles de Jon, pour attachées au réel qu'elles semblent vouloir être n'auront jamais la portée col-bleu d'un gars authentiquement working-class à la plume trempée dans les aléas de monsieur et madame tout-le-monde en plus d'avoir ce supplément de verve poétique si décisif. On ne sent pas moins, dans ce New Jersey au titre choisi tout sauf au hasard plus que dans toute autre extrait de leur catalogue, une vraie volonté de se rapprocher de ce gars avec qui ils partagent un peu plus que leur état d'origine.
En chansons, ça donne un paquet de titres rock-hard gonflés de refrains pop et de riffs efficaces qui fonctionnent comme jamais. On pense évidemment aux singles de la galette (Lay Your Hands on Me, Bad Medecine, Born to Be My Baby, Living in Sin et I'll Be There for You, tous des tubes classés au top 10 des charts de leur mère patrie) mais aussi, surtout même, à quelques titres plus roots au retentissement commercial moindre mais à l'endurance d'appréciation plus pérenne (Blood on Blood ou Wild Is the Wind, du Springsteen qui refuse de dire son nom, Homebound Train qui doit beaucoup à Aerosmith, 99 in the Shade, un rocker typiquement américain, et Love for Sale, un petit blues acoustique, tous deux directement hérités des exactions de frangins Van Halen et de leur Diamond Dave de chanteur).
Evidemment, il est de bon ton de moquer ces permanentés, spandexés, MTVisés-là, c'est un peu facile puisque nous avons droit, 56 minutes durant, à une impeccable collection de chansons divertissantes et, souvent, pas si idiotes qu'il y paraît. Certes, pour la vraie profondeur il faudra repasser mais là n'est pas le propos d'une feelgood music réussie, idéalement produite par l'excellent et regretté Bruce Fairbairn et, donc, d'un album qu'on recommande d'autant qu'il a plutôt très bien vieilli ce qui est loin d'être le cas de toute l'œuvre des natifs de Sayreville.

1. Lay Your Hands on Me 6:01
2. Bad Medicine 5:16
3. Born to Be My Baby 4:40
4. Living in Sin 4:39
5. Blood on Blood 6:16
6. Homebound Train 5:10
7. Wild Is the Wind 5:08
8. Ride Cowboy Ride 1:25
9. Stick to Your Guns 4:45
10. I'll Be There for You 5:46
11. 99 in the Shade 4:29
12. Love for Sale 3:58

Jon Bon Jovi - lead vocals, rhythm guitar, acoustic guitar
Richie Sambora - lead guitar, background vocals
Tico Torres - drums, percussion, background vocals (tracks 3, 12)
David Bryan - keyboards, background vocals
Alec John Such - bass, background vocals
&
Bruce Fairbairn - production, additional percussion, horn
Peter Berring - arrangement, additional vocals, vocal arrangement
Scott Fairbairn - cello
Audrey Nordwell - cello


B comme...
BOURVIL "Bourvil" (1997)
...Si vous aimez Bourvil

Il en manque !, diront les mécontents. Et c'est vrai, à Byciclette, Salade de Fruits, le Clair de Lune à Maubeuge, tous les grands succès n'y sont pas.
Mais, justement, il est aussi là l'intérêt de cette collection, d'offrir des chansons souvent oubliées d'un interprète talentueux. Et puis il y a La Tendresse, la chanson la plus optimistement poignante du répertoire d'André Raimbourg, plus conteur que comique troupier en l'occurrence. Et quelques "tubes" tout de même : les crayons, la tactique du gendarme, les rois fainéants, le bal perdu, la ballade irlandaise, Joinville le pont... entourés, donc, des moins connu mais également savoureux la mandoline, le pêcheur, mon bon vieux phono, nous vieillirons ensemble... Bref, quand même de quoi ne pas tout à fait perdre ses marques mais un joli lot de découvertes. Pour information, les enregistrements couvrent toute la carrière de Bourvil (de 1949 aux années soixante), il n'est donc pas question de droits mais bien de choix...
Qu'on peut contester parce que, c'est indéniable, il en manque. Mais comme il y en a aussi qu'on ne trouve pas ailleurs et qu'à creuser, on trouvera bien une compilation complémentaire, on ne se plaindra pas et, au contraire, conseillera cette belle double galette qui permet de redécouvrir un chanteur tendre et drôle, exactement ce qu'était Bourvil dans la vraie vie, tiens !

CD 1
1. Adèle 3:06
2. C'est la Vie de Bohème 2:50
3. C'est une Gamine Charmante 2:25
4. En Revenant d'la Revue 3:01
5. Allumett' Polka 2:51
6. D'Où Viens-Tu ? 3:08
7. La Berceuse à Frédéric 3:06
8. Frédo le Porteur 3:16
9. Du Côté de l'Alsace 2:59
10. La Tendresse 3:08
11. Le Hoquet 3:14
12. Le Pêcheur 2:59
13. La Dondon Dodue 2:23
14. La Mandoline 3:24
15. Je Suis Content, Ca Marche 2:23
16. C'est pas le Pérou 3:12
17. Elle Faisait du Strip-Tease 3:51
18. Le Voleur de Pervenches 3:06

CD 2
1. Les Crayons 3:36
2. Les Papous 3:25
3. La Tactique du Gendarme 2:59
4. Les Rois Fainéants 3:07
5. C'Etait Bien (Le Petit Bal Perdu) 3:18
6. Mon Bon Vieux Phono 2:47
7. Mon Frère d'Angleterre 3:43
8. Ballade Irlandaise (Un Oranger) 2:56
9. Prends Mon Bouquet 3:18
10. A Joinville le Pont 2:42
11. Les Abeilles 3:23
12. Mon Village au Clair de Lune 3:08
13. Nous Vieillirons Ensemble 2:55
14. Nénesse d'Epinal 2:53
15. T'Epier 2:36
16. Tatane 3:09
17. Vive la Mariée 3:21
18. Les Haricots 3:04


B comme...
BUGGLES "The Age of Plastic" (1980)
They've got the Horn!

Prenez une dose de Kraftwerk pour l'influence électronique, une dose de Beatles pour la qualité de mélodie d'origine pop, un peu de l'énergie du post-punk et de la new wave naissante, un solide sens de l'humour et une obsession totalement nerdy/geeky pour la science-fiction et vous obtenez... The Age of Plastic, le premier album des Buggles de Trevor Horn et Geoff Downes.
Mais, fondamentalement, The Age of Plastic c'est surtout une collection d'excellentes chansons à l'esthétique et à la mise en son absolument cohérentes, un collection menée tambours battants par un énorme tube que vous connaissez forcément tous (Radio Killed the Video Star) qui fut, d'ailleurs, le tout premier clip diffusé sur une MTV naissante. A l'écoute de l'ensemble de l'album une évidence se fait jour : le tube n'est, cette fois, pas l'arbre d'inspiration qui cache la forêt du tout-venant puisque dès le sautillant et fun tour de force proto-synthpop Living in the Plastic Age, on entend que le groupe a des mélodies et des idées pour les mettre en forme à foison, impression confirmée les inflexions rétro-futuristes de Kid Dynamo, la relecture du Kraftwerk sur I Love You (Miss Robot), le dynamisme d'un Clean Clean qu'on situera quelque part entre la power-pop des Cars de Ric Ocasek et les œuvres de Giorgio Moroder, etc. puisque, sur cet opus extrêmement bien produit (par Horn et Downes) il n'y a rien à jeter et certainement pas les deux inédits de la version remasterisée (Island et Technopop) venant joliment prolonger l'expérience.
On sait maintenant qu'après un second album presque aussi réussi, Adventures in Modern Technology, le duo pliera les gaules, que, dans l'intervalle, ils surprendront leur monde en jouant les remplaçants de luxe pour Jon Anderson et Rick Wakeman dans un Yes à la relance (pour un excellent Drama, précision utile puisque l'album ne rencontrera pas le succès qu'il méritait), avant d'aller chacun de leur côté, Horn en producteur star (de Yes à Paul McCartney en passant par Frankie Goes to Hollywood ou t.A.T.u), Downes en claviériste "progopoppiste" chez Asia, reste cet opus originel, une réussite de tous les instants, donc, qu'on ne peut que chaudement recommander, même à ceux qui se croient allergique à pareille entreprise parce qu'il en connaissent l'emblématique single.

1. Living in the Plastic Age 5:13
2. Video Killed the Radio Star 4:13
3. Kid Dynamo 3:29
4. I Love You (Miss Robot) 4:58
5. Clean, Clean 3:53
6. Elstree 4:29
7. Astroboy (And the Proles on Parade) 4:41
8. Johnny on the Monorail 5:28
Bonus
9. Island 3:33
10. Technopop 3:50
11. Johnny on the Monorail (A very different version) 3:49

Geoff Downes – keyboards, drums, percussion
Trevor Horn – vocals, bass guitar, guitar
&
Bruce Woolley – guitar
Paul Robinson – drums
Richard James Burgess – drums
Debi Doss – background vocals, on "Video Killed the Radio Star"
Linda Jardim – background vocals on "Video Killed the Radio Star"
Tina Charles – background vocals
Dave Birch – guitars on "The Plastic Age" and "Video Killed the Radio Star"


C comme...

$
0
0
C de la musique. C un recyclage aussi. C le 3ème de 26 chapitres de la saga alphabétique d'un blog en pilotage automatique... et C pour vous, surtout. Enjoie !


C comme
JOHN CALE "The Island Years" (1996)
Une Island avant le Désert...

Outre des enregistrements et des publications rapprochées, signe de temps où tout allait plus vite dans le monde de la rock music, il y a un vrai sentiment d'urgence sur la triplette enregistrée par John Cale pour le label Island et réunie (avec quelques inédits pas inutiles) sur un double cd bien fichu mais, surtout !, gorgé d'excellentes performances par d'excellents musiciens pour un résultat, ô surprise !... Excellent !
Or donc, au lendemain d'un triomphant et précieux Paris 1919, œuvre à laquelle nul ne niera une "panthéonienne" destinée, le gallois change notablement de ton en plus de label revenant à des amours plus brutales et donc à un rock'n'roll brut de décoffrage (mais pas idiot pour autant (intello un jour, intello toujours !) preuve qu'on peut bander ses muscles, tendre sa voix sans tomber dans l'agression machiste d'un Ted Nugent pour ne citer qu'un bon gros bœuf étatsunien) tout en continuant d'assurer l'héritage de ses expérimentations plus pop. Précisons aussi que la crème collectée par Cale dans les différents line-up qui l'accompagnent (en vrac : Manzanera, Eno, Richard Thompson, Chris Spedding, Phil Collins (ne riez/fuyez pas !), etc.) n'est pas exactement un facteur handicapant de l'entreprise... Mais bon, c'est Cale à la barre, c'est lui le chef et ces années Island sont définitivement marquées du sceau de sa divine colère, juste colère, sa glaçante colère... sa Belle colère ! Mais pas que de la colère, Cale est trop malin pour ça.
Si on rentre dans le "gras de la bête" et en isole chacune des ses composants, on dira que Fear, premier paru en octobre 1974, est aussi le plus varié du lot, le moins lugubre aussi, et qu'on y croise moult créatures chatoyantes qui ont sans aucun doute beaucoup influencé ce qu'est Nick Cave aujourd'hui devenu (tous projets confondus). Et c'est un magnifique album avec, en tête de gondole, un Ship of Fools tout simplement bouleversant.
Cinq mois seulement plus tard (ha les cadences infernales des joyeuses seventies !), en mars 1975, parait Slow Dazzle suite logique mais plus "rockocentrée" de Fear qui gagne largement en efficacité ce qu'il cède en diversité. C'est encore un album intense avec un Cale "à vif". On en ressortira l'hommage à Brian Wilson, Mr. Wilson, la reprise hantée d'Elvis Presley, Heartbreak Hotel, et un bien senti Dirty Ass Rock 'N' Roll qui en remontre facilement à son copain Lou.
Last but not least, en novembre 1975, Helen of Troy, l'album d'avant la rupture, est aussi le plus cohérent, celui qui donne le plus l'impression d'écouter un groupe des trois, pas un hasard puisque c'est celui au line-up le plus constant. Et pas le moins réussi donc parce qu'on y trouve des pépites comme la chanson titre ou le croquignolet (I Keep a) Close Watch où Cale croone comme un vieux pro. C'est aussi tout en étant le moins agité, le plus théâtral de ces années Island comme en témoigne le quasi-progressif Engine... Et une réussite de plus !
On ajoutera que les trois fonctionnent très bien les uns à côtés des autres et constituent un tout intéressant sur une période où Cale, visiblement, a quelques visées commerciales qui ne seront, hélas, pas payées en retour malgré la qualité générale des prestations et des compositions. Peut-être cette pop rock certes abordable mais encore un peu trop cérébrale et parfois un peu trop acide laissa froid un public amateur récurrent de prêt-à-mâcher... Peut-être aussi qu'un Cale, qui n'est pas un grand chanteur ni n'a jamais prétendu l'être, à la voix si particulière, n'était pas taillé pour le costard...
Peut-être... Mais le petit drame de la période c'est qu'il faudra quelque années avant que Cale ne repasse par la case studio privant donc le monde, et les fulgurances de son début de catalogue solo, d'une suite immédiate. Il faudra ainsi attendre 1981, et le pas glop (mais pas honteux non plus) Honi Soit, pour retrouver du matériau original de Cale en solitaire... Le niveau s'améliorera heureusement dès l'année et la galette suivante avec le très bon, essentiel même !, et pourtant cruellement indisponible aujourd'hui Music For A New Society, mais c'est une autre histoire...
De l'objet proprement dit, outre quelques bonus tracks bienvenues, on appréciera de le voir doté d'une pochette classe et pas tapageuse, à l'image du ténébreux artiste qu'elle affiche. Il n'y a pas à dire, c'est du bon boulot où on regrettera simplement l'absence de paroles qui auraient joliment complémenté les notes de pochettes de Ben Edmonds (du magazine Rolling Stones US, qui s'y connait visiblement) et les quelques photos d'époque. Mais bon, c'est pour pinailler parce que, vraiment !, The Island Years offre une trop belle opportunité de découvrir John Cale dans une phase moins "commercialement faste" de sa carrière (c'est tout relatif, Cale n'ayant jamais été un gros vendeur) mais pas moins faste artistiquement comme ceux qui tenteront l'expérience s'en rendront joyeusement compte.

CD 1
Fear (1974) & outtake
1. Fear Is a Man's Best Friend 3:52
2. Buffalo Ballet 3:28
3. Barracuda 3:46
4. Emily 4:21
5. Ship of Fools 4:36
6. Gun 8:04
7. The Man Who Couldn't Afford to Orgy 4:33
8. You Know More Than I Know 3:34
9. Momamma Scuba 4:23
10. Sylvia Said 4:07 (single B-side, remixed)
Slow Dazzle (1975) & outtakes
11. All I Want Is You 2:55 (outtake)
12. Bamboo Floor 3:24 (outtake)
13. Mr. Wilson 3:15
14. Taking It All Away 2:56
15. Dirty-Ass Rock 'N' Roll 4:41
16. Darling I Need You 3:35
17. Rollaroll 3:57
CD2
1. Heartbreak Hotel 3:10
2. Ski Patrol 2:05
3. I'm Not the Loving Kind 3:07
4. Guts 3:26
5. The Jeweller 4:11
Helen of Troy (1975) & outtakes
6. My Maria 3:48
7. Helen of Troy 4:18
8. China Sea 2:30
9. Engine 2:45
10. Save Us 2:20
11. Cable Hogue 3:30
12. (I Keep A) Close Watch 3:27
13. Pablo Picasso 3:20
14. Leaving It Up To You 4:33
15. Baby, What You Want Me to Do? 4:48
16. Sudden Death 4:36
17. You & Me 2:50 (outtake)
18. Coral Moon 2:14
19. Mary Lou 2:46 (outtake)

- Line-up sur "Fear" (1974)
John Cale - bass guitar, guitar, keyboards, viola, lead vocals, production, writing, cover
Phil Manzanera - guitar, slide guitar on "Momamma Scuba", executive producer
Fred Smith - drums
Brian Eno - synthesizer, effects, executive producer
Archie Leggatt - bass
Michael Desmarais - drums on "Momamma Scuba"and "Fear"
Richard Thompson - slide guitar on "Momamma Scuba"
Bryn Haworth - slide guitar on "Momamma Scuba"
Brian Turrington - bass on "Momamma Scuba"
Irene Chanter - background vocals
Doreen Chanter - background vocals
Liza Strike - background vocals, girl's choir
Judy Nylon - lead vocals on "The Man Who Couldn't Afford to Orgy"

- Line-up sur "Slow Dazzle" (1975)
John Cale: piano, organ, clavinet, vocals, production, cover, writing
Gerry Conway: drums
Pat Donaldson: bass
Timi Donald: drums
Brian Eno: synthesizer
Phil Manzanera: guitar
Geoff Muldaur: harmony vocals on "Guts" and "Darling I Need You"
Chris Spedding: guitar
Chris Thomas: violin, electric piano

- Line-up sur "Helen of Troy" (1975)
John Cale - keyboards, guitar, vocals
Phil Collins - drums
Pat Donaldson - bass
Timi Donald - drums
Brian Eno - synthesizer
Chris Spedding - guitar
Robert Kirby - string & choir arrangement


C comme...
CAMEL "Mirage" (1974)
Divin Dromadaire (sans filtre !)

A l'ombre des géants de la période (Genesis, Yes, Pink Floyd, ELP, King Crimson, etc.) vit le jour un fougueux animal qui, blatérant à qui mieux-mieux, finit par se faire entendre de ses pairs et des amateurs du genre quand, après un premier album prometteur mais pas encore tout à fait au point, ils produisirent ce qui reste, à ce jour, 4 décennies après les faits, leur magnum opus, je pense évidemment à Camel et à son Mirage d'album, une tuerie !
Parce que, cette fois, assuré de leur art, de leurs techniques individuelles et de leur capacité à tout faire péter en groupe, c'est une formation qui lâche la bête à bosse qui se présente à nous, un Camel qui ose ne plus être le timide gentil petit groupe de son premier album pour venir chatouiller les crampons de Yes, de Genesis et même de King Crimson. Pas de doute, c'est de progressif symphonique dont il s'agit, les claviers monumentaux de Peter Bardens sont là pour nous le rappeler, les guitares stratosphériques et trépidantes d'Andrew Latimer itou, l'inventive section rythmique pas mieux, et les constructions alambiquées, mais retombant toujours sur leurs sabots, aussi.
Dans les faits, en 5 chansons, culminant avec les suites Nimrodel/The Procession/The White Rider (un emprunt textuel à l'univers de JRR Tolkien) et un Lady Fantasy parfait de son riff tranchant à son développement symphonique en passant par ses glissements subtilement jazzés, c'est un Camel triomphant qui fait le métier, une union de 4 musiciens menée de main de maître par ses deux leaders instrumentaux qui, d'ailleurs, trustent largement les crédits d'écriture. Ajoutez à ça la magistrale mise en son d'un Dave Hitchcock déjà connu pour de similaires exploits pour Genesis (Foxtrot) ou Caravan (presque tout de 1968 à 1976), un spécialiste du genre qui sut mettre en valeurs les nombreuses nuances instrumentales, les lumineuses trouvailles mélodiques d'une formation qu'on retrouvera rarement à pareille fête (quoique The Snow Goose, même dans sa version réenregistrée de 2013, et Moonmadness soient également fort recommandables).
Camel, outsider type de ces groupes qui sont arrivés trop tard pour être dans le premier wagon, est un combo dont la longue et riche carrière mérite amplement d'être explorer, et plus encore dans ces années de règne progressif et, en particulier, sur ce Mirage à la pochette aussi immédiatement reconnaissable que sa musique est trop méconnue au-delà du petit cercle des afficionados du rock progressif des années 70, un oubli à réparer.

1. Freefall 5:53
2. Supertwister 3:22
3. Nimrodel/The Procession/The White Rider 9:17
4. Earthrise 6:40
5. Lady Fantasy 12:45
- Encounter
- Smiles for You
- Lady Fantasy
Bonus
6. Supertwister (Live at The Marquee Club 1974) 3:14
7. Mystic Queen (Live at The Marquee Club 1974) 6:09
8. Arubaluba (Live at The Marquee Club 1974) 7:44
9. Lady Fantasy: Encounter/Smiles for You/Lady Fantasy (Original Basing Street Studios Mix - November 1973) 12:59

Andrew Latimer - guitars, flute, vocals on "Nimrodel/The Procession/The White Rider" and "Lady Fantasy"
Peter Bardens - organ, piano, Minimoog, Mellotron, vocals on "Freefall", Fender piano, clavinet
Doug Ferguson - bass
Andy Ward - drums, percussion


C comme...
CANNED HEAT AND JOHN LEE HOOKER "Hooker 'n' Heat" (1971)
Noir et Blancs Blues

Des petits blancs avec le vent en poupe qui donne un coup de main à un vieux maître un peu oublié ou l'adoubement d'une formation prometteuse par un pape du genre ? Quoiqu'il en soit, la rencontre mythique de Canned Heat et John Lee Hooker vaut le détour !
Dans les faits, Hooker 'n Heat est une drôle de créature tricéphale où voisinent performances solo du vieil Hooker, quelques duos entre le vieux maître et Alan "Blind Owl" Wilson, et des performances incluant les deux précités ainsi que tout le line-up, le nouveau line-up avec les arrivées du guitariste Henry Vestine (un retour en fait) et du bassiste Antonio de la Barreda suite à une double défection au profit des Bluesbreakers de John Mayall, de Canned Heat.
Souvent intensément laidback, la sélection coule comme un Mississipi paresseux vers son delta, roots en diable, authentique et dépourvue de tout artifice de modernité comme, évidemment, la première partie, 9 titres tout de même, entièrement dévolue à Hooker et à son blues si typique avec des hauts (l'intense The Fellin' Is Gone en pinacle suivi de près par un Burning Hell tout près des étoiles) et d'autres de qualité aussi si un peu routiniers (Send Me a Pillow ou Drifter) qui viennent un marginalement tempérer l'enthousiasme pour la partie solo du vieux maître. Suivent les duos entre Hooker et Blind Owl, trois au total, où la jeune pousse supporte aptement le bluesman de son piano (sur l'entraînant Bottle Up and Go, le talking blues The World Today, un des musts de l'album) ou à la guitare (I Got My Eyes on You, une version ainsi nouvellement titrée, pour des raisons de droit sans doute, du classique de John Lee, Dimples). Last, but certainly not least, viennent les pleines collaborations entre Hooker et le Heat, enfin ! Et c'est un festival de 5 titres où la joie du jeu est non seulement audible mais communicative avec, en sommet himalayen de blues suant et dansant, un Boogie Chillen de plus de 11 minutes... Légendaire !
Alors, certes, la rencontre ne se fait que brièvement, on le regrettera, mais comme le reste est beau, blues et beau, que le tout fait une collection de blues de qualité si supérieure qu'on ne devrait même pas avoir à le recommander. Oui, carrément.

CD 1
1. Messin' with the Hook 3:23
2. The Feelin' Is Gone 4:32
3. Send Me Your Pillow 4:48
4. Sittin' Here Thinkin' 4:07
5. Meet Me in the Bottom 3:34
6. Alimonia Blues 4:31
7. Drifter 4:57
8. You Talk Too Much 3:16
9. Burning Hell 5:28
10. Bottle Up and Go 2:27

CD 2
1. The World Today 7:47
2. I Got My Eyes on You 4:26
3. Whiskey and Wimmen' 4:37
4. Just You and Me 7:42
5. Let's Make It 4:06
6. Peavine 5:07
7. Boogie Chillen No. 2 11:33

John Lee Hooker - vocals, guitar (all)
Alan Wilson - guitar, harmonica, vocals (CD 1 10, CD 2)
Adolfo de la Parra - drums (CD 2 3-7)
Henry Vestine - guitar (CD 2 3-5, 7)
Antonio de la Barreda - bass (CD 2 3-7)


C comme...
CERAMIC DOG "Your Turn" (2013)
Du Rock oui, mais du Rock unique !

C'est Marc Ribot qui le dit, Ceramic Dog est son premier groupe de rock depuis le lycée. Diantre ! Forcément, avec Marc Ribot, qu'on situera comme excellent musicien de studio chez Bashung ou Tom Waits, pour ne citer qu'eux, ou comme crépitant guitariste surf & rock chez John Zorn ou encore comme artiste solo multiple capable de la plus grande ascèse comme du plus monumental bordel punk jazz, un groupe de rock ne peut pas être qu'une simplette entreprise à enchainer du couplet sur du refrain avec quelques bons riffs et un petit solo de temps en temps... Trop facile !
De fait, dans la lignée d'un premier album déjà très réussi (Party Intellectuals), Your Turn est, une fois de plus, une relecture inspirée et libre de l'idiome rock (au sens large) par un musicien qui s'amuse visiblement beaucoup avec ses deux excellents compagnons, le bassiste Shahzad Ismaily (Laurie Anderson, Will Oldham, Jolie Holland, Secret Chiefs 3) et le batteur Ches Smith (Xiu Xiu, Secret Chiefs 3, Trevor Dunn's Trio Convulsant). Relecture libre mais relativement plus traditionnelle, pour ne pas dire traditionaliste, qu'elle ne l'avait été dans l'opus originel qui, plus expérimental que ne l'est Your Turn n'en était, en toute logique, que plus difficile à appréhender. Illustrant cette nouvelle abordabilité, on y trouve ce qu'on pourrait assimiler à du Satriani "garage" sur l'instrumental Your Turn, simple tournerie où Ribot laisse libre court à sa transe guitaristique, un swinging blues fun et désarmant (The Kid Is Back), ou à une fusion rap'n'rock'n'fun à classer entre Fishbone et les Beastie Boys (We Are the Professionals), mais aussi à de jolies folies comme l'arabisant et rigolard Masters of the Internet, les uns aussi irrésistibles que les autres, ceci dit en passant parce que, fondamentalement, tout ceci n'est pas sérieux même si c'est fait sérieusement... du Rock, quoi ! Une musique où Gene Vincent voisine Devo, où les Ramones ont autant voie au chapitre que Faust, où Link Wray (qui n'est jamais bien loin) en remontre à Led Zeppelin !
Dire, cependant, que toutes traces de l'appartenance jazzistique et expérimentale de Ribot ont disparues serait une exagération. Quand sur Ritual Slaughter, il trippe dans des soli free évoquant autant John Cipollina qu'Ornette Coleman ou quand, sur The Prayer, d'intimiste à explosif, il met à l'amende toute une génération de shredders ET de droners qui s'en trouvent, pour le coup, sur le cul, ou quand, encore, il reprend, dissonances et virtuosité combinées, le Take 5 de Paul Desmond, il rappelle clairement d'où il vient, le bagage qu'il transporte, ses credentials... Mais sans intellectualiste aucun, jamais !, parce qu'il y a chez Ceramic Dog et son patron, chevillée au corps, une volonté de se faire plaisir en "lâchant les chevaux" (dans l'inspiration parce que l'album réserve quelques belles plages de repos pas très éloignées de son poteau Waits, bizarrerie incluse) qui fait un bien fou à entendre et prouve qu'on n'est pas blasé à presque 60 ans après plus de 25 ans de carrière... et quelle carrière !
Party Intellectuals avait été, en son temps, une excellente surprise qui, sans totalement nous chavirer, donnait des envies d'encore, laissait un gout de trop peu tant il semblait que la formation avait encore moult pistes à explorer. On n'était alors pas sûr que lendemain il y aurait ni qu'il serait du niveau d'un Your Turn où tout le potentiel entrevu se voit démultiplié, comme le plaisir de l'auditeur ! Ca n'en fait que plus espérer que Ceramic Dog fassent encore des petits parce que, mine de rien, on tient peut-être déjà l'album rock de l'année... tout simplement !

1. Lies My Body Told Me 5:30
2. Your Turn 3:59
3. Masters of the Internet 4:04
4. Ritual Slaughter 4:04
5. Avanti Popolo 0:57
6. Ain't Gonna Let Them Turn Us Round 3:54
7. Bread and Roses 5:17
8. Prayer 5:39
9. Mr. Pants Goes to Hollywood 4:31
10. The Kid is Back! 3:06
11. Take 5 5:25
12. We are the Professionals 3:53
13. Special Snowflake 1:39

Marc Ribot: guitars, vocals, eb horn (3, 5, 11, 12), banjo (3), trumpet (3, 12), melodica (5), bass (5)
Ches Smith: drums, percussion, electronic, vocals, keys (13)
Shahzad Ismally: bass, vocals, moog (5), keys (3, 13), additional guitar (1), samples (3)
&
Eszter Balint: vocals (1, 6, 10), melodica (9), organ (10), violin (13)
Keetus Ciancia: samples (3, 7, 8, 12)
Dan Willis: Oboe, zurna (3)
Arto Lindsay: additional guitar (10)


C comme...
JOHN COLTRANE "Giant Steps" (1959)
Sax de Sept Lieues

Il y a quelques très utiles portes d'entrée pour découvrir John Coltrane. Il y a Ballads, facile et harmonieux, A Love Supreme, épique et transcendantal, Blue Train, où le bop devient déjà hard et, bien sûr, Giant Steps, première galette de Trane pour Atlantic, révolution jazzistique à lui seul, et une merveille d'album !
Dans les faits, à peine sortie des sessions du légendaire Kind of Blue de Miles Davis, Coltrane se lance, avec un trio fort différent de celui qui l'accompagnera bientôt et entrera de plein droit dans la légende, sa légende, dans l'élaboration d'un opus qui fera non seulement date par les compositions l'articulant que par le jeu d'un Trane révolutionnant présentement l'approche de son instrument.
Pour s'en convaincre, en n'oubliant évidemment pas de le contextualiser dans son époque, il suffit d'écouter le morceau titre d'ouverture de l'album où ce diable de John, un peu à la manière de ces instrumentistes folk celtiques qui "tournent" autour de la mélodie en de riches et développés soli, fait couler un impressionnant torrent de notes de son cuivre. On pourrait se dire, bien sûr, que l'exploit est avant tout technique, ce qu'il est, indéniablement, sauf que Trane habite sa création entrainant aisément l'auditeur, qui après quelques écoutes se surprendra peut-être à chanter ses exploits à l'unisson, dans un monde à priori un peu alien mais définitivement attirant. De fait, il n'y aurait que ce Giant Steps historique suivi d'un "récital" de Kenny G (le André Rieu du sax soprano) qu'on ne se sentirait qu'à peine floué, mais il y a plus, bien plus, dans le 5ème opus de John Coltrane, le premier dont il soit l'unique compositeur.
Parce qu'en plus d'être le furieux instrumentiste que l'on sait, le sax ténor est aussi un vrai bon compositeur sachant ménager quelques salvatrices respirations au sein de sa galette, des titres qui ne reposent plus sur sa vitesse d'exécution mais bien sur son talent de mélodiste. Naima, devenu un standard du jazz depuis, sensible ballade en hommage à son épouse d'alors, en est l'admirable démonstration mais pas le seul exemple talonné qu'il est par un Syeeda's Song Flute certes plus emporté mais pas moins inspiré et mélodique. Vous l'aurez compris, le reste de l'album, pas abscond pour autant, Trane hard-boppe encore, le free viendra plus tard, dédié à de swinguantes constructions où son saxophone supersonique est l'attraction principale comme, exemple extrême et unique de l'opus sur un bref et intense Countdown qu'on finit essoufflé alors que c'est John qui enchaine les notes en un galop frénétique.
Bref, pierre fondatrice d'une seconde partie de carrière, post héroïnomanie, hélas raccourcie par la maladie, Giant Steps est non seulement une aeuvre indispensable, c'est aussi, de l'avis de votre humble serviteur, la plus apte introduction à cette authentique légende de la musique du XXème siècle qu'est John Coltrane.

1. Giant Steps 4:43
2. Cousin Mary 5:45
3. Countdown 2:21
4. Spiral 5:56
5. Syeeda's Song Flute 7:00
6. Naima 4:21
7. Mr. P.C. 6:57
Bonus
8. Giant Steps (alternate version 1) 3:41
9. Naima (alternate version 1) 4:27
10. Cousin Mary (alternate take) 5:54
11. Countdown (alternate take) 4:33
12. Syeeda's Song Flute (alternate take) 7:02
13. Giant Steps (alternate version 2) 3:32
14. Naima (alternate version 2) 3:37
15. Giant Steps (alternate take) 5:00

John Coltrane -- tenor saxophone
Tommy Flanagan -- piano
Paul Chambers -- bass
Art Taylor -- drums
&
Wynton Kelly -- piano on "Naima"
Jimmy Cobb -- drums on "Naima"
Cedar Walton -- piano on "Giant Steps" and " Naima" alternate versions
Lex Humphries -- drums on "Giant Steps"' and "Naima" alternate versions


C comme...
CORNU "Cornu" (1998)
Un étrange animal

Y en a qui on le dont de ne pas faire comme les autres, qui ne réunissent pas les instruments habituels, les textes convenus, les mélodies attendues et même les pochettes qui vont bien. C'est le cas de Cornu mené par l'ex-Forguette Mi Note Julie Bonnie (groupe qui révéla aussi l'extraordinaire Claire Diterzi)... Et tout ça en power trio, en plus !
Ayant dit ça, il faut décrire l'objet, pas simple. On pourrait dire que le violon y prend la place habituellement allouée à la guitare et il y a de ça mais pas seulement. On pourrait citer les textes souvent très intimes de Miss Bonnie (depuis devenue infirmière en puériculture et romancière à petit succès), c'est une composante essentielle de l'ensemble. On pourrait aussi évoquer une section rythmique (Alex, le frère de Julie, à la basse, un certain Ben Bernardi à la batterie) qui, un peu comme celle de l'Experience de Jimi Hendrix, a le rôle de suivre les délires de l'évidente tête de proue de la formation, on apprécie leur performance. Et la voix de Julie évidemment, un organe de "fausse chanteuse" allant du mutin au viscéral sans qui rien n'aurait vraiment été pareil. En chansons, puisque si la forme est libre le format choisi est celui habituel de la pop ou de la variété, ça donne une sélection allant du fun et groovy (J'ai besoin de tes mains, J'aime ma vie) à des explorations plus expérimentales mais non moins satisfaisantes (Pour vous retrouver un de ces jours, Je suis fière (mes fesses), Piercing) assimilables à ce grand fourre-tout qu'on appelle indie rock mais, ultimement, unique en son genre.
Pour comprendre exactement de quoi il s'agit, parce que la comparaison avec Louise Attaque est d'une rare fainéantise intellectuelle, le mieux sera de se frotter à cet animal unique, à cette formation qui ne fera hélas pas florès (trop bizarre, trop alien... trop différent !) et se séparera après un second album d'une qualité comparable mais moins surprenant (parce qu'on a alors déjà entendu Cornu). Que ceux qui plongeront soit assuré d'une chose, il n'ont jamais entendu ça avant !

1. Accompagné 3:21
2. Pour Vous Retrouver Un De Ces Jours 3:26
3. Lisa 2:27
4. J'Ai Besoin De Tes Mains 3:00
5. Le Bar 5:08
6. Je Suis Fière (Mes Fesses) 4:00
7. La Magie 2:29
8. Je Lève La Tête 2:56
9. Youpi 2:25
10. J'Aime Ma Vie 3:03
11. Piercing 4:12
12. Les Lutins (Je N'Ai Pas Voulu) 5:12

Julie Bonnie - violon et chant
Alex Bonnie - basse
Ben Bernardi - batterie


C comme...
COTTON MATHER "Kontiki" (1997)
Revivalissimo

Avec le nom d'un pasteur et politicien puritain du XIXème siècle pour le groupe et celui d'une expédition scientifique nautique norvégienne pour l'album, on sait d'emblée que le Kontiki (ou Kon-Tiki) de Cotton Mather ne sera pas un album tout à fait comme les autres.
Pas de doute, pour ceux que le revivalisme 60s intelligent intéresse, cette galette sera (s'ils ne la connaissent pas encore) une trouvaille inespérée. Passé l'étonnant mimétisme vocal entre Robert Harrison et John Lennon demeure une écriture qui n'est pas sans rappeler celle des Fab Four circa Revolver. On aurait pu craindre qu'une ressemblance aussi flagrante s'avère gênante mais l'écriture de ce quatuor d'Austin (Texas) permet d'éviter cet écueil.
Pas qu'elle diffère tant que ça de celle des Beatles, notez bien. En bons ouvriers de la pop, Cotton Mather n'appliquent que des recettes connues et reconnues afin d'arriver à leurs fins. Cependant, il faut que tous les éléments soient réunis afin d'accomplir la périlleuse mission. Pour ce faire, la mise en son est essentielle et comme elle est ici délicieusement vintage - pas en mono (faut pas pousser quand même !) mais avec juste ce qu'il faut de garage pour conserver un grain authentique - une première étape est brillamment accomplie. Notons simplement qu'en bon groupe indie, la tâche de production est assumée collectivement par trois des membres du line-up.
Evidemment, sans les chansons, tout ceci ne serait que de l'enrobage, clinquant, bien foutu mais vide de sens... Or, les compositions d'Harrison étant du tonneau de celles d'un Elliott Smith ou d'un Andy Partridge et voguant, pleines de malice, entre un rock psychédélique estampillé 60's et pop/folk enluminée de chaeurs appropriés comme savait si bien la faire les Beach Boys, CSNY... Et les Beatles, évidemment.
Avec tant d'atouts artistiques dans ses manches (imaginez un album avec des manches, pour voir... ), il est surprenant que Kontiki n'ai pas eu un plus grand retentissement. En France, de vénérables magazines tel que Magic RPM ou les Inrockuptibles (qui sont peut-être pédants mais n'ont pas mauvais goût), ont loué les qualités de ce groupe et de cet album, à raison. Hélas, à défaut d'un clip passant en boucle pour les chaines visant à lobotomiser les futures générations, d'une promotion suffisante (petit label indé oblige), c'est à une excellent réputation underground que se voit confiné ce putain de bon disque. C'est dommage, d'autant plus que le groupe semble avoir plié les gaules (plus de trace discographique depuis 2001). Reste la musique et quand elle est de cette qualité, on ne peut que se réjouir de la découverte et s'attrister que si peu de gens en aient entendu parler.
Alors, que vous soyez nostalgiques des années soixante ou amateur de musique revivaliste ou, tout simplement, amateurs de bonnes chansons, vous trouverez en Cotton Mather et leur Kontiki, une petite perle comme on n'en rencontre pas si souvent... Il serait regrettable de s'en priver.

1. Camp Hill Rail Operator
2. Homefront Cameo
3. Spin My Wheels
4. My Before and After
5. Private Ruth
6. Vegetable Row
7. Aurora Bori Alice
8. Church of Wilson
9. Lily Dreams On
10. Password
11. Animal Show Drinking Song
12. Prophecy for the Golden Age
13. She's Only Cool
14. Autumn's Birds


Viewing all 177 articles
Browse latest View live