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AD/CD ou La Fin des Haricots Electriques

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Après le retraite forcée de Malcolm Young, le remerciement d'un Phil Rudd empêtré dans les ennuis judiciaires, et le départ plus ou moins forcé d'un Brian Johnson souffrant de graves problèmes d'audition, il est évident que la fin n'est plus bien loin pour nos australiens d'adoption préférés. Un groupe qui, avec Axl Rose en chanteur (provisoire ?), un cousin en remplacement d'un frère et le retour du chauve Chris Slade derrière les futs (la seule bonne nouvelle), n'est plus que l'ombre de lui-même mais qui, souvenons-nous !, nous ramona bien les cages à miel avec son excellent hard rock'n'roll bluesy. Et donc deux coffrets, les trois live officiels, le Zornophage ne vous refuse rien. Enjoie !


To BoN, FoReVeR MiSSeD
"Bonfire" (1997)
ou "Tribute to a Lost Friend"

Ho !, le bel hommage que voici, le juste retour, maintenant que Brian est bien installé, sur le vocaliste sans qui rien n'aurait vraiment été possible, Bon Scott évidemment dont la disparition en 1979, ô combien prématurée en plus d'être lugubrement accidentelle, laissa AC/DC orphelins, à jamais. Et on commence en fanfare par un live capté le 7 décembre 1977 aux Atlantic Studios de New York City, 8 titres et 45 trop courtes minutes dans les marques du premier live du groupe qui sortira un an plus tard, seuls Live Wire et Dog Eat Dog sont ici présents et pas sur la légendaire galette, pas des masses mais une belle performance et un beau document d'un groupe qui commence à se tester aux Amériques. Le gros morceau suit, ce Let There Be Rock - The Movie enregistré au Pavillon de Paris le 9 décembre 1979 en support d'un Highway to Hell qui casse la baraque. On y retrouve un AC/DC au sommet de son art, maître d'un hard bluesy tout en riffs faussement simplistes, soli échevelés et vocalises sévèrement burnées, un vrai rouleau compresseur évidemment complété par une section rythmique au diapason. Et donc, 80 minutes durant (si un lecteur y était il pourra témoigner de l'éventuel raccourcissement de l'évènement originel), c'est à une leçon de choses électriques à laquelle nous sommes conviés avec tous les classiques, ou qui le deviendront, magistralement interprétés et un Bon Scottà la gorge délivrant d'authentiques trésors de rocailleuses performances, grand ! Mais il n'est pas encore le temps de se quitter car voici le disque de raretés, bienvenue conclusion pas forcément affolante, des versions alternatives de morceaux de Let There Be Rock et Highway to Hell, un peu de live et des titres qu'on ne trouvait tels quels que dans les pressages australiens (et quelques extraits d'interviews planqués en ghost track), pas la panacée mais encore un peu de Bon, ça ne se refuse pas. Dans son édition originale, celle que j'ai, le machin se présentait dans une belle boîte avec chaque CD doté de sa propre pochette, un beau livret avec un court textes et de nombreuses photos, et, véridique : un poster représentant la pochette (réussie, la pochette), un autocollant moche, un médiator siglé du nom du groupe, un porte-clé décapsuleur (!) itou, et... un tatouage transfert ! Amusant tout ça, pas bien utile mais amusant. Comme la photo cachée de Bon en kilt et cornemuse en ses jeunes années, émouvant aussi, cette dernière. Bref, il y a la musique, et quelle musique !, ce bienvenu témoignage d'un AC/DC encore vert et frais (oui, frais !) mené par Bon Scott... Immense !

CD 1
Live From The Atlantic Studios
1. Live Wire 6:16
2. Problem Child 4:39
3. High Voltage 5:57
4. Hell Ain't a Bad Place to Be 4:13
5. Dog Eat Dog 4:42
6. The Jack 8:36
7. Whole Lotta Rosie 5:11
8. Rocker 5:33

CD 2 et 3
Let There Be Rock - The Movie, Live in Paris
CD 2
1. Live Wire 8:04
2. Shot Down in Flames 3:39
3. Hell Ain't a Bad Place to Be 4:31
4. Sin City 5:25
5. Walk All Over You 5:06
6. Bad Boy Boogie 13:20

CD 3
1. The Jack 6:05
2. Highway to Hell 3:30
3. Girls Got Rhythm 3:20
4. High Voltage 6:32
5. Whole Lotta Rosie 4:55
6. Rocker 10:45
7. T.N.T. 4:13
8. Let There Be Rock 7:34

CD 4
Volts
1. Dirty Eyes (early version) 3:21
2. Touch Too Much (early version) 6:34
3. If You Want Blood (You've Got It) (early version) 4:28
4. Back Seat Confidential (early version) 5:24
5. Get It Hot (early version) 4:17
6. Sin City (Live at TV Show Midnight Special) 4:58
7. She's Got Balls (Live in Bondi Lifesaver Club, You Shook Me All Night Long's B-side) 7:57
8. School Days (from T.N.T., Australian version) 5:24
9. It's a Long Way to the Top (If You Wanna Rock 'n' Roll) (full version, from T.N.T., Australian version) 5:15
10. Ride On (full version & hidden interview bits) 10:03


CHeMiNS De TRaVeRSe
"Backtracks" (2009)
ou "Beaux Restes"

Si Bonfire est un coffret essentiel qu'on conseillera même à ceux qui ne sont pas, à priori, "cœur de cible" des exactions électriques des frères Young et Cie, Backtracks, au moins dans sa version économiquement abordable (pas cette folie à plusieurs centaines d'euros logée dans un vrai si tout petit ampli guitare et ses trois cds et deux dvds), est surtout un objet recommandé à ceux qui ne peuvent pas vivre sans leur dose régulière de nouveauté riffue. Présentement composé de deux cds et d'un dvd, l'affaire n'est pas indigne, d'autant qu'elle est plutôt bien présentée, mais on sent bien que Sony Music, néo-détenteurs du contrat discographique d'AC/DC, a des envies de rapide retour sur investissement. Par le menu, on commence par les raretés studio soit quelques titres sauvés d'éditions australiennes encore fort coûteuses pour ce qui est de Bon Scott (on apprécie comme il se doit) et de faces B et participations à des BO de films pour la période Brian Johnson. Sans que ce soit tout à fait au niveau du meilleur dont ces gars-là sont capables, la collection a du chien et accroche bien l'oreille, en particulier sur un essentiel R.I.P. (Rock in Peace) de la version aussie de Dirty Deeds. Puis viennent les raretés live... OK, ça commence par quatre titres avec Bon, bonne nouvelle et bonnes versions, puis ça continue avec Brian pour une sélection de belles versions de classiques du répertoire du groupe prouvant, confirmant plutôt, la machine de guerre qu'est AC/DC sur scène. Oui mais, à faire une sorte de best of live qui ne veut pas dire son nom, sous couvert que les sources n'ont jamais encore été exploitées, faiblard argument, AC/DC passe sans doute à côté de l'opportunité de nous délivrer d'authentiques surprises, des morceaux rarement joués en concert par exemple, qu'on est sûr qu'ils ont, quelque part, dans leurs coffres forts. Ça reste d’excellente tenue, bien-sûr, mais un peu convenu... Dommage. Et pour ceux que la portion image intéresse il y a évidemment le DVD où, hélas, ce n'est qu'une collection de clips, certains avec Bon Scottétant tout de même assez rares, et de deux making of de vidéos pour celui qui est alors le dernier album en date, Black Ice, dont il s'agit. C'est peu et pas franchement affolant. Alors, voilà, si Backtracks, dans sa version "grand public", est tout de même sympathique il laisse un goût de trop peu qui l'empêche de pleinement satisfaire. Et donc, si vous avez les moyens ou tombez sur la bonne opportunité, misez sur la version deluxe, sinon ?, c'est toujours mieux que rien...

CD 1- Studio Rarities
1. Stick Around 4:40
2. Love Song 5:15
3. Fling Thing 2:00
4. R.I.P. (Rock in Peace) 3:35
5. Carry Me Home 3:58
6. Crabsody in Blue 4:43
7. Cold Hearted Man 3:35
8. Snake Eye 3:16
9. Borrowed Time 3:45
10. Down on the Borderline 4:15
11. Big Gun 4:20
12. Cyberspace 2:58

CD 2 - Live Rarities
1. Dirty Deeds Done Dirt Cheap (Sydney Festival 1/30/77) 5:10
2. Dog Eat Dog (Apollo 4/30/78) 4:30
3. Live Wire (Hammersmith Odeon 11/2/79) 5:06
4. Shot Down in Flames (Hammersmith Odeon 11/2/79) 3:28
5. Back in Black (Landover, MD 12/21/81) 4:19
6. T.N.T. (Landover, MD 12/21/81) 3:53
7. Let There Be Rock (Landover, MD 12/21/81) 7:30
8. Guns for Hire (Detroit, MI 11/18/83) 5:23
9. Rock and Roll Ain't Noise Pollution (Detroit, MI 11/18/83) 4:11
10. This House is on Fire (Detroit, MI 11/18/83) 3:23
11. You Shook Me All Night Long (Detroit, MI 11/18/83) 3:27
12. Jailbreak (Dallas, TX 10/12/85) 13:21
13. Highway to Hell (Moscow 9/28/91) 3:59
14. For Those About to Rock (We Salute You) (Moscow 9/28/91) 6:55
15. Safe in New York City (Phoenix, AZ 9/13/2000) 3:54


CouRaNT FoRT
"If You Want Blood You've Got It" (1978)
ou "Sueur et Sang"

C'est le mètre étalon du live gras et sans artifice, quelque chose qu'AC/DC ne fera plus jamais en vérité, ha ! le précieux !, ce fut aussi, pendant longtemps, jusqu'à la sortie du coffret Bonfire en 1997 en fait, le seul témoignage live officiel de l'ami Bon, et quel témoignage !, c'est le live classique pas excellence d'AC/DC, c'est l'obligatoire If You Want Blood You've Got It. Au chapitre de ce qui fâche, parce qu'il faut bien trouver quelque chose à redire sinon, à quoi bon commenter ?, il y a la brièveté de l'objet, 52 minutes seulement quand on sait que la performance dont il est tiré, celle de l'Apollo Theatre de Glasgow, le 30 avril 1978, dépassait largement l'heure. Et puis c'est tout parce que, franchement, quelle fête électrique de toute première bourre, quelle énergie, quel panache, quelle hargne, quelle classe aussi (parce qu'AC/DC sont gras on oublie trop souvent que tout ceci n'est pas à la portée du premier mulet venu). Évidemment, chacun pourra discuter la tracklist, y pointer les manques dans un catalogue déjà bien fourni (personnellement, je regrette l'absence de Can I Sit Next to You Girl ou Big Balls), mais justement, trop bien fourni et comme on ne peut pas tout avoir et que, objectivement, ce qui fut sélectionné est tellement iconique aujourd'hui (pas d'erreur des frères Young, de leur producteurs, grand frère George et son poteau Harry Vanda, et du reste du groupe, donc) et tellement rondement mené par un groupe forgé à la scène et présentement idéalement capté qu'on rend vite les armes et loue cette légendaire galette à la mémorable pochette et au titre annonçant une des chansons de leur album à venir (l'art du teaser !). En un mot ? Parfait.

1. Riff Raff 5:59
2. Hell Ain't a Bad Place to Be 4:10
3. Bad Boy Boogie 7:29
4. The Jack 5:48
5. Problem Child 4:40
6. Whole Lotta Rosie 4:05
7. Rock 'n' Roll Damnation 3:41
8. High Voltage 5:05
9. Let There Be Rock 8:33
10. Rocker 3:24

Bon Scott : Chant
Angus Young : Guitare solo
Malcolm Young : Guitare rythmique
Cliff Williams : Basse
Phil Rudd : Batterie


WoRLDWiDe eNTeRPRiSe
"Live" (1992)
ou "Live Triomphant"

Ce Live de 1992, c'est le triomphe d'un comeback en forme de production hollywoodienne par les résistants mais présentement presque miraculés australiens d'adoption les plus célèbres au monde, AC/DC, bien-sûr. C'est aussi une bonne grosse galette de rock gras et millimétré, l'un n'empêche pas l'autre, qu'on peut goûter sans les images, qui sont pourtant devenues parties intégrantes de ce qu'on imagine être une performance "in vivo" de ces affreux plus tous jeunes. Plus tous jeunes ? Certes mais quelle énergie encore, quelle maîtrise de sa propre voix (et voie) aussi ! Parce que si AC/DC a connu des vaches maigres, ça descend dès For Those About to Rock (1981) avant de remonter à partir de The Razor's Edge (1990), relatives les vaches maigres pour un groupe qui continuait à grassement écouler son back-catalogue, jamais la formation n'a trahi la musique, ce hard rock gorgé de blues et d'humour gras, souvent sous la ceinture, qu'elle joue depuis toujours, depuis l'écumage de bars avec un Angus qui avait presque l'âge de sa légendaire tenue d'écolier. Et c'est là, là et dans un certain talent tout de même, que réside la renaissance populaire d'Angus, Malcolm, Brian et Cie, dans cette fidélité, cette consistance dans l'usinage du riff qui finira par payer, ce qui n'était que mérité. Et donc ce Live de 1992, grosse machine, gros son, tous les classiques ou presque, quelques morceaux plus récents au passage, qui s'intègrent bien, des soli à gogo comme de bien entendu, un trio rythmique qui tient la machine comme pas deux (et merci à Chris Slade qui vaut tous ses devanciers et successeurs dans l'art du badaboumage énergique et précis), et un Brian encore très en voix (même si, tous les chanteurs vous le diront, on a mal à la gorge rien qu'à l'entendre) qui fait son boulot comme l'immense professionnel qu'il est, bref, garanti sur facture, déception impossible à qui aime ces cinq là. Évidemment, ce n'est plus l'AC/DC de Bon Scott, ils n'y peuvent rien !, mais c'est un fichue formation de rock and roll, et généreuse en plus avec ses grand-messes, alors, de 2 heures et demies. Forcément, l'album ayant connu deux éditions, on recommandera la présente, la double !, parce qu'avec ces lascars-là, plus, ce n'est jamais trop. Autre chose ? Ha oui, recommandé mais vous aviez déjà dû le comprendre !

CD 1
1. Thunderstruck 6:34
2. Shoot to Thrill 5:23
3. Back in Black 4:28
4. Sin City 5:40
5. Who Made Who 5:16
6. Heatseeker 3:37
7. Fire Your Guns 3:40
8. Jailbreak 14:43
9. The Jack 6:56
10. The Razors Edge 4:35
11. Dirty Deeds Done Dirt Cheap 5:02
12. Moneytalks 4:21

CD 2
1. Hells Bells 6:01
2. Are You Ready 4:34
3. That's The Way I Wanna Rock 'N' Roll 3:57
4. High Voltage 10:32
5. You Shook Me All Night Long 3:54
6. Whole Lotta Rosie 4:30
7. Let There Be Rock 12:17
8. Bonny 1:03
9. Highway to Hell 3:53
10. T.N.T. 3:48
11. For Those About to Rock (We Salute You) 7:09

Brian Johnson : Chant
Angus Young : Guitare solo
Malcolm Young : Guitare rythmique
Cliff Williams : Basse
Chris Slade : Batterie


GRiNTa!
"Live at River Plate" (2012)
ou "Vieux mais pas cuits"

"Les héros sont vieillissants ? Ecoutez voir ce Live at River Plate de 2009 (sortie en 2012) et revenez me voir !" C'est, en peu de mots, ce qu'on pourrait dire de ceux qui aiment à critiquer cette vieille baudruche australienne (d'adoption) d'AC/DC, tout en précisant qu'avec Bon Scott, ha !, c'était autre chose (on s'épargnera l'avis des réfractaires de tous temps, restons tout de même entre personnes de bon goût !). Et, donc, oui !, c'était autre chose mais ce qu'AC/DC fait depuis, et les performances scéniques qu'il délivrèrent jusqu'au remerciement cavalier de l'ami Brian et son remplacement au pied levé par Axl Rose, le jury est encore réuni là dessus, est une inattaquable preuve d'intégrité rock'n'rollesque en plus d'une évidente démonstration du respect qu'ils ont pour leurs fans. De fait, AC/DC fait le métier pour les argentins qui se sont massivement réunis devant eux. On a droit à quelques nouvelles chansons (parce qu'il faut bien vendre le petit dernier, en l'occurrence le pas très enthousiasmant Black Ice) mais on revient vite aux classiques, auxquels on sait qu'on aura droit, qu'on se plaint de toujours entendre mais dont on ne comprendrait pas l'absence, et donc Back in Black, Dirty Deeds, The Jack, Hells Bells, T.N.T., Whole Lotta Rosie, Let There Be Rock, Highway to Hell, pour ne citer qu'eux, avant le traditionnel final sur l'attendu For Those About to Rock (We Salute You), aucun classique ne vous sera épargné, et la performance, aucune surprise là dedans, est dans les marques du Live de 1992, avec peut-être un Brian un peu plus fatigué, quoique.... Bref, de l'AC/DC qui ne surprend aucunement mais contentera les amateurs d'un quintet qu'on ne reverra plus avec ce line-up, la maladie de Malcolm, les ennuis de Phil, le licenciement de Brian sont passés par là... Une opportunité à ne pas manquer !

CD 1
1. Rock 'N Roll Train 4:41
2. Hell Ain't a Bad Place to Be 4:27
3. Back in Black 4:14
4. Big Jack 4:07
5. Dirty Deeds Done Dirt Cheap 4:58
6. Shot Down in Flames 3:47
7. Thunderstruck 5:32
8. Black Ice 3:43
9. The Jack 10:11
10. Hells Bells 5:38

CD 2
1. Shoot to Thrill 5:55
2. War Machine 3:39
3. Dog Eat Dog 5:09
4. You Shook Me All Night Long 4:01
5. T.N.T. 3:57
6. Whole Lotta Rosie 5:57
7. Let There Be Rock 18:05
8. Highway to Hell 4:43
9. For Those About to Rock (We Salute You) 7:44
Bonus
Live at the Circus Krone, Munich, 17/06/03
10. Rock N' Roll Ain't Noise Pollution 4:26
11. If You Want Blood (You've Got It) 5:25
12. What's Next To The Moon 4:17

Angus Young : Guitare
Malcolm Young : Guitare
Cliff Williams : Basse
Phil Rudd : Batterie
Brian Johnson : Chant



the Many Worlds of Storm Thorgerson (Vol. 2/3: 1977-1979)

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Deuxième partie de la sélection de pochettes d'albums conçues par le légendaire Storm Thorgerson avec, cette fois, l'inévitable Pink Floyd, groupe que le graphiste suivra toute sa carrière. Et plein d'autres autour pour, de mon humble avis, une belle brochette sur laquelle je vous invite à picorer à l'envie. Enjoie !

GaBRieL'S FiRST Storm
Peter Gabriel "Peter Gabriel (Car)" (1977)
ou "Here Comes the Flood"

Un artiste qu'on ne présente plus et un album qui gagnerait à être plus connu, c'est la combinaison que je vous propose avec le tout premier album solo de l'ex-Genesis Peter Gabriel. On ne s'en souvient par forcément mais, quand elle fut annoncée, la séparation d'un des groupes phares du rock progressif anglais et son charismatique vocaliste causa quelque émoi et beaucoup d'interrogations quand à la suite que chacune des parties allait donner à leur carrière. Genesis tirèrent les premiers rassurants leur dévots par une impeccable doublette avec Trick of the Tail et Wind and Wuthering (février et décembre 76) réussissant magnifiquement la transition qu'on pensait pourtant - si ce n'est impossible - extrêmement hasardeuse. L'Archange s'en trouva d'autant plus mis sous pression mais releva parfaitement le gant, dès février 77, avec ce qui reste une des plus belles réussites de sa longue et fructueuse discographie. Il faut dire que, sous la houlette de Bob Ezrin (qu'on ne présente plus et que je ne présenterai donc pas), Peter rassemble un sacré casting avec, notamment, Robert Fripp et Tony Levin (tous deux de King Crimson), Steve Hunter (Alice Cooper), Allan Schwartzberg (James Brown, Mountain), etc. Dès la première chanson (du Genesis sans Genesis) les fans sont rassurés, Peter est toujours ce vocaliste théâtral à l'imagination fertile et à la fêlure presque soul. On notera la stratégie de mettre en ouverture le titre le plus proche des exploits passés de Gabriel, bien joué. D'autant que la suite démontre que Gabriel est bien parti pour faire autre chose que du rock progressif (même si cette musique demeurera une des composantes de son style). De fait, Solsbury Hill oscille entre folk et pop, Excuse me est gentiment jazzy/désuet, etc. Pas deux chansons ne se ressemblent ici et pourtant le tout est cohérent et s'imbrique à merveille. Certains reprocheront la relative froideur de la production (qui est le signe avant-coureur du glissement "New Wave"à venir), mais certains sont prompts à toujours chercher la petite bête là où il faut simplement s'esbaudir de tant de talent ! Et quand, pour achever l'affaire, Peter délivre un Here Comes the Flood richissime en émotion, c'est la critique toute entière qu'il achève, magistralement. Peter Gabriel est grand, tous ses albums sont indispensables, c'est un fait. Juste, celui-ci, de l'épure d'une pochette conçue par Storm Thorgersonà la richesse musicale qu'on y trouve, l'est peut-être encore plus indispensable que les autres.

1. Moribund The Burgermeister 4:18
2. Solsbury Hill 4:21
3. Modern Love 3:38
4. Excuse Me 3:20
5. Humdrum 3:26
6. Slowburn 4:37
7. Waiting For The Big One 7:14
8. Down The Dolce Vita 4:42
9. Here Comes The Flood 5:56

Peter Gabriel: voices, keyboards, flute, recorder
Allan Schwartzberg: drums, directories
Tony Levin: bass, tuba, leader of Barbershop Quartet
Jim Maelen: percussion, synthibam, Bones and Barbershop
Steve Hunter: Full frontal guitar, electric & acoustic rhythm guitar, pedal steel
Robert Fripp: electric guitar, classical guitar, banjo
Jozef Chirowski: Frontal keyboard, Barbershop
Larry Fast: synthesizers and programming
Dick Wagner: backing voices, solo guitar on "Here Comes The Flood" and at the end of "Slowburn"
The London Symphony Orchestra on "Down The Dolce Vita"
Michael Gibbs: Orchestra arranger and Conductor

PETER GABRIEL

iF PiGS CouLD FLy...
Pink Floyd "Animals" (1977)
ou "La Ferme !"

Le meilleur Pink Floyd ? Certains qui préfèrent la période Barrett citeront le pécher originel, The Piper at the Gates of Dawn, d'autres plus proches de la trippante et décontractée période 70s pencheront pour The Dark Side of the Moon ou Wish You Were Here, d'autres, enfin, sans doute amateurs de concept albums choisiront The Wall. Rares sont ceux qui citent Animals, et pourtant, quel album ! Peut-être parce qu'il est moins facilement appréhendable que ses concurrents au trône, Animals, plus progressif qu'aucun devancier ou successeur, ce qui lui vaut d'ailleurs les généreux suffrages de la communauté prog, a toujours eu des allures de parent pauvre, de celui qu'on aime tout de même mais qu'on oublie trop souvent. Pourtant, dès sa marquante pochette (la centrale de Battersea survolée par un cochon de baudruche), évidemment toujours signée de Storm Thorgerson, c'est une démonstration d'un groupe au pic de sa puissance créatrice. Compositionnellement dominé par Roger Waters (ça deviendra l'habitude jusqu'à son départ du groupe en 1985) qui ne cède qu'un co-crédit à son collègue Gilmour (Dogs), mais c'est une première ici, c'est un album sombre et étrange, adaptation libre de l'Animal Farm de George Orwell, précurseur aussi, sans les longueurs et les lourdeurs, d'un nihiliste The Wall, où chaque musiciens trouve sa place participant au tissage de l'inquiétante toile qui nous est proposée. Certes, les amateurs de Richard Wright regretteront que ces claviers soient ici essentiellement des créateurs d'ambiances, des machines à texturer (en l'occurrence, c'est exactement ce qu'il fallait) le son Pink Floyd n'en est pas pour autant radicalement altéré ne serait-ce que par l'omniprésence de la scintillante guitare de David Gilmour. Certes, l'absence de quelque vraie chanson que ce soit déconcertera ceux qui avaient fait de Money, Time, Welcome to the Machine ou Wish You Were Here leurs moments préférés du catalogue des londoniens mais, des grandes épopées (Dogs, Pigs, Sheep) aux deux miniatures d'ouverture et de fermeture de l'opus (les deux Pigs on the Wing), il y a largement de quoi s'esbaudir devant tant de maîtrise, tant de talent, tant d'imagination, et une si totale cohérence d'ensemble qu'il est aisé de se laisser emporter dans le noir trip de Waters. Pour toutes ces raisons, mais aussi pour l'impeccable mise en son fomentée par le groupe lui-même, ce 10ème opus de Pink Floyd mérite largement sa place au panthéon des œuvres progressives et conceptuelles qui comptent, un plus qu'un accessit dans le bilan des œuvres d'une formation, à raison, toujours révérée aujourd'hui.

1. Pigs on the Wing 1 1:25
2. Dogs 17:03
3. Pigs (Three Different Ones) 11:25
4. Sheep 10:25
5. Pigs on the Wing 2 1:23

David Gilmour - lead guitar, vocals on "Dogs", bass guitar on "Pigs (Three Different Ones)" and "Sheep", talkbox on "Pigs (Three Different Ones)", acoustic guitar on "Dogs", additional backing vocals
Nick Mason - drums, percussion, tape effects
Roger Waters - lead vocals, acoustic guitar on "Pigs on the Wing", rhythm guitar on "Pigs (Three Different Ones)" and "Sheep", tape effects, vocoder, bass guitar on "Dogs"
Richard Wright - Hammond organ, electric piano, Minimoog, ARP string synthesizer, piano, clavinet, backing vocals

PINK FLOYD

uNDeaNeD
Yes "Going for the One" (1977)
ou "The Special One"

Après l'incartade bien barrée avec l'excellent Patrick Moraz aux claviers (Relayer), Going for the One marque le retour du line-up classique de la formation, avec Rick Wakeman aux panoramiques, théâtraux et, pour tout dire un peu pompeux synthétiseurs qui sont quand même un peu la trademark du Yes qui triompha vers le début des années 70. Mais, aïe aïe, on est en 1977 et dire que la jeunesse d'Angleterre s'intéresse à tout autre choses qu'aux élucubrations symphoniques de ces déjà vieux et si inaccessibles virtuoses tient indéniablement du massif euphémisme. Et puis le groupe est absent depuis trois longues années, une éternité pour les années 70. Pourtant Yes s'en sort bien en modernisant juste ce qu'il faut sa formule notamment via la contribution de Wakeman qui a profité de ses années en solo pour renouveler, augmenter son matos des derniers développements disponibles. L'affaire commence par une étrangeté, une sorte de hard blues progressif qui donne son titre à l'album et n'aurait presque pas déparé dans le répertoire de Led Zeppelin, le single évident de l'album aussi avec son refrain à reprendre en chœur et sa mélodie accrocheuse. On se retrouve vite dans une domaine plus familier avec un Turn of the Century qui, débutant en acoustique tranquille, n'a de cesse de "crescender"à un train de sénateur vers un palpitant final et une redescente en douceur histoire de boucler la boucle. Vient ensuite le très classique Parallels où on retrouve le versant rock du progressif de Yes pour une composition correcte sentant quand même un peu le remplissage, mais ça va, ça s'écoute et ne détonne pas sur l'ensemble de la galette. Pas plus que Wonderous Stories marquant un retour vers la tendance hippie collant si bien à la peau d'un Anderson qui ne s'en défend même pas. Last but not least, c'est l'authentique second sommet de l'album, avec la bizarrerie addictive d'ouverture, Awaken, la grosse pièce et son quart d'heure du plus pur Yes qui soit donné d'entendre sur Going for the One. Celui-ci a tout, des patterns rythmiques atypiques, des claviers et guitares virtuoses, un chant et des chœurs façon "chorale des anges", un développement symphonique idéal, il a tout ET la qualité qu'on attend d'une telle équipe et qui, enfin !, est ici atteinte. Bien produit par le groupe lui-même, embellie créatrice avant un énième drame (qui conduira vers l'excellent Drama et l'adoubement des deux Buggles) suite à un album mi-cuit (Tormato), Going for the One, sans Roger Dean mais avec Storm Thorgerson, est peut-être bien le dernier grand classique de Yes, un classique mineur, certes, mais un classique tout de même qu'on ne peut, évidemment, que recommander.

1. Going for the One 5:30
2. Turn of the Century 7:58
3. Parallels 5:52
4. Wonderous Stories 3:45
5. Awaken 15:38

Jon Anderson - lead vocals, harp
Chris Squire - 4-, 6-, and 8-string bass guitars, backing vocals
Steve Howe - acoustic and electric guitars, lap steel guitar, pedal steel guitar, laúd, backing vocals
Rick Wakeman - Polymoog and Minimoog synthesizers, church organ, piano, Mellotron, choral arrangement
Alan White - drums, tuned percussion
&
Richard Williams Singers
- choir

YES

PRoGoPoPiSM
The Alan Parsons Project "Pyramid" (1978)
ou "Slick as Silk"

Un album en équilibre entre soft et prog rock mais louchant vers la new wave, un retour aux sources aussi vers leurs Tales of Mystery of Imagination débutantes en plus d'un triomphe de musique accrocheuse et mélodique ? C'est Pyramid, le troisième opus de l'Alan Parsons Project. De fait, sur la partie la plus ouvertement progressive de l'album, la trilogie d'introduction ou l'énorme In the Lap of the Gods par exemple, retrouve t-on les tentations orchestrales qui avaient marqué les débuts du projet de l'ingénieur du son de Pink Floyd (qui, on le notera au passage, a aussi volé le concepteur graphique de ses amis/patrons, Storm Thorgerson), mais comme plus loin on entend aussi unCan't Take It with You et encore plus sur le sautillant Pyramania qui louchent très fortement sur la nouvelle vague qui fait alors fureur (opportunisme ou simplement signe de musiciens vivant dans l'air du temps, je vous laisse juge), on a clairement faire à l’œuvre d'une formation qui se cherche, cherche aussi sûrement à se démarquer et certainement à éviter l'obsolescence qui vise alors tant de leurs collègues. Comme Parsons et ses associés (le fidèle Eric Woolfson en premier d'iceux, ne serait-ce que pour son immense apport compositionnel), et qu'évidemment la production est irréprochable, on a tout de même affaire à une belle galette qu'on écoute avec le plaisir de l'audiophile se délectant du beau velours sonore ici présenté mais, de fait, ça fait aussi de Pyramid un album un peu boiteux, un peu déséquilibré, qu'on ne déconseillera pourtant pas aux amateurs de progressisme supra-mélodique (même le pire de ces gars-là saurait les contenter) mais qui n'enthousiasmera que partiellement les autres, moins dévoués au genre. Ceci dit, avec un remaster de compétition et des bonus à gogo, on a tout de même affaire à un excellent travail, personne ne le niera de l'Alan Parsons Project, de grands professionnels.

1. Voyager 2:24
2. What Goes Up... 3:31
3. The Eagle Will Rise Again 4:20
4. One More River 4:15
5. Can't Take It With You 5:06
6. In the Lap of the Gods 5:27
7. Pyramania 2:45
8. Hyper-Gamma-Spaces 4:19
9. Shadow of a Lonely Man 5:34
Bonus
10. Voyager/What Goes Up/The Eagle Will Rise Again 8:55
11. What Goes Up/Little Voice (early version demo) 4:07
12. Can't Take It With You (early version demo) 1:45
13. Hyper-Gamma-Spaces (demo) 2:21
14. The Eagle Will Rise Again (alternate version – backing track) 3:20
15. In the Lap of the Gods (Part I – demo) 3:14
16. In the Lap of the Gods (Part II – backing track rough mix) 1:56

David Paton– bass, vocals
Stuart Elliott– drums, percussion
Ian Bairnson– electric and acoustic guitars
Eric Woolfson, Duncan Mackay – keyboards
Dean Ford, Colin Blunstone, Lenny Zakatek, John Miles, Jack Harris– vocals
Phil Kenzie - saxophone solos on "One More River"
Choir: The English Chorale, Choirmaster: Bob Howes
Produced and engineered by Alan Parsons
Executive production: Eric Woolfson
Arrangements: Andrew Powell

THE ALAN PARSONS PROJECT
(Woolfson & Parsons)

NeW TRio
Genesis "...And Then They Were Three" (1978)
ou "Un seul être vous manque..."

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ? C'est la thèse concernant And Then They Were Three qui suit le départ d'un guitariste exceptionnel, Steve Hackett, et amorce la seconde phase de la carrière de Genesis, plus pop, moin prog. Mais ce n'est pas si simple... Présentement, Genesis, cette fois encore "emballé" par Storm Thorgerson (ça dure depuis The Lamb mais ça s'arrêtera là), se remet du départ d'un instrumentiste qui fut un élément important de son son en ne le changeant pas vraiment. Rutherford, qui c'est entendu, n'est pas du même niveau que celui qu'il est sensé remplacer, mise sur une approche supra-mélodique de l'instrument compensant ainsi son déficit technique, et c'est plutôt bien joué. D'autant qu'il y a, dans le groupe, une évidente volonté de simplification de l'écriture, une évolution vers des compositions à la structure plus pop sans pour autant abandonner l'emphase progressive qu'ils avaient l'habitude de leur donner. Le résultat, un compromis bien trouvé, ne produit pas que d'excellents résultats mais force est de constater qu'il fonctionne sur la majorité de titres plutôt très réussis et nullement indigne de la réputation du groupe. Parce qu'il y a encore du grain à moudre pour les fans du Genesis d'avant : Down and Out, puissante et inspirée ouverture; Undertow, belle composition douce-amère à la mélodie entêtante et la progression réussie; Ballad of Big, morceau étonnamment rock fort bien troussé, Snowbound, délicate composition qui n'aurait pas déparé sur Wind And Wuthering; Burning Rope, une des plus belles réussites de l'opus, puissant, racé et mélodiquement superbe; Deep in the Motherlode, qui semble déjà annoncer le tournant pris par le groupe sur Duke; Scenes from a Night Dream, pendant égal de face B à Ballad of Big; Say It's Alrigh Joe, ballade mélancolique à l'emballage progressif final parfaitement réussi. Toutes de vraies belles réussites. Comme le reste, sauf peut-être un Follow You Follow Me trop facile pour être honnête, n'est pas mal non plus, on ne peut que fêter l'avènement d'un nouveau line-up suffisamment roué pour contourner ses handicaps naturels. Évidemment, on ne peut qu'imaginer (rêver !) le résultat avec Hackett qu'il aurait été facile de retenir en lui offrant un rôle créatif plus étendu, et regretter que les saillies géniales du taciturne axeman ne viennent pas encore un peu plus embellir le probant résultat. Mais c'est comme ça, on fait avec. Au final, passé la compréhensible si excessive déception d'époque, on se retrouve avec un Genesis classique et réussi, un album démontrant que, même à trois, ces messieurs possèdent un petit quelque chose de plus les plaçant loin au-dessus de la plupart de leur collègues et concurrents. Excellent, quoi !

1. Down and Out 5:25
2. Undertow 4:47
3. Ballad of Big 4:47
4. Snowbound 4:30
5. Burning Rope 7:07
6. Deep in the Motherlode 5:14
7. Many Too Many 3:30
8. Scenes from a Night's Dream 3:30
9. Say It's Alright Joe 4:18
10. The Lady Lies 6:05
11. Follow You Follow Me 3:59

Tony Banks - piano (Yamaha CP-70 electric), organ (Hammond T-102), Mellotron, synthesizers (ARP 2600, ARP Pro Soloist, Polymoog, Roland RS-202)
Phil Collins - lead and backing vocals, drums, percussion
Mike Rutherford - guitars, fretted & fretless bass guitars, bass pedals

GENESIS

PRoGoPoPiSM 2
Styx "Pieces of Eight" (1978)
ou "Arena Material"

Entre rock progressif et hard rock, idéal pour la bande FM U.S. d'alors, triomphant dans les stades et les charts mais honnis par la critique, pratiquement inconnus chez nous sans doute parce qu'ils n'ont jamais pris le temps de s'intéresser au public de ce côté de l'Atlantique, c'est Styx et le triomphe qu'est leur déjà 8ème album, Pieces of Eight. Il faut dire que Styx a eu un démarrage difficile, une croissance contrariée qui ne s'est solutionnée qu'à l'arrivée du remplaçant du guitariste/co-lead vocaliste John Curulewski, Tommy Shaw. Avec cette nouvelle recrue et un sixième album sous la ceinture, Crystal Ball (1976), la formation était fin prête à conquérir les masses. Et donc, deux ans et deux albums plus tard sort Pieces of Eight qui, en substance, continue de creuser la formule établie depuis deux albums et surtout le triomphal The Grand Illusion (1977), une bonne idée. La formule ? Du rock lisse et millimétré, gorgé de chœurs rutilants (imaginez les refrains !) et d'un vrai côté théâtral, hollywoodien oserait-on, qui couplé à la qualité compositionnelle du quintet, fait un effet bœuf. En détail, ça donne une galette qui démarre par une belle saillie hard-rockante, Great White Hope, du type de celles dont on imagine un Queen capable, enchaine sur un authentique sommet de pop progressive (I'm OK), poursuit par une chanson à classer à côté des exactions hippies d'un Yes ou des fantaisies d'un Kansas, la concision en plus, etc, c'est à dire du progressif bien fichu mais jamais excessivement démonstratif (The Message/Lords of the Ring, Pieces of Eight/Aku Aku), du qui riffe juste ce qu'il faut (Blues Collar Man, Renegade) et, évidemment la power ballad de rigueur présentement bien représentée par un très réussi Queen of Spades. Tout ça est très classique mais là où certains sombrent en n'utilisant que de grosses ficelles, Styx sait faire preuve d'une fantaisie qui fait la différence. Parce que Styx n'a pas les pieds d'argile radiophoniques d'un Foreigner, d'un Journey ou d'un Boston (de fait on les classerait plus avec un Saga ou un Kansas), et sait glisser de jolies trouvailles d'arrangements qui, avec une inclinaison pop naturelle leur permet d'afficher une vraie personnalité dans un domaine pourtant surpeuplé, tout ça fait de Pieces of Eight, certes pas tout à fait l'égal de son prédécesseur (mais presque), un album qu'on recommande à tous les amateurs de stadium rock plus fin que la moyenne, et pas qu'un peu.

1. Great White Hope 4:22
2. I'm O.K. 5:41
3. Sing for the Day 4:57
4. The Message 1:08
5. Lords of the Ring 4:33
6. Blue Collar Man (Long Nights) 4:05
7. Queen of Spades 5:38
8. Renegade 4:13
9. Pieces of Eight 4:44
10. Aku-Aku 2:57

Dennis DeYoung– keyboards, synthesizers, pipe organ, vocals
Chuck Panozzo– bass guitar, vocals
John Panozzo– drums, vocals
Tommy Shaw– guitar, mandolin, vocals
James Young– guitar, vocals

STYX

2ND SeRViCe
XTC "Go 2" (1978)
ou "On prend les mêmes et on recommence"

Le plus grand défaut de Go 2 ? Non, pas l'étrange et peu attrayante pochette qu'à conçu pour eux Storm Thorgerson. Le plus grand défaut de Go 2 c'est de n'être qu'une suite logique de son prédécesseur, White Music, soit une salve de post-punk mélodique et parfois angulaire avec, hélas, des chansons moins directement satisfaisantes. Un petit ratage pour XTC qui aura la conséquence de pousser la formation vers d'autres cieux, pour le bonheur de tous. Peut-être parce que XTC retourne trop vite en studio pour capitaliser sur son succès naissant, sans doute parce que les compositions y sont un peu moins marquantes, Go 2, bien que légèrement plus mélodique que son devancier, n'est pas aussi captivant que les gesticulations originelles d'une bande encore largement énervée si toujours préoccupée par l'Art de la chanson pop survitaminée. Le groupe y réunit trop rapidement des chansons tout à fait correctes dont aucune, hélas, pas même les deux seules jamais écrites par le claviériste Barry Andrews, My Weapons et Super-Tuff, n'atteint les sommets des plus belles pièces de White Music. De fait, un peu l'album "pour solde de tout compte" de leur brève période punk et assimilé avant de passer à autre chose, sans le moindre bonus sur sa réédition tout bêtement parce qu'il n'y en avait pas de disponible, Go 2 déçoit. Une déception relative parce qu'il s'agit bien de XTC et que ses gars-là savent y faire beaucoup mieux que la masse électrique laborieuse, mais une déception tout de même d'où on extraira quelques salves supérieures telles que le psychotique et bondissant Meccanik Dancing (Oh We Go!), le planant Battery Brides (Andy Paints Brian), l'infectieux The Rhythm, l'étonnant détour reggae/dub Super Tuff ou le rigolo I Am the Audience comme autant de saillies visant un peu plus justes que leurs voisines. Go 2 n'est pas le meilleur album de XTC, Go 2 n'est pas non plus un album très important du groupe, sauf à penser qu'une lassitude stylistique les poussera a essayer autre chose la fois suivante (Drums & Wires !), mais Go 2 est tout de même du XTC ce qui, pour les initiés, est l'assurance qu'intelligence textuelle et sens mélodique hors-pair y seront forcément combinés, sans surprise c'est encore le cas, on le recommandera donc tout de même quand, ayant couvert l'ensemble de la discographie de l'immense formation, vous en voudrez encore plus.

1. Meccanik Dancing (Oh We Go!) 2:36
2. Battery Brides (Andy Paints Brian) 4:37
3. Buzzcity Talking 2:41
4. Crowded Room 2:53
5. The Rhythm 3:00
6. Red 3:02
7. Beatown 4:37
8. Life Is Good in the Greenhouse 4:41
9. Jumping In Gomorrah 2:04
10. My Weapon 2:20
11. Super-Tuff 4:27
12. I Am the Audience 3:48
13. Are You Receiving Me? 3:06

Andy Partridge - guitars and vocals
Colin Moulding - bass and vocals
Barry Andrews - crumar group 49 cheesy organ, farfisa organ, lawrence electric piano, wurlitzer e-piano, minimoog, clavinet, steinway grand piano, vocals and saxophone
Terry Chambers - drums and vocals

XTC

NouVeLLe MoRSuRe
Scorpions "Lovedrive" (1979)
ou "Chewing!"

Pour Scorpions, qui ne sont pas en retard, les années 80 commencent en 79 avec un nouvel album, un nouveau line-up et, surtout, une nouvelle approche qui préfigure largement les succès hair-metal qui jalonneront la décénnie à venir pour ces fiers teutons du riff. Parce qu'en 1979, sans Uli Roth parti faire son Jimi Hendrix spatial en solo, avec le retour du frère Michael parce que le groupe n'a pas encore tout à fait confiance dans sa nouvelle recrue (Matthias Jabs) qui devra encore attendre pour faire complètement ses preuves, Scorpions met tous les atouts de son côté avec les chansons les plus accorcheuses de sa déjà longue et productive carrière. Outre la pochette polémique et souvent censurée (by Storm Thorgeson), ça deviendra une habitude et pas des plus reluisantes, ces Scorpions là ont l'air de surtout vouloir piquer au cœur. Évidemment, ils continuent de produire quelques acérées saillies (Another Piece of Meat surtout, exemplaire réussite en la matière mais aussi le speedé Can't Get Enough ou le costaud morceau titre) mais, plus important, ils élargissent leur spectre comme jamais. Ainsi les refrains se font plus pop (Loving You Sunday Morning), les ballades plus radiophoniques (Always Somewhere, Holiday mètres étalons de toutes les slows qui suivront), on ose même le complet dépaysement avec un reggae rock convaincant et bien troussé (Is There Anybody There?) et même un instrumental (pas courant chez Scorpions, ça), ce Coast to Coast pas très techniquement démonstratif mais tellement bien construit... Bref, Lovedrive, c'est du doré sur tranche, le meilleur du Scorpions des années 80 avec encore quelques agréables effluves de leur son des septantes. Recommandé.

1. Loving You Sunday Morning 5:36
2. Another Piece of Meat 3:30
3. Always Somewhere 4:56
4. Coast to Coast 4:42
5. Can't Get Enough 2:36
6. Is There Anybody There? 3:58
7. Lovedrive 4:49
8. Holiday 6:32

Klaus Meine– lead vocals
Matthias Jabs– lead guitar, backing vocals
Rudolf Schenker– rhythm guitar, backing vocals
Francis Buchholz– bass, backing vocals
Herman Rarebell– drums, backing vocals
&
Michael Schenker
- lead guitar, backing vocals

SCORPIONS

oK!
UK "Danger Money" (1979)
ou "The Final Fusion"

Deuxième et dernier épisode de la tentative fusion prog de la fin des années 70 de John Wetton, UK, Danger Money ne reconduit pas le line-up qui a si bien réussi sur l'éponyme sorti un an plus tôt. Out Bill Bruford, remplacé par ex de chez Zappa, l'énorme Terry Bozzio, out Alan Holdsworth que Wetton himself supplée occasionnellement (mais qui, du coup, John n'étant pas exactement un guitar-hero, manque quand même un peu). Musicalement, évidemment, on repèrera cette tentation de Wetton de pondre du single pop prog qui se concrétisera bientôt par le supergroupe Asia (Nothing to Lose), mais pour le reste, 5 solides compositions où chacun des trois membres brille par sa technique, Jobson en particulier qui bouffe presque l'opus avec une performance d'exception, on se régale. Un poil moins fusion que son éponyme devancier, mais égal aussi sa capacité à ne pas en faire trop comme, par exemple, en leur temps, un Emerson Lake & Palmer aux dérives instrumentales onanistes souvent too much, Danger Money est une vraie réussite de progressif qui sait même efficacement accrocher l'oreille sans faire de la retape (Rendez-Vous 6:02). De fait, même quand le trio part dans l'épopée sonique, Carrying the Cross et ses 12 grosses minutes, et son fabuleux solo de claviers d'Eddie Jobson (ex-Roxy Music, faut-il le rappeler ?), on reste persuadé que la tenue de la composition n'a jamais été évincée au bénéfice d'une quelconque gloriole personnelle, c'est assez rare pour être signalé. Au bout du compte, on admettra tout de même rester un petit peu sur sa faim sans doute parce que ce parfait équilibre du premier album où deux authentiques virtuoses  (Jobson et Holdsworth, donc) partageaient l'affiche sans jamais se "bouffer le nez" et, ultimement, n'avait d'autre but que de servir la musique (une constante du projet), est ici perdu au profit, certes, d'un Jobson totalement libéré, mais pas inutilement démonstratif pour autant, mais perdu tout de même. Ça ne fait pourtant pas de Danger Money le ratage que certains se plaisent à décrire, un poil moins réussi que le cru 78 bien-sûr, mais tout de même loin au-dessus de la mêlée des laborieux.

1. Danger Money 8:12
2. Rendezvous 6:02 5:00
3. The Only Thing She Needs 7:53
4. Caesar's Palace Blues 4:42
5. Nothing to Lose 3:57
6. Carrying No Cross 12:20

Eddie Jobson - keyboards, electric violin
John Wetton - bass, lead and backing vocals, guitar
Terry Bozzio - drums, percussion

UK

La Barbe ! (série en cours, volume 5) et Bonus Triste

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Allen Ginsberg vous l'aurait confirmé, la barbe ce n'est pas une mode, pas un attribut viril, c'est le signe d'un mec qui a autre chose à battre que de se pomponner devant le miroir à coup de crème hydratante et de lame trop aiguisée. Or donc, les artistes qui suivent n'ont cure de ces affects métrosexuels et s'adonnent à leur art... Tous poils dehors ! Enjoie.

PS : Endescendant plus bas, vous trouverez un hommage à un cher disparu de fraiche date et de bien trop jeune âge : Hubert Mounier aka Cleet Boris. 

KeNTuCKy BeaRD
Chris Stapleton "Traveller" (2015)
ou "Southern Man's Blues"

Voici typiquement le genre d'album qui n'a pas la moindre chance de faire un tabac chez nous, dans un pays qui, pourtant, vit largement dans une société consumériste d'obédience étatsunienne. Il faut dire que, chez nous, la country, c'est une petite chanson de Johnny, d'Eddy, de Dick voire de Hugues et puis c'est tout, c'est tout l'effet que ce genre bouseux transatlantique typique fait au porteur de beret sur la tête et baguette sous le bras, puisqu'on est dans les clichés. Et c'est bien dommage parce qu'à l'image de l'inaugural opus de cet hirsute individu tout de stetson chapeauté, qui est une vraie petite merveille !, cette galaxie de nuances (quel est le rapport entre Billy Cyrus et Townes Van Zandtà part l'assidu port d'un couvre chef de cowboy ?) a bien des trésors à délivrer. Et donc, Chris Stapleton, plutôt du genre outlaw le gars (descendance des Willie Nelson, Waylon Jennings et autres David Allan Coe), et pas seulement pour le look, un petit gars qui roule sa bosse depuis une bonne dizaine d'années en tant que songwriter reconnu, qui a mené un temps une des formations les plus en vue du revival bluegrass, The SteelDrivers, bref, qui a pris son temps pour enfin concocter un premier opus qu'il pourrait entièrement assumer. En l'occurrence, ce qui s'offre à nous passée la country pop (plutôt bien fichue d'ailleurs) de Traveller, est à un bel opus en équilibre entre outlaw country et rock sudiste, ceci fait avec beaucoup de sensibilité et de nuance, deux qualités pas si courantes dans les genres qu'accouple l'opus. Les highlights de la chose ? Toutes les chansons sont d'un excellent niveau mais Tennessee Whiskey et ses atours soul, le solide country rock sudiste Parachute où Chris donne enfin du plein volume de son rocailleux organe, Whiskey and You où tout en retenue il évoquerait presque le divin Townes Van Zandt, la ballade au coin du feu Daddy Doesn't Pray Anymore, les bon gros blues que sont Might As Well Get Stoned, versant rock, et Was It 26, côté plouc, brillent un peu plus que leurs jolies voisines d'un album si totalement réussi qu'on le conseillera même à ceux pour qui le genre dans sa globalité est étranger, voire désagréable, bigre ! Et, au fait, Traveller a beaucoup de succès aux Etats-Unis, il a été n°1 des charts toute catégorie confondues, s'est déjà écoulé au-delà du million, ce qui devient rare en ces temps de gratuité quasi-systématique, et même récolté deux Grammy Awards... Et c'est totalement mérité parce qu'on tient bien là la première belle œuvre d'un auteur qu'on suivra, lui dont le cocktail country sudiste nous a présentement si complètement séduit.

1. Traveller 3:42
2. Fire Away 4:04
3. Tennessee Whiskey 4:52
4. Parachute 4:13
5. Whiskey and You 3:56
6. Nobody to Blame 4:04
7. More of You 4:37
8. When the Stars Come Out 4:16
9. Daddy Doesn't Pray Anymore 4:09
10. Might as Well Get Stoned 4:37
11. Was It 26 4:49
12. The Devil Named Music 6:07
13. Outlaw State of Mind 5:37
14. Sometimes I Cry 4:02

Chris Stapleton— acoustic guitar, electric guitar, mandolin, lead vocals
Dave Cobb— acoustic guitar, percussion
J.T. Cure— bass guitar, upright bass
Derek Mixon— drums, percussion
Mickey Raphael— harmonica
Morgane Hayes-Stapleton— background vocals
Robby Turner— pedal steel guitar
Michael Webb— mellotron, organ, piano

CHRIS STAPLETON

BaRBaGReC 1
Vangelis "Heaven and Hell" (1975)
ou "De Nouvelles Ambitions"

Pour son 5ème album solo, le premier enregistré dans son tout nouveau studio londonien, Evangelos Odysseas Papathanassiou (Vangelis pour la postérité) a mis les petits plats dans les grands. Déjà parce qu'il propose ici sa composition la plus ambitieuse, ensuite parce qu'il ose, tout en restant fondamentalement progressif, plus progressif que jamais en vérité, glisser vers une musique orchestrale qui, forte de l'orchestre synthétique du maître de cérémonie, d'un chœur classique (l'English Chamber Choir) et de deux invités pour les virgules en chanson (dont une avec Jon Anderson qu'on ne présente évidemment plus et entame ici une collaboration qui s'avèrera fructueuse), en impose carrément. Dans les faits, la première face, Heaven ?, est la plus lyrique et accessible et est excellemment conclue par, donc, Jon Anderson (So Long Ago, So Clear), quand la seconde, Hell alors !, est plus oppressive, sombre et expérimentale. Les deux constituent un tout certes un brin pompier, Vangelis l'a toujours été, le sera toujours, on ne le changera pas, qui, même quatre décennies après sa conception, passe comme une lettre à la poste. Que les amateurs de Klaus Schulze, Tangerine Dream et consorts se le tiennent pour dit, ce Vangelis-là est pour eux, et pour tous les amateurs de progressisme orchestrale, évidemment. Heaven and Hell ? Le paradis, c'est d'enfer !

1. Heaven and Hell, Part One 22:05
- Bacchanale
- Symphony to the Powers B
- Movement 3
- So Long Ago, So Clear

2. Heaven and Hell, Part Two 21:16
- Intestinal Bat
- Needles and Bones
- 12 O'Clock
- Aries
- A Way


Vangelis - synthesizers, Bösendorfer grand piano, percussion, arrangements
Jon Anderson - vocals on "So Long Ago, So Clear"
Vana Veroutis - vocals on "12 O'Clock"
English Chamber Choir, conducted by Guy Protheroe

VANGELIS

oLD BeaRD
Roy Harper "Man and Myth" (2013)
ou "Hats Off!"

Roy Harper revient après treize longues années d'un assourdissant silence. Rien que ça devrait faire la une de tous les médias musicaux. À la mode des vieux revenants, il a 72 ans, Roy s'est entouré de jeunes pousses à commencer par Jonathan Wilson dont les albums solo, Gentle Spirit en particulier, ont tous fait leur petit effet. Il revient aussi à ce qu'il sait faire le mieux et dont il s'est trop souvent égaré : un folk rock libre (progressive diraient certains) où il peut donner libre court à sa verve textuelle et son talent mélodique.
Man & Myth, donc. L'homme et le mythe. Avec une pochette qui fait (un peu) peur (Roy diabolique) et le support d'un indé qui compte (Bella Union), il fallait bien ça pour sortir le vieil ours de sa tanière... Et déboule avec un album du feu de dieu ! Déjà il y a la voix, bien conservée, vieillie mais toujours bien là. Ensuite il y a les chansons, pas innovantes mais diablement bien troussées. On s'y souvient souvent des moult musiciens qu'Harper influença : Led Zeppelinévidemment (Hats off to Roy Harper !) mais aussi The Who, les Fleet Foxes ou Joanna Newsom (avec qui il a tourné en 2011). Entre Folk et Rock, entre modernité et classicisme, entre humanité et magie, Roy trace sa route ravigoté par l'intérêt inespéré d'une jeune génération qui a, pour le coup, tout compris (voir Stormcock ou Folkjokeopus pour ceux qui en douterait). En toute logique il revient donc à des sources rappelant beaucoup ses opus de la fin des années 70 et du début des années 70. C'est aussi, parce qu'il a l'âge qu'il l'a et qu'il l'assume parfaitement (comme admirablement chanté sur la magnifique folk ballad Time Is Temporary), que Man & Myth apparait comme un album somme pour un artiste n'ayant plus prévu de faire parler de lui, le baroud d'honneur d'un beau vieux qui sait encore en envoyer (l'envolée de The Enemy, le classic rock Cloud Cuckooland avec Pete Townsend au solo !), tripper comme un damné (la diptyque de clôture, Heaven Is Here/The Exile) ou nous tirer quelques larmes (January Man). Le tableau est complet et particulièrement bien brossé par un line-up compétent et des arrangements gouteux.
Y a pas à mégoter, Man & Myth est un bel album, sans faux-pas, sans faute de gout. Un album à l'ancienne mais pas vieillot. Et dire que Mr Harper a 72 ans ! Forcément l'écoute d'un pareil tour de force, d'une telle vivacité venant d'un homme de son âge étonne, réjouit surtout ! Roy Harper, éternel second couteau, 13 ans de silence depuis le pourtant très réussi The Green Man, est venu, a vu et a vaincu... C'est aussi simple que ça.

1. The Enemy 7:34
2. Time Is Temporary 4:57
3. January Man 4:32
4. The Stranger 5:26
5. Cloud Cuckooland 5:44
6. Heaven Is Here 15:24
7. The Exile 7:55

Roy Harper - guitar and vocals
Jonathan Wilson - banjo, guitar, mandolin, bass and backing vocals
John Fitzgerald - bouzouki,Oud,Bass, Guitar engineering
Pete Townsend - electric guitar
Tony Franklin - bass guitar
Jake Blanton - bass guitar
Richard Gowen - drums and percussion
Omar Velasco - clavinet and mellotron
Jason Borger - keyboard
James King - alto saxophone
Bill Shanley - guitar
Neal Morgan - percussion

ROY HARPER

VooDoo BeaRD
Dr. John "Gris-Gris" (1968)
ou "Le Docteur est Fou !"

Où l'on s'intéresse aux spectaculaires débuts d'un musicien à la carrière longue et fructueuse mais qui n'égala jamais son premier chef d'œuvre. Évidemment, commercialement, cette étrange pièce de musique ne fit pas florès. Il faut dire que cette fusion de blues, de psychédélisme fortement influencée par le culte vaudou n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler de l'easy-listening tant et si bien qu'Ahmet Ertegun, alors patron du label Atlantic l'envoya paître sur le sous-label Atco n'y voyant aucun potentiel. On lui doit même la fameuse saillie "how can we market this boogaloo crap?". Et pourtant, le temps ayant fait son œuvre, Gris Gris est désormais vu comme un des meilleurs albums de son auteur et une galette assurément culte. Alors, si vous avez l'estomac bien accroché ou êtes en quête de sensations fortes, précipitez vous sur ces 33 minutes de folie douce, vous ne serez pas déçus. Chaudement recommandé (si vous ne l'aviez pas encore compris).

1. Gris-Gris Gumbo Ya Ya 5:36
2. Danse Kalinda Ba Doom 3:39
3. Mama Roux 2:59
4. Danse Fambeaux 4:56
5. Croker Courtbullion 6:00
6. Jump Sturdy 2:20
7. I Walk on Guilded Splinters 7:37

Harold Battiste: bass, clarinet, percussion
Dr. John: keyboards, guitar, percussion, vocals
Richard 'Didimus' Washington: guitar, mandolin, percussion
Plas Johnson: saxophone
Lonnie Boulden: flute
Steve Mann: guitar, banjo
Ernest McLean: guitar, mandolin
Bob Frasier, Bob West: bass
Mo Pedido: congas
John Boudreaux: drums
Dave Dixon, Jessie Hill, Ronnie Barron: backing vocals, percussion
Joni Jonz, Prince Ella Johnson, Shirley Goodman, Sonny Ray Durden, Tami Lynn: backing vocals

DR. JOHN

eLeCTRiC BeaRD
Pride & Glory "Pride & Glory" (1994)
ou "New Direction"

Découvert par Ozzy Osbourne qu'il vient de quitter, Zakk Wylde n'a pas été long pour trouver sa nouvelle voix (et voie) comme on l'entend dans le premier et unique album de Pride & Glory, celle d'un aggro metal flirtant avec des racines rock, blues et country qui lui va, en vérité, merveilleusement au teint. Parce qu'ici, Zakk assume d'être un plouc et d'aimer ça, et ça s'entend parce que d'un Losin' Your Mind, sorte de country hard'n'heavy avec son petit banjo et sa lourde rythmique, à la country rigolarde de l'excellent Hate Your Guts final, c'est un Wylde audiblement content d'être là, si bien acccompagné (la section rythmique, composée du polyvalent bassiste James LoMenzo, ex-White Lion et futur Megadeth, tu parles d'un grand écart, et Brian Tichy qu'on aura remarqué chez Stevie Salas, Gilby Clarke ou Billy Idol, font l'excellent travail dont ces deux grand professionnels sont capables). Si bien accompagné qu'il se laisse même aller à des ambitions le rapprochant de Led Zeppelin (The Chosen One) ou à une ballade avec piano et cordes qu'il réussit d'ailleurs fort bien (Sweet Jesus). Parce que si Zakk a de bonnes chansons, une excellente maîtrise de son instrument évidemment, tout ça on le savait de son passage chez l'affreux de Birmimgham, il a aussi une bonne voix bien rocailleuse aussi apte à blueser, rocker, crooner que de faire s'activer les glandes lacrymales. Bref, si Pride & Glory s'arrêtera là, avant de quelque part renaître en Black Label Society, c'est bien d'un album de toute première bourre dont il s'agit, un album qu'on recommande chaudement au amateur de metal infusé roots.

1. Losin' Your Mind 5:28
2. Horse Called War 5:00
3. Shine On 6:44
4. Lovin' Woman 3:46
5. Harvester of Pain 5:06
6. The Chosen One 6:49
7. Sweet Jesus 3:48
8. Troubled Wine 5:39
9. Machine Gun Man 4:56
10. Cry Me a River 4:37
11. Toe'n the Line 5:19
12. Found a Friend 6:03
13. Fadin' Away 4:56
14. Hate Your Guts 4:36

Zakk Wylde– lead and backing vocals, guitars, piano, mandolin, banjo, harmonica
James LoMenzo– bass, backing vocals, double bass, twelve-string guitar on "Fadin' Away"
Brian Tichy– drums, percussion
&
Paul Buckmaster
– musical arrangements on "The Chosen One", "Sweet Jesus", and "Fadin' Away"
Featuring the Seattle Symphony conducted by Paul Buckmaster

ZAKK WYLDE

BaRBaGReC 2
Georges Moustaki "Le Métèque" (1969)
ou "Chanson Poilue"

Bien qu'il appartienne clairement à son époque, le second opus de George Moustaki, sans titre mais souvent appelé Le Métèque, du nom de sa première et plus emblématique chanson, 8 ans après un premier opus qui passa totalement innaperçu (il faudra d'ailleurs attendre 2013 pour qu'il soit enfin réédité), ressemble aujourd'hui à une galette hors du temps, elle qui parait faire écho à une tradition baladine séculaire. Dans les faits, c'est l'heure de la concrétisation après, donc, de longues galères  mais aussi de fructueuses collaborations avec certains artistes en vue (Piaf, par exemple, pour qui il composera Milord, mais aussi Montand, Barbara ou Reggiani) pour cet émigré italo-grec né à Alexandrie, ce Guiseppe Mustacchi débarqué dans l'hexagone en 1951 à seulement 17 ans et dont le choc musical absolu, celui auquel il fera écho jusqu'à la fin de sa vie en mai 2013, sera la rencontre avec un autre Georges, Brassens. Pas qu'on l'entende tant que ça ici, cette influence puisque, outre par l'usage systématique de la guitare acoustique, l'instrument de Moustaki, comme base parce que cet album Polydor, fondamentalement, c'est déjà la créature d'un artiste qui a trouvé son ton dont il s'agit. Un artiste qui s'est engagé, du côté de la contestation évidemment, lors des évènements de mai 68 mais n'en fait pas pour autant de la chanson militante. Non, l'art Moustaki c'est une certaine douceur de vivre, un côté hippie sans vraiment en être avec de jolies chansons en arpèges aux paroles fines et douces, vaporeuses mais pas insubstantielles pour autant... Un petit miracle qui, en vérité, ce qui n'enlève absolument rien au reste de sa discographie souvent de fort belle qualité, ne se reproduira plus lors de la carrière de Georges. Et donc, sans vendre plus avant une galette si réussie qu'elle passa aisément à la postérité, il me reste à vous recommander, seul ou en coffret, ce second Moustaki dont vous me direz des nouvelles !

1. Le Métèque 2:30
2. La mer m'a donné 2:45
3. Gaspard 2:50
4. Voyage 2:15
5. Le Facteur 4:11
6. Natalia 1:55
7. Ma solitude 2:59
8. Il est trop tard 2:40
9. La Carte du tendre 3:01
10. Le Temps de vivre 2:52
11. Joseph 2:25
12. Rue des Fossés-Saint-Jacques 1:29

Georges Moustaki : chant, guitare
Françoise Walch : chant
Raymond Gimenès : guitare
Sylvano : guitare
Alain Goraguer - arrangements et direction musicale
(autres musiciens inconnus)

GEORGES MOUSTAKI

DaNCiNG BeaRD
Johannes Brahms "21 Danses Hongroises" (1982)
ou "Abbado on Brahms"

Pour le dernier opus de ce 5ème volume de ma sélection poilue, je vous propose le commentaire d'un amazonien qui a fait beaucoup mieux que je ne saurais, moi-même, faire, Jean Le Goff :
"Claudio Abbado a enregistré en 1982 les 21 Danses Hongroises de Brahms avec le Philharmonique de Vienne. Au total, le CD comprend 21 morceaux très courts, de 1'16 à 4'08, pour un enregistrement total de 48'16. Plutôt que de danses folkloriques hongroises à proprement parler (la musique populaire hongroise n'a été recensée qu'au début du 20è siècle par Bela Bartok et Zoltan Kodaly), il s'agit plutôt de danses créées ou recréées par Brahms à partir de musiques tziganes ou de compositions traditionnelles hongroises, allant d'une grande exubérance à une atmosphère plus mélancolique.
Les danses 1 à 10 expriment le sentiment de vitalité et de fougue, les suivantes sont plus mélancoliques, correspondant d'ailleurs à deux phases d'écriture successives chez Brahms (la série 1 à 10 a été publiée en 1869, la série 11 à 21 en 1880). La version pour orchestre ici interprétée est la plus célèbre, plus que celle pour piano à quatre mains. C'est une oeuvre romantique puissante, avec des accentuations rythmiques caractéristiques faisant ressortir la « puissance d'éléphant tendre et désespéré » de Brahms selon l'expression d'Antoine Goléa.
Ces Danses Hongroises dans leur interprétation par Claudio Addado font partie de différentes Discothèques idéales en 55, 100 ou 250 CD. Elles sont curieusement ignorées par Roland de Candé dans son ouvrage sur les chefs d'oeuvre de la musique classique. Pour une interprétation plus hongroise des Danses, voir Ivan Fischer, Budapest Festival Orchestra, 1998
"

1. No.1 In G Minor 2:53 
2. No.2 In D Minor 2:35 
3. No.3 In F Major 2:18 
4. No.4 In F Sharp Minor 4:08 
5. No.5 In G Minor 2:16 
6. No.6 In D Flat Major 3:04 
7. No.7 In F Major 1:33 
8. No.8 In A Minor 2:48 
9. No.9 In E Minor 1:36 
10. No.10 In F Major 1:36 
11. No.11 In D Minor 2:25 
12. No.12 In D Minor 2:17 
13. No.13 In D Major 1:35 
14. No.14 In D Minor 1:32 
15. No.15 In B Flat Major 2:40 
16. No.16 In F Minor 2:16 
17. No.17 In F Sharp Minor 2:45 
18. No.18 In D Major 1:22 
19. No.19 In B Minor 1:56 
20. No.20 In E Minor 2:25 
21. No.21 In E Minor 1:16
un streaming de l'album

Claudio Abbado& the Wiener Philharmoniker
 
JOHANNES BRAHMS

Le BoNuS DoNT oN Se SeRaiT BieN PaSSé...
Où le Zornophage se recueille en musique de la disparition d'un mec qu'il n'a jamais personnellement connu mais lui est toujours apparu comme quelqu'un de vraiment cool en plus d'un talent multi-facettes comme on n'en rencontre pas si souvent par chez nous. Or donc, Hubert Mounier nous a quitté le 2 mai 2016 à seulement 53 ans. In memoriam...

FiN D'aFFaiRe
L'Affaire Louis Trio "(Europium)" (1997)
ou "Bouquet Final"

Or, donc, le dernier opus de l'Affaire Louis Trio'floppa"... Cruelle injustice pour un impeccable album de pop diablement bien troussé. La faute à qui ? La faute à quoi ? Une pochette qui ne donne pas envie ? Sans doute. L'air du temps qui, en 1997, privilégie une génération plus abrasive et frontale ? Il y a de ça. La faute à pas de chance aussi parce que, mes aïeux, quelle galette. Presque 20 ans après, alors qu'on l'aura sans doute remisé non sans l'avoir, à l'époque, moult fois écoutées, on y retrouve que Cleet Boris (Hubert Mounier) était un sacré fomenteur de belles petites chansons malines et addictives, que son frère (disparu il y a huit ans déjà, décidément, les Mounier ne font pas de vieux os) et leur compagnon de presque toujours, François Lebleu aka Karl Niagara qui suivra d'ailleurs Hubert dans sa carrière solo, font un beau complément d'équipe. On n'oubliera évidemment pas qu'on découvrait ici une jeune pousse qui n'allait pas tarder à faire parler d'elle, Benjamin Biolay responsable des arrangements de cordes et de quelques chœurs graciles, bien joué. Sans rentrer plus dans le détail, en espérant que vous pourrez un jour mettre la main sur l'édition collector, belle boîte métal en forme de gros cachet jaune renfermant, surtout, quatre bonus prolongeant joliment l'expérience, force est de constater que l'Europium de l'Affaire Louis trio est un superbe album pop qu'on recommandera chaudement à tous ceux à qui le genre, vous savez, celui qui a fait de Beatles, influence évidente ici, le plus gros groupe de tous les temps, parle.

Album
1. Le Calendrier Mondial 3:28
2. La Vague 2:58
3. Le Roi de la Fête 3:44
4. Le Palais Idéal 4:27
5. Nouveau Jour 3:44
6. Comme l'Homme 3:00
7. L'Homme Qui A Dit Non à Ava Gardner 2:59
8. Personne 3:44
9. Au Rendez-Vous des Amis 3:19
10. Les Quatre Vérités 3:49
11. Juliette 6:51

Disque Bonus
1. Adam 3:28
2. Le Coup du Siècle 2:34
3. AC/DC 3:14
4.  Une Belle Journée 1:25

Vocals, Backing Vocals, Bass, Guitar – Cleet Boris (Hubert Mounier)
Guitar, Bass – Karl Niagara (Vincent Mounier)
Drums, Percussion, Backing Vocals – Bronco (François Lebleu)
& 
Backing Vocals, String Arrangements – Benjamin Biolay
Backing Vocals – Nathalie Margerit
Cello – Joël Schetzman
Guitar – Jean-Louis Solans
Piano, Synthesizer – Christian Fradin
Saxophone – Alain Guillard
Trumpet – Yvon Guillard
Violin – Elsa Benabdallah, Florent Bremond, Karen Brunon


SoLo Boy
Hubert Mounier "Le Grand Huit" (2001)
ou "L'affaire est dans le sac"

A l'écoute de son inaugural album solo, ceux qui sont familiers du glorieux passé d'Hubert Mounier, une belle brochette de galettes à la tête de l'Affaire Louis Trio, ne seront pas surpris de retrouver la belle écriture pop d'un garçon attachant. Ils ne seront pas non plus surpris d'y retrouver un Benjamin Biolay en principal maître d’œuvre de la réalisation des volontés de son pote avec qui, après tout, il a commencé quelques années plus tôt sur le toujours recommandé si chroniquement indisponible éponyme de fin de carrière de l'Affaire. Pas à dire que ce Grand Huit soit la copie carbone des exactions pop rock du trio, non !, Hubert et Benjamin, et François Lebleuégalement ex de l'Affaire et ici largement impliqué, on concocté un opus plus léger, plus doux-amer où cordes émouvantes et programmations malines tissent une toile qui sied à merveille aux mots et mélodies d'Hubert. Et justement, puisqu'on évoque les mots et les mélodies, il est temps d'évoquer les chansons de ce Grand Huit, et quelle belle collection d'icelles ! Parce que de la douceur d'une petite pop song électroacoustique d'introduction (Nelson), d'influences trip-hop parfaitement digérées (La Vue sur la Mer), d'un petit tour de manège dynamiquement électro-pop (Le Grand Huit), des sommets pop aériens souvent atteints (comme sur le bien nommé le Grand Ciel ou un Adam emprunté au disque bonus de l'ultime opus de l'Affaire), à une chanson planquée mais tout de même recommandée (La Dernière Chanson), rien ne déçoit et, même, tout émeut parce que cet Hubert-là, s'il reste indéniablement reconnaissable comme le sautillant vocaliste de Chic Planète, a développé une grammaire pop douce, fine et rouée que ne renierait pas, pas exemple, l'excellent Andy Partridge (XTC). Hélas, pour impeccablement réussi que soit Le Grand Huit, et il l'est !, l'album n'aura pas le succès escompté, toute la carrière solo d'Hubert n'aura pas le succès escompté d'ailleurs,  n'en demeure pas moins une galette fort recommandée à ceux qui auront la chance, puisqu'elle est indisponible depuis déjà trop longtemps, de mettre la min dessus. Bonne chasse en espérant, en attendant, que les MP3 fassent l'affaire. Enjoie !

1. Nelson 3:47
2. La Rivière 3:35
3. La Vue Sur La Mer 4:41
4. Le Grand Huit 4:16
5. Depuis Tout Ce Temps 3:31
6. Le Même Ciel 3:39
7. Une Fée 2:35
8. L'Homme De La Jungle 3:32
9. Adam 4:53
10. Et Pourtant 3:22
11. La Nuit La Plus Longue 2:48
12. La Dernière Chanson 5:24

Hubert Mounier - chant, choeurs, guitare, basse
Benjamin Biolay - guitares, programmations, piano, claviers, cuivres, arrangements
François Lebleu - batterie, programmations, claviers, guitare
Laurent Verneray - basse, contrebasse
Denis Benarosh - percussions, batterie
Eric Sauviat - guitares
Boris Jardel - guitare
Erwin Autrique - programmations
Gaëlle Escoffier - voix martienne
Nicolas Tsolis - programmations, claviers, arrangements
Ghislaine Benabdallah, Céline Flanes, Hélène Lenglart, Joan Rouzaud - violon
Catherine Marolo, Dahlia Adamopoulos - alto
Isabelle Sajot, Eric Villeminey - violoncelle




Feel the Bern !

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Ce n'est pas parce que les carottes semblent cuite pour le plus iconoclaste des candidats à l'investiture suprême étasunienne qu'on ne peut pas s'intéresser à quelques-uns de la belle brochette de musiciens qui le soutinrent dans son effort de progrès. Et donc, le Zornophage ne va pas se priver et n'a plus qu'une chose à rajouter : ENJOIE !

CHRiS BaLLeW
The Presidents of the United States of America "The Presidents of the United States of America" (1995)
ou "Potache Punk n' Roll"

Du punk pour rire, avec de la mélodie, de l'humour (un poil potache), de l'énergie et des instruments "différents" (basitar, guitbass, versions minimalistes de la basse et de la guitare, évidemment), c'est le programme du premier album éponyme des Presidents of the United States of America.Alors, forcément, la musique de ce power trio rigolo ne donne pas dans le raffinement mais, avec quelques excellents hooks mélodiques, une énergie qu'elle a à revendre et un allant tout à fait communicatif, les 38 minutes et 13 titres passent comme une lettre à la poste. Il faut dire, aussi, qu'arrivant sur les talons de la bande des dépressifs chroniques de la vague dite grunge, ce petit coup de légèreté drolatique faisait un bien fou. Et donc succès, d'abord par une paire de singles supra-efficaces (Lump et Peaches), ensuite par des prestations live n'engendrant pas non plus la mélancolie. Pas bien malin tout ça ? Ce n'était pas fait pour et même, au contraire, c'était exactement fait pour ne pas l'être dans la grande tradition d'un punk américain décontracté et farceur auparavant entendu chez Ween, les Dickies et même les Pixies (qui savaient ne pas se prendre trop au sérieux tout en faisant de l'excellente musique). On trouve même, histoire d'enfoncer le clou et de bien montrer d'où l'on vient, une reprise du Kick Out the Jams du MC5 et un invité de marque en la personne de Kim Thayil (Soundgarden) venu déposer un solo rageur sur la conclusion de l'album, Naked and Famous.Bref, si vous aimez le rock'n'roll qui s'amuse de lui-même, sait faire parler la poudre mais aussi le poil à gratter, ces Présidents of the USA tout sauf protocolaires sont pour vous.

1. Kitty 3:23
2. Feather Pluckn 2:57
3. Lump 2:14
4. Stranger 3:04
5. Boll Weevil 3:16
6. Peaches 2:51
7. Dune Buggy 2:44
8. We Are Not Going to Make It 1:52
9. Kick Out the Jams 1:25
10. Body 4:11
11. Back Porch 2:59
12. Candy 3:16
13. Naked and Famous 3:42

Chris Ballew– lead vocals, basitar
Dave Dederer– guitbass, backing vocals
Jason Finn – drums
&
Kim Thayil– guitar on "Naked and Famous"

CHRIS BALLEW

JeLLo BiaFRa
Dead Kennedys "Fresh Fruit for Rotting Vegetables" (1980)
ou "Politipunk"

C'est le cri primal, la déclaration d'intention originelle d'une bande de San-Franciscains colériques et radicaux, une galette punk et politique qui fera date aussi, c'est Fresh Fruit for Rotting Vegetables, premier opus d'un certain Jello Biafra et des ses Dead Kennedys. Enorme !Il n'y a d'ailleurs qu'à scruter la liste des morceaux de ce tour de force de 1980 pour se convaincre qu'on tient bien là un sommet discographique du genre punk/hardcore : Let's Lynch the Landlord, Chemical Warfare, California Über Alles, Holidays in Cambodia sont quatre indéniables classique du genre, et les 10 autres titres de l'opus, dont aucun ne décevra l'amateur de musique agressive ET intelligente, d'un groupe ayant un vrai beau sens de l'humour mais aussi une vraie conscience politique et sociale, complètent idéalement le tableau. Alors, certes, musicalement, on n'a pas exactement affaire à des virtuoses mais l'intérêt est ailleurs, dans l'incroyable énergie, la saine et fière conviction d'un quatuor mené par un vocaliste possédé (Jello) bien secondé par un bloc façon char d'assaut qui terrasse tout sur son passage.Comme en plus cette version "Deluxe" propose les titres complémentaires d'époque, qu'on peut aussi retrouver sur l'excellente et essentielle compilation Give Me Convenience or Give Me Death, les gouteux Police Truck et Too Drunk en particulier, il n'en faut pas plus pour qu'on célèbre, sans long discours mais avec un réel enthousiasme, un authentique classique du punk/hardcore.Fresh Fruit for Rotting Vegetables, dont l'influence se ressentira chez la plupart des groupes du genre, est ce qu'il est tenu d'appeler un incontournable de Dead Kennedys qui ne le sont pas moins, c'est aussi simple que ça.

CD 1
1. Kill the Poor 3:07
2. Forward to Death 1:23
3. When Ya Get Drafted 1:23
4. Let's Lynch the Landlord 2:13
5. Drug Me 1:56
6. Your Emotions 1:20
7. Chemical Warfare 2:55
8. California Über Alles 3:03
9. I Kill Children 2:04
10. Stealing People's Mail  1:34
11. Funland at the Beach 1:49
12. Ill in the Head 2:46
13. Holiday in Cambodia 4:37
14. Viva Las Vegas 2:42

CD 2
1. Holiday in Cambodia (single version) 3:46
2. Police Truck 2:24
3. Kill the Poor (single remix) 3:07
4. In-Sight 1:40
5. Too Drunk to Fuck 2:41
6. The Prey 3:50

Jello Biafra– lead vocals
East Bay Ray– lead guitar
Klaus Flouride– bass, backing vocals
Ted– drums
&
6025– rhythm guitar on "Ill in the Head"
Paul Roessler– keyboards
Ninotchka – keyboards, backing vocals
Dirk Dirksen– backing vocals
Bobby Unrest– backing vocals
Michael Synder– backing vocals
Bruce Calderwood– backing vocals
Barbara Hellbent – backing vocals
HyJean – backing vocals
Curt – backing vocals
Chi Chi– backing vocals

JELLO BIAFRA

JaCKSoN BRoWNe
Jackson Browne "Late for the Sky" (1974)
ou "American Singer"

Pour son troisième album en autant d'années, Late for the Sky, à la pochette inspirée de René Magritte (L'Empire des Lumières), Jackson Browne continue d'éblouir par la délicatesse de son écriture, la justesse de son interprétation faisant du californien, alors que la concurrence fait rage dans le domaine des singer/songwriters guitare acoustique en bandoulière en ces années 70, une des plus belles voix (et voie) nord-américaine. Présentement, plus baladin que rocker à quelques rares mais notables exceptions (The Road and the Sky et Walking Slow, les plus courtes et accessoires propositions de l'album et pourtant de bonnes chansons, c'est dire le niveau !), Browne accouche d'un album introspectif d'une confondante beauté où, empruntant à la folk comme à la country, il tisse des chansons aussi rêveuses que marquantes. Que dire de plus ? Que Bruce Springsteen, qui s'y entend en chansons roots intimistes, qualifia l'album de chef d’œuvre ?, que Scorcese utilisa la chanson-titre pour son cultissime Taxi Driver ?, qu'il finit par dépasser le million d'exemplaires écoulés en 1989, c'est pas trop tôt !, oui, tout ça mais, surtout, que c'est un album qu'on réécoute souvent, toujours aussi épaté par son immense qualité et totale beauté. Recommandé ? C'est le mot !

1. Late for the Sky 5:36
2. Fountain of Sorrow 6:42
3. Farther On 5:17
4. The Late Show 5:09
5. The Road and the Sky 3:04
6. For a Dancer 4:42
7. Walking Slow 3:50
8. Before the Deluge 6:18

Jackson Browne– vocals, acoustic guitar, piano, slide guitar (on "The Road and The Sky")
David Campbell– string arrangements
Joyce Everson– harmony vocals
Beth Fitchet– harmony vocals
Dan Fogelberg– harmony vocals
Doug Haywood– bass, harmony vocals
Don Henley– harmony vocals
David Lindley– electric guitar, lap steel guitar, fiddle; harmony vocals (as Perry Lindley)
Terry Reid – harmony vocals
Fritz Richmond– jug
J. D. Souther– harmony vocals
Jai Winding – piano, organ
Larry Zack– drums, percussion

JACKSON BROWNE

JoHN DeNSMoRe
The Doors "Morrison Hotel" (1970)
ou "Room to Let"

Échaudés par les excessifs effets de manche de leur précédent EP, l'ampoulé The Soft Parade, c'est un Doors en retour aux fondamentaux qui s'avance pour nous offrir Morrison Hotel, bonne nouvelle. Encore une meilleure nouvelle en prenant en compte que le blues, qui va si bien au ton de Morrison, est l'idiome non pas privilégié, parce que les Doors restent un groupe de rock'n'roll parfumé de psychédélisme épique (finalement assez discret ici), mais émergeant. En chanson ça se traduit d'emblée par l'excellent Roadhouse Blues (qui ne deviendra pas un tube mais est depuis devenu le classique que l'on sait), le teinté boogie de You Make Me Real et son amusant piano western, le laidback et très réussi The Spy et le chaloupé Maggie M'Gill mais, surtout, ça infuse presque tout le répertoire du présent opus (la marque aussi de Krieger et de sa volubile six-cordes). Pas qu'on ne sorte jamais de la note bleue, non, les Doors réussissent aussi très bien une chanson psychédélique de premier ordre (Waiting for the Sun), une jolie doublette groovy/atmosphérique (Peace Frog/Blue Sunday) ou une jolie ballade planante avec un Morrison shamanique (Indian Summer)... Bref, une belle sélection pour un album hélas souvent mésestimé par ceux qui se pressent au rayon des Best Of, dommage... Dommage parce que Morrison Hotel, pas parfait mais tellement charmant avec son naturel reprenant le dessus, est à l'image du catalogue des Doors : un immanquable.

1. Roadhouse Blues 4:03
2. Waiting for the Sun 3:58
3. You Make Me Real 2:53
4. Peace Frog 2:51
5. Blue Sunday 2:13
6. Ship of Fools 3:08
7. Land Ho! 4:10
8. The Spy 4:17
9. Queen of the Highway 2:47
10. Indian Summer 2:36
11. Maggie M'Gill 4:23

Jim Morrison– lead vocals, maracas, tambourine
Ray Manzarek– tack piano on tracks 3 and 8, Gibson G-101 organ on tracks 2 and 5, Vox Continental organ on tracks 4, 6, 7 and 10, piano on tracks 1 and 8, Wurlitzer electric piano on track 9, Fender Rhodes Piano Bass on track 10, Hammond C-3 organ on track 11, RMI Electra piano on track 2.
Robby Krieger– guitar Gibson SG, Gibson Les Paul custom
John Densmore– drums
&
Lonnie Mack– bass guitar on tracks 1 and 11
Ray Neapolitan– bass guitar on tracks 2 to 9
John Sebastian– harmonica on track 1

JOHN DENSMORE

STeVe eaRLe
Steve Earle and the Del McCoury Band "The Mountain" (1999)
ou "Real America"

A priori, retrouver un ponte du country/folk rock (et donc de l'americana) dans le bluegrass, style le plus bouseux de l'univers country, peut surprendre, nettement moins quand on connait l'amour de Steve Earle pour les musiques étasuniennes ancestrales et son ardent désir de créer son classique du bluegrass à lui, fantasme qu'il n'est pas loin de réaliser ici. Il faut dire qu'il est bien entouré, Steve, par le Del McCoury Band soit une des plus belles formations du genre, parfait ensemble pour habiter les chansons qu'il a fomenté pour l'occasion. Et quelles chansons ! Pour l'exemple, parce que tout ici est très bon et mérite votre attention, on citera, versant tendre, un Carrie Brown ou un I'm Still in Love with You (ce dernier en duo avec Iris DeMent) à pleurer dans sa bière et, côté crépitant, le dynamisme joyeux de Connemara Breakdown, deux belles pièces prouvant qu'Earle avait tout pour réussir son entreprise,  il suffisait qu'il s'y mette ! Recommandé à tous les amateurs de country music de qualité en général et de bluegrass en particulier.

1. Texas Eagle 3:28
2. Yours Forever Blue 2:30
3. Carrie Brown 4:18
4. I'm Still in Love With You 4:04
5. The Graveyard Shift 2:36
6. Harlan Man 3:20
7. The Mountain 4:43
8. Outlaw's Honeymoon 2:02
9. Connemara Breakdown 2:18
10. Leroy's Dustbowl Blues 3:04
11. Dixieland 2:56
12. Paddy on the Beat 2:00
13. Long, Lonesome Highway Blues 2:58
14. Pilgrim 5:28

Steve Earle — guitar, vocal
Del McCoury — guitar, vocal
Ronnie McCoury— mandolin, vocal
Robbie McCoury — banjo
Jason Carter — fiddle
Mike Bub— bass
&
Iris DeMent - vocals (4)

STEVE EARLE

RHCP
Red Hot Chili Peppers "Californication" (1999)
ou "Le Retour du Fils Prodigue"

Si les Red Hot Chili Peppers n'ont pas démérité lors du court intérim de Dave Navarro (Jane's Addiction) le temps d'un One Hot Minute plutôt réussi, il est indéniable qu'avec la réintégration de John Frusciante, enfin débarrassé de ses démons, c'est bien du retour du groupe qui avait si bien réussi sont album d'accès à la popularité mondiale (Blood Sugar Sex Magik) au meilleur de sa forme dont il s'agit sur Californication. Parce que Frusciante est alors essentiel au son des Red Hot Chili Peppers, compositeur fin capable de trousser une chanson accrocheuses comme pas deux (la signature collective des compositions ne trompe pas, on reconnait souvent la patte mélodique de John), arrangeur délicat et débordant d'idées, Frusciante est aussi, avec sa voix brisée et aérienne, le parfait contrechant à la gouaille du sieur Kiedis. Comme le reste de la formation, quelle section rythmique quand même !, est un diapason de l'excellente forme de son guitariste revenant, ça donne une collection de chansons aussi variée et réussie que celle qui avait fait de Blood Sugar Sex Magik le blockbuster que l'on sait. Aussi, quand on en vient à évoquer les meilleurs moments d'icelle se voit-on confronté avec un impossible tri dans un tout cohérent et réussi mais, tout de même, le déluge funky d'introduction (Around the World), une petite chanson pop qui n'a l'air de rien mais fait son effet ensuite (Parallel Universe), une poignée de singles essaimés plus loin (les tranquilous Scar Tissue, Otherside, Californication et Road Trippin', tous gagnants !), du bon gros rap rock ou funk rock parce qu'il en faut sur un album de Red Hot (Get on Top et Right on Time pour le rap, I Like Dirt et Purple Stain pour la funk, de beaux exemples de chaque genre qui n'auraient pas dépareillés sur Mother's Milk par exemple) et même, parce que les Red Hot grandissent, c'est indéniable, des chansons plus adultes et sensibles semblant tracer la route à venir pour la formation (Easily, la presque berceuse Porcelain, This Velvet Glove ou Savior)... Costaud, inspiré, pas parfait mais presque, épatant quand on se rend compte que, sans vraiment le vouloir, on a quasiment tout cité. Alors il ne reste plus qu'à saluer la belle production de Rick Rubin (trois alors albums que ça dure, une association qui tiendra jusqu'à 2011 et I'm with You, on attend la suite avec Danger Mouse, The Getaway, qui arrivera en juin) et à recommander chaudement ce Californication 100% Red Hot, 100% réussi !

1. Around the World 3:58
2. Parallel Universe 4:30
3. Scar Tissue 3:37
4. Otherside 4:15
5. Get on Top 3:18
6. Californication 5:21
7. Easily 3:51
8. Porcelain 2:43
9. Emit Remmus 4:00
10. I Like Dirt 2:37
11. This Velvet Glove 3:45
12. Savior 4:52
13. Purple Stain 4:13
14. Right on Time 1:52
15. Road Trippin' 3:25

Anthony Kiedis– lead vocals
Flea – bass, backing vocals
John Frusciante– lead guitar, backing vocals, keyboard
Chad Smith  – drums
&
Greg Kurstin– keyboards
Patrick Warren– Chamberlin organ on "Road Trippin'"

RED HOT CHILI PEPPERS

BiLL FRiSeLL
Bill Frisell "All We Are Saying" (2011)
ou "To John"

Entendre Bill Frisell rendre hommage à John Lennon (et donc forcément un peu aux Beatles aussi) est une opportunité, parce que ce diable de guitariste s'éloigne rarement du jazz et de l'americana, deux genres qui lui sont particulièrement chers, qu'on n'a pas envie de manquer. Présentement, Bill le malin est très fidèle à son sujet mais qui dit fidèle ne dit pas forcément plan-plan, non, Frisell, tout en délicatesse et en nuance, incorporant ses marottes stylistiques habituelles sans que jamais cela ne paraisse forcé, réussit un fort bel exercice d'équilibriste musical. Il est, il faut dire, bien entouré par un duo de complément (Greg Leisz et sa pedal-steel de compétition et Jenny Scheinman au violon virtuose) lui permettant de commettre un album aussi diversifié que le catalogue de Lennon l'était, personnel parce qu'indéniablement habité par son interprète, et recommandé parce que dans le genre hommage, c'est à une réussite pas si courante à laquelle nous avons affaire. Et comme vous savez déjà de quelle qualité de compositions il s'agit... Foncez !

1. Across the Universe 5:53
2. Revolution 3:50
3. Nowhere Man 5:14
4. Imagine 4:51
5. Please, Please Me 2:06
6. You've Got to Hide Your Love Away 5:10
7. Hold On 3:56
8. In My Life 4:05
9. Come Together 5:10
10. Julia 3:31
11. Woman 4:21
12. #9 Dream 3:42
13. Love 2:18
14. Beautiful Boy 3:27
15. Mother 6:52
16. Give Peace a Chance 3:38

Bill Frisell– guitars
Greg Leisz – steel guitar, acoustic guitar
Jenny Scheinman– violin
Tony Scherr – bass
Kenny Wollesen - drums

BILL FRISELL

BiLLy GouLD
Faith No More "King for a Day... Fool for a Lifetime" (1995)
ou "Kings of Fool"

Tout juste sortis de deux triomphes commerciaux et artistiques successifs (The Real Thing et Angel Dust) c'est un Faith No More au leadership récemment ré-établi, Mike Patton ayant clairement pris le pouvoir depuis le précédent opus des san-franciscains, qui sort son 5ème long-jeu, le varié et très réussi King for a Day Fool for a Lifetime.Comme d'habitude, Faith No More a pris son temps, 3 ans séparent le présent de son devancier, ce qui a permis à Mike Patton d'encore un peu se rapprocher de son nouvel ami John Zorn (avec qui il a déjà collaboré mais ce n'est qu'un début !) élargissant ainsi la palette des expérimentations que le vocaliste pense pouvoir instiller dans l'alterno-fusion metal d'un groupe dont il n'est pourtant pas un des fondateurs, c'est dire la personnalité du mec et l'intérêt que ses comparses trouvent dans sa nouvelle prolixité et polyvalence compositionnelle. Alors, bien-sûr, Mike ne fait pas tout tout seul ! Parce que Faith No More, un groupe qui crée dans le chaos comme l'admettent ses membres dans de nombreuses interview, est aussi un collectif, un collectif à l'effectif revu et corrigé, le guitariste Jim Martin, mécontent de la direction prise, a quitté le navire à la fin de la tournée Angel Dust (où, ceci dit, en passant, il avait l'air de pas mal s'ennuyer). Et donc nouveau guitariste avec l'arrivée d'un pote de Mike, Trey Spruance, son compagnon dans Mr. Bungle qui ne dépassera pas le stade de l'enregistrement prenant peur à la vue des dantesques prévisions de tournées proposés au groupe par son management. Pour le reste, on prend les même et on recommence avec toujours l'excellente section rythmique formée par le besogneux bassiste Billy Gould (pas un monstre de technique mais un vrai sens de son rôle) et l'excellent batteur Mike Bordin (qui ira ensuite cachetonner chez Korn et Ozzy Osbourne), vrai moteur de l'énergie du quintet. Et comment ne pas citer Roddy Bottum, un claviériste reconnaissable entre mille, ce qui n'est pas courant à son instrument, parce que mélodiquement et techniquement unique (comme son pote bassiste pas le plus grand virtuose de l'univers, mais c'est compensé par sa rouerie et sa créativité). Tout ça fait un groupe cohérent dont on attend, donc, beaucoup vu qu'il s'est imposé comme le leader d'une vague pré-Néo Metal qu'on qualifia alors d'alternative metal ou de metal fusion, ceci pour ceux qui s'intéressent à "l'art de la 'tiquette".Et donc King for a Day, une pochette assez repoussante déjà mais avec eux, on a l'habitude parce que du cygne de celui d'avant à la torche du premier avec Patton, c'est pas vraiment l'extase picturale chez les californiens ! Enfin, comme on dit, "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse" et l'ivresse, mes aïeux, elle est bel et bien au rendez-vous. Une nouvelle ivresse parce que, passant de deux œuvres d'une grande cohérence musicale au beau foutoir ici présent, le simple rouge en écho au double blanc ?, Faith No More a audiblement décidé de s'amuser ! Et de laisser le rôle central à leur vocaliste qui, indéniablement, est le facteur le plus remarquable de chaque chanson de l'album. Parce que Mike ronronne, aboie, crie, hurle, hulule, croone, rocke, punke et plein de choses encore, parce que, sur chaque composition, ses vocalises constituent ce "petit" supplément qui fait d'un bon album un grand album ! Et qui dit performance hors norme de Patton dit, fatalement, un groupe s'adaptant, allant d'un metal rock punkoïde voire hardcorien (Get Out, The Gentle Art of Making Enemies, Cuckoo for Caca, Ugly in the Morning, Digging the Grave, What a Day) où l'inénarrable chanteur donne de son registre le plus jusqu'au-boutiste sans oublier de ménager quelques salutaires pauses mélodiques et une vraie personnalité à chaque performance évitant ainsi l'effet doublon, à une collection d'autres créations nettement plus nuancées d'un Ricochet presque progressif qui aurait pu être de la fournée précédente, d'un Evidence aux douces effluves soul, d'une fusion rock/jazz renforcée par une section de cuivres (Star A.D.), d'une soudaine inspiration bossa ô combien réjouissante et sensuelle (Caralho Voador), d'un Take This Bottleà l'americana tip top, d'un progressisme typiquement Faith-No-Morien allant de la caresse à l'uppercut (King for a Day avec une ligne de basse de la mort !), d'une fausse ballade tout en puissance et grâce (The Last to Know), au sommet de l'album, et dernier morceau aussi, ce machin soul prog metal, avec chœur gospel et intermède spatial qui a beau dire qu'il n'est qu'un homme (Just a Man !) il a tout d'un alien, d'un magnifique alien ! On peut comprendre que ça en ait perdus certains, ceux qui s'attendaient à un Angel Dust 2 surtout, plus dure fut la chute !, mais, franchement, l'album gagne à y revenir parce que, quelque soit le style de quelle que soit la chanson, c'est une collection d'une impeccable cohérence... mais uniquement qualitative, cette fois. Soyez curieux, venez visiter l'auberge espagnole de Faith No More, ce dantesque King for a Day...Fool for a Lifetime où chacun y trouvera son bonheur !

1. Get Out 2:17
2. Ricochet 4:28
3. Evidence 4:53
4. The Gentle Art of Making Enemies 3:28
5. Star A.D. 3:22
6. Cuckoo for Caca 3:41
7. Caralho Voador 4:01
8. Ugly in the Morning 3:06
9. Digging the Grave 3:04
10. Take This Bottle 4:59
11. King for a Day 6:35
12. What a Day 2:37
13. The Last to Know 4:27
14. Just a Man 5:35

Mike Bordin – drums
Roddy Bottum – keyboards, guitar
Billy Gould– bass guitar
Mike Patton– vocals
Trey Spruance – guitar

BILLY GOULD

WayNe KRaMeR
MC5 "Back in the U.S.A." (1970)
ou "In Your Face!"

Si Kick Out the Jams est indéniablement le plus connu des albums de MC5 ce n'est ni, à mon avis, leur meilleur ou plus influent.
La palme en revient à ce délicieux et brutal Back in the USA où, moins de 30 minutes durant, ces allumés de première pilonnent nos tympans d'un son qui préfigure aussi bien le punk que la power pop. On y trouve même une étrangeté avec la jolie et douce ballade Let Me Try, parfaite plage de repos d'un album puissant et inspiré.
Back in the USA ? C'est cru, c'est sale, c'est direct et sans effets de manche, en un mot comme en mille : indispensable.

1. Tutti Frutti 1:30
2. Tonight 2:29
3. Teenage Lust 2:36
4. Let Me Try 4:16
5. Looking at You 3:03
6. High School 2:42
7. Call Me Animal 2:06
8. The American Ruse 2:31
9. Shakin' Street 2:21
10. The Human Being Lawnmower 2:24
11. Back in the U.S.A. 2:26

Rob Tyner: chant
Wayne Kramer: guitare, chœurs
Fred "Sonic" Smith: guitare, chœurs, chant sur "Shakin' Street"
Michael Davis: basse
Dennis Thompson: batterie
&
Danny Jordan, Pete Kelly: claviers

WAYNE KRAMER

THuRSToN MooRe
Sonic Youth "Experimental Jet Set, Trash and No Star" (1994)
ou "Noise for Sale"

Comme le coup d'avant, Dirty, a répondu aux espérances de sa maison de disques et qu'eux mêmes, tout transfuges du noise rock intello new-yorkais qu'ils furent, y trouvèrent un certain plaisir, c'est en toute logique que Sonic Youth refait équipe avec LE producteur en vogue, Butch Vig, qui a mis en son le Nevermind de Nirvana pour ceux qui ne suivraient pas, pour un nouvel opus, pour eux, commercial. Leur plus commercial même puisque, une habitude qu'il ne prendront pas, il y délaissent largement les distorsions habituelles de leur musique pour un ton plus policé qui surprend. Alors illusion d'une production qui émascule largement la hargne de toujours de ces apôtres du bruit blanc ? Sans doute parce que, à y regarder de plus près, Sonic Youth ne change fondamentalement pas continuant de trouver des riffs bizarres, des mélodies concassées et de déstructurer avec un audible plaisir la panoplie d'indie rock stars qui leur a récemment été attribuée. Les chansons ? Je vous laisse juge mais, si vous aimez le groupe, vous y trouverez forcément motifs à satisfaction. Évidemment, Experimental Jet Set Trash and No Star n'est pas le plus essentiel opus de la discographie de ces légendes de la Big Apple, ça n'en reste pas moins une galette de belle tenue nageant quelques larges coudées devant la concurrence.

1. Winner's Blues 2:07
2. Bull in the Heather 3:04
3. Starfield Road 2:15
4. Skink 4:12
5. Screaming Skull 2:38
6. Self-Obsessed and Sexxee 4:30
7. Bone 3:57
8. Androgynous Mind 3:30
9. Quest for the Cup 2:30
10. Waist 2:49
11. Doctor's Orders 4:20
12. Tokyo Eye 3:55
13. In the Mind of the Bourgeois Reader 2:33
14. Sweet Shine 7:50

Thurston Moore - vocals, guitar
Kim Gordon - vocals, bass
Lee Ranaldo - guitar
Steve Shelley - drums, percussion

THURSTON MOORE

MeSHeLL NDeGeoCeLLo
Meshell Ndegéocello "Bitter" (1999)
ou "Proud Lady I"

Carrément à part de ses aguicheuses consœurs  de soul, Meshell Ndegéocello (née Michelle Johnson) a tapé dans l’œil de Madonna qui l'a prestement engagée sur son Maverick de label. Présentement, après deux albums très réussis mais passé plutôt inaperçus, destin hélas partagé par le Bitter présent, Meshell continue de tracer son chemin dans une soul qui pour moderne qu'elle soit n'en oublie pas ses racines ancestrales. Album de rupture amoureuse, c'est un album à fleur de peau où la Dame, hantée qu'elle est par son sujet, est nettement plus "focus" que les deux fois précédentes. Majoritairement peuplé de chansons lentes et feutrées, parfait velours pour la belle voix noire d'une interprète très au-dessus de la moyenne, Bitter est une merveille caressante et organique (parce que ce sont de vrais musiciens, et pas des moindres !, qui accompagnent Meshell ici) qu'on écoutera volontiers au coin du feu en méditant sur les petits tracas du cœur.

1. Adam 2:24
2. Fool of Me 3:30
3. Faithful 4:46
4. Satisfy 4:05
5. Bitter 4:15
6. May This Be Love 5:17
7. Sincerity 5:30
8. Loyalty 4:20
9. Beautiful 2:44
10. Eve 1:23
11. Wasted Time 4:55
12. Grace 4:27

Meshell Ndegéocello - vocals, electric bass, additional instruments
Lisa Coleman - piano, keyboards
Wendy Melvoin - guitar
Chris Bruce - guitar, bass
Doyle Bramhall II - guitar
Ronny Drayton - electric guitar
Greg Leisz - pedal steel guitar
David Torn - guitar
Abraham Laboriel Jr. - drums, percussion
Daniel Sadownick - percussion
Biti Straug - background vocals
Arif St. Michael - background vocals
Joe Henry - vocals, keyboards
Sandra Park - violin
Sharon Yamada - violin
Robert Rinehart - viola
Alan Stepansky - cello
Steve Barber – string arrangements

MESHELL NDEGEOCELLO

BoNNie RaiTT
Bonnie Raitt "Streetlights" (1974)
ou "Proud Lady II"

Si elle a peu vendu ses trois précédents, d'ailleurs excellents, opus, Bonnie Raitt semble enfin voire le bout du tunnel avec un Streetlights, galette la plus commerciale de son encore jeune discographie. Parce que, ne nous mentons pas, la Warner s'impatientant, Bonnie se laissa suggérer un producteur (Jerry Ragovoy) et une direction plus potentiellement grand-public. Bon, on le sait maintenant, il faudra encore que Bonnie attende quelques temps pour enfin conquérir les charts mais, album à la sélection de compositions bien choisie (Bonnie ne compose pas mais sait visiblement sélectionner du matériau lui convenant à merveille), galette de chansons country/blues rock aux arrangements certes parfois un peu excessifs (chœurs, cordes et cuivres parfois pas tout à fait nécessaires empesant l'ensemble à la mode de ce qui se fait alors dans la variété américaine), Streetlights est surtout un album digne, comme quoi ce n'est pas forcément incompatible avec des vues qu'on pourrait qualifier d'opportunistes, qui ne fera que renforcer le cult-following sans cesse grandissant d'une dame qui, donc, connaîtra bientôt un succès plus large et continue toujours aujourd'hui, indéboulonnable !, une carrière de femme forte au talent indéniable.

1. That Song About 4:44
2. Rainy Day Man 3:41
3. Angel from Montgomery 3:59
4. I Got Plenty 3:09
5. Streetlights 5:05
6. What Is Success 3:32
7. Ain't Nobody Home 3:04
8. Everything That Touches You 3:28
9. Got You on My Mind 3:50
10. You Got to Be Ready for Love (If You Wanna Be Mine) 3:08

Bonnie Raitt– guitar, vocals
Bob Babbitt – bass, electric bass
Charlie Brown– guitar
Lou Courtney– vocals, background vocals
Richard Davis– bass, electric bass
Freebo – bass, electric bass, vocals
Jerry Friedman– guitar
Steve Gadd – drums
Paul Griffin– keyboard
Don Grolnick– keyboard
Carl Hall– vocals, background vocals
John Hall – guitar
Arthur Jenkins – percussion
David Lasley– vocals, background vocals
Ralph MacDonald– percussion
Robert Mann – guitar
David Matthews – strings, horn
Jon Mayer– keyboard
Jeff Mironov – guitar
Leon Pendarvis – keyboard
Sharon Redd– vocals, background vocals
David Spinozza – guitar
Tasha Thomas – vocals, background vocals
John Tropea – guitar
Natalie Venable – vocals, background vocals
Larry Wilcox – strings, horn

BONNIE RAITT

SeRJ TaNKiaN
System of a Down "Steal This Album!" (2002)
ou "Resistance"

Pour leur troisième opus, les contestataires rigolards (oui ! c'est possible !) de System of a Down engagent l'acheteur potentiel à voler l'objet de sa convoitise, délicieuse provocation. Dans les faits, Steal This Album! est une collection d'inédits, faces B et raretés qui, mises bout à bout, valent bien les deux précédentes galettes des californiens voire, incroyable !, les surpasse. Parce qu'il y a moult bonnes chansons bien énervées mais jamais tout à fait exemptes de mélodies ou d'humour (c'est un peu la marque de fabrique du groupe) et une belle cohérence d'ensemble qui ne laisse pas une seule seconde suspecter la variété de sessions dont le matériau est extrait. Ainsi, de l'agressif et rigolard Chic 'N' Stu, du passionné Innvervision (écoutez un peu la performance de Serj !), du militant et mémorable Boom!, des étonnamment calmes (même s'il pète un brin sur le refrain) Mr. Jack et Highway Song, d'un Roulette carrément acoustique (avec violoncelle), à un Streamline en beau crescendo final, System of a Down nous fait passer par tous ses états avec un talent et une fougue qu'on ne croise pas si souvent. Loin des anecdotiques collections de rejets, Steal This Album! est une galette qu'on recommandera chaudement aux amateurs de metal/hardcore moderne, multiple et mélodique... Chaudement !

1. Chic 'N' Stu 2:23
2. Innervision 2:33
3. Bubbles 1:56
4. Boom! 2:14
5. Nüguns 2:30
6. A.D.D. (American Dream Denial) 3:17
7. Mr. Jack 4:09
8. I-E-A-I-A-I-O 3:08
9. 36 0:46
10. Pictures 2:06
11. Highway Song 3:13
12. Fuck the System 2:12
13. Ego Brain 3:21
14. Thetawaves 2:36
15. Roulette 3:21
16. Streamline 3:37

Serj Tankian— lead and backing vocals, keyboards, theremin
Daron Malakian — guitars, backing and lead vocals, oud
Shavo Odadjian — bass, backing vocals
John Dolmayan— drums
&
Arto Tunçboyaciyan - additional vocals on "Bubbles"

SERJ TANKIAN

the Many Worlds of Storm Thorgerson (Vol. 3/3: 1980-2003)

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Troisième et dernier volume d'une série qui aurait pu durer bien plus longtemps. Cette fois, nous sortirons de la période de gloire du graphiste pour attaquer la fin de carrière mais, surtout, nous nous intéresserons à de bons albums. Enjoie !

LoST PRoG
Mike Rutherford "Smallcreep's Day" (1980)
ou "Genebis"

Le consensus général, concernant la carrière hors de Genesis de Mike Rutherford, est que rien de tout ceci n'est bien fameux. Cependant, le fait Mike and the Mechanics fasse trop souvent dans la mainstream pop la plus gluante ne doit pas nous éloigner du fait qu'un album signé Rutherford est on ne peut plus digne d'intérêt et, comme à fait exprès, c'est d'un (quasi) concept album dont il s'agit : Smallcreep's Day.
De fait, pour sa toute première aventure solitaire, Mr. Rutherford ne s'éloigne que prudemment du son qui a fait la renommée de son projet principal. C'est bien de rock progressif dont on cause ici et, si on glisse parfois dans le rock fm (ce que Genesis fait aussi à la même période), l'ensemble ne souffre pas de ces quelques petites compromissions. La nouveauté tient donc plus dans le line-up accompagnant le flegmatique barbu que dans la musique présentement proposée.
Outre les Phillips (Antony, ex-Genesis parti après Trespass et Simon, batteur bourlingueur s'il en fut) et Morris Pert (percussions), c'est Noel McCalla - un complet inconnu qu'on retrouvera plus tard dans une énième mouture du Earth Band de Manfred Mann - qui complète la formation en tant que vocaliste. On se doute que Rutherford a dû auditionner quelques dizaines de candidats avant de dénicher son oiseau rare et si il faut un temps d'adaptation pour intégrer cette voix pleine de soul à ce rock progressif supra-mélodique, le fait est qu'elle apporte un réel plus à ce qui n'aurait été - avec un clone de Collins ou de Gabriel - qu'un Genesis bis. Evidemment, Mike prend en charge les guitares et les basses ce qu'on peut regretter car, si il est un fameux bassiste, Rutherford n'est pas le guitariste d'exception qui conviendrait à cette musique même si il s'y défend plutôt pas mal du tout. On est d'ailleurs surpris que le guitariste Anthony Phillips (ce qu'il était dans Genesis) soit confiné exclusivement aux claviers qui, il est vrai, se taillent ici la part du lion.
Quand aux chansons, si aucune ne parait de prime abord exceptionnelle, les écoutes répétées démontrent que le fort potentiel mélodique entrevu se concrétise et se renforce avec le temps. Alors, évidemment, le fantôme de Genesis est bel et bien présent tout du long de ces 51 minutes ce qui est bien naturel l'unique compositeur représentant un tiers de ce qu'il reste alors du groupe. Et si d'autres influences (Alan Parsons Project ou Camel) pointent le bout de leur nez et enrichissent le son, l'ensemble demeure profondément Genesien. La Suite Smallcreep's Day (une face du vinyl d'époque) en est le parfait exemple et rappelle souvent Duke d'autant que la production de David Hentschel - également responsable de Duke et de nombreux autres albums de Genesis - y est relativement comparable... et totalement adéquate bien qu'on eût aimé un son de batterie plus organique.
En résumé, Smallcreep's Day est un album de rock progressif tout à fait de son époque et qui, cependant, s'ingère sans la moindre difficulté aujourd'hui... A condition d'aimer le genre qu'il représente, évidemment. C'est aussi, pour les fans de Genesis qui l'auraient raté, une excellente opportunité de se replonger dans une époque bénie mais hélas révolue.

Smallcreep's day (1 to 7)
1. Between the tick and the tock 3:59
2. Working in line 3:06
3. After hours 1:46
4. Cats and rats (in this neighbourhood) 4:49
5. Smallcreep alone 1:33
6. Out into the daylight 3:49
7. At the end of the day 5:36
8. Moonshine 6:23
9. Time and time again 4:52
10. Romani 5:25
11. Every road 4:13
12. Overnight job 5:43

Mike Rutherford: guitars & basses
Noel McCalla: lead vocals
Morris Pert: percussion
Ant Phillips: keyboards
Simon Phillips: drums

MIKE RUTHERFORD

aMeRiCaN DReaM
Def Leppard "High 'n' Dry" (1981)
ou "The Brits can Rock!"

Pour certains l'album où Def Leppard commence à trouver son son, entre stadium rock et hard rock, pour d'autres le début de la fin, la trahison d'une éthique hard-rockante disparaissant qui les verra dériver vers un rock fm peu recommandable, c'est High 'n' Dry, c'est 1981, et c'est vachement bien !
C'est vachement bien parce qu'on y retrouve encore moult traces de l'ingénuité du groupe qui sortit un an plus tôt On Through The Night avec la faconde qui en fera une star mondiale du pop metal dès son successeur, Pyromania. C'est vachement bien parce que les chansons y sont tout de même nettement plus réussies que le coup d'avant avec, en vrac, des morceaux à riffs tranchants et refrains accrocheurs (Let It Go, Another Hit and Run, High 'n' Dry, You Got Me Runnin', Lady Strange, Mirror Mirror), d'autres plus nuancées mais aussi mélodiquement réussis (l'irrésistible power-ballad Bringin' on the Heartbreak dont on préfèrera la version originale au remix un brin émasculé, On Through the Night), voire du presque heavy metal (l'exceptionnel instrumental Switch 625, le puissant et rapide No No No), que la voix de éraillée juste ce qu'il faut de Joe Elliott, les chœurs qui la soutiennent sont le parfait vecteur de l'esprit mélodique du groupe, que les performances instrumentales n'y sont pas en reste sans jamais faire dans la vaine démonstration, que chaque solo y est mélodique et bien senti, et que la production, pour la première fois signée de Robert John "Mutt" Lange (en remplacement d'un Tom Allom connu pour ses mises en son de Judas Priest), sophistiquée sans tomber dans le too much comme ce sera le cas sur Hysteria, claire et puissante aussi, va parfaitement au teint et à l'énergie de ces jouvenceaux aux dents longues.
Si vous voulez mon avis, et si vous ne le voulez pas, tant pis, je vous le donne quand même, Def Leppard ne fera jamais mieux que ce condensé d'esprit mélodique et de saine agressivité même s'il se vendra mieux par la suite mais il n'y a pas que les bilans comptables dans la vie. High 'n' Dry ? Un triomphe du hard'n'heavy des années 80 qui s'ingère avec un égal plaisir aujourd'hui qu'à l'époque de sa sortie, il y a tout de même 35 ans. Enorme, quoi !

1. Let It Go 4:43
2. Another Hit and Run 4:59
3. High 'n' Dry (Saturday Night) 3:27
4. Bringin' On the Heartbreak 4:34
5. Switch 625 3:03
6. You Got Me Runnin' 4:23
7. Lady Strange 4:39
8. On Through The Night 5:06
9. Mirror, Mirror (Look Into My Eyes) 4:08
10. No No No 3:13
Bonus
11. Bringin' On The Heartbreak (Remix) 4:34
12. Me & My Wine (Remix) 3:40

Rick Allen– drums, vocals
Pete Willis– lead guitar, vocals
Joe Elliott– lead vocals
Steve Clark– lead guitar, vocals
Rick Savage– bass guitar, vocals

DEF LEPPARD

SoFT MeTaL
Rainbow "Straight Between the Eyes" (1982)
ou "Ho ! Le bel Arc-en-Ciel !"

Pour son deuxième opus avec le remplaçant de l'irremplaçable (Joe Lynn Turner en lieu et place du divin Ronnie James Dio), c'est dans une direction moins radio-compatible que sur le prédécesseur du présent, Difficult to Cure, que le Rainbow de Richie Blackmore part chasser n'oubliant, ravivant même, des racines qu'on serait, en vérité, peiné de ne pas retrouver ici. De fait, si Straight Between the Eyes se caractérise par quelques excellentes chansons qui paraissent avoir été conçues pour la band FM (l'évident single Stone Cold mais aussi le très classic rock Tite Squeeze, tous deux joliment réussis), l'affaire commence par un Death Alley Driver qu'on pourrait aisément qualifier de Spotlight Kid #2 dont il égale d'ailleurs presque la splendeur bastonnante et se développe en excellentes saillies (Bring on the Night, Miss Mistreated, Eyes of Fire et même la power ballad Tearin' Out My Heart) où puissance et mélodie, et évidemment les toujours classieuses intervention solistes du leader (particulièrement en verve ici), feront le bonheur, peut-être pas du fan du groupe période Dio mais certainement du taciturne Mister Blackmore indéniable cerveau de l'exercice. Un cerveau bien secondé donc, déjà avec Joe Lynn Turner qui offre ici la plus belle performance vocale de sa carrière, mais aussi par son vieux complice Roger Glover (bassiste mais aussi producteur ô combien efficace de la galette) et de deux membres "de complément" en la personne de Bobby Rondinelli (batterie) et David Rosenthal (claviers) qui semblent avoir été choisis pour leurs ressemblances stylistiques respectivement avec Cozy Powell et Tony Carey. Bref, avec un titre tout à fait approprié et une pochette qui ne l'est pas moins (Storm Thorgerson l'a faite), c'est à un bon Rainbow bien hard et bien classe auquel nous sommes conviés, un plaisir que les connaisseurs ne laisseront pas passer.

1. Death Alley Driver 4:42
2. Stone Cold 5:17
3. Bring On the Night (Dream Chaser) 4:06
4. Tite Squeeze 3:15
5. Tearin' Out My Heart 4:03
6. Power 4:26
7. MISS Mistreated 4:27
8. Rock Fever 3:50
9. Eyes of Fire 6:37

Ritchie Blackmore - guitar
Roger Glover - bass, producer
Joe Lynn Turner - vocals
Bobby Rondinelli - drums
David Rosenthal - keyboards, orchestral arrangements
&
Francois Dompierre
- orchestra conductor
Raymond Dessaint - orchestra lead

RAINBOW

LeD SiNGeR
Robert Plant "The Principle of Moments" (1983)
ou "Bel Plant"

L'essai Pictures at Eleven avait séduit au-delà des espérances, la transformation The Principle of Moments pérennise Robert Plant en artiste solo ayant su s'affranchir d'un passé si glorieux qu'il pouvait en devenir encombrant.
Parce que, voilà, Robert s'est trouvé un style, un rock moderne où claviers et guitares s'y entendent pour habiter la composition, où les libertés stylistiques permettent de continuer d'explorer des panoramas où la voix du leader ne s'est pas encore posée, où toutes choses est destinée à mettre en valeur les qualités d'une formation reconduite n'en manquant pas (et dont Phil Collins, de retour aussi, n'est pas le moindre atout). En toute logique, The Principle of Moments est le successeur logique de Pictures at Eleven, en mieux.
En mieux parce que, si fondamentalement très proche de son prédécesseur, The Principle of Moments convainc plus côté compositions, plus côté arrangements et autant concernant la production et ses atours de modernité. De fait, on peine présentement à trouver la moindre faille dans un répertoire plaisant et cohérent, un répertoire où les réussites se bousculent tellement qu'elle constituent l'ensemble de la tracklist. Aussi, si on citera plus particulièrement un In the Mood pour ses ambiances réussies et ensoleillées, un Wrecking Love qui semble vouloir accoupler les Talking Heads et Led Zeppelin sans pourtant en emprunter tant que ça à l'un ou à l'autre, ou un Stranger Here...Than Over There tout en nuance, étrangeté et polyrythmies malines, c'est l'ensemble d'une galette plus osée qu'il n'y parait qu'il faut louer.
The Principle of Moments, seconde réussite solitaire de Robert Plant en autant d'essai reste, plus de 30 ans après sa sortie, un diable d'album addictif d'un monsieur s'imposant définitivement comme une force vive, en solo ou en groupe. Bravo Robert !

1. Other Arms 4:20
2. In the Mood 5:19
3. Messin' with the Mekon 4:40
4. Wreckless Love 5:18
5. Thru' with the Two Step 5:33
6. Horizontal Departure 4:19
7. Stranger Here... Than Over There 4:18
8. Big Log 5:03
Bonus
9. In the Mood (Live) 7:35
10. Thru' with the Two Step (Live) 11:11
11. Lively Up Yourself (Live) 3:04
12. Turnaround 4:55

Robert Plant - vocals
Robbie Blunt - guitars
Paul Martinez - bass guitar
Jezz Woodroffe - keyboards
&
Phil Collins - drums on 1-3, 5-6, 8, bonus tracks
Barriemore Barlow - drums on 4 and 7
John David - backing vocals
Ray Martinez - backing vocals
Bob Mayo - guitars, keyboards, backing vocals (9-11)

ROBERT PLANT

MuTaTioN
The Cult "Electric" (1987)
ou "Wokenwol!"

Que de chemin parcouru depuis les débuts gothiques new wave du Southern Death Cult et quelle surprise quand, ultimement, cet Electric apparut dans les bacs ! Or donc, après leur semi-conversion au hard rock sur le très recommandé Love (qui unit hard et l'heroic rock, comme on disait alors, de U2 ou Simple Minds), The Cult retourne au Manor Studios avec Steve Brown pour un album appelé Peace... Dont ils ne sont pas contents et qu'ils remisent donc non sans, avec cette fois Rick Rubin (alors connu pour ses travaux avec les Beastie Boys ou Slayer) à la console, et c'est une autre limonade, un album de (hard) rock brut de décoffrage, sans chichis et sans effets de manche, du frontal, du direct fort bien mené qui provoquera d'ailleurs l'éveil de l'intérêt du nouveau continent pour ces électriques petits anglais et leur chanteur à la gouaille évoquant Jim Morrison. Et sur avec, grosso modo, les mêmes chansons... Mais donc, puisqu'on le trouve ici, on a enfin la chance de pouvoir écouter cette arlésienne de version Peace, c'est pas trop tôt. Qu'y entend-on ? Un Cult qui continue de creuser le sillon de Love majoritairement. Certes, l'écriture a évolué, et le germe que fit éclore Rubin est, de fait, déjà présent mais, dans leur emballage de l'affaire, Astbury & Cie y semblent vouloir pérenniser leur réputation enfin gagnée. Ca ne fait pas un mauvais album, parce que ce sont de bonnes chansons comme nous le savons depuis la sortie d'Electric, mais indéniablement un album trop safe dans la carrière d'un groupe qui n'aura de cesse de se réinventer. Quand à l'objet en soi, l'accouplement si naturel des deux faces d'une même médaille, il est recommandé aux fans de The Cult, bien-sûr, mais aussi à tous les curieux amateurs de bon hard rock qui seraient passés à côté de l'édition simple.

CD 1 - Electric
1. Wild Flower 3:37
2. Peace Dog 3:34
3. Lil' Devil 2:44
4. Aphrodisiac Jacket 4:11
5. Electric Ocean 2:49
6. Bad Fun 3:33
7. King Contrary Man 3:12
8. Love Removal Machine 4:17
9. Born to Be Wild 3:55
10. Outlaw 2:52
11. Memphis Hip Shake 4:01

CD 2 - Peace
1. Love Removal Machine 5:16
2. Wild Flower 4:10
3. Peace Dog 5:09
4. Aphrodisiac Jacket 4:25
5. Electric Ocean 4:13
6. Bad Fun 6:24
7. Conquistador 2:53
8. Zap City 5:15
9. Love Trooper 3:55
10. Outlaw 5:07
11. Groove Co. 4:13

Ian Astbury– vocals
Billy Duffy– guitar
Jamie Stewart– bass guitar
Les Warner– drums

THE CULT

RiSK
Helloween "Pink Bubbles Go Ape" (1991)
ou "Drôle de Drame"

Après deux album qui triomphèrent dans le petit monde du heavy metal (nommément les deux parties de Keeper of the Seven Keys), enregistrant le départ d'un de ses deux guitariste/fondateurs aussi, Kai Hansenétant alors parti former Gamma Ray pour ne surtout rien changer, c'est un Helloween en complète réassertion de ses possibles que propose Pink Bubbles Go Ape, 4ème long-jeu des fameux teutons. Pas qu'on n'y reconnaisse plus le patte des teutons parce que, passé une courte intro, on tombe sur un Kids of the Century qui n'aurait pas déparé sur la deuxième partie de Keeper, mais qui rame un peu n'osant pas les  débordements véloces dont nous avait habitué le groupe. Si la même chose vaut pour quelques autres pièces de la galette, la majorité d'icelles en vérité (Back on the Streets, Heavy Metal Hamsters, Going Home, le speedé Someone's Crying, The Chance) qui pèchent surtout par une inspiration inférieure à celle de ses glorieux prédécesseurs, il y a aussi la partie où Helloween ose, s'essaie à l'ouverture dans des genres où on ne l'attendait pas. C'est évidemment le cas du plus décrié des deux singles (l'autre étant le salué Kids of the Century), le titre auquel l'album doit sans doute sa (trop) funeste réputation, ce Number OneHelloween se la joue pop metal avec force de claviers typiquement 80s et une mélodie... Franchement pas terrible. C'est aussi le cas d'un bon rock'n'roll (I'm Doin' Fine, Crazy Man) et d'une power ballad (Your Turn) qui est vraiment trop Scorpions pour être honnête. Au final, Pink Bubbles Go Ape n'est pas l'énorme ratage que certains se firent le plaisir de décrire (voir Chameleon pour la vraie catastrophe des germains chevelus), juste un album correct qui eut le tort de ne pas réussir à relever le gant de deux exceptionnelles réussites qu'il suivait.

1. Pink Bubbles Go Ape 0:36
2. Kids of the Century 3:51
3. Back on the Streets 3:23
4. Number One 5:13
5. Heavy Metal Hamsters 3:27
6. Goin' Home 3:51
7. Someone's Crying 4:18
8. Mankind 6:18
9. I'm Doin' Fine, Crazy Man 3:39
10. The Chance 3:47
11. Your Turn 5:38

Michael Kiske - vocals, acoustic guitar
Michael Weikath - guitar
Roland Grapow - guitar
Markus Grosskopf - bass
Ingo Schwichtenberg - drums
&
Jörn Ellerbrock, Peter Iversen, Phil Nicholas - keyboards

HELLOWEEN

NeW WayS
Bruce Dickinson "Skunkworks" (1996)
ou "Bruce à l'alternance"

Pour son troisième opus éloigné de la maison qui a fait de lui une des voix les plus réputées et respectées du monde du metal, Iron Maiden évidemment, c'est un Bruce Dickinson avec dans envies d'ailleurs qui nous propose ce Skunkworks qui en surprit plus d'un. Mais qui surprit surtout ceux qui n'avaient pas suivi les épisodes précédents, nommément l'album solo "récréation" sorti alors qu'il était toujours chez la Vierge de Fer, Tattooed Millionaire, un album de pur hard rock qui déjà tranchait avec les valeur métalliques de son fameux groupe, puis Balls to Picasso, enregistré après le départ, qui enfonçait le clou et élargissait notablement le spectre (un album qu'on recommande d'ailleurs toujours). Mais ce n'était pas assez pour Bruce qui voulait vraiment couper les ultimes filaments du cordon musical le reliant à ses anciens partenaires et décida donc de former un groupe (Skunkworks, qui sous la pression d'un label affolé de ne pas avoir le nom "bankable" du monsieur sur la pochette devint simplement le titre de l'album), engagea un ponte de l'indie rock bruyant pour mettre tout ça en son (Jack Endino, l'ex-Skin Yard, producteur, entre autre, de Bleach et Incesticide de Nirvana) et se laissa aller, avec ses trois compagnons, à faire de l'indie rock teinté de metal alternatif. Et ça marche !, parce que la voix de Bruce qui, à priori, semble si totalement taillée pour le heavy metal, gagne ici en rudesse se glissant ainsi parfaitement dans des compositions où, si l'on reconnaît indéniablement la patte mélodique de Dickinson, on est quand même plus proche de gros groupes US du style (Soundgarden et Pearl Jam en tête) qu'au heavy metal de référence qui fit sa gloire et dont pourtant, il s'amusa à reprendre, lors de la tournée qui suivit Skunkworks, une emblématique chanson, The Prisoner, non sans l'avoir, avec une vraie délectation, systématiquement désossée. Bref, pour atypique que soit Skunkworks dans la carrière d'Air Raid Siren, qui reviendra vite à ce qu'on attendait de lui sur un opportuniste si réussi Accident of Birth, c'est une galette qui mérite le détour et surprendra probablement ceux pour qui Bruce Dickinson n'est qu'un bête chanteur de heavy metal.

1. Space Race 3:47
2. Back from the Edge 4:17
3. Inertia 3:04
4. Faith 3:35
5. Solar Confinement 3:20
6. Dreamstate 3:50
7. I Will Not Accept the Truth 3:45
8. Inside the Machine 3:28
9. Headswitch 2:14
10. Meltdown 4:35
11. Octavia 3:15
12. Innerspace 3:31
13. Strange Death in Paradise 4:50
Bonus
14. Rescue Day 4:11
15. God's Not Coming Back 2:19
16. Armchair Hero 2:42
17. R 101 2:07
18. Re-Entry 4:05
19. Americans Are Behind 2:51

Bruce Dickinson - vocals
Alex Dickson - Guitar
Chris Dale - Bass
Alessandro Elena - drums

SKUNKWORKS

OuT THe DRiVe-iN
The Mars Volta "De-Loused in the Comatorium" (2003)
ou "Les Agités du Bocal"

At the Drive-In séparé au sommet de son art, Relationship on Command, troisième et ultime opus des fameux post-hardcoreux reste d'ailleurs très recommandé, les deux afros du groupe, Cedrix Bixler-Zavala et Omar Rodriguez-Lopez, se lancent dans une expérience progressive suite finalement logique de leur "gigotatoires" méfaits précédents. Mais là où les références tiraient vers l'indie le plus radical, le punk et le hardcore, c'est cette fois progressisme, psychédélisme et retour de racines chicanos qui prennent le relais. En chansons, ça donne une belle folie de tous les instants avec un côté illuminé bien illustré par l'artwork de Storm Thorgerson. Malins comme pas deux, les gars de The Mars Volta, dont le regretté Jeremy Michael Ward, une des additions les plus récentes au tristement célèbre "27 Club", ouvrent les hostilités, passée une intro de chauffe, par le titre qui rappelle le plus les agissements passés de Cedric et Omar, Inertiatic ESP, idéal pour préparer le pauvre auditeur au déluge de morceaux à tiroirs, où l'on croise pêle-mêle Led Zeppelin, Santana ou Faust parmi les influences, qui suivent (Roulette Dares, Drunkship of Lanterns, Eriatarka, Cicatriz ESP, Tale the Veil Cerpin Taxt, tous d'éblouissantes réussites) ne laissant à l'auditeur un peu éreinté tout de même (surtout aux premières écoutes, ça faot beaucoup de machins qui partent dans tous les sens à encaisser) que de rares respirations (This Apparatus Must Be Unearthed, plus linéaire que la moyenne, et le magnifique acid-folk de Televators) pour retrouver ses esprits. Et c'est, en vérité, cette abondance de biens, le seul défaut, défaut vite gommé par quelques écoutes passionnées, d'un album entérinant la transformation de deux punks modernes en maîtres d'un certain rock progressif crépitant et fusionnant à gogo. Chaudement recommandé aux aventureux des esgourdes.

1. Son et Lumière 1:35
2. Inertiatic ESP 4:24
3. Roulette Dares (The Haunt Of) 7:31
4. Tira Me a las Arañas 1:28
5. Drunkship of Lanterns 7:06
6. Eriatarka 6:20
7. Cicatriz ESP 12:29
8. This Apparatus Must Be Unearthed 4:58
9. Televators 6:19
10. Take the Veil Cerpin Taxt 8:42

Cedric Bixler-Zavala– vocals
Omar Rodríguez-López– guitar, bass ("Ambuletz")
Jon Theodore– drums
Isaiah "Ikey" Owens– keyboards
Flea– bass (except "Televators" and "Ambuletz")
Jeremy Michael Ward– effects & sound manipulation
&
Lenny Castro
– percussion
John Frusciante– additional guitar and synthesizer treatment ("Cicatriz ESP")
Justin Meldal-Johnsen– stand-up bass ("Televators")

THE MARS VOLTA

euTeRPe
Muse "Absolution" (2003)
ou "Bel Ami"

Avant qu'ils ne se perdent dans d'inutiles élans de pomposité (depuis The Resistance en fait), Muse avaient le chic pour fomenter des opus en équilibre entre une brit-pop qui les a indéniablement influencés (Radiohead en tête), un rock classique aux sources aisément identifiables (le Who des 70s) et quelques élans progressifs péri-Queeniens. C'est exactement ce qu'on entend sur ce 3ème opus des petits gars du Devon, Absolution. Mais surtout, c'est à une excellente collection de chansons où, enfin, Muse, Matthew Bellamy en particulier puisqu'il est le principal maître d’œuvre du groupe, exprime enfin une personnalité le démarquant de sa trop encombrante influence. Et dire que pour ça il lui suffisait de se laisser un peu aller à creuser dans ce qui n'était pas forcément "in" laissant s'exprimer le Freddie Mercury qui sommeillait en lui. Mais sans excès ici et avec un son et des arrangement vraiment contemporains et une tension de presque tous les instants, une pompe dosée juste comme il faut dès un Apocalypse Please hanté par un grand piano et une partie vocale passionnée de Matthew jusqu'à un délicat et ouateux Ruled by Secrecy et en passant, bien sûr, par quelques immanquables singles, Time Is Running Out et son groove irrésistible, le nerveux à souhait Stockholm Syndrome, ou un Butterflies and Hurricanes, osera-t-on, hollywoodien. Et tout ça fait ? Le meilleur album de Muse tout simplement, et un album forcément recommandé, du coup.

1. Intro 0:22
2. Apocalypse Please 4:12
3. Time Is Running Out 3:56
4. Sing for Absolution 4:54
5. Stockholm Syndrome 4:58
6. Falling Away with You 4:40
7. Interlude 0:37
8. Hysteria 3:47
9. Blackout 4:22
10. Butterflies and Hurricanes 5:01
11. The Small Print 3:28
12. Endlessly 3:49
13. Thoughts of a Dying Atheist 3:11
14. Ruled by Secrecy 4:54

Matthew Bellamy– lead vocals, lead and rhythm guitars, keyboards, programming, string arrangements, production
Christopher Wolstenholme  – bass, backing vocals, production
Dominic Howard– drums, programming, percussion, production
&
Paul Reeve
– vocal samples on "Intro", backing vocals on "Blackout" and "Butterflies and Hurricanes"
Audrey Riley– string arrangements
Spectrasonic's Symphony of Voices– vocal samples on "Stockholm Syndrome" and "Endlessly"

MUSE

Hommaginary I

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Une sélection d'hommages. Oui mais une sélection d'hommages de qualité. Et puis une sélection d'hommage "contrainte" puisque ici ne se trouvent que des opus d'un artiste (ou groupe) honorant un autre et pas de ces compilations bancales où des artistes de seconde zone essayent de redorer leur blason avec la gloire de ceux qu'ils reprennent. Bref, c'est Hommaginary et, croyez-moi, ça va vous plaire ! Enjoie !

JaCQueS BReL
Scott Walker "Scott Walker Sings Jacques Brel" (1981)
ou "Communion"

Il y a un petit miracle dans cette rencontre entre un répertoire, celui de Jacques Brel adapté en anglais par Mort Shuman (pour la revueJacques Brel Is Alive and Well and Living in Paris), et un interprète, le jeune roi de la chanson dramatique Scott Walker, transfuge du boys band, des sixties, ça change quand même beaucoup de chose, les Walker Brothers. Un petit miracle audible sur cette compilation des débuts des années 80 qui, compilant les nombreuses reprises de la fin des années du fameux belge par son américain disciple, prouve que reprendre Brel est possible même sans être son clone vocal. Il suffit pour ça, et ça tombe bien, c'est la spécialité d'alors de Scott, de véhiculer une similaire intensité dramatique. Walker y ajoutant un détachement, un second degré très britannique (pas un surprise pour cet anglophile yankee), les orchestrations, fidèles aux originales sans tout à fait les répliquer, fonctionnant au-delà des espérances nous nous retrouvons avec un hommage, de tout premier ordre, d'un grand à un autre. Bravo.

1. Mathilde 2:40
2. Amsterdam 3:07
3. Jackie 3:25
4. My Death 5:00
5. Next 2:53
6. The Girls and the Dogs 3:11
7. If You Go Away 5:01
8. Funeral Tango 2:58
9. Sons Of 3:42

SCOTT WALKER
JACQUES BREL

MeTaLLiCa 1
Die Krupps "A Tribute to Metallica" (1992)
ou "Industriallica"

Reprendre quelques classiques de Metallica sans guitare mais avec plein de synthés industrieux et de boîtes à rythmes rageuses ? Pas très original aujourd'hui vous me direz mais Die Kruppsétaient les premiers. En plus les teutons, qui ne tarderont pas à ajouter des guitares à leur musique métallisant ainsi leur rock indus mais n'en sont pas encore là, ont l'élégance de ne pas s'éterniser avec une tracklist resserrée pour un EP tout de même plein jusqu'à la garde (28 minutes et quelques secondes, on a vu des albums à peine plus longs). Mais l'essentiel c'est que l'étrange rapprochement fonctionne que ce soit sur les morceaux qui rockent (Enter Sandman), ceux qui thrashent (Battery) et même sur les ballades (Nothing Else Matters). Et donc ? Recommandé si vous aimez tellement Metallica que vous voulez l'entendre à toutes les sauces et dans tous les états.

1. Enter Sandman 5:29 
2. Nothing Else Matters 6:06 
3. Blackened 6:33 
4. Battery 5:20 
5. For Whom The Bell Tolls 4:56

Jürgen Engler – vocals, keyboards, samplers 
Ralf Dörper – keyboards, samples
Rüdger Esch - bass

DIE KRUPPS
METALLICA

MeTaLLiCa 2
Apocalyptica "Plays Metallica by Four Cellos" (1996)
ou "Cellollica"

Quatre violoncelles pour rendre hommage au plus grand groupe de metal de tous les temps ? Nous savons désormais, parce que l'album a connu une belle carrière,  que ça fonctionne, on avait nettement plus de doutes lorsqu'en 1996 l'album originel d'Apocalyptica apparut dans les bacs nous faisant nous écrier force de WTF parce que, franchement, ça avait tout l'air de la plus mauvaise idée du monde. Alors certes, même électrifiés comme le sont les quatre instruments des finlandais à qui la drôle d'idée est passée par la tête, il y a une certaine aridité à entendre des versions (mélodiquement très fidèles) de chansons qu'on a tellement écouté qu'on les connait presque aussi bien que si on les avait composé soi-même mais aussi un vrai courant d'air frais qui fait que, même si on ne revient pas tous les jours sur ce diable d'album, cet Apocalyptica Plays Metallica by Four Cellos est encore et toujours une galette sur laquelle on se penche à nouveau avec plaisir. Recommandé aux amateurs de violoncelles, de Metallica et d'expériences soniques hors du commun.

1. Enter Sandman 3:40
2. Master of Puppets 7:16
3. Harvester of Sorrow 6:14
4. The Unforgiven 5:21
5. Sad but True 4:48
6. Creeping Death 5:06
7. Wherever I May Roam 6:08
8. Welcome Home (Sanitarium) 5:50

Eicca Toppinen - Cello 
Paavo Lötjönen - Cello 
Max Lilja - Cello 
Antero Manninen - Cello

APOCALYPTICA
METALLICA

PeTeR GReeN
Gary Moore "Blue for Greeny" (1995)
ou "Le Maître et l’Élève"

Quand un excellent instrumentiste s'attaque au répertoire de celui qui fut sa principale influence de jeunesse, ça donne un album forcément bourré d'émotion et de belles démonstrations guitaristiques. Or, donc, l'interprète de l'occurrence est le nord-irlandais Gary Moore qui, présentement en plein dans sa période blues, saisit l'opportunité de rendre hommage au six-cordiste que beaucoup ne connaisse que pour sa participation aux débuts de Fleetwood Mac, Peter Green. Dans les faits, Green étant plus connu pour ses effets de manche que sa délicate écriture, c'est à un album de blues rock d'un immense classicisme auquel nous sommes conviés, où les saillies d'un Moore toujours aussi en verve sont l'attraction principale. Alors, bien-sûr, on apprécie ces petits cuivres rhythm'n'blues venu relever la sauce, le grand professionnalisme du reste des accompagnateurs aussi (dont le bassiste Andy Pyle qu'on aura croisé chez les Kinks, Wishbone Ash ou Savoy Brown, excusez du peu !) mais, clairement, la star, c'est Gary tant et si bien qu'on en finit par oublier l'hommagé de service qui disparait largement derrière la personnalité de son hommageur. Pas que ce soit bien grave, notez, parce qu'avec une sélection sans faux-pas, une interprétation évidemment à la hauteur, Blues for Greeny est une vraie belle réussite qu'on conseillera chaudement à tous les amateurs de guitare électrique d'exception et de blues rock de qualité supérieure. Pas si mal...

1. If You Be My Baby 6:38
2. Long Grey Mare 2:04
3. Merry-Go-Round 4:14
4. I Loved Another Woman 3:05
5. Need Your Love So Bad 7:54
6. The Same Way 2:35
7. The Supernatural 3:00
8. Driftin' 8:29
9. Showbiz Blues 4:08
10. Love That Burns 6:28
11. Looking For Somebody 7:12

Gary Moore - guitar, vocals
Tommy Eyre - keyboards
Nick Payn - baritone saxophone
Nick Pentelow - tenor saxophone
Andy Pyle - bass
Graham Walker - drums

GARY MOORE
PETER GREEN

MaRViN Gaye
Everette Harp "What's Going On" (1997)
ou "A l'impossible nul n'est tenu"

Reprendre un des albums les plus célébrés de l'histoire n'est pas une mince tâche c'est pourtant à celle-ci que s'attèle le saxophoniste Everette Harp sur sa recréation du What's Going On de Marvin Gaye. Et quelle recréation !, où l'on croise des moments absolument fidèles à l'album d'origine, juste ce qu'il faut pour ne pas s'y perdre, mais aussi des versions ouvertement jazzées, d'autres glissant allègrement vers un excellent blues, et même quelques détours vers le hip-hop, un genre qu'on n'attendait pas forcément là (album sur Blue Note oblige) mais s'intègre joliment à l'éclectique ensemble. Comme vous connaissez forcément déjà l'inattaquable qualité des chansons, il ne me reste plus, sans trop en dévoiler donc, afin de ne point trop éventer les belles surprises qui vous sont ici réservées, qu'à vous recommander ce What's Going On en version relecture de grande qualité qui, évidemment, n'égale pas tout à fait son modèle mais, comme à l'impossible nul n'est tenu, et quand la réussite est de ce niveau... Vous m'avez compris.

1. What's Going On 5:45 
2. What's Happening Brother 2:58 
3. Flyin' High (In The Friendly Sky) 5:00 
4. Save The Children 5:01 
5. God Is Love 2:34 
6. Mercy Mercy Me 2:58 
7. Right On 7:08 
8. Wholy Holy 5:32 
9. Inner City Blues (Make Me Wanna Holler) 6:40 
10. Inner City Blues (Reprise) 1:24 

Yolanda Adams - Vocals
Sherron Bennett - Choir/Chorus 
Charlie Bisharat - Strings 
Cassie Bonner - Background Vocals
Jessie Campbell  - Background Vocals
Kirk Carr - Choir/Chorus, Vocal Arrangement 
Troy Clark - Choir/Chorus 
George Duke - Piano
Linsey Fiddmont  - Background Vocals
Ray Fuller - Guitar 
Gary Grant - Trumpet 
Arsenio Hall - Speaking Part 
Everette Harp - Arranger, Flute, Keyboards, Programming, Saxophone, Background Vocals
Melissa "Missy" Hasin - Strings 
Howard Hewett - Vocals 
Jerry Hey - Horn Arrangements, Trumpet 
Mark Hollingsworth - Sax (Baritone) 
Iris Howse - Choir/Chorus 
Munyungo Jackson - Percussion 
Michael James - Strings 
Larry Kimpel - Bass 
Chaz Lamar - Choir/Chorus 
Dawnn Lewis - Speaking Part 
Maxayn Lewis  - Background Vocals
Kenny Loggins - Vocals 
Valerie Mayo  - Background Vocals
Andrea McClurkin-Mellini - Choir/Chorus 
Najee - Flute
Lori Perry  - Background Vocals
Greg Phillinganes - Arranger, Organ 
Doc Powell - Guitar
Lil John Roberts - Drums 
David Van De Pitte - Arranger, Orchestration 
Kirk Whalum - Sax (Tenor) 
Wil Wheaton  - Background Vocals
Fred White  - Background Vocals
Yvette Williams - Choir/Chorus 
Don Wyatt - Piano 
Reggie C. Young - Trombone

EVERETTE HARP
MARVIN GAYE

LeD ZePPeLiN
Great White "Great Zeppelin: A Tribute to Led Zeppelin" (1998)
ou "Révérences"

Si vous vous attendez à de l'originalité en écoutant le live hommage à Led Zeppelin des hard-rockers américains de Great White, vous allez être déçus. En l'occurrence, c'est évident dès la pochette (bien vue, la pochette), ces gars-là on envie de se faire plaisir, envie de jouer à être Led Zeppelin, et c'est très bien comme ça ! Très bien parce que Jack Russell s'y entend très bien pour faire son Robert Plant, très bien parce que le reste du groupe est au diapason de la performance "clonesque" de son vocaliste, très bien surtout parce que le quintet s'y amuse beaucoup et que ça s'entend et que c'est absolument communicatif. Alors, bien-sûr, comme pour l'interprétation, vous chercherez longtemps l'originalité dans le choix des titres, et pour cause, il n'y en a aucune sauf à considérer qu'en incluant aussi des morceaux moins ouvertement hard rock Great White surprenne, pas vraiment en fait comme le savaient déjà ceux qui connaissent le répertoire des vétérans angelenos. Bref, l'important est le plaisir qu'on y prend et, à la condition d'aimer Led Zeppelin, évidemment, il est bel et bien au rendez-vous de ce Great Zeppelin forcément accessoire mais néanmoins absolument sympathique, et donc recommandable.

1. In the Light 6:06
2. Living Loving Maid (She's Just a Woman) 3:30
3. Ramble On 5:11
4. Since I've Been Loving You 6:44
5. No Quarter 8:02
6. Tangerine 3:05
7. Going to California 4:13
8. Thank You 4:37
9. D'yer Mak'er 4:44
10. All My Love 6:12
11. Immigrant Song 2:21
12. When the Levee Breaks 6:51
13. The Rover 6:00
14. Stairway to Heaven 8:35

Jack Russell - vocals
Mark Kendall - guitar
Michael Lardie - guitar, keyboards
Sean McNabb - bass
Audie Desbrow - drums

GREAT WHITE
LED ZEPPELIN
eLViS PReSLey
Barb Jungr "Love Me Tender" (2005)
ou "Another Pelvis"

Elvis Presley comme vous ne l'avez jamais entendu ! C'est, en bref, le programme que nous propose l'anglaise Barb Jungr sur Love Me Tender , tribute au King du Rock'n'Roll pour le moins surprenant (euphémisme !).
La première surprise est de voir combien le répertoire d'une pop icône peut être retranscrite avec succès dans une conception si diamétralement opposée à son intention originelle. parce que ce jazz fin et nuancé, presque ambient, donne à des mélodies déjà très réussies une toute autre ampleur tant et si bien qu'on ne peut que louer les travaux d'arrangeurs et d'interprètes de la doublette créatrice d'un tel tour de force : Adrian York et Jonathan Cooper, partenaires réguliers de Dame Jungr ici en exceptionnelle forme (re)créatrice.
La seconde surprise est d'entendre une voix féminine se glisser aussi facilement dans les habits d'un sex-symbol si typiquement mâle. En l'espèce Barb Jungr ne tente jamais de s'approcher de l'artiste qu'elle a choisi d'honorer y préférant une sensibilité nettement plus contrastée et, en toute logique, extrêmement féminine. Ce faisant, vocalement, elle crée un toute autre univers, débarrassé de toute testostérone. Et c'est en définitive une excellente nouvelle qui permet d'apprécier à leur juste valeur, sans vouloir à tout prix comparer la reprise à son modèle, des compositions qu'on aurait pu croire à jamais figé en une immuable image d’Épinal.
Certes, les puristes, les fans hardcore d'Elvis the Pelvis ne s'y retrouveront pas forcément, conservateurs qu'ils sont. Pour les autres, ceux qui cherchent avant tout le frisson d'une bonne musique expertement conçue et vectrice d'émotions fortes, Love Me Tender est indéniablement un immanquable. Et ça, ce sera tout sauf une surprise pour qui a gouté au deux tributes à Bob Dylan commis par une artiste rare et hélas trop méconnue. Love Me Tender est un tribute de grande classe, vous aurez été prévenus.

1. Love Letters (Straight From Your Heart) 3:14
2. Heartbreak Hotel 4:04
3. Long Black Limousine 4:22
4. Wooden Heart 3:07
5. Are You Lonesome Tonight 7:59
6. Kentucky Rain 4:49
7. In The Ghetto 3:40
8. Love Me Tender 5:26
9. Always On My Mind 5:05
10. I Shall Be Released 5:32
11. Tomorrow Is A Long Time 5:58
12. Looking For Elvis 3:44
13. Peace In The Valley 2:58

Barb Jungr - Vocals
Adrian York - Bells, Celeste, Electronics, Organ, Piano, Synthesizer, Backing Vocals, Vocoder, Waterphone
Jonathan Cooper - Clarinet, Main Piano, Sampling
Mario Castronari - Bass, Double Bass
Rebecca Brown - Viola, Violin
Thangam Debbonaire - Cello
William Jackson - Harp
Ian Shaw - Backing Vocals
Mari Wilson - Backing Vocals

BARB JUNGR
ELVIS PRESLEY

SeRGE ReZVaNi
Helena Noguerra "Fraise Vanille" (2007)
ou "Fraichement Pop"

"Fraise vanille. Prononcez Rezvani. Rezvani, Serge de son prénom et auteur compositeur de quelques incontournables musiques de films de la Nouvelle Vague, de Godard à Truffaut interprétées et immortalisées par de bien belles femmes dont bien entendu Jeanne Moreau ou encore Anna Karina. Mais cette époque est finie. Aujourd'hui, rares sont les actrices qui donnent de la voix. On est plutôt dans une phase top model sur le retour qui pousse la chansonnette sans grande inspiration, souvent en reprenant des classiques des années yéyé ou de grands textes de poètes anglais. Bref, vous voyez ce que je veux dire. Helena Noguerra n'a pas de chance a priori puisque elle fut top model et qu'elle arrive avec cet album fait de reprises d'une poignée de chansons de Serge Rezvani. Et si je n'avais pas eu la chance de voir la demoiselle en concert peu de temps avant, je ne suis pas certain que j'aurais donné bien cher de la peau de ce Fraise Vanille. Et pourtant... Il faut reconnaitre que c'est une réussite à la hauteur du challenge. Helena réussit en effet à s'approprier ces mélodies qui appartiennent sinon au domaine public au moins à tout un chacun. Comme lors du live et malgré le casting prestigieux figurant sur ce disque (Vincent Delerm, Philippe Katerine, Julien Baer...), les arrangements ne sont jamais lourds, les duos toujours très délicats et tout est mis au service des chansons, même si Vincent Delerm sur "Les mots de rien" ne peut pas s'empêcher de jouer avec sa voix... agaçante. Cerise sur le sorbet, "Caresse moi, j'adore ça" est un titre inédit composé par Rezvani pour Noguerra et on se rend compte que le monsieur n'a rien perdu de sa plume, il sait toujours aussi bien faire chanter les belles femmes. Un disque à la fois désuet, mélancolique et incroyablement frais, aussi pétillant que les yeux de son interprète." (David, Froggy's Delight)

1. Le tourbillon 2:43
2. Les Mots de rien 2:02
3. Adieu ma vie 2:01
4. La Vie s'envole 2:57
5. Tout morose 3:30
6. La Vie de cocagne 2:37
7. Les Autoroutes 2:34
8. J'ai la mémoire qui flanche 2:47
9. La Peau Léon 2:17
10. Moi je préfère 3:20
11. A travers notre chambre 4:33
12. Jamais je ne t'ai dit... 4:02
13. Caresse-moi, j'adore ça 3:34
14. Notre folle jeunesse 2:30
15. Minuit Orly 4:48
16. Les Mensonges 3:38
17. Nous vivions deux 2:01
18. Blues indolent 3:52
19. La Bécasse 1:35

Helena - chant
Seb Martel - guitare, lapsteel, banjo, beat box, harmonica, flûte, basse, chœurs
Philippe Eveno - guitares
Bertrand Burgalat - vibraphone
Benoît Delbecq - piano, BassStation, Casio, programmations
Jeff Boudreaux - batterie
Fabrice Barré - clarinette
Pamelia Kurstin - theremin
Julien Baer - piano, melodica, harmonica
Alberto Nogueira - peigne
Olivier Koundono - violoncelle
Martin Gamet - contrebasse
Christophe "Disco" Mink - basse
Franck Monnet - chœurs
Katerine - chant et guitare (19)
Vincent Delerm - chant (2)
Marie-France - chant (12)
Serge Rezvani - chant (17)

HELENA NOGUERRA
SERGE REZVANI (& JEANNE MOREAU)

BiLLie HoLiDay
Laïka Fatien "Misery: A Tribute to Billie Holiday" (2008)
ou "Inspiration"

L'immense tragédienne du jazz que fut Billie Holiday, par sa voix comme par sa vie, n'est pas si souvent reprise et il y a une raison à ça, ce n'est pas facile de s'attaquer à un tel monument à la voix si immédiatement reconnaissable et si émotionnellement déchirante. C'est pourtant bien la mission que s'est assignée la chanteuse/comédienne française Laïka Fatien, sur son Misery: A Tribute to Billie Holiday de 2008, gonflé. Intelligemment, il n'y a qu'un aspect des performances de la grande Billie que Laïka s’attèle à imiter : son intensité. Pour le reste, usant de sa voix, qu'elle a fort jolie d'ailleurs, d'un Strange Fruit aussi réussi que celui de Robert Wyatt (c'est pas peu dire !) à un Left Alone tout de velours vêtu, passant évidemment par tous les incontournables du répertoire (dont l'obligatoire Gloomy Sunday qu'elle "emballe" avec une vraie belle classe dramatique), Laïka réussit son impossible : exister dans l'ombre de son sujet de choix, c'est déjà beaucoup et fait de Misery, où elle est excellemment bien entourée (dont le coltranien saxophoniste David El-Malek sur trois titres, on apprécie), album de jazz intimiste d'un immense classicisme, une belle réussite qu'on recommande, chaudement.

1. Strange Fruit 5:12   
2. Lady's Back in Town 4:15   
3. Don't Explain 3:07   
4. You Can't Lose a Broken Heart 3:18   
5. What's New 2:07   
6. All of You 3:39   
7. How Deep Is the Ocean 4:39   
8. Lover Come Back to Me 4:39   
9. Misery 4:38   
10. You Turned the Tables on Me 4:54   
11. Gloomy Sunday 5:12   
12. Left Alone 5:21

Laïka Fatien - vocals
Robert Glasper - piano
David El Malek - tenor saxophone (4, 5, 12)
Daryl Hall - double bass
Gregory Hutchinson - drums

LAIKA FATIEN
BILLIE HOLIDAY

ToWNeS VaN ZaNDT
Steve Earle "Townes" (2009)
ou "Du même bois"

Il y a des rapprochements qui font immédiatement sens. Ainsi quand Steve Earle hommage Townes Van Zandt, on sait d'emblée que la réussite sera au bout de l'expérience, déjà parce que Steve n'a jamais fait secret de l'énorme influence de Townes sur son œuvre, ensuite parce que, tous deux témoins d'une Amérique à la marge, ces deux gars sont fondamentalement du même bois. Alors, voilà, en 26 titres, 15 dans une veine country folk americana dont l'interprète s'est fait la spécialité, 11 d'iceux repris par Earle seul pour la version Deluxe (qu'on recommande donc), c'est effectivement à un bel hommage qu'on a droit. Tous les classiques du maudit texan y sont, tous y sont surtout bien repris par un Steve très impliqué dans son sujet (à tel point que Townes est le second prénom de son fils, Justin, présent sur la galette), vibrant de toutes ses cordes (de guitare, de mandoline comme vocales) pour ce qui, souhaitons, orientera les auditeurs vers les œuvres de l'hommagé, qui méritent ô combien le détour. Townes ? C'est une parfaite introduction à l'écriture sensible et intelligente de l'homme Van Zandt par un de ses plus beaux disciples, un vrai bonheur.

CD 1
1. Pancho and Lefty 4:01
2. White Freightliner Blues 3:27
3. Colorado Girl 3:35
4. Where I Lead Me 3:29
5. Lungs 2:18
6. No Place To Fall 2:52
7. Loretta 3:14
8. Brand New Companion 5:12
9. Rake 3:22
10. Delta Momma Blues 5:14
11. Marie 4:52
12. Don t Take It Too Bad 3:12
13. Mr. Mudd and Mr. Gold 2:17
14. (Quicksilver Daydreams of) Maria 3:20
15. To Live Is To Fly 3:40

CD 2
Solo Recordings
1. Pancho and Lefty 4:01
2. Where I Lead Me 3:37
3. Lungs 2:22
4. No Place To Fall 2:56
5. Loretta 3:14
6. Brand New Companion 5:11
7. Rake 3:21
8. Marie 4:49
9. Mr. Mudd and Mr. Gold 2:33
10. (Quicksilver Daydreams of) Maria 3:15
11. To Live Is To Fly 3:36

Steve Earle - Guitar, Harmonica, Harmonium, Mandola, Mandolin, Percussion, Vocals
Steven Christensen - Percussion 
Shad Cobb - Fiddle
Dennis Crouch - Bass
Justin Townes Earle - Guitar, Vocals 
Allison Moorer - Vocals 
Tom Morello - Guitar
Greg Morrow - Drums
Tim O'Brien - Mandolin 
Darrell Scott - Banjo, Dobro
John Spiker - Bass

STEVE EARLE
TOWNES VAN ZANDT

KaTe BuSH
Theo Bleckmann "Hello Earth! The Music of Kate Bush" (2011)
ou "Transformation"

Par sûr que cet album fasse très plaisir aux fans de la miss Bush, et pourtant quelle splendeur ! Pas sûr qu'il leur fasse plaisir parce que Theo Bleckmann, qu'on a entendu, toujours sur l'excellent label Winter & Winter, reprendre du Charles Ives (très loin d'ici donc), prend de très large liberté avec le répertoire de Kate, parce que sa transposition de l'elfe pop-prog en jazz moderne et éthéré (mais pas seulement...), pour réussi qu'il soit, et il l'est !, n'est pas forcément ce à quoi on s'attend d'un hommage à Kate Bush. Mais voilà, contre toute attente, et là les auditeurs amateurs de Kate aussi parce que c'est une artiste fondamentalement libre dresseront l'oreille, dès un Running Up That Hill en sensible crescendo, en passant par moult surprises et trouvailles (un Violin franchement punk, un Army Dreamers enjoué et percussif, un Love and Anger en mode brésilien), on tombe sous le charme d'une galette aussi ludique que passionnée où des musiciens d'immense qualité prennent un audible plaisir à honorer une artiste qu'ils aiment, impossible qu'il en soit autrement, mais pas au point de la "copie-carboner" ou, plutôt, qu'ils aiment tant qu'ils ont compris que Kate, toujours !, a cherché et souvent trouvé, ne s'interdisant rien, jamais. Et c'est, finalement, ce que nous offre ce Hello Earth, une lecture libre qui n'a d'autre but que de mettre en valeur le répertoire de choix et qu'on suit, une heure durant, avec un réel émerveillement. Bluffant. Merci monsieur Bleckmann.

1. Running Up That Hill 6:37 
2. Suspended In Gaffa 4:14 
3. And Dream Of Sheep 4:37 
4. Under Ice 3:20 
5. Violin 2:42 
6. Hello Earth 4:59 
7. Cloudbusting 3:44 
8. All The Love 6:01 
9. Saxophone Song 4:58 
10. Army Dreamers 2:30 
11. The Man With The Child In His Eyes 4:35 
12. Watching You Without Me 4:13 
13. Love And Anger 3:52 
14. This Woman’s Work 4:00 

Drums, Percussion, Voice – John Hollenbeck
Electric Bass, Voice – Skúli Sverrisson
Piano, Synthesizer, Voice – Henry Hey
Violin, Electric Guitar, Voice – Caleb Burhans
Vocals, Piano, Glockenspiel  – Theo Bleckmann

THEO BLECKMANN
KATE BUSH

PiNK FLoyD 1
Gov't Mule "Dark Side of the Mule" (2014)
ou "Gov't Floyd"

Quand un jam band largement influencé par le Grateful Dead et le Allman Brothers Band s'attaque, en live !, au monument progressif et psychédélique qu'est Pink Floyd, ça donne ? Dark Side of the Mule, pardi !
A l'origine, un concert de le soir d'halloween 2008 au Orpheum Theatre de Boston, dont la présente galette n'est que portion congrue*, est oubliée la première partie du set et le rappel final tous deux dédiés à d'autres horizons musicaux, où Warren Hayes et ses petits gars, alias Gov't Mule, osent, ils ont de l'estomac, reprendre cette référence pourtant quelque peu éloignée de leurs habituelles préoccupations. On pouvait donc, en toute logique, avoir quelques doutes sur la viabilité d'un tel projet, doutes vite balayés par le talent d'une formation avant tout dédiée à ses fans ô combien fidèles et souhaitant, donc, toujours leur offrir de nouvelles expériences en plus de repousser ses propres limites supposées. Au programme, une douzaine de chansons de la période post-Barrett du Floyd issus de Meddle, Wish You Were Here, Animals et, comme le titre de la galette le laisse deviner, The Dark Side of the Moon avec rien moins que six extraits, que du lourd, quoi avec, comme c'est pratique, deux choristes ayant pris part aux grand-messes publiques du groupe hommagé (Machan Taylor et Durga McBroom). Le groupe, sans forcément tenter de réinventer la roue, c'est heureux, infuse sa personnalité dans le répertoire amenant, à minima, des petits machins qu'on accueille avec plaisir et rendent l'ensemble moins dérivatif qu'il n'y parait. On a ainsi droit, par exemple, à un Have a Cigar nettement plus bluesy et groovy que sa version originale, à un Fearless joliment électrifié, à un Shine on You Crazy Diamond bordant souvent la paranoïa. Pas une révolution en soi mais d'aptes versions permettant de jouir pleinement de la performance sans avoir l'impression d'écouter un bête tribute band.
Dark Side of the Mule ? Un bel hommage si imparfait (live, quoi !) qui plaira autant aux fans de Pink Floyd qu'à ceux de Gov't Mule. Mission accomplie.
* à noter qu'il existe une version complète du concert sur quatre cd.

1. One of These Days 6:15
2. Fearless 5:37
3. Pigs on the Wing, Pt. 2 1:37
4. Shine on You Crazy Diamond, Pt. 1-5 13:57
5. Have a Cigar 6:27
6. Breathe (In the Air) 3:20
7. Time 6:48
8. Money 7:15
9. Comfortably Numb 6:10
10. Shine on Your Crazy Diamond, Pt. 6-9 13:59
11. Wish You Were Here 6:02

Warren Haynes - guitar, producer, vocals
Danny Louis - guitar, keyboards, backing vocals
Jörgen Carlsson - bass
Matt Abts - drums, percussion, vocals
Ron Holloway - saxophone
Machan Taylor - background vocals
Durga McBroom - background vocals
Sophia Ramos - background vocals
Leslie Bloome - sound effects

GOV'T MULE
PINK FLOYD

PiNK Floyd 2
Nguyên Lê "Celebrating Dark Side of the Moon" (2014)
ou "Jazz Side of the Moon"

Alors que ce qui reste de Pink Floyd se vautre dans le revivalisme le plus commercialement intéressé revisitant de vieilles bandes en un douteux hommage à leur décédé claviériste, il est encore des instrumentistes qui font vivre la musique référentielle que nous connaissons tous. Voici Nguyên Lê et son tribute au légendaire Dark Side of the Moon, une célébration, comme son titre l'indique, une vraie !
On y trouve une relecture respectant son sujet sans oublier cependant de prendre quelques libertés, de pousser l'enveloppe d'une partition connue par cœur. Et il fallait oser !, oser transcrire une pièce ô combien révérée pour big band, gonflé ! Alors, certes, on ne niera pas l'opportunité calendaire qu'a su saisir le label ACT en commissionnant la création dudit tribute - en même temps que le piteux The Endless River et l'anniversaire du demi-siècle de la formation honorée - mais c'est, fondamentalement, d'Art dont il s'agit, et d'une exceptionnelle mais finalement pas surprenante réussite. Pas surprenante parce que Nguyen Lê n'en est pas à ses premiers faits d'armes lui qui a déjà hommagé, et bien !, Jimi Hendrix, Led Zeppelin, les Beatles ou Bob Marley et sait donc transformer, s'approprier le matériau d'autrui avec brio. Pas surprenante parce que NDR Bigband , l'orchestre jazz de la radio/télévision publique du même nom, est un bel ensemble de professionnels accomplis bien dirigé par un chef talentueux, Jörg Achim Keller, et doté de solistes de qualité, on citera Christof Lauer dont les explorations saxophoniques libres enluminent Time de nouveaux atours ô combien attrayants.
Y reconnaît-on l'œuvre originelle de Pink Floyd ? Oui. Triturée, déconstruite, reconstruite, manipulée mais toujours mélodiquement vivace et même, et là est peut-être le réel tour de force de la galette, dans les interludes originaux augmentant la tracklist canonique que créa Nguyên Lê pour l'occasion, c'est fort, et qui plus est souvent fun. Les fans s'y retrouveront-ils ? Ceux ayant un minimum le goût de la chose jazz et l'oreille aventureuse certainement, les intégristes, zélotes de la chose floydienne plus difficilement, forcément, quoique l'emballage technique et émotionnel du guitariste/leader ne devrait pas les laisser indifférents, pas plus que la performance, c'est le mot !, de la vocaliste sud-coréenne Youn Sun Nah en parfaite adéquation avec l'excellence de l'ensemble.
En l'espèce, dans un domaine différent mais avec d'égales volontés transformatrices, Celebrating the Dark Side of the Moonégale le désormais culte Dub Side of the Moon d'Easy-Star All Stars. C'est un compliment et une façon comme une autre de vous dire à quel point le fait est haut et chaudement recommandé. Bravo !

1. Speak to Me 1:56
2. Inspire 2:54
3. Breathe 2:33
4. On the Run 2:41
5. Time 9:51
6. Magic 2:20
7. Hear This Whispering 2:01
8. Great Gig in the Sky 2:16
9. Gotta Go Sometime 3:14
10. Money 6:12
11. Us and Them 7:51
12. Purple or Blue 2:53
13. Any Colour You Like 5:17
14. Brain Damage 4:13
15. Eclipse 2:34
un extrait du concert du New Morning

Nguyên Lê - electric guitar, electronics
Youn Sun Nah - vocals
Gary Husband - drums
Jürgen Attig - electric fretless bass
&
NDR Bigband
Conductor: Jörg Achim Keller
Trumpets: Thorsten Benkenstein , Benny Brown , Ingolf Burkhardt , Claus Stötter (solo on 12) & Reiner Winterschladen
Saxophones/reeds: Fiete Felsch (alto & flute/solo on 11), Peter Bolte (alto & flute), Christof Lauer (tenor & soprano/solo on 4), Lutz Büchner (tenor & soprano/solo on 14), Sebastian Gille (tenor & soprano), Marcus Bartelt (baritone & bass clarinet)
Trombones: Dan Gottshall , Klaus Heidenreich , Stefan Lottermann , Ingo Lahme (tuba & bass trombone)
Percussion: Marcio Doctor
Piano & synths: Vladyslav Sendecki (solo on 8)

NGUYÊN LÊ
PINK FLOYD

1966 par 12 (12 mois 12 albums)

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Et si les 70s avaient commencé en 1966 ? Parce qu'à y regarder de plus près, tous les germes des expérimentations à venir, tous les excès qui iront avec, aussi, sont déjà présents dans cette sélection qui, mois par mois, avec des trous immenses forcément ! (et, oui, il n'y a pas Pet Sounds, mais il y a Blonde on Blonde du coup, faut choisir !) vous fait le menu d'une année qui a compté. Enjoie !

JaNVieR
Simon & Garfunkel "Sounds of Silence"
ou "Le Silence est d'Or"

16 mois après un premier album mal assuré mais déjà plein de promesses, Wednesday Morning 3 AM, le duo folk composé de Paul Simon et Art Garfunkel remet le couvert, d'énormes ambitions en tête. Il faut dire que leur genre, un folk feu de camp destinée, qu'ils le veuillent ou non, à une jeunesse middle-class blanche, a le vent en poupe et que Paul, le compositeur du duo, a les chansons alors, pourquoi se priver ? De fait il y a du "au bon endroit au bon moment" dans la success story de ces deux new-yorkais. Mais il y a aussi, surtout !, un vrai beau talent qui s'exprime présentement dans un cadre plus résolu et professionnel sans y perdre en passion, bravo, et évidemment la communion de deux voix qui se complètent et se soutiennent à merveille. Alors, certes, certains, les plus puristes sans doute, regretteront l'innocence audible de leur inaugural long-jeu mais, à l'image de la version retravaillée de The Sound of Silence, celle qui passera à la postérité, ce qu'on perd en charme juvénile, on le gagne nettement en qualité audiophile et en arrangements précieux tirant le duo vers une pop-folk parfois même un peu rock (comme sur Richard Cory) qui lui va admirablement en teint. Et puis, The Sound of Silence, l'album, c'est aussi la véritable éclosion de Simon le songwriter d'exception, lui qui a si notablement affiné son écriture en, finalement, peu de temps. Bien-sûr, Simon & Garfunkel feront mieux (ha! ces deux derniers albums dont on continue de regretter qu'ils n'aient pas connus de suite...) mais c'est là, en janvier 1966, que commence la grande histoire d'un duo devenu mythique, à raison.

1. The Sound of Silence 3:08
2. Leaves That Are Green 2:23
3. Blessed 3:16
4. Kathy's Song 3:21
5. Somewhere They Can't Find Me 2:37
6. Anji 2:17
7. Richard Cory 2:57
8. A Most Peculiar Man 2:34
9. April Come She Will 1:51
10. We've Got a Groovy Thing Goin' 2:00
11. I Am a Rock 2:50
Bonus
12. Blues Run the Game 2:55
13. Barbriallen (Previously unreleased) 4:06
14. Rose of Aberdeen (Previously unreleased) 2:02
15. Roving Gambler (Previously unreleased) 3:03

Paul Simon: lead vocals, guitar
Art Garfunkel: lead vocals
Fred Carter, Jr.: guitar
Larry Knechtel: keyboards
Glen Campbell: guitar
Joe South: guitar
Joe Osborn: bass guitar
Hal Blaine: drums
&
"The Sound of Silence" (electric overdubs personnel)
Al Gorgoni: guitar
Vinnie Bell: guitar
Joe Mack: bass guitar

PAUL SIMON & ART GARFUNKEL

FéVRieR
John Coltrane "Ascension"
ou "High in the Sky"

Il y a A Love Supreme, il y a Om, et puis il y a Ascension, le déroulé des trois est la montée d'un Coltrane vers une musique de plus en plus impressionniste, de plus en plus spirituelle, aussi. Présentement, un peu plus d'un an avant sa disparition, Coltrane est entré de plein pied dans sa phase la plus prospective, celle où il finit d'abandonner tous les codes du jazz classique, celle où on l'imaginerait plus volontiers partager l'affiche avec un Terry Riley ou un Karlheinz Stockhausen, celle d'une musique à la fois intellectuelle et trippante qui n'est définitivement pas pour tous. Concrètement, on peut dire que Coltrane reprend la construction de My Favorite Things (le thème ouvre et ferme, les soli divers et variés en sont le développement) en la poussant dans ses derniers retranchements sur un thème recyclé de l'Aknowledgement de A Love Supreme, et dans deux versions !, celle préférée par le leader (Edition II, le première enregistrée des deux) et celle que choisit son label, Impulse!, pour l'album originel mais qui fut prestement évacuée, remplacée qu'elle fut par sa quasi-jumelle. Présentement, c'est à vous de choisir (ou de ne pas) sur l'édition cd proposant les deux que, franchement, j'ai du mal à départager. Et donc, voilà, Ascension , et son line-up à faite baver d'envie (Hubbard, Shepp et Sanders ensembles, rien que ça !) est un disque révolutionnaire, un disque qui se défie souvent de la mélodie, un disque qui ne cherche aucune à choyer l'auditeur mais plutôt à l'entraîner avec lui dans un monde différent où les codes habituels ont été révoqués, repoussés, annihilés. Est-ce que c'est bon ? Évidemment !, mais réservé à un public averti, tout de même.

1. Edition II 40:49
1.(Opening Ensemble)
2.Coltrane solo (3:10–5:48)
3.(Ensemble)
4.Johnson solo (7:45–9:30)
5.(Ensemble)
6.Sanders solo (11:55–14:25)
7.(Ensemble)
8.Hubbard solo (15:40–17:40)
9.(Ensemble)
10.Tchicai solo (18:50–20:00)
11.(Ensemble)
12.Shepp solo (21:10–24:10)
13.(Ensemble)
14.Brown solo (25:10–27:16)
15.(Ensemble)
16.Tyner solo (29:55–33:26)
17.Davis and Garrison duet (33:26–35:50)
18.(Concluding Ensemble)
2. Edition I 38:30
1.(Opening Ensemble)
2.Coltrane solo (4:05–6:05)
3.(Ensemble)
4.Johnson solo (7:58–10:07)
5.(Ensemble)
6.Sanders solo (11:15–13:30)
7.(Ensemble)
8.Hubbard solo (14:53–17:50)
9.(Ensemble)
10.Shepp solo (18:55–21:40)
11.(Ensemble)
12.Tchicai solo (23:11–24:56)
13.(Ensemble)
14.Brown solo (26:23–28:31)
15.(Ensemble)
16.Tyner solo (29:39–31:36)
17.Davis and Garrison duet (31:36–33:30)
18.Jones solo (33:30–33:55)
19.(Concluding Ensemble)

John Coltrane— tenor saxophone
McCoy Tyner— piano
Jimmy Garrison— bass
Elvin Jones— drums
Freddie Hubbard— trumpet
Dewey Johnson— trumpet
Marion Brown— alto saxophone
John Tchicai— alto saxophone
Pharoah Sanders— tenor saxophone
Archie Shepp— tenor saxophone
Art Davis— bass

JOHN COLTRANE

MaRS
Love "Love"
ou "Love Is All You Need"

Il y a quelque chose de révolutionnaire chez Love. Et pas seulement parce qu'ils prônent la paix et l'amour dans une Amérique plus que jamais guerrière, pas seulement non plus parce qu'ils sont de toutes les couleurs alors que la ségrégation est encore dans toutes les têtes et sa disparition une lutte toujours d'actualité, et certainement pas, même s'il faut le noter, parce qu'ils ont un des premiers groupe de rock à avoir les honneurs d'un label jusque là dédié à la folk music, Elektra... Non, ce qu'il y a de révolutionnaire chez Love, et qui du coup nous fait dire qu'on tient là l'archétype du groupe maudit, de ceux qui n'ont absolument jamais eu le succès qu'ils méritaient malgré leur indéniable qualité et un beau retentissement critique, c'est bel et bien parce qu'ils sont des quelques avant-gardistes à commencer à développer ce qui ne tardera pas à faire florès sous le nom de rock psychédélique. Évidemment, on y sera nettement plus franchement sur leur opus à venir 8 courts mois plus tard, Da Capo, mais déjà, et pas seulement pour la partie de guitare que Syd Barrett ira pomper de leur version du My Little Red Book de Burt Bacharach (présentement détourné pour faire allusion à Mao Zedong, dans une Amérique tout juste sorti du maccarthysme mais pas de la guerre froide, il faut oser) pour alimenter son Interstellar Overdrive, pour tous ces petits détails ici encore ancrés dans le folk et le garage rock marquant déjà les contours du genre. Bref, avec de bonnes chansons, dont un Hey Joe que tout le monde semble vouloir reprendre (des Byrds, aux Standells en passant par les Surfaris et autres Leaves) sur lequel Love fait le meilleur boulot, c'est déjà un album ô combien recommandable à tous les amateurs de rock 60s, encore plus en considérant que versions mono et stéréo et deux bons bonus sont disponibles sur cette version excellemment remasterisée. Tout ça nous fait ? Un immanquable, assurément.

Mono Mix
1. My Little Red Book 2:38
2. Can't Explain 2:41
3. A Message to Pretty 3:13
4. My Flash on You 2:09
5. Softly to Me 2:57
6. No Matter What You Do 2:46
7. Emotions 2:01
8. You I'll Be Following 2:26
9. Gazing 2:42
10. Hey Joe 2:42
11. Signed D.C. 2:47
12. Colored Balls Falling 1:55
13. Mushroom Clouds 2:25
14. And More 2:57
Stereo Mix
15. My Little Red Book 2:38
16. Can't Explain 2:41
17. A Message to Pretty 3:13
18. My Flash on You 2:09
19. Softly to Me 2:57
20. No Matter What You Do 2:46
21. Emotions 2:01
22. You I'll Be Following 2:26
23. Gazing 2:42
24. Hey Joe 2:42
25. Signed D.C. 2:47
26. Colored Balls Falling 1:55
27. Mushroom Clouds 2:25
28. And More 2:57
Bonus
29. Number Fourteen 1:46
30. Signed D.C.2:46

Arthur Lee: Lead vocals, percussion, and harmonica. Also drums on "Can't Explain", "No Matter What You Do", "Gazing", "Mushroom Clouds" and "And More".
Johnny Echols: Lead guitar
Bryan MacLean: Rhythm guitar and vocals. Lead vocals on "Softly to Me" and "Hey Joe".
Ken Forssi: Bass
Alban "Snoopy" Pfisterer: Drums
&
John Fleckenstein: bass ("A Message To Pretty", "My Flash On You")
Don Conka: drums ("A Message To Pretty", "My Flash On You")

LOVE

aVRiL
The Rolling Stones "Aftermath"
ou "US Edition"

Comment ça, pas le vrai Aftermath ? Ha oui, c'est vrai, quatre chansons ont été retranchées de la version anglaise et un single (l'inusable Paint It Black) substitué, c'est un peu rude, surtout quand Mother's Little Helper, petit chef d’œuvre soit dit en passant, passe à la trappe. Visuellement, l'album se présente sous de nouveaux atours avec une jolie pochette floue en couleur et l'ordre des chansons restantes de la version UK a changé aussi, par contre, pour ce qui est du mix (est-il le même ou pas ?), j'avoue mon ignorance...Concrètement, nous sommes en 1966. Pour la première fois de leur jeune carrière (Aftermath est leur quatrième long-jeu), les Rolling Stones se sont relocalisés loin de leurs bases londoniennes, aux légendaires RCA Studios d'Hollywood, précisément. Pour la première fois (bis), tout le matériau présenté est signé des frères ennemis Jagger/Richards et, pour la première fois (ter), Brian Jones se détache de ses attaches rock et amène ses nouvelles trouvailles sonores à l'évolution du groupe. Ça n'a l'air de rien mais ça fait beaucoup de premières fois pour un groupe qui s'affranchit aussi de son approche quasi-exclusivement rock & blues et élargit son spectre. Et puis il y a les chansons. Celles que tout le monde connait (Paint It Black, Under My Thumb ou Lady Jane) et les autres qui n'ont pas à pâlir de la comparaison (même si le bluesy et jammy Goin' Home mériterait bien d'être écourté de quelques minutes). Et puis la production juste parfaite d'Andrew Loog Oldham, claire comme il se doit mais gardant un « grain » qui colle à la peau de ces quatre sales gosses et leur lippu frontman.Pour toutes ces raisons, mais surtout parce que la musique est bonne (bonne bonne bonne), Aftermath appartient à la légende du Rock. Il est de ces albums (où tout n'est pas forcément aussi connu qu'on le pense) qui se dégustent, quelque soit la circonstance, avec un égal bonheur. Incontournable, quoi. Quand à savoir s'il faut choisir l'édition UK ou US, j'accepte l'ouverture du débat dans les commentaires. En ce qui me concerne, et malgré, je le répète, la criminelle absence de Mother's Little Helper, qu'on trouve facilement autre part d'ailleurs, j'ai fait le choix de la set list la plus épurée ne serait-ce que pour le magnifique transfert digital de Paint It Black s'y trouvant mais on peut aisément plonger pour les deux !

1. Paint It Black 3:22
2. Stupid Girl 2:56
3. Lady Jane 3:08
4. Under My Thumb 3:41
5. Doncha Bother Me 2:41
6. Think 3:09
7. Flight 505 3:27
8. High and Dry 3:08
9. It's Not Easy 2:56
10. I Am Waiting 3:11
11. Goin' Home 11:13

Mick Jagger: chant, harmonica, percussions
Keith Richards: guitare, chœurs
Brian Jones: guitare (slide sur "Doncha Bother Me"), chœurs, marimbas on "Under My Thumb", cloches, Appalachian dulcimer sur "Lady Jane" et "I Am Waiting," sitar sur "Paint It Black", harmonica sur "High and Dry" et "Goin' Home", claviers
Charlie Watts: batterie, percussions, cloches
Bill Wyman: basse, cloches, orgue
&
Jack Nitzsche: percussions, piano, orgue, harpsichord
Ian Stewart: piano, orgue

THE ROLLING STONES

Mai
Bob Dylan "Blonde on Blonde"
ou "Double Blonde"

C'est un Bob Dylan au sommet de sa gloire, au summum de son inspiration aussi. C'est un Bob Dylan qui a gagné la bataille de l'électricité, trouvé un nouveau public et imposé une liberté de ton inhabituelle dans une scène folk dont il s'éloigne de plus en plus. C'est un Bob Dylan bien entouré, enfin, et donc prêt à en découdre sur une double galette noire depuis dûment entrée dans la légende, Blonde on Blonde, évidemment.Présentement, sur les talons de deux albums qui ont affiché sa notable évolution, nommément Bring It All Back Home et Highway 61 Revisited, Dylan a une pression phénoménale sur ses frêles épaules tant tout le monde ou presque s'attend à ce qu'il ne parvienne pas à maintenir l'hallucinant niveau dont il fait montre depuis le tout début de sa carrière discographique, 4 ans et demi plus tôt seulement. C'est avec un double album que le Zim' réalise son tour de force, le premier du genre dans la musique populaire destiné à un public plutôt jeune ceci dit en passant, un sacré pari relevé par un artiste dont l'inspiration ne se dément nullement. Parce qu'il faut le dire, avec un groupe évoluant de celui employé sur les deux fameuses galettes précédentes, Bob épate par les trésors qu'il est encore et toujours capable de délivrer. Des textes, bien-sûr, parce que la plume du petit gars de Duluth est une des plus sûres de son époque, des mélodies aussi parce que si Dylan n'est objectivement pas le plus grand vocaliste de la création, les limitations de son timbre n'amoindrissent en aucun cas la porté harmonique de sa production. Ainsi a-t-on droit à quelques morceaux destinés à devenir d'authentiques classiques (Rainy Day Women #12 & 35, I Want You et Just Like a Woman sur lesquels il n'est pas besoin de faire l'article) entourés d'une sélection qui, franchement, en impose. A titre informatif, on citera Visions of Johanna (une déchirante ballade), Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again (où ce diable prouve que le blues est aussi, encore et toujours, dans ses divines cordes), Absolutely Sweet Marie (où Bob prouve qu'il sait aussi faire de la pop) ou Sad Eyed Lady of the Lowlands (une longue ballade dit-on dédicacée à sa chérie d'alors) mais, vraiment, c'est toutes les pistes de cette mine à chansons précieuses qui méritera votre attention pointilliste et, conséquemment, récoltera votre absolue admiration. Blonde on Blonde, c'est aussi un Bob Dylan qui brûle le cierge de son inspiration par les deux bouts ce qui ne tardera pas à annoncer des heures moins enthousiasmantes, mais pas avant d'avoir dûment exploré des racines étasuniennes traditionnelles (John Wesley Harding, Nashville Skyline) pour le magnifier. Blonde on Blonde c'est aussi, surtout !, une immanquable galette d'un artiste essentiel, mais ça, vous le saviez déjà.

1. Rainy Day Women #12 & 35 4:36
2. Pledging My Time 3:50
3. Visions of Johanna 7:33
4. One of Us Must Know (Sooner or Later) 4:54
5. I Want You 3:07
6. Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again 7:05
7. Leopard-Skin Pill-Box Hat 3:58
8. Just Like a Woman 4:52
9. Most Likely You Go Your Way And I'll Go Mine 3:30
10. Temporary Like Achilles 5:02
11. Absolutely Sweet Marie 4:57
12. 4th Time Around 4:35
13. Obviously 5 Believers 3:35
14. Sad Eyed Lady of the Lowlands 11:23

Bob Dylan– vocals, guitar, harmonica, piano
&
Bill Aikins– keyboards
Wayne Butler– trombone
Kenneth Buttrey– drums
Rick Danko or Bill Lee– bass guitar (New York)
Bobby Gregg– drums (New York)
Paul Griffin– piano (New York)
Jerry Kennedy– guitar
Al Kooper– organ, guitar
Charlie McCoy– bass guitar, guitar, harmonica, trumpet
Wayne Moss– guitar, vocals
Hargus "Pig" Robbins– piano, keyboards
Robbie Robertson– guitar, vocals
Henry Strzelecki– bass guitar
Joe South– bass guitar, guitar

BOB DYLAN

JuiN
The Mothers of Invention "Freak Out!"
ou "Zappa Alpha"

Le début de l'histoire, et quelle histoire ! Un monument pour commencer, pas moins ! Après, allez décrire la folie du truc... Et son énorme ambition évidemment ! Et voilà, les deux mamelles du "zappisme"énoncées, folie et ambition, l'une nourrissant l'autre qui nourrit l'une, etc. Après, il faut les méninges pour ça, Frank les a, et l'entourage qu'on s'est construit, ces musiciens qui pourront donner vie aux fantasmes d'un compositeur hors-norme, on appellera ça les Mothers of Invention et le collectif sera, parce que comme un peintre le fameux moustachu pourra aller y cherchez à sa guise les couleurs qu'il veut coucher sur la toile. Et la musique, me direz-vous, ça ressemble à quoi ? A rien !, ou plutôt à tout ce qui passe par le cerveau détraqué d'un génie aussi démonstratif que le sieur Zappa, une sorte de virée sur d'himalayennes montagnes russes sonores où on est bringuebalé entre rock psychédélique ou garage, jazz, avant-garde contemporaine, blues, pop, soul, musique de cartoons et, évidemment un humour souvent potache, parce qu'un génie peut aimer le son du pet et s'en réjouir en petits gloussement répétés, qui allège l'ensemble sans amoindrir l'accomplissement musical. Mais attention !, si tout semble se bousculer dans une joyeuse apparence de chaos c'est, bien-sûr, une impression trompeuse, parce que tout est pensé, forcément, affiné, affuté par un arrangeur qui sait exactement où il veut aller et qu'on suit volontiers. Bref, tout ça nous donne un disque qui réunit les adorateurs de Gentle Giant et des Stooges, de John Coltrane et des Beatles, qui réconcilie donc l'irréconciliable comme seuls les très grands savent le faire. C'est tout ça Freak Out!, et dire que ce n'est que le début de l'histoire !

1. Hungry Freaks, Daddy 3:30
2. I Ain't Got No Heart 2:35
3. Who Are the Brain Police? 3:33
4. Go Cry on Somebody Else's Shoulder 3:41
5. Motherly Love 2:45
6. How Could I Be Such a Fool 2:13
7. Wowie Zowie 2:53
8. You Didn't Try to Call Me 3:18
9. Any Way the Wind Blows 2:55
10. I'm Not Satisfied 2:38
11. You're Probably Wondering Why I'm Here 3:38
12. Trouble Every Day 5:50
13. Help, I'm a Rock 4:43
14. It Can't Happen Here 3:56
15. The Return of the Son of Monster Magnet 12:19

- The Mothers of Invention
Frank Zappa– guitar, conductor, vocals
Jimmy Carl Black– percussion, drums, vocals
Ray Collins– vocals, harmonica, cymbals, sound effects, tambourine, finger cymbals, bobby pin & tweezers
Roy Estrada– bass & guitarron, boy soprano
Elliot Ingber– alternate lead & rhythm guitar with clear white light
- The Mothers' Auxiliary
Gene Estes– percussion
Eugene Di Novi– piano
Neil Le Vang– guitar
John Rotella– clarinet, sax
Carol Kaye– 12-string guitar
Kurt Reher– cello
Raymond Kelley– cello
Paul Bergstrom– cello
Emmet Sargeant– cello
Joseph Saxon– cello
Edwin V. Beach– cello
Arthur Maebe– French horn, tuba
Motorhead Sherwood– noises
Kim Fowley - hypophone
Mac Rebennack– piano
Paul Butterfield– vocals
Les McCann– piano
Jeannie Vassoir– (the voice of Cheese)

THE MOTHERS OF INVENTION

JuiLLeT
The Byrds "Fifth Dimension"
ou "Tryp d'Oyseau"

La cinquième dimension des Oyseaux de Los Angeles ? C'est déjà, même si seulement en partie, l'un des tous premiers monuments d'un rock psychédélique qui fera florès mais n'en est, au coeur de 1966, qu'à ses premiers balbutiements. Parce que c'est aussi, pour l'autre partie, un album de folk rock comme McGuinn et Cie nous y on habitué, mais pas la moindre reprise de Bob Dylan contrairement aux deux fois précédentes. Ce n'est pas à dire que les Byrds aient tout à fait coupé le cordon, Dylan demeure une évidente figure tutélaire de leur art, juste qu'ils s'affranchissent, trouvent de nouvelles pistes, aussi. Et justement, ces nouvelles pistes sont particulièrement bien représentées par le morceau le plus risqué, expérimental et novateur de la galette, ce Eight Miles High combinant raga indien et free jazz coltranien dans le cadre d'une petite chanson de trois minutes et demie seulement (mais qui connaîtra des développements live au-delà du quart d'heure, le potentiel trippant s'exprimant) qui a elle seule, même si elle ne l'est pas, catapulte me quatuor haut, très haut au domaine des avant-gardistes qui n'en ont pas l'air et n'en sont donc que plus convaincants. Evidemment, le reste de l'album pâlit en comparaison, il est pourtant de fort belle facture avec de beaux arrangements de thèmes traditionnels (Wild Mountain Thyme et John Riley), du country rock comme ils savent si bien en faire (Mr. Spaceman), des tentations hippies également en avance sur leur temps (I Come and Stand at Every Door et surtout le What's Happeniing?!?! de David Crosby) ou du psyché rock plus classique mais fort bien réalisé (I See You). Bref, une belle collection dans laquelle on ne sera pas fâché de retrouver le morceau du moment (Hey Joe, dans une version correcte si inférieure à celles des Leaves ou de Love) ou un instrumental de remplissage (Captain Soul) parce que, franchement, le reste y est si bon que ces quelques (petits) faux-pas ne sont aucunement préjudiciables à la réussite d'un album important dans l'histoire du rock, d'un très bon album, surtout, qu'on recommande universellement.

1. 5D (Fifth Dimension) 2:33
2. Wild Mountain Thyme 2:30
3. Mr. Spaceman 2:09
4. I See You 2:38
5. What's Happening?!?! 2:35
6. I Come and Stand at Every Door 3:03
7. Eight Miles High 3:34
8. Hey Joe (Where You Gonna Go) 2:17
9. Captain Soul 2:53
10. John Riley 2:57
11. 2-4-2 Fox Trot (The Lear Jet Song) 2:12
Bonus
12. Why [Single Version] 2:59
13. I Know My Rider (I Know You Rider) 2:43
14. Psychodrama City 3:23
15. Eight Miles High [Alternate RCA Version] 3:19
16. Why [Alternate RCA Version] 2:40
17. John Riley [Instrumental] & Interview [McGuinn/Crosby] 16:53

Roger McGuinn - lead guitar, vocals
David Crosby - rhythm guitar, vocals
Chris Hillman - electric bass, vocals
Michael Clarke - drums
&
Gene Clark - vocals on tracks 7, 12, and 16; tambourine and harmonica on track 9; tambourine and vocals on track 15.
Van Dyke Parks - organ (track 1)
Allen Stanton - string section arrangement (tracks 2, 10)

THE BYRDS

aoûT
The Beatles "Revolver"
ou "Pan! En plein Cœur !"

Help avait ouvert le bal, Rubber Soul avait entériné une nouvelle liberté, Revolver enfonce le clou de Beatles toujours plus curieux de tout ce qui les entoure et peut enrichir leur musique de nouvelles flaveurs qui, l'air de rien, révolutionnent à jamais l'art de faire de la pop music... Énorme ! Énorme parce que, sans faire le menu, on a tout de même droit à la naissance de la pop baroque (Eleanor Rigby), une des toutes premières fusions avec la musique indienne (Love You To) mais, surtout, à une sacrée collection de chansons variées d'exceptionnelle qualité, une bonne habitude des Beatles plus évidente ici que dans chacun de leurs précédents opus. Car, enfin, comment résister à un Taxman nerveux idéal en ouverture (honneur pour la première et unique fois dévolu à George Harrison, c'est à signaler), au savoureusement traînant hymne à la paresse qu'est I'm Only Sleeping, à la parfaite berceuse pop d'Here There and Everywhere, au bêta mais tellement efficace chant de marins de Ringo, ce Yellow Submarine qu'on adore détester tant il vous reste gravé dans le ciboulot, la perfect pop annonciatrice de Sgt. Pepper de Good Day Sunshine, une belle ballade aux précieux arrangements (ha! ce petit cor !) telle que For No one, ce rhythm'n'blues qui fonctionne d'autant mieux qu'il s'assume blanc et hommage les inspirateurs (Got to Get You Into My Life), ou le psychédélisme encore avant-gardiste de Tomorrow Never Knows où les Beatles s'essayent, magnifiquement, pour la toute première fois ? Impossible ! Impossible parce que les mélodies, les arrangement, la production (privilégier le mono), tout flamboie, illumine de feux qui brûlent tout sur leur passage et que, c'est bien connu, une terre calcinée sera riche, et elle le fut, et pas que pour les Beatles... Parce que voilà, 50 ans après (diable !), l'effet de Revolver se fait encore et toujours sentir, c'est dire le séisme que messieurs McCartney, Lennon, Harrison, Starkey et Martin (qu'on n'oublie pas !) ont fomenté, pas même un immanquable, un album que vous avez forcément déjà... Non ?

1. Taxman 2:39
2. Eleanor Rigby 2:06
3. I'm Only Sleeping 3:00
4. Love You To 2:59
5. Here, There and Everywhere 2:25
6. Yellow Submarine 2:41
7. She Said She Said 2:37
8. Good Day Sunshine 2:08
9. And Your Bird Can Sing 2:00
10. For No One 2:00
11. Doctor Robert 2:14
12. I Want to Tell You 2:29
13. Got to Get You into My Life 2:29
14. Tomorrow Never Knows 2:57

John Lennon– lead, harmony and backing vocals; rhythm and acoustic guitars; Hammond organ, harmonium; tape loops, sound effects; tambourine, handclaps, finger snaps
Paul McCartney– lead, harmony and backing vocals; bass, acoustic and lead guitars; piano, clavichord; tape loops, sound effects; handclaps, finger snaps
George Harrison– lead, harmony and backing vocals; lead, acoustic, rhythm and bass guitars; sitar, tambura; tape loops, sound effects; maracas, tambourine, handclaps, finger snaps
Ringo Starr– drums; tambourine, maracas, cowbell, shaker, handclaps, finger snaps; tape loops; lead vocals on "Yellow Submarine"
&
Anil Bhagwat– tabla on "Love You To"
Alan Civil– French horn on "For No One"
George Martin– producer; mixing engineer; piano on "Good Day Sunshine" and "Tomorrow Never Knows"; Hammond organ on "Got to Get You into My Life"; tape loops of the marching band on "Yellow Submarine"
Geoff Emerick– recording and mixing engineer; tape loops of the marching band on "Yellow Submarine"
Mal Evans– bass drum and background vocals on "Yellow Submarine"
Neil Aspinall– background vocals on "Yellow Submarine"
Brian Jones– background vocals on "Yellow Submarine"
Donovan– background vocals on "Yellow Submarine"
Pattie Boyd– background vocals on "Yellow Submarine"
Marianne Faithfull– background vocals on "Yellow Submarine"
Tony Gilbert, Sidney Sax, John Sharpe, Jurgen Hess– violins; Stephen Shingles, John Underwood– violas; Derek Simpson, Norman Jones– cellos: string octet on "Eleanor Rigby", orchestrated and conducted by George Martin with Paul McCartney
Eddie Thornton, Ian Hamer, Les Condon – trumpet; Peter Coe, Alan Branscombe– tenor saxophone: horn section on "Got To Get You Into My Life" orchestrated and conducted by George Martin with Paul McCartney

THE BEATLES

SePTeMBRe
Bert Jansch "Jack Orion"
ou "Folkboy"

Si ses deux premiers albums avaient étalé sa jolie plume sur des albums devant tout de même beaucoup aux chansons traditionnelles qui l'avaient tant influencé, sur Jack Orion, Bert Jansch décide carrément de s'attaquer au "répertoire", grand bien lui fasse, c'est tout à notre bénéfice. D'autant que John Renbourn, son futur partenaire en duo mais aussi dans l'excellent Pentangle, le rejoint sur quatre sélections. Alors, forcément, l'instrumentation est minimaliste, guitare, banjo et voix, rien de plus, mais comme le monsieur est un précieux virtuose, de ceux qui savent ne jamais trop en faire, que les morceaux choisis sont non seulement bons mais excellemment menés, que ce soient de crépitants instrumentaux comme The Waggoner's Lad et Henry Martin, de plaisants jeux d'arpèges comme le délicat The First Time Ever I Saw Your Face, ou de belles chansons anciennes que Jansch ne cherche surtout pas à moderniser (le reste de l'opus), l'album satisfera l'amateur de folk désossée, dégraissée et fait de ce troisième album d'une carrière que l'on conseille fortement d'explorer, une jolie réussite d'album "feu de camp" chaudement recommandé.

1. The Waggoner's Lad 3:32
2. The First Time Ever I Saw Your Face 1:45
3. Jack Orion 9:50
4. The Gardener 1:40
5. Nottamun Town 4:30
6. Henry Martin 3:17
7. Blackwaterside 3:49
8. Pretty Polly 4:07

Bert Jansch - vocals, guitar, banjo
&
John Renbourn - guitar

BERT JANSCH

oCToBRe
The Kinks "Face to Face"
ou "In Your Face"

C'est une période troublée pour le groupe des frères Davis. Entre un Pete Quaife qui se blesse, démissionne puis revient, l'état d'épuisement mental et physique de Ray, des tracas légaux qui continuer de perturber l'ambiance, et encore et toujours des rapports difficiles entre deux frères pas encore énemis mais le germe est planté... Et de tout ça découle Face to Face, sont forts ces Kinks ! Parce que si le coup d'avant, The Kink Kontroversy, avait montré un groupe en pleine expansion stylistique et réel affinage d'écriture, Face to Face fait plus qu'enfoncer le clou, il cloue carrément le bec à toute la concurrence britannique (ou presque, seuls quatre fabuleux résistent encore et toujours à l'envahisseur kinksien) en sortant un des tous meilleurs albums de 1966 (où il y a pourtant matière) tous genres confondus. La recette de cette réussite ? Ne surtout pas céder à la mode, les Kinks sont une des très rares formations qui ne cèdera pas à la hype psychédélique, et continuer de creuser le même sillon d'une pop rock plus fondamentalement anglaise que la moyenne où le sucre et l'acide se marient pour le meilleur. Et des mélodies, toutes plus irrésistibles les unes que les autres avec des arrangements fins mais allant à l'essentiel (on est loin des déluges de musiciens de studio des récents albums des Beatles, par exemple, ici seul le précieux Nicky Hopkins pose vraiment son empreinte) et, évidemment, toujours la plume, plus acerbe que jamais puisque acérée par la pratique, d'un Ray Davis par encore au sommet de son art mais vraiment plus très loin. Et tout ça en 14 petites chansons et 40 trop courtes minutes, une perfection d'album rock et pop, très anglais mais à portée universelle, avec des tubes (Sunny Afternoon et Dandy) mais surtout une emballage global, pas un titre qui déçoive même quand c'est le petit frère (Dave) qui chante, qui laisse béat d'admiration pour le plus grand des groupes qu'on oublie trop souvent dans les palmarès rétrospectifs. Et dire que le meilleur est encore à venir ! Énorme, c'est le mot !

1. Party Line 2:35
2. Rosie Won't You Please Come Home 2:34
3. Dandy 2:12
4. Too Much on My Mind 2:28
5. Session Man 2:14
6. Rainy Day in June 3:10
7. A House in the Country 3:03
8. Holiday in Waikiki 2:52
9. Most Exclusive Residence for Sale 2:48
10. Fancy 2:30
11. Little Miss Queen of Darkness 3:16
12. You're Lookin' Fine 2:46
13. Sunny Afternoon 3:36
14. I'll Remember 2:27

Ray Davies– lead vocals, rhythm guitar, mellotron
Dave Davies– lead guitar, backing vocals, lead vocals on "Party Line", "You're Lookin' Fine"
Pete Quaife– bass guitar, backing vocals
Mick Avory– drums, percussion
&
John Dalton– bass guitar on "Little Miss Queen of Darkness"
Nicky Hopkins– keyboards, piano, harmonium on "Sunny Afternoon"
Rasa Davies– backing vocals on "Sunny Afternoon", "Session Man" and "Rainy Day in June"


THE KINKS

NoVeMBRe
The 13th Floor Elevators "The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators"
ou "L'ascenseur fou"

Ceux qui pensèrent avoir écouté quelques mois plus tôt, en février (l'Ascension de Coltrane) ou juin (le Freak Out! de Zappa), l'album le plus fou qu'ils leur aient été donné l'occasion de dénicher, se dirent que, décidément, 1966 était une année vraiment à part dans le monde de la musique, tellement à part qu'elle introduisait présentement le premier joueur de cruche électrique (!), un dénommé Tommy Hall membre des texans de The 13th Floor Elevators menés par un certain Roky Erickson... Pas que la musique de ces 5 zozos soit fondamentalement novatrice ou complexe, avec un cocktail combinant blues, rock (souvent garage) et folk ces gars-là n'inventent rien. Chez eux, c'est l'habillage, la façon qui change tout, ce côté "je-m’en-foutiste", cette freak attitude qui fait de chansons à la base normales (Splash 1 est une belle ballade, You're Gonna Miss Me du bon garage rock, Roller Coaster un rock bluesy plus que compétent, etc.) d'étranges odyssées psychédéliques. Évidemment, la cruche électrique de Hall n'y est pas pour rien mais c'est, surtout, la performance d'Erikson (qui, dit-on, aurait grandement influencé Robert Plant) et de Stacy Sutherland (le six-cordiste soliste de la formation, dont tous les psyché-guitaristes s'inspireront) qui font la différence. Bref, l'album est désormais inscrit au panthéon des œuvres qui comptent quelque soit leur qualité intrinsèque (elle est très belle ici) parce que, sans doute, rien n'aurait été tout à fait pareil sans elles. Et ce n'est pas cette version aux généreux bonus (l'album mono, son  pendant stéréo et quelques mixes alternatifs) qui l'infirmera, The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators est un album que tout amateur de rock musique qui se respecte se doit de posséder, parce qu'il est excellent, parce qu'il est important... Obligatoire !

CD 1 - Original MonoAlbum
1. You're Gonna Miss Me 2:24
2. Roller Coaster 5:00
3. Splash 1 (Now I'm Home) 3:50
4. Reverberation 2:46
5. Don't Fall Down 3:00
6. Fire Engine 3:22
7. Thru the Rhythm 3:05
8. You Don't Know 2:38
9. Kingdom of Heaven 3:05
10. Monkey Island 2:38
11. Tried to Hide 2:43

CD 2 - Original 1966 Stereo Mix 
1. You Don't Know (How Young You Are) 2:58
2. Through The Rhythm 3:08
3. Monkey Island 2:38
4. Roller Coaster 5:05
5. Fire Engine 3:20
6. Reverberation 2:48
7. Tried To Hide 2:47
8. You're Gonna Miss Me 2:31
9. Splash 1 3:53
10. Don't Fall Down 3:00
11. Kingdom Of Heaven 3:08
Bob Sullivan's Original Stereo Desk Mix 
12. Fire Engine 3:21
13. Monkey Island 2:44
14. Roller Coaster 5:04
15. Thru The Rhythm 3:03
16. Tried To Hide 2:52

Roky Erickson: Vocals, rhythm guitar
Stacy Sutherland: Lead guitar
Tommy Hall: Amplified jug
John Ike Walton: Drums, percussion

Ronnie Leatherman: Bass (2, 4-11)
&
Benny Thurman: Bass (1, 3)

THE 13TH FLOOR ELEVATORS

DéCeMBRe
Buffalo Springfield "Buffalo Springfield"
ou "Sweet Beginnings"

Il n'y aurait que la rencontre entre Neil Young et Stephen Stills, avec le destin commun et séparé que l'on sait, qu'on noterait tout de même l'importance historique de l'inaugural long-jeu de Buffalo Springfield, aimable formation folk rock nord-américaine, mais il y a la musique. Une musique forgée lors de nombreux concerts (dont sept semaines consécutives au fameux Whisky a Go Go) permettant à ces jeunes pousses d'affirmer, déjà, un style et un répertoire entièrement original, ce qui est assez rare à l'époque pour qu'on le précise. Bref, ayant décroché un contrat avec Atlantic, les cinq larrons partent en studio où, sous la tutelle de leur deux managers, Charles Greene et Brian Stone, dont on entend hélas le peu d'expérience en la matière, ils couchent amoureusement sur bande les résultats de leur dur labeur débutant. Clairement, avec sept titres pour Stills et cinq pour Young, les deux leaders créatifs de la formation sont déjà bien définis mais il manque quelque chose pour que l'album décolle, trouve enfin son public. De fait, il faudra une seconde édition (où l'essentiel For What It's Worth, sur les exactions policières contre la jeunesse du Sunset Strip venu protester de la fermeture d'un night-club, remplace l'accessoire Baby Don't Scold Me et prend même la position introductrice de la galette) pour que la mayonnaise prenne vraiment. Et le reste, comme on dit, is history... Sauf qu'il faut préciser que l'arbre, For What It's Worth donc, ne fait que cacher la belle forêt que Go and Say Goodbye est un enjoué et sympathique folk rock, que Nowadays Clancy Can't Even Sing est un bel exemple de l'écriture de jeunesse de Mister Young, que Do I Have to Come Right Out and Say It ouvre déjà la voie à la future association de messieurs Young et Stills avec messieurs Crosby et Nash, que Leave nous propose un Young bien possédé et forcément reconnaissable à la six-cordes électrique... Fondateur donc, ce Buffalo Springfield premier auquel on ne peut, en vérité, que reprocher sa mise en son franchement pas au niveau d'une épatante collection de chansons, ça en amoindrit forcément un peu le plaisir mais pas suffisamment pour qu'on ne recommande pas ces doux débuts réussis.

1. For What It's Worth 2:37
2. Go and Say Goodbye 2:23
3. Sit Down, I Think I Love You 2:34
4. Nowadays Clancy Can't Even Sing 3:28
5. Hot Dusty Roads 2:51
6. Everybody's Wrong 2:29
7. Flying on the Ground Is Wrong 2:40
8. Burned 2:18
9. Do I Have to Come Right Out and Say It 3:06
10. Leave 2:45
11. Out of My Mind 3:09
12. Pay the Price 2:36

Richie Furay - rhythm guitar, lead and backing vocals
Dewey Martin - drums, backing vocals
Bruce Palmer - bass guitar
Stephen Stills - lead guitar, lead and backing vocals, keyboards
Neil Young - lead guitar, lead and backing vocals, harmonica, piano

BUFFALO SPRINGFIELD

The 27 Club V1: Les Sept Piliers (A-List)

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C'est un club duquel les membres se seraient bien passés de faire partie, un club qui ne réunit pas que les légendes ici proposées (on y reviendra) et connut sa démarrage culte avec les disparitions rapprochées de quatre des 7 piliers du mythe. Et donc, voici, volume 1, celui de célébrités dont le sort nous aura privé de plus de merveilles, hélas.

RoBeRT JoHNSoN
Robert Johnson "The Complete Recordings: The Centennial Collection" (2011)
ou "Mystery Blue"

Une révélation ! On savait déjà tout le bien qu'il fallait penser de Robert Johnson et, à l'écoute, on se rendait bien compte qu'il s'agissait là d'un bluesman important, d'un fin guitariste aussi qui continue d'agiter les musicologues de tous crins sur un prétendu impossible autodidactisme, d'un absolu à qui veut découvrir la note bleue en fin, mais, parce qu'il y a un mais, le grésillement d'enregistrements d'un autre temps gâchait un peu le plaisir... Et puis la Centennial Colection, une révélation ! Parce qu'ici, enfin !, on peut entendre toutes les finesses de six-cordiste du diable d'homme, parce que sa voix est restaurée comme jamais et vous file de ces frissons, j'vous dit pas ! Après, évidemment, comme tout le catalogue de Robert Johnson appartient au grands classique du genre (Sweet Home Chicago, Come On in My Kitchen, Ramblin' on My Mind, Crossroad Blues ou Traveling Riverside Blues un peu plus que les autres) c'est forcément une délectation de tous les instants. Qu'on se le dise cependant, ce n'est toujours pas une version hi-fi, sans doute impossible à atteindre avec des sources si anciennes et compromises, mais une remise en son suffisamment notable et magistrale pour qu'on félicite les talentueux ingénieurs du son responsables du prodige, et qu'on conseille, sans même avoir à y réfléchir, la Centennial Edition des Complete Recordings de l'Homme qui aurait fait un pacte avec le Diable, à tous donc même à ceux qui ont déjà sa devancière. Oui, c'est à ce point !

CD 1
San Antonio Recordings
1. Kind Hearted Woman Blues 2:52
2. I Believe I'll Dust My Broom 2:59
3. Sweet Home Chicago 2:58
4. Ramblin' On My Mind 2:22
5. When You Got A Good Friend 2:37
6. Come On In My Kitchen 2:44
7. Terraplane Blues 3:00
8. Phonograph Blues 2:40
9. 32-20 Blues 2:50
10. They're Red Hot 2:58
11. Dead Shrimp Blues 2:31
12. Cross Road Blues 2:40
13. Walkin' Blues 2:30
14. Last Fair Deal Gone Down 2:38
15. Preachin' Blues (Up Jumped The Devil) 2:51
16. If I Had Possession Over Judgement Day 2:35
Alternates
17. Kind Hearted Woman Blues 2:30
18. Ramblin' On My Mind 2:51
19. When You Got A Good Friend 2:52
20. Come On In My Kitchen 2:52
21. Phonograph Blues 2:33
22. Cross Road Blues 2:32

CD 2
Dallas Recordings
1. Stones In My Passway 2:29
2. Steady Rollin' Man 2:37
3. From Four Until Late 2:24
4. Hell Hound On My Trail 2:37
5. Little Queen Of Spades 2:13
6. Malted Milk 2:22
7. Drunken Hearted Man 2:29
8. Me And The Devil Blues 2:35
9. Stop Breakin' Down Blues 2:23
10. Traveling Riverside Blues 2:40
11. Honeymoon Blues 2:18
12. Love In Vain Blues 2:18
13. Milkcow's Calf Blues 2:21
Alternates
14. Little Queen Of Spades 2:20
15. Drunken Hearted Man 2:27
16. Me And The Devil Blues 2:33
17. Stop Breakin' Down Blues 2:18
18. Traveling Riverside Blues 2:53
19. Love In Vain Blues 2:26
20. Milkcow's Calf Blues 2:18

Robert Johnson - vocals, guitar (08/05/1911-16/08/1938)

ROBERT JOHNSON

BRiaN JoNeS
The Rolling Stones "Between the Buttons" (1967)
ou "Stones' Transition"

Controversé à sa sortie par une critique y voyant une sorte de renoncement, de compromis parce qu'il tendait vers un psychédélisme alors très en vue ou une écriture pop supra-efficace rappelant les Beatles ou les Kinks, Between the Buttons reste une manne pour ceux que les tubes des Rolling Stones fatiguent à force de trop les avoir entendus.Pour la petite histoire, et comme c'était la coutume pour nos Pierres-Qui-Roulent dans ces swinging sixties, Between the Buttons existe en deux éditions : l'américaine, comprenant les deux singles Let's Spend the Night Together et Ruby Tuesday et l'anglaise, la vraie version, sans les deux précités mais avec Back Street Girl et Please Go Home que l'audience étasunienne ne retrouvera que sur la compilation Flowers (incluant en fait une série de chansons omises par les éditions US des précédents albums du groupe).Enregistré entre les Etats-Unis et l'Angleterre, et entre Août et Octobre 1966, comme d'habitude sous le patronage de leur producteur/manager attitré, Andrew Loog Oldham, Between the Buttons voit s'effacer l'énergie primale, le ton de « sales gosses bluesants » qui caractérisait alors les Rolling Stones pour quelque chose de plus travaillé, plus mesuré. Concrètement, pas aussi essentiel qu'un Aftermath ou Out Of Our Heads (les deux qui le précèdent), Between the Buttons n'est pas non plus le ratage que certains décrivent. Déjà parce qu'un Brian Jones - de moins en moins guitariste - y instille moult instruments inattendus dans un album de la formation (accordéon, vibraphone, theremin, etc.) pour un effet plutôt convaincant. Ensuite, parce que les compositions, si elles ne deviendront jamais des piliers des set-lists du groupe (la faute à des Stones trop opportunistes et routiniers ?), sont toutes réussies. Certes, Jagger, Richards & Co poussent parfois un peu loin le bouchon, c'est notamment le cas sur le vaudevillesque Cool Calm and Collected ou le jazzy Something Happened to Me Yesterday qui restent cependant deux chansons tout à fait écoutables même si, s'éloignant sans doute trop des préoccupations habituelles du quintet, convainquent moins.Sans doute pas essentiel, sauf à vouloir mieux comprendre l'évolution des Rolling Stones, Between the Buttons est un album plus qu'honorable où une formation désormais installée et célébrée s'essaye à autre chose et le réussit souvent. Ce n'est déjà pas si mal.

1. Yesterday's Papers 2:04
2. My Obsession 3:17
3. Back Street Girl 3:27
4. Connection 2:08
5. She Smiled Sweetly 2:44
6. Cool, Calm & Collected 4:17
7. All Sold Out 2:17
8. Please Go Home 3:17
9. Who's Been Sleeping Here? 3:55
10. Complicated 3:15
11. Miss Amanda Jones 2:48
12. Something Happened to Me Yesterday 4:55

Mick Jagger: chant, choeurs, harmonica ("Cool, Calm, Collected"), percussions
Keith Richards: guitare, choeurs, bass guitar, piano, orgue et contrebasse, chant ("Connection,""My Obsession" et "Something Happened To Me Yesterday")
Brian Jones: orgue, vibraphone, glockenspiel, accordéon, harmonica ("Who's Been Sleeping Here?"), flute, percussions, kazoo, theremin, saxophone, dulcimer, harpsichord, guitare, piano, choeurs (28/02/1942-03/07/1969)
Charlie Watts: batterie, percussione
Bill Wyman: basse, percussione, contrebasse, choeurs
&
Jack Nitzsche: piano, harpsichord, percussions
Ian Stewart: piano, orgue
Nick DeCaro– accordéon
Uncredited musicians - brass and strings ("Something Happened to Me Yesterday")

BRIAN JONES

JiMi HeNDRiX
Jimi Hendrix Experience "Are You Experienced" (1967)
ou "Introducing"

Que dire qui n'ait pas encore été écrit sur le monument inaugural de la trop brève carrière de James Marshall Hendrix et des deux petits anglais que Chas Chandler a déniché pour l'accompagner (pas facile, il faut de la souplesse pour suivre le félin guitariste/chanteur), cet Are You Experienced à raison légendaire ? Que dire de ce jeune black d'à peine 23 ans qui, débarqué dans les swinging sixties londoniennes, changea à tout jamais le monde de la musique ? Évidemment, si on prend les deux versions originales de l'album (celle dévolue au Monde et celle que les ricains, qui ne peuvent jamais rien faire comme tout le monde), il manque d'énormes classiques, surtout sur la version internationale où, tout de même !, Purple Haze, Hey Joe et The Wind Cries Mary ! Carrément ! Heureusement, les éditions récentes, depuis 1997 et la première génération des remasters, sauf si, fétichiste dans l'âme, vous choisissez spécifiquement la réédition d'une des deux éditions incomplètes, c'est un gros opus de 17 titres où sont réunies toutes les chansons apparaissant dans l'une ou l'autre, ouf ! Pour ajouter au bordel, on précisera que l'album connut aussi deux pochettes desquelles l'américaine (la photo ronde et son tour jaune) est assurément la plus laide... Bref, l'important est ailleurs, dans ce hard rock blues psychédélique alors unique en son genre mais qui ne tardera pas à en inspirer de nombreux. Bien-sûr, la formule du power trio en base blues qui psychédélise le répertoire n'est pas une exacte nouveauté, Cream a déjà fait le coup quelques mois plus tôt mais, élément ô combien déterminant et absolument indéniable, là où Clapton est un finalement sage disciple, Hendrix explose tout, ose tout et, surtout !, réussit tout. Et puis ses chansons sont meilleures, ça swingue plus, c'est plus sensuel... Pour les chansons, pas besoin de faire le menu, il suffit de jouer la chose pour ce rendre compte que, près d'un demi-siècle plus tard, ça tient encore furieusement bien la route et, encore mieux, en ces temps où tous les revivalismes semblent coexister, c'est encore et toujours d'une brûlante actualité. Bref, vous voyez, quand on parle d'un pareil album, d'une œuvre universellement louée pour sa qualité et son importance, on est toujours un peu dans le lieu commun, aussi, puisque nous y sommes, osons-en un de plus : Are You Experienced est un essentiel à toute collection rock qui se respecte, si vous l'avez raté (comment est-ce possible ?) il vous le faut, là, maintenant, tout de suite !

1. Hey Joe 3:33
2. Stone Free 3:29
3. Purple Haze 2:54
4. 51st Anniversary 3:18
5. The Wind Cries Mary 3:24
6. Highway Chile 3:35
7. Foxy Lady 3:22
8. Manic Depression 3:46
9. Red House 3:44
10. Can You See Me 2:35
11. Love or Confusion 3:17
12. I Don't Live Today 3:58
13. May This Be Love 3:14
14. Fire 2:47
15. Third Stone from the Sun 6:50
16. Remember 2:53
17. Are You Experienced? 4:17

Jimi Hendrix— vocals, guitars (27/11/1942-18/09/1970)
Noel Redding— bass; backing vocals on "Foxy Lady,""Fire," and "Purple Haze"
Mitch Mitchell — drums; backing vocals on "I Don't Live Today" and "Stone Free"
&
The Breakaways— backing vocals on "Hey Joe"

JIMI HENDRIX

JaNiS JoPLiN
Big Brother and the Holding Company "Cheap Thrills" (1968)
ou "JJ's Magic"

Leur premier album sur l'indépendant Mainstream Records avait été largement handicapé par un minuscule budget et une production approximative empêchant une formation de blues psychédélique prometteuse de livrer la pleine mesure de leur talent. Un an plus tard, et après une très remarquée performance au Monterey Pop Festival, arrive un Cheap Thrills, album soutenu qu'ils sont par la major company Columbia et produit par un John Simon ayant fait ses preuves auprès du jazzman Charles Lloyd ou du folkeux canadien Leonard Cohen, une toute autre histoire en vérité, un vrai morceau de la légende de la pop music, aussi.Effectivement, présenté plus ou moins comme un live mais, en fait, enregistré en grande partie en studio (avec la notable exception de Ball & Chain provenant d'un concert au Winterland Ballroom), c'est une parfaite représentation du blues jammy et psychédélisant de du Big Brother avec, évidemment, une Janis impériale en indéniable cerise sur le gâteau. Le terreau sur lequel a poussé cette sauvage fleur électrique est évidemment blues mais le groupe, totalement dans le zeitgeist du flower power San-franciscain, pousse l'enveloppe de la vieille musique vers une freak-attitude absolument de son temps. Porté par deux morceaux phares (la passionnée reprise du Summertime du Porgy & Bess de George et Ira Gershwin et la puissante transformation d'une chanson soul un poil plan-plan en blues/rock électrique de Piece of My Heart), l'album connaîtra un énorme succès s'incrustant durablement, 8 semaines consécutives, à la tête des charts étatsuniens, ce qui n'était, à l'écoute du séminal ensemble, que justice parce que, franchement, quelle fête mes aïeux, quelle chanteuse, et quel parfait groupe pour l'accompagner dans ses éraillées vocalises ! Janis quittera bientôt ses partenaires pour se lancer dans une trop courte carrière solitaire pour les funestes raisons que vous connaissez tous. Le groupe, de son côté, tentera de survivre sans son emblématique figure de proue. Las, ni l'une (même si ses deux albums sont toujours recommandables, particulièrement l'hélas posthume Pearl), ni le groupe (qui reviendra, après une courte séparation, pour une paire d'album pas franchement affolants menés par un nouveau line-up où le trou béant laissé pas Joplin est évident), ne sauront tout à fait reproduire l'exploit. Reste cette galette magique, ce trip multicolore à dominante de bleu, typique de son époque et pourtant toujours d'une brûlante actualité, une œuvre plus que recommandée, obligatoire à la collection de tout amateur de rock/blues qui se respecte.

1. Combination of the Two 5:47
2. I Need a Man to Love 4:54
3. Summertime 4:01
4. Piece of My Heart 4:15
5. Turtle Blues 4:22
6. Oh, Sweet Mary 4:16
7. Ball and Chain 9:02
Bonus
8. Roadblock (Studio outtake) 5:31
9. Flower in the Sun (Studio outtake) 3:04
10. Catch Me Daddy (Live) 5:32
11. Magic of Love (Live) 3:58

Janis Joplin - vocals (19/01/1943-04/10/1970)
Sam Andrew - guitar, bass, vocals
James Gurley - guitar
Peter Albin - bass, guitar
Dave Getz - drums
&
John Simon - piano, Producer

JANIS JOPLIN

JiM MoRRiSoN
The Doors "L.A. Woman" (1971)
ou "FLW"

Cela va sans dire mais il ne coûte rien de le rappeler, L.A. Woman, ultime opus des (vrais) Doors, avec Morrison donc, est un exceptionnel album où, pour la dernière fois, un des groupes les plus importants de la seconde moitié des années soixante délivre une performance ô combien recommandable en se repliant, à quelques exceptions près, sur les bases blues qui les virent débuter en 1965.Et les classiques n'y manquent pas ! D'un Changeling bluesy et entrainant à souhait au jazzy, psychédélique et habité Riders on the Storm, descendant non-officiel de The End diront certains, les raisons de s'enthousiasmer pour le répertoire, et donc de se désespérer de son caractère final, sont aussi nombreuses que le nombre de pistes. Il faut dire que les Doors, séparés de leur producteur historique, Paul A. Rothchild, se sont ici épris d'une liberté nouvellement acquise et se laissent aller à simplement jouer ce qui leur fait envie en ne se souciant que peu (voire pas) de répercussions commerciales que ceci aura. Précisons aussi qu'enregistré live en studio, à l'exception de quelques overdubs de claviers, l'album s'offre sans fard, dans le plus simple appareil musical... Et qu'est-ce que c'est bon ! Ceci dit, le sel de cette édition 40ème anniversaire, s'il vaut pour l'album d'origine ici joliment remastérisé (à partir du mix de 1971), tient aussi dans les nombreuses outtakes et quelques raretés du Cd, matériau inédit à destination de ceux qui en veulent toujours plus et qui, pour le coup, ont largement de quoi se réjouir. En l'occurrence, si les versions ne sont pas dramatiquement différentes de celles qui finiront sur l'album, elles permettent d'entendre les Doors tester d'autres configurations, des idées qui ne seront finalement pas retenues et qui valent autant pour leur valeur musicale qu'historique permettant à l'auditeur de mieux comprendre le processus créatif d'un groupe hors du commun et d'apprécier comme il se doit leurs dernières sessions.En résumé, chaudement conseillé à ceux qui n'auraient encore eu l'avantage d'y poser l'oreille, L.A. Woman 40th Anniversary Edition, attirera aussi ceux qui l'ont usé à force de trop l'écouter. Un album indispensable à quiconque aime le rock.

1. The Changeling 4:21
2. Love Her Madly 3:20
3. Been Down So Long 4:41
4. Cars Hiss by My Window 4:12
5. L.A. Woman 7:49
6. L'America 4:37
7. Hyacinth House 3:11
8. Crawling King Snake 5:00
9. The WASP (Texas Radio and the Big Beat) 4:16
10. Riders on the Storm 7:09
Bonus
11. Orange County Suite 5:45
12. (You Need Meat) Don't Go No Further 3:41

Bonus Disc
1. The Changeling (Alternate Version) 4:45
2. Love Her Madly (Alternate Version) 3:59
3. Cars Hiss by My Window (Alternate Version) 4:42
4. L.A. Woman (Alternate Version) 8:50
5. The WASP (Texas Radio and the Big Beat) (Alternate Version) 5:37
6. Been Down So Long (Alternate Version) 4:53
7. Riders on the Storm (Alternate Version) 9:11
8. She Smells So Nice 4:41
9. Rock Me 4:30

Jim Morrison: chant (08/12/1941-03/07/1971)
Bobby Krieger: guitare
Ray Manzarek: piano, orgue
John Densmore: batterie
&
Jerry Scheff: basse
Marc Benno: guitare rythmique

JIM MORRISON


KuRT CoBaiN
Nirvana "Bleach" (1989)
ou "Au Commencement..."

Si Nevermind sera l'explosion commerciale et l'affirmation d'une nouvelle scène destinée à "tuer" ces années 80 sur-gonflées au fric et à la frime, c'est bel et bien avec Bleach, sur le label chez qui tout commença, Sub Pop, que la toute la première banderille est plantée, peut-être la toute meilleure création du Nirvana de Kurt Cobain... Parce que si Nevermind est l'impressionnante machine à charts que nous connaissons, un album qui doit beaucoup à la cohérence que lui a insufflé son producteur, le futur Garbage Butch Vig, c'est bien sur Bleach que toute la sève, toute la substance d'un trio revenant aux fondamentaux d'un (punk) rock qu'on a trop domestiqué et qui retrouve, de fait, toutes les griffes nécessaires à une juste excitation post-adolescente, mais pas illettrée pour autant. Parce qu'il est indéniable que ces trois-là, leur leader et principal compositeur en particulier, Kurt Cobain bien sûr, on une vraie culture de la musique qu'ils revisitent, une musique qui a beaucoup à voir avec certains Stooges, certains MC5 et même, moins loin d'eux que ça, d'Hüsker Dü et de Sonic Youth. Et donc présentement, sans Dave Grohl qui arrivera plus tard, sous la direction du légendaire Jack Endino, Nirvana balance sa première salve de bombes électriques avec, en ouverture typique (tout Nirvana y est ou presque) un Blew triste et colérique particulièrement bien senti bientôt suivi d'un Floyd the Barber qui doit beaucoup aux Melvins (une influence assumée de Kurt), d'un About a Girl qui montre que ces gars-là s'y entendent aussi pour pondre de la petite chanson pop désabusée, d'une reprise de Shocking Blueénergétiquement exécutée (l'orientalisant Love Buzz), d'un Negative Creep hautement colérique et du coup très impressionnant de rageuse dépression, d'un Sifting rampant, lourd et menaçant, ou d'un Big Cheese, seule composition partagée par Cobain avec son bassiste, Krist Novolesic, bruyant, maladif et pourtant distrayant... Et le reste n'est pas non plus, aussi ! Parce qu'il est indiscipliné, cru, direct, et d'une sincérité qu'il est impossible de contester, parce qu'il n'est pas de ceux qui brossent l'auditeur dans le sens du poil mais pas plus de ceux qui le violentent avec un plaisir sadique, parce qu'il est un des détonateurs d'une résurgence rock primale nécessaire, Bleach est un immanquable, tout simplement.

1. Blew 2:55
2. Floyd the Barber 2:18
3. About a Girl 2:48
4. School 2:42
5. Love Buzz 3:35
6. Paper Cuts 4:06
7. Negative Creep 2:56
8. Scoff 4:10
9. Swap Meet 3:03
10. Mr. Moustache 3:24
11. Sifting 5:22
12. Big Cheese 3:42
13. Downer 1:43

Kurt Cobain - vocals, guitar (20/02/1967-05/04/1994)
Krist Novoselic - bass
Chad Channing - drums
&
Dale Crover - drums on "Floyd the Barber", "Paper Cuts", and "Downer"

KURT COBAIN

aMy WiNeHouSe
Amy Winehouse "Frank" (2003)
ou "Shooting Star"

Alors ? Amy Winehouse ? Une grande artiste au destin brisé ? Une junkie de plus qui n'aura pas tenu la distance, pas su "tenir son acte" (c'est vrai, la bio de Keith Richards n'était pas encore sortie...) ? Un peu des deux, forcément, sauf que, saupoudré à l'ère médiatique, la déchéance d'une bonne chanteuse de soul ne fut que plus marquante... Présentement, en 2003, Amy n'a que 20 ans mais déjà quelque expérience, elle qui vocalisa au sein du National Youth Jazz Orchesta, a été "développée" par un management persuadé de tenir là la perle rare, et a participé, hors de toute pression de quelque label que ce soit, à la création et à l’enregistrement d'un album quasi livré "clé en main"à Island Records. Bon, on sait qu'Amy désavoua la galette qu'elle avouait pourtant, dans le même temps, concédait n'avoir jamais écouté dans son entièreté... Et c'est bien dommage parce qu'il tient bien la route, ce Frank, titre choisi parce que les paroles d'Amy sont franches et qu'elle cite volontiers Sinatra dans ses influences, un peu brouillon peut-être, pas aussi parfait qu'un album de soul américaine contemporain sans doute, mais tellement plus charmant, tellement plus humain. Parce que les failles d'Amy, avec le funeste destin que l'on sait, sont aussi, certainement, ce qui fait sa force de distante petite cousine blanche de Billie Holiday, jusque dans l'autodestruction rageuse par cause de malheur. Évidemment, on n'ira pas comparer l'une avec l'autre ne serait-ce que parce qu'aux 25 ans de carrière et foultitude d'enregistrements de l'une on n'a que les 7 ans, deux albums et quelques collaborations de l'autre, pas de quoi comparer, et un contexte tellement différent aussi, sans parler du style... Parce que si des traces des influences jazz d'Amy subsistent sur la galette, c'est heureux !, c'est clairement le rhythm'n'blues qui mène le bal mais, donc, pas de ces r'n'b froids et digitaux dont sont friandes les bandes FM dégoulinantes de beats stéréotypés, quelque chose de plus organique, de plus "sang, sueur et sang", modernisé juste ce qu'il faut pour agréer avec la nouvelle génération, pas assez pour s'aliéner les puristes, un bel exercice d'équilibriste rétro-moderniste en somme. Et mené par une voix, une vraie, de celles qu'on aime ou qu'on déteste mais qu'on reconnait immédiatement, loin du méchant formatage encore. Et voilà donc, l'album des promesses brisées, le premier des deux jolis opus officiels d'une Miss Winehouse disparue trop tôt... Mon préféré des deux parce que cette innocence, ce charme débutant... Épatant !

1. Intro/Stronger Than Me 3:54
2. You Sent Me Flying/Cherry 6:50
3. Fuck Me Pumps 3:20
4. I Heard Love Is Blind 2:10
5. (There Is) No Greater Love/Teo Licks 2:08
6. In My Bed 5:17
7. Take the Box 3:20
8. October Song 3:24
9. What Is It About Men 3:29
10. Help Yourself 5:01
11. Amy Amy Amy/Outro/Moody's Mood for Love/Know You Now 11:03

Amy Winehouse– vocals, guitar (14/09/1983-23/07/2011)
21st Century Jazz – accompaniment
John Adams– organ, Rhodes
Robert Aaron– flute, saxophone
Teodross Avery– saxophone
Ian Barter– guitar
Rudy Bird – percussion, shaker
Errol Campbell – drums, percussion
Wilburn "Squiddley" Cole – drums
Commissioner Gordon– drums, effects, percussion, programming, turntables
Delroy "Chris" Cooper– bass
Tanya Darby– trumpet
Jeni Fujita– backing vocals
Vincent Henry– alto flute, alto saxophone, baritone saxophone, flute, tenor saxophone
Jimmy Hogarth– bass, drums, guitar, percussion, programming
Felix Howard – backing vocals
Stafford Hunter– trombone
Timothy Hutton– horn
Donovan Jackson– keyboards, organ, Rhodes
Gregory Jackson– bass
Bruce Purse– baritone horn, bass trumpet, flugelhorn, trumpet
Salaam Remi– drum programming, drums, electric bass, electric upright bass, organ, percussion
Matt Rowe – backing vocals, trumpet
Jeremy Shaw– guitar
Stefan Skarbek– backing vocals, trumpet
Martin Slattery– Hammond organ, horn, Wurlitzer
Earl "Chinna" Smith – guitar
Luke Smith– bass, keyboards, piano
Lenny Underwood – keyboards, piano
Richard Wilkinson– additional drums
Troy Wilson– drums

AMY WINEHOUSE

ReNCoNTReS au SoMMeT
Brian Jones et le Sgt. Purple

Jimi, le grand frère et la petite sœur

1976 pas 12 (12 mois, 12 albums)

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Le punk n'est encore qu'un bruit assourdissant hantant les caves, le rock progressif s'essouffle mais resiste encore, le hard rock triomphe et de déjà vieilles barbes ne s'en laissent pas compter... C'est ça 1976. Enjoie !

JaNVieR
Bob Dylan "Desire"
ou "Sauvé des Eaux"

On est sur la fin de la résurgence créatrice des années 70 de Bob Dylan mais, ça, on ne le sait pas encore... Concrètement, on est sur la fin du plus bel épisode créatif d'un Dylan qu'on ne retrouvera plus à aussi belle fête qu'avec Infidels, un septennat plus tard. Ici, avec les musiciens qui l'ont accompagné lors de sa tournée de l'année précédente (la Rolling Thunder Revue), c'est un Dylan à la fois typique et libre (ou peut-être typique parce que libre, depuis qu'il s'est affranchi du carcan acoustique de la folk, 10 ans plus tôt) mais surtout très inspiré. Inspiré par un boxer sur l'excellent Hurricane (pour Hurricane Carter accusé injustement de meurtre) bien complémenté par un violon celtisant et des percussions bondissantes ou un gangster sur le verbeux et passionnant Joey (pour Joey Gallo, titre critiqué pour sa présentation trop positive faite du malfrat), en plein trip sur le loufoque country rock Isis ou le joueur Mozambique (et ses rimes en "ique"), possédé par son histoire d'amour avec Sara (la déchirante ballade de clôture mais aussi One More Cup of Coffee), inspiré par le Wild West sur le tex-mex et très réussi Romance in Durango... Oui, c'est bien un Dylan en verve lyrique que propose Desire mais aussi mélodique parce que, quel album quoi ! Il faut dire qu'il a un bon groupe aussi (le violon de Scarlet Rivera est particulièrement utile) et s'est déniché un idéal alter-égo vocal  en la personne d'Emmylou Harris. Et un alter-égo créatif avec le psychologue Jacques Levy que lui a présenté Roger McGuinn des Byrds qui participât à la création de quasi toutes les chansons (sauf Sara et One More Cup of Coffee, les plus personnelles de l'opus). Dylan avait-il vraiment besoin d'aide, quoiqu'il en soit, le résultat est là, un vrai Dylan classique, immanquable, indispensable pour tout ceux qui aiment le Zim', pas le plus cité de son répertoire d'ailleurs et, conséquemment, un opus sur lequel il n'est pas inutile de se pencher de nouveau, 40 ans après.

1. Hurricane 8:33
2. Isis 6:58
3. Mozambique 3:00
4. One More Cup of Coffee (Valley Below) 3:43
5. Oh, Sister 4:05
6. Joey 11:05
7. Romance in Durango 5:50
8. Black Diamond Bay 7:30
9. Sara 5:29

Bob Dylan– vocals, rhythm guitar, harmonica; piano on "Isis"
&
Vincent Bell
– bouzouki
Ronee Blakley– background vocals on "Hurricane"
Dominic Cortese– accordion, mandolin
Emmylou Harris– background vocals
Scarlet Rivera– violin
Luther Rix– congas on "Hurricane"
Steven Soles– background vocals on "Hurricane"
Rob Stoner– bass guitar, background vocals
Howard Wyeth– drums, piano

BOB DYLAN

FéVRieR
Ramones "Ramones"
ou "Faux Frères, Vrais Punks"

Un album enregistré à l'ancienne pour un groupe qui amorce une révolution dans le monde de la musique ? C'est l'éponyme des Ramones, un album qui inscrit le punk rock dans les annales. Bon, pour le coup, je vais faire comme les Ramones et filer droit au but car, enfin, quoi de plus bêta que les trois accords, la rythmique frénétique et simplette et ce chant qui a l'air de ne pas vraiment y être mais finalement si (c'est tout le charme de Joey que de ne pas être un vocaliste punk lambda) ? Hein ? Ben rien. Sauf que réussir ce machin là, dès le supra-accrocheur Blitzkrieg Bop, c'est pas si simple, c'est même en vérité très compliqué. Alors, à l'image de nos Shériffs à nous (qui leur doivent beaucoup mais le font tellement bien !), c'est dans un innocence, une naïveté inattendue que réside tout l'irrésistible succès de ces faux frères fameux. On se dit même que les early-Beatles ne sont parfois pas bien loin (I Wanna Be Your Boyfriend) sauf que l'agression électrique et la punkitude (dont il sont quand même un peu les inventeurs) ressurgit bientôt (Now I Wanna Sniff Some Glue) et ça fait un bien fou ! Parce que, souvenez-vous, en 1976 ce sont les dinosaures du prog rock et du heavy metal/hard rock qui domine le bal et que souvent ces messieurs, tout pétris de leur autosuffisance, ont des tendances à l'excès d'ambition. Et donc ça fait du bien d'entendre du rock qui sent la graisse de mob, le cuir rapé et la bière tiède, de la musique qu'on se dit qu'on pourra jouer aussi avec les potes (on ne pourra pas en fait, voir plus haut). 14 titres bien crus (et d'ailleurs crument enregistrés) plus loin, rallongés par des bonus, des démos, dans le remaster, qu'a-t-on ? Une bouffée d'air frais, de bonne chansons à reprendre en chœur sans trop se poser de question. Du punk rock tel que les anglais en feront bientôt mais ça c'est une autre histoire qui ne doit pas vous dévoyer de ce péché originel chaudement recommandé.

1. Blitzkrieg Bop 2:12
2. Beat on the Brat 2:30
3. Judy Is a Punk 1:30
4. I Wanna Be Your Boyfriend 2:24
5. Chain Saw 1:55
6. Now I Wanna Sniff Some Glue 1:34
7. I Don't Wanna Go Down to the Basement 2:35
8. Loudmouth 2:14
9. Havana Affair 2:00
10. Listen to My Heart 1:56
11. 53rd & 3rd 2:19
12. Let's Dance 1:51
13. I Don't Wanna Walk Around with You 1:43
14. Today Your Love, Tomorrow the World 2:09
Bonus
15. I Wanna Be Your Boyfriend (demo) 3:02
16. Judy Is a Punk (demo) 1:36
17. I Don't Care (demo) 1:55
18. I Can't Be (demo) 1:56
19. Now I Wanna Sniff Some Glue (demo) 1:42
20. I Don't Wanna Be Learned/I Don't Wanna Be Tamed (demo) 1:05
21. You Should Never Have Opened That Door (demo) 1:54
22. Blitzkrieg Bop (single version) 2:12

Joey Ramone– lead vocals
Johnny Ramone– lead guitar
Dee Dee Ramone– bass guitar, backing vocals, co-lead vocals in "53rd & 3rd" 
Tommy Ramone – drums

RAMONES

MaRS
Thin Lizzy "Jailbreak"
ou "Le Clan des Dublinois"

Le coup d'avant, ils ont trouvé leur son, cette fois, ils dévoilent leur tube (le seul, hélas), c'est, en peu de mots, ce qu'on pourrait dire du Jailbreak de Thin Lizzy... Ce serait trop court, évidemment. Parce que, présentement, c'est la tête sur le billot que le groupe enregistre son 6ème opus (le quatrième avec cette formation) puisque, suite aux très faibles ventes de leur deux précédentes livraisons, leur label, Vertigo, perd patience et décide que si, cette fois-ci, ces irlandais ne décollent pas, c'en est fait de leur contrat discographique. Et donc, cette fois, sous le parrainage d'un producteur soigneusement choisi, John Alcock, principalement connu pour ses collaborations au répertoire solo du Who quatre-cordé John Entwistle, Thin Lizzy a particulièrement réfléchi à ce qui, enfin, pourrait leur permettre de décoller usant même d'un claviériste pour mettre toutes les chances de leur côté sur le single potentiel qu'était alors Running Back. Évidemment, comme chacun sait, et malgré les réserves d'une maison de disque craignant l'aspect trop frontal du titre, c'est The Boys Are Back in Town qui permit ce démarrage populaire si longtemps attendu (Jailbreak est tout de même le 6ème long-jeu de la formation). Mais comme, bien entendu, rien ne se passe jamais comme on l'a prévu, si l'album fut en effet un joli succès (le seul disque d'or de Thin Lizzy outre-Atlantique), l'élan d'un Thin Lizzy au sommet de sa gloire fut brisé par, premièrement, une hépatite contractée par Phil Lynott, deuxièmement, par une blessure à la main de l'encore très jeune Brian "Robbo" Robertson résultant dans l'annulation d'une tournée américaine s'annonçant sous les meilleurs auspices. Bref, l'album et sa musique, on y vient enfin !, est le plus "tight"' des jeunes années de Thin Lizzy, au regret d'ailleurs de sa paire de soliste s'étant plainte du manque de latitude qu'on leur aura laissé pendant les courtes sessions, un petit mois mixage compris. Critique tout de même très excessive quand, 40 ans après, on laisse tourner les 10 titres et à peine plus de 35 minutes d'un groupe de hard rock à la classe folle (la voix de velours de Lynott n'y est pas pour rien, ses basslines bien slick non plus), au son immédiatement reconnaissable (twin guitar attack, bien-sûr) présentement doté, outre les deux éléments radio-compatibles précités, une sacrée collection de bonnes chansons avec, pour l'exemple, un Jailbreak frontal et fin (joli bruitages de sirènes aussi) taillé pour les joutes scénique dont les irlandais (ou écossais et américain pour les deux guitaristes, mais bon Lizzy reste un groupe fondamentalement irlandais sans tomber dans les excès touristiques celtiques, pas souvent en tout cas et toujours à bon escient) se sont fait la spécialité, un Romeo and the Lonely Girl aux effluves folk bienvenues (pas une surprise, c'est dans l'adn de Phil), un rampant et menaçant Warriors (qui colle idéalement à son thème guerrier, conséquemment), un Cowboy Song en parfaite western-tune électrique (mais attention, ce n'est pas de la country pour autant), et un Emerald final (dont le nom ne ment pas, Lizzy y est fièrement Irish !) qui est un peu Black Rose avant Black Rose, c'est un compliment. Bref, enfin pas si..., c'est un monstre de petit album rock malin, varié et parfaitement produit. Et c'est évidemment encore mieux dans une version Deluxe qui, joliment rallongée qu'elle est, d'alternate takes en live de la BBC en passant par quelques raretés qu'on connaissait mais sont ici avantageusement présentée dans leur contexte historique, ravira les fans (et encore plus les anglophones d'iceux qui liront l'histoire de Lizzy à l'époque dans le livret). Parfait. 

Album
1. Jailbreak 4:01
2. Angel from the Coast 3:03
3. Running Back 3:13
4. Romeo and the Lonely Girl 3:55
5. Warriors 4:09
6. The Boys Are Back in Town 4:27
7. Fight or Fall 3:45
8. Cowboy Song 5:16
9. Emerald 4:03

Bonus Disc
1. The Boys Are Back in Town (Remixed version) 4:35
2. Jailbreak (Remixed version) 4:14
3. The Boys Are Back in Town (Alternate vocal - remixed version) 4:33
4. Emerald (Remixed version)4:08
5. Jailbreak (BBC Session 12 February 1976) 4:05
6. Emerald (BBC Session 12 February 1976) 3:58
7. Cowboy Song (BBC Session 12 February 1976) 5:14
8. Warriors (BBC Session 12 February 1976) 3:57
9. Fight or Fall (Extended version – rough mix) 5:21
10. Blues Boy (Previously unreleased studio track) 4:38
11. Derby Blues (Early live version of "Cowboy Song") 6:52

Phil Lynott
– bass guitar, lead vocals, acoustic guitar
Scott Gorham– lead and rhythm guitar
Brian Robertson– lead and rhythm guitar
Brian Downey – drums, percussion
&
Tim Hinkley
– keyboards on "Running Back"

THIN LIZZY

aVRiL
Rush "2112"
ou "Concept de Référence"

C'est l'album qui a sauvé Rush, c'est aussi leur première réalisation conceptuelle, leur album le plus progressif jusque-là et, on peut le dire, leur premier chef d’œuvre. 2112, cette authentique légende. Mais, à y regarder de plus près, avec le concept sur la face 1 et des chansons en étant détachées sur la seconde, 2112 n'est qu'un demi concept album, en l'occurrence bien complémenté par ses courtes suiveuses (5 titres, tous entre 3 et 4 minutes) qui permettent de faire passer la pilule du mastodonte de 20 minutes et de ses ambitions progressives. Or donc, il y a 2112, le titre, qui, comme vous le savez sans doute tous, est une pièce de musique science-fictionnesque qui est désormais passée dans la légende, une pièce où, des riffs précis et les soli inspirés d'Alex, de la talentueuse polyvalence de Geddy Lee (chanteur, et bassiste, et claviériste, et pareil sur scène !), aux textes et patterns d'un Neil désormais bien installé dans la formation (c'est son troisième album avec eux), il n'est pas difficile de se laisser emporter et qui, comme un Supper's Readyégalement réussi, peut s'écouter encore, encore et encore sans perdre une once de son intérêt, de son charme unique. Il n'est d'ailleurs pas un hasard que, bien des années plus tard, il continue, dans son entièreté ou raccourci, d'être une étape obligatoire des setlists de Rush. Mais il y a aussi cinq autres chansons, de petites chansons qu'on aurait presque tendance à oublier après telle fête. Le programme de cette suite ? Un hard-rocker so seventies, normal on est en 1976 (Passage to Bangkok), Un bel exemple qu'on peut faire du prog sans claviers et sur une courte durée (The Twilight Zone), un autre hard-rocker avec un vrai bon groove cette fois (Lessons), une belle ballade toute en nuance (Tears), et un hard-rocker un poil prog pour conclure (Something for Nothing), pas une qui n'égale le haut-fait de la première face mais pas une qui ne fonctionne pas parfaitement non plus. Du bel ouvrage, vraiment. Comme en plus l'album bénéficie de la meilleure production du groupe jusque là, par le groupe et Terry Brown, on ne change pas une équipe qui gagne !, et d'un vrai frémissement commercial pour Rush, il était temps, le label commençait à menacer, il n'en faut pas plus pour considérer l'impeccable galette, ce légendaire 2112 comme, évidemment, la première grande œuvre d'une formation qui n'avait pas fini de nous surprendre (en bien comme en mal d'ailleurs, mais le mal viendra plus tard), et un album obligatoire à la collection de tout amateur de rock progressif ou de hard rock qui se respecte, ce n'est pas plus compliqué que ça.

1. 2112 20:33
I. Overture
II. The Temples of Syrinx
III. Discovery
IV. Presentation
V. Oracle: The Dream
VI. Soliloquy
VII. Grand Finale
2. A Passage to Bangkok 3:32
3. The Twilight Zone 3:16
4. Lessons 3:51
5. Tears 3:30
6. Something for Nothing 3:59

Geddy Lee - lead vocals, bass guitar, keyboards
Alex Lifeson - electric and acoustic guitar
Neil Peart - drums, percussion
&
Hugh Syme
- ARP Odyssey intro on "2112", mellotron on "Tears"

RUSH

Mai
Aerosmith "Rocks"
ou "Comme son nom l'indique"

Un an après leur plus beau succès et l'album le plus varié de leur encore jeune carrière, Aerosmith remet le couvert avec un 4ème opus qui porte excellemment son titre : Rocks ! Parce que, en substance, Aerosmith n'y fait pas autre chose et, du coup, surprend son monde en ne réitérant pas les dispositions à l'ouverture qu'on leur connaissait précédemment. Ce qu'on perd dans ce resserrement stylistique, on le gagne largement dans un album d'une rare cohérence, d'une belle hargne et, aussi, d'un irrésistible efficacité. Ce choix, c'est avant tout celui d'un groupe, d'ailleurs coproducteur avec le fidèle Jack Douglas, qui semble présentement vouloir construire un album taillé pour la scène, domaine où il excelle, un album qui démarre sur les chapeaux de roues sur un puissant Back in the Saddle où les vocalises de chat écorché vif de Steven Tyler et les riffs et soli costauds d'une paire de guitaristes inspirés font merveille. Ce premier coup de semonce passé, Aerosmith continue sur sa lancée par le groove implacable de Last Child (où il y a même un banjo !), le rock and roll speedé de Rats in the Cellar Steven y va même de son petit solo d'harmo, un Sick as a Dog bien accrocheur à l'excellent break solo, un Nobody's Fault admirablement tranchant (une tuerie !), un Get the Lead Out joliment bluesy, un Lick and a Promise au refrain aussi simpliste que satisfaisant et last, mais certainement pas least, la belle et sans doute obligatoire (Steven adore ça !) power ballad Home Tonight... Vavavoum, c'est de la formule 1 tout ça ! Allez, j'avoue être plus réservé sur l'assez peu remarquable mid-tempo Combination qui reste cependant très correct mais, pour le reste, pas un morceau qui ne déçoive et même une belle moitié d'authentique classiques, c'est fort ! Et donc, en ne tentant pas de reproduire l'exploit, en faisant confiance à son inspiration, Aerosmith réussit à faire de 1976 une nouvelle année de gloire pour eux et de Rocks un des plus beaux album de (hard) rock des 70's, alors que la concurrence fait rage ! Fatalement, plus dure sera la chute mais, ça, c'est une autre histoire...

1. Back in the Saddle 4:40
2. Last Child 3:26
3. Rats in the Cellar 4:05
4. Combination 3:39
5. Sick as a Dog 4:16
6. Nobody's Fault 4:21
7. Get the Lead Out 3:41
8. Lick and a Promise 3:05
9. Home Tonight 3:15

Tom Hamilton
– bass, guitar on "Sick as a Dog"
Joey Kramer – drums, percussion
Joe Perry– guitars, backing vocals, six-string bass on "Back in the Saddle," electric bass on "Sick as a Dog"
Steven Tyler – lead vocals, keyboards on "Nobody's Fault" and "Home Tonight", Electric bass on "Sick as a Dog", Harmonica on "Rats in the Cellar" and "Get the Lead out"
Brad Whitford – guitars
&
Paul Prestopino
– banjo on "Last Child"
Jack Douglas– production, arrangement, backing vocals on "Home Tonight"

AEROSMITH

JuiN
Gordon Lightfoot "Summertime Dream"
ou "Beautiful Folk"

Ce country folkeux canadien n'est sans doute pas le plus connu chez nous. Pourtant, au cœur des années 70, il sortit quelques très beaux albums dont Summertime Dream est le sans doute plus remarquable. Il faut dire que Gordon n'est plus vraiment un débutant, à 38 ans, Summertime Dream est son douzième opus depuis 1966, le douzième d'une carrière de qualité où, comme tout le monde de sa génération, il a commencé en acoustique avant d'incorporer les aspects rock (sans excès) qui lui permirent d'évoluer, artistiquement comme commercialement. C'est donc à un artiste sûr de son fait, bien installé dans un style qu'il possède de A à Z auquel nous avons affaire ici, un artiste d'ailleurs bien entouré d'un groupe où les noms n'en jette pas comme les Ry Cooder, Van Dyke Parks et autres Randy Newman des septantes débutantes (voir le très recommandé Sit Down Young Stranger) mais que Gordon a construit lui-même, à sa convenance, et qui répond conséquemment à ses attentes. Parce qu'un songwriter aussi fin a besoin de nuance ce que les Barry Keane (batteur), Pee Wee Charles (l'homme à la pedal steel guitar), Terry Clements (guitariste soliste), etc., amènent magnifiquement comme, par exemple, sur le morceau phare de l'album, ce Wreck of the Edmund Fitzgerald racontant la pire tragédie navale survenue dans les Grand Lacs sur six minutes et demies aux relents celtiques bienvenus et à l'habillage instrumental époustouflant. Comme le reste de la galette, de bons morceaux folk-rock impeccablement troussés (Race Among the Ruins, I'd Do It Again, Summertime Dream, Too Many Clues in This House) en ballades country émotionnellement prenantes (I'm Not Supposed to Care, Protocol, Spanish Moss), est presque du même tonneau (c'est à dire presque parfait, ce qui est déjà énorme !), il n'en faut pas plus pour recommander chaudement, en introduction à un Gordon Lightfoot par exemple, l'artiste étant quasi inconnu chez nous, ce Summertime Dream qui, à ne pas essayer alors d'être à la pointe de quelque tendance que ce soit, par un artiste qui est avant tout un raconteur, n'a aujourd'hui pas pris une ride.

1. Race Among the Ruins 3:21
2. The Wreck of the Edmund Fitzgerald 6:32
3. I'm Not Supposed to Care 3:31
4. I'd Do It Again 3:14
5. Never Too Close 3:04
6. Protocol 4:02
7. The House You Live In 2:55
8. Summertime Dream 2:30
9. Spanish Moss 3:51
10. Too Many Clues in This Room 4:49

Gordon Lightfoot - vocals, six and twelve-string guitar, piano
Pee Wee Charles - pedal steel guitar
Terry Clements - lead guitar
Rick Haynes - bass guitar
Barry Keane - drums, percussion
Gene Martynec - Moog synthesizer
&
Jim Gordon
- drums on "The House You Live In"

GORDON LIGHTFOOT

JuiLLeT
Al Stewart "Year of the Cat" (1976)
ou "Bonne Année"

Il a tellement été un classique de son temps, les 70s, tellement traîné dans les brocantes et les bacs des disquaires d'occasion (à l'époque du vinyl, souvenez-vous !) qu'on a fini par prendre le Year of the Cat d'Al Stewart pour argent comptant sans plus vraiment se le mettre dans l'oreille, sorte de passager familier de nos errances musicales lointaines il parait usé avant même qu'on ne le glisse, numérisé dans son petit format iridescent, dans le tiroir prévu à cet effet. Erreur. Erreur parce que le bel album que voici ! Il faut dire que dès l'emballage, la pochette conçue par Storm Thorgerson et la mise en son d'Alan Parsons (on nage en pleine galaxie floydienne !), les petits plats dans les grands, pour une musique classic (soft) rock où subsistent, forcément !, les racines folk du bonhomme, qui roule dans l'oreille de l'auditeur d'un joli et planant Lord Grenville, du rythmé On the Border, de l'ensoleillé Sand in Your Shoes, de la belle folk-rock un poil pop, un poil bluesy de Flying Sorcery au verbeux morceau éponyme final et sa pompe raisonnable (sans compter les trois bons bonus de ce remaster, donc, et en oubliant sciemment le reste d'une sélection où rien ne manque sa cible), on est totalement sous le charme... A condition d'apprécier le soft rock des septantes à son apogée, évidemment. Parce que c'est ça Year of the Cat, un album évidemment totalement maîtrisé par d'excellents musiciens, un luxe d'arrangement millimétrés bien-sûr, mais surtout un opus à la cool qui évoquera aux quinquas qui y étaient les vapeurs d'une jeunesse depuis longtemps évanouie.

1. Lord Grenville 5:00
2. On the Border 3:22
3. Midas Shadow 3:08
4. Sand in Your Shoes 3:02
5. If it Doesn't Come Naturally, Leave It 4:28
6. Flying Sorcery 4:20
7. Broadway Hotel 3:55
8. One Stage Before 4:39
9. Year of the Cat 6:40
Bonus
10. On the Border [live] 3:48
11. Belsize Blues 3:30
12. Story of the Songs 9:42

Al Stewart - vocals, guitar, keyboards
Peter White - guitar, keyboards
John Perry - background vocals
Tim Renwick - guitar
Andrew Powell - string arrangements
Bobby Bruce - violin
Marion Driscoll - percussion
Stuart Elliott - drums, percussion
George Ford - bass
Phil Kenzie - alto saxophone
Don Lobster - keyboards
David Pack - background vocals
Tony Rivers - background vocals
Graham Smith - harmonica
Peter Wood - keyboards

AL STEWART

aoûT
Jaco Pastorius "Jaco Pastorius"
ou "Le Roi de la Fusion"

Membre d'une authentique légende du jazz fusion, Weather Report évidemment, instrumentiste d'exception comme chacun le sait, grand espoir détruit par des addictions autodestructrices à un beaucoup trop jeune âge hélas, Jaco Pastorius ne connut qu'une trop brève et peu productive carrière solo dont cet éponyme inaugural est assurément le "crown jewel". Au programme, pour ceux qui ne connaitraient pas encore ce vrai beau classique, évidemment une énorme démonstration de guitare basse, c'est son album après tout, mais pas seulement parce que Jaco est aussi un compositeur et arrangeur (le Donna Lee de Bird en intro de l'opus est une splendeur tout en ascèse et délicatesse). C'est aussi un fantastique vulgarisateur n'hésitant pas à élargir le spectre (de la funk/soul de Come On Come Over, avec Sam & Dave aux vocaux, à des morceaux d'inspiration quasiment classique, Okonkole Y Trompa ou Speak Like a Child) ce créateur vorace et touche-à-tout ne se refuse rien, n'oubliant évidemment pas sa base fusion, et, plus fort encore !, réussit tout. Et dire qu'il n'a alors que 24 ans ! On sait l'immense gâchis que fut sa déchéance physique et mentale, et l'impact que tout ceci eut sur sa musique mais, en 1976, Jaco Pastorius est simplement le jazzman de l'année !, et son album un immanquable indispensable à toute collection qui se respecte.

1. Donna Lee 2:27
2. Come On, Come Over 3:54
3. Continuum 4:33
4. Kuru/Speak Like A Child 7:43
5. Portrait Of Tracy 2:22
6. Opus Pocus 5:30
7. Okonkolé Y Trompa 4:25
8. (Used to Be A) Cha-Cha 8:57
9. Forgotten Love 2:14

- "Donna Lee"
Jaco Pastorius - electric bass
Don Alias - congas

- "Come On, Come Over"
Jaco Pastorius - electric bass
Don Alias - congas
Herbie Hancock - clavinet, Fender Rhodes electric piano
Narada Michael Walden - drums
Sam Moore - vocals
Dave Prater - vocals
Randy Brecker - trumpet
Ron Tooley - trumpet
Peter Graves - bass trombone
David Sanborn - alto sax
Michael Brecker - tenor sax
Howard Johnson - baritone sax

- "Continuum"
Jaco Pastorius - electric bass
Herbie Hancock - Fender Rhodes electric piano
Alex Darqui - Fender Rhodes electric piano
Lenny White - drums
Don Alias - congas

- "Kuru/Speak Like A Child"
Jaco Pastorius - electric bass
Herbie Hancock - piano
Don Alias - congas, bongos
Bobby Economou - drums
David Nadien - violin
Harry Lookofsky - violin
Paul Gershman - violin
Joe Malin - violin
Harry Cykman - violin
Harold Kohon - violin
Stewart Clarke - viola
Manny Vardi - viola
Julian Barber - viola
Charles McCracken - cello
Kermit Moore - cello
Beverly Lauridsen - cello
Michael Gibbs - string arrangement

- "Portrait of Tracy"
Jaco Pastorius - electric bass

- "Opus Pocus"
Jaco Pastorius - electric bass
Wayne Shorter - soprano sax
Herbie Hancock - Fender Rhodes electric piano
Othello Molineaux - steel drums
Leroy Williams - steel drums
Lenny White - drums
Don Alias - percussion

- "Okonkole Y Trompa"
Jaco Pastorius - electric bass
Peter Gordon - French horn
Don Alias - okonkoko iya, congas, afuche

- "(Used To Be A) Cha Cha"
Jaco Pastorius - electric bass
Hubert Laws - piccolo, flute
Herbie Hancock - piano
Lenny White - drums
Don Alias - congas

- "Forgotten Love"
Herbie Hancock - piano
David Nadien - violin
Harry Lookofsky - violin
Paul Gershman - violin
Joe Malin - violin
Harry Cykman - violin
Harold Kohon - violin
Matthew Raimondi - violin
Max Pollinkoff - violin
Arnold Black - violin
Stewart Clarke - viola
Manny Vardi - viola
Julian Barber - viola
Al Brown - viola
Charles McCracken - cello
Kermit Moore - cello
Beverly Lauridsen - cello
Alan Shulman - cello
Richard Davis - bass
Homer Mensch - bass
Michael Gibbs - string arrangement, conductor

JACO PASTORIUS

SePTeMBRe
Earth, Wind & Fire "Spirit"
ou "L'esprit funk"

Enregistré sous la pression d'un prédécesseur ayant atteint les cimes des Charts (That's the Way of the World, 1975), Spirit est une nouvelle démonstration de l'incroyable grâce funky d'Earth Wind & Fire dans les années 70. En l'espèce, rien de nouveau sur ce 7ème album de la formation qui continue de fusionner funk et jazz avec des cuivres millimétrés, des grooves à se déboîter les hanches et des mélodies... Comme on en redemande ! Porté par deux singles énergiques et supra-efficaces (Getaway et Saturday Night), l'album vaut aussi par ses pistes plus tempérées telles qu'Earth Wind & Fire (le titre), On Your Face ou le final (pour l'édition original) et épique Burning Bush. Il est à noter que les arrangements commencent déjà à changer avec, notamment, des cordes gagnant peu à peu du terrain. Rien de dramatique, le groupe conserve encore ici tout le sel de ses premières années et ne sombre pas encore dans le racolage sonore et la facilité mélodique qui marquera leurs années 80. Fidèle à l'esprit du groupe, Spirit est indéniablement une des plus belles pièces des référentiels funksters. Dans la présente version, dûment et impeccablement remasterisée (et augmentée de quelques savoureux bonus), il brille de mille feux et offre à l'amateur 50 minutes de pur bonheur. Et ça, ça ne se refuse pas.

1. Getaway 3:47
2. On Your Face 4:33
3. Imagination 5:15
4. Spirit 3:12
5. Saturday Nite 4:02
6. Earth, Wind and Fire 4:40
7. Departure 0:27
8. Biyo 3:37
9. Burnin' Bush 6:46
Bonus
10. Saturday Nite (Alternate Mix) 4:55
11. Seraphim 2:06
12. Imagination (Angels Mix) 1:02
13. Departure (The Traveler) 3:37
14. African Symphony 1:52

Maurice White: chant, kalimba, timbales, batterie
Philip Bailey: chant, congas, percussions
Larry Dunn: piano, orgue, moog
Jerry Peters: piano
Johnny Graham: guitare
Al McKay: guitare, percussions
Verdine White: basse, percussion, chant
Fred White, Ralph Johnson: batterie, percussions
Andrew Woolfolk, Harvey Mason: percussions
Don Myrick, Andrew Woolfolk: saxophone
Charles Loper, George Bohanon, Louis Satterfield: trombone
Lew McCreary: trombone basse
Charles Findley, Michael Harris, Oscar Brashear, Steve Madaio: trompette
Arthur Maebe, David Duke, Marilyn Robinson, Sidney Muldrow: cor français
Tommy Johnson: tuba
Dorothy Ashby: harpe
Dennis Karmazyn, Harry Shlutz, Marie Fera, Ronald Cooper: violoncelle
Barbara Thomason, David Campbell, Denyse Buffum, James Dunham, Lynn Subotnick, Marilyn Baker, Paul Polivnick, Rollice Dale: viola
Asa Drori, Carl La Magne, Haim Shtrum, Harris Goldman, Joy Lyle, Ken Yerke, Sandy Seemore, Winterton Garvey: violon

EARTH, WIND AND FIRE

oCToBRe
Frank Zappa "Zoot Allures"
ou "Frank's Rock'n'Roll"

Prévu pour être un nouveau double opus sur DisCreet Records, Zoot Allures finit simple et chez Warner Bros. La raison ? Un Zappa en bisbille avec son manager/cogérant du label déjà, une volonté d'ascèse, aussi ? Ce serait sans doute mal connaître un Frank toujours prompt à trop en faire (c'est aussi pour ça qu'on l'aime). Bref, album studio (avec un peu de live dedans comme d'habitude chez Zappa), Zoot Allures est surtout un quasi-album solo pour lui qui semble lui permettre de tester les musiciens de sa prochaine formation (pas celle qu'on voit sur la pochette où Patrick O'Hearn et Eddie Jobson sont bien présents alors qu'ils n'ont pas joué la moindre note sur l'opus) dans un contexte plus rock que à quoi Frank avait habitué son auditoire. Ce n'est pas à dire qu'on ait ici un album simpliste pour autant, ce serait mal connaître le bonhomme qui, forcément, glisse moult de ses idées étranges et iconoclastes dès Wind Up Workin' in a Gas Station qui aurait l'air presque normal s'il n'y avait la voix possédée de Davey Moiré. Et ça continue sur Black Napkins et The Torture Never Stops (le premier servant en quelque sorte d'intro au second) qui bluese bien mais toujours avec ce petit éclat dans l'œil, cette posture de sale gosse irrespectueux qui fait la différence. Alors certes, et la suite de l'album ne fait que le confirmer, ce Zappa là est notablement plus "focus" mais c'est un Zappa immédiatement reconnaissable malgré tout avec de vrais grands moments de transe (Friendly Little Finger et sa guitare tourbillonnante par exemple) et d'humour (parce qu'il ne doit jamais en être autrement sur un album du fameux moustachu qui est aussi un authentique rigolo). Tout ça ne fait peut-être pas de Zoot Allures le plus essentiel des albums d'un impressionnant catalogue, ça en fait, par contre, une excellente porte d'entrée à l'art du monsieur pour tout ceux qui ne sauraient pas trop par où commencer. Rien que pour ça, c'est un album utile, et aux fans de Zappa aussi qui n'y retrouveront pas leur chouchou typique mais bel et bien leur chouchou quand même qui, c'est bien connu, ne peut pas se tromper et réussit par conséquent son pari rock à lui. Recommandé... à toutes et à tous !

1. Wind Up Workin' in a Gas Station 2:29
2. Black Napkins 4:15
3. The Torture Never Stops 9:45
4. Ms. Pinky 3:40
5. Find Her Finer 4:07
6. Friendly Little Finger 4:17
7. Wonderful Wino 3:38
8. Zoot Allures 4:12
9. Disco Boy 5:11

Frank Zappa– guitar (all tracks), bass (1, 3–7, 9), lead vocals (1, 3, 4, 5, 7, 9), synthesizer (1, 4, 5, 9), keyboards (3, 5, 7, 9), director of recreational activities (3)
Terry Bozzio– drums (all tracks), backing vocals (5, 9)
&
Davey Moiré
– lead vocals (1), backing vocals (1, 9), engineer
Andre Lewis– organ (2), vocals (2), backing vocals (5, 9)
Roy Estrada– bass (2), vocals (2), backing vocals (4, 5, 9), drone bass (6)
Napoleon Murphy Brock – vocals (2)
Ruth Underwood– synthesizer (4, 6, 7), marimba (6, 8)
Captain Beefheart– harmonica (4, 5)
Ruben Ladron de Guevara– backing vocals (5)
Ian Underwood – saxophone (6, 7)
Bruce Fowler – trombone (6, 7)
Sal Marquez– trumpet (6, 7)
Dave Parlato – bass (8)
Lu Ann Neil– harp (8)
Sparky Parker – backing vocals (9)

FRANK ZAPPA

NoVeMBRe
Serge Gainsbourg "L'Homme à la Tête de Chou"
ou "L'apothéose Gainsbarre"

Le second concept album fomenté par Serge Gainsbourg est aussi son second chef d'œuvre ? Coincidence ? Ou alors quand Serge, homme ô combien créatif, se fixe quelque contrainte, il s'oblige à trouver des solutions auxquelles son répertoire pop échappe... Comme pour Melody Nelson, Gainsbourg se fait conteur, comme pour Melody Nelson il sent l'air du temps (du coup l'album est plus funk et se sent même de faire un détour par la Jamaïque, avant Aux Armes...), et comme pour Melody Nelson il accouche d'une éblouissante réussite. Faire le menu de cette perfection ?...  Cet album, en vérité, vous devriez tous le connaître par cœur, il devrait être inscrit au programme scolaire (on gardera les pièces les plus transgressives pour les lycéens, qui aiment bien la transgression), c'est un des rares grands classiques de chez nous reconnu aussi ailleurs, même par ceux qui y paument l'excellence de la plume, c'est dire ! Alors, voilà, à cette cuirasse ultra-blindée, dont la qualité, musicale, lyrique et même visuelle (j'aime beaucoup la pochette !) laissent sans voix, n'a qu'un minuscule défaut... 32 minutes ! D'un homme à la tête mais qui en a aussi (du chou !), c'est quand même rageant, heureusement que sa richesse résiste aux écoutes répétées, ce qui n'est pas si courant et qu'ultimement, pour mon cas personnel ça fait son quart de siècle !, on se le met et se le remet ce mythique opus, sans jamais s'en lasser. L'Homme à la Tête de Chou ? Rhââ Lovely! (comme dirait Marcel).

1. L’Homme à tête de chou 2:59
2. Chez Max coiffeur pour hommes 1:58
3. Marilou Reggae 2:11
4. Transit à Marilou 1:32
5. Flash Forward 2:36
6. Aéroplanes 2:36
7. Premiers symptômes 1:14
8. Ma Lou Marilou 2:41
9. Variations sur Marilou 7:40
10. Meurtre à l’extincteur 0:47
11. Marilou sous la neige 2:23
12. Lunatic Asylum 3:21

Serge Gainsbourg : composition, chant
Alan Parker : guitare rythmique
Judd Proctor : guitare
Brian Odgers : basse
Dougie Wright : batterie
Jim Lawless : percussions
Alan Hawkshaw : claviers, arrangements
Kay Garner, Jean Hawker, Clare Torry : chœurs

SERGE GAINSBOURG

DéCeMBRe
Genesis "Wind & Wuthering"
ou "Le dernier classique"

Ultime opus du Genesis (presque) classique, album immense comme la plupart de ceux qui le précèdent, Wind & Wuthering est essentiel. Un des albums les plus musicalement aboutis de ce Genesis progressif, aussi, grâce à la maniaquerie de l'arrangeur en chef, Tony Banks, et le soutien de ses collègues qui, c'est acquis, ne sont pas des demi-sels quand il s'agit de s'exprimer, chacun, sur leur instrument respectif. En résulte des compositions précieuses, millimétrées même et, du coup, un peu moins de folie que ce que nous avait habitué le groupe dans sa mouture la plus référentielle. Concrètement, sur 8 des 9 compositions, on retrouve le Genesis qu'on avait eu l'habitude d'entendre en, cependant, un peu plus lisse. L'absence de Gabriel est, il faut dire, un facteur contribuant de cet etat de fait. Déjà parce que Collins, nettement moins "clonesque" que sur A Trick of the Tail (pour lequel, il est vrai, il n'avait pas prévu de chanter), amène une sensibilité plus pop, plus romantique, ensuite parce que les textes ont perdu en symbolique et en allégorie parfois cryptique ce qu'ils ont gagné en clarté. C'est le cas sur l'ensemble de l'album où l'on n'est pas obligé de trop se creuser les méninges pour savoir ce que ce diable de parolier a bien voulu dire, à l'exception cependant de One for the Vine qui est aussi, tiens tiens, le chef d'oeuvre de l'opus. On y apprécie la fantaisie toute britannique d'un All in A Mouse's Night, sorte de Tom & Jerry version prog, moins le côté trop normal, commun dirait-on, d'une bête chanson d'amour telle que Your Own Special Way. Cette dernière, justement, fait un peu tâche sur un album qui, sinon, allie avec grandeur complexité et harmonie, sans doute cette dernière préfigure-t-elle la simplification de l'écriture du groupe (et de Rutherford en l'occurence) qui prendra effet dès l'album suivant, dès le départ de Steve Hackett, osera-t-on affirmer. Sinon, c'est à un Genesis finalement assez proche de celui de Selling England By The Pound auquel nous avons affaire avec, notamment, des tentations "fusionnesques" sur l'instrumental Wot Gorilla? et, globalement, symphoniques sur l'ensemble de la galette. Et ça marche merveilleusement bien et donne une collection où, donc, à l'omission du précité faux-pas, le féru de rock progressif en prend plein les oreilles. D'autant que la production, signée de David Hentschel et du groupe, met parfaitement en valeur les nombreuses qualités d'une formation encore clairement à son sommet créatif. Il y a moult raison de se réjouir du souffle de ce vent divin, et une de s'attrister car, enfin !, comment ne pas rager qu'une telle verve créatrice se voit petit à petit éteinte dans ce qui suivra ? Comment ne pas regretter cette formation d'exception dans sa mue pop-progressive d'abord puis carrément pop ? Pas que les successeurs ne déméritent vraiment, il restera du grain à moudre pour les amateurs de belles ambiances et de ciselées compositions, mais plus jamais autant qu'avec la période qui se clôt ici et laisse, mine de rien, six album quasi-parfaits en seulement cinq petites années. Très fort !

1. Eleventh Earl of Mar 7:39
2. One for the Vine 9:59
3. Your Own Special Way 6:15
4. Wot Gorilla? 3:12
5. All in a Mouse's Night 6:35
6. Blood on the Rooftops 5:20
7. Unquiet Slumbers for the Sleepers... 2:27
8. ...In That Quiet Earth 4:45
9. Afterglow 4:10

Tony Banks - acoustic & electric pianos, synthesizers (ARP 2600 & Pro-Soloist, Roland RS-202 String), mellotron, Hammond T-102 organ
Phil Collins - lead & backing vocals, drums, percussion
Steve Hackett - electric guitar, classical guitar, 12-string guitar, kalimba, autoharp
Mike Rutherford - bass guitars (4, 6 & 8 strings), bass pedals, 12-string guitar, electric guitar, backing vocals

GENESIS

Hard Boxin'! (Volume 1)

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Si Vous n'aimez pas le hard rock, je ne peux, présentement que vous conseiller de passer votre chemin. Si, par contre, vous avez un petit faible pour ces chevelus électriques, vous trouverez ici matière à satisfaction et ferez même, sûrement, quelques jolies découvertes. Enjoie !

FLyiN' iN a Box
Aerosmith "Pandora's Box" (1991)
ou "Aeroarchives"

Une excellente récapitulation de la première partie de la carrière d'Aerosmith (jusqu'en 1982, quoi) augmenté d'une savoureuse collection de raretés, outtakes, lives jusqu'alors jamais publiés ? C'est le programme de la bien nommée Pandora's Box qui a peut-être 25 ans mais n'a rien perdu de sa brûlante actualité. Car enfin, le rock'n'roll est éternel et dans l'acceptation des 5 de Boston, gorgé de racines blues et d'agressivité blanche contrôlée mais aussi de quelques influences pop assumées (Tyler n'a jamais fait mystère de son adoration pour les Beatles, qu'Aerosmith repris d'ailleurs à plusieurs reprises, ici avec un Helter Skelter inédit sauvé des sessions de Toys in the Attic), c'est un délice de tous les instants.
Evidemment, il y eut un certain opportunisme mercantile à publier l'objet quand un groupe enfin clean triomphait à coup d'irrésistibles power ballads dans les charts mondiaux. D'autant que c'était chez Geffen et que Columbia (Sony Music) voulait sa part du gâteau, vous connaissez les goinfres, il n'en ont jamais assez... Mais, pour le coup, c'est tout au bénéfice de l'auditeur qui, de pépites plus ou moins rares (dont un morceau de Tyler avant Aerosmith, glorieusement 60's pop en joyau de la couronne) en un vrai beau best of des Flying Dupont entre 1973 et 1982, il a de quoi se réjouir d'une excellente sélection. Mais une sélection également vulgarisatrice qui, bien documentée par un riche livret heureusement reproduit dans les rééditions slipcase de l'objet, constituera une excellente introduction au parcours certes un poil erratique mais définitvement passionnant des Toxic Twins (surnom attribué à Steven Tyler et Joe Perry pour leurs rapports houleux et leurs excès de substances) d'un groupe aujourd'hui entré dans la légende.
Bref, comme un Aerosmith nouvellement reformé le chante en 1985, sur l'assez quelconque Done with Mirrors, la suite sera nettement plus intéressante, avec Pandora's Box, il suffit de laisser la musique parler... Satisfaction garantie !

CD 1
1. When I Needed You (Steven Tyler, pre-Aerosmith, with the band Thee Strangeurs/Chain Reaction) 2:34
2. Make It (with false start) 3:45
3. Movin' Out (Unreleased alternate version) 5:42
4. One Way Street 6:59
5. On the Road Again (Unreleased song) 3:36
6. Mama Kin 4:25
7. Same Old Song and Dance 3:53
8. Train Kept A-Rollin' 5:33
9. Seasons of Wither 5:39
10. Write Me a Letter (Unreleased live version) 4:18
11. Dream On 4:25
12. Pandora's Box 5:42
13. Rattlesnake Shake (Unreleased live radio broadcast, WKRQ, Cincinnati) 10:28
14. Walkin' the Dog (Unreleased live radio broadcast, WKRQ, Cincinnati) 3:13
15. Lord of the Thighs (Unreleased live version, Dallas, 1978)     Tyler     7:13

CD 2
1. Toys in the Attic 3:05
2. Round and Round 5:02
3. Krawhitham (from the Draw the Line sessions) 3:59
4. You See Me Crying 5:12
5. Sweet Emotion 4:34
6. No More No More 4:33
7. Walk This Way 3:40
8. I Wanna Know Why (Unreleased live version, Dallas, 1978) 3:04
9. Big Ten-Inch Record (Unreleased live version, Dallas, 1978) 4:01
10. Rats in the Cellar 4:06
11. Last Child (Remix) 3:52
12. All Your Love (Unreleased song) 5:27
13. Soul Saver (Unreleased rehearsal) 0:53
14. Nobody's Fault 4:22
15. Lick and a Promise 3:05
16. Adam's Apple (Unreleased live version, 1977) 4:48
17. Draw the Line (Remix) 3:43
18. Critical Mass 4:51

CD 3
1. Kings and Queens (Classics Live I) 5:33
2. Milkcow Blues 4:15
3. I Live in Connecticut (Unreleased rehearsal) 0:56
4. Three Mile Smile 3:45
5. Let It Slide (Unreleased song) 2:55
6. Cheese Cake 4:16
7. Bone to Bone (Coney Island White Fish Boy) 3:01
8. No Surprize 4:27
9. Come Together (Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band soundtrack) 3:46
10. Downtown Charlie (Unreleased song) 2:34
11. Sharpshooter (from the album Whitford/St. Holmes, 1981) 5:32
12. Shit House Shuffle (Unreleased rehearsal) 0:36
13. South Station Blues (from the album I've Got the Rock'n'Rolls Again by The Joe Perry Project, 1981) 4:11
14. Riff & Roll (Unreleased song) 3:18
15. Jailbait 4:40
16. Major Barbara (Unreleased alternate version) 5:06
17. Chip Away the Stone (Unreleased alternate version) 4:07
18. Helter Skelter (Unreleased song) 3:16
19. Back in the Saddle 4:49
20. Circle Jerk (Unreleased instrumental) 3:44

Steven Tyler– lead vocals, harmonica, piano, percussion (1970–present)
Joe Perry– lead guitar, backing vocals (1970–1979, 1984–present)
Brad Whitford– rhythm guitar, backing vocals (1971–1981, 1984–present)
Tom Hamilton– bass, backing vocals (1970–present)
Joey Kramer – drums, percussion (1970–present)
Jimmy Crespo – guitar, backing vocals (1979–1984)
Ray Tabano– guitar (1970–1971)
Rick Dufay – guitar (1981–1984)

- Thee Strangeurs/Chain Reaction
Don Solomon - keyboards, vocals
Peter Stahl - guitar
Alan Strohmayer - bass
Steven Tallarico - drums, lead vocals (Steven Tyler)
Barry Shapiro - drums


SHoCK Me!
Alice Cooper "The Life and Crimes of Alice Cooper" (1999)
ou "Résumé 1965-1999"

Massif, utile aussi, The Life and Crimes of Alice Cooper est de ces coffrets qu'on explore selon ses envies ou son appétit, à petites lampées sélectives ou à voraces bouchées intégrales, un coffret qui revient sur les grandes et les moins grandes œuvres d'un artiste plus polyvalent qu'il n'y parait à celui qui n'a entendu que les tubes. Plongeons.
Et commençons par le premier cd où l'archéologie d'Alice est dévoilée via quelques titres des Spiders et du Nazz montrant que la genèse du shock rock que nous connaissons désormais tous fut longue, aussi anecdotique que sympathique. Et puis on a la suite du développement d'Alice Cooper, le groupe, sur le label de Frank Zappa, via quelques extraits de Pretties for You, Easy Action et de quelques démos permettant de jauger la progression et de se rendre compte que si on n'y est pas encore, on s'en approche. Et donc on débouche sur la troisième partie de cette première galette avec, enfin !, l'Alice Cooper band dans son acceptation seventies classique avec de savoureux extraits de leurs trois premiers albums chez Warner Bros (Love It to Death, Killer et School's Out et, par conséquent, quelques tubes, on ne s'en plaint pas.
Le disque 2 nous entraîne des dernières années du groupe aux débuts de l'Alice Cooper solo, quand Vincent Furnier fait définitivement de l'identité de son groupe la sienne propre, soit de 1972 à 1976 où, sans surprise, on enchaine les classiques sans omettre d'y ajouter quelques raretés qui bouclent allègrement la boucle d'une disque argenté de toute première bourre.
Si le disque 3 est le moins intéressant du lot proposé, ce n'est pas par manque de ces petits machins qu'on n'avait jamais entendu ailleurs puisque, de démos en morceaux rarement édités en passant par quelques participations à des bandes originales de films, il y a foison. Musicalement, c'est la période la plus erratique d'Alice, celle dont, handicapé qu'il était par ses nombreux excès de substances, il avoue ne plus trop se souvenir, ce n'est pas plus mal.
Last but not least, le 4ème cd est celui suivant la renaissance du monsieur, d'abord dans un hard'n'heavy pas franchement très finaud, ensuite dans un hard Fm plus recommandable que la critique ne veut en général le dire, enfin par l'album le plus réussi de sa deuxième partie de carrière, ce Last Temptation où, enfin !, Furnier semble vraiment redevenir le vrai Alice, celui dont on adore qu'il tente de nous faire peur. Bien entendu, la galette n'est, elle non plus, pas dénuée de chansons rarement entendues mais c'est vraiment dans ce parcours, cette rédemption qualitative aussi inattendue que bienvenue qu'en réside le sel.
Et donc, avec un bon gros livret nous détaillant le parcours épique que fut la carrière de Monsieur Alice Cooper, The Life and Crimes est un objet aussi utile pour les nouveaux venus que les vieux briscards en attente d'une récap' moins banale que la moyenne... Recommandé !

CD 1
1. Don't Blow Your Mind (The Spiders, 1966) 2:36
2. Hitch Hike (The Spiders, 1965) 2:01
3. Why Don't You Love Me (The Spiders, 1965) 1:57
4. Lay Down And Die, Goodbye (Original Version) (The Nazz, 1967) 2:07
5. Nobody Likes Me (demo version - 1968) 3:23
6. Levity Ball (studio version - 1968) 4:45
7. Reflected (Pretties for You - 1969) 3:14
8. Mr. and Misdemeanor (Easy Action - 1970) 3:00
9. Refrigerator Heaven (Easy Action - 1970) 1:54
10. Caught in a Dream (single version - 1971) 2:55
11. I'm Eighteen (Love It to Death - 1971) 2:58
12. Is It My Body? (Love It to Death - 1971) 2:39
13. Ballad of Dwight Fry (Love It to Death - 1971) 6:34
14. Under My Wheels (Killer - 1971) 2:47
15. Be My Lover (Killer - 1971) 3:21
16. Desperado (Killer - 1971) 3:29
17. Dead Babies (Killer - 1971) 5:42
18. Killer (Killer - 1971) 7:05
19. Call It Evil (demo - 1971) 3:28
20. Gutter Cat vs. the Jets (School's Out - 1972) 4:39
21. School's Out (School's Out, single version - 1972) 3:31

CD 2
1. Hello Hooray (Billion Dollar Babies - 1973) 4:15
2. Elected (Billion Dollar Babies, single version - 1973) 3:43
3. Billion Dollar Babies (Billion Dollar Babies - 1973) 3:39
4. No More Mr. Nice Guy (Billion Dollar Babies - 1973) 3:07
5. I Love the Dead (Billion Dollar Babies - 1973) 5:07
6. Slick Black Limousine (Flexi-disc from New Musical Express - 1973) 4:27
7. Respect for the Sleepers (demo - 1973) 3:48
8. Muscle of Love (Muscle of Love - 1973) 3:45
9. Teenage Lament '74 (Muscle of Love - 1973) 3:52
10. Working Up a Sweat (Muscle of Love - 1973) 3:31
11. Man with the Golden Gun (Muscle of Love - 1973) 3:13
12. I'm Flash (Flash Fearless Versus the Zorg Women - 1975) 2:47
13. Space Pirates (Flash Fearless Versus the Zorg Women - 1975) 3:30
14. Welcome to My Nightmare (Welcome to My Nightmare, single version - 1975) 2:45
15. Only Women Bleed (Welcome to My Nightmare, single version - 1975) 3:17
16. Cold Ethyl (Welcome to My Nightmare - 1975) 2:54
17. Department of Youth (Welcome to My Nightmare - 1975) 3:17
18. Escape (Welcome to My Nightmare - 1975) 3:14
19. I Never Cry (Alice Cooper Goes to Hell - 1976) 3:43
20. Go to Hell (Alice Cooper Goes to Hell - 1976) 5:11

CD 3
1. It's Hot Tonight (Lace and Whiskey - 1977) 3:21
2. You and Me (Lace and Whiskey, single version - 1977) 3:25
3. I Miss You (Billion Dollar Babies - Battle Axe - 1977) 3:31
4. No Time for Tears (Sextette film outtake - 1977) 2:59
5. Because (with The Bee Gees) (Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band soundtrack - 1978) 2:45
6. From the Inside (From the Inside, single version - 1979) 3:30
7. How You Gonna See Me Now (From the Inside - 1978) 3:53
8. Serious (From the Inside - 1978) 2:41
9. No Tricks (single B-side - 1978) 4:15
10. Road Rats (Roadie film - 1980) 2:43
11. Clones (We're All) (Flush the Fashion, single version - 1980) 2:51
12. Pain (Flush the Fashion - 1980) 4:10
13. Who Do You Think We Are (Special Forces, single version - 1981) 3:05
14. Look at You Over There, Ripping the Sawdust from My Teddybear (demo - 1981) 3:18
15. For Britain Only (UK-only single - 1982) 3:02
16. I Am the Future (Zipper Catches Skin, single version - 1982) 3:45
17. Tag, You're It (Zipper Catches Skin - 1982) 2:52
18. Former Lee Warmer (DaDa - 1983) 4:07
19. I Love America (DaDa - 1983) 3:47
20. Identity Crisis (Monster Dog film - 1984) 2:50
21. See Me in the Mirror (Monster Dog film - 1984) 3:12
22. Hard Rock Summer (Friday the 13th Part VI: Jason Lives film - 1986) 2:30

CD 4
1. He's Back (The Man Behind the Mask) (Demo - 1986) 3:20
2. He's Back (The Man Behind the Mask) (Movie Mix) (Friday the 13th Part VI: Jason Lives film - 1986) 3:44
3. Teenage Frankenstein (Constrictor - 1986) 3:32
4. Freedom (Raise Your Fist and Yell - 1987) 4:04
5. Prince of Darkness (Raise Your Fist and Yell - 1987) 5:09
6. Under My Wheels (The Decline of Western Civilization II film - 1988) 3:10
7. I Got a Line on You (Iron Eagle II film - 1988) 2:59
8. Poison (Trash - 1989) 4:27
9. Trash (Trash - 1989) 3:58
10. Only My Heart Talkin' (Trash - 1989) 4:44
11. Hey Stoopid (Hey Stoopid, single version - 1991) 4:15
12. Feed My Frankenstein (Hey Stoopid - 1991) 4:42
13. Fire (single b-side - 1991) 3:00
14. Lost in America (The Last Temptation - 1994) 3:54
15. It's Me (The Last Temptation - 1994) 4:40
16. Hands of Death (Spookshow 2000 Mix) (with Rob Zombie) (Songs in the Key of X soundtrack, remix version - 1996) 3:53
17. Is Anyone Home? (A Fistful of Alice - 1997) 4:10
18. Stolen Prayer (The Last Temptation - 1994) 5:35


Il en faut du monde pour faire tout ça :

1965-1968
The Spiders/
The Nazz
Vincent Furnier (vocals, harmonica)
Dennis Dunaway (bass)
Glen Buxton (guitar)
John Tatum (guitar)
John Speer (drums)
Michael Bruce (guitar)
Neal Smith (drums)

Michael Bruce

1969-1974
Alice Cooper Band
Vincent Furnier (vocals, harmonica)
Glen Buxton (lead guitar)
Michael Bruce (rhythm guitar and keyboards)
Dennis Dunaway (bass)
Neal Smith (drums)
Additional members 1973–74
Mick Mashbir (guitar)
Bob Dolin (keyboards)

Glen Buxton

1974–1979
Alice Cooper (solo)
Alice Cooper (vocals)
Dick Wagner (guitar)
Steve Hunter (guitar)
Prakash John (bass)
Pentti "Whitey" Glan (drums)
Josef Chirowski (keyboards)
Bob Ezrin (keyboards, Fender Rhodes)
Sheryl Cooper (stage actor/dancer)
Tony Levin (bass)
Allan Schwartzberg (drums)
Bob Babbitt (bass)
Jim Gordon (drums)
Bob Kulick (guitar)
Jim Gannon (guitar)
Mark Stein (keyboards)
Johnny "Bee" Badanjek (drums)
Fred Mandel (keyboards, guitar)
Davey Johnstone (guitar)
Jefferson Kewley (guitar)
Dee Murray (bass)
Dennis Conway (drums)

Dick Wagner

1980–1983
Alice Cooper (vocals)
Davey Johnstone (guitar)
Fred Mandel (guitar, keyboards)
Dennis Conway (drums)
"Cocker" John LoPresti (bass)
Duane Hitchings (keyboards)
Erik Scott (bass)
Mike Pinera (guitar)
Ross Salomone (drums)
Sheryl Cooper (stage actor/dancer)
Danny Johnson (guitar)
Craig Krampf (drums)
John Nitzinger (guitar)
Jan Uvena (drums)
Wayne Cook (keyboards)
Dick Wagner (guitar)
Bob Ezrin (Fairlight, keyboards, drums)
Graham Shaw (OBX-8, Roland Jupiter)
Richard Kolinka (drums)

Mike Pinera

1985–1988
Alice Cooper (vocals)
Kane Roberts (lead guitar)
Kip Winger (bass)
Paul "Horowitz/Horrors" Taylor (keyboards)
Ken Mary (drums)
Arthur "Devlin 7/Johnny Dime" Funaro (guitar)
Steve Steele (bass)

Kane Roberts

1989–1995
Alice Cooper (vocals/harmonica)
Al Pitrelli (guitar)
Joe Satriani (guitar)
Steve Vai (guitar)
Pete Friesen (guitar)
Tommy Carradonna (bass)
Jonathan Mover (drums)
Derek Sherinian (keyboards)
Eric Singer (drums)
Stef Burns (guitar)
Vinnie Moore (guitar)
Greg Smith (bass)
Paul Taylor (guitar)
Rick Marty (guitar)
Jimmy Degrasso (drums)
Sheryl Cooper (stage actor/dancer)

Joe Satriani

1996–2002
Alice Cooper (vocals, guitar)
Phil X (guitar)
Ryan Roxie (guitar)
Reb Beach (guitar)
Mark Francis (guitar)
Todd Jensen (bass)
Jimmy DeGrasso (drums)
Chris Delorme (keyboards)
Pete Friesen (guitar)
Damon Johnson (guitar)
Greg Smith (bass)
T-Bone Carradona (bass)
Rob Nicholson (bass)
Teddy "Zig Zag" Andreadis (keyboards)
Eric Singer (drums)
Calico Cooper (stage actor/dancer)
Eric Dover (guitar)
Rick Marty (guitar)
Nate McDonald (drums)
Paul Taylor (keyboards)
Chuck Wright (bass)

Reb Beach


Le RéGioNaL De L'éTaPe
Océan "Story, Live & More (The Definitive Collection)" (2010)
ou "Et l'histoire continue !"

Océan : Un destin tragique... Non... J'en rajoute ! En fait, Océan, c'est surtout la faute à pas de chance, un mauvais alignement des planètes ou, plus prosaïquement, la preuve qu'il fut un temps où une scène rock française, ne bénéficiant que d'un public « toutirikiki », s'étiolait dans l'indifférence quasi-générale...
Et pourtant, tout avait commencé sous les meilleures auspices quand, au cœur des 70s, le jeune et ambitieux guitariste Georges Bedrossian part à la conquête du monde avec son groupe dont le nom lui a été inspiré par un album de Yes et dont la musique n'est pas très éloignée de Led Zeppelin. Pour parvenir à ses fins, le petit Georges a, qui plus est, déniché le vocaliste idéal en la personne d'un Robert Belmonte capable de facilement « Robert-Plantiser ». En découlera un premier et excellent album, God's Clown, où le quatuor (avec le renfort de la section rythmique formée du bassiste Noël Alberola et du batteur Bernard Leroy) évoque à part égales le hard rock racé d'un Led Zep et les envies d'ailleurs musicaux d'un Yes ou d'un King Crimson. Une réussite, artistique parce que commercialement...
Et puis ? Le Silence... 4 longues années. La suite ? Phase deux et, pour le coup, on peine à reconnaître la formation de God's Clown quand, pourtant, seul le batteur à cédé sa place. D'abord, l'anglais a été abandonné, sans doute le souhait du nouveau label du groupe (Barclay) qui comme ses voisins veut sa formation de hard rock, conséquence logique si opportuniste de l'énorme succès alors rencontré par Trust. Ensuite, la musique a drastiquement changé présentant un hybride d'AC/DC francisé à la Trust... ou quelque chose d'approchant, Océan manipulant moult influences (de Queen à Styx en passant par les précités) pour arriver à ses fins. En l'occurrence, force est de constater que le groupe, loin de sembler perdre son souffle ou coller au train de la mode du jour, change simplement de braquet et embrasse ce nouveau son, cette nouvelle attitude, avec autant de facilité et de talent que la précédente. L'aventure, cette fois, s'étirera sur un second opus, aussi réussi, avant que le groupe ne plie plus ou moins les gaules ne réapparaissant que pour un ultime single, le prophétiquement titré Jusqu'au bout du désert (évidemment présent ici), et ne cesse toute activité face au silence assourdissant qu'Océan rencontre alors.
La carrière d'Océan, ici joliment remasterisée et dûment bonussée, n'aura pas été un fleuve tranquille. Une ultime tentative de reformation du line-up « glorieux » - de 2001 à 2004 avec comme seule trace discographique une participation à un tribute à Trust - avortera suite au décès de Robert Belmonte. Et si Bedrossian a depuis remonté son groupe avec de nouveaux compagnons, rien n'a encore vu le jour*. Reste cette somme, son gros livret biographique et - bien sûr ! - la musique d'une formation qui n'a jamais démérité mais malheureusement jamais vraiment rencontré son public non plus. Raison de plus pour profiter de l'occasion en se réjouissant de l'existence (et l'excellence) du présent coffret.

* c'est chose faite depuis peu avec un album au titre sans doute prophétique, C'est la Fin.

CD 1
God's Clown
1. Sunny day 7:43
2. Strange rain 4:46
3. Love is blind 3:02
4. The loneliness of the long distance 5:08
5. From death to life 4:01
6. Fields of pain 7:25
7. The juggler 3:31
8. Whit the sound I can escape 4:51

CD 2
Océan
1. Je suis mort de rire 3:18
2. Les yeux fermés 7:08
3. Menteur 3:40
4. T'as qu'à t'casser 3:26
5. Happy birthday 5:18
6. Paye 5:49
7. Où et quand tu veux 3:46
8. Joue 7:12
9. Les yeux fermés (rough mix) 5:03
10. Happy birthday (rough mix) 3:23
11. Je suis mort de rire (rough mix) 3:36
12. Menteur (alternate mix)

CD 3
Océan III
1. Aristo 3:14
2. A force de gueuler 3:53
3. Attention contrôle 4:12
4. Qu'on me laisse le temps 5:21
5. Rock'n'roll 2:58
6. Berceuse 4:16
7. Louise 4:17
8. Dégage 3:57
9. Qu'on me laisse le temps (re-master) 5:17
10. Rock'n'roll (re-master) 2:53
11. A force de gueuler (re-master) 3:53

CD 4
Live & More
1. Qu'est-ce que tu dis 3:53
2. Je suis mort de rire 3:57
3. On se rock de moi 5:45
4. Dégage 5:33
5. Ton dernier acte 5:58
6. Aristo 4:03
7. Rock'n'roll 3:25
8. A force de gueuler 4:19
9. Qu'on me laisse le temps 5:47
10. Qu'est-ce que tu dis 4:02
11. Je suis mort de rire 6:49
12. Dégage 4:05
13. Juste au bout du désert 4:01

Georges Bodossian - guitare
Robert Belmonte - chant
Noël Alberola - basse
Bernard Leroy - batterie
Jean Pierre Guichard - batterie
Alain Gouillard - batterie


1986 par 12 (12 mois, 14 albums)

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Le "beau" milieu des années 80 ? L'horreur ou le bonheur selon d'où l'on se place. Vu d'ici, de chez un Zornophage encore adolescent à l'époque et donc un peu nostalgique aujourd'hui, c'est forcément un peu les deux... Mais pas de négativisme cette fois, c'est le bon 1986 qui vous est proposé, qui sera certainement affreux pour certains, d'ailleurs, tant pis pour eux. Quant aux autres, qui remarqueront que deux mois sont exceptionnellement doublés... Enjoie !

JaNVieR
Black Sabbath "Seventh Star"
ou "This is not Black Sabbath"

Il y a un indice sur la pochette, "featuring Tony Iommi". Seventh Star n'est un album de Black Sabbath en rien sauf en nom et, de fait, fut conçu pour le nouveau projet d'Iommi et de l'ex-Deep Purple et Trapeze Glenn Hughes (l'air de rien, le troisième chanteur à avoir travaillé avec Blackmore avant de rejoindre Iommi, que voleur ce Tony !). Mais bon, la pression du label préférant le nom qui fait vendre au projet "bis", on fini par se laisser convaincre qu'en fait... Vous connaissez l'histoire aussi bien que moi.
Du coup, en toute logique, Seventh Star ne sonne pas comme du Black Sabbath. Évidemment, avec Iommi à la guitare et la composition, il reste des traces, mais elles sont diffuses et plutôt bien planqué dans un hard rock souvent un poil FMiné où la voix puissante et soul-compatible d'Hughes fait merveille. Signe ultime, si vous n'étiez pas encore convaincus, que Seventh Star n'est pas un album de Black Sabbath, et ça s'entend dans le son, Geezer n'y est pas. Mine de rien, c'était le dernier membre original à continuer d'accompagner Tony, et un instrumentiste suffisamment volubile pour occuper pas mal de place (parfait dans un quatuor avec une seule guitare), ce n'est donc pas rien. En plus, ce qui n'est pas une nouveauté sauf à compter le responsable du poste dans le line-up, ce qui est fait ici, il y a un claviériste, Geoff Nichols (peut-être inclus à la fidélité, lui qui est guest musician depuis Heaven & Hell, premier album avec Dio), qui prend pas mal de place et contribue indéniablement à l'adoucissement du ton par rapport aux habitudes du groupe que ce groupe n'est pas, donc.
Ceci conclu, Seventh Star est-il un bon album ? Oui. C'est un bon album de hard rock racé où de bon riffs (Iommi !) viennent complimenter un songwriting classique mais efficace. On retrouve d'ailleurs tous les éléments d'un album du genre de cette époque, un peu de sève (In for the Kill ou Turn to Stone et leur bel abattage), un peu de sueur (Danger Zone en rocker bien troussé, Heart Like a Wheel hard un poil bluesy bien chaud), un peu de sang (Seventh Star qui aurait des allures plus guerrières avec une production moins allégée), et une giclée de parfum (le pop metal accrocheur de Angry Heart). Ça nous donne un album varié, bien produit, pas exceptionnel mais vraiment très sympathique à écouter pour qui aime ce qu'il est désormais convenu d'appeler du "Melodic Heavy Metal".
La version Deluxe rajoute un live mais ce n'est plus Glenn Hughes qui chante, remplacé au débotté qu'il fut par l'ex-Rondinelli Ray Gillen (le groupe d'un ex-batteur de Rainbow) après qu'il se soit blessé à la gorge lors d'une rixe. Y perd-on au change ? Pas vraiment étant donné que Gillen (plus Coverdale qu'Hughes en matière de référence "purplesques") a une voix puissante et un registre suffisamment étendu pour pouvoir s'adapter aux œuvres de ses prédécesseurs (Ozzy, Dio et Hughes, Ian Gillanétant laissé de côté). La performance, enregistrée à l'Hammersmith Odeon de Londres en juin 1986, est solide et inspirée, en grande partie grâce à la prestation de Ray. Son défaut majeur ? C'est d'un bootleg de qualité très moyenne dont il s'agit. Sinon, c'est aussi beaucoup trop court mais vu le son, on s'en contente... Ça fait tout de même un bonus satisfaisant dans le registre "ça c'est du document !" et un bel hommage à Mr. Gillen, décédé en 1993, enfin honoré d'une partie de ses travaux pour Black Sabbath (l'autre est dans le Deluxe de The Eternal Idol).
Seventh Star n'est pas un album de Black Sabbath, ça ne l'empêche pas d'être une sympathique galette bien de son époque mais pas trop usée par les ans, et dans la version "riche", c'est encore mieux. Testez voir si vous ne me croyez pas.

CD 1 - Album
1. In for the Kill 3:48
2. No Stranger to Love 4:28
3. Turn to Stone 3:28
4. Sphinx (The Guardian) 1:12
5. Seventh Star 5:20
6. Danger Zone 4:23
7. Heart Like a Wheel 6:35
8. Angry Heart 3:06
9. In Memory... 2:35
bonus
10. No Stranger to Love (Single Remix) 4:00

CD 2 - Bonus
Live at Hammersmith Odeon in London (02/06/86)
1. The Mob Rules 2:59
2. Danger Zone 4:44
3. War Pigs 8:10
4. Seventh Star 5:02
5. Die Young 3:58
6. Black Sabbath 9:33
7. N.I.B. 1:37
8. Neon Knights 4:36
9. Paranoid 1:28

Tony Iommi - guitar
Geoff Nicholls - keyboards
Glenn Hughes - vocals
Dave Spitz - bass guitar
Eric Singer - drums
&
Gordon Copley
- bass guitar (No Stranger to Love)
Ray Gillen - vocals (CD 2)

BLACK SABBATH

FéVRieR
Electric Light Orchestra "Balance of Power"
ou "Power of the 80s"

Qu'advint-il des extravagances pop symphoniques 70s de l'Electric Light Orchestra une fois les 80s arrivées ? Hé bien elles disparurent, tout simplement. Il faut dire que les manières de cette nouvelle décennie, alors déjà bien entamée, avaient fini par déteindre sur un groupe, ou ce qu'il en reste, plus que jamais mené par un Jeff Lynne auteur de l'intégralité du répertoire. Et donc décisionnaire principal de cette tentative d'adaptation qui tournera court puisqu'il décidera, de lui-même, d'arrêter les frais, à peine la moitié de l'an (1986) passée. Toutes ces informations en plus de l'abandon du logo et du style des pochettes traditionnelles du groupe font de Balance of Power un album généralement conspué de tous et pourtant loin d'être aussi mauvais que sa funeste réputation pourrait le laisser penser. L'orchestre manque ? Certes mais les chanson fonctionnent bien, avec un même un Calling America qui fera frémir les charts, continuant de creuser une tradition pop classique si, ici, alimentée par des bases nettement plus synthétiques qu'à l'accoutumée. L'album est scandaleusement court ? Avec moins de 35 minutes dans son acceptation originelle, c'est une indéniable évidence, cependant, bien rallongé dans sa version (bien) remasterisée bonussée de faces B, versions alternatives et réels inédits, le défaut disparait. La pochette est d'une insoutenable hideur ? On ne le niera pas mais ne dit-on pas que l'ivresse importe plus que le flacon ? En fait, la seule chose qu'on puisse réellement reprocher à ELO et à son tout-puissant leader est d'avoir voulu, et finalement su, s'adapter sans, ce qui n'est pas si courant, fondamentalement chambouler une écriture qu'on retrouve indubitablement ici, celle d'une pop évidemment influencée par les grands anciens du genre (Beatles en tête, versant McCartney et Harrison, ce dernier un grand pote de Jeff pour ceux qui ne le sauraient pas encore) certes impactée par les clichés sonores de son époque, on pense surtout à ces synthétiseurs et programmations typiquement de leur temps, mais encore tout à fait reconnaissble. Ceci ne fait pas de Balance of Power le final en trombe qu'on aurait pu espérer d'une si belle carrière (d'ailleurs Lynne nous fera le coup du retour en 2001 avec Zoom) mais pas l'indigne galette que trop décrivent.

1. Heaven Only Knows 2:52
2. So Serious 2:38
3. Getting to the Point 4:28
4. Secret Lives 3:26
5. Is It Alright 3:25
6. Sorrow About to Fall 3:59
7. Without Someone 3:48
8. Calling America 3:26
9. Endless Lies 2:55
10. Send It 3:04
Bonus
11. Opening 0:24
12. Heaven Only Knows (Alternate version) 2:32
13. In for the Kill 3:13
14. Secret Lives (Alternate take) 3:24
15. Sorrow About to Fall (Alternate mix) 3:48
16. Caught in a Trap (UK B-side) 3:44
17. Destination Unknown (UK B-side) 4:10

Jeff Lynne – vocals, electric and acoustic guitars, Synclavier II computer synthesizer, bass guitar, keyboards, percussion, producer
Bev Bevan – drums, percussion
Richard Tandy– keyboards, sequence programming
&
Christian Schneider
– saxophone

ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA

MaRS
Depeche Mode "Black Celebration"
ou "Celebration, indeed!"

Par bien des aspects, c'est ici que le Depeche Mode que nous connaissons jusqu'aujourd'hui est né, le moment où l'écriture de Martin Gore et les arrangements synthétiques du groupe (dont il est largement responsable) abandonnent leurs scories synthpop et industrielles pour grandir dans un panorama sonore aux possibilités émotionnelles élargies. De fait, si les chansons ne sont plus aussi accrocheuses qu'avant, elles savent développer des climats, souvent sombres d'ailleurs, emmenant l'auditeur dans un voyage sonique aussi intense que satisfaisant. Mais pas parfait parce que, on ne va pas se mentir, la seconde moitié est aussi celle de relatifs faux-pas avec des Here Is the House (une résurgence synthpop dont on se demande bien ce qu'elle fait là), Dressed in Black (une valse synthétique un poil prétentiarde) ou New Dress (et sa référence à Lady Di...), pas exactement indignes mais tellement en deça du reste de la galette. Et puis il y a la production où l'on sent bien que Depeche Mode ne maîtrise pas encore tout à fait sa nouvelle orientation, voire en fait trop, met trop d'effet là où le squelette mélodique aurait suffi. Mais, essentiellement, c'est pour mégoter parce qu'on tient bien là un groupe prenant son envol, et un Martin Gore ayant notablement aiguisé sa plume et qui d'un rampant Black Celebration d'introduction, d'un Fly on the Windscreen poussant encore un peu plus la nouvelle noirceur du combo (qui lui va si bien au teint), d'une ballade comme A Question of Lust qui, chantée par Gore, éblouit par l'intensité dramatique de sa mélodie et l'ascèse de ses arrangements, d'un A Question of Time menaçant et martial, à un World Full of Nothing où Gahan réciproque la chanson de Gore précitée... Du lourd ! Qui quand il est en plus bien remasterisé et supplémenté d'intéressant bonus (la minmal electro de Breathing Fumes et l'étrange folk ambiant de Black Day) on se doit de le recommander comme l'historique révélation d'un groupe qui a marqué son époque et influencé moult musiciens d'aujourd'hui.

1. Black Celebration 4:55
2. Fly on the Windscreen – Final 5:18
3. A Question of Lust 4:20
4. Sometimes 1:53
5. It Doesn't Matter Two 2:50
6. A Question of Time 4:10
7. Stripped 4:16
8. Here Is the House 4:15
9. World Full of Nothing 2:50
10. Dressed in Black 2:32
11. New Dress 3:42
Bonus
12. Breathing in Fumes     6:07
13. But Not Tonight (Extended Remix) 5:13
14. Black Day 2:36

Dave Gahan – lead vocals
Martin Gore– keyboards, guitars, backing and lead vocals
Andy Fletcher – keyboards, backing vocals
Alan Wilder– keyboards, piano, backing vocals, drums

DEPECHE MODE

aVRiL
Judas Priest "Turbo"
ou "Chic ou Toc ?"

 De la difficulté de changer de braquet quand on est un groupe déjà largement établi... Parce que Turbo valut son lot d'opprobre à un Judas Priest ayant décidé d'adoucir son heavy metal à l'aulne d'une scène flirtant de plus en plus avec la pop et les aspirations commerciales. Un mauvais album pour autant ? Pas si sûr...
Parce qu'il y a un paquet de bonne chansons dans ce Judas Priest si atypique du fait de l'usage de guitares synthés en plus d'une écriture étonnamment accrocheuse et accessible. Une surprise ? Au-delà de l'aspect sonique de la galette, pas vraiment, Judas Priest ayant toujours aimé les refrains aisément mémorisables au potentiel tubesque indéniable (il n'y a qu'à écouter Living After Midnight, United ou You've Got Another Thing Comin'pour s'en convaincre). Mais, donc, il y a ce polissage de l'approche, cet inclinaison pop metal qui, euphémisme, ne plaira pas à tous à l'époque et continue de faire débat aujourd'hui. Et pourtant, nous avons probablement échappé au pire Halford, Tipton, Downing & Cie ayant, préalablement, envisagé de collaborer avec les affreux Stock, Aitken & Waterman (vous savez, ces faiseurs de hits britanniques à qui l'on doit les premiers soubresauts de Kylie Minogue, ou les carrières heureusement météoriques de Jason Donovan ou Rick Astley), il se dit même que des démos existent de ce mariage contre nature, rien n'est prouvé cependant. Et donc, de bonne chansons, un beau lot d'icelles pour qui peut supporter le parti-pris d'un groupe ayant, reconnaissons-leur, eu le courage d'essayer autre chose. Des exemples ? Presque toute la galette en fait mais un peu plus encore le performant Turbo Lover, l'hymne ado-rebelle un peu idiot mais terriblement accrocheur qu'est Parental Guidance ou la power-ballad Out in the Cold. D'ailleurs l'album sera couronné d'un juste succès réussissant même à mieux se classer dans les charts étasuniens que ceux de leur mère patrie, ce pour quoi il avait d'ailleurs été conçu, assurément.
Reprenons, Turbo est une sacrée galette de pop metal dont le plus gros défaut, celui qui lui vaut sa funeste réputation, est d'être attribué à une formation représentant le plus orthodoxe des heavy metal. A partir de là, l'écouter ou pas, dépend de votre goût pour de telles exactions.

1. Turbo Lover 5:33
2. Locked In 4:19
3. Private Property 4:29
4. Parental Guidance 3:25
5. Rock You All Around the World 3:37
6. Out in the Cold 6:27
7. Wild Nights, Hot & Crazy Days 4:39
8. Hot for Love 4:12
9. Reckless 4:17
Bonus
10. All Fired Up (Recorded during the 1985 Turbo sessions) 4:45
11. Locked In (Live at Kiel Auditorium, St. Louis, Missouri; 23 May 1986) 4:24

Rob Halford – vocals
K. K. Downing– guitar
Glenn Tipton – guitar
Ian Hill – bass guitar
Dave Holland – drums
&
Jeff Martin
– backing vocals on "Wild Nights, Hot & Crazy Day"

JUDAS PRIEST

aVRiL (BiS)
Siouxsie and the Banshees "Tinderbox"
ou "Plénitude"

Creusant encore plus avant l'esthétisme sonique développé dans Hyæna deux ans plus tôt, avec un line-up une fois de plus ajusté, out Robert Smith trop pris par son Cure à lui, in John Valentine Caruthers ex-membre des punk industrieux de Clock DVA, déjà le 4ème guitariste utilisé par la formation, Siouxsie and the Banshees produit en 1986 une merveille de post-new wave rêveuse (à bien des égards une influence majeure d'un courant rock gothique en plein développement), une beauté glacée appelée Tinderbox. Qu'y entend-on ? Un groupe dans la plénitude de son art qui, sûr de sa force et de son style, produit une galette toute en nuance où, évidemment, la performance remarquable de Siouxsie, peut-être la plus belle de sa carrière, est l'élément déterminant. Mais ce n'est pas tout parce que les arrangements, assemblage savant de textures et mélodies qui n'ont d'autre but que de créer les ambiances, et où le nouveau guitariste s'épanouit pleinement parce qu'il y a de la place et que son jeu économe sied à merveille, permettant à la dame en noir toutes les folies et beautés dont on la sait capable avec d'autant plus d'aisance que les expérimentations des opus précédents sont enfin pleinement sous contrôle avec une Siouxsie et des Banshees qui ont appris à ne plus essayer d'épater la galerie. Et les chansons qui vont avec puisque, des accrocheurs Candyman et Cities in Dust, normal ce sont les singles !, d'une doublette émotionnelle enchainée à couper le souffle (The Sweetest Chill, This Unrest, rampant pour le premier, plus explosif pour le second), à un Land's End où la Miss Sioux laisse la Patti Smith qui sommeille en elle s'exprimer, c'est à un déroulé sans faille duquel nous sommes témoins. Et ce ne sont pas les deux excellents inédits de cette version rééditée et remasterisée qui viendront amoindrir le plaisir de l'auditeur amateur d'un genre de rock qui, moderne en 1986, ne souffre pas du même ancrage daté et demeure aussi viable, 30 ans après. Recommandé.

1. Candyman 3:44
2. The Sweetest Chill 4:07
3. This Unrest 6:21
4. Cities in Dust 3:51
5. Cannons 3:14
6. Party's Fall 4:56
7. 92° 6:02
8. Land's End 6:06
Bonus
9. Cities in Dust (12" Eruption Mix) 6:51
10. The Sweetest Chill (Chris Kimsey 12" Remix) 5:57
11. Song from the Edge of the World (JVC Version) 4:04
12. Starcrossed 4:07

Siouxsie Sioux– vocals, piano, whistle
Steven Severin– electric bass, keyboards, piano, drumbox, emulator
Budgie – drums and percussion
John Valentine Carruthers – guitars, keyboards, waterphone

SIOUXSIE & THE BANSHEES

Mai
Peter Gabriel "So"
ou "Gabriel, l'alchimiste"

A l'image d'une pochette qui n'a jamais été aussi franche, So est peut-être bien l'album le plus naturaliste de Peter Gabriel, celui où l'ex-Genesis atteint son sommet de popularité absolu, aussi. La popularité, évidemment, doit beaucoup au single inaugural, ce Sledgehammer qui, non content d'être mélodiquement infectieux et arrangé au millimètre (une constante chez le Gab') bénéficia d'un clip en "heavy rotation" chez un MTV qui, l'air de rien, avait révolutionné le monde musical, rajoutant l'image au son. Cette époque, d'ailleurs, est pain béni pour un Peter toujours curieux des développements multi-médias se présentant à lui, toujours prêt à tenter de nouvelles expériences donnant plus d'épaisseur à son art. Mais comme son art est avant tout la musique, il n'est que temps d'évoquer ce qu'on trouve sur So et d'expliquer en quoi il serait l'album le plus naturaliste de Gabriel. Déjà, il y a les rapprochements avec la world music, qui ne sont pas nouveaux mais trouvent ici une plénitude, une osmose avec les compostions, à laquelle nous n'avions jamais encore assisté. Pour l'exemple, on citera évidemment l'exceptionnelle performance de Youssou N'Dour sur In Your Eyes mais, vraiment, c'est tout l'album qui est infusé de flaveurs qui, pour exotiques qu'elles soient dans un contexte pop rock, ne s'intègre pas moins harmonieusement, naturellement à l'ensemble. Ensuite, il y a les compositions en elle même avec lesquelles on a le sentiment, sans doute faux quand on sait le temps que le maniaque aux commandes met à accoucher de chacun de ses albums, que Gabriel, cette fois, s'est laissé guider par ses instincts, n'a pas, comme ça a pu parfois être le cas par le passé, et pas seulement avec Genesis, sur-intellectualisé sa création et, de fait, Red Rain, That Voice Again, Mercy Street et This Is the Picture coulent de source, et que même le pathos de Don't Give Up (il faut dire en duo avec Kate Bush, qui se trompe rarement) n'est pas too much ou forcé... Naturel ! Bien-sûr, à l'écoute détaillée de l'opus, on se rend compte de l'énorme masse de travail mais, en se laissant porter, c'est à une rivière de sons cohérents, accueillants qui vous prend. Avec quelques soubresauts, la soul revisitée de Big Time par exemple, pour éviter tout risque d'endormissement, parce qu'à être trop relax... So, en plus de tout ce ça, est aussi de ces albums qui tiennent la distance, dont la production, certes de son temps, est suffisamment fine pour paraître historique aujourd'hui, pas datée. Beaucoup diront que le pic créatif de Peter Gabriel est passé en 1986, que l'homme s'est à partir de là et depuis intelligemment vendu aux masses dans une carrière finalement assez peu osée, à l'écoute du présent, on ne peut que battre en brèche cette allégation et affirmer haut et fort que So est un chef d'œuvre et que, parfois, les chefs d'œuvres rencontrent leur public, surtout quand il sont fomenté par un aussi précieux alchimiste... Obligatoire !

1. Red Rain 5:39
2. Sledgehammer 5:12
3. Don't Give Up 6:33
4. That Voice Again 4:53
5. In Your Eyes 5:27
6. Mercy Street 6:22
7. Big Time 4:28
8. We Do What We're Told (Milgram's 37) 3:22
9. This Is the Picture (Excellent Birds) 4:25

Peter Gabriel– lead and backing vocals, Fairlight CMI, Sequential Circuits Prophet-5 (all except tracks 5, 9), piano (all except tracks 7, 9), Linn LM-1 (tracks 3, 7), synthesizer (tracks 5, 7), percussion (track 4), Yamaha CS-80 (track 6), LinnDrum (track 9), Synclavier (track 9)
Tony Levin – bass guitar (tracks 1, 2, 3, 4, 5), drumstick bass guitar (fretting only) (track 7)
David Rhodes– guitar (all except tracks 6, 9), backing vocals (tracks 1, 5)
Jerry Marotta – drums (tracks 1, 8), additional drums (track 5), drumstick bass guitar (drumming only) (track 7)
Manu Katché – drums (tracks 2, 3, 4, 5), percussion (tracks 3, 4, 5), talking drum (tracks 5, 9)
Chris Hughes – LinnDrum programming (track 1)
Stewart Copeland – hi-hat (track 1), drums (track 7)
Daniel Lanois – guitar (tracks 1, 2, 4), tambourine (track 2), surf guitar (track 7), 12-string guitar (track 9)
Wayne Jackson– trumpet (track 2, 7), cornet (track 7)
Mark Rivera– tenor saxophone (track 2, 7), processed saxophone (track 6), alto and baritone saxophone (track 7)
Don Mikkelsen – trombone (track 2, 7)
P. P. Arnold – backing vocals (track 2, 7)
Coral Gordon– backing vocals (track 2, 7)
Dee Lewis– backing vocals (track 2, 7)
Richard Tee– piano (tracks 3, 5, 6)
Simon Clark– Yamaha CS-80 chorus effect (track 3), Hammond, Fairlight CMI and bass (track 7)
Kate Bush – vocals (track 3)
L. Shankar– violin (tracks 4, 8)
Larry Klein– bass guitar (tracks 5, 6)
Youssou N'Dour– vocals (track 5)
Michael Been – backing vocals (track 5)
Jim Kerr– backing vocals (track 5)
Ronnie Bright – bass vocals (track 5)
Djalma Correa – surdo, congas and triangle (track 6)
Jimmy Bralower– LinnDrum kick (track 7)
Bill Laswell– bass guitar (track 9)
Nile Rodgers – guitar (track 9)
Laurie Anderson– vocals (track 9)

PETER GABRIEL

JuiN
Crowded House "Crowded House"
ou "Kiwi Pop"

Premier d'une belle série, hélas interrompue en 2010 avec un sixième et ultime chapitre, l'éponyme des néo-zélandais de Crowded House, présentement en trio et mené par une moitié de la fratrie qui s'y retrouvera quelques années plus tard, pour Woodface, est une démonstration de choses pop d'exceptionnelle qualité. Et une libération pour Neil Finn qui, sorti du Split Enz qui l'a fait connaître, et qu'on situera quelque part entre rock progressif et new wave décalée, peut enfin librement s'adonner à son amour d'une pop musique aussi référencée que réussie. Et fraiche parce qu'elle évite bien des clichés sonores de la plupart des productions équivalentes des années 80 (un grand merci à Mitchell Froom, metteur en son de l'exercice) s'ancrant de fait un peu plus dans la pop classique à laquelle elle appartient naturellement. Évidemment, d'album en album, Crowded House de rapprochera encore un peu plus des fondamentaux du genre mais, déjà, le germe est fermement planté. Et les chansons en sont ses racines, le tube de l'album, Don't Dream It's Over, quel tremplin, en tête mais ce sont tous les titres qui participe à cette redéfinition de Neil Finn en songwriter pop majeur du dynamique Mean to Me et ses cuivres bien punchy, du presque cousin des Talking Heads d'alors, Love You Til the Day I Die, mais en plus pop bien-sûr, au presque funky That's What I Call Love de clôture, avec le luxe d'arrangement nécessaire au genre depuis que les Beatles ont introduit l'ambition dans la pop. Bref, ce n'est que le début de l'histoire, pas même son plus glorieux chapitre mais un album définitivement réussi et, donc, chaudement recommandé à toutes celles et tous ceux à qui la bonne pop parle. 

1. Mean to Me 3:15
2. World Where You Live 3:07
3. Now We're Getting Somewhere 4:09
4. Don't Dream It's Over 3:56
5. Love You 'Til the Day I Die 3:31
6. Something So Strong 2:51
7. Hole in the River 4:02
8. Can't Carry On 3:57
9. Tombstone 3:30
10. That's What I Call Love 3:39

Neil Finn – Vocals, guitar and piano
Nick Seymour– Bass guitar
Paul Hester – Drums and backing vocals
&
Tim Pierce
– Guitar
Jim Keltner– Drums ("Now We're Getting Somewhere")
Jerry Scheff – Bass guitar ("Now We're Getting Somewhere")
Noel Crombie– Background vocals
Jim Gilstrap– Background vocals
Andy Milton– Background vocals
Joe Satriani– Background vocals
George Bermudez – Percussion
Heart Attack Horns – Horns
Mitchell Froom– Keyboards

CROWDED HOUSE

JuiLLeT
Sting "Bring on the Night"
ou "Bring It On!"

Il n'a peut-être qu'un album solo à son actif, ça n'empêche pas l'ex-Police devenu artiste solo, Sting évidemment, de se lancer dans l'exercice ô combien périlleux du double album live, quelque chose qu'il n'avait d'ailleurs pas tenté avec ses anciens partenaires. Il faut dire que le bougre a su s'entourer d'un vrai groupe de tueurs qui, tous issus du jazz, donnent une résonance particulière au répertoire choisi. Le répertoire justement, quelques sélection de l'excellent The Dream of the Blue Turtles et de quelques titres de Police dûment réarrangés, s'en retrouve tout chamboulé des joyeux ajouts que ces authentiques virtuoses savent apporter sans, toutefois, le dévoyer de son but. Le but étant évidemment l'amusement du public réuni ces soirs là, à Paris, Rome et Arnhem pour assister à la performance de Sting, essentiellement. Et quelle performance ! Déjà par le choix des titres qui évite, quand il emprunte au répertoire du trio défunt, de tomber dans la collection de tubes (la face B de Spirits in the Material World, Low Life ou un morceau de la soundtrack de Brimson & Treacle, I Burn for You, on est loin d'Every Breath You Take), et faisant le même coup avec les titres choisis de son album (on trouve Another Day, face B, quand le tube, Russians, peu approprié au contexte musical choisi est absent), c'est clairement un Sting qui sait ce qu'il veut et ce qu'il lui faut pour l'obtenir. De fait, on est ébloui par la qualité d'un live qui, bien monté en studio, passe aisément pour une performance unique et propose, donc, en plus d'un chanteur alors au top de sa popularité, un casting d'instrumentistes qui nous en mettent plein la vue sans même en avoir l'air, pas qu'on soit surpris venant de cadors tels que Omar Hakim, Branford Marsalis, Kenny Kirkland et Darryl Jones. Et c'est là, dans cette équilibre si délicat à trouver et présentement si magnifiquement atteint que réside le sel de ce double à l'ancienne (83 minutes pour deux disques, c'est presque le minimum syndical). Là et, bien-sûr, dans l'impeccable qualité des captations d'un livre jouer et vibrant de vie, et donc chaudement recommandé !

CD 1
1. Bring On the Night/When the World Is Running Down, You Make the Best of What's Still Around 11:41
2. Consider Me Gone 4:53
3. Low Life 4:03
4. We Work the Black Seam 6:55
5. Driven to Tears 6:59
6. Dream of the Blue Turtles/Demolition Man 6:08

CD 2
1. One World (Not Three)/Love Is the Seventh Wave 11:10
2. Moon over Bourbon Street 4:19
3. I Burn for You 5:38
4. Another Day 4:41
5. Children's Crusade 5:22
6. I Been Down So Long 4:54
7. Tea in the Sahara 6:25

Sting – guitar, double bass, vocals, keyboard
Darryl Jones – bass guitar
Branford Marsalis– saxophones, clarinet, rap, percussion
Kenny Kirkland– keyboards
Omar Hakim– drums
Janice Pendarvis – backing vocals
Dolette McDonald– backing vocals

STING

aoûT
Paul Simon "Graceland"
ou "Simon Around the World"

Après le So de Peter Gabriel, convergence des planètes autant qu'un vieux goût commun pour les musiques non-occidentales, c'est au tour du Graceland de Paul Simon d'enfoncer encore un peu le clou d'une fusion pop-world qui, en 1986, prend les charts mondiaux d'assaut. Pour Paul, le pôle magnétique fut la musique d'Afrique du Sud qui suite à une découverte inopinée, chanceuse même, poussa le new yorkais de poche à aller voir sur place, à y enregistrer avec des musiciens locaux pour finalement revenir sur l'ouvrage, une fois rentré à la maison, afin de construire le présent album. Un album qui est une libération pour un Simon qui, sortant d'une reformation houleuse avec son "ami" Art Garfunkel, d'un échec en solo et, surtout, d'un mariage brisé et d'une dépression consécutive, avait bien besoin de ça. Et nous aussi comme c'est évident à l'écoute d'un album qui porte bien son nom (outre la référence à la propriété d'Elvis, Graceland est un album gracieux) et nous happe dès l'inaugural The Boy in the Bubble, morceau thème grave (le terrorisme et la famine) dont Simon arrive à faire un chant d'espoir, fort. Le reste de la galette, glissant harmonieusement entre Occident et Afrique du Sud, est à l'avenant de cette introduction réussie avec, par exemple, un I Know What I Knowà l'ambiance festive et aux grooves, apports mélodiques et chœurs blacks bienvenus, un rêveur et féministe Diamonds on the Soles of Her Shoes, un irrésistible single avec l'entêtant You Can Call Me All et ses cuivres accrocheurs, la polyphonie d'inspiration zoulou d'Homeless dont on ne louera jamais assez la portée émotionnelle et l'ascèse instrumentale (que des voix !), ou un That Was Your Mother aux influences cajun tout en dynamisme infectieux. Comme en plus, évidemment, l'opus est impeccablement produit, et bien remasterisé et bonussé dans la présente version, il n'en faut pas plus pour recommander chaudement ce Graceland qui marqua son époque et qui, ô combien réussi, n'a rien perdu de son sel 30 ans après.

1. The Boy in the Bubble 3:59
2. Graceland 4:48
3. I Know What I Know 3:13
4. Gumboots 2:44
5. Diamonds on the Soles of Her Shoes 5:45
6. You Can Call Me Al 4:39
7. Under African Skies 3:37
8. Homeless 3:48
9. Crazy Love, Vol. II 4:18
10. That Was Your Mother 2:52
11. All Around the World or the Myth of Fingerprints 3:15
Bonus
12. Homeless (demo version) 2:28
13. Diamonds on the Soles of Her Shoes (alternate version) 4:43
14. All Around the World or the Myth of Fingerprints (early version) 3:17
15. The Story of Graceland as told by Paul Simon 9:39

Paul Simon– lead vocals (all tracks), acoustic guitar (tracks 1 and 11), guitar (tracks 5 and 7), Synclavier (tracks 3 and 4), six-string electric bass (track 6), background vocals (tracks 1, 2, 4, 6, and 9)
Rob Mounsey – synthesizer (tracks 1 and 6), horn arrangement (track 6) (uncredited on album)
Ray Phiri– guitar (tracks 2, 5, 6, 7, and 9)
Adrian Belew– guitar synthesizer (tracks 1, 6, and 9), guitar (track 7)
Demola Adepoju– pedal steel guitar (track 2)
Daniel Xilakazi – lead and rhythm guitar (track 4)
Sherman Robertson– guitar (track 10)
César Rosas – guitar and backing vocals (track 11)
David Hidalgo– guitar, accordion, and backing vocals (track 11)
Conrad Lozano– bass (track 11)
Alonzo Johnson – bass (track 10)[65]
Lloyd Lelose– bass (track 9)
Bakithi Kumalo– bass (tracks 1, 2, 5, 6, and 7)
Isaac Mtshali– drums (tracks 5, 6, 7, and 9)
Vusi Khumalo– drums (tracks 1 and 2)
Petrus Manile– drums (track 4)
Alton Rubin, Jr. – drums (track 10)
Louie Pérez– drums (track 11)
Steve Gadd– additional drums (track 11)
Makhaya Mahlangu – percussion (tracks 1 and 2)
Ralph MacDonald– percussion (tracks 4, 6, 7, and 11)
Youssou N'Dour– percussion (track 5)
Babacar Faye– percussion (track 5)
Assane Thiam– percussion (track 5)
James Guyatt – percussion (tracks 5, 6 and 7)
Lulu Masilela – tambourines (track 4)
David Rubin– washboard (track 10)
Alton Rubin, Sr. – accordion (track 10)
Jonhjon Mkhalali – accordion (track 4)
Forere Motloheloa – accordion (track 1)
Barney Rachabane – saxophone (track 4)
Mike Makhalemele– saxophone (track 4)
Teaspoon Ndela – saxophone (track 4)
Lenny Pickett– tenor saxophone (track 5)
Earl Gardner – trumpet (track 5)
Alex Foster – alto saxophone (track 5)
Ronnie Cuber – bass and baritone saxophone (track 6)
Jon Faddis – trumpet (track 6)
Randy Brecker – trumpet (track 6)
Lew Soloff – trumpet (track 6)
Alan Rubin– trumpet (track 6)
Dave Bargeron– trombone (track 6)
Kim Allan Cissel – trombone (track 6)
Morris Goldberg – penny whistle (track 6), soprano saxophone (track 9)
Johnny Hoyt– saxophone (track 10)
Steve Berlin – saxophone (track 11)
The Everly Brothers– additional vocals (track 2)
The Gaza Sisters – vocals (track 3)
Diane Garisto– backing vocals (track 4)
Michelle Cobbs– backing vocals (track 4)
Ladysmith Black Mambazo– vocals (tracks 5 and 8)
Joseph Shabalala – vocals (track 8)
Linda Ronstadt – additional vocals (track 7)

PAUL SIMON

SePTeMBRe
Iron Maiden "Somewhere in Time"
ou "Maiden FM ?"

Comme Judas Priest qui se lança, quelques mois plus tôt, corps et âme et sans filet dans une pop metal qu'on n'attendait pas, Iron Maiden change en partie son  approche sonique en 1986 mais, fondamentalement, reste bel et bien l'Iron Maiden que nous connaissons. Et même le Iron Maiden que nous allons apprendre à connaître, où les synthétiseurs ne sont plus un gros mot mais une addition intéressante au panorama heavy metal progressif développé par le groupe. Alors, certes, il y a le single, excellent eu demeurant, peut-être la toute meilleure réalisation d'Iron Maiden dans l'exercice en fait, ce Wasted Years composé par le guitariste Adrian Smith (ceci expliquant probablement cela), qui rapprocherait la Vierge de Fer des choix radio-compatibles de leur collègues précités mais comme, avec ces satanées guitare-synthés qui furent fraichement reçue par les plus puristes qui craignirent le pire, et qui pour la plupart on depuis changé d'avis, c'est la seule concession, si c'en est une, à un mercantilisme tout sauf évident, on est loin de la conversion au dieu MTV dans laquelle certains versèrent franchement (Def Leppard, Saxon, Tygers of Pan Tang... c'était une épidémie !). De fait, du chant immédiatement reconnaissable de Bruce Dickinson, de la basse toujours galopante de Steve Harris, de ces doubles guitares si absolument typiques et évidemment présentes, et du jeu nerveux et précis d'un batteur refusant encore et toujours de céder aux sirènes de la double grosse caisse (on l'en remercie), Iron Maiden enquille les habitudes et nous sert, une fois de plus et ce n'est pas prêt de changer, un pur album de Heavy Metal comme eux seuls en son capables. Et comme l'inspiration est belle et bien au rendez-vous (seul Déjà-Vu, rituelle virgule créative du peu prolifique Dave Murray, ici avec Harris, est un peu en-deçà mais demeure plus que correcte) que toutes les "cases" de ce qu'un fan attend de son groupe préféré son dûment cochées (du morceau épique et bastonnant d'ouverture, Caught Somewhere in Time au titre heavy progressif de conclusion, Alexander the Great, en passant par la chanson hymne qui fera bien sur scène, Heaven Can Wait et ses ho-ho-ho à reprendre en chœur), que la production une fois de plus confiée au fidèle Martin Birch assaisonne parfaitement le velouté, on applaudit la performance chaudement. Pour la petite histoire, on notera la totale absence de Bruce dans les compositions, ce qu'il proposa ayant été jugé incompatible avec Iron Maiden selon le bassiste/leader, fait sans doute pas étranger de la parution, quelques années plus tard, d'un album solo récréation (Tattooed Millionaire) et à son retrait de quelques années conséquemment, et c'est bien le seul grain de sable à trouver dans la belle machine d'un Iron Maiden encore au sommet de son art. Un classique.

1. Caught Somewhere in Time 7:22
2. Wasted Years 5:06
3. Sea of Madness 5:42
4. Heaven Can Wait 7:24
5. The Loneliness of the Long Distance Runner 6:31
6. Stranger in a Strange Land 5:43
7. Deja-Vu 4:55
8. Alexander the Great 8:35

Bruce Dickinson – vocals
Dave Murray– guitar, guitar synthesiser
Adrian Smith– guitar, guitar synthesiser, backing vocals
Steve Harris– bass guitar, bass synthesiser
Nicko McBrain – drums

IRON MAIDEN

SePTeMBRe (BiS)
Miles Davis "Tutu"
ou "Miles Away"

C'est entendu, Tutu est un album mineur dans la riche et massive discographie de Miles Davis... mais c'est aussi une apothéose.
L'apothéose d'un jazz fusionnant et accessible qui, s'il est loin d'égaler les prodiges passés du Maître du Cool et de la fusion (Kind of Blue, Sketches of Spain, Bitches Brew, etc.), aura au moins le mérite de l'introduire auprès d'un public qui, sinon, serait probablement passé à côté du phénomène et de relancer une carrière quelque peu déclinante.
Parce que Miles, en 1986 (année de sortie de l'album), n'est plus que l'ombre du grand jazzman qu'il fut, que ce soit commercialement ou artistiquement. En effet, si Miles avait parfaitement réussi la transition entre jazz classique et fusion progressive échevelée, il peine à se trouver dans ces années 80 où la production fait tout, ou presque. Arrivant sans doute par lui-même à la réalisation de ce constat d'échec, et malin comme un vieux singe, Miles s'entoure de la fine fleur de la nouvelle génération pour un album à visée clairement radiophonique, un compromis sur la forme mais, au final, le meilleur album du trompettiste lors de cette maudite décade.
Il faut dire que, expertement conçu par le bassiste/multi-instrumentiste Marcus Miller, producteur mais aussi compositeur de la majorité de la sélection, pour Miles, Tutu va comme un gant au vétéran trompettiste. Et que si tout n'est pas d'un égal bonheur dans ce jazz pop caressant, quelques sommets, tels que le morceau titre, Portia ou Backyard Ritual (du et avec le regretté George Duke), justifient à eux seuls qu'on se penche sur la galette. Quand, en plus, on considère l'édition deluxe parue en 2011 et proposant un fort agréable live au Jazz Festival de Nice capté en juillet 1986, il n'y a plus beaucoup à hésiter pour célébrer comme il se doit un opus qui vaut plus que par la (magnifique) pochette signée d'Irving Penn.
On n'ira pas dire que Tutu est essentiel, ce serait exagéré, c'est juste un bon petit album marqué par son temps qui, finalement, vieillit plutôt bien... Ce n'était pas gagné d'avance.

1. Tutu 5:15
2. Tomaas 5:38
3. Portia 6:18
4. Splatch 4:46
5. Backyard Ritual 4:49
6. Perfect Way 4:35
7. Don't Lose Your Mind 5:49
8. Full Nelson 5:06

Disque Bonus
Live from Nice Festival, France, July 1986
1. Opening Medley (Theme from Jack Johnson/Speak/That's What Happened) 15:14
2. New Blues 5:20
3. The Maze 10:15
4. Human Nature 9:04
5. Portia 7:54
6. Splatch 17:10
7. Time After Time 7:22
8. Carnival Time 4:20

Miles Davis - trumpet
Marcus Miller - bass guitars, guitar, synthesizers, drum machine programming, bass clarinet, soprano sax
Jason Miles - synthesizer programming
Paulinho da Costa - percussion on "Tutu", "Portia", "Splatch", Backyard Ritual"
Adam Holzman - synthesizer solo on "Splatch"
Steve Reid - additional percussion on "Splatch"
George Duke - keyboards on all "Backyard Ritual"
Omar Hakim - drums and percussion on "Tomaas"
Bernard Wright - additional synthesizers on "Tomaas" and "Don't Lose Your Mind"
Michał Urbaniak - electric violin on "Don't Lose Your Mind"
Jabali Billy Hart - drums, bongos

MILES DAVIS

oCToBRe
XTC "Skylarking"
ou "Aux Cieux !"

C'est le premier chef d’œuvre du XTC de la seconde période, un album qui suit d'un an le petit et ô combien savoureux intermède psychédélique des Dukes of Stratosphear. La merveille s'appelle Skylarking et est disponible en deux versions et deux pochettes, un choix difficile à faire ? Pas vraiment en fait.
Sur l'album en lui-même déjà, Skylarking est, sans compter le mini album des Dukes of Stratosphear, le huitième album de XTC, le 3ème depuis l'abandon de leur carrière scénique, enregistré début 86 sous la direction de Todd Rundgren dans son studio de l'état de New York dans une ambiance tendue où le principal compositeur (Partridge) et le producteur (Rundgren) s'opposèrent régulièrement sur le ton à lui donner et plus particulièrement sur la qualité du chant d'Andy qui, pourtant, rétrospectivement avoue que Todd largement contribué à sa réussite s'immisçant même sur quelques pistes en tant qu'instrumentiste et sur sa quasi totalité en tant que choriste (de luxe !). Ces tensions ne sont pas audibles dans l'impeccable sélection de chansons sauf à considérer son éclatement stylistique si on le compare avec tous ses prédécesseurs depuis le virage pop et très anglais, forcément !, d'English Settlement. Musicalement, c'est un peu comme si on retrouvait le XTC de Drums & Wires bonifié de tous les acquis dans les compositions et les arrangements, y compris ceux du divin et psychédélique 25 O'clock des Dukes of Stratosphear. Riche, énergique et varié donc, leur plus rock depuis longtemps aussi mais pas exempt de la finesse dont le trio s'est alors fait la spécialité, il comporte moult chansons qui sont depuis devenues autant classiques de leur répertoire. Pour l'exemple, on citera les perfect pop songs Summer's Cauldron et Grass, le dynamique That's Really Super Supergirl, le nuancé et presque progresif Ballet for a Rainy Day, le solaire Mermaid Smiled, le jazzy The Man Who Sailed Around His Soul et, évidemment !, la chanson bonus Dear God si typique de la pop de Partridge, mais, vraiment, il n'y a pas une seule composition faible au programme. Reste que pour toutes ses qualités l'album souffrait d'un mixage lui faisant perdre un relief qui est enfin restauré dans le remaster d'Ape House (le label de Partridge) qui plus est "déloudisé" (de cette vieille guerre à toujours vouloir pousser les potards pour cacher la misère) sortie en avril 2014. L'album y récupère aussi l'artwork "pubien" refusé à l'époque par les labels européens et américains du groupe (Virgin et Geffen). Sans être une révélation, on savait déjà qu'on tenait là un grand album, la nouvelle version améliore grandement l'expérience de l'auditeur lui permettant, cette fois, d'entendre toutes les nuances, tous les détails de riches sessions.
Skylarking est un indéniable classique, l'une des plus belles pierres de l'édifice XTC, encore plus dans sa récente ressortie qui vous est donc chaudement conseillée même si posséder les deux n'est aucunement un crime.

Original Edition
1. Summer's Cauldron 3:19
2. Grass 3:05
3. The Meeting Place 3:14
4. That's Really Super, Supergirl 3:21
5. Ballet for a Rainy Day 2:50
6. 1000 Umbrellas 3:44
7. Season Cycle 3:21
8. Earn Enough for Us 2:54
9. Big Day 3:32
10. Another Satellite 4:15
11. Mermaid Smiled 2:26
12. The Man Who Sailed Around His Soul 3:24
13. Dying 2:31
14. Sacrificial Bonfire 3:49
Bonus
15. Dear God 3:34

Corrected Polarity
1. Summer's Cauldron 3:19
2. Grass 3:05
3. The Meeting Place 3:14
4. That's Really Super, Supergirl 3:21
5. Ballet for a Rainy Day 2:50
6. 1000 Umbrellas 3:44
7. Season Cycle 3:21
8. Earn Enough for Us 2:54
9. Big Day 3:32
10. Another Satellite 4:15
11. Mermaid Smiled 2:26
12. The Man Who Sailed Around His Soul 3:24
13. Dear God 3:34
14. Dying 2:31
15. Sacrificial Bonfire 3:49

Andy Partridge - vocals, guitar
Colin Moulding - vocals, bass, and bonfire
Dave Gregory - vocals, guitar, piano, synthesizer, Chamberlin, string arrangement on "1,000 Umbrellas" and the odd tiple
&
Prairie Prince
- drums
Todd Rundgren - orchestral arrangements, computer programming, melodica on "Summer's Cauldron", keyboards on "Grass" and "That's Really Super Supergirl", and backing vocals
Mingo Lewis - percussion on "Mermaid Smiled" and "The Man Who Sailed Around His Soul"
John Tenney - violin
Emily Van Valkenburgh - violin
Rebecca Sebring - viola
Teressa Adams - cello
Charlie McCarthy - alto and tenor saxophone, flute
Bob Ferriera - tenor saxophone, piccolo, bass clarinet
Dave Bendigkeit - trumpet
Dean Hubbard - trombone
Jasmine Veillette - vocals on the first verse and final line of "Dear God"

XTC

NoVeMBRe
Bad Brains "I Against I"
ou "A Part"

Les Bad Brains sont un groupe rare. 4 blacks rastas de Washington DC forment un groupe de hardcore-punk en 1977. Sans doute influencés par quelque rejeton de la scène punk qui fleurit alors en Angleterre, ils n'abandonnent pas leurs racines reggae, ni leur culture soul/funk. Ils sortiront leur premier album en 1982 occasionnant un petit tremblement de terre dans l'underground US qui ne s'attendait pas à ça. Un second album, l'essentiel Rock for Light (1983) suivra avant un trou de trois ans et... I Against I ! Contrairement à ses prédécesseurs, cet album n'est ni un album de reggae avec des vrais bouts de hardcore dedans, ni un album de punk avec ses quelques vignettes rastas. Non, pour la première (et unique) fois de leur carrière, les 4 dreadlockés mélangent toutes leurs influences dans une collection de chansons aussi énergiques que mélodiques. Leur punk s'est ainsi largement assagi alors que leur reggae n'est plus qu'un élément desdites chansons plutôt qu'un autre style joué par ces énervés disciples d'Haile Selassie. La production de Ron StGermain (Living Colour, Dredg, Killing Joke, etc.) est précise et claire et, surtout, sans esbroufe ce qui convient parfaitement à la collection présentée ici. En bref, I Against I est un album absolument indispensable pour quiconque veut en savoir plus sur les Bad Brains mais ne sait par où commencer.

1. Intro 1:02
2. I Against I 2:50
3. House of Suffering 2:29
4. Re-Ignition 4:16
5. Secret 77 4:04
6. Let Me Help 2:17
7. She's Calling You 3:42
8. Sacred Love 3:40
9. Hired Gun 3:45
10. Return to Heaven 3:19

H.R.: vocals
Dr. Know: guitar
Darryl Jenifer: bass
Earl Hudson: drums

BAD BRAINS

DéCeMBRe
Hubert-Félix Thiéfaine "Météo für Nada"
ou "Hubert für Todos"

Que faut-il penser de l'Hubert-Félix Thiéfaine de la seconde moitié des années 80, de cet artiste jadis très à la marge de la chanson française semblant vouloir se rapprocher d'un grand public dont il n'avait auparavant jamais semblé se soucier ? Parce que musicalement, en se rapprochant d'un rock qu'un certain Hallyday a tiré vers le mainstream, et en laissant donc de côté les rapprochements avec la new wave de ses album avec Mairet, toujours présent ici mais qu'on sent moins impliqué, particulièrement côté arrangements où sa patte paraît absente, Thiéfaine prend un tournant qui peut laisser songeur... Sauf qu'évidemment, Hubert n'est pas Johnny et que ses textes, sa voix et leurs particularismes acquis de longue date font la différence, qu'on imagine mal le rocker aux explosions tâter de la chanson polar décalée (Dies olé sparadrap Joey), des troubles dysfonctionnels de l'appareil génital masculin (Precox ejaculator) ou d'Arthur Rimbaud (Narine Marchande/L'Affaire Rimbaud) et qu'il faut bien le voix si particulière du jurassien pour habiter les passionnés Bipède à Station Verticale, qui revient encore régulièrement dans son répertoire scénique, et Errer humanum est. Alors, indéniablement, ça ose moins, on se repose plus classiquement sur de bêtes riffs bien basiques, on ajoute quelques chœurs féminins pas forcément du meilleur goût et la production, avec sa batterie "à la Phil Collins" et ses synthétiseurs si typiques de leur décennie d'origine, n'est pas là pour arranger l'affaire. Sauf que Thiéfaine, qui, c'est bien connu, résiste à tout et revient toujours, a encore du jus et une inspiration qui fait de Météo Für Nada, oh, pas exactement un classique, mais un de ces albums à côté duquel ceux qui ont fait le tour d'iceux (de Tout Corps Branché (etc.) à Soleil Cherche Futur en passant par Dernières Balises Avant Mutation) ne voudront certainement pas manquer.

1. Dies olé sparadrap Joey 4:50
2. Zone chaude, môme 3:35
3. Precox ejaculator 4:25
4. Narine narchande 1:30
5. Affaire Rimbaud 3:20
6. Bipède à Station Verticale 3:50
7. Sweet amanite phalloïde queen 3:58
8. Diogène série 87 5:30
9. Errer humanum est 4:15

Chant : Hubert-Félix Thiéfaine
Guitares : Claude Mairet
Trompette : Thierry Caens
Claviers : François Duche
Basse : Michel Galliot
Batterie : Alain Gouillard
Chœurs : Lili Davis, Claude Chauvet, Valérie Denis, Luce Scoccimarro, C. Mairet
Fanfare : Musique Municipale de Chenove dirigée par Léon Weber

HUBERT-FELIX THIEFAINE

The 27 Club V2: Les Douze Apôtres (B-List)

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Après les 7 Piliers, les 12 Apôtres soit ceux qu'on connait moins mais qui n'en méritent pas moins notre pleine et entière attention. Et qui sont donc morts trop jeunes, à l'âge symbolique de 27 ans, comme Jimi, comme Janis, comme Jim... R.I.P.

aLaN "BLiND oWL" WiLSoN
Canned Heat and John Lee Hooker "Hooker'n Heat" (1971)
ou "White & Black Blues"

Des petits blancs avec le vent en poupe qui donne un coup de main à un vieux maître un peu oublié ou l'adoubement d'une formation prometteuse par un pape du genre ? Quoiqu'il en soit, la rencontre mythique de Canned Heat et John Lee Hooker vaut le détour !
Dans les faits, Hooker 'n Heat est une drôle de créature tricéphale où voisinent performances solo du vieil Hooker, quelques duos entre le vieux maître et Alan "Blind Owl" Wilson, et des performances incluant les deux précités ainsi que tout le line-up, le nouveau line-up avec les arrivées du guitariste Henry Vestine (un retour en fait) et du bassiste Antonio de la Barreda suite à une double défection au profit des Bluesbreakers de John Mayall.
Souvent intensément laidback, la sélection coule comme un Mississipi paresseux vers son delta, roots en diable, authentique et dépourvue de tout artifice de modernité comme, évidemment, la première partie, 9 titres tout de même, entièrement dévolue à Hooker et à son blues si typique avec des hauts (l'intense The Fellin' Is Gone en pinacle suivi de près par un Burning Hell tout près des étoiles) et d'autres de qualité aussi si un peu routiniers (Send Me a Pillow ou Drifter) qui viennent un marginalement tempérer l'enthousiasme pour la partie solo du vieux maître. Suivent les duos entre Hooker et Blind Owl, trois au total, où la jeune pousse supporte aptement le bluesman de son piano (sur l'entraînant Bottle Up and Go, le talking blues The World Today, un des musts de l'album) ou à la guitare (I Got My Eyes on You, une version ainsi nouvellement titrée, pour des raisons de droit sans doute, du classique de John Lee, Dimples). Last, but certainly not least, viennent les pleines collaborations entre Hooker et le Heat, enfin ! Et c'est un festival de 5 titres où la joie du jeu est non seulement audible mais communicative avec, en sommet himalayen de blues suant et dansant, un Boogie Chillen de plus de 11 minutes... Légendaire !
Alors, certes, la rencontre ne se fait que brièvement, on le regrettera, mais comme le reste est beau, blues et beau, que le tout fait une collection de blues de qualité si supérieure qu'on ne devrait même pas avoir à le recommander, d'autant que si le Hook y est terrible, le regretté Blind Owl, encore un qui eut la mauvaise idée de nous quitter à 27 ans !, le concurrence sérieusement. Oui, carrément.

CD 1
1. Messin' with the Hook 3:23
2. The Feelin' Is Gone 4:32
3. Send Me Your Pillow 4:48
4. Sittin' Here Thinkin' 4:07
5. Meet Me in the Bottom 3:34
6. Alimonia Blues 4:31
7. Drifter 4:57
8. You Talk Too Much 3:16
9. Burning Hell 5:28
10. Bottle Up and Go 2:27

CD 2
1. The World Today 7:47
2. I Got My Eyes on You 4:26
3. Whiskey and Wimmen' 4:37
4. Just You and Me 7:42
5. Let's Make It 4:06
6. Peavine 5:07
7. Boogie Chillen No. 2 11:33

John Lee Hooker - vocals, guitar (all)
Alan Wilson - guitar, harmonica, vocals (CD 1 10, CD 2)
Adolfo de la Parra - drums (CD 2 3-7)
Henry Vestine - guitar (CD 2 3-5, 7)
Antonio de la Barreda - bass (CD 2 3-7)

ALAN "BLIND OWL" WILSON

RoN "PiGPen" MCKeRNaN
Grateful Dead "Aoxomoxoa" (1969)
ou "Psychédélice"

Avec sa pochette extrêmement sexuée (pénienne serait-on tenté de dire), son psychédélisme triomphant, un line-up étiré à sept membres qui parait enfin stabilisé (mais qui ne l'est pas en fait), Aoxomoxoa est le troisième album d'un Grateful Dead en constante progression, le premier triomphe artistique, à défaut de commercial (il devra attendre 1997 pour arriver au disque d'or), de sa discograhie aussi.
Le Dead a commencé à œuvrer quelque années plus tôt, bête groupe de blues rock vaguement psychédélique. Porté par l'élan du Summer of Love et la consommation de plus en plus irraisonnée de substances psychotropes "à la mode" (demandez voir à Timothy Leary ce qu'il en pense !), le groupe n'a depuis eu de cesse de raffiner son approche, de repousser le blues de ses origines comme un simple artifice de leur cocktail technicolor. Déjà sur Anthem of the Sun, le précédent opus de la formation, tous les éléments sont en place, mais c'est bien ici, sur cet album au titre en palindrome totalement imprononçable, que tout prend réellement forme, que le son "acid-trip" du Grateful Dead en studio atteint sa plénitude créative et trippante. C'est évident dès un St. Stephen qui, commençant tout en douceur, prend petit à petit son envol jusqu'à un final éblouissant de liberté et de grâce. La suite ne démentit pas ce coup de semonce originel avec, en must absolus, le faux-blues et très folky Dupree's Diamond Blues, le dansant psychedelic rocker China Cat Sunflower, le finement acoustique et gracieux Mountains of the Moon ou le super-trippé Cosmic Charlie. Vraiment, le temps et l'argent investi, une fortune à l'époque le groupe s'étant longtemps appesanti dans ses sessions du fait de l'acquisition d'une toute récente console d'enregistrement 16 pistes qu'il fallut bien apprivoiser, ce qui prit du temps.
Magie des rééditions, les bonus sont nombreux (une constante dans les remasters du Dead) et, même !, durent ici plus longtemps que l'album et, vu leur teneur "bœufante" et jouissive, on ne s'en plaindra pas. Parce qu'il y a de quoi se réjouir à l'écoute d'une série de jam-sessions, trois au total pour 36 minutes, où le groupe, libéré de toute contingence "chansonesque" se laisse aller dans de longs et riches développement habituellement plutôt réservés à leur épiques concerts. Rajoutez-y une belle version live en public d'un des titres phares de l'album, Cosmic Charlie, proposé à un public ravi avant même la sortie de l'opus, et vous comprendrez que le festin est complet et la présente édition ô combien recommandée.
Le Grateful Dead aura d'autres hauts-faits, Workingman's Dead en est un et pas des moindres, mais plus jamais le charme unique de cet Aoxomoxoa ne sera atteint. Légendaire ? C'est le mot, et obligatoire à la collection de tout historien du rock qui se respecte, aussi et pas seulement parce que ce sera l'une des dernières participations de Ron "Pigpen" McKernan à l'oeuvre de Garcia & Cie mort quelques années plus tard, en 1973.

1. St. Stephen 4:26
2. Dupree's Diamond Blues 3:32
3. Rosemary 1:58
4. Doin' That Rag 4:41
5. Mountains of the Moon 4:02
6. China Cat Sunflower 3:40
7. What's Become of the Baby 8:12
8. Cosmic Charlie 5:29
Bonus
9. Clementine Jam 10:46
10. Nobody's Spoonful Jam 10:04
11. The Eleven Jam 15:00
12. Cosmic Charlie 6:47
Tracks 9-11 recorded live in the studio at Pacific Recording Studio, San Mateo, California, on August 13, 1968
Track 12 recorded live at Avalon Ballroom, San Francisco, California, on January 25, 1969

Tom Constanten - keyboards
Jerry Garcia - guitar, vocals
Mickey Hart - drums, percussion
Bill Kreutzmann - drums, percussion
Phil Lesh - bass guitar, vocals
Ron "Pigpen" McKernan - keyboards, percussion
Bob Weir - guitar, vocals
&
John "Marmaduke" Dawson
Debbie
Peter Grant
Mouse
David Nelson
Wendy

RON "PIGPEN" MCKERNAN

DaVe aLeXaNDeR
The Stooges "Fun House" (1970)
ou "House of Holy Noise"

Le moins connu des Stooges ? Probablement, et pourtant, quel abattage ! Parce que le sax hurlant de Steve Mackay, qui arrive tout juste, et encore juste sur la deuxième face de ce séminal Funhouse, mais sera dès lors de toutes les formations des furieux étatsuniens, c'est tout de même quelque chose ! Or donc, puisque c'est de ce surpuissant souffleur de chaos dont il s'agit à l'occasion de sa regrettée disparition, et sans oublier la très haute tenue d'une première face où les Stooges n'ont jamais été aussi tight (merci Don Gallucci, de chez les Kingsmen, et sa production offrant un cadre presque live aux bostoniens et aux progrès de Ron Asheton sur ses six cordes), intéressons nous à cette face B qui commence très fort avec un 1970 en forme de perfection garage où le soli furieusement jazzy de Mackay vient juste à point pour créer l'élément de surprise qui couronne la réussite, se poursuit avec un Fun House délicieusement jazzy (et un Steve omniprésent) et se conclut sur un apocalyptique et jouissif grand n'importe quoi L.A. Blues tout en furie et sorties de routes... Fort, très fort. A l'image, en vérité, d'un album capturant la substantifique moelle de ces Stooges chenapans protopunks d'absolue référence, avec Iggy qui influencera tellement ce que signifie un frontman possédé, qui ne feront plus mieux mais ça, c'est une autre histoire et le regretté Dave Alexanderà la basse vrombissante... Funhouse ? Immanquable, tout simplement !

1. Down on the Street 3:42
2. Loose 3:33
3. T.V. Eye 4:17
4. Dirt 7:00
5. 1970 5:14
6. Fun House 7:45
7. L.A. Blues 4:52

Iggy Pop– vocals
Ron Asheton– guitar
Dave Alexander– bass guitar
Scott Asheton– drums
Steve Mackay– saxophone
&
Don Gallucci – production, organ overdubs

DAVE ALEXANDER

PeTe HaM
Badfinger "No Dice" (1970)
ou "Le Power de la Pop"

Deux ou troisième album de Badfinger, selon que l'on considère ou pas leur opus sous le noms des Iveys, No Dice est une excellente occasion de se replonger dans les capacités de songwriter hors du commun d'un Pete Ham mort beaucoup trop jeune, 27 ans ! Et de dégonfler un mythe parce que, non, malgré ce qu'on aurait voulu nous faire croire à l'époque, peut-être parce qu'ils étaient le premier groupe sans aucun Beatle dedans à sortir sur le label des Fab Four, Badfinger ne sont pas la descendance des vénérables garçons dans le vent. Il faut dire que quand No Dice sort, le monde se remet tout juste de la nouvelle de la séparation des précités et se jette donc avidement sur la galette y voyant comme un présage de lendemains qui chantent, enfin, surtout en Grande-Bretagne où, franchement, c'est le drame. Résultat ? Un excellent album de pop qui compte, parce que c'est un peu là que la power pop commence, avec des chansons absolument formidables (d'un I Can Take It en pop rock à l'américaine mieux que les ricains, d'une belle ballade menée au piano telle que Midnight Caller, d'une tournerie pop aussi irrésistible que No Matter What, à un fort hippie mais aussi un peu country mais surtout réjouissant Blodwyn... pour ne citez qu'eux), une production absolument parfaite pour le genre (un des ingés son de Sgt. Pepper à la barre, un choix sûr) mais, donc, pas la relève des Beatles. parce que si les mélodies sont belles et le talent indéniable, la fantaisie caractéristiques des arrangements de 4+1 (George Martin !) est ici absente ou, plutôt, recentrée sur un groupe qui veut pouvoir jouer tout ça en scène. Et tant mieux, parce qu'ainsi Badfinger est son propre animal, avec sa propre sensibilité et ses propres maniérismes, et comme la formule est nettement plus accomplie que sur le Magic Christian Music sorti quelques mois plus tôt, et dont on se souvient souvent plus pour sa pochette "à l'index" que ses chansons, c'est forcément une galette fort recommandable. Encore plus dans cette belle réédition où le transfert du vinyle au numérique est parfait et où quelques jolis bonus viennent rallonger le plaisir. Bref, le No Dice de Badfinger, ce n'est peut-être pas les Beatles mais c'est rudement bien !

1. I Can't Take It 2:57
2. I Don't Mind 3:15
3. Love Me Do 3:00
4. Midnight Caller 2:50
5. No Matter What 3:01
6. Without You 4:43
7. Blodwyn 3:26
8. Better Days 4:01
9. It Had to Be 2:29
10. Watford John 3:Midn23
11. Believe Me 3:01
12. We're for the Dark 3:55
Bonus
13. I Can't Take It (Extended Version) 4:14
14. Without You (Mono Studio Demo Version) 3:57
15. Photograph (Friends are Hard to Find) 3:24
16. Believe Me (Alternate Version) 3:04
17. No Matter What (Mono Studio Demo Version) 2:57

Pete Ham– guitar, piano, vocals
Tom Evans– bass, vocals
Joey Molland– guitar, vocals
Mike Gibbins – drums

PETE HAM

GaRy THaiN
Uriah Heep "Demons & Wizards" (1972)
ou "Heep Heep Heep... Uriah !"

On les décrit souvent comme un Deep Purple de seconde division, c'est une indéniable injustice parce qu'Uriah Heep en 1972, qui sort alors son 4ème album, a une vraie personnalité illustrée de suffisamment de trucs personnels, et d'une histoire aussi ancienne que celle de leurs prétendus modèles, pour les considérer comme leur propre animal.
Il suffit d'ailleurs, pour s'en convaincre, d'écouter ce Demons and Wizards depuis justement passé à la postérité, dans la légende. A commencer par l'emballage initial de trois chansons aussi variées que concises avec un The Wizard qui, mené par une guitare acoustique déborde tout juste sur le hard rock et fonctionne parfaitement comme ça, un Traveller in Time qui semble vouloir commencer très dur mais tourne vite en classic rock parfaitement mené pas la voix d'un David Byron sachant quand pousser ses cordes vocales dans leurs derniers retranchements, et un Easy Livin', tube incontestable, où l'orgue prend définitivement plus de place que la guitare. Evidemment, parce qu'ils ont largement les facultés pour, les gars d'Uriah Heep savent aussi injecter quelque doses d'un progressisme tellement d'époque qu'on ne peut quasiment pas l'éviter, c'est le cas sur les deux longues chansons de l'album, Circle of Hands et The Spell, mais sans jamais le moindre excès, sans se reposer sur une construction alambiquée, non, là n'est pas le style des londoniens préférant les crescendos poignants aux vaines démonstrations instrumentales. Et il est peut-être là le particularisme fondamental d'Uriah Heep, posséder la puissance et la capacité de faire beaucoup et bien mais garder toujours en tête que, fondamentalement, seule la chanson compte et que, jusque dans les soli, on se doit de rester supra-mélodique, ce qui est présentement magnifiquement accompli. Parce que si Mick Box, guitare, et Ken Hensley, claviers, Gary Thain, basse, décédé en 1975 à seulement 27 ans, etc., sont de brillants instrumentistes, ils sont avant tout de précieux compositeurs et arrangeurs pour qui cette nouvelle donne, cette nouvelle façon de faire plus de bruit avec ses instruments, est avant tout le véhicule de l'écriture, on ne les critiquera pas là-dessus.
Surtout quand ça donne un album tel que Demons and Wizards, petite merveille d'équilibre entre lourdeur et légèreté, électricité et acoustique, pompe et finesse, où tout est bon. Rien que ça laisserait baba, quand on sait, en plus, qu'ils renouvelleront l'exploit seulement six mois plus tard, avec l'également recommandé The Magician's Birthday, on se dit que, vraiment, Uriah Heep, dans sa période classique (70-78, en gros), mérite mieux qu'une réputation d'éternel second-couteau parfaitement en-dessous de lui.

1. The Wizard 2:59
2. Traveller in Time 3:25
3. Easy Livin' 2:37
4. Poet's Justice 4:15
5. Circle of Hands 6:25
6. Rainbow Demon 4:25
7. All My Life 2:44
8. Paradise 5:10
9. The Spell 7:32
Bonus
10. Why (B-side) 4:53
11. Why (Long version) 7:39
12. Home Again to You (demo) 5:28

David Byron - Lead Vocals
Mick Box - Lead Guitars
Ken Hensley - Keyboards, Guitars, Percussion, Vocals
Lee Kerslake - Drums, Percussion, Vocals
Gary Thain - Bass Guitar
&
Mark Clarke - Bass Guitar (1, 10, 11), vocals (1)

GARY THAIN

CHRiS BeLL
Chris Bell "I Am the Cosmos" (1992)
ou "Cosmic Pop"

En solo ou en groupe (avec Big Star où il partage les compositions avec Alex Chilton lors de son trop court passage, sur un #1 Record toujours aussi recommandé), il y a de nombreuses raisons de regretter le décès ô combien prématuré de Chris Bell. En solo, justement, Chris Bell, c'est comme avec Big Star un unique album, I Am the Cosmos, qui, enregistré en 1974 et 1975, ne sortit que près de deux décennies plus tard, en 1992. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais et, de fait, cette parfaite galette de power pop a largement de quoi contenter ceux qui pensaient bien que le petit gars de Memphis avait un énorme potentiel de merveilles que le vilain destin nous aura volé. Dès I Am the Cosmos, la chanson, c'est plus qu'une confirmation qui nous vient, une révélation, parce qu'on n'en savait pas trop sur l'implication de Bell dans Big Star (avec les crédits partagés, rien n'est jamais évident) et que ce qu'on entend présentement établit que le guitariste/chanteur était au moins l'égal de son complice, Chilton, parce que quelle chanson, une pop à la fois stellaire et saoule où plane l'ombre de George Harrison aussi, et quelle continuation logique du premier Big Star ! Et cette entrée en matière n'est pas un leurre comme le confirme immédiatement un Better Save Yourself du même divin tonneau, puis un Speed of Sound supercool qu'on imagine bien écouter sur une plage tropicale, un Get Away délicieusement rock'n'roll et entraînant où Bell feule comme un vrai beau disciple de Sir Paul, la merveille de petite ballade délicate et ciselée qu'est You & Your Sister, la fêlure à l'âme de Bell n'y étant pas pour rien, le groovy et over-classieux Make a Scene qui semble convoquer le meilleur des Kinks électriques des sixties, un délicat et bucolique Look Up aussi et on va s'arrêter là parce que, en vérité, si ce n'était pour une production parfois un peu étrange (on a souvent l'impression d'une démo de voix et de batterie boostée d'additions instrumentales tardives, pas que ça ne gâche en rien le plaisir), on se dit qu'on tiendrait là le parfait album de power pop originelle. Ce dont cet I Am the Cosmos sauvé des eaux, merci Rhino, n'est vraiment pas loin. Très chaudement recommandé.

1. I Am the Cosmos 3:46
2. Better Save Yourself 4:25
3. Speed of Sound 5:11
4. Get Away 3:26
5. You and Your Sister 3:11
6. Make a Scene 4:09
7. Look Up 3:14
8. I Got Kinda Lost 2:42
9. There Was a Light 3:19
10. Fight at the Table 3:41
11. I Don't Know 3:22
12. Though I Know She Lies 3:35
Bonus
13. I Am the Cosmos (slow version) 3:40
14. You and Your Sister (country version) 2:56
15. You and Your Sister (acoustic version) 2:53

Chris Bell– guitar, vocals
Ken Woodley– bass guitar, organ
Richard Rosebrough– drums
Jody Stephens– drums
Alex Chilton– backing vocals on track 5, guitar on track 26
Bill Cunningham– arrangement on track 5
Jim Dickinson– piano on track 10

CHRIS BELL

D. BooN
Minutemen "3-Way Tie (For Last)" (1985)
ou "Thinking Punk"

Quatrième et ultime album de Minutemen qui ne pouvait décemment pas continuer du fait du décès de leur guitariste/chanteur D. Boon dans un accident de la route à 27 ans seulement, 3-Way Tie (For Last), album au titre tristement prémonitoire, est aussi l'opus le plus évolué d'une formation qui avait précédemment fait dans un punk rock on ne peut plus direct et abrasif, avec des morceaux plus courts les uns que les autres, sa trademark d'alors. Mais plus de ça ici où, dès un fort surprenant Price of Paradise (plus Neil Young que Jello Biafra pour situer) on se rend compte qu'il se passe définitivement quelque chose et que ce D. Boon en pleine mue classic rock, sans rien perdre cependant de son côté sale gosse et d'acquis d'un passé électrique nourrissant ses nouvelles ambitions. De fait, la face D., celle du regretté, est une suite d'inattendus réussis qui d'un cousinage avec les Talking Heads (Lost), d'un penchant même pas coupable pour le rockabilly (The Big Stick), d'une belle reprise de Creedence Clearwater Revival (Have You Ever Seen the Rain?) où même le punk rock sort des sentiers battus (ha ! l'excellent Political Nightmare !). Forcément, la face Mike, celle de l'autre compositeur de la formation, le bassiste et également chanteur Mike Watt, de belle qualité mais nettement moins surprenante (quoique le folk triste de Stories, l'inspiration latino de What Is It? ou le protest rock presque free de Just Another Soldier font leur petit effet) est un peu en deçà mais complète finalement bien l'inspiration "dans tous les sens" de Boon. Bref, meilleur album si le plus atypique de ces Minutemen furieusement anti-establishment, est ce qu'il est convenu d'appeler un final en fanfare, qui laisse un goût amer parce que sans ce satané sort... Immanquable !

Side D.
1. Price of Paradise 3:38
2. Lost 2:33
3. The Big Stick 2:34
4. Political Nightmare 3:56
5. Courage 2:35
6. Have You Ever Seen the Rain? 2:30
Side Mike
7. The Red and the Black 4:09
8. Spoken Word Piece 1:07
9. No One 3:29
10. Stories 1:36
11. What Is It? 1:51
12. Ack Ack Ack 0:27
13. Just Another Soldier 1:58
14. Situations at Hand 1:23
15. Hittin' the Bong 0:41
16. Bermuda 1:41

D. Boon– electric guitar, acoustic guitar, vocals, piano
Mike Watt– bass, vocals, acoustic guitar, electric guitar
George Hurley– drums
&
Joe Baiza– lead guitar ("Situations At Hand")
Ethan James– Linn drum ("What Is It?"), Vietnam War battlefield tape ("Spoken Word Piece")

D. BOON

PeTe De FReiTaS
Echo and the Bunnymen "Crocodiles" (1980)
ou "Sad But True"

Triste mais vrai, en voici un qu'on n'évoque pas assez souvent, et pourtant, quel bestiaire d'album !, singes, crocodiles et hommes-lapins !, quelle influence sur l'évolution du punk rock vers des territoires plus expérimentaux et délayés, aussi. Il faut pour ça un amour consommé et bien digéré du Velvet Underground, quelques sources provenant d'un rock qu'on appelait encore quelques années plus tôt psychédélique (les Doors surtout) et, évidemment, les chansons qu'il faut pour articuler l'exercice. De ce côté là, le Crocodiles d'Echo and the Bunnymena tout d'un premier album longuement fomenté, précieusement mis au point par des musiciens qui, enfin !, ont le droit à la reconnaissance professionnelle après laquelle il courait tant. Pas que McCullough and Cie soient en quoique ce soir opportunistes, avant-gardistes d'une indie-England un peu sombre mais tout de même très cool, comme dirait le Fonz'!, avec un guitariste à concurrencer l'excellent John McGeogh (Magazine), Will Sergeant, parce qu'il sait créer des climats sortant des sentiers battus et rebattus sans rien perdre de la puissance qui définit le genre, un indie post-punk un poil psyché pour ceux qui ne suivraient pas. Et comment ne pas citer la voix passionnée de Ian McCullough, autre atout majeur d'une formation n'en manquant pourtant pas et qui, capable de passion mais aussi d'imagination, il vocalise volontiers en mode presque free, qui génèrera moult clones jamais aussi inspirés ? Et puis, forcément, on se doit de mentionner le batteur de l'exercice, Pete de Freitas, moteur puissant et inépuisable de l'opus qui succomba d'un accident de la route à l'âge mythique de 27 ans, l'âge du club duquel on ne veut surtout pas faire partie. Avant de revenir aux chansons qui d'un trippant Going Up d'ouverture (les Doors déshabillé par le Velvet ou quelque chose du genre), d'un Stars Are Stars spatial et tendu, d'un Pride glorieusement tribal, d'un Rescue larvé et rampant, d'un All That Jazz presque dansant mais certainement pas jazz, d'un Happy Death Men possédé et théâtral aux nombreux bonus de cette riche édition, inédits, démos, lives, tout tout tout, vous saurez tout sur le croco !, est une impeccable et implacable collection qu'on revisite souvent avec toujours un plaisir renouvelé. Parce que Crocodiles n'est pas qu'un album important dans l'histoire du rock indépendant, c'est surtout une sacrée galette à recommander à tous !

1. Going Up 3:57
2. Stars Are Stars 2:45
3. Pride 2:41
4. Monkeys 2:49
5. Crocodiles 2:38
6. Rescue 4:26
7. Villiers Terrace 2:44
8. Pictures on My Wall 2:52
9. All That Jazz 2:43
10. Happy Death Men 4:56
Bonus
11. Do It Clean 2:44
12. Read It in Books 2:31
13. Simple Stuff 2:38
14. Villiers Terrace (early version) 3:08
15. Pride (early version) 2:54
16. Simple Stuff (early version) 2:37
17. Crocodiles (live) 5:09
18. Zimbo (live) 3:36
19. All That Jazz (live) 2:53
20. Over the Wall (live) 5:28

Ian McCulloch– vocals, guitar
Will Sergeant– lead guitar
Les Pattinson– bass
Pete de Freitas– drums

PETE DE FREITAS

Mia ZaPaTa
The Gits "Frenching the Bully" (1992)
ou "Grrrl Rebellion"

Il y a des destins un peu plus tragiques que d'autres, des histoires de carrières brisées qui glacent un peu plus les sangs... Petite punkette rebelle et féministe, Mia Zapata, vocaliste des essentiels The Gits, est de ceux-là, elle qui fut battue, violée, étranglée, crime à l'abjection hélas trop commune, presque ordinaire... En vérité, s'il n'y avait la personnalité de la victime, le fait qu'elle soit une figure publique, front-woman d'une formation prometteuse d'une scène alors en pleine explosion, Seattle dans le sillage de Nirvana et consorts, c'était quelque chose en 1993, et qu'elle avait 27 ans au moment des faits, on n'en aurait sans doute jamais entendu parler... Triste mais vrai. Et la musique me direz-vous ? C'est, dès un Absynthe d'ouverture et tout du long d'un album aussi bref qu'explosif (30 minutes et quelques secondes sans les bonus), un défilé de hardcore/punk rock dynamique et mélodique où Mia a tout loisir de laisser parler ses diatribes féministes. La voix de Mia ? Quelque chose de Gwen Stefanià l'époque où elle débutait avec No Doubt et la figure forcément tutélaire de Patti Smith qui n'est jamais bien loin chez les filles en colère. Evidemment les thèmes de Mia, le côté absolument cash de ses paroles (comme sur un Slaughter of Bruce avec l'exploitation des femmes dans le music business), et un groupe ouvertement épris d'électricité speedée font la différence. Ça et la qualité de chansons qui, suffisamment variée malgré le petit domaine où s'exprime la formation, parviennent non seulement à ne pas lasser jusqu'au punk occasionnel mais donnent franchement des envies de se secouer frénétiquement en se lançant les uns contre les autres... Pogo ! Avec une petite surprise de temps en temps comme l'excellent It All Dies Away sorte de rock un poil bluesy à la Patti Smith, épatant ! Et encore plus avec d'excellents bonus avec, surtout, 8 titres live furieux et bien captés, à Portland, presque à la maison, et une version single de Twisting nettement plus accessoire pour clore le bal. Frenching the Bully sera le seul album que les excellents The Gits sortiront du vivant de Mia, suivra un second opus posthume, Enter: The Conquering Chicken, qui, tirant vers un rock plus classique et le blues ne reproduira pas la performance. Reste donc cet opus, cette expression rageuse mais pas sans finesse d'un groupe qui n'aura pas le temps de se développer. L'album est chaudement recommandé, cela va sans dire, et pas seulement pour le tragique fait-divers qui lui est lié pour l'éternité.

1. Absynthe 3:13
2. Another Shot Of Whiskey 2:41
3. Insecurities 1:45
4. Slaughter Of Bruce 3:16
5. Kings And Queens 1:59
6. It All Dies Anyway 4:07
7. While You're Twisting, I'm Still Breathing 2:37
8. A 1:24
9. Wingo Lamo 2:11
10. Spear And Magic Helmet 2:37
11. Cut My Skin, It Makes Me Human 2:16
12. Here's To Your Fuck 1:52
13. Second Skin 2:51
Bonus
X-Ray Cafe, Portland, June 1993
14. While You're Twisting, I'm Still Breathing (Live) 2:38
15. Insecurities (Live) 1:48
16. Slaughter Of Bruce (Live) 3:14
17. Absynthe (Live) 3:04
18. Another Shot Of Whiskey (Live) 2:40
19. Wingo Lamo (Live) 2:19
20. Here's To Your Fuck (Live) 1:50
21. Second Skin (Live) 3:13
22. Twisting (Single Version) 2:43

Mia Zapata - Vocals
Joe Spleen - Guitar
Matt Dresdner - Bass
Steve Moriarty - Drums

MIA ZAPATA

KRiSTeN PFaFF
Hole "Live Through This" (1994)
ou "Nirvanana"

Deuxième album du groupe de celle qui fit tourner la tête de Kurt Cobain, Courtney Love, Live Through This est aussi le plus réussi. Il faut dire que la miss Love a largement retouché l'occasion de son Hole pour l'occasion, ne gardant de ceux qui l'avaient accompagné la fois précédente, sur un fort peu mémorable Pretty on the Inside, que le seul Eric Erlandson, guitariste idéalement complémentaire, avec, en lieu et place des deux licenciées, Caroline Rue et Jill Emery, deux nouvelles filles, Kristen Pfaff et Patty Schemel. Et un nouveau contrat en poche puisqu'à l'indépendant Caroline se substitue, comme c'est étrange, la David Geffen Company qui se trouve également accueillir un certain Nirvana. Musicalement, ça se confirme avec un groupe qui a nettement mis la pédale douce sur les excès sonores en faveur d'un indie punk raccord aux aspirations de la "génération Nevermind" qui causa d'ailleurs la rumeur, fallacieuses mais persistante jusqu'à aujourd'hui, qu'un certain petit-ami aurait été extrêmement impliqué dans sa genèse. Pas qu'on ne comprenne pas de telles allégations, d'ailleurs, parce qu'il faut bien le dire, il y a un vrai côté "Nirvanana" dans Live Through This. Et ça commence dès un Violet jouant sur un couplet plutôt léger amenant vers un refrain puissant et un peu gueulard, comme Nirvana mais bien fait et avec sa propre voix, celle de Courtney Love et d'Eric Erlandson, titulaires de la plupart des compositions de l'opus. La suite confirme qu'Hole est, cette fois, dans des dispositions nettement plus abordables et mélodiques que par le passé sans toutefois perdre toute la rage qui les caractérisait, ainsi Miss World, Plump, Asking for It, Jennifer's Body, etc.,  heureusement toutes de bonnes chansons avec leurs spécificités propres, creusent peu ou prou le même sillon que la saillie d'ouverture. Et on ne s'en plaint pas et constate que cette fois-là, et cette fois-là seulement, Hole tutoyait le tout meilleur de l'indie rock et du grunge de sa génération. Hélas, les circonstances, particulièrement le double deuil de Courtney qui, en plus de perdre l'homme à qui elle s'était unie, perdra bientôt sa collègue bassiste, Kristen Pfaff, tous deux à 27 ans, le sort s'acharne ! Toujours est il que Live Through This, pas le plus grand album de l'histoire du rock and roll mais une galette dignement troussée, méritera l'attention de celles et ceux qui aiment les filles qui en ont mais n'oublie pas d'être des filles (et un garçon) pour autant.

1. Violet 3:24
2. Miss World 3:00
3. Plump 2:34
4. Asking for It 3:29
5. Jennifer's Body 3:42
6. Doll Parts 3:31
7. Credit in the Straight World 3:11
8. Softer, Softest 3:28
9. She Walks on Me 3:24
10. I Think That I Would Die 3:36
11. Gutless 2:15
12. Rock Star 2:42

Courtney Love– vocals, guitar
Eric Erlandson– guitar
Kristen Pfaff– bass, piano, backing vocals
Patty Schemel – drums, percussion
&
Dana Kletter– backing vocals
Kurt Cobain– backing vocals (4, 8)

KRISTEN PFAFF

JeReMy MiCHaeL WaRD
Omar Rodriguez Lopez and Jeremy Michael Ward "Omar Rodriguez Lopez and Jeremy Michael Ward" (2008)
ou "Duo Electro"

On les connaissait pour leurs œuvres au sein des progueux modernes de The Mars Volta, on les savait aussi friands de nombreux side-projects dont cet étrange et captivant éponyme n'est pas le moindre. Introducing Omar Rodriguez Lopez et Jeremy Michael Ward en leur cru électro de 2008. Un cru qui déplaira profondément à ceux qui apprécient les mers d'huiles et tire franchement vers un ambient industriel fourbi de nombreuses abstractions qu'on n'écoute pas tant qu'on le ressent. Minimaliste dans l'approche, absolument pas mélodique dans la réalisation, c'est une suite de pistes où on passe de bruitages synthétiques qu'on imaginerait bien rythmer un duo de sabre-laser d'un Star Wars définitivement plus à la marge à d'autres semblant exprimer le désespoir de l'abeille cherchant obstinément l'issue dans la surface vitrée avec, parfois, juste pour ne pas totalement perdre la victime auditive de l'expérience,une petite boucle mélodique bientôt triturée jusqu'à en devenir méconnaissable. Agréable ? Certes non, et ce n'en est d'ailleurs pas le but, mais pas désagréable pour autant, l'éponyme de compère qui ne pourront hélas pas continuer longtemps leurs expériences soniques (décès de Jeremy Michael Ward, d'une overdose, à 27 ans, un de plus) qui, quelque part entre Aphex Twin dans sa part ambiante et les bizarreries sonores d'un Matt Elliott (Third Eye Foundation), c'est avant tout d'un trip dont il s'agit plutôt, où l'on entre ou pas mais qui, assurément, ne laissera pas indifférent. 

1. Sounder of Tame Swine 2:44
2. A Tightrope Supports Our Festering 2:11
3. Salvo 14:19
4. Impoverished Beliefs 3:28
5. Heathrow Waltz 2:07
6. Swell the Ranks 3:45
7. Gidi Prime 4:25
8. Swiss Armor Tank 2:10
9. Improvised Beliefs 5:17
10. Host to Fairweather Friends 2:49
11. Untitled 2:30

Omar Rodriguez Lopez
Jeremy Michael Ward

JEREMY MICHAEL WARD

+
L'éNiGMe RiCHey eDWaRDS
Manic Street Preachers "Generation Terrorists" (1992)
ou "New Punks"

Oser un double album studio dès son premier opus, il faut être un peu punk, carrément décadent et assurément plein de morgue et d'envie pour s'y essayer. Ca tombe bien c'est exactement le cas d'un quatuor gallois répondant au doux nom de Manic Street Preachers.
Mais quelle est exactement l'ambition de ces quatre gars quand ils se lancent dans un projet semblant destiné à rabibocher le plus "pomp" du rock avec l'éthos punk d'un Clash ? Et comment parvenir à réaliser telle tour de force quand on n'en est, fondamentalement, qu'au tout début d'une carrière prometteuse, le MSP s'étant fait un nom avant de signer chez la major Columbia ? En ne faisant rien comme tout le monde, forcément ! En ayant un guitariste/parolier, Richey Edwards, membre non-officile du 27 Club puisque présumé mort seulement suite à sa disparition de 1995, qui ne chante pas ni ne joue de guitare sur l'album, icelles enregistrées par le chanteur, James Dean Bradfield, en osant, de la power-ballade la plus typique qui soit (Motorcycle Emptiness, un machin à deux doigts de Whitesnake, carrément !), du riff à la Keith Richards pour un post-glam réussi (Slash 'n' Burn), du stadium rock grungisé de compétition (You Love Us), une lecture très personnelle de l'electro (Repeat (Stars and Stripes) ou les Manic Beaties pour situer), ou de la pop (ici punkisée) comme ils en réussiront beaucoup quelques années plus tard (So Dead)... En élargissant, en s'essayant à tous les possibles sur une base rock hard en solide et utile fondation ce que confirme dès son titre l'ultime chanson de l'opus originel, Condemned to Rock 'n' Roll. Une belle collection de mec "qui en ont".
Et puis il y a les bonus, édition Deluxe commémorative du 20ème anniversaire de l'album oblige, et là, majoritairement grâce aux moult démos préparatoires de l'album, on peut constater des changements, des enrichissements, une faim grandissante de faire du punk rock théâtral qui séduira surtout les vrais fans du groupe, les autres, passée une première écoute amusée, relègueront la chose au rang des souvenirs.
Presque aussi têtes à claques qu'Oasis (ça s'est amélioré depuis pour les gallois), mais tellement plus talentueux, c'est l'évidence dès ce premier long-jeu aux ambitions pas toutes réalisées mais terriblement gonflées, les Manic Street Preachers s'installaient, en 1992, comme une force avec laquelle il allait falloir compter dans le petit monde du rock britannique, prédiction depuis largement confirmée.

CD 1 - Album
1. Slash 'n' Burn 3:59
2. Nat West–Barclays–Midlands–Lloyds 4:32
3. Born to End 3:55
4. Motorcycle Emptiness 6:08
5. You Love Us 4:18
6. Love's Sweet Exile 3:29
7. Little Baby Nothing 4:59
8. Repeat (Stars and Stripes) 4:09
9. Tennessee 3:06
10. Another Invented Disease 3:24
11. Stay Beautiful 3:10
12. So Dead 4:28
13. Repeat (UK) 3:09
14. Spectators of Suicide 4:40
15. Damn Dog 1:52
16. Crucifix Kiss 3:39
17. Methadone Pretty 3:57
18. Condemned to Rock 'n' Roll 6:06
Bonus
19. Theme from M*A*S*H (Suicide Is Painless)

CD 2 - Bonus
1. Slash 'n' Burn (House in the Woods Demo) 3:59
2. Nat West–Barclays–Midlands–Lloyds (Marcus Demo) 4:01
3. Born to End (Marcus Demo) 2:54
4. Motorcycle Emptiness (House in the Woods Demo) 6:26
5. You Love Us (Heavenly Version) 4:26
6. Love's Sweet Exile (House in the Woods Demo) 3:15
7. Little Baby Nothing (House in the Woods Demo) 4:25
8. Repeat (Marcus Demo) 2:42
9. Tennessee (House in the Woods Demo) 2:55
10. Another Invented Disease (House in the Woods Demo) 3:32
11. Stay Beautiful (Marcus Demo) 3:13
12. So Dead (House in the Woods Demo) 4:24
13. Repeat (House in the Woods Demo) 3:11
14. Spectators of Suicide (House in the Woods Demo) 5:49
15. Damn Dog (Live) 1:47
16. Crucifix Kiss (Marcus Demo) 3:41
17. Methadone Pretty (House in the Woods Demo) 4:11
18. Suicide Alley (South Wales Demo) 2:34
19. New Art Riot (South Wales Demo) 2:54
20. Motown Junk (London Studio Demo) 2:53
21. Motown Junk 3:59

James Dean Bradfield– lead vocals, lead, rhythm and acoustic guitars
Richey Edwards– rhythm guitar, lyrics
Sean Moore – drum programming, drums, percussion, backing vocals
Nicky Wire– bass guitar
&
May McKenna– backing vocals on "Another Invented Disease"
Jackie Challenor – backing vocals on "Another Invented Disease"
Lorenza Johnson – backing vocals on "Another Invented Disease"
Dave Eringa – piano, organ on "Nat West–Barclays–Midlands–Lloyds", "You Love Us", "Spectators of Suicide" and "Crucifix Kiss"
Traci Lords – vocals on "Little Baby Nothing"
Spike Edney– keyboards on "Little Baby Nothing"
Richard Cottle – keyboards on "Motorcycle Emptiness"

RICHEY EDWARDS

Hard Boxin'! (Volume 2)

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Trois nouveaux coffrets où l'on tourne autour du hard rock plus qu'on y rentre. Nazareth, certes, est l'archétype du genre mais la suite.... Du sudiste, du FM, on étire les lignes, repousse les limites et tout ça pour quoi ? Pour vous, fidèles visiteurs, pour votre immense plaisir ! Enjoie.

Pas Si NaZ !
Nazareth "The Naz Box" (2011)
ou "Tour d'Horizon"

Et s'il était temps de réévaluer le statut de Nazareth, courageuse, terrienne et travailleuse formation de Hard Rock from Scotland à la belle consistance discographique ?
A l'instar d'Atomic Rooster, de Foghat, d'Uriah Heep, de Budgie (et j'en passe), Nazareth n'a que très épisodiquement connu le succès qu'il méritait et ne reste gravé dans l'inconscient collectif quasiment que pour sa power-ballad et mégatube, Love Hurts. Pourtant, comme le prouve ce généreux et bien foutu coffret, le répertoire de la formation mérite plus que l'anonymat où il se trouve plongé. Découpé en 3 parties (et quatre CDs), la sélection offre une introduction compréhensive et intelligemment agencée (même si incomplète vu l'impressionnante discographie de Nazareth).
Les deux premiers disques se concentrent sur la carrière studio de la formation. Aucun album n'ayant été remisé (sauf le très moyen The Fool Circle de 1981 et ce qui suit la date de parution du coffret, évidemment), on y entend l'évolution du groupe et son adaptation aux changements ébranlant la scène rock. Solides et inspirés dans les 70s, un peu moins intéressants dans les 80s (comme beaucoup de leurs collègues), remontant progressivement la pente depuis, ils finiront par retrouver des couleurs et sortir deux belles galettes dans ce nouveau millénium. Le troisième et la moitié du 4ème CDs sont constitués d'archives live de la BBC datant de 1972 à 1977 permettant d'apprécier le groupe au sommet de sa gloire scénique dans des captations de belle qualité. Et Comme il en faut toujours un peu dans ce genre d'exercice, quelques raretés viennent compléter la tracklist et sont autant de petits plus, pas forcément essentiels mais majoritairement bien sympathiques, que l'auditeur appréciera. Ajoutons que tous ces enregistrements ont été dûment remasterisés pour que la fête soit plus belle.
Alors évidemment, Nazareth n'a jamais rien révolutionné (ni prétendu le faire d'ailleurs) et certains titres ici présents sentent un peu la naphtaline, pas forcément les plus anciens d'ailleurs. Reste que cette formation, trop peu souvent évoquée, demeure une des rares à n'avoir jamais baissé la garde, rendu les armes, sûre qu'elle était de son destin. S'il en était besoin, ce coffret démontre qu'ils avaient bien raison.

CD 1
Studio 1971-1978
1. Dear John 3:47
2. Friends (B-side) 3:40
3. Woke U p This Morning 3:12
4. If You See My Baby (single) 3:00
5. Razamanaz 3:50
6. Bad Bad Boy 3:58
7. Broken Down Angel 3:45
8. Go Down Fighting 3:06
9. This Flight Tonight 3:24
10. Shanghai d in Shanghai 3:44
11. Loved and Lost 5:12
12. Hair of the Dog 4:11
13. Love Hurts 3:53
14. My White Bicycle 3:26
15. Vancouver Shakedown 4:05
16. I Want To Do Everything For You 4:19
17. Expect No Mercy 3:26
18. Place In Your Heart 3:00
19. New York Broken Toy 3:36
20. Star 4:54

CD 2
Studio 1977-2011
1. May The Sunshine (single mix) 3:31
2. Holiday 3:37
3. Hearts Grown Cold 4:14
4. Every Young Man s Dream 3:17
5. Crazy (A Suitable Case For Treatment) 3:25
6. Boys In the Band 3:05
7. Dream On 3:26
8. Whippin Boy 4:42
9. Where Are You Now 3:55
10. Sweetheart Tree 3:02
11. Cinema 4:43
12. Hit the Fan 3:37
13. Piece Of My Heart 4:26
14. Hire and Fire 5:12
15. Every Time It Rains 4:12
16. Cry Wolf 4:14
17. Cant' Shake Those Shakes 3:22
18. Light Comes Down 3:29
19. Day At the Beach 4:56
20. Big Dogz Gonna Howl 4:00

CD 3
1972-1976
1. Turn On Your Receiver (Bob Harris jingle) 1:11
BBC live tracks
2. Called Her Name 4:31
3. Country Girl 4:19
4. Black Hearted Woman 9:59
5. Goin Down 4:29
6. Alactaraz 4:56
7. Vigilante Man 4:51
8. Ruby Baby 4:41
9. Woke Up This Morning/Boogie 9:46
10. Changing Times 6:12
11. Honky Tonk Downstairs 4:07
12. What You Gonna Do About It 5:09
13. You Got Me Hummin 4:22
14. Guilty 4:14

CD 4
BBC live tracks
1. Telegram 5:59
2. Night Woman 7:32
3. Born To Love 4:35
4. Gone Dead Train 3:59
5. Kentucky Fried Blues 4:05
6. Teenage Nervous Breakdown 3:40
Previously unreleased tracks
7. Paper Sun 5:22
8. Storm Warning 3:48
9. Mexico (demo) 2:45
Outtakes from Sound Elixir
10. Laid To Wasted 3:42
11. Read the Book 3:22
12. SOS 4:11
Outtakes from Snakes N Ladders
13. Sunshine Of Your Love 4:41
14. See You See Me 4:35
15. Heatwave 2:32

Chant: Dan McCafferty (1968-2013)
Basse: Pete Agnew (1968-present)
Guitare: Manny Charlton (1968-1990), Zal Cleminson (1978-1980), Billy Rankin (1981-1983, 1990-1994), Jimmy Murrison (1994-present)
Batterie: Darrell Sweet (1968-1999; décédé), Lee Agnew (1999-present)
Claviers: John Locke (1980-1982; décédé), Ronnie Leahy (1994-2002)


SouTHSiDe
Lynyrd Skynyrd "Lynyrd Skynyrd" (1991)
ou "Treasure Box"

Pour toutes celles et tous ceux qui veulent plonger dans l'histoire et la musique de Lynyrd Skynyrd, plus fameux des groupes de Southern Rock avec l'immanquable Allman Brothers Band, il y a une référence qui s'impose, un coffret éponyme de 1991 où est proposé un résumé augmenté de la vie musicale du groupe dans sa période de gloire originelle de 1973 à 1977, et l'accident, comprenant aussi un très utile détour archéologique sur leurs premières années, de galères ou de formation selon d'où l'on se place, de 70 à la signature chez MCA. qui ne comprend donc pas les vrais débuts sous le nom de My Backyard ou un des autres patronymes qu'ils adopteront où, dès 1964, les copains d'enfance Ronnie Van Zant, Bob Burns, Allen Collins et Gary Rossington fomentent ce qui reste la première incarnation de ce qui deviendra en 1969 Leonard Skinnerd (changeant pour l'orthographe que nous connaissons dès l'année suivante) d'après un prof de sport particulièrement rétif aux cheveux longs de ces garçons du sud qui mena la vie dure à certains membres du groupe (Rossington en particulier). Travailleurs acharnés, les petits gars se retrouvent vite une sensation locale qu'ils soient en tête d'affiche de leurs propres gigs ou en première partie de visiteurs plus roués qu'eux, dans tous les cas, un apprentissage live qui portera ses fruits. Suivront quatre albums où le (plus subtil et nuancé qu'il n'y parait) mélange de blues, de rock et de country music (discrète cette dernière mais décisive quant à la définition sonore du combo) fera son bel effet avec des albums qui s'écoulent comme des petits pains, des concerts triomphaux et même d'authentiques hits desquels Sweet Home Alabama (une réponse aux Southen Man et Alabama de Neil Young respectivement issus d'After the Goldrush et d'Harvest) sera le plus emblématique mais aussi le plus contesté parce que semblant soutenir le gouverneur réactionnaire de l'état, une fausse conception que dénoncera Ronnie Van Zant : "Nous avons pensé que Neil tirait tous les canards pour en abattre un ou deux", pas faux. Bref, ce généreux coffret éponyme, a tout pour être l'introduction parfaite en plus d'un complément idéal (que les fans n'ont pas manqué du fait de ses nombreux trésors inédits) d'une discographie absolument recommandée d'un groupe qui mérite franchement qu'on dépasse l'image stéréotypée et donc forcément caricaturale de rednecks bas du front qu'on a trop souvent tendance à leur coller au paletot.

Disc 1 (1970-1973)
1. Free Bird (Demo) 4:07
2. Junkie (Demo) 3:48
3. He's Alive (Demo) 3:09
4. One More Time (Original version) 5:02
5. Gimme Three Steps (Original version) 4:08
6. Trust (Original version) 4:12
7. Comin' Home 5:29
8. Mr. Banker 5:18
9. Down South Jukin' (Demo) 2:53
10. Truck Drivin' Man 5:15
11. I Ain't the One (Demo) 3:46
12. Poison Whiskey (Demo) 3:08
13. Tuesday's Gone 7:32
14. Things Goin' On 4:58
15. Free Bird 9:09

Disc 2 (1974-1976)
1. Sweet Home Alabama 4:43
2. Was I Right Or Wrong? (Demo) 5:08
3. Workin' for MCA 4:46
4. Don't Ask Me No Questions 3:24
5. Swamp Music 3:31
6. The Ballad of Curtis Loew 4:50
7. The Needle and the Spoon 3:52
8. Call Me the Breeze 5:06
9. Saturday Night Special 5:08
10. Made in the Shade 4:39
11. Am I Losin'? 4:33
12. On the Hunt 5:26
13. (I Got the) Same Old Blues 4:07
14. Double Trouble (Live) 3:03
15. Roll Gypsy Roll2:49
16. All I Can Do Is Write About It (Acoustic version) 4:20
17. Four Walls of Raiford (Undubbed demo) 4:12

Disc 3 (1976-1977)
1. Gimme Back My Bullets (Live) 3:37
2. Searchin' (Live) 4:00
3. Simple Man (Live) 6:48
4. Crossroads (Live) 4:17
5. T for Texas (Blue Yodel #1) (Live) 8:42
6. Whiskey Rock-A-Roller (Live) 4:16
7. Ain't No Good Life 4:38
8. What's Your Name? (Alternate mix) 3:38
9. Georgia Peaches 3:12
10. What's Your Name? 3:31
11. I Never Dreamed 5:19
12. I Know A Little 3:26
13. Honky Tonk Night Time Man 4:02
14. That Smell 5:47
15. You Got That Right 3:45

Ronnie Van Zant - vocals
Allen Collins - guitar
Bob Burns - drums
Leon Wilkeson - bass
Billy Powell - keyboards
Ed King - guitar, bass
Artimus Pyle - drums
Steve Gaines - guitar, vocals
Gary Rossington– guitars
Rickey Medlocke– vocals, drums, mandolin


u.S. SToRy
Journey "Time3" (1992)
ou "Rockin' on the Radio"

Fusion dans ses premières années, archétype du rock FM américain ensuite, Journey est finalement un exemple typique de l'évolution de bien des dinosaures des seventies d'une musique alambiquée et recherchée à la conquête des charts que ces musiciens supérieurement doués obtinrent quand ils l'appelèrent de leurs vœux, parce qu'ils savaient trousser de la chanson pour les masses, ils ne s'en étaient simplement pas souciés avant. Chez Journey, cette transition est personnalisée par l'arrivée d'un nouveau chanteur, Steve Perry, qui, prenant la place d'un Gregg Rollie remisé aux claviers et aux chœurs, permit à la formation d'avoir enfin l'étendard idéal, le frontman qui fera vibrer les minettes de sa belle voix androgyne et permettra à ces quasi-vétérans, Gregg Rollie. a tout de même fait Woodstock avec Santana !, et même Schon a débuté, tout jeune, chez le moustachu latino, d'aborder les années 80 comme l'une des valeurs sûres d'un Stadium Rock alors en totale domination nord-américaine. En tout logique commerciale, rien d'anormal là-dedans vu la cible ouvertement grand public du groupe, la première partie de leur carrière, avant Perry donc, est vide expédiée avec 8 titres en début du premier cd, dont 3 inédits ce qui réduit encore plus la portion congrue allouée aux 3 premiers opus de la formation surtout quand on considère qu'Escape (1981), plus gros carton de Journey, est honoré de 7 extraits, diantre. Pour ce qui est d'une sélection équilibrée, il faudra donc repasser et, de fait, ce Time3 est un étrange animal combinant un best of tout à fait légitime, pas un hit qui manque à l'appel, à une compilation de raretés (live, inédits, versions alternatives) qui fera le bonheur des fans à qui, comme toujours dans ces gros déballages, l'objet est prioritairement destiné, mais aussi à ceux qui veulent découvrir cet immanquable de l'AOR (album oriented rock) et auront moult motifs de satisfaction dans un coffret d'autant mieux foutu que son gros livret leur donnera tous les détails de l'histoire d'une formation encore assez peu connue chez nous.

Time 1
1. Of a Lifetime 6:53
2. Kohoutek 6:45
3. I'm Gonna Leave You 7:00
4. Cookie Duster (previously unreleased) 4:21
5. Nickel and Dime 4:15
6. For You (previously unreleased) 3:59
7. Velvet Curtain/Feeling That Way (previously unreleased) 4:29
8. Anytime 3:28
9. Patiently 3:24
10. Good Times (previously unreleased) 2:41
11. Majestic 1:15
12. Too Late 2:58
13. Sweet and Simple 4:13
14. Just the Same Way 3:18
15. Little Girl 5:49
16. Any Way You Want It 3:23
17. Someday Soon 3:34
18. Good Morning Girl 1:44

Time 2
1. Where Were You 3:03
2. Line of Fire 3:06
3. Homemade Love 2:55
4. Natural Thing 3:46
5. Lights (live) 3:31
6. Stay Awhile (live) 2:13
7. Walks Like a Lady (live) 7:12
8. Lovin', Touchin', Squeezin' (live) 4:56
9. Dixie Highway (live) 6:48
10. Wheel in the Sky (live) 5:14
11. The Party's Over (Hopelessly in Love) 3:42
12. Don't Stop Believin' 4:11
13. Stone in Love 4:27
14. Keep on Runnin' 3:40
15. Who's Crying Now 5:02
16. Still They Ride 3:50
17. Open Arms 3:19
18. Mother, Father 5:28

Time 3
1. La Raza Del Sol (previously unreleased - alternate version) 3:24
2. Only Solutions 3:39
3. Liberty (previously unreleased) 2:56
4. Separate Ways (Worlds Apart) 5:24
5. Send Her My Love 3:56
6. Faithfully 4:28
7. After the Fall 5:02
8. All That Really Matters (previously unreleased) 3:55
9. The Eyes of a Woman 4:33
10. Why Can't This Night Go on Forever 3:42
11. Once You Love Somebody 4:40
12. Happy to Give 3:49
13. Be Good to Yourself 3:53
14. Only the Young 4:06
15. Ask the Lonely 3:55
16. With a Tear (previously unreleased) 3:26
17. Into Your Arms (instrumental) 4:10
18. Girl Can't Help It (previously unreleased - live video mix) 4:16
19. I'll Be Alright Without You (previously unreleased - live video mix) 4:59

Neal Schon– lead guitar, backing vocals (1973–1985)
Ross Valory– bass, backing vocals (1973–1985)
Steve Smith – drums, percussion, backing vocals (1978–1985)
Jonathan Cain– keyboards, rhythm guitar, backing vocals (1980–1985)
Gregg Rolie– keyboards, lead vocals, co-lead vocals, background vocals, harmonica (1973–1980)
George Tickner – rhythm guitar (1973–1975)
Aynsley Dunbar– drums, percussion (1974–1978)
Robert Fleischman– lead vocals (1977)
Steve Perry– lead vocals, keyboards, piano (1977–1985)
&
Touring musician
Prairie Prince– drums, percussion (1973–74)
Session musician
Stevie "Keys" Roseman– keyboards (1980)


1996 par 12 (12 mois, 12 albums)

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20 ans, une éternité, hier. Étonnant comme le temps passe vite, comme les souvenirs se distendent et comme ce qui reste donne toujours l'impression que c'était mieux que ça n'était vraiment. Ceci dit, passé au filtre zornophagique, la sélection, pour péremptoire et incomplète qu'elle soit, a de quoi faire saliver... Enjoie !

JaNVieR
Victor "Victor"
ou "unRUSHed"

Il est le premier à sortir de chez Rush pour un projet solo, il est aussi celui qui a été le plus frustré par des années 80 dominées par les synthétiseurs (ceci explique sans doute cela), alors, oui, il y a un véritable esprit de revanche créatif dans le Victor d'Alex Lifeson (qui donne à son projet le même nom que son album, et se fait défigurer pour la pochette, sans doute trop humble pour se mettre tout à fait en avant, le garçon), un album qui semble aussi vouloir faire la liaison entre la renaissance du rock cru alors en plein boum nord-américain, le grunge quoi !, et sa propre lecture du truc, plus progressive et expérimentale. Pas étonnant, donc, de retrouver Edwin d'I Mother Earth, exemple canadien du genre, au chant sur cinq des neuf compositions non-instrumentales de l'album, plus surprenant d'y entendre un duo avec une dame plus dans la vague new-wave pop, Lisa Dalbello, et encore plus de se rendre compte que le maître de cérémonie lui-même donne de la voix (en spoken words, certes), tout ça sans que l'opus ne perde une once de sa cohérence. Parce que si Lifeson,  producteur exclusif, compositeur très dominant et arrangeur tout-puissant, a eu audiblement envie de s'amuser, les projets annexes ça sert aussi à ça, il n'en a évidemment pas perdu de vue, surtout d'ouïe d'ailleurs, l'ensemble auquel il souhaitait aboutir à savoir un album qu'on qualifiera, faute de mieux, de prog-hard alternatif moderne où l'on reconnait l'inimitable patte du guitariste sur des compositions globalement rondement menées si, évidemment, pas aussi essentielles que ses meilleurs travaux en trio avec les deux vieux potes que vous savez. Mais, tout de même, Don't Care et Promise sont deux costaudes et réussies entrées en matière, Start Today avec Lisa a un refrain qui vous prend bien, le spoken-words At The End entre blues et prog fait son petit effet, le duo des pintades sur le fun Shut Up Shuttin' Up (l'une d'elles étant Mme Lifeson en personne !) déridera l'anglophone sur un album qui, dans son ensemble, s'écoute sans qu'on n'y détecte de véritable ratage. Étonnant d’ailleurs  de se souvenir qu'à l'époque l'album avait été plutôt vertement reçu alors que, 20 ans plus tard, il tient encore joliment la route et fait regretter qu'Alex n'ait pas décidé de donner de suite à ce side-project prometteur et recommandé.

1. Don’t Care 4:04
2. Promise 5:44
3. Start Today 3:48
4. Mr. X 2:21
5. At the End 6:07
6. Sending Out a Warning 4:11
7. Shut Up Shuttin’ Up 4:02
8. Strip and Go Naked 3:57
9. The Big Dance 4:14
10. Victor 6:25
11. I Am the Spirit 5:31

Alex Lifeson - Spoken vocals (5, 10), guitars, keyboards, bass, mandola, programming
Les Claypool - Bass (9)
Peter Cardinali - Bass
Bill Bell - Guitar
Dalbello - Lead vocals (3)
Edwin - Lead vocals (1, 2, 6, 9, 11)
Blake Manning - drums
Colleen Allen - Horn

ALEX LIFESON

FéVRieR
The Pogues "Pogue Mahone"
ou "unSHANEd but oh! so Celtic"

Est-il possible de réussir un album des Pogues sans leur emblématique frontman édenté ? C'est la question que pose et à laquelle répond Pogue Mahone, cru de 1996 et dernier opus en date (depuis 20 ans, donc probablement le dernier tout court) des anglo-irlandais sans un Shane MacGowan dont les excès alcooliques légendaires l'avaient rendu si ingérable que le groupe n'avait eu d'autre choix que de le remercier. Présentement, et ce depuis le précédent album (le décevant Waiting for Herb) c'est le fondateur Spider Stacy, habituellement flûtiste de la formation, ici concentré sur sa tâche vocale uniquement, qui prend le difficile relais... Et s'en sort avec plus que les honneurs ! Alors, certes, Pogue Mahone n'est pas au niveau de la trilogie inaugurale des folk-punkeux, à l'impossible nul n'est tenu, mais relève notablement le niveau de la première galette sans Shane en se recentrant sur les racines celtiques de la formation constituant du même coup, ce qu'on est pas sensé savoir alors, ce qu'eux-mêmes ne savent sans doute pas, une fermeture de boucle idéale pour la carrière discographique du groupe. Et voilà ce que de bonnes chansons, dont une reprise de Bob Dylan qui trouve idéalement sa place (When the Ship Comes In) et une adaptation de Guillaume Apollinaire qu'on n'attendait carrément pas mais fait son petit effet (Pont Mirabeau), et surtout la conscience de ce que les Pogues savent faire le mieux donne : un album pas exactement génial mais taquinant efficacement les cordes sensibles de l'âme auditrice. Recommandé.

1. How Come 2:50
2. Living in a World Without Her 3:20
3. When the Ship Comes In 3:14
4. Anniversary 4:06
5. Amadie 1:53
6. Love You 'Till the End 4:32
7. Bright Lights 2:37
8. Oretown 3:50
9. Pont Mirabeau 3:31
10. Tosspint 3:32
11. Four O'Clock in the Morning 3:12
12. Where That Love's Been Gone 3:50
13. The Sun and the Moon 3:22
Bonus
14. Eyes of an Angel 2:54
15. Love You Till the End (Stephen Hague Mix) 3:54

Spider Stacy - vocals
Jem Finer - banjo, guitar, hurdygurdy, translation
Andrew Ranken - drums, vocals
Darryl Hunt - bass guitar, backing vocals
James McNally - accordion, whistle, low whistle, Uillean Pipes
David Coulter - mandolin, ukulele, djembe, shaker, tambourine
Jamie Clarke - guitar
&
Stephen Warbeck - mandolin, piano, accordion
Jon Sevink - fiddle
Caroline Lavelle - cello
Jocelyn Pook - viola
Jules Singleton - violin
Sonia Slany - violin
Anne Wood - violin
Debsey Wykes - backing vocals
Steve Brown - backing vocals
Stephen Hague - backing vocals

SPIDER STACY (à qui incombe la lourde tâche...)

MaRS
Underworld "Second Toughest in the Infants"
ou "Rave with your Head on!"

Dubnobasswithmyheadman,le premier opus électronique d'Underworld, on préfèrera oublier ce qui s'est passé avant puisqu'il ne mérite pas notre attention, avait été une révélation, Second Toughest in the Indants est une confirmation, encore plus dans la version bonussée ici présente, une version cousine d'un film alors tout nouveau tout beau (Trainspotting) puisque le principal bonus en est la musique utilisée par Danny Boyle pour son épopée dope (Born Slippy évidemment). L'album dans son ensemble est un incroyable exercice d'équilibre entre transe technoïde hyper-sudatoire et musique électronique intelligente, sensible et mélodique parce que si, évidemment, cette musique peut servir à danser, elle est avant tout l'expression complexe d'un trio qui se soucie réellement de créer des ambiances, de repousser les limites des "boum boum" des rave parties en leur donnant une vie en dehors du dance-floor. Certes l'album est nettement plus transe cette fois-ci que le coup d'avant mais ménage de salutaires plages de planeries ouateuses qui font parfaitement le balancier. Et puis, franchement, comme tout est fait avec une classe et un esprit qu'on ne croise pas si souvent dans les musiques électroniques, il n'en faut pas plus, et certainement pas de se lancer dans l'analyse méthodique de l’œuvre, pour la recommander pour ce qu'elle est : une des plus belles réussites d'une intelligent techno qui, au cœur des 90s, révolutionne le monde de la musique au moins autant que les agissements électriques des gars de Seattle... Essentiel !

1. Juanita : Kiteless : To Dream of Love 16:36
2. Banstyle/Sappy's Curry 15:22
3. Confusion the Waitress 6:47
4. Rowla 6:31
5. Pearl's Girl 9:36
6. Air Towel 7:37
7. Blueski 2:55
8. Stagger 7:37

Bonus CD
9. Born Slippy .NUXX 11:40
10. Rez 9:55

Karl Hyde - vocals, guitars
Rick Smith - keyboards and mixing, backing vocals
Darren Emerson - keyboards and mixing

UNDERWORLD

aVRiL
Nearly God "Nearly God"
ou "Down and Up"

Nearly God est le second album qui ne veut pas dire son nom d'un ex-Massive Attack, Tricky, présentement à son plus étouffant, claustrophobe même. Et un sacré contre pied au Maxinquaye qui l'avait vu se faire un nom dans un trip-hop qui a le vent en poupe prouvant qu'Adrian Thaws, son vrai nom, a d'autres envies musicales et une autre ambition que d'être un artiste fédérateur, vendeur. Dans les faits, albums de démos selon son auteur et collection polyphonique passionnante pour l'auditeur, Nearly God n'est pas l'album le plus confortable qui soit. C'est évident dès un Tattoo qui, reprise ô combien ré-imaginée d'un titre de Siouxsie and the Banshees, sur le papier, réunit tous les prérequis du Trip-Hop, beat dub-voisin, cordes éthérées, voix parlée/rappée aucunement agressive, mais s'avère un étouffant petit machin qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher et établit, d'un même élan, la feuille de route d'un album tout sauf putassier. De fait, la suite est à l'avenant et dépasse même souvent ce coup de semonce originel particulièrement quand Tricky invite d'autres vocalistes à enrichir ses névroses (Björk et Terry Hall sur deux titres chacun, la bonne copine Martina Topley Bird sur quatre mais aussi Neneh Cherry et Alison Moyet sur une piste chacune).  Et donc, entre état de grâce maladif (Poems, Black Coffee, I Sing for You), ambiance ouvertement dépressives (I Be the Prophet) et éclairs de lumières salvateurs (un peu partout et c'est très bien comme ça) Tricky fait beaucoup plus que d'asseoir sa domination sur un genre, il s'ouvre à de nouveaux possibles et emmène avec lui un auditoire qui, up d'être tenu si down, se délecte d'un exercice d'équilibriste aussi savant que réussi. Nearly God ? C'est peut-être encore, 20 ans après sa surprenante apparition, le plus beau moment de la carrière d'un artiste qui n'en manque pourtant pas, et un opus chaudement recommandé donc, comme vous l'aurez compris.

1. Tattoo 5:31
2. Poems 6:54
3. Together Now 3:10
4. Keep Your Mouth Shut 6:02
5. I Be the Prophet 4:55
6. Make a Change 6:01
7. Black Coffee 4:50
8. Bubbles 3:26
9. I Sing for You 6:21
10. Yoga 4:33

Producer – Tricky
Vocals – Bjork (tracks: 4, 10), Martina Topley Bird (tracks: 2, 5, 7), Terry Hall (tracks: 2, 8), Tricky (tracks: 1 to 5, 7, 8, 10), Neneh Cherry (3), Alison Moyet (6), Cath Coffey (9), Dedi Madden (9)
Songwriting – Bjork (tracks: 4, 10), Terry Hall (tracks: 2, 8), Tricky (tracks: 2 to 6, 8 to 10)

TRICKY

Mai
Soundgarden "Down on the Upside"
ou "Last but not Least"

Dernier opus du permier run de Soundgarden, depuis reformé mais ça c'est une autre histoire, Down on the Upside est à la fois l'album le plus cool et le plus abouti des natifs de Seattle, une double réussite en somme. Le plus cool par qu'on y retrouve un groupe semblant ne pas essayer quoique ce soit, se laissant naturellement guider par ses instincts et enchainant, sans temps mort ou baisse de ton, 16 titres et plus d'un heure du hard rock rétro-moderne qu'ils perfectionnent depuis leurs débuts et possèdent tellement qu'ils n'ont plus à se forcer que ce soit dans le jeu ou dans les arrangements. Le plus abouti parce que, justement, cette aisance, ce naturel jamais encore exprimé avec autant de confiance se ressent dans une sélection de chansons où les acquis du groupe, du heavy blues de leurs débuts aux développements hard psychédéliques de Superunknown, s'expriment avec une absolue maîtrise. En chansons, ça donne de vraies belles saillies électriques (Pretty Noose, Rhinosaur, Never the Machine Forever, etc., elles ne manquent pas !) mais aussi des décrochages plus cool (Zero Chance, Blow Up the Outside World, Switch Opens) ou quelques étrangetés (un Dusty presque roots, Ty Cobbà l'énergie communicative et l'emballage presque pop) qui, misent bout à bout, font de Down on the Upside une sacrée bonne galette. Rajoutez-y la mise en son parfaite d'Adam Kasper et du groupe. Au final, le seul regret que laissera ce 5ème Soungarden, au moins à l'époque, est d'être le dernier d'une formation qui en avait encore sous la semelle, ce que confirmera leur reformation et un le King Animal de 2012. Down on the Upside ? Un album qui a bien vieilli, bourré de bonnes chansons par un groupe au talent toujours inaltéré... Un immanquable en somme.

1. Pretty Noose 4:12
2. Rhinosaur 3:14
3. Zero Chance 4:18
4. Dusty 4:34
5. Ty Cobb 3:05
6. Blow Up the Outside World 5:46
7. Burden in My Hand 4:50
8. Never Named 2:28
9. Applebite 5:10
10. Never the Machine Forever 3:36
11. Tighter & Tighter 6:06
12. No Attention 4:27
13. Switch Opens 3:53
14. Overfloater 5:09
15. An Unkind 2:08
16. Boot Camp 2:59

Matt Cameron – drums, percussion, moog synthesizer (track 9)
Chris Cornell – vocals, rhythm guitar, mandolin and mandola (track 5), electric piano (track 14)
Ben Shepherd – bass guitar, mandolin and mandola (track 5), back photo
Kim Thayil – lead guitar
&
Adam Kasper– piano (track 9)

SOUNDGARDEN

JuiN
Lyle Lovett "The Road to Ensenada"
ou "Everybody Needs Some Lovett"

Pour son sixième long-jeu, celui que le monde hors-musical connait encore comme "Monsieur Julia Robertsà la drôle de tête" a mis les petits plats dans les grands et fomenté son œuvre la plus roots depuis son tout premier opus, Pontiac, presque un authentique album de country music, en vérité, surprenant de la part d'un Lyle Lovett toujours prompt à musarder loin de ses prétendues terres... Évidemment, la country de Lyle n'est pas de celle de ces cowboys de pacotille aux grands-messes explosives qui ne peuvent décemment plaire qu'à l'américain très moyen (genre Garth Brooks), c'est plus d'une relecture intelligente et sensée des canons du genre dans des chansons finement ciselées par un auteur, compositeur et interprète tout de même nettement plus doué que la moyenne (voir l'inaugural Don't Touch My Hat pour s'en convaincre). Évidemment (bis), Lyle ne peut pas s'empêcher de glisser quelques éléments à priori intrus au genre (Her First Mistake sur un rythme bossa, That's Right (You're Not from Texas) et ses atours jazzy,  fallait oser, ça fonctionne du tonnerre ! ) mais, ici, c'est tout de même à un Lovett qui s'assume country singer auquel nous avons affaire et, vu, ou plutôt entendu, la classe et la maîtrise du bonhomme dans l'exercice, encore plus quand on glisse dans la chanson douce-amère aux arrangements minimalistes (Who Loves You Better, Promises, The Road to Ensenada), il n'y a certainement pas à s'en plaindre. Aller, pour mégoter on admettra qu'on aime moins quand Lyle s'essaie au country rock mainstream sur un Private Conversation pas indigne mais un poil trop opportuniste pour ne pas faire grincer des quenottes mais c'est vraiment bien tout ce qu'on peut reprocher à cet excellent The Road to Ensenada toujours aussi recommandé, 20 ans après son apparition au monde.

1. Don't Touch My Hat 3:47
2. Her First Mistake 6:28
3. Fiona 4:09
4. That's Right (You're Not from Texas) 4:54
5. Who Loves You Better 4:46
6. Private Conversation 4:32
7. Promises 3:07
8. It Ought to Be Easier 4:11
9. I Can't Love You Anymore 3:14
10. Long Tall Texan 3:27
11. Christmas Morning 3:43
12. The Road to Ensenada 4:11
13. The Girl in the Corner 4:29

Lyle Lovett – acoustic guitar, Rhythm Guitar, vocals
&
Greg Adams – Trumpet
Sweet Pea Atkinson– Baritone Vocal
Sir Harry Bowens – Baritone Vocal
Jackson Browne – Harmony Vocals
Valerie Carter – background vocals, Harmony Vocals
Shawn Colvin – Harmony Vocals
Luis Conte – percussion, Tambourine, Shaker
Stuart Duncan– Fiddle
Chuck Findley– Trombone, Trumpet
Paul Franklin– Pedal Steel, Steel Guitar
Willie Green, Jr.– Bass Vocal
Gary Herbig– Alto Saxophone, Baritone Saxophone, Tenor Saxophone
Chris Hillman– Harmony Vocals
Russ Kunkel – drums, Shaker
Kate Markowits – Background Vocals, Harmony Vocals
Arnold McCuller – Background Vocals, Tenor Vocals, Harmony Vocals
Randy Newman – Vocals
Dean Parks – Acoustic Guitar, Electric Guitar
Herb Pedersen – Harmony Vocals
Don Potter – Acoustic Guitar, Spanish guitar
Matt Rollings– Piano
Leland Sklar – Bass

LYLE LOVETT

JuiLLeT
Jawbox "Jawbox"
ou "Jawbreaker"

Premier album chez une major après un impeccable parcours indépendant, l'éponyme de 1996 de Jawbox sera aussi, hélas, le dernier opus d'une formation si talentueuse dans son expression post-punkoïde fine et forte qu'elle ne pouvait que manquer une fois son destin plié. En l'occurrence, c'est un Jawbox plus abordable, plus pop qui se présente pour ce début "grand-public" mais c'est, en vérité, surtout du fait de la production proprette de John Agnello parce que, sinon, on reconnait et apprécie toujours autant ce quatuor qui semble jouer "à l'aveugle" tant il se connait. Un quatuor qui n'a pas décidé d'édulcorer son propos pour attirer les foules et qui, du coup, ne les attirera pas, dommage. Dommage parce que c'est d'une sorte de Nirvana débarrassé des derniers oripeaux d'une encombrante adolescence dont il s'agit, un groupe qui sait certes trousser de la mélodie mais ne se départit pas pour autant de ses acquis post-hardcore (ha ! ces riffs !) de textes parfois difficiles (surtout parce qu'ils tranchent avec l'américanisme glorieux de leur compatriotes) et n'est pas tant en colère qu'en révolte, ce qui est plus sourd, moins immédiatement fédérateur. un groupe, enfin, qui fait vraiment de la musique, construit ses chansons comme autant de précieuses petites miniatures post-punk... Enorme ! Sans doute cette musique, plus infectieuse qu'accrocheuse, n'était-elle pas faite pour trôner sur les hit-parades, n'empêche quel énorme gâchis de talent surtout quand le subsidiaire d'Atlantic chez qui ils ont signé les remercie, leur mettant le bon gros coup sur le carafon qui les poussera à plier les gaules... Et sans doute une belle opportunité manquée au passage par le groupe et son label en planquant en piste fantôme l'excellente reprise du Cornflake Girl de Tori Amos... Bref, Jawbox est depuis devenu un groupe culte, un de ces nombreux trésors que la scène de Washington DC (on citera aussi Faraquet, The Dismemberment Plan ou Fugazi) aura offert au monde sans qu'il ne s'en soucie vraiment. Allez, séance de rattrapage pour tous !

1. Mirrorful 3:02
2. Livid 3:55
3. Iodine 3:35
4. His Only Trade 1:58
5. Chinese Fork Tie 2:29
6. Won't Come Off 2:46
7. Excandescent 4:25
8. Spoiler 2:28
9. Desert Sea 3:05
10. Empire of One 2:48
11. Mule/Stall 1:56
12. Nickel Nickel Millionaire 2:35
13. Capillary Life 3:22
14. Absenter 3:07
15. Cornflake Girl 4:21

J. Robbins – Vocals, electric guitar
Bill Barbot– Electric guitar, vocals
Kim Coletta– Bass guitar
Zachary Barocas– Drums

JAWBOX

aoûT
Eels "Beautiful Freak"
ou "Coup de Cœur"

Après une carrière solo qui est passée inaperçue, enfin jusqu'à ce que le présent groupe décolle stratosphériquement, E, Mark-Oliver Everettà l'état-civil, lance son Eels sur le tout nouveau label de messieurs Katzenberg, Spielberg et Geffen, Dreamworks, et c'est une révélation ! Remise dans son contexte, la domination nord-américaine du grunge, Beautiful Freak est un album tout sauf opportuniste, et un succès tout sauf acquis d'avance. De fait, la pop d'Everett, encore quasiment un artiste solo même s'il se planque derrière une identité de groupe, n'est, en effet, pas franchement ce qui a le vent en poupe mais, avec une vraie intelligence d'arrangements (qui, mine de rien, font la liaison entre le Eels qu'on découvrira bientôt et le grunge light qui fonctionne alors si bien) et surtout une sacrée collection d'excellentes chansons, l'album trouvera bel et bien son public. Il faut dire que les chansons, justement, sont un atout sur lequel il n'est pas inutile de revenir avec, d'entrée, un Novocaine for the Soul (et son petit sample de Fats Domino) établissant une ambiance entre rêve et dépression qui colle parfaitement à son époque. La suite, continue de creuser le sillon d'une indie-pop aux arrangements malins qu'elle rocke un peu plus fort que la moyenne de l'opus (Rags to Rags, Not Ready Yet ou Mental et leurs guitares saturées), développe une influence Tom Waits (Susan's House, Beautiful Freak, Spunky, tous leurs petits éléments roots et ce décallage si typique de Mister E et de son assumé modèle) ou propose simplement de merveilleuses chansons aux mélodies qui se gravent immédiatement dans le cervelet de l'auditeur (rien que l'emballage final de Your Lucky Day in Hell et Manchild... wow !) pour ne plus le quitter. Bref, album en équilibre entre tradition et prospective, Beautiful Freak est un début de carrière en trombe (douce) comme on n'en croise pas si souvent, et un opus qui, remarquablement, n'a pas pris une ride tout en appartenant totalement à son époque d'origine, la marque d'une œuvre d'exception à côté de laquelle il ne faut surtout pas passer !

1. Novocaine for the Soul 3:08
2. Susan's House 3:43
3. Rags to Rags 3:53
4. Beautiful Freak 3:34
5. Not Ready Yet 4:46
6. My Beloved Monster 2:13
7. Flower 3:38
8. Guest List 3:13
9. Mental 4:01
10. Spunky 3:11
11. Your Lucky Day in Hell 4:28
12. Manchild 4:05

Butch – drums, backing vocals, production, engineering
E – vocals, guitar, Wurlitzer electric piano, production, engineering
Tommy Walter– bass guitar, backing vocals
&
Jon Brion – guitar, trombone, Chamberlin
Mark Goldenberg– guitar, keyboards, production, engineering
Jim Jacobsen– keyboards, loops, engineering
Paul Edge– turntables

EELS

SePTeMBRe
Neneh Cherry "Man"
ou "by a Woman"

C'est traditionnellement l'album solo de Neneh Cherry qu'on a tendance à oublier, mais dont on n'oublie pas les deux singles (Woman et 7 Seconds, en duo avec Youssou N'Dour), le malaimé d'une trilogie originelle qui trip-hoppe avec une classe rarement égalée et mérite largement qu'on se repenche sou son cas, c'est Man, le cru 1996 (20 ans déjà !) de la suédoise. Mais, Man, c'est surtout l'album de la maturité, celui où le rap disparait corps et âme et se voit supplanté par une esthétique indie-rock qui s'imbrique aussi bien que les rimes rythmiques précédentes et avait d'ailleurs pointé le bout de son nez sur l'opus d'avant (Homebrew), un album qui se construit sur l'émotion exprimée par son interprète plus que toute autre chose, un album profondément, fondamentalement féminin. Alors, certes, ce n'est plus la découverte d'une jeune artiste solo dans un genre tout beau tout neuf de Raw Like Sushi, à ceci s'est substitué une écriture et des arrangements moins tape à l’œil, plus traditionnels quelque part, où Miss Cherry, encore une fois bien entourée (voir plus bas), peut se laisser aller à ses envies, ses espoirs et ses tristesses. Dans des chansons moins stylistiquement originales donc, mais diablement bien troussées ! Des exemples ? Un Woman tout en cordes soul émouvantes qui ouvre magistralement la galette, un Feel It qui n'est pas sans rappeler Morcheeba par son mélange de mélodie pop/soul et d'instrumentations pop/rock, un Hornbeam bien habité par une guitare maline et omniprésente et une mélodie diablement entêtante, un Golden Ring au minimalisme instrumental aussi louable que réussi (une belle guitare acoustique en constitue l'essentiel), un Bestiality joliment folk ou la splendeur finale d'un Everything aux émotions à fleur de peau. Et ce ne sont que des exemples parce que, vraiment, rien ne déçoit sur ce troisième opus qui en remontre aisément à ses deux prédécesseurs. Hélas le public, celui qui finit toujours par décider, et la frilosité de sa maison de disque qui ne défendra pas l'album aux States où, pourtant, Neneh avait fait son petit effet, feront de l'opus un demi-échec commercial... Mais certainement pas un échec artistique parce que, là, Neneh assure admirablement. L'album ayant, qui plus est, très bien vieilli, il n'y a plus qu'à vous recommander, chaudement, ce Man by a woman.

1. Woman 4:30
2. Feel It 5:41
3. Hornbeam 5:02
4. Trouble Man 3:57
5. Golden Ring 3:40
6. 7 Seconds 4:59
7. Kootchi 5:06
8. Beastiality 2:49
9. Carry Me 4:22
10. Together Now 3:11
11. Everything 4:58

Neneh Cherry - vocals
Louis Pavlou - percussion, drums on "Kootchi"
Cameron McVey - Producer, beats
Gavyn Wright - string arrangements
Mark Saunders - programming
Will Malone - string arrangements
Jonny Stephens - electric guitar, Casio
Steve "Grippa" Hopwood - guitar, backing vocals
Jonny Dollar - guitar, programming, beats, string arrangements
Paul Anthony Taylor - programming
Youssou N'Dour - vocals on "7 Seconds"
Christian "Falcon" Falk - Producer, programming on "7 Seconds"
Jonas Lindgren - violin on "7 Seconds"
Kristoffer Wallman - keyboards on "7 Seconds"
Bernard Butler - guitar on "Woman"
Mickey P. Petralia - beats on "Woman"
Mike Thompson - French horn on "Woman"
Jeff Bryant - French horn on "Woman"
Bill McDonald - bass, rhythm guitar, vocals on "Kootchi"
Rich King - guitar on "Kootchi"
Eagle-Eye Cherry - piano on "Trouble Man"
Makoto Sakamoto - drums on "Hornbeam"
Rudi Lagrilliere - guitar on "Golden Ring"

NENEH CHERRY

oCToBRe
Fountains of Wayne "Fountains of Wayne"
ou "Superpop"

La revanche de la power-pop est un éternel recommencement sans cesse fomenté par de nouvelles formations plus ou moins recommandables (plus souvent moins que plus, hélas), aussi quand on tombe sur une belle bande de mélodistes qui sait en plus mettre un peu de nerf et d'âme dans ses ritournelles, on ne se plaint pas et accueille à bras ouverts ces Fountains of Wayne et leur éponyme de 1996. Alors certes, il y aura ceux qui iront dire que tout ceci n'est absolument pas original, et qui auront raison d'ailleurs, mais tel n'est pas le propos ici avec un groupe plus soucieux de pondre de la chanson pop rock qui tue que de réinventer la roue. Évidemment, les influences du trio sont claires, de Big Starà Cheap Trick en passant par les XTC, les Cars ou les obligatoires Beatles, mais quand c'est pour offrir à l'auditoire des chansons aussi entêtantes que Sink to the Bottom, Survival Car ou Please Don't Rock Me Tonight (pour ne citer qu'elles) on aurait mauvaise grâce de s'en plaindre, d'autant que l'énergie et la bonne humeur de ces Fountains of Wayne est extrêmement communicative. En résumé, les amateurs de pop à guitare ne voudront surtout pas manquer le chapitre inaugural d'une saga toujours en cours parce que, vraiment, on tient là un album absolument charmant de la première note d'un Radiation Vibe plein d'allant à la splendide berceuse finale, Everything's Ruined. Recommandé.

1. Radiation Vibe 3:40
2. Sink to the Bottom 3:12
3. Joe Rey 2:40
4. She's Got a Problem 3:26
5. Survival Car 2:02
6. Barbara H. 3:22
7. Sick Day 4:33
8. I've Got a Flair 2:52
9. Leave the Biker 2:42
10. You Curse at Girls 2:05
11. Please Don't Rock Me Tonight 2:50
12. Everything's Ruined 2:44

Chris Collingwood – vocals, guitar, keyboards
Adam Schlesinger– vocals, guitar, keyboards, drums
Danny Weinkauf – bass guitar
&
Dominique Durand – backing vocals on "Survival Car"

FOUNTAINS OF WAYNE

NoVeMBRe
Noir Désir "666.667 Club"
ou "Opus générationnel"

666.667 Club c'est l'album où Noir Désir se prend un peu pour Trust, parle des pontes médiatiques, de la montée du FN, de la corruption, tout un prêchi-prêcha auquel la formation ne nous avait pas habitué (enfin, pas aussi "CGTalement") mais qui, fort heureusement, donne de plutôt bonnes chansons (de l'arraché Fin de Siècle aux accrocheurs Un Jour en France et L'Homme Pressé en passant par le véloce Comme Elle Vient, on a fait pire !) mais a tout de même quelque chose d'un peu agaçant, parce que nous n'avons pas besoin de ces messieurs et de leur débats de comptoir du café du commerce pour se faire son opinion, non mais ! De fait, quand la poésie prend le relais de la diatribe (A Ton Etoile, encore plus belle retravaillée toute en cordes par Yann Tiersen mais déjà très bonne ici, Ernestine en sorte de folk-rock aérienne bien troussée, A la Longue en forme de blues laidback mais passionné, Septembre en Attendant tout en retenu émouvante, ou le salutairement minimaliste salut au disparu leader du Gun Club, Jeffrey Lee Pierce, bien hommagé sur Song for JLP), l'émotion prouve qu'elle dépasse souvent le combat et donne, surtout, des chansons moins susceptibles de se prendre un sacré coup de vieux les années passant. Mais allez, tout ça c'est pour mégoter parce que, franchement, dans le genre immanquable d'une génération, ceux qui avaient entre 18 et 25 ans à cette époque dirons-nous, le Club de Noir Des' se pose un peu là et, encore mieux, sauf donc quelques paroles aujourd'hui un peu datées, a magnifiquement tenu le choc des ans. Et dire que ça n'en fait pas le chef d’œuvre absolu de leur discographie, honneur qui revient à Tostaky, ha, oui, dans ces 90s de retour à l'électricité, Nirvana & Cie sont passés par là, Noir Désir est l'incontestable et incontesté leader du rock de chez nous, et le mérite, quoiqu'on pense de la suite et des "évènements"...

1. 666.667 Club 3:41
2. Fin de siècle 5:34
3. Un jour en France 3:13
4. À ton étoile 4:27
5. Ernestine 4:42
6. Comme elle vient 2:25
7. Prayer for a Wanker 3:09
8. Les Persiennes 4:09
9. L'Homme pressé 3:46
10. Lazy 5:34
11. À la longue 4:27
12. Septembre, en attendant 3:01
13. Song for JLP 2:21

Bertrand Cantat – chant, guitare, harmonica, tom
Serge Teyssot-Gay - guitare, orgue
Denis Barthe - batterie, percussions, chœurs
Jean-Paul Roy - basse
&
Frédéric Vidalenc - basse sur Septembre, en attendant
Félix Lajkó - violon
Akosh Szelevényi - saxophone, sanza, bombarde transylvanienne, clarinette basse, cloches tibétaines

NOIR DESIR

DéCeMBRe
Hint "Dys"
ou "Chercher le Noise... Trouver le Beau"

Deuxième chapitre d'une histoire hélas trop courte, pas facile de faire une musique différente dans un pays au business souvent ultra-conformiste, Dys est une merveille d'album de, lançons-nous, post-noise-progressive-electronic  music, ouais, tout ça !, mais il faut dire qu'ils en ont dans le cœur et dans le chou les trois angevins de Hint ! Comme, en plus, les petits problèmes de mise en son qui plombait quelque peu leur précédent opus, 100% White Puzzle (dont certains titres sont d'ailleurs ici offerts en bonus dans des versions remixées du plus bel effet), ont été résolus, c'est sereinement qu'on peut se concentrer sur ce qu'Arnaud Fournier, Hervé Thomas et Pascal Ianigro ont à nous proposer. En l'occurrence, c'est à l'alliance de la variété et de la qualité à laquelle nous sommes confrontés avec, d'emblée, histoire de bien préparer l'auditeur à la trépanation fine à laquelle il s'expose, un Dys- qui, mêlant noise rock rampant, saxophone free jazz hurlant et salutaires décrochages planants, prouve l'étendue stylistique et l'indéniable talent du trio. La suite est, en somme, le développement de cette piste inaugurale avec du noise-core de compétition (Flexible, Global Futuro), de l'ambient-jazz (ou pas d'ailleurs) d'une vraie beauté mélodique (Inlandsis, Équilibre Instable, Oil Tanker Shipwrecking) et tous les possibles de ces éléments à priori incompatibles mais ici accouplés avec classe, goût et intelligence. A mon sens, le groupe fera encore mieux avec son ultime opus, Wu-Wei, deux ans plus tard mais, déjà, ici, la formule (qui n'en est pas vraiment une) atteint sa plénitude et fait de Dys-, l'album, un immanquable de la musique alternative de France et d'Hint un des tous meilleurs groupes à la marge au monde en 1996, il y a 20 ans déjà.

1. Dys- 4:40
2. Flexible 4:46
3. Inlandsis 5:42
4. Lady of pain 3:08
5. Aquarium 4:54
6. Équilibre instable 2:04
7. Vatnajökull 0:33
8. Oil-tanker shipwrecking 5:14
9. Global futuro (indoor use only) 5:17
10. The hap (no america mix) 4:32
11. Eyes in axis (diaphonic interferences mix) 6:33
12. 100% white puzzle (K2 mix) 6:52

avec
Arnaud Fournier
Hervé Thomas
Pascal Ianigro

HINT

William en Intégrale Volume 1 (Albums de Chansons)

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Vous aimez William Sheller mais ne connaissez, finalement, qu'assez peu son oeuvre ? Le Zornophage vous propose un tour d'horizon en commençant, sur ce premier volume, par les 13 albums studio du Monsieur... Elle est pas belle la vie ? Enjoie !

Rock'n'dollars (1975)

Premier album de chanson, Sheller, poussé par son mentor, Barbara, se lance dans une carrière à laquelle il n'aspirait à priori pas. Avant, il a tâté de l'arrangement, de la composition (pour d'autres interprètes, pour le cinéma, pour un mariage d'amis), c'est dire si le bonhomme a déjà de l'expérience. Ce qu'on découvre ici est, à l'aulne de ce qu'on a sait de sa carrière, fondamentalement ce qu'il développera par la suite, une chanson amoureuse de pop aux racines classiques avérées. Évidemment, il y a la mauvaise perception coutumière de cet album, à cause de son tube et morceau d'ouverture, le rigolo mais in fine un peu encombrant Rock'n dollars, mais, vraiment, du très réussi rock symphonique de La Maison de Mara, du charmant et très Beatles Oncle Arthur et Moi,  du futur classique de belle chanson pop que deviendra Photos-Souvenirs, à un Savez-vous ?Sheller offre une dernière fois la révélation de sa formation (classique !), c'est à un premier opus tout à fait réussi qui nous est offert. Même les chansons un peu oubliées aujourd'hui y méritent l'attention de l'auditeur même si, avouons, celle qui sont passées à la postérité (on y ajoute le merveilleusement sensible Chanson Lente et l'épique rock symphonique de Message Urgent, pré-Le Nouveau Monde, qui lui ressemble beaucoup, proposés en bonus) sont bel et bien les meilleures. Un peu court, ça restera une constante dans sa discographie, Rock'n Dollars est un début presque en fanfare pour un artiste qui n'a pas fini de faire parler de lui.

1. Rock'n dollars 2:29
2. La maison de Mara 2:07
3. La fille de Montréal 2:56
4. Une fille comme ça 3:02
5. Laisse moi tout seul 2:43
6. Oncle Arthur et moi 2:58
7. Photos-souvenirs 3:10
8. Comme je m'ennuie de toi 2:44
9. Les machines à sous 2:20
10. Hit-parade Lady 3:40
11. Savez-vous ? 3:08
Bonus
12. Chanson lente 3:07
13. Message urgent 3:52

William Sheller : chant, piano
Alain Suzan : basse, guitare, percussions
Alain Weiss : batterie
Slim Batteux : steel guitare
Luc Bertin : clavecin, piano électrique
Marc Chantereau : percussions
Yves Chouard : guitare
Patrick Gandolfi : percussions
Pierre Gossez : saxophone, clarinette
Michel Ripoche : violon électrique
Gilbert Roussel : accordéon
Cora, Patrick Gandolfi, Sabrina Lory, Paul Scemama, William Sheller, Alain Suzan : chœurs

...Dans un vieux rock'n'roll (1976)

Ha ! Le cap difficile du second album ! Surtout quand le premier n'a que modérément bien fonctionné et que l'artiste en question est souvent vu comme le rigolo de service du fait du tube que vous savez (et si vous ne savez pas, c'est de Rock'n Dollars dont il s'agit). Mais Sheller s'en fiche, il trace son petit bonhomme de chemin en ne changeant absolument rien à sa conception d'une chanson où pop, rock et classique voisinent en harmonie. Pour le récompenser de sa probité, William décrochera un nouveau tube, encore la chanson-titre de son album mais, cette fois-ci, une composition plus en adéquation avec les goûts et les ambitions de l'artiste. Une composition qui n'est pas l'arbre qui cache la forêt d'ailleurs, parce que ...Dans un Vieux Rock'n'Roll a ses futurs classiques de son répertoire, des chansons qui lui ressemblerait, oserait-on, qui s'appellent Genève, C'est l'Hiver Demain, le Carnet à Spirale et, justement, Une Chanson Qui Te Ressemblerait. Aussi qu'importe si tout n'est pas de ce niveau, si un Téléphone Pas Trop Tôt ou un 1, 2, 3, 4, deux chansons trop guillerettes pour être tout à fait honnêtes, viennent légèrement ternir le beau tableau d'un second album qui fait mieux que relever le gant de son prédécesseur, voit son auteur, compositeur, arrangeur et interprète s'affirmer un peu plus comme un grand de la chanson française. Bravo.

1. Dans un vieux rock'n'roll 4:49
2. Téléphone pas trop tôt 2:55
3. La bière y était bonne 3:39
4. Une chanson qui te ressemblerait 3:07
5. Ça ne sert à rien 2:18
6. 1.2.3.4. 2:23
7. Joker, poker 3:49
8. Genève 3:50
9. Le Carnet à spirale 2:59
10. C'est l'hiver demain 4:10
11. À qui je m'abandonne 5:13

William Sheller : chant, piano
Alain Suzan : basse, guitare, percussions
Patrick Gandolfi : percussions
(autres musiciens inconnus)

Symphoman (1977)

Il enchaine Sheller !, Deux ans après son premier album, voici déjà le troisième. N'enchaine-t'il pas trop vite ? Ne se précipite-t'il pas ? A l'écoute d'un Symphoman qui n'a pas, sans être aucunement indigne cependant, autant de bonnes chansons que son devancier, ...Dans un Vieux Rock'n'Roll, on serait tenté de le penser. Bien-sûr, l'album n'est pas exempt de réussites (A Franchement Parler, qui sera réenregistrée en mieux, Catherine, pour Lara, la chanson-titre qui porte bien son nom ou le rock symphonique typique de William de La Musique Autour de Moi ou le très Beatles "des fleurs plein les cheveux"Elle Dit Soleil, Elle Dit) mais même celles-ci semblent engluées dans une production variétoche qui, franchement, gâche un peu leur effet. Dommage. Dommage parce qu'avec des arrangements moins tapageurs, une sélection un peu plus serrée (parce que des Hey! Docteur Disco ou La Flash Assurance Limitée, tous deux semblant vouloir raccrocher le wagon rigolo de son premier tube sans la fraicheur, on s'en passe). En résumé ? Il est temps que William fasse une pause, retrouve les esprits qui avaient si bien commandés à ses deux premiers longs-jeux et tout ira bien ? Wait and see... En attendant, pas mauvais parce que Sheller n'est jamais mauvais, Symphoman est la première déception d'une carrière jusque-là très bien partie.

1. Gimmick boy 3:51
2. À franchement parler 4:18
3. Hey! Docteur disco 3:28
4. Catherine (chanson dédiée à Catherine Lara) 3:28
5. Fandango 5:20
6. La Flash Assurance Limitée 2:39
7. Symphoman 5:41
8. La musique autour de moi 4:20
9. À l'après-minuit 3:18
10. Elle dit soleil, elle dit... 4:01

William Sheller : chant, piano, claviers, choeurs
Slim Batteux : claviers, choeurs
Alain Suzan : basse, guitare, choeurs
Jean-Pierre Auffredo : guitare
Paul Scemama : guitare, percussions, harmonica, choeurs
Michel Gaucher : saxophone
Sam Kelly : percussions
Patrick Gandolfi : percussions
Luc Bertin : choeurs
Alain "Doudou" Weiss : batterie, choeurs
Catherine Lara : violon, choeurs

Nicolas (1980)

Après un album en demie-teinte et quelques années de plus grande discrétion, ce n'est rien de dire qu'on attendait de pied ferme le retour de William Sheller et, batteries dûment rechargées, c'est de retrouvailles dorées dont il s'agit. Évidemment, parce qu'à ce stade il est certain qu'on ne le changera plus, on retrouve ce Sheller amoureux de pop, de rock et de musique classique dont le but ne semble autre que de mettre tout ce qu'il aime dans des chansons à visée grand-public. Quand l'inspiration est au rendez-vous, et que les arrangements évitent les chausse-trappes variétoches, ça donne Nicolas, un quatrième album farci d'inattaquables classiques (Une Étonnante Européenne, Petit Comme un Caillou, Oh! J'cours tout seul, Nicolas, Quand J'étais à Vos Genoux et Fier et Fou de Vous... N'en jetez plus, la coupe est pleine) entourés de morceaux qui, cette-fois, ne font pas grincer des dents (quoique Quand Billy Nettoie son Saxophone...) voire émeuvent sans même à avoir à s'orner de mots (Promenade Française et Le Petit Schubert Est Malade, deux très beaux exemples du Sheller péri-classique dans ses albums de chansons). Nicolas ? Sans doute le meilleur Sheller à la date de sa sortie et toujours un album d'une si belle tenue qu'on ne peut décemment que recommander à ceux qui apprécient l'art pop d'un artiste continuant de creuser le sillon d'une carrière assez unique chez nous.

1. Une étonnante européenne 2:53
2. Promenade française 2:16
3. J'ose pas 3:13
4. Petit comme un caillou 2:18
5. Oh ! J'cours tout seul 3:19
6. Billy nettoie son saxophone 3:35
7. Un peu boogie-woogie sur les bords 2:43
8. Nicolas 3:07
9. Le petit Schubert est malade 2:12
10. Quand j'étais à vos genoux 3:05
11. Fier et fou de vous 3:32

William Sheller : chant, piano, claviers 
(autres musiciens inconnus)

J'suis pas bien (1981)

Son opus précédent, Nicolas, avait été une si belle fête qu'on attendait beaucoup du cru 81 de William Sheller... Trop ? De fait, c'est seulement d'un demi-bon dont il s'agit parce que s'il y a indéniablement de grandes chansons ici (Les Orgueilleuses, Une Chanson Noble et Sentimentale, Les Mots Qui Viennent Tout Bas, Genoveve et Un Endroit pour Vivre, auxquels s'ajoutent les bonus de l'utile réédition : J'Me Gênerais pas pour Dire que J't'Aime Encore et Les Petites Filles Modèles), il y a aussi des décrochages dans l'inspiration, des titres qui semblent plus reposer sur la production et l'arrangement que leur qualité compositionnelle propre et qui, de fait, ne tiendront pas le choc des ans (Pourquoi t'es plus New Wave, J'suis pas bien, La Fille Aînée des Cherokees aux premiers d'iceux) qui ne sont pas, dans l'absolu, indignes mais tellement en deçà du niveau d'excellence précédemment affiché par Sheller qu'on ne peut décemment les oublier, comme on ne peut pas taire la déception qui les accompagne. Au final, ça ne fait pas de J'suis pas bien un mauvais album, juste un Sheller un poil moins convaincant, exactement celui de Symphoman qui essaye beaucoup de choses au lieu de se concentrer sur ses vraies forces que sont une pop à la française d'inspiration Beatles, un rock symphonique épique et tout en nuance, et de belles ballades douce-amères aux charmes intimistes indéniables... Exactement ce que William, qui est tout de même un mec d'une remarquable intelligence, comprendra et mettra en application mais, ça, c'est une autre histoire même s'il fallait sans doute en passer par là, par ce opus mi-figue, mi-raisin.

1. Pourquoi t'es plus new wave 2:58
2. J'suis pas bien 3:13
3. Les orgueilleuses 2:20
4. J'attends dans la foule 3:16
5. La fille aînée du dernier des Cherokees 2:09
6. Une chanson noble et sentimentale 2:40
7. Les mots qui viennent tout bas 3:22
8. Genoveve 3:31
9. Ma hantise ordinaire 3:08
10. Un endroit pour vivre 3:47
11. La Bavaroise 2:18
Bonus
12. J'me gênerais pas pour dire que j't'aime encore 3:57
13. Les petites filles modèles 3:47
14. Rosanna Banana 3:48
15. La toccararte 1:55

William Sheller : chant, piano, claviers 
(autres musiciens inconnus)

Simplement (1984)

Ce n'est pas parce que c'est long que c'est bon semble nous dire William Sheller au moment de délivrer un mini-album de seulement six titres et 20 courtes minutes. C'est peu, et d'autant moins que Simplement vient trois longues années après la précédente excursion studio du bonhomme, le décevant J'Suis Pas Bien (1981). Mais considérant que c'est ici que le Sheller deuxième période démarre, c'est une étape essentielle, en plus d'une exquise collection de chansons. Parce que c'est ici que William décide d'arrêter d'essayer de plaire à ceux qui ont apprécié, une décennie plus tôt, son rigolo mais finalement encombrant Rock'n Dollars, c'est ici que William décide de se concentrer exclusivement sur ses forces, de cet acquis académique qui fait de lui un des plus fins arrangeurs de chez nous, de sa discrétion naturelle qui lui a permis de composer des chansons intimistes et belles, de son goût pour la démesure aussi sans qui ses sommets épiques ne seraient pas aussi réussis. Simplement, donc, une production qui ne vise qu'à mettre la performance et la composition en valeur et donc presque exempte des nombreux tics de son de sa décennie et, surtout, des titres qui vont droit au cœur dans une cohérence d'ensemble remarquable, une première pour William. Le détail ? Nul besoin, celles que vous connaissez (Maman est folle, Les Filles de l'Aurore, Mon Dieu que j'l'aime, Le Capitaine, et même probablement la chanson-titre) font aisément oublier le final un poil en deçà (L'Amour Noir, bof) d'un, hélas, trop court album. Parce qu'il est là, le seul défaut de ce Simplement... simplement immanquable !

1. Simplement 3:35
2. Maman est folle 2:39
3. Les filles de l'aurore 3:39
4. Mon dieu que j'l'aime 3:17
5. Le capitaine 3:44
6. L'amour noir 3:27

William Sheller : chant, piano
Jacky Arconte, Yann Benoist, Laurent Roubach : guitare
Patrick Dupont, Janic Top : Basse
Stephane Ianora : Batterie
Catherine Lara : Violon
Jean Philippe Audin : Violoncelle
Joel Flagerman : Claviers

Univers (1987)

Sheller, Univers. La première fois que j'ai entendu cet album, je n'en revenais pas. A l'époque, peu friand de chanson française et plutôt versé dans le riff plombé que le quatuor à cordes, rien ne me prédisposait à tomber irrémédiablement amoureux d'un petit bonhomme franco-américain, à la voix fragile et aux mains expertes. Univers est passé par là, tellurique galette !
Enfin, tellurique, je me comprends, parce que William Sheller n'est pas du genre à donner dans la pyrotechnie, que ce soit pour ses textes ou ses musiques. Artisan patient et pointilleux, il tisses son écheveau telle la dentelière de Calais additionnant paroles tout en retenue, art compositionnel maîtrisé et arrangements précieux pour un résultat assez unique de part chez nous et même assez unique tout court. Parce que Sheller est au confluent de moult tendances : musique classique puisque telle fut sa formation, pop music puisque tel fut (et est toujours) son amour, et chanson française par héritage et attirance culturelle. Tout ceci fait de Sheller un créateur à part dans le petit monde de la musique française, et c'est encore plus évident à partir du mini album Simplement (1984), et encore plus sur Univers où, vraiment !, William lâche les chevaux de son inspiration échevelée. Quoique ce qui constitue, dans l'édition vinyle d'époque, la Face A reste encore proche de la zone de confort commercial de William. Du rock pop orchestral de Darjeeling, au mid-tempo un poil bluesy mais toujours classicos (Basket Ball), à la pop orchestrale feutrée d'Encore Une Heure, Encore Une Fois et, finalement, à la belle ballade qu'est Les Miroirs dans la Boue, c'est un Sheller à l'ambition certes revue à la hausse mais encore très préoccupé par le format chanson. La Face B, sans se départir de la qualité de mélodiste de son compositeur, pousse l'enveloppe plus avant dès le rock orchestral quasi-progressif du Nouveau Monde, composition majeure d'un album qui ne l'est pas moins. Pour le coup, Cuir de Russie, charmante badinerie, et Guernesey, splendide pièce de chanson classique (comprendre chanson et musique classique en un) paraitraient presque "en dedans" s'il n'amenaient sur le magistral et complexe l'Empire de Toholl, indubitablement l'objet musical le plus alien et prospectif depuis Lux Aeterna dont il semble reprendre, bonussé de l'expérience acquise en chemin, l'ambition contemporaine, progressive.
Tout ce que touche Sheller sur Univers, album fondateur d'une deuxième partie de carrière passionnante, semble se transformer en or. C'est un album parfait... Son meilleur ?

1. Darjeeling 3:55
2. Basket ball 4:04
3. Encore une heure, encore une fois 3:34
4. Les miroirs dans la boue 3:43
5. Chamber music 4:59
6. Le Nouveau monde 5:01
7. Cuir de Russie 3:27
8. Guernesey 4:18
9. L'Empire de Toholl 9:10

William Sheller : sitar, piano, chant
Laurent Roubach : guitare
Claude Salmieri : batterie
Renaud Hantson : batterie
Pierre Gossez : saxophone alto
Georges Grenu : saxophone ténor
Marcel Hrasko : baryton
Gilbert Viatge : baryton
Francis Cournet : saxophone, basse
Janick Top : basse
Benoît Paquay : violon
Jean-Pierre Catoul : violon
Eric Gertmans : alto
J.P Emyle Dessy : violoncelle
Christian Padovan : basse
Tolbiac Toads : guitare, voix, batterie
Raymond Lefèvre : direction orchestrale

Ailleurs (1989)

Si Univers, précédent opus de Sheller, mélangeait chanson rock et classique, Ailleurs se départit quasiment de ces oripeaux modernistes pour se concentrer sur les organiques et traditionnelles formations du quatuor à cordes et de l'orchestre symphonique... Le piano et la voix de William en plus, ça va sans dire.
Il est loin l'auteur, compositeur, interprète d'un Vieux Rock'n'roll ou de Rock 'n' Dollars, méconnaissable, presque. C'est, présentement, à un compositeur ambitieux, osant se détacher du format chanson comme jamais il ne le fit jusqu'alors. C'est d'ailleurs évident dès la piste d'ouverture, Le Témoin Magnifique, composition en trois parties où il fait montre de son éducation classique (par un ancien élève de Gabriel Fauré, excusez du peu) dans une perspective plus modérément vulgarisatrice que jamais dans un de ses albums de chansons. De fait, ce qui subsistait encore d'inspiration pop dans Univers est pour ainsi dire évaporé d'Ailleurs qui n'en porte que mieux son titre. Autant le dire, ce n'est pas un album facile, pas une collection de singles imparables comme pouvait le paraitre Univers, outre Un Archet Sur Mes Veines, blues pour quatuor à cordes très réussi, Excalibur, qui malgré son format progressif reste une mélodie accrocheuse pour une chanson plutôt abordable, et La Tête Brûlée, pour orchestre et voix qui chope bien l'oreille et vous la garde par son ambiance et ses paroles déchirantes, c'est un objet musical différent que Sheller nous propose. Un objet musical où il laisse libre cours à ses fantaisies musicales les plus précieuses ce qui, dans l'acceptation "vinylienne" de l'album, représente surtout la Face B où, entre deux instrumentaux tout en charme et en maîtrise (Octuor et Partita, assimilables à la musique classique, de chambre pour le second) et 3 "chansons" (Sergei, La Sumidagawa et Ailleurs) où les extraordinaires capacités d'arrangeur et de compositeur de William Sheller explosent à la face du monde (enfin, pour ceux qui ne savaient pas encore...). Certes, cet "emballage final" demandera qu'on y revienne quelques fois pour pleinement en apprécier l'intensité dramatique et la nuance mélodique, c'est le lot de toute musique intellectuellement conçue mais émotionnellement gagnante.
Sheller n'a plus proposé, depuis, de fusion aussi grandiose de ses amours pop, rock, progressifs et classiques. Rien que pour ça, Ailleurs est un album précieux et absolument irremplaçable dans la discographie d'un artiste hors du commun... Comme en plus c'est aussi un très bon long-jeu, toute hésitation de rigueur s'évanouit et on recommande chaudement, très chaudement même ce gout d'Ailleurs si délicieux.

1. Le témoin magnifique 7:56
1a. Prélude à tempo d'un jogger
1b. Cadenza del sol
1c. Chant du témoin
2. Un archet sur mes veines 3:52
3. Excalibur 6:38
4. La tête brûlée 6:19
5. Sergueï 5:50
6. Octuor 8:33
7. La Sumidagawa 1:37
8. Partita 6:12
9. Ailleurs 3:36

William Sheller : piano, chant, orchestration
Jean-Claude Dubois : direction orchestrale
Jean-Philippe Audin : violoncelle
Constantin Bobesco : violon
Hervé Cavelier : violon
Agnès Toussaint-Audin : alto

Albion (1994)

Cinq ans après son album le plus précieux, le stratosphérique aussi, Ailleurs, il est clair que Sheller a des envies d'en découdre. A partir de là, il n'est que logique de le voir se délocaliser de l'autre côté du Channel, engager des musiciens du cru et... lâcher les chevaux électriques ! Certes, il faudra savoir passer outre l'incontestable hideur de la pochette, et s'acclimater à ce nouveau Sheller... Nouveau Sheller ? Dans la forme c'est indéniable, jamais William n'a été aussi près du hard rock voire du heavy metal (oui, carrément, il n'y a qu'à écouter la puissante nouvelle version d'Excalibur pour s'en convaincre). Dans le fond par contre, quand on gratte ce vernis de guitares saturées et de batteries tonnerres, c'est bel et bien de William Sheller dont il s'agit, de ce compositeur amoureux de rock, encore plus évidemment ici bien-sûr, mais aussi de pop et de progressisme symphonique, deux nuances de son art absolument représentées sur Albion. Parce que, enfin, d'un Good Bye Good Bye Good en forme de pop lente et majestueuse, d'un Maintenant tout le tempsà la mélodie et au texte absolument typiques de leur auteur, d'un La Navale en pur et excellent Sheller épique, etc., c'est plus à un nouvel emballage de son art qu'une révolution de son écriture auquel William procède. Et ça fonctionne !, formidablement !, parce que, bien-sûr, William a l'intelligence de savoir doses ses effets tout en y allant très franchement dans la case rock dur, parce que les musiciens qui l'entourent, plus des requins vétérans que des gros noms du business mais d'indéniables professionnels quoiqu'il en soit, font un admirable boulot, et que la production, très différente de ce à quoi Sheller nous avait habitué, une vraie production rock !, fait bien la "soudure". Bref, Albion, album souvent incompris parce que tellement à part, tout en étant absolument du Sheller, redisons-le, est une vraie belle réussite qui, récréation salutaire pour son auteur, n'a pas pris une ride plus de 20 ans après sa sortie. Chaudement recommandé.

1. Good Bye Good Bye Good 6:04
2. Maintenant tout le temps 7:20
3. Les enfants sauvages 4:48
4. Silfax 4:18
5. I Spy 5:25
6. La Navale 8:11
7. Excalibur 6:57
8. Comme on n'oublie pas 7:24
9. On vit tous la même histoire 4:35
10. Relâche 5:48
Bonus
11. Ridge Farm en Albion 7:02

William Sheller : chant, claviers, programmation
David Ruffy : batterie, percussions, programmation
Gary Tibbs : basse, chœurs
Steve Boltz : guitares, chœurs
Mark Wallis : console, sampling

Les machines absurdes (2000)

Album somme d'acquis d'une carrière bien remplie, Les Machines Absurdes est aussi un retour à un format normal, enfin, normal pour un William Sheller toujours un peu à part dans le Paysage Musical Français, après Albion qui, six ans plus tôt, avait transformé William en hard-rocker émérite. Point de ça ici, recentré sur ses fondamentaux, et donc débarrassé de tous les oripeaux électriques qui avait habité la précédente incarnation de son art, pour une belle réussite d'ailleurs, ça se doit d'être précisé, Sheller propose un album de pop rock comme lui seul, au moins en France, en est capable. Avec quelques nouveautés, quelques bidouillages électroniques qui apparaissent pour la première fois chez Sheller, ho !, rien de révolutionnaire, juste un nouveau possible dans qu'un compositeur et arrangeur aussi ouvert sur le monde que William ne pouvait décemment pas manquer, quitte à ne pas le retenir sur ses œuvres suivantes, ce qui fut le cas. Sinon ? Du pur Sheller avec, qui plus est, une belle inspiration au rendez-vous, qui démarre par de la chanson symphonique précise et précieuse (Parade), enchaine sur un rock symphonique aux flaveurs orientales (Indies), poursuit par de la ballade pop au piano (To You), etc., pour finir par une merveille de pop song joliment surannée du genre que McCartney ne renierait pas (Chamberwood). Typique, donc, mais aussi totalement réussi avec juste une chanson un peu moins marquante (l'agaçant Misses Wan qui confirme que la chanson légère n'est pas le fort de Sheller). Trop court aussi, c'est typique de Sheller aussi ça, jamais le genre de mec à s'appesantir plus que de raison, mais heureusement rallongé sur sa réédition par l'excellent Centre Ville où, seul au piano, William semble déjà annoncer l'Épuresà venir. Bref, vous l'aurez compris, Les Machines Absurdes est un album d'une immense qualité qu'on ne peut que recommander à celles et ceux qui aiment la pop music de qualité très supérieure, domaine où Sheller règne, chez nous, en évidente figure tutélaire.

1. Parade [Le bel adieu] 4:04
2. Indies [Les millions de singes] 4:42
3. To You 2:40
4. Moondown 4:05
5. Sunfool [Une solitude ordinaire] 4:05
6. Athis 3:33
7. Misses Wan 4:01
8. Enygma Song 3:48
9. Les machines absurdes 2:58
10. Chamberwood [La vilaine maison] 3:19
Bonus
11. Centre Ville 5:17

William Sheller : chant, claviers, programmation
Jean-Pierre Catoul : violon
Sylvain Luc : guitare, basse
Yves Bebey : batterie
Richard Décamps : clarinette
Thierry Caens : trompette
Gilles Demazière : basson
André Klenès : contrebasse
Olivier Mell : bombarde

Épures (2004)

Comme son nom l'indique, et à l'image de sa pochette, Épures est un album à l'absolu minimalisme instrumental, un coup que William Sheller nous avait déjà fait en live, Sheller en Solitaire, mais pas encore en studio. Voilà, c'est fait. Forcément, on y perd en fantaisie d'arrangements, une des spécialités de William, et il ne faut pas compter sur quelque montée de sève que ce soit, tel n'est pas le propos, ces facteurs pris en compte, Épures est une petite merveille de nuance et d'émotion avec, comme à son excellente habitude, une immense majorité de chansons ô combien émouvantes et marquantes, souvent tellement typiques de leur auteur qu'elles sont immédiatement familières, et dont une est en effet recyclée de l'album d'avant dont elle donnait d'ailleurs le titre, les Machines Absurdes, mais c'est la seule. Et à ceux qui se disent qu'un unique piano ne doit pas donner un album très fun, on dira que, oui, ce n'est pas fun mais qu'avec un compositeur aussi talentueux doublé d'un vrai instrumentiste expert, la gamme harmonique de l'album est simplement éblouissante et que, même, talent de Sheller ou imagination de l'auditeur, je vous laisse juge, on y entend souvent ce qui aurait pu être si d'autres musiciens avaient été invités. Bref, avec d'aussi belles pièces que Mon Hôtel, Chanson d'Automne, Toutes les choses qu'on lui donne, Revenir Bientôt ou J'en avais envie aussi, et même quelques jolies virgules instrumentales (Aidan Song, Pour la Main Gauche et Cantilène), il est indéniable qu'Épures est, en plus d'être vraiment trop court mais ça, on en a l'habitude, une vraie belle réussite d'album intimiste et beau. Bravo.

1. Mon hôtel 3:24
2. Chanson d'automne 2:49
3. Toutes les choses qu'on lui donne 3:50
4. Clandestine 2:12
5. Aidan song 2:02
6. Elvira 2:09
7. Revenir bientôt 3:07
8. Loulou 3:14
9. Pour la main gauche 1:01
10. J'en avais envie aussi 3:46
11. Machines absurdes 2:45
12. Cantilène 2:45

William Sheller : chant, piano

Avatars (2008)

A l'image de la pochette de l'album, une des plus réussies de sa discographie d'ailleurs, Avatars est un album joueur et plein de fantaisie pour un William Sheller décidément beaucoup trop rare (4 ans depuis Épures, c'est long !). Dans l'absolu, on peut qualifier Avatars de Machines Absurdes volume 2, sans les petits grigris électroniques, assez discrets d'ailleurs, que William y avait introduit, soit un pur album de pop rock à la Sheller et donc orné de jolis arrangements le tirant régulièrement vers un univers symphonique qu'il apprécie beaucoup et maîtrise parfaitement. Pas révolutionnaire donc, mais ce n'est pas ce qu'on attend d'un artiste dans sa soixantaine d'autant que, si l'expérimentation, qui fut une des forces du bonhomme par le passé, est absente, l'inspiration, elle, est tout à fait au rendez-vous. Des exemples ? Avatar (I et II), deux exquises pièces de chanson orchestrale, l'une rock, l'autre non, absolument maîtrisées aux mélodies forcément typiquement "shelleriennes", de belles chansons pop comme William en a le secret (La Longue Échelle, Music Hall, Spyder le Cat), d'autres plus rock qu'à l'habitude même si pas aussi radicales que ce qu'Albion avait pu proposer (Tout Ira Bien, Le Veilleur de Nuit, Camping) et, évidemment, de ces chansons douce-amères, intimistes et belles dont Sheller est plus que coutumier, passé expert en la matière (Félix et Moi, pour une fois mené par une guitare acoustique, Tristan pour l'option symphonique) relativement peu représentées, d'ailleurs, dans un album plutôt dynamique que rêveur, même si l'un n'exclut pas forcément l'autre. Surtout, Avatar est un album qui respire la joie de jouer de son auteur, joie simple, franche et directe qu'on se doit de ne pas bouder parce que, franchement, tout ceci est excellemment troussé.

1. Avatar I (Log In) 5:44
2. La longue échelle 3:12
3. Tout ira bien 2:53
4. Félix et moi 2:39
5. Jet Lag 5:30
6. Tristan 4:34
7. Blackmail 3:24
8. Music Hall 2:21
9. Le veilleur de nuit 2:26
10. Spyder le cat 3:24
11. Camping 4:54
12. Avatar II (Log Out) 4:35

William Sheller : chant, pianos, mellotron
Dominic Miller : guitare
Sylvain Luc : guitare
Patrick Tison : guitare
Laurent Vernerey : basse
Nicolas Fiszman : basse, guitare
Denis Benarosch : batterie
Matthieu Rabate : batterie
Perry Montague-Mason : violon
Richard Watkins : cor
Nigel Black : cor
Stéphane Guillaume : saxophone
Pierre-Olivier Covin : saxophone
Jean-Michel Tavernier : saxophone
Xavier Tribolet : orgue
...et un orchestre qui n'est pas crédité.

Stylus (2015)

Battant des records de lenteur, il aura cette fois fallu 7 longues, trop longues, années à Sheller pour enfin révéler au monde la suite du très réussi Avatars de 2008, c'est sans surprise d'un album exactement conforme à ce qu'on pouvait espérer de lui que William nous honore. En effet, toujours prompt à faire la balancier entre album pop rock et œuvres plus intimistes, c'est vers cette seconde tendance, la première étant celle du coup d'avant, que tend l'auteur, compositeur, arrangeur et interprète. Présentement, dans un cadre qu'il a couramment pratiqué en live (avec les quatuors Stevens et Halvenalf) mais aussi sur l'exceptionnel Ailleurs, c'est un Sheller soutenu par un seul quatuor à cordes qui propose... du Sheller, évidemment ! Indéniablement, la voix a vieilli, une première pour un homme qui avait jusqu'alors tenu son organe pour ainsi dire inchangé, ça lui rajoute un fragilité, qu'il a d'ailleurs toujours eu, encore plus palpable, rien de dramatique donc, juste le signe de l'inéluctable passage du temps. Et comme c'est le seul signe de vieillissement, parce que l'inspiration, elle, est bel et bien là, on l'oublie vite, pris que nous sommes par les cordes émouvantes et les textes fins qui articulent la collection de l'occasion. Une collection beaucoup trop courte, la plus courte des albums studio de William (on frôle les 31 minutes), une collection d'autant plus courte que, d'excellente tenue, elle donne des envies de plus. Car, enfin, comment résister à ces chansons nobles et sentimentales (Bus Stop, Les Enfants du Week-End), à cette art d'accomoder la pop en cordes (Youpylong, Comme Je M'Ennuie de Toi), à ces petits instrumentaux si délicats (dans le genre, Sweet Piece et Intermezzo, tous deux au piano seul, se posent un peu là, le premier évoquant même Satie), à ces déchainements orchestraux, ici plutôt doux, du bien nommé Une Belle Journée, des Souris Noires ou de Walpurgis et même la surprise, la vraie surprise, d'un décrochage swing en chanson fantôme (Le temps d'une heure de Ciel Bleu) domaine de prédilection de son papa mais jamais encore de William qui, quelque part, doit rendre ici un hommage filial. Bref, Stylus c'est du Sheller classique, du Sheller comme on en redemande, encore et encore, et pas dans 7 ans cette fois, siouplait Mister Hand !

1. Youpylong 2:39
2. Une belle journée 3:15
3. Bus stop 3:11
4. Sweet piece 1:58
5. Les Enfants du week-end 2:22
6. Comme je m'ennuie de toi 2:34
7. Petit pimpon 2:17
8. Intermezzo 1:42
9. Les Souris noires 3:58
10. Walpurgis/Le Temps d'une heure de ciel bleu 6:52

William Sheller : chant, piano
David Makhmudov : violon
Laurence Ronveaux : violon
Eric Gerstmans : alto
Christelle Heinen : violoncelle
Philippe Decock : piano
Yves Baibay : batterie
André Klenes : contrebasse
Laurent Blondiau : trompette

...La suite très bientôt avec tout ce qu'il reste et, croyez-moi, il en reste !

William en Intégrale Volume 2 (Live, Classique, Cinéma et Raretés)

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Après ses 13 albums de chansons dans le billet précédent, il est temps d'aller fouiller dans les placards de William Sheller avec l'album alien, les musiques de film, la musique classique et, évidemment, les live ! Une belle sélection complémentaire en somme. Enjoie !

eaRLy SHeLLeR
Lux æterna (1972)

Un album unique dans la carrière de William Sheller qui compose ici une messe pour le mariages d'amis rencontrés alors qu'il composait la bande originale du film "Erotissimo". Lux Aeterna démontre que, chez le jeune William, il y a déjà toutes les cartes qui en font l'artiste capable d'assimiler la musique classique, la pop et la chanson française pour créer son propre style.
Composé en 1969, Lux Aeterna n'est donc pas une œuvre "courante" de la carrière de William Sheller. Influence de son époque, l'album a des atours profondément psychédéliques tout en dévoilant les racines classiques du compositeur. Le soutien d'un chœur, la qualité des arrangements et des compositions, le souffle lyrique de l'ensemble font de Lux Aeterna, qui n'eut aucun succès à sa sortie en 1972, une première pièce maîtresse de la carrière d'un artiste en devenir mais qui devra encore patienter quelques années et l'improbable novelty hit "Rock'n' dollars" et son album correspondant pour, en 1975, enfin rencontrer un succès ô combien mérité. Philips, label de William Sheller, profitera d'ailleurs de cette reconnaissance naissante pour rééditer Lux Aeterna qui, sans doute trop atypique et éloigné de son album d'alors, n'eut que peu de retentissement. Cependant, temps passant et bouche à oreille fonctionnant, l'album deviendra culte et continue d'épater tous ceux qui le découvrent et ont une vision rétrécie et ô combien partielle de l'art de M. Sheller.
C'est avec grand plaisir que je vous invite à découvrir le vrai bonheur que constitue cette œuvre hybride et passionnante d'un Sheller avant le Sheller que nous connaissons aujourd'hui.

1. Introït 3:22
2. Ave frater, rosae et aurae 4:25
3. Opus magnum (Part. 1) 2:47
4. Opus magnum (Part. 2) 3:09
5. Lux æterna 1:30
6. Sous le signe des poissons 5:57
7. Hare Krishna 6:21
8. Sous le signe du verseau 6:44
Bonus
9. My Year Is a Day 3:04
10. Couleurs 2:11
11. Les 4 Saisons 3:44
12. Leslie Simone 2:51
13. Adieu Kathy 2:19
14. She Opened the Door 3:00
15.  Living East Dreaming West 3:20

CiNéMa SHeLLeR
Erotissimo/L'écrivain public (2005)

Outre le fait que ce sont deux bandes originales de films, il faut avouer que le rapprochement d'Erotissimo et de L'écrivain public a beaucoup du mariage de la carpe et du lapin parce que, franchement, à part leur auteur évidemment, tous les sépare. Le premier des deux est une œuvre de jeunesse d'un William qui prend ce qu'on lui donne et se retrouve à composer quelques thèmes pour une comédie érotique typique de son temps. Le score est court, quelque part cousin de ce que Sheller a fait avec Lux Aeterna mais évidemment beaucoup plus léger, une sorte de pop psyché groovy qui se laisse écouter à défaut de plus. Le second, pour un vrai film à la française (même s'il est en fait franco-suisse) signé d'un certain Jean-François Arniguet, avec Robin Renucci en (plus si) jeune premier romantique, est un score de musique de chambre et de piano seul permettant, en plus d'avoir le rare loisir d'illustrer des images, à William d'explorer la face classique de son art. Et c'est du beau boulot, une belle collection de mélodies sentimentales où l'on reconnaît aisément la patte du compositeur, une belle collection qui s'écoutera facilement sans les images qu'elle est sensée illustrer. En résumé ? Avec deux facettes, plus complémentaires qu'opposées comme le démontrent ses albums de chansons, d'un compositeur vraiment inspiré, c'est une belle addition beaucoup moins anecdotique qu'il ne pourrait y paraître à la collection de tout amateur de William. Recommandé.

Erotissimo (1969)
1. Erotissimo 4:16
2. Generissimo 1:47
3.Excitissimo 1:14
L'écrivain public (1993)
4. Ouverture 2:53
5. Solitudes 4:01
6. Eclats 2:52
7. Aria 4:45
8. Le Canot 1:45
9. Prelude 1 3:41
10. Prelude 2 2:41
11. Lettre 1 1:48
12. Ouverture (piano) 2:57
13. Aria (piano) 2:23
14. Le Petit Canot (piano) 0:57
15. Hungaria (quatuor) 2:51
16. Adagio (quatuor) 2:57
17. Allegro (quatuor) 4:23
18. Final 4:44

Arlette (1997)

Ben oui, ce n'est pas parce qu'on est un des plus grands chanteurs français, un des plus fins arrangeurs et compositeurs de l'hexagone que tout ce qu'on touche se change en or. Prenez la bande-son d'Arlette, comédie lourdingue avec Josiane Balasko et Christophe Lambert, William Sheller y fait ce qu'il peut, compose de petits thèmes sympathiques mais pas assez mémorables pour se tenir sans le nanar qu'ils sont censés accompagner. Il y a des exceptions bien sûr, un Générique plus pop que la moyenne d'un score sinon largement orchestral, un Voyage en Ballon ou une Échappée Belle un peu plus épiques que ce qu'il les entoure et qui du coup sortent du lot, une jolie réorchestration des Yeux Noirs, et, pour finir, une Arietta pleine de joie de vivre... C'est peu, c'est aussi la faute à des vignettes vraiment trop courtes pour avoir le temps de pleinement se développer et qui laissent conséquemment sur l'auditeur sur sa faim. C'est ainsi, c'est le jeu de la bande-son, un jeu auquel Sheller ne s'adonnera d'ailleurs plus. Chat échaudé craint l'eau froide ?

1. Générique 3:43
2. Wedding Chorale 1:09
3. Jeu De Cartes 1:14
4. Franck 1:07
5. Valse Lente 1:32
6. Le Vieux Chateau 1:16
7. Voyage En Ballon 2:22
8. Feu D'artifice 0:58
9. Techno Club 0:58
10. Les Noces À Lulu 0:52
11. Rivera Barcarolle 0:57
12. Suite Cocotte 1:52
13. Les Yeux Noirs 1:06
14. En Calèche 0:35
15. Garden Party 1:58
16. Vision Hindoue 1:15
17. Hollywood Flash 0:58
18. Mauvais Rêves 1:42
19. L'échappée Belle 1:29
20. Au Casino 2:35
21. Le Père, Les Adieux 1:36
22. Arietta 1:20

SHeLLeR CLaSSiQUe
Quatuors (2003)

S'il exprime souvent sa sensibilité classique sur ses albums de chansons, il arrive aussi à William Sheller de vouloir proposer, sans doute sans visée commerciale, sa musique instrumentale de chambre ou orchestrale. Présentement habitées par le Quatuor Parisii, les compositions de William n'ont pas l'ambition, irréaliste d'ailleurs, de venir concurrencer Bach, Mozart, Schubert ou Bartók, non, ce sont de simples petites fantaisies de chambre composées par un amoureux de musique (en général, et classique en particulier) qui se trouve avoir aussi les armes pour une telle expérience en plus du goût de sortir des sentiers battus qu'il pratique habituellement. Au passage il y confirme une propension à fusionner cette base académique de flaveurs pop bienvenues comme on peut le constater sur, par exemple, le bien nommé Pepperland. Il y affirme aussi une identité mélodique forte puisqu'on y reconnaît régulièrement sa patte ce qui, mine de rien, n'était pas gagné d'avance. Bref, si ces quatuors ne sont évidemment pas destinés à tournebouler les sens des mélomanes experts du format, ils sont la juste, honnête et précieuse expression d'un compositeur qui est définitivement plus qu'un simple chanteur de variété et donc un opus recommandé, et pas qu'à ses fans les plus fidèles.

Les Viennois
1. Script 4:14
2. Ondis 3:41
3. Foehn 2:52
Livre I
4. Baba-Yaga 5:27
5. Luna 2:46
6. Obsession-Jardin 3:33
7. Hawaï-Fifties 4:44
Livre II
8. Aria-Klein 3:54
9. Pepperland 4:49
10. Hungaria 3:06
11. Le Petit Schubert Est Malade 3:01
12. Néo-Nocturne 6:44

Ostinato, Œuvres Symphoniques (2006)

De la musique symphonique, par William Sheller mais confiée à un chef d'orchestre, on imagine sous l’œil attentif du compositeur, c'est le programme d'Ostinato, première collection d'œuvres symphoniques classiques d'un compositeur qui a souvent tourné autour dans ses albums de chansons et qui, présentement, franchi enfin le pas. Et ? C'est beau ! Plus que ça, c'est exactement ce qu'on imaginait d'un Sheller symphonique à savoir une collection de quatre pièces variées où l'identité mélodique du compositeur n'est pas soluble dans l'environnement choisi. Parce qu'il faut le dire, Sheller est immédiatement reconnaissable ici, que ce soit sur le poème symphonique "Sully" où on a l'impression, à tout moment, que sa voix pourrait apparaitre, ou dans sa façon (comparable à ce qu'il a fait sur Le Nouveau Monde par exemple) de mettre un instrument pas souvent mis à l'honneur en avant, en l'occurrence la trompette sur un Concerto final du plus bel effet. Si, évidemment, la galette sera plus ouvertement recommandée à celles et ceux qui suivent avec intérêt la carrière de ce petit bonhomme au grand talent, on conseillera tout de même aux amateurs de musique classique orchestrale de se pencher sur cet Ostinato d'excellente qualité qui ne changera pas le monde de la musique, il n'est pas fait pour ça, mais constitue audiblement plus qu'une récréation pour son auteur.

Symphonie "Sully"   
1. Mouvement No. 1 - Allez allant 6:55
2. Mouvement No. 2 - Modéré 5:18
3. Mouvement No. 3 - A Tempo Juste 6:00
Symphonie de Poche
4. Mouvement No. 1 (Pantomime) 3:06
5. Mouvement No. 2 (Sérénade) 2:27
6. Mouvement No. 3 (Bergamasque) 3:26
Élégies  pour violoncelle & orchestre
7. Élégie No. 1 5:03
8. Élégie No. 2 5:38
Concerto pour trompette & orchestre
9. Mouvement No. 1 - Allègre et modéré 7:11
10. Mouvement No. 2 - Lent 4:57
11. Mouvement No. 3 - Animé 4:55

SHeLLeR eN SCèNe
Olympia 82 (1982)

Sheller a déjà cinq album de chansons quand il se lance, enfin !, dans l'exercice de la captation live. C'est en 1982 que ça se passe, et à l'Olympia, excusez du peu... Entouré d'un groupe de qualité, qui lui permet de couvrir chaque aspect de son répertoire, c'est à une sorte de best-of live que se livre William, un best-of live où l'on notera l'absence de son tout premier tube, l'encombrant Rock'n'Dollars. Parce que Sheller n'est pas un chanteur rigolo même s'il sait être un chanteur léger (J'suis pas bien et Rosanna Banana, du dernier album en date, ceci explique sans douce cela, c'est pas bien sérieux, ni bien fameux d'ailleurs) et que ses thèmes de prédilection, beaucoup de chansons d'amour tristes et de bulles de nostalgie, n'ont que peu avoir avec les déhanchement variéteux de la plupart de ses collègues. Et donc, Sheller fait un live sérieux, appliqué, d'un immense professionnalisme mais qui, franchement, manque de la flamboyance d'un Olympiade ou de l'émotion d'un Sheller en Solitaire. Un live qui s'écoute sans déplaisir, évidemment, avec de pareilles chansons !, mais n'emporte pas autant qu'on l'aurait voulu. On se doute que la pression de l'enregistrement, dans ce qui était alors le vrai temple de la chanson française et pas une salle comme une autre comme elle l'est maintenant, est largement ce qui impacte cet premier Sheller en scène un poil timide.

1. Symphoman 6:07
2. Un endroit pour vivre 4:20
3. Fier et fou de vous 3:10
4. Oh ! J'cours tout seul 5:29
5. Les petites filles modèles 4:08
6. Les orgueilleuses 3:40
7. Les mots qui viennent tout bas 4:00
8. Dans un vieux rock'n'roll 4:47
9. À franchement parler 4:26
10. Prélude à l'ampoule 2:27
11. Petit comme un caillou 3:02
12. Sonatine 3:06
13. La Toccatarte 2:18
14. Nicolas 3:19
15. J'suis pas bien 3:37
16. Une chanson noble et sentimentale 3:46
17. Rosanna Banana 5:45
18. La Bavaroise 3:05
19. Le Carnet à spirale 2:44

William Sheller et le quatuor Halvenalf (1984)

A l'Olympia comme si vous y étiez avec un chanteur/pianiste et un quatuor à cordes, le programme est sympathique, la captation itou, voici William Sheller et le Quatuor Halvenalf dans le plus mythique des salles parisiennes où, du 11 au 16 septembre 1984, fut enregistré le présent live album... Plus de 30 ans déjà !
On y retrouve Sheller tel qu'en lui-même, équilibriste précieux cheminant sur sa corde raide faite de chanson française, de pop anglo-saxonne et de musique classique et proposant, comme autant de perles rares, une sélection de ses plus belles chansons retravaillées pour sa voix, son piano et le quatuor à cordes l'accompagnant. Forcément, dénuée de tout artifice excessif, la performance est intime, recueillie presque, impression qu'une setlist forcément taillée pour la circonstance ne fait que renforcer. C'est l'occasion d'apprécier, dans une captation parfaite, les compositions de ce diable de William débarrassées de leurs oripeaux de modernité et d'y trouver, ce qui est tout sauf une surprise venant de quelqu'un possédant son bagage académique, de vraies petites merveilles d'harmonie et de sensibilité où Sheller le parolier en remontre à Sheller le compositeur, c'est dire !
Ce live, un peu plus que sur les albums studio où l'on retrouve les versions originales des chansons l'habitant, est chaudement recommandé à tous les amateurs de chanson française de qualité, de pop fine et orchestrale (de chambre), de bonne musique tout simplement. Ça fait du monde !

1. Ouverture 4:02
2. Maman est folle 2:15
3. Les mots qui viennent tout bas 2:38
4. Le capitaine 3:47
5. Chanson lente 2:39
6. J'suis pas bien 3:22
7. À franchement parler 3:37
8. Oh! J'cours tout seul 2:49
9. Les filles de l'aurore 3:45
10. Le Carnet à spirale 2:19
11. Nage libre 2:02
12. Une chanson noble et sentimentale 2:49
13. Symphoman 5:17
14. Simplement 4:17
15. Mon dieu que j'l'aime 4:33

Sheller en solitaire (1991)

Après un live avec groupe, un suivant accompagné d'un seul quatuor à cordes, Sheller réduit encore la voilure et s'expose, seul en scène, pour le plus grand bonheur des amateurs de moments intimistes. En l'occurrence, enregistré au Studio Davout devant un petit parterre de privilégiés (deux centaines d'invités, les chanceux !), William démontre que son travail d'arrangeur, ô combien précieux et apprécié, n'est pas le cache-misère de ses compositions, que celles-ci, débarrassées de tout ornement instrumental, rapprochées de leur expression originelle, tiennent toujours merveilleusement la route. Comme en plus l'homme est un pianiste non seulement d'excellent niveau mais, qui plus est, au toucher immédiatement reconnaissable (comme Higelin, tiens, dans un style forcément différent), les microscopiques doutes qui avaient pu saisir l'auditeur au moment d'entamer la galette disparaissent instantanément. Le miracle, parce que miracle il y a, étant que même les chansons les plus, imaginait-on, dépendantes de leur arrangement, ce Symphoman d'ouverture qui ne s'appelle pas comme ça pour rien par exemple, y gagnent une personnalité intimiste qu'on n'envisageait même pas. Fort. Mais, évidemment, la plupart des choix tend vers la portion la plus douce du répertoire de William avec même une nouvelle chanson, Un Homme Heureux, qui connaîtra le succès, mérité, que l'on sait. Voilà, si vous voulez avoir l'impression d'avoir William dans votre salon, on imagine pire invité !, Sheller en Solitaire sera l'instrument idéal, un vrai beau live tout en douceur que seul ce diable d'homme pouvait réussir avec autant de goût.

1. Symphoman 5:39
2. Maman est folle 2:03
3. Basket-ball 5:06
4. Genève 3:53
5. Les mots qui viennent tout bas 3:03
6. Les miroirs dans la boue 4:08
7. Un endroit pour vivre 4:02
8. Fier et fou de vous 2:57
9. Nicolas 3:12
10. Oh ! J'cours tout seul 4:05
11. Chanson lente 2:46
12. Une chanson qui te ressemblerait 3:24
13. Les filles de l'aurore 4:03
14. Petit comme un caillou 2:54
15. Un homme heureux 4:52
Bonus
16. Vienne 4:25

Olympiade (1995)

Dans la foulée d'un Albion qui restera comme un de ses plus gros fours commerciaux, mais pas un mauvais album, ça non !, accompagné non pas des musiciens qui l'avaient assisté à faire son album de hard rock à lui de l'autre côté de la Manche mais d'une assemblage savant entre groupe de rock et orchestre de chambre, à géométrie variable selon les besoins et les désirs du Maître de Cérémonie, c'est un Sheller en total contrôle et complètement à son aise (un état de fait bien illustré par la photo de la pochette d'ailleurs) qui propose, comme à l'accoutumé, un best-of live réactualisé de sa belle œuvre. Modérément réactualisé en l'occurrence avec le seul La Navale de son dernier opus en date, c'est peu, et une opportunité que William saura heureusement saisir sur son prochain live, celui du Théâtre des Champs-Élysées, mais ça, c'est une autre histoire. D'autant qu'on aurait mauvaise grâce à se plaindre avec la fêtes des sens qui nous est réservée avec, notamment, la chance d'y découvrir quelques titres des deux plus beaux opus de son répertoire (Univers et Ailleurs) en plus d'une belle revue d'effectif d'une carrière déjà bien remplie... Mais toujours pas de Rock'n'Dollars ! Et puis il y a ce petit supplément de fantaisie, cette drôle d'idée que d'inviter deux Dames qu'il aime, Marie-Paule Belle (pour une jolie composition douce-amère) et Micheline Dax venu siffler (!) un aria de sa composition, étonnant, et réussi. Bref, Olympiade, live d'un artiste au sommet de son art, vaut tous les best-of de la création parce qu'en plus il a de l'âme ! Recommandé.

CD 1
1. Les petites filles modèles 3:49
2. La tête brûlée 6:18
3. Basket-ball 5:08
4. Oh ! J'cours tout seul 4:40
5. Cuir de Russie 3:30
6. Nicolas 3:19
7. Le carnet à spirale 2:19
8. Fier et fou de vous 3:00
9. À franchement parler 4:44
10. L'homme que je n'aime plus (chanté par Marie-Paule Belle) 3:37
11. Une dépression d'hiver 5:33
12. Aria (sifflé par Micheline Dax) 4:23

CD 2
1. Une chanson noble et sentimentale 3:07
2. Les miroirs dans la boue 3:51
3. Un homme heureux 4:32
4. Maman est folle 2:16
5. Les orgueilleuses 3:06
6. Les filles de l'aurore 3:47
7. Photos-souvenirs 2:59
8. C'est l'hiver demain 4:13
9. La Navale 6:16
10. Quand j'étais à vos genoux 5:55
11. Dans un vieux rock'n'roll 3:06
12. Le nouveau monde 5:58

Live au Théâtre des Champs-Élysées (2001)

Le petit frère d'Olympiade en plus électrique ? Il y a de ça dans le cru live de 2001 de William Sheller, un live qui le voit pour la première fois, sauf pour un Sheller en Solitaire capté devant une minuscule audience au Studio Davout, s'éloigner de l'Olympia où furent enregistrées toutes ses performances précédentes. Pas que ce changement ait quelque incidence que ce soit sur l'art désormais bien installé du bonhomme, d'ailleurs. On notera aussi, avec la même exception que l'album en solitaire, que c'est la première fois qu'un live de Sheller est issu d'une performance unique, en l'occurrence le 11 novembre 2000 au Théâtre des Champs-Élysées. Sinon, c'est l'habituel session des meilleurs titres avec, cette fois, dans le rôle de ceux qu'on n'avait encore jamais eu, pas mal d'extraits du très réussi Les Machines Absurdes (alors son dernier album en date), une belle sélection d'un Albion qui mérite d'être réévalué (dont l'Excalibur version quasi-heavy metal parfaitement interprété) et, mais si cette fois c'est vrai, il a osé, il l'a fait... Rock'n'Dollars !, pour l'anniversaire de son quart de siècle, il était temps ! Captation la plus emportée de sa carrière, parce que la formation assemblée pour l'occasion sait faire parler la poudre quand c'est nécessaire,  Live au Théâtre des Champs-Élysées n'est aucunement un live de trop, une vraie belle addition à un "body of work" qui en impose !

CD 1
1. Symphoman 6:32
2. Moondown 4:20
3. Indies (Les millions de singes) 4:43
4. Les orgueilleuses 3:26
5. To You 2:40
6. Centre-ville 3:18
7. Un endroit pour vivre 3:45
8. Les enfants sauvages 4:42
9. C'est l'hiver demain 4:16
10. Relâche 4:58

CD 2
1. Le témoin magnifique 8:33
2. Genève 4:13
3. Un archet sur mes veines 3:44
4. Parade (Le bel adieu) 4:11
5. La maison de Mara 2:04
6. Une chanson qui te ressemblerait 3:03
7. Chamberwood (La vilaine maison) 3:00
8. Le capitaine 4:01
9. Excalibur 7:14
10. Rock'n'dollars 3:05
11. Chanson lente 5:33

Parade au Cirque Royal (2005)

Un live dé-hexagonalisé puisque enregistré au Cirque Royal de Bruxelles le 14 mars 2005, ce n'est pas si courant chez Monsieur Sheller qui, sorte de Woody Allen parisien, n'enregistre généralement ses live qu'en capitale. Ça ne veut pas pour autant dire que le dépaysement est total. Pas de fine expérimentation, pas d'énorme changement de direction (voir Albion, un bon album, un gros échec), d'autant que, concert oblige, on a quand même envie de faire plaisir. Alors, avec des musiciens du cru, Sheller donne un récital de chanson "rockestrale" et "symphop" tout à fait dans la lignée d'Olympiade (mon favori), et du Live Au Théatre des Champs-Elysées, classique. Et une belle tracklist qui, 17 morceaux durant, nous entraîne dans l'histoire de la musique de William Sheller. Une sorte de best-of avec, en supplément irremplaçable, le cœur que met ce petit bonhomme dans chacune de ses apparitions scéniques. Un peu routinier tout ça ? On va dire ça, parce qu'il est vrai que nous avons tous, nous qui suivons William, de nombreuses versions live et studio d'une majorité de ces chansons. Il est tout de même agréable de les apprécier dans un nouveau contexte, et d'y voir rajoutées de petites nouvelles qui en imposent ! Du pur Sheller, du bon Sheller.

1. Symphoman 5:54
2. Toutes les choses qu'on lui donne 4:06
3. Nicolas 2:56
4. Fier et fou de vous 3:03
5. Le Carnet à spirale 2:09
6. Le Capitaine 4:00
7. Relâche 4:15
8. Mon hôtel 3:09
9. J'en avais envie aussi 3:38
10. Oh ! J'cours tout seul 3:55
11. Un homme heureux 4:01
12. Les Filles de l'aurore 3:28
13. Indies (Les millions de singes) 4:24
14. Excalibur 6:31
15. Dans un vieux rock'n'roll 4:06
16. Rock'n'dollars 2:44
17. Les Machines absurdes 3:18

William Sheller et le quatuor Stevens (2007)

Il nous avait déjà fait le coup avec le Quatuor Halvenalf 23 ans plus tôt, Sheller remet le couvert et, cette fois-ci accompagné du Quatuor Stevens, nous fait faire le tour du propriétaire d'un répertoire qu'il aime à retoucher. C'est sur la scène du Carré Magique de Lannion (Côtes d'Armor), pour son second live d'affilé délocalisé de ses terres parisiennes donc, que se déroule la captation de l'évènement. Comme d'habitude chez Sheller, la sélection est constitué des immanquables de son répertoire augmentés de quelques surprises, qu'il s'agisse de chansons plus récentes ou d'autres rarement entendues en scène. Comme d'habitude chez Sheller, la finesse de l'arrangement n'a d'égale que la qualité de l'interprétation avec, notamment, un quatuor encore mieux employé que sur sa précédente tentative (le bénéfice de l'expérience, sans doute)... Alors, évidemment, il y a ceux qui iront dire qu'on n'a là, fondamentalement, qu'un live de plus, ceux-ci n'ont pas compris que l'art de Sheller est dans la nuance, dans le détail (qui ne manque jamais) et que, par conséquent, chaque nouvelle version de chacune de ses magnifiques chansons est bonne à prendre. Et puis, avec d'aussi beaux moments que Cuir de Russie, Un Archet Sur Mes Veines, Le Capitaine ou le désormais incontournable Un Homme Heureux (où, comme sur la Chanson d'Automne de conclusion, le quatuor fait sa petite pause), avec même un utile décrochage dans son art instrumental (Babayaga), ont aurait mauvaise grâce de se plaindre et, donc, on ne se plaindra mais et goûtera pleinement à une belle heure et quart de chansons péri-classiques, comme d'habitude chez Sheller, de qualité très supérieure... Recommandé.

1. Ouverture 4:02
2. Toutes les choses qu'on lui donne 3:49
3. Maman est folle 2:13
4. Les Mots qui viennent tout bas 2:45
5. Simplement 4:10
6. Cuir de Russie 3:31
7. Babayaga 3:48
8. Le Carnet à spirale 2:24
9. Nicolas 3:16
10. Les Filles de l'aurore 3:50
11. Mon hôtel 3:25
12. To You 2:43
13. À l'après-minuit 3:40
14. Le Capitaine 3:28
15. Les Orgueilleuses 3:12
16. Un archet sur mes veines 3:42
17. Oh! J'cours tout seul 3:33
18. Les Machines absurdes 2:58
19. À franchement parler 4:28
20. Un homme heureux 4:42
21. Dans un vieux rock'n'roll 3:38
22. Chanson d'automne 3:51

Piano en ville (2010)

Petit live sans public uniquement disponible sur les plateformes de téléchargement, Piano en Ville n'apporte strictement rien à la carrière du grand monsieur qu'est William Sheller, rien sauf le plaisir de l'entendre, seul au piano, jouer quelques jolis extraits de son riche répertoire dont certains, Felix et Moi (d'Avatars) et Les Enfants du Week-End (qu'on retrouvera sur le Stylus de 2015), pour la toute première fois. Sans doute pas essentiel, sauf aux fans de ce petit bonhomme au si grand talent, Piano en Ville est une petite bulle intimiste qui fait du bien par où elle passe, ce qui n'est déjà pas si mal même si, avec seulement 17 petites minutes, c'est vraiment beaucoup trop court.

1. Felix et moi 2:15
2. J'me gênerai pas pour dire que j't'aime encore 3:12
3. Mon dieu que j'l'aime 1:53
4. Les Enfants du week-end 2:22
5. Chanson noble et sentimentale 2:19
6. Chamber music 4:56


2006 par 12 (12 mois, 12 albums)

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10 ans c'est peu et c'est beaucoup à la fois. En regardant la sélection que je vous ai concocté pour l'anniversaire, je me disais que les choses avaient beaucoup changé depuis, que certains artistes avaient soit disparu soit étaient en voie de ringardisation quand d'autres tiennent encore magnifiquement la barre, que ce qui était alors "in", ce stoner rock en plein développement par exemple, est aujourd'hui devenu un peu "out" parce que passé au grand public. Bref, 10 ans c'est peu mais c'est aussi beaucoup, une bonne raison de plus pour se souvenir... Enjoie.

JaNVieR
Rosanne Cash "Black Cadillac"
ou "Fille de"

C'est peut-être une fille de, de Johnny Cash bien-sûr mais aussi de June Carter, membre d'une des familles les respectées de la country music, n'empêche que Rosanne Cash a une vraie personnalité et son propre bout de viande à défendre, comme sur ce Black Cadillac, son 11ème album depuis ses débuts remarqués de la fin des années 70. Dans les faits, l'album, enregistré pour moitié à Los Angeles avec le producteur Bill Botrell, pour l'autre à New York avec son époux, le musicien John Leventhal, affiche sans rougir une duplicité conséquence logique de sessions nettement distinctes sans (trop) y perdre en cohérence d'ensemble. Parce qu'il fallait bien un contrepoint aux ballades émotives et personnelles enregistrées avec Botrell, un peu de légèreté pour contrebalancer la gravité de voisines certes très réussies mais qui, seules, auraient tout de même un peu plombé l'ambiance. Et donc, pas exemple, un Radio Operator upbeat et bien troussé devance un intimiste I Was Watching You qui lui-même s'enchaine sur un Burn Down This Town aux atours country rock bluesy tout à fait satisfaisants. Et un bel équilibre, donc, pour un album de country music moderne varié et, évidemment, excellemment mis en son où l'on déborde souvent de l'idiome de base (comme sur le jazzy World Without You ou la pop rock à peine country de Like Fugitives) pour un résultat ô combien satisfaisant. "Fille de" peut-être, Rosanne Cash trace un petit bonhomme de chemin où Black Cadillac, album indubitablement recommandé, n'est pas la moindre étape.

1. Black Cadillac 3:45
2. Radio Operator 3:22
3. I Was Watching You 4:01
4. Burn Down This Town 3:11
5. God Is in the Roses 4:07
6. House on the Lake 3:31
7. The World Unseen 5:13
8. Like Fugitives 3:40
9. Dreams Are Not My Home 3:40
10. Like a Wave 3:26
11. World Without Sound 3:42
12. The Good Intent 3:44
13. 0:71 1:13

Rosanne Cash: Vocals
Bill Bottrell: Guitars, 12-String Guitar, E-Bow Guitar, Mando Cello, Bouzouki, Background Vocals, E-Bow
Benmont Tench: Organ, Wurlitzer Piano, Background Vocals
Bruce Fowler: Trombone
John Leventhal: Guitars, Bass, Dobro, Percussion, Mandolin, Keyboards, Piano
Shawn Pelton: Drums
Michael Rhodes: Bass
Kevin Breit: Mandolin, Acoustic Guitar
Catherine Russell: Harmony Vocal
Charley Drayton: Drums
Brian McLeod: Drums, Background Vocals
Dan Schwartz: Bass, Background Vocals
Jose Hernandez: Trumpet
Albert Wing: Tenor Saxophone, Clarinet

ROSANNE CASH

FéVRieR
The Sword "Age of Winters"
ou "Winter Is Coming"

Des texans qui font en 2006 du heavy metal comme on était censé le jouer dans les années 70 ? Avec une totale crédibilité jusque dans le look (qui compte, même si marginalement) ? C'est The Sword et leur opus inaugural, l'excellent Age of Winters. La recette du succès ? Du gras, du lourd, de l'agressif augmenté d'un déjà consommé de faire du neuf avec du vieux. Parce que, enfin !, tout ceci est éminemment régressif, et c'est ça qui est bon ! Il faut dire que The Sword propose un arsenal de riffs, un emballage rythmique et un vocaliste aux cordes vocales burinées à coup de spliffs et de bière "bourbonnée" qui sied idéalement à un exercice, c'est à noter, DIY puisque produit et mixé en interne. Gonflés ces petits gars ! Et pourtant fraichement reçus par une communauté metal qui n'y voit qu'un développement opportuniste de plus de leur idiome adoré, de vils récupérateurs qu'il est bon de vilipender. Et pourtant, dès Barael's Blade (sans oublier son intro, Celestial Crown), c'est à un beau déboulé hirsute auquel nous sommes convié, où votre serviteur ne détecte autre chose qu'une totale sincérité par une bande de petits gars qui s'y amusent beaucoup. Et même quand ils ralentissent le tempo et se décident à planer un peu plus haut comme sur l'introduction d'Iron Swan ou les décrochages bluesy de Lament of the Aurochs (après tout c'est quasiment une étape obligatoire dans le genre), ils s'en sortent avec plus que les honneurs même si c'est fondamentalement anecdotique sur un album surtout bien rentre-dedans. Évidemment, ceux qui veulent du pur heavy metal n'y trouveront pas leur compte, les autres, ceux plus ouverts à l'expression rétro-jeuniste de leur musique  n'y entendront pas autre chose qu'un excellent album du genre qui récure bien les conduits auditifs sans pour autant plonger dans l’ultra-violence. Belle pioche et beau débuts pour un groupe qui a depuis confirmé.

1. Celestial Crown 1:57
2. Barael's Blade 2:48
3. Freya 4:34
4. Winter's Wolves 4:36
5. The Horned Goddess 5:01
6. Iron Swan 5:46
7. Lament for the Aurochs 7:59
8. March of the Lor 4:41
9. Ebethron 5:35

J. D. Cronise– vocals, guitars
Kyle Shutt– guitars
Bryan Richie– bass
Trivett Wingo – drums

THE SWORD

MaRS
Matisyahu "Youth"
ou "Hassidic Riddims"

Vu de loin, Matisyahu et son "reggae kasher" pourraient être vus comme un "novelty act" de plus, un machin qui après un hit surprise (King Without a Crown sur l'album de 2005, Shake Off the Dust... Arise, opportunément repris dans une version revue et corrigée sur le présent) était voué à disparaître son attrait particulier évanoui avec la surprise de sa nouveauté. Et puis Youth, un second opus qui surfe bien sur le succès de son devancier, en élargit le spectre même, alors il faut prendre Matthew Paul Miller, son vrai nom, au sérieux. Parce qu'avec un bon groupe dévoué à son reggae à lui (Roots Tonic, un trio pour aller à l'essentiel), entre deux traditions, celle de Bob et celle de David, le chemin tracé par cet outsider fièrement barbu, qui est tombé dans la musique en devenant fan des post-hippies jammants de Phish, est un bienvenu courant d'air frais dans un reggae aux chapelles trop séparées et souvent limitées par leur propres règles respectives. Ce dont Matisyahu n'a cure, embarquant tout ce qui lui plait, qui vient surtout du reggae, du ragga et du dub mais aussi du rock qui l'a tant marqué dans sa jeunesse et évidemment de racines juives si chères à son cœur, pour un cocktail qui n'appartient qu'à lui. On ne niera pas que l'album manque parfois d'immédiateté, que la réécoute sera nécessaire pour certaines des pièces les plus expérimentales (celles où on sent le plus l'influence du producteur, Bill Laswell, et son goût pour le dub cosmique) mais se rassurera parce qu'il regorge de moult vraies belles réussites (l'intime et épuré What I'm Fighting For, Dispatch the Troops avec son petit air de The Police, par exemple) en excellentes portes d'entrées dans l'univers de l'homme. Bref, si vous aimez le reggae pas comme les autres, ni roots ni digital mais son propre animal, Youth, et plus généralement toute la discographie de Matisyahu, mérite le détour.

1. Fire of Heaven/Altar of Earth 3:59
2. Youth 4:18
3. Time of Your Song 4:27
4. Dispatch the Troops 4:05
5. Indestructible 4:09
6. What I'm Fighting For 2:11
7. Jerusalem 4:00
8. WP 3:58
9. Shalom/Saalam 1:06
10. Late Night in Zion 3:13
11. Unique is My Dove 3:24
12. Ancient Lullaby 4:18
13. King Without a Crown 3:42

Matisyahu—vocals
Roots Tonic—music (Aaron Dugan: guitar, Josh Werner: bass and keys, Jonah David: drums)
Marlon "Moshe" Sobol —guest musician on "WP"
Stan Ipcus—guest musician on "WP"
Yusu Youssou—guest musician on "Shalom/Saalam" and "Ancient Lullaby"

MATISYAHU

aVRiL
The Flaming Lips "At War with the Mystics"
ou "De toutes les couleurs"

Depuis qu'ils ont décidé de camoufler leur avant-gardisme iconoclaste derrière un vernis pop et psychédélique du plus bel effet, depuis le toujours chaudement recommandé The Soft Bulletin, les Flaming Lips de Wayne Coyne se sont fait leur petite niche dans le monde des musiques juste à la marge qui plaisent tant aux jeune-gens intelligents. Mais même en mettant son cerveau au placard, en se laissant happer par la portée émotionnelle de l'opus, en oubliant tout le bien qu'on a pu en lire dans les Inrocks ou chez Télérama, quoi, At War with the Mystics est une belle réussite. Et un bel équilibre entre la folie des noise rockers de jadis et les popsters psychédéliques d'aujourd'hui, comme les titres (tous ou presque à rallonge !) le démontrent. Parce que contrairement aux deux épisodes précédents, les Flaming Lips utilisent moins, ici, l'instrument studio et retrouvent, de ce fait, un peu de l'énergie primale qui habitaient leurs débuts. Enfin, ça c'est pour la forme parce que, dans le fond, on reconnait immédiatement le groupe de The Soft Bulletin et Yoshimi Battle the Pink Robots, dès un efficace et bien emmené Yeah Yeah Yeah Song en forme de glorieux revivalisme pop psychédélique. La suite, des grooves joliment déconstruits de Free Radicals et The Wizard Turns On, des planeries ascentionnelles de The Sound of Failure, des délicats atours folk et gainsbarriens de Vein of Stars, d'un emballage presque "à la Gong meets Sigur Rós" sur un It Overtakes Me simplement phénoménal, etc. est une fête des sens où les moult trouvailles d'arrangements, où les rétro-kitschs habillages synthétiques font un effet boeuf. Plus léger que The Soft Bulletin, moins expérimental et exigeant que Yoshimi, At War with the Mystics est l'album introductif idéal à l'univers chamarré de Coyne, Ivins et Drozd, un opus réussi de bout en bout, fun et frais qui, qui plus est, porte admirablement ses dix ans. Recommandé.

1. The Yeah Yeah Yeah Song (With All Your Power) 4:51
2. Free Radicals (A Hallucination of the Christmas Skeleton Pleading with a Suicide Bomber) 3:39
3. The Sound of Failure / It's Dark... Is It Always This Dark?? 7:18
4. My Cosmic Autumn Rebellion (The Inner Life as Blazing Shield of Defiance and Optimism as Celestial Spear of Action) 4:48
5. Vein of Stars 4:15
6. The Wizard Turns On... The Giant Silver Flashlight and Puts on His Werewolf Moccasins 3:41
7. It Overtakes Me / The Stars Are So Big... I Am So Small... Do I Stand a Chance? 6:50
8. Mr. Ambulance Driver 4:21
9. Haven't Got a Clue 3:23
10. The W.A.N.D. (The Will Always Negates Defeat) 3:44
11. Pompeii am Götterdämmerung 4:22
12. Goin' On 3:39

Wayne Coyne– guitar, bass guitar, vocals
Steven Drozd – guitars, keyboards, drums, vocals
Michael Ivins– bass guitar, vocals,
&
Greg Kurstin – backing vocals and instruments on "Haven't Got a Clue"
Kliph Scurlock– drums, percussion

THE FLAMING LIPS

Mai
Scott Walker "The Drift"
ou "From Boys-Band to Armageddon"

Avoir commencé dans une formation pop visant le cœur de minettes toutes échaudées et se retrouver à sortir des albums absolument alien et difficilement descriptible, le moins que l'on puisse dire c'est que le parcours de Scott Walker intrigue.
Parce qu'en plus d'être une évidente figure tutélaire d'une pop mélodramatique, une énorme influence de David Bowie qui le suivra jusque dans son obsession pour Brel de qui il a emprunté un goût pour le théâtre en chanson qu'on entend jusqu'aujourd'hui, Walker est devenu, au fil des ans et des albums, un animal de moins en moins identifiable, de plus en plus à la marge d'une scène musicale lorgnant souvent sur la facilité ce qui, c'est l'évidence, est tout sauf le propos du ténébreux vocaliste, multi-instrumentiste et compositeur. Si ce n'est pas une nouveauté, on peut identifier la tendance dès sa moitié du cru 78 des Walker Brothers reformés, Nite flights, c'est sur Climate Of Hunter (1984) et surtout sur l'ébouriffant Tilt (1995) que la recherche finit par prendre le pas sur la composition de chansons classiques. Aussi, donc, se faire chahuter par les étrangetés, les climats clair-obscur, les instrumentations et arrangements déconstruits, la voix froide et détachée de crooner post-apocalyptique d'un Walker en état de grâce compositionnel n'est pas une surprise, et ce The Drift est donc, finalement, plus une confirmation qu'une révolution. Il faut cependant préciser que si étrange The Drift est indéniablement, plus accessible que son barjotant prédécesseur il est aussi, pas beaucoup, juste un peu, juste assez pour rendre l'expérience accessible à d'autres qu'au petit cercle masochiste de ceux qui aiment se compliquer l'existence et le cervelet à coup de Residents, Xenakis et autres Cecil Taylor. Ça reste cependant rude mais, en s'abandonnant au trip total que nous propose Scott, une expérience enrichissante dévoilant des trésors d'une beauté particulière mais tout de même infectieuse.
Et non, je ne décris pas vraiment la musique, simplement parce qu'elle est indescriptible et qu'il n'y a pas mieux, pour se rendre compte, que de tenter soi-même la chose, ce qu'on recommande chaudement parce que des artistes comme Walker et des albums comme The Drift, on n'en croise pas si souvent et que c'est dommage, d'ailleurs.

1. Cossacks Are 4:32
2. Clara 12:43
3. Jesse 6:28
4. Jolson and Jones 7:45
5. Cue 10:27
6. Hand Me Ups 5:49
7. Buzzers 6:39
8. Psoriatic 5:51
9. The Escape 5:18
10. A Lover Loves 3:11

Scott Walker - Vocals, Guitar, Harmonica, Sax, Sound Treatment
Hugh Burns - Guitar
Ian Thomas - Drums
Mark Warman - Keyboards, Orchestration, Conducting, Percussion, Woodwind, Sound Treatment
Philip Sheppard - Orchestration, Conducting, Cello
Alasdair Malloy - Percussion, Drums
John Giblin - Bass
Steve Pearce - Bass
Peter Walsh - Sound Treatment, Sitar, Percussion
Andrew Cronshaw - Woodwind, Concertina
James Stevenson - Guitar
Brian Gascoigne - Keyboards, Sound Treatment
Thomas Bowes - Violin
Vanessa Contenay-Quinones - Vocals
Beverly Foster - Voice
Pete Long - Sax
Rohan Onraet - Percussion
Lucy Painter - Vocals
Rebecca Painter - Vocals
Ralph Warman - Vocals
Derek Watkins - Flugelhorn

SCOTT WALKER

JuiN
Hammers of Misfortune "The Locust Years"
ou "Yesterday, Today, Tomorrow"

Dans la série "les vilains petits canards du metal qui ne plairont jamais aux bien-écoutants", les rétro-progressivo-hard rockeurs de Hammers of Misfortune se posent un peu là. Au départ le side-project de John Cobbett et Mike Scalzi de (The Lord Weird) Slough Feg, que ce dernier finira par quitter d'ailleurs, le groupe a progressivement trouvé son ton, son style et aussi un petit noyau dur de fanatiques qui ne jurent que eux et par cet album justement, The Locust Years, leur troisième long-jeu. La recette de ces messieurs dames, ben oui, Hammers of Misfortune est une formation mixte avec deux musiciennes dedans, et pas la sexy chanteuse alibi habituelle, possède une vraie fondation traditionaliste à chercher chez Black Sabbath, Uriah Heep et Jethro Tull savamment remise au goût du jour par d'astucieux artisans qui savent expertement accommoder leur brouet maléfique d'un esprit épique absolument communicatif. J'en veux pour preuve l'ouverture de l'opus, ce morceau titre de sept minutes et demies où, de riffs percutants en orgues texturants, avec une mélodie chantée dans un unisson du plus bel effet par Scalzi et Myers culminant dans un refrain digne du meilleur hard prog des seventies, fantastique ! Et la suite est à l'avenant avec des transitions où l'agression laisse la place à la douceur (We Are the Widows, Famines Lamp, la première partie de l'épique final, Church of Broken Glass) entourés de solides démonstrations de force hard prog glissant parfois vers un heavy référencé early 80's (Trot Out the Dead), pouvant même rappeler le meilleur du Deep Purple classique (Election Day, son orgue "Lordesque" et sa guitare pas loin d'être "Blackmoresque"), mais toujours habitée de cet esprit mélodique typique du groupe, et cette art de mêler vocaux masculins et féminins, qui lui donne un je-ne-sais-quoi de celtique absolument chavirant. Voilà, en 45 minutes et 9 excellentes chansons, comment le vilain petit canard s'est transformé en beau cygne blanc et a pris son gracieux envol, loin au-dessus de la mêlée des laborieux. The Locust Years ? Il vous le faut !, c'est aussi simple que ça.

1. The Locust Years 7:32
2. We Are the Widows 3:17
3. Trot Out the Dead 4:13
4. Famine's Lamp 5:15
5. Chastity Rides 6:06
6. War Anthem 5:24
7. Election Day 5:38
8. Widow's Wall 7:28
9. Church of Broken Glass 4:15

Chewy - drums
Jamie Myers - vocals, bass guitar
Mike Scalzi - vocals, guitar
Sigrid Sheie - acoustic and electric piano, Hammond B3, backing vocals
John Cobbett - electric, lead and acoustic guitars

HAMMERS OF MISFORTUNE

JuiLLeT
Muse "Black Holes and Revelations"
ou "Euterpe soit louée"

Plut tout à fait à leur meilleur, c'était le coup d'avant, avec l'exceptionnel Absolution, mais heureusement pas encore trop tombé dans la pompe excessive qui caractérisera la suite de sa carrière même si on en sent les premiers symptomes (le crescendo de Take a Bow avec ses synthétiseurs ELPisants et ses choeurs Queenants est très réussi mais à la limite du mauvais goût quand même), et si c'est donc un Muse encore en équilibre qui se présente pour son 4ème long-jeu, le réussi Black Holes and Revelations, c'est déjà un tout petit peu le début de la fin. Parce qu'en plus, il n'y a plus tout à fait le souffle épique d'avant mais, rassurons-nous, ce que Bellamy & Cie perdent on "poils qui se dressent sur les bras", il le gagnent, entre autre, en "je remue mon popotin" comme exemplifié par un Starlight à se dandiner mollement (avant le headbanging modéré de l'explosion de rigueur), un Supermassive Black Hole carrément en forme de funk blanc millénariste (Prince's not dead !), et diablement efficace !, ou, plus loin, la bonne pop à danser presque Morriconienne d'Exo-Politics. Là n'est évidemment pas le seul propos d'un groupe qui sait présentement varier les plaisirs, qu'il plongent coupablement dans le rock progressif (un peu partout mais plus précisément sur le "synth-heavy" Map of the Problematique, le puissantet Zeppelinien  City of Delusion et le pompeux final, Knights of Cydonia, à faire passer Queen et Yes pour des ascètes, j'exagère à peine !), se rêvent en hard-rocker toutes guitares dehors (Assassin, quelle feu !), ou fait dans l'intimiste de belle facture (la pop acoustique à la Macca de Soldier's Poem, la belle ballade jazzy/bluesy Hoodoo). Et comme ils le font bien, que la maîtrise de l'instrument studio est aussi évidente que raisonnable (Muse saura prouver que presque tout ceci est jouable en scène), c'est à une vraie belle galette qu'on a droit, un album très référencé, ça fait d'ailleurs partie de son charme, mais suffisamment personnel pour qu'on ne boude pas son plaisir.

1. Take a Bow 4:35
2. Starlight 3:59
3. Supermassive Black Hole 3:29
4. Map of the Problematique 4:18
5. Soldier's Poem 2:03
6. Invincible 5:00
7. Assassin 3:31
8. Exo-Politics 3:53
9. City of Delusion 4:48
10. Hoodoo 3:43
11. Knights of Cydonia 6:06

Matthew Bellamy– lead vocals, lead and rhythm guitars, piano, synthesizers
Christopher Wolstenholme– bass, backing vocals, double bass on "Soldier's Poem", some synthesizers on "Map of the Problematique" and "Hoodoo"
Dominic Howard – drums, percussion, brief vocals and electronic drums on "Supermassive Black Hole", Buchla 200e on "Take a Bow"
&
Edoardo de Angelis– first violin on "Take a Bow", "City of Delusion", "Hoodoo" and "Knights of Cydonia"
Around Art – strings on "Take a Bow", "City of Delusion", "Hoodoo" and "Knights of Cydonia"
Marco Brioschi – trumpet on "City of Delusion" and "Knights of Cydonia"

MUSE

aoûT
Miossec "L'étreinte"
ou "L'ouverture"

En hommage au désormais défunt Magic RPM, sans doute le tout meilleur magazine musical français de tous les temps, non j'exagère pas, c'est leur chronique du 6ème Miossec que je vous livre en pâture. Je rajouterai juste que je suis tout à fait d'accord avec son auteur.
"Il y a mille bonnes raisons d’aimer passionnément Christophe Miossec… Portant le verbe haut et cru, le Brestois n’a-t-il pas redonné à la chanson d’ici une ferveur depuis longtemps négligée par ses pairs ? Cette façon inimitable de se dire, même au plus bas de soi, au fond du trou, ne fait-t-elle pas déjà école ? Qu’il se trimballe dans le plus simple appareil (Boire, Baiser) ou vêtu des plus élégants costumes (1964, L’Étreinte), cet auteur courtisé s’est toujours livré sans compter. Chastes oreilles s’abstenir, son débit versant parfois dans le bilieux, dans le vraiment douloureux. Telle est la vie, la vraie, ici célébrée avec un allant auquel seul Serge Reggiani mais lui n’a jamais écrit une ligne nous avait habitué, il y a un bail. Alors oui, certainement, pour la première fois de sa carrière Miossec risque de diviser… Obligé de trier ! La découverte des merveilles cachées derrière L’Étreinte est à ce prix. Mais plutôt que de l’éreinter pour ses quelques faux-pas, attardons-nous sur les vraies réussites de ce sixième album. Juste parce qu’il le vaut bien et qu’on ne cherche pas de poux à un type de cette trempe alors qu’il livre là son oeuvre la plus variée. Élaboré pour la seconde (et dernière) fois en tandem avec Jean-Louis Piérot (moitié des Valentins et arrangeur surdoué) et quelques génies notoires tels que Robert Johnson et Stef Kamil Carlens de Zita Swoon, L’Étreinte voit notre expatrié belge reprendre son souffle dans les cordes merveilleux Nicolas Stevens, partenaire d’Imprudence de Bashung sur scène avant de mettre l’autre en face au tapis. L’amour se consomme ainsi, des coups comme s’il en pleuvait (La Grande Marée, LE morceau du disque) et Dieu sait si Miossec en a eu pour son grade. Mais puisque ici le charnel l’emporte toujours et c’est très bien comme ça , saluons cette Julia aux formes délicieusement callipyges, ou cette confession finale à sa chère Maman : « Je ne contrôle plus mes arrières, j’ai succombé à des plaisirs qui devrait un jour te déplaire». Charnel encore, Quand Je Fais La Chose, où l’on se prend à rêver à une association avec le trublion Red, aurait autrement plus d’allure que ces poses discutables à Califourchon. Et si le ton se fait de plus en plus sentimental superbe Maman, les arpèges de La Mélancolie, le piano très Gainsbourg de 30 Ans, composé pour lui par le compagnon de Madame Juliette Gréco, sûr que ça ne s’arrangera pas avec le temps. Gare aux rétroviseurs donc, sauf s’il s’agit de mettre du Clash dans les guitares, et tant mieux pour La Facture D’Électricité, ce tube programmé aux jolis choeurs. Compositeur inspiré de plus de la moitié des titres, Miossec demeure cet être faillible, terriblement humain, que L’Étreinte nous présente sans fard, vulnérable, mais finalement plus attachant que jamais." (Renaud Paulik)

1. La Facture d'électricité 3:15
2. Maman 2:57
3. La Mélancolie 5:28
4. Trente Ans 3:25
5. Mes crimes : le châtiment 3:08
6. Quand je fais la chose 3:17
7. Le Loup dans la bergerie 5:29
8. La Grande Marée 3:03
9. L'Imbécile 3:22
10. L'Amour et l'Air 3:54
11. Julia 3:20
12. Bonhomme 3:02

Christophe Miossec : chant et textes
Robert Johnson : guitare
Jean-Louis Piérot : basse
Ian Thomas : batterie
&
Gérard Jouannest : composition et piano sur 30 ans
Olivier Bodson et Pierre Gillet : trompette sur 30 ans
Catherine Grozrigolote, Fay Lovsky et Stef Kamil Carlens : chœurs sur La Facture d'électricité
Radio Candip : chœurs sur Maman
Jean-Louis Piérot, Jean-François Assy et Nicolas Steven : cordes

MIOSSEC

SePTeMBRe
Scissor Sisters "Ta-Dah"
ou "Dance-pop plus ultra"

Pour ceux qui ne les connaîtrait pas encore, si il en reste !, les Scissor Sisters sont un quintet New Yorkais ouvertement gay (et quasi-iconique en l'occurrence) ayant produit en 2004 un premier album mêlant pop, funk, disco, rythmes technoïdes et humour ravageur (avec même une reprise club du Comfortably Numb de Pink Floyd qui fit grincer quelques dents, mais pas les miennes !).
Le dit album, contenant des titres aussi imparables que "Laura", "Take Your Mama Out" ou "Mary", n'avait cessé de m'amuser depuis ma découverte d'icelui quelques mois après sa sortie. J'avais cependant les plus grand doutes quand à la possibilité pour le groupe de reproduire une telle performance. Quelle erreur ! Ta-Dah (regardez l'artwork !) est au moins autant une fête pour les sens et l'album "fun" le plus immédiatement accrocheur de l'année en cours.
Passons déjà l'évidence : production et arrangements sont de toute première classe signe d'un budget conséquent en plus d'un vrai talent. L'intemporalité du style (le même astucieux mix que sur leur premier en plus cuivré cependant) n'est plus à prouver mais, et c'est là que réside le tour de force, les compositions sont encore cette fois à la hauteur ! Ainsi nous avons non seulement une impeccable forme mais aussi un fond d'égale qualité. Du futur hit "I Don't Feel Like Dancin'", hypra addictif !, à la toute dernière piste, "Everybody Wants the Same Thing", les Scissor Sisters déroulent une implacable collection de chansons alternant malins penchants dance music (le single précité mais aussi "Lights", "Kiss You Off", "Ooh".) et belles ballades/mid-tempi pop ("Land Of A Thousand Words", "Intermission" - qui ne dépareillerait pas sur un le Magical Mystery Tour des Beatles -, "Everybody Wants The Same Thing"). Point appréciable : ici pas de machines ! Tout est réellement joué par des musiciens compétents, un soin tout particulier semblant avoir été porté aux guitares qui, pour discrètes, n'en sont pas moins ébouriffantes ! Il y a donc le quintette de base mais aussi des musiciens de studios et invités dont le plus fameux, est, à n'en pas douter Sir Elton John qui vient poser son si reconnaissable piano sur le single inaugural ainsi qu'"Intermission". Et, là, LE nom est lâché ! Sans doute la voix de Jake Shears y est-elle pour beaucoup, bien que reposant plus sur un falsetto de bon aloi, mais aussi la tonalité générale de l'album qui rappelle le plus "fun & upbeat" de EJ sans qu'on puisse jamais, cependant, crier au plagiat ou au clone... D'autres influences sont indéniables : The Beatles, The Bee Gees, KC & The Sunshine Band, etc... Hé oui, tout ceci n'est pas très sérieux, mais, bon sang de bois !, qu'est-ce que c'est bon ! A ECOUTER ABSOLUMENT.... A DANSER ABSOLUMENT AUSSI !!!

1. I Don't Feel Like Dancin' 4:48
2. She's My Man 5:31
3. I Can't Decide 2:46
4. Lights 3:35
5. Land of a Thousand Words 3:50
6. Intermission 2:37
7. Kiss You Off 5:02
8. Ooh 3:29
9. Paul McCartney 3:44
10. The Other Side 4:22
11. Might Tell You Tonight 3:20
12. Everybody Wants the Same Thing 4:22

Jake Shears - vocals
Babydaddy - bass guitar, keyboards, vocals, guitar
Ana Matronic - vocals
Del Marquis - guitar, bass guitar
Paddy Boom - drums, percussion
&
Elton John - piano on "I Don't Feel Like Dancin'" and "Intermission"
J.J. Garden - additional piano on "She's My Man", piano on "I Can't Decide", "Land of a Thousand Words", "The Other Side" and "Everbody Wants the Same Thing"
Gina Gershon - Jew's harp on "I Can't Decide"
Carlos Alomar - additional guitar and bass on "Lights", "Paul McCartney" and "Hair Baby", additional guitar on "Transistor"
Paul Leschen - piano on "Lights", "Ooh" and "Everybody Wants the Same Thing"
Crispin Cioe - saxophone and horn arrangement on "Lights", "Paul McCartney" and "The Other Side"
Bob Funk - trombone on "Lights", "Paul McCartney" and "The Other Side"
Larry Etikn - trumpet on "Lights", "Paul McCartney", "The Other Side"
Joan Wasser - string arrangement and violin on "Land of a Thousand Words"
Jeff Hill - cello on "Land of a Thousand Words"
Van Dyke Parks - string arrangement on "Intermission"
Peter Kent - concert master on "Intermission"

SCISSOR SISTERS

oCToBRe
The Who "Endless Wire"
ou "Qui a peur du grand méchant Who ?"

John Entwistle vient alors de nous quitter, Keith Moon lui est mort depuis plus d'un quart de siècle, ça n'empêche pas les deux survivants de relancer encore une fois (une dernière fois ?) leur bonne vieille machine. Voici Endless Wire ou comment Pete Townsend déguise ses aeuvres solitaires sous le nom de son historique formation.
Or donc, Endless Wire est le onzième album des Who, le premier depuis près d'un quart de siècle, c'est dire si on l'attendait au tournant, ce retour sans Keith, sans John, surtout quand il était si distancié de la première mort de l'immense groupe. Endless Wire est aussi un album en deux temps, deux tiers collection de chansons, un tiers opéra-rock (Wire & Glass), rien que de très normal, finalement, pour un groupe s'étant, dans le passé, aussi bien exprimé dans l'un que dans l'autre, mais un césure étrange, cependant. Et commençons par ce dernier, tiens, qui par sa durée et son appellation de mini-opéra évoquerait presque A Quick One While He's Away mais dont l'imagination et l'approche harmonique est nettement moins iconoclaste et furibarde que son glorieux devancier. Ça reste cependant une jolie suite démontrant, s'il en était besoin, que Townsend sait toujours trousser une chanson et déployer ses facultés d'arrangeur même si une certaine "pépèritude" est définitivement présente. Et donc 9 chansons, une demi-heure seulement, pour la première partie, et un petit coup de modernité pour commencer avec un Fragmentsépicé d'électronique qui fait son petit effet, à défaut de totalement nous chavirer, et rappelle l'intro du fameux Baba O'Riley, accessoirement. Le reste de neuf titres est un égal festival revival avec, en tête de pont immanquables, des chansons telles que Mike Post Theme ou Black Widow's Eyes qu'on croirait tout droit sorti des sessions de Who's Next s'il n'y avait la voix forcément vieillie, mais toujours de belle tenue, de Daltrey. Alors, évidemment il manque les roulement incessants et périlleux d'un Keith Moon et la basse baladeuse d'Entwistle pour que le bonheur soit vraiment complet mais, en l'espèce, on s'en approche très près ce qui n'est pas un mince exploit.
Alors, non, Endless Wire n'est pas la triomphante campagne résurrectionnelle d'une des plus importantes formations de l'histoire du rock'n'roll, ce n'est pas non plus le fiasco que l'on pouvait craindre, juste un album finalement logique dans le canon des Who, un album ambitieux avec ses erreurs souvent attachantes et ses réussites qui nous prendraient presque de court. Et d'espérer, du coup, que Roger et Pete repiquent un jour, avant qu'il ne soit trop tard, à la Qui-aventure., on l'attend de pied ferme sans, toutefois, se faire trop d'illusion. Bref, Endless Wire est recommandé, et pas seulement si vous êtes fans.

1. Fragments 3:58
2. A Man in a Purple Dress 4:14
3. Mike Post Theme 4:28
4. In the Ether 3:35
5. Black Widow's Eyes 3:07
6. Two Thousand Years 2:50
7. God Speaks of Marty Robbins 3:26
8. It's Not Enough 4:02
9. You Stand by Me 1:36
Wire & Glass: A Mini-Opera
10. Sound Round 1:21
11. Pick Up the Peace 1:28
12. Unholy Trinity 2:07
13. Trilby's Piano 2:04
14. Endless Wire 1:51
15. Fragments of Fragments 2:23
16. We Got a Hit 1:18
17. They Made My Dream Come True 1:13
18. Mirror Door 4:14
19. Tea & Theatre 3:24
Bonus
20. We Got a Hit (Extended) 3:03
21. Endless Wire (Extended) 3:03

Roger Daltrey - lead vocals
Pete Townshend - guitars, vocals, bass guitar, drums, piano, keyboards, violin, banjo, mandolin, drum machine
&
Lawrence Ball - electronic music on "Fragments"
Ellen Blair - viola on "Trilby's Piano"
John "Rabbit" Bundrick - Hammond organ, backing vocals
Jolyon Dixon - acoustic guitar on "It's Not Enough"
Rachel Fuller - keyboards on "It's Not Enough", orchestration supervisor on "Trilby's Piano"
Peter Huntington - drums
Gill Morley - violin on "Trilby's Piano"
Vicky Matthews - cello on "Trilby's Piano"
Billy Nicholls - backing vocals
Pino Palladino - bass guitar
Stuart Ross - bass guitar on "It's Not Enough"
Zak Starkey - drums on "Black Widow's Eyes"
Simon Townshend - backing vocals
Brian Wright - violin on "Trilby's Piano"

(ce qu'il reste de) THE WHO

NoVeMBRe
Joanna Newsom "Ys"
ou "Ys Is Art"

En 2006, celle qu'on pourrait hâtivement taxer de Björk américaine, il y a de ça mais c'est évidemment caricatural et réducteur d'autant qu'on pourrait très bien substituer Kare Bushà l'islandaise pour un goût comparable des textures organiques et des mélodies à la marge, sortait son 2ème album, le délicat, difficile et beau Ys sur lequel, OMNI comme on en croise pas si souvent, il n'est pas inutile de revenir. Pour l'occasion, la Dame s'est entouré d'une noyau dur aussi étrange que passionnant avec Jim O'Rourkeà la production, Van Dyke Parks aux arrangements et Steve Albini à la console, un peu l'alliance de la carpe et du lapin et pourtant, dans le cadre de cette folk orchestrale d'avant-garde, un étiquette qui en vaut bien une autre à défaut de mieux (je vous mets au défi !...), avec une belle équipe de base et tout un orchestre pour réaliser son ultime fantasme musical, ça fonctionne au-delà des plus folles espérances. Concrètement, la galette s'articule en 5 longues pistes (de 7 à 17 minutes, Yes n'a qu'à bien se tenir !) où la voix et la harpe, l'instrument de prédilection de Joanna Newsom, dominent forcément un opus qui n'est pas de ceux dans lesquels on rentre immédiatement mais s'immisce, écoute après écoute, devenant progressivement familier puis carrément confortable, sans rien perdre de l'étrange grâce qui avait saisi l'auditeur lors de sa primo-écoute, fort. Il faut dire que les arrangements orchestraux aux petits oignons, qui n'étonnent pas venant d'un Van Dyke Parks ayant également collaboré avec Brian Wilson, délicats et nuancés, support en vérité idéal de la voix gracile de Joanna, font merveille, que les compositions, longues, complexes parce que ne suivant pas le format ô combien familier de l'enchainement des couplets et refrains, sont d'une immense qualité et que la mise en son, les amateurs de haute-fidélité apprécieront, permet d'entendre jusqu'au plus petit détail de ce gothique, au sens architectural du terme, assemblage. Bref, on pourrait continuer longtemps de vanter les mérites d'Ys qu'on ne lui rendrait encore pas justice parce que cette musique à la fois savante et émotionnelle, expression d'une femme sûre de son art, d'une artiste d'exception, ultimement, se vit... Alors vivez-là !

1. Emily 12:07
2. Monkey & Bear 9:29
3. Sawdust & Diamonds 9:54
4. Only Skin 16:53
5. Cosmia 7:15

Joanna Newsom– vocals, harp, pedal harp
Bill Callahan– vocal harmonies
Matt Cartsonis– banjo, mandolin
Grant Geissman– electric guitar
Don Heffington– percussion
Emily Newsom– vocal harmonies
Van Dyke Parks – accordion
Lee Sklar– electric bass
&
Orchestra
Briana Bandy – viola
Caroline Buckman– viola
Giovna Clayton– cello
Patricia Cloud– flute
Peter Doubrovsky– bass
Jeff Driskill – clarinet
Erika Duke-Kirkpatrick– cello
Karen Elaine– viola
Phillip Fethar – oboe
Susan Greenberg – flute
Sharon Jackson– violin
Peter Kent – violin, concertmaster
Gina Kronstadt – violin
Miriam Mayer – viola
John D Mitchell– bassoon
Peter Nevin– clarinet
Robert O'Donnell, Jr. – trumpet
Bart Samolis– bass
Terrence Schonig – marimba, cymbalom
Edmund Stein – violin
David Stenske– viola
David R. Stone – bass
Cameron Patrick – violin
Vladimir Polimatidi – violin
Julie Rogers– violin
Marda Todd – viola
Jessica Van Velzen – viola
John Wittenberg – violin
Shari Zippert – violin

JOANNA NEWSOM

DéCeMBRe
Pagan Altar "Mythical & Magical"
ou "Les Obscurs"

Secret trop bien gardé ou culte un peu exagéré, selon qu'on est un "true" metalleux ou un demi-sel qui se contente du tout venant, Pagan Altar est un groupe dont vous n'avez probablement jamais entendu parler. Il faut dire que, formé en 1978, n'ayant sorti qu'un mini-album cassette sur la queue de la comète New Wave of British Heavy Metal avant de se séparer en 1985 pour opérer un retour, 13 ans plus tard, aussi surprenant que peu attendu en 1998, l'album Volume 1, ces quatre messieurs plus tous jeunes (tous participèrent à l'aventure en son "premier run") ne tentent absolument pas d'être dans le ton du moment et continuent, indécrottables, à marteler leur heavy-doom de leur indéfectible foi, c'est beau. Et un peu vain sans doute étant donné que tout ceci n'intéresse pas grand monde diraient les cyniques, dont ne sont pas ces guerriers du riff costaud. Dans les faits, si vous tentez d'imaginer une fusion entre le Black Sabbath de Ronnie James Dio voir de Ian Gillan et le genre de heavy metal à doubles-guitares typique des groupes anglais du début des années 80 (d'Iron Maidenà Angel Witch en passant par Demon) vous ne serez pas bien loin du compte. Le groupe ose même une sorte de power-ballad électroacoustique évoquant Jethro Tull (The Crowman), c'est dire si tout ceci est tout sauf "in". Même la voix du chanteur, Terry Jones (rien à voir avec le Monty Python), une sorte de Ian Anderson en moins rootsy, a tout pour, à priori, rebuter celui qui n'a pas déjà tout écouté dans le genre et surprendra même le plus aventureux des spécialistes, faudra s'y faire, quoi. Ben oui, sont pas sexy ces vieux angliches mais, tudiou, ils font de la bonne zizique ! Il y a le précité évidemment, une pièce aussi surprenante que réussie, mais aussi le très Iron MaidenCry of the Banshee, le sombre et rampant Daemoni na Hoiche, le guerrier Dance of the Druids et son beau décrochage folk-metal, et bien-sûr l'épique final de The Rising of the Dark Lord et son progressisme "à la Harris" bienvenu. Alors, certes, Pagan Altar n'invente fondamentalement rien, mais, groupe seulement semi-pro faut-il le rappeler, il s'en sort mieux que moult de ses plus fortunés, mieux produits, plus jeunes et plus beaux collègues et offre à l'auditoire médusé, parce qu'il ne s'y attendait pas, la plus belle surprise heavy metal de 2006, pas moins!

1. Samhein 5:30
2. The Cry of the Banshee 5:15
3. The Crowman 5:36
4. Daemoni na Hoiche (Demons of the Night) 5:14
5. The Sorcerer 7:40
6. Flight of the Witch Queen 4:10
7. Dance of the Druids 7:26
8. The Erl King 8:22
9. The Witches Pathway 5:13
10. Sharnie 1:20
11. The Rising of the Dark Lord 8:42

Trevor Portch -    Bass
Mark Elliot -  Drums
Terry Jones - Vocals
Alan Jones - Guitars
&
Dean Alexander - Drums (tracks 3 & 4)
Louise Walter - Keyboards
Valerie Watson - Vocals
Rosanne Magee - Vocals

PAGAN ALTAR

La suite du programme ?

Rendez-vous dimanche 3 juillet !

L'Été Mange-Disques - 7 Anges

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Are you ready for the Summer of Music? Hé non, Le Zornophage ne ferme pas pour les vacances et vous propose "L’Été Mange-Disques", une série de billets qui, dévoilée un à un chaque dimanche de l'été, jusqu'à la mi-septembre environ, une douzaine au total, déroulera une série de thèmes sous le signe du 7, soit un album par jour pour tous ceux que le deal tentera... Prêt ? Parti !

Et c'est parti avec une série sur le thème de la douceur et de l'harmonie, une série spécialement conçue pour ceux qui veulent passer ce début juillet la tête dans les nuages. Enjoie.

DiMaNCHe
Ballaké Sissoko "At Peace" (2013)
ou "La Grâce et la Paix"

On ne dira jamais assez de bien des formations hybrides et métissées avec lesquelles nous transporte régulièrement l'impeccable label parisien No Format. Ballaké Sissoko, justement, y avait plongé dans un magnifique album en duo avec le violoncelliste Vincent Ségal, album toujours aussi recommandé aujourd'hui et dont At Peace apparait comme la suite logique, si indirecte. Ballaké Sissoko se présente ici en solo (mais pas toujours solitaire, voir line-up) et, sous la bienveillante direction de son compère d'hier mais toujours partenaire d'aujourd'hui, Vincent Ségal, il produit une musique qui, pour plus se rapprocher de ses racines maliennes que ce que Chamber Music nous avait offert, n'en développe pas moins sa propre grammaire, son propre univers dans un panorama sonore rêveur où les notes de sa kora scintillent telles des étoiles filantes. Intimistes, spirituelles et, évidemment, profondément ancrées dans leurs racines africaines, les compositions d'At Peace déroulent l'apaisée et vivifiante expérience d'une musique poussant à la contemplation et au recueillement. Une proposition rare que les citadins sur-stressés ne manqueront pas de saisir. Et une superbe surprise supplémentaire en provenance du décidément essentiel label No Format ! Très chaudement recommandé.

1. Maimouna 3:35
2. Boubalaka 4:41
3. Badjourou 4:00
4. Kabou 4:14
5. Nalésonko 5:51
6. Kalata Diata 5:21
7. N'tomikorobougou 10:20
8. Asa Branca 3:09
9. Kalanso 3:15

Ballaké Sissoko: kora
Aboubacar "Badian" Diabaté: guitare acoustique 12 cordes (2, 3, 6, 7), guitare (8)
Moussa Diabaté: guitare (3, 6)
Fassery Diabaté: balafon (3, 6)
Vincent Segal: violoncelle (3, 4, 6, 8), production 

BALLAKE SISSOKO

LuNDi
Dead Can Dance "The Serpent's Egg" (1987)
ou "Hors temps, hors monde"

Ne nous méprenons pas, il y eut de belles choses dans les débuts de carrière du duo gothique australien, l'antithèse d'AC/DC, comme quoi, mais c'est vraiment ici, avec The Serpent's Egg, leur 4ème album, qu'ils atteignent leur plénitude. Parce que, enfin, quel chemin parcouru depuis un premier opus largement influencé par les sombres angliches de Cocteau Twins ou The Cure, et, en même temps, quelle évolution logique et naturelle vers l'assemblage de musique anciennes et ethniques dont The Serpent's Egg est, quand il sort, la plus belle expression. Car, évidemment, c'est progressivement que Gerrard et Perry ont construit leur excellente petite entreprise, qu'en artisans authentiquement talentueux, ils ont défini un son qui, à part d'ici, n'appartient plus qu'à eux. Et est présentement "armé" de compositions à couper le souffle, de ce Host of Seraphim contenant tout ce qui fait le sel de Dead Can Danceà un Ulysses de clôture qui le vaudrait presque, c'est dire la performance. Entre les deux, on a droit à celles qui sont alors les deux plus belles pièces de Brendan Perry, Severance (reprit quelques années plus tard par les goths de Bauhaus) et In the Kingdom of the Blind the One-Eyed Are Kings, deux titres où sa belle voix basse fait un effet bœuf, deux beaux autre exemples des climats d'un autre monde dont le duo et ses associés sont capables. Alors, certes, Lisa et Brendan sont un tout petit peu moins convaincants quand ils se lancent dans une pièce aux atours plus rythmés (Mother Tongue), c'est un tout petit moins dans un album à marquer d'un gros plus, l'ouverture au monde du vrai Dead Can Dance, formation qui continue de passionner par son unicité et son intemporalité. Grand.

1. The Host of Seraphim 6:18
2. Orbis de Ignis 1:35
3. Severance 3:22
4. The Writing on My Father's Hand 3:50
5. In the Kingdom of the Blind the One-Eyed Are Kings 4:12
6. Chant of the Paladin 3:48
7. Song of Sophia 1:24
8. Echolalia 1:17
9. Mother Tongue 5:16
10. Ullyses 5:09

Lisa Gerrard– vocals, various instruments
Brendan Perry – vocals, various instruments
&
Andrew Beesley– viola
Sarah Buckley– viola
Tony Gamage – cello
Alison Harling– violin
Rebecca Jackson– violin
David Navarro Sust – vocals

DEAD CAN DANCE

MaRDi
John Coltrane Quartet "Ballads" (1963)
ou "Smooth 'Trane"

Connus pour ses débordements free, la vélocité de son jeu et sa constante recherche de sommets inaccessibles, Coltrane savait aussi se faire caressant... Comme une douce brise adoucit une chaude nuit d'été. La douce brise, c'est celle d'un saxophone d'une rare sensualité. Un rêve éveillé que d'entendre ainsi un Coltrane si doux, si tendre... Évidemment quelques excentricités dont il a le secret viennent pimenter ces douces mélopées dans des soli typiques et divinement menés. Lounge, ce Ballads le serait si de moins experts exécutants n'avaient apposé leur patte sur ces quelques covers finement choisies. En l'occurrence, en formation quartet classique, c'est-à-dire quatre musiciens capables de se « trouver dans le noir », Coltrane brille de mille feux mais sait aussi s'effacer pour que, au choix, McCoy Tyner, Jimmy Garrison ou Elvin Jones contribuent à ce festin soyeux et nuancé. Cerise sur un gâteau qui n'en avait pourtant pas qualitativement besoin (mais bon, on va pas gâcher, hein !), une alternate take d'All or Nothing at All et 7(!) d'It's Easy to Remember viennent rallonger la sauce. Et ce n'est pas tout ! On retrouvera aussi avec bonheur 5 versions de Greensleeves (dont la version single) et l'inédit They Say It's Wonderful que Coltrane réenregistrera en compagnie du crooner Johnny Hartman (pour un album, soit dit en passant, quasiment aussi réussi que celui qui nous intéresse ici). Rien que du bon donc, et une manne opportune pour prolonger l'expérience d'un album scandaleusement court dans sa version originale (32 minutes !). En un mot comme en mille, si vous ne connaissez pas encore Coltrane et avez un peu peur de sa réputation d'agitateur musical, si vous avez besoin d'une musique pour accompagner les heures sombres ou si, plus prosaïquement, vous « kiffez » la beauté d'un jazz cool et mélodique magistralement troussé, Ballads sera pour vous un ravissement que vous n'êtes pas prêts d'oublier.

Album
1. Say It (Over and Over Again) 4:18
2. You Don't Know What Love Is 5:15
3. Too Young to Go Steady 4:23
4. All or Nothing at All 3:39
5. I Wish I Knew 4:54
6. What's New? 3:47
7. It's Easy to Remember 2:49
8. Nancy (With the Laughing Face) 3:10

Bonus Disc
1. They Say It's Wonderful 3:03
2. All Or Nothing At All 3:42
3. Greensleeves 4:27
4. Greensleeves 3:47
5. Greensleeves 3:44
6. Greensleeves (45 RPM Take) 3:37
7. Greensleeves 4:18
8. It's Easy To Remember 4:40
9. It's Easy To Remember 2:45
10. It's Easy To Remember 2:47
11. It's Easy To Remember 2:46
12. It's Easy To Remember 3:45
13. It's Easy To Remember 2:38
14. It's Easy To Remember 2:42

John Coltrane– tenor saxophone
McCoy Tyner– piano
Jimmy Garrison (#1-6, 8), Reggie Workman (#7) – bass
Elvin Jones– drums

JOHN COLTRANE

MeRCReDi
Van Morrison "Astral Weeks" (1968)
ou "Maître Ze (remasterisé !)"

On peut le dire, pour son second album solo l'ex-Them Van Morrison fait fort, et beau. Pourtant Astral Weeks fut, c'est le moins que l'on puisse dire, fraichement reçu à sa sortie, taxé de monotone, de quasi-plagiat du Feliciano! du José du même nom, moqué pour ses paroles sans queue ni tête... Quelle erreur ! Parce que ce chef d’œuvre de folk rêveuse et habitée, 38 ans après sa première apparition et enfin remasterisé, un évènement que l'on a attendu que trop longtemps, d'autant qu'il était plus que nécessaire considérant l'hideur de la seule édition cd jusque-là disponible, a plus que tenu la route, il s'est magnifié des nombreuses écoutes recueillies, de cet indéfinissable et irremplaçable vernis des ans que ne possèdent que les grands classique, il est, en un mot comme en mille, devenu une légende. Dans les faits, accouché dans d’inextricables difficultés contractuelles qui le firent presque expulser d'États-Unis où il est alors délocalisé, n'évitant cet exil forcé que par un mariage avec sa petite amie d'alors, parti "faire les clubs" dans le Massachusetts parce que plus personne, à New York, ne veut de ce nord-irlandais au statut si incertain, Astral Weeks avait tout, sur le papier, pour être la représentation de l'amer chaos qui entoure alors Van. Et pas du tout ! Tout le contraire même ! Parce que ses expérimentations avec des musiciens du cru, sa nouvelle idée de l'abandon de l'électricité au profit de l'acoustique, l'anti-Dylan seulement 3 ans après le révolutionnaire Highway 61 Revisited en somme, est de ces éclairs de génie, qui nécessitent ensuite une sacrée masse de travail, dont on doit de se souvenir. Mieux encore, Van Morrison n'y perd pas sa personnalité, y conserve ces atours blues et soul qui font de lui ce qu'il est, un des plus fins vocalistes de cette fin des années soixante qui n'en manque pourtant pas, et, toujours mieux compositions et arrangements, dans le détail desquels on ne rentrera pas laissant à l'éventuel primo-auditeur tout la surprise de la beauté qui l'attend, sont à l'unisson de cet état de grâce. Rajoutez à ça, la qualité de l'ensemble, la restauration sonore ô combien bienvenue, et même son petit fourreau cartonné bien supplémenté d'un livret flambant neuf (où manquent cependant toujours les paroles), quelques juteux inédits avec, surtout les versions complètes de Ballerina et Slim Slow Slider, et vous obtenez une œuvre à côté de laquelle personne, j'ai bien dit personne, ne doit passer, une très juste légende à la source de laquelle il est toujours bon de revenir, aussi. Obligatoire.

Part One: In The Beginning
1. Astral Weeks 7:06
2. Beside You 5:16
3. Sweet Thing 4:25
4. Cyprus Avenue 7:00
Part Two: Afterwards
5. The Way Young Lovers Do 3:18
6. Madame George 9:45
7. Ballerina 7:03
8. Slim Slow Slider 3:17
Bonus
9. Beside You (take 1) 5:57
10. Madame George (take 4) 8:24
11. Ballerina (long version) 8:01
12. Slim Slow Slider (long version) 4:53

Van Morrison - vocals, acoustic guitar
John Payne - flute; soprano saxophone on "Slim Slow Slider"
Jay Berliner - classical and steel-string acoustic guitars
Richard Davis - double bass
Warren Smith, Jr. - percussion, vibraphone
Connie Kay - drums
Larry Fallon - string arrangements and conductor; harpsichord on "Cyprus Avenue"
Barry Kornfeld - acoustic guitar on "The Way Young Lovers Do"

VAN MORRISON

JeuDi
Leon Redbone "Sugar" (1990)
"Supercool"

Vous pouvez chercher, plus cool que Leon, vous ne trouverez pas. Avec sa dégaine de Groucho, ses petites chansons blues/jazz d'un autre temps et, surtout !, cette extrême "coolitude", ce qu'aurait pu avoir Salvador s'il n'avait aussi aimé faire rire, qui le caractérise. Prenez son cru 90, le bien nommé Sugar, déjà son 7ème en studio depuis 1975, ce n'est pas parce qu'on est cool qu'on est un chantre de l'oisiveté !, qu'y entend-on ? La voix un poil nasillarde du maître de cérémonie nous faisant sa petite sérénade sur le swing doux d'un vrai beau groupe de professionnels dévoués, dix reprises exhumées souvent d'on ne sait où et trois originaux tout à fait au niveau (The Whistling Colonel, Messin' Around et, surtout, l'irrésistible hymne à la paresse So , Relax, le seul avec des paroles du lot), un album absolument classique de Leon Redbone, plutôt dans la moyenne haute de sa globalement consistante discographie. Parce que, présentement, la fantaisie des arrangements, tous ces petits soli qui, toujours millimétrés, font la différence, accompagnent, supplémentent à la perfection la performance supra-laidback de Leon, lui donnant souvent un je-ne-sais-quoi du Hot Club de France du Roi Django, ce n'est pas rien. Bref, revenu à son meilleur ou presque, reportez-vous à ses trois premiers albums pour mémoire, c'est un Redbone resplendissant qui fait couler son sucre de chansons dans nos conduits auditifs grand ouverts sur un album toute saison mais qui accompagnera encore mieux les chaudes et paresseuses après-midi d'été.

1. Ghost Of The St. Louis Blues 2:53
2. Roll Along Kentucky Moon 3:06
3. Right Or Wrong 2:26
4. Laughin' Blues 2:23
5. Breeze 3:31
6. The Whistling Colonel 2:43
7. Sugar 2:07
8. Pretty Baby 3:03
9. When I Take My Sugar To Tea 2:17
10. What You Want Me To Do 2:49
11. Messin' Around 2:24
12. So, Relax 2:25
13. 14th Street Blues 2:52

Leon Redbone - Banjo, Chimes, Guitar, Harmonica, Vocals, Whistle
Terry Waldo - Piano
Frank Vignola - Guitar
Cindy Cashdollar - Dobro
Brian Nalepka - Accordion, Bass, Tuba
Ken Peplowski - Clarinet, Saxophone
Dan Barrett - Trombone
Peter Ecklund - Cornet
Vince Giordano - Sax (Bass)
Chuck Wilson - Piccolo
Bob Mastro - Mandolin, Violin
Giampaolo Biagi - Drums, Percussion
Eddy Davis - Drums
Arnie Kinsella - Drums
Richard Hendrickson - Violin 
Regis Landiorio - Violin
Richard Maximoff - Viola
John Reed - Cello
Hal Shane - Vocal Harmony

LEON REDBONE

VeNDReDi
Kayhan Kalhor & Ali Akbar Moradi "In the Mirror of the Sky" (2004)
ou "Persepolis"

Connaissez-vous la musique traditionnelle Kurde ? Non ? Et bien en voici, et, d'après ce que j'ai pu lire de-ci delà, c'est de l'excellente musique traditionnelle Kurde que Le Zornopghage vous propose. Bon, je ne vais pas tourner autour du pot, j'avoue que ma connaissance dans l'origine particulière de ces chansons se limite à ce seul album. A partir de là, vous comprendrez qu'il n'est pas aisé d'en avoir un avis définitif... Disons simplement que cet album, déniché dans le bac soldes d'un libraire (!) parisien m'a absolument ébloui par sa grâce. L'instrumentation y est réduite à sa plus simple expression avec Kayhan Khalor au kamancheh (une sorte de vièle Perse), Ali Akbar Moradi au chant et au tambur (qui contrairement à ce que son nom indique est un luth et pas un instrument percussif) et Pejman Hadadi au tombak (qui, cette fois, est bien une percussion). De prime abord, on se dit qu'avec un line-up si dépouillé cette musique ne peut que faire montre d'une certaine austérité mais ce n'est absolument pas le cas. Évidemment, ceux qui s'attendraient à quelque chose de festif seront inévitablement déçu, les autres y découvriront une musique intense, harmonieuse et... belle, tout simplement. "In the Mirror of the Sky" n'eût qu'un faible écho médiatique (mais c'est à peu près le cas de tout ce qui est estampillé world music) mais demeure, dans les cercles "spécialisés" une référence en la matière. Je vous laisse donc en bonne compagnie en espérant que vous y trouverez autant de plaisir que moi.

1. Sar Aghaz 3:55
2. Showgh 5:48
3. Maqam-E Gel-E Wa Darreh-Avaz 6:07
4. Gol Wa Khuk-Mogadameh 1:32
5. Maqam-E Gol Wa Khuk 7:16
6. Gel-E Wa Darreh-Foroud 2:22
7. Majnooni-Bedaah-E Bar Asaas-E Naghmeh Panj Zarbi 5:59
8. Maqam-E Alwand-Avaz 4:35
9. Foroud 3:08
10. Choopi 8:37

Kayhan Kalhor: kamancheh
Ali Akbar Moradi: tambur, vocals
Pejman Hadadi: tombak

KAYHAN KALHOR

SaMeDi
Neal Schon "Beyond the Thunder" (1995)
ou "Muzak +"

Sur le papier, cet album a tout pour me déplaire. Neal Schon vient de Journey groupe que je considère - au mieux - comme accessoire (mais fun, néanmoins), la tonalité globale de l'album tend dangereusement vers une musak où la seule trace de fantaisie réside dans quelques sonorités tendance "tropicalia" et, cerise pourrie sur le gâteau rance, tout ceci est sorti sur un label habituellement dévolu à la "New Age Music"à laquelle l'album peut-être vaguement rattaché.En fait, la seule raison pour laquelle j'ai acheté cet album (totalement au hasard, ceci vaut d'être précisé) est que - le jour dit où je me le suis procuré - j'avais absolument besoin de nouvelle musique et cet album (et son prix) se sont imposés dans un maigre choix de nouveautés. Croyez-moi, c'est une décision que je ne regrette pas.Si il est vrai que l'ensemble n'est pas exempt de quelques faux-pas qui pourraient faire grincer les dents des plus puristes, nous avons tout de même ici la démonstration d'un talent d'instrumentiste (tout en finesse et en émotion) mais aussi de compositeur assez unique en son genre. Et, à vrai dire, c'est justement grâce à l'orientation "easy listening" que cette musique dévoile toutes ses richesses et ses finesses à l'auditeur. Incroyablement, quand on constate la longueur de sa carrière, Beyond the Thunder est le premier album instrumental en solitaire de Neal Schon (on ne comptera pas les débuts de Journey ou les deux albums qu'il sortit en duo avec Jan Hammer au début des années 80). Là où lui aurait été si facile de choisir un exercice standard pour telle entreprise - dans la lignée d'un Joe Satriani ou d'un Steve Vai alors particulièrement en vogue - il choisit de nous surprendre en privilégiant le son clair de sa guitare électrique à quelque distorsion que ce soit (les rares interventions plus "musclées" restant ici admirablement discrètes). Quand aux musiciens qui participèrent à l'entreprise, je ne vous en dirai pas plus, le line-up présenté plus bas parle de lui-même mais il n'est pas étonnant que Beyond the Thunder sonne souvent comme une ballade de Journey où la guitare aurait été substituée au chant pour le plus grand bien de nos oreilles reconnaissantes. Anecdotique mais finalement bien sympathique, Beyond the Thunder ne connaîtra pas de suite. Il reste donc une œuvre unique dans la longue et productive carrière de son auteur. Un album définitivement à part qu'on écoutera de préférence en dégustant une boisson fraiche par une chaude après-midi. Oui, on a aussi besoin de ce genre de musique et, non, il n'y aucune raison d'avoir à en rougir.

1. Big Moon 4:54
2. Bandalero 4:47
3. Cool Breeze 4:55
4. Zanzibar 5:09
5. Send Me an Angel 5:06
6. Boulevard of Dreams 4:15
7. Espanique 4:28
8. Caribbean Blue 4:36
9. Someone's Watching Over Me/Iguassa Falls 5:10
10. Deep Forest 2:52
11. Call of the Wild 5:27

Neal Schon - electric, acoustic and synth guitars, string arrangements
Jonathan Cain - keyboards, string arrangements on "Deep Forest"
Billy Peterson - bass, string arrangements
Tony Saunders - bass on "Big Moon", "Cool Breeze", "Boulevard of Dreams"
Tommy Bradford - drums
Steve Smith - drums on "Bandalero", "Zanzibar", "Send Me an Angel", "Espanique", "Call of the Wild"
Chepito Areas - percussion on "Espanique"
Michael Carabello - percussion on "Bandalero", "Espanique"
John Hernandez - percussion

NEAL SCHON

L’Été Mange-Disques - 7 à Danser

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Et bien ! Dansez maintenant... Après le rêve, la danse, parce que les vacances sont aussi faites pour ça ! Et donc une sélection à faire suer et gigoter du Camping des Flots Bleus à une très select party à Ibiza. Enjoie !

DiMaNCHe
Underworld "dubnobasswithmyheadman" (1994)
ou "Electrorevolution"

De la musique électronique, de la techno disait-on alors, oui mais, pas seulement. Parce que leurs racines vont plus loin que la Rave Generation, Underworld ont d'autres ambitions, d'autres conceptions dans leur version mélodique et trippante de l'intelligent techno. Underworld a déjà sorti deux albums avant Dubnobasswithmyheadman, deux galettes d'électro-rock funky qui n'ont pas franchement marqué les mémoires. L'hydre officiant présentement, un trio composé de Karl Hyde et Rick Smith, seuls survivants de la précédente incarnation, et de Darren Emerson venu amener son expertise du mix, des samples, lui qui officie "dans la scène" (hip hop et electro) depuis ses 14 ans. Le résultat est une transformation totale, un nouveau groupe carrément ! Une approche supra-mélodique de la musique électronique aussi, avec de vraies chansons parfois un peu déconstruites (Mmm Skyscraper I Love You, Dirty Epic), mais de vraies chansons, et de sacrées mélodies (mais écoutez-moi cet emballage final, River of Bass et le jazzy/funky M.E. en apothéose harmonique !) ! Parce qu'il y a la voix de Hyde, moins la guitare quoiqu'elle apparaisse épisodiquement (M.E.à la Benson), son écriture héritée du punk et de la new wave (y a du Clash et du Depeche Mode planqué là-dedans !) qui fait d'Underworld autre chose, un peu plus, même s'il en est aussi, qu'une des merveilles électroniques venant alors de la prude Albion (de The Orb à Orbital en passant par Prodigy, Fluke ou Leftfield... ça se bouscule au portillon), un album à danser qui peut aussi s'écouter en salon, un album de salon sur lequel on peut aussi danser. Underworld, avec ou sans Emerson qui finira par quitter le navire, sortira d'autres très beaux albums (je recommande Second Toughest in the Infants et Beaucoup Fish), jamais plus ils ne parviendront à réaliser une aussi parfaite fusion d'électro-pop et de musique électronique, une fusion alors aussi trippante que passionnante à écouter dans le détail et, donc, un album très très chaudement recommandé, que vous soyez fan de techno ou pas.

1. Dark & Long 7:35
2. Mmm…Skyscraper I Love You 13:08
3. Surfboy 7:33
4. Spoonman 7:41
5. Tongue 4:50
6. Dirty Epic 9:55
7. Cowgirl 8:29
8. River of Bass 6:26
9. M.E. 7:08

Darren Emerson - keyboards and mixing
Karl Hyde - vocals, guitars
Rick Smith - keyboards and mixing, vocals

UNDERWORLD

LuNDi
Michael Jackson "Off the Wall" (1979)
ou "Enough yet?"

C'est l'album du retour en solo du petit prince de la soul, avec une nouvelle équipe menée par celui qui lui offrira ses plus beaux succès, Quincy Jones, l'album d'un Michael Jackson qui a compris qu'en métissant son funk/soul de blancs artifices, il toucherait un public plus large, plus client du format album auquel il se dévoue, aussi. Parce que, si présentement, Michael n'est pas encore le roi de la pop qu'il deviendra quatre ans plus tard avec l'album de tous les records, Thriller, c'est bien ici qu'il commence le chemin et, même, on ira jusqu'à dire cette soul/funk blanchie juste ce qu'il faut (pas comme son auteur qui est encore bien black !), qui a donc tout pour attirer les foules dans la nouvelle carrière de l'ex-enfant star, est le meilleur compromis auquel soit arrivé Jackson dans sa carrière solo. Et les chansons ? Il y a les tubes, bien-sûr, nombreux et plus irrésistibles les uns que les autres (Don't Stop 'Til You Get Enough, du disco certes mais suprême !, Rock with You, de la soul sensuelle et cordée qui groove caliente, Off the Wall ou l'archétype de l'exercice sudatoire de club et pourtant mélodiquement tout doux, Girlfriend et sa pure soul seventies qui va si bien au teint de Jackson et She's Out of My Life en idéale ballade saccharosée et tire-larmes) mais aussi le reste (un I Can't Help It délicatement jazzy, merci Quincy ou l'exercice de Philly Funk de Get on the Floor, pour l'exemple) d'un album compositionnellement inspiré forcément mais, surtout, joué (il y a du monde dont le Brothers Johnson, Louis, qui nous a quitté en mai 2015 à la grosse basse mais aussi George Duke, Phil Upchurch, Paulinho Da Costa, etc., que du beau monde !), arrangé et produit aux petits oignons, et l'écrin, ce n'est pas rien ! Bref, vous l'aurez compris, Off the Wall c'est du Michael Jackson suprême, tout simplement.

1. Don't Stop 'Til You Get Enough 6:06
2. Rock with You 3:40
3. Working Day and Night 5:14
4. Get on the Floor 4:39
5. Off the Wall 4:06
6. Girlfriend 3:06
7. She's Out of My Life 3:38
8. I Can't Help It 4:30
9. It's the Falling in Love 3:48
10. Burn This Disco Out 3:41
Bonus
11. Quincy Jones Interview #1 0:37
12. Introduction to Don't Stop 'Til You Get Enough Demo 0:13
13. Don't Stop 'Til You Get Enough (Original Demo from 1978) 4:48
14. Quincy Jones Interview #2 0:30
15. Introduction to Workin' Day and Night Demo 0:10
16. Working Day and Night (Original Demo from 1978) 4:19
17. Quincy Jones Interview #3 0:48
18. Rod Temperton Interview 4:57
19. Quincy Jones Interview #4 1:32

Michael Jackson - lead and backing vocals, co-producer, percussion
Randy Jackson - percussion
Michael Boddicker - keyboards, synthesizers, programming
Larry Carlton - electric guitar
George Duke - keyboards, synthesizers, programming
David Foster - keyboards, synthesizers, programming
Gary Grant - trumpet, flügelhorn
Marlo Henderson - guitar
Jerry Hey - trumpet, flügelhorn
Kim Hutchcroft - saxophone, flute
Louis Johnson - bass guitar
Quincy Jones - producer
Greg Phillinganes - keyboards, synthesizers, programming
Steve Porcaro - keyboards, synthesizers, programming
William Reichenbach - trombone
John "JR" Robinson - drums 
Phil Upchurch - guitar
Bobby Watson - bass guitar
Wah Wah Watson - guitar
David Williams - guitar
Larry Williams - saxophone, flute
Richard Heath - percussion
Paulinho da Costa - percussion
David "Hawk" Wolinski - electric piano
Patti Austin - backing vocals
Jim Gilstrap - backing vocals
Augie Johnson - backing vocals
Mortonette Jenkins - backing vocals
Paulette McWilliams - backing vocals
Zedrick Williams - backing vocals
Horn and string arrangements by Jerry Hey and performed by The Seawind Horns, Ben Wright, Johnny Mandel

MICHAEL JACKSON

MaRDi
Donna Summer "Bad Girls" (1979)
ou "Hot Stuff!"

Donna Summer triomphe depuis qu'elle s'est associée au producteur electro-disco italien Giorgio Moroder dans une redéfinition radicale de sa soul-pop originelle (dont l'électronique italien était mais avec un bien moindre impact), depuis 1975 et l'explicite Love to Love You Baby, une vraie chanson sexy pour un album qui ne l'est pas moins, en plus d'imposer la dame comme l'indéniable icône d'une nouvelle scène, cette disco music qui fait danser toute la planète, quelque soit sa couleur de peau. En 1979, c'est donc une artiste établie, aux nombreux tubes et albums généralement couronnés de succès, dont les hasardeux débuts sur un timide Lady of the Night ne sont plus qu'un lointain souvenir. Présentement, la Dame débarque avec, carrément !, un double album, Bad Girls où, évidemment, il n'y a plus d'extravagances d'une face comme sur Love to Love You Baby et sa chanson titre de près de 17 minutes (à la Yes, pour le temps, mais en nettement plus sensuel et moins compliqué !) mais qui a su évoluer en collant à la tendance, en s'ouvrant de plus en plus vers un rock blanc de blanc tout en restant, fondamentalement, le même soit une musique largement destinée à se secouer rythmiquement en nombre jusqu'à obtenir la sudation voulue. De fait avec des chansons plus ramassées, ce qui est devenu la norme chez Miss Summer depuis I Remember Yesterday, dans un format très similaire au Once Upon a Time précédant, déjà double, mais avec surtout une collection de chansons d'une tenue plus entendue depuis son essentiel second long-jeu (le multi-précité) dont les hyper-accrocheurs disco rock d'introductions, Hot Stuff et Bad Girls, ou le tube fun 100% dancefloor, Dim All the Lights, un archétype de bonne disco music, ne sont pas des moindres et surtout les annonciateurs de la qualité de ce qui les entoure où, souvent, Donna (et Giorgio) réussit l'authentique tour de force de préparer les années 80 à venir. Dernier grand album d'un genre ô combien mineur mais dont il ne faut pas, pour autant, nier l'impact durable sur la musique à faire gigoter, Bad Girls est aussi l'un des sommets d'une artiste qui, nous ayant quitté en 2012 à tout juste 63 ans, n'aura pas connu son rachat critique clairement en court et mérité.

1. Hot Stuff 5:14
2. Bad Girls 4:55
3. Love Will Always Find You 3:59
4. Walk Away 4:27
5. Dim All the Lights 4:40
6. Journey to the Center of Your Heart 4:36
7. One Night in a Lifetime 4:12
8. Can't Get to Sleep At Night 4:45
9. On My Honor 3:34
10. There Will Always Be a You 5:07
11. All Through the Night 6:01
12. My Baby Understands 4:03
13. Our Love 4:51
14. Lucky 4:37
15. Sunset People 6:27

Donna Summer - lead and background vocals
Giorgio Moroder - bass, synthesizer, guitar
Harold Faltermeyer - bass, drums, keyboards, synclavier
Bruce Sudano - synthesizer
Joe Esposito - background vocals
Keith Forsey - background vocals, drums, percussion
Jai Winding– piano
Jeff "Skunk" Baxter, Jay Graydon and Paul Jackson, Jr. – guitar
Al Perkins – pull and steel guitar
Sid Sharp– strings
Pete Bellotte, Scott Edwards and Bob Glaub– bass
Gary Grant, Jerry Hey, and Steve Madaio– trumpet
Gary Herbig – saxophone
Dick Hyde and Bill Reichenbach– trombone
Stephanie Straill, Julia and Maxine Willard, Pamela Quinlan – backing vocals

DONNA SUMMERS

MeRCReDi
Kraftwerk "Trans-Europe Express" (1977)
ou "Le flacon et l'ivresse"

A mater les gueules de premiers communiants des 4 teutons on pourrait croire qu'on a affaire à de la pop chrétienne ou autre ringarderie crétine du genre... Si on ne connait pas Kraftwerk, qui n'en sont plus alors à leurs premiers coups d'éclat, bien sûr. Coup de bol parce qu'un visuel pareil pour un premier album, c'eût été la cata assurée. Au lieu de ça, Trans-Europe Express, sixième album des quatre de Düsseldorf, loin des explorations art-rock des trois premiers albums du début des années 70, est l'archétypale réussite d'une approche toute électronique entamée avec Autobahn (1974), qui tiendra le monde en haleine jusqu'au début des années 80 (Computer World, 1981) avant de se voir rattrapé par l'actualité et d'y perdre son particularisme, son unicité. Présentement, tout va encore très bien et Kraftwerk, fermement mené par la paire Ralf Hütter/Florian Schneider, produit une musique électronique jamais aussi abordable et mélodique qu'ici. Et tubesque avec un Showroom Dummies, un Trans-Europe Express ou un Metal on Metal/Abzug (ici séparés) et leur irrésistibles hooks dont les échos s'entendent jusque dans l'électro-pop et la dance music d'aujourd'hui, et un petit tour de force avec l'hommage à Franz Schubert, etc. Etc. parce que tout l'album est un tour de force de mélodie et de minimalisme et, osons !, le sommet de l’œuvre de Kraftwerk qui n'en manque pourtant pas. Alors, évidemment, il y a la pochette repoussoir (heureusement masquée dans l'édition remasterisée de 2009 ici commentée), c'est bien le seul défaut d'un album sans faille d'une formation alors au sommet de son art.

1. Europe Endless 9:40
2. The Hall of Mirrors 7:56
3. Showroom Dummies 6:15
4. Trans-Europe Express 6:52
5. Metal on Metal 6:43
6. Franz Schubert 4:26
7. Endless Endless 0:55

Ralf Hütter - voice, synthesizer, orchestron, synthanorma-sequenzer, electronics, producer
Florian Schneider - voice, vocoder, votrax, synthesizer, electronics, producer
Karl Bartos - electronic percussion
Wolfgang Flür - electronic percussion

KRAFTWERK

JeuDi
Daft Punk "Discovery" (2001)
ou "French Success"

Triomphe d'electro-pop aux moult références (de Van Halenà 10cc en passant par l'Electric Light Orchestra, Giorgio Moroder ou Chic, elles ne manquent pas, toutes plus surprenantes les unes que les autres !), et donc jeu de piste ô combien ludique en plus d'une totale réussite pour le duo versaillais, Discovery demeure l'inégalé chef d’œuvre du catalogue de Daft Punk, et un incontournable tout court. Il faut dire qu'ils ont pris le temps, largement appris de leur premier opus aussi, avant d'accoucher au successeur d'un Homework d'ailleurs très réussi mais immensément éloigné des trouvailles soniques, d'une abattage mélodique ici très au-dessus de la moyenne. Pas bêtes, les Daft Punk auront tout de même retenu l'art du gimmick qui tue (souvenez-vous, Around the World, Da Funk, sans le genre qui vous trotte longtemps dans l'encéphale, ils se posaient un peu là !) y ajoutant, donc, une ambition musicale, dirons-nous, rétro-moderniste où une house music décontractée se nourrit de références que les bien-écoutants considèreront comme has-been mais qui, présentement, s'intègrent et enrichissent un tout déjà fort attrayant. Parce qu'outre des arrangements franchement supra-funs, Bangalter et Homem-Christo ont mis de vraies chansons dans leur mix, et ça fonctionne du feu de Zeus ! Parce que, enfin, comment résister à groove disco-électronique et à l'infectieuse mélodie de ce One More Time d'ouverture, comment ne pas craquer pour un Digital Love qui vient chasser sur les terres néo-pop de leurs cousins de Phoenix, comment ne pas secouer son popotin en reprenant en chœur l'excellent funk robotique de Harder, Better, Faster, Stronger, comment ne pas écraser une petite larme (de crocodile) sur le doucereux Something About Us ? Comme en plus les transitions instrumentales, ces petites (et pas si petites) vignettes de pur fun (Oh ! Crescendolls, c'est Rio à Ibiza !, Nightvision avec ses centimètres-cubes à la dizaine, Voyager ou la disco à l'italienne plane à 20.000, Short Circuit qui Rock Ità la Herbie, et j'en passe !) sont l'idéal complément d'un opus absolument brillamment conçu, il n'en faut pas plus pour recommander à ceux qui seraient encore passés à côté, mais comment est-ce possible ?, ce second Daft Punk, c'est le mot, d'anthologie.

1. One More Time 5:20
2. Aerodynamic 3:27
3. Digital Love 4:58
4. Harder, Better, Faster, Stronger 3:45
5. Crescendolls 3:31
6. Nightvision 1:44
7. Superheroes 3:57
8. High Life 3:22
9. Something About Us 3:51
10. Voyager 3:47
11. Veridis Quo 5:44
12. Short Circuit 3:26
13. Face to Face 3:58
14. Too Long 10:00

Daft Punk– vocals, vocoders (on "Digital Love", "Harder, Better, Faster, Stronger", "Something About Us"), sequencers, sampling, synthesizers, Wurlitzer electric piano, guitars, bass, talkbox, drum machines, production (on All tracks), concept, art direction
Romanthony – lyrics, vocals (on "One More Time" and "Too Long"), co-production on "Too Long"
DJ Sneak– lyrics on "Digital Love"
Todd Edwards– lyrics, vocals and co-production on "Face to Face"

DAFT PUNK

VeNDReDi
James Brown "Hell" (1974)
ou "Chaud comme l'Enfer"

Quand l'original funkster, Mister Jaaaaaames Brown!, of course, se laisse aller aux débordements de ses petits collègues à la peau claire, un double album studio, c'te folie !, ça donne Hell, son cru de 1974 où surprises et confirmations voisinent harmonieusement. Présentement, James Brown, toujours affublé du surnom de Super New New Heavy Funk, toujours entouré d'un groupe de tueurs dont Maceo Parker ou Fred Wesley ne sont pas les moindres sommités, est à la relance depuis le double (déjà) de l'an passé, The Payback, mais pas stationnaire pour autant comme on va l'entendre. Parce qu'il y a de la variété sur ce infernal album !, et même de vraies surprises considérant qu'on tient là un James Brown en plein dans sa période funk classique, avec encore une bonne partie de ses fidèles JB's à bord. Mais le parrain à d'autres idées en tête... S'il explore évidemment toujours la verve groovy, sensuelle et rythmique, ce funk aux beats implacables dont il est évidemment un des révélateurs au monde (Coldblooded et Sayin' It Doin' It en forme de latin funk infectieux, My Thang en pur assaut "gigotatoire" intimement suant, ou le jammy et jazzy mais toujours funky final, Papa Don't Take No Mess, et ses 14 minutes (!) de bonheur) il ose présentement revenir vers ses amours de jeunesses via une soul jazzée dont il s'acquitte plus qu'honorablement (des détours par les classiques revisités que sont When the Saints Go Marchin' In, rigolote dans sa version disco, These Foolish Things (Remind Me of You), Stormy Monday à des ballades émotionnellement égosillées comme A Man Has to Go Back to the Cross Road Before He Finds Himself et Sometime, à, même !, une étrange relecture cha-cha d'un de ses anciens tubes, Please Please Please, ça se bouscule au portillon... avec des fortunes diverses mais toujours une écoute au moins amusée). Le petit miracle de l'affaire étant que l'album, en mettant son côté pseudo-conceptuel sur une Amérique qui va mal en 1974, rien n'a vraiment changé (en bien), et, donc, malgré sa variété de sa production et ses quelques longueurs, erreurs oserait-on..., reste non seulement bon mais cohérent, unifié qu'il est par la personnalité larger than life d'un mec à l'égo aussi surdimensionné que son talent, peut-être pas le plus grand vocaliste ou mélodiste (quoiqu'il ait quelques très belles plages à son catalogue) mais, et d'une, un bourreau de travail, de deux, un mec capable de faire chauffer l'antarctique ! Non, je n'exagère pas. Et donc, on recommande chaudement (forcément) ce Hell si diaboliquement bon qu'on en oublierait presque que, bientôt, James tombera dans le piège (pour lui) de la disco, qu'il ne fait heureusement qu'effleurer ici, mais ça, c'est une autre histoire !

1. Coldblooded 4:45
2. Hell 5:03
3. My Thang 4:20
4. Sayin' It and Doin' It 3:05
5. Please, Please, Please 4:07
6. When the Saints Go Marchin' In 2:43
7. These Foolish Things (Remind Me of You) 3:14
8. Stormy Monday 3:15
9. A Man Has to Go Back to the Cross Road Before He Finds Himself 2:52
10. Sometime 4:15
11. I Can't Stand It '76' 8:10
12. Lost Someone 3:35
13. Don't Tell a Lie about Me and I Won't Tell the Truth on You 5:05
14. Papa Don't Take No Mess 13:51

James Brown - Piano, Vocals
David Matthews - Piano
Fred Wesley - Percussion, Tambourine, Trombone, Background Vocals
Joe Beck - Guitar
Charlie Brown - Guitar
Sam T. Brown - Guitar
Hearlon "Cheese" Martin - Guitar
Jimmy Nolen - Guitar
Gordon Edwards - Bass
Chuck Rainey - Bass
Fred Thomas - Bass
Bob Both - Percussion
Sue Evans - Percussion
Ralph MacDonald - Percussion
James Madison - Drums
Harvey Mason, Sr. - Drums
John Morgan - Drums
John Starks - Drums
Johnny Griggs - Congas
James Buffington - French Horn
Eddie Daniels - Reeds
David Tofani - Reeds
Pee Wee Ellis - Baritone Sax
Jim Parker - Alto Sax
Maceo Parker - Alto Sax
David Sanborn - Alto Sax
St. Clair Pinckney - Tenor Sax
Joe Farrell - Tenor Sax
Frank Vicari - Tenor Sax
Isiah "Ike" Oakley - Trumpet
Jon Faddis - Trumpet
Lew Soloff - Trumpet
Michael Gipson - Trombone
Tom Harrell - Trombone
Maretha Stewart - Background Vocals
Hilda Harris - Background Vocals
Martha Harvin - Background Vocals
Deborah McDuffie - Background Vocals
Lyn Collins - Background Vocals
Johnny Scotton - Background Vocals

JAMES BROWN

SaMeDi
Prince "Dirty Mind" (1980)
ou "Prince and the (First) Revolution"

S'il fallait décrire en quelques mots la transformation de Prince pour ce Dirty Mind ? Prince libéré, Prince déniaisé mais, surtout !, Prince à la pointe, Prince qui ose ! Parce qu'en se permettant une fusion funky qui en emprunte à la new wave (plus blanc, tu meurs !) et à la pop (on le sait, Prince, adore les Beatles auxquels il rendra d'ailleurs un hommage appuyé, quelques années plus tard, sur l'inégal Arount the World in a Day), le petit homme de Minneapolis tombe sur un mirifique filon. Du coup, il désale salement son écriture transformant l'aimable et assez standard chanteur soul/funk en implacable machine de guerre groovy et sexuée qui n'a peur de rien, pas même d'une androgynie, d'un doute plus qu'entièrement assumé, revendiqué. Provocation ? Sans doute un peu, mais quelle claque aussi ! Parce qu'en plus il a exactement les chansons qui vont bien, le bougre !, avec le funk robotique (merci Kraftwerk) d'un Dirty Mind d'ouverture, les atours new wave d'un glorieusement troussé When You Were Mine et même du vrai rock'n'roll sur le très réussi si beaucoup trop court Sister, ce sans oublier les plus "black moments" du moite Gotta Break Heart Again ou des très "shake your booty"Uptown et Partyup. Une collection d'anthologie, quoi, que, c'est à noter, Prince n'est pour la première fois pas le seul à enfanter avec les guests que sont les deux futurs The Revolution, Lisa Coleman et Doctor Fink, ce dernier étant même participé à la composition de la chanson-titre. Évidemment, Prince faisant le reste, soit presque tout, on reste encore près de ses habitudes débutantes mais, déjà, l'avenir semble se préparer. Et ça tombe bien parce que Dirty Mind c'était l'avenir en 1980, une fusion inédite qui fera florès et influencera chez les afro-américains comme chez les WASP, c'est dire l'astronomique portée du machin ! En fait, si vraiment vous m'y poussez, je ne vois qu'un défaut à cette troisième livraison, son extrême brièveté parce que, enfin, quand c'est aussi bon que ça, on en voudrait quand même plus que cette minuscule demie-heure. Sinon ? Obligatoire !

1. Dirty Mind 4:14
2. When You Were Mine 3:47
3. Do It All Night 3:42
4. Gotta Broken Heart Again 2:16
5. Uptown 5:32
6. Head 4:44
7. Sister 1:31
8. Partyup 4:24

Lisa Coleman – vocals on "Head"
Doctor Fink– synthesizer on "Dirty Mind" and "Head"
Prince – all other vocals and instruments

PRINCE

L’Été Mange-Disques - 7 Honteux

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Des albums qu'on écoute en se cachant ou des albums dont les auteurs feraient bien de se cacher, c'est le programme d'une semaine un peu honteuse chez le Zornophage, honteuse comme ces bourrelets disgracieux que la séance de parking à bronzer révèle chez le vacancier... Enjoie ? Allez, on va dire ça !

DiMaNCHe
Kylie Minogue "Impossible Princess" (1997)
ou "Impossible à détester"

Reconnaissons-le, petite princesse d'une pop fast food étant passée précédemment par un soap de son pays (l'Australie), puis version un peu cheap de la Ciccone, Kylie Minogue, c'est un tout petit peu la honte. Quand en plus on se targue d'avoir du goût, posséder un opus de la (fausse ?) blonde de poche tient carrément de la faute... de goût, justement ! Mais il y eut une parenthèse enchantée, une rare occurrence où l'ambition commerciale de l'artiste fut mise en berne, de nouveaux équipiers recrutés et une galette nettement plus substantielle proposée, Impossible Princess. Présentement, Kylie en est à son deuxième opus depuis qu'elle s'est séparée des encombrants mentors de sa jeune carrière (Stock, Aitken et Waterman, les tristement fameux "inventeurs" d'également Jason Donovan ou Rick Astley) avec donc chevillée au corps une envie d'indépendance, de renouvellement d'un art qui souhaite s'éloigner de la dance-pop niaise de jadis au profit de son équivalent plus évolué, noble but. Un but qu'elle atteint plus souvent qu'à son tout parce que, présentement, d'un Too Far paré d'une maline rythmique jungle et de cordes trip-hoppantes (on est pas loin de 4Hero), des purs exercices d'heroic-pop très réussis que sont Some Kind of Bliss et I Don't Need Anyone (très Manic Street Preachers, et pour cause, ce sont bel et bien les gallois qui sont aux commandes), d'un Say Hey très hype et club mais aussi doté d'un formidable décrochage planant et d'une grande performance de Miss Minogue, d'un Limbo en forme d'électro-techno au surprenant et satisfaisant abattage, aux deux petites perles finales, le totalement trip-hop Through the Years au malin et cordé Dreams, c'est à une inspirée sélection que nous avons indéniablement affaire. Qu'importe si le reste est un peu moins décisif, un peu plus de ce qu'on imagine entendre sur un album de Kylie, Impossible Princess, exemple unique dans la discographie de son auteure, est une galette à la fois ambitieuse et ludique qu'on recommandera au-delà des adorateurs de dance-pop qui, cependant, y trouveront largement leur compte. Et on dit ? Bravo Kylie !

1. Too Far 4:43
2. Cowboy Style 4:44
3. Some Kind of Bliss 4:13
4. Did It Again 4:21
5. Breathe 4:37
6. Say Hey 3:36
7. Drunk 3:58
8. I Don't Need Anyone 3:12
9. Jump 4:02
10. Limbo 4:05
11. Through the Years 4:19
12. Dreams 3:44

Kylie Minogue – lead vocals, backing vocals, synthesiser
Steve Anderson– drum programming, grand piano, guitar, Hammond B3, keyboards
Guy Barker– trumpet
Geoff Bird– guitar
Greg Bone– guitar
James Dean Bradfield – bass, guitar
Alan Bremmer– programming
Livingstone Brown– bass
Simon Clarke – flute, saxophone
Andy Duncan – percussion
Johnnie Hardy – fiddle
Sally Herbert – strings
Bogislaw Kostecki – fiddle
Peter Lale – viola
Roddie Lorimer – trumpet
Martin Loveday– cello
Sean Moore– drums
Nick Nasmyth – keyboards
Tim Sanders– saxophone
Steve Sidelnyk – drums, percussion
Neil Sidwell – trombone
Steve Walters– bass
Gavyn Wright– violin

KYLIE MINOGUE

LuNDi
Bad English "Bad English" (1989)
ou "FMiné"

Du rock pour la radio ? Par cinq emplumés plus tout à fait de la première fraicheur ? L'horreur absolue ! Sauf qu'il y a les chansons, et le savoir-faire d'une bande de professionnels ô combien expérimentée, et, là, tu ne peux plus lutter... Enfin, si, évidemment, tu peux rejeter en bloc ces mélodies dégoulinantes de sucre, cette production ô combien typique de son genre, et je ne te parle même pas de ce que peut inspirer un petit coup d’œil au look forcé des mecs sur la pochette. Oui, tout ça est vrai et, de fait, ce Bad English originel (un album suivra, qui ne reproduira pas l'exploit) est un album du genre archétypique, pur opus de (hard) Rock FM qui ne semble ne pouvoir plaire qu'à ceux qui ont une petite place dans leur cœur pour Foreigner, Toto, Bon Jovi, Journey évidemment (puisqu'on en retrouve certains cadres), bref, ce stadium rock ultra-formaté qui fit fureur auprès des masses étasuniennes de la fin des années 70 à la fin des années 80. Pour ceux-là, du rocker taillé pour les highways de Best of What I Got, du pop-metal hit à l’entêtant refrain qu'est Heaven Is a 4 Letter Word, du costaud rock fm de Forget Me NotNeal Schon nous rappelle qu'il est quand même un sacré guitariste, à la grosse power-ballad tire-larmes ultime (When I See You Smile, délicieux ou insupportable selon vos inclinaisons), pour ne citer que ces quelques exemples typiques, Bad English, c'est le bonheur incarné, un machin tellement millimétré, tellement expertement conçu et accoucher qu'on n'y résiste pas. Les autres ? Soit ils auront de s'infliger la torture d'un douloureux retour vers les 80s, soit ils fuiront à toutes jambes devant la nausée qui s'annonce. Mais pour ceux qui aiment... Ha ! Ce Bad English de Bad English, je te le dis, c'est de l'or en barre et peut-être bien l'ultime classique d'un genre qui ne va plus tarder, grunge oblige, à sombrer dans l'anonymat, o tempora o mores !

1. Best of What I Got 4:40
2. Heaven Is a 4 Letter Word 4:45
3. Possession 5:08
4. Forget Me Not 4:58
5. When I See You Smile 4:20
6. Tough Times Don't Last 4:42
7. Ghost in Your Heart 4:46
8. Price of Love 4:47
9. Ready When You Are 4:20
10. Lay Down 4:38
11. The Restless Ones 5:23
12. Rockin' Horse 5:31
13. Don't Walk Away 4:30

John Waite - lead vocals
Neal Schon - lead, rhythm & acoustic guitars, backing vocals
Jonathan Cain - keyboards, backing vocals
Ricky Phillips - bass, backing vocals
Deen Castronovo - drums, percussion, backing vocals

BAD ENGLISH

MaRDi
Metallica "St. Anger" (2003)
ou "Anger Management"

A quoi bon tirer sur l'ambulance ? A quoi bon encore dire tout le mal qu'on pense d'un album universellement (ou presque) conspué ? Pourquoi, plutôt, ne pas célébrer l'exercice cathartique d'une galette infecte sur un groupe en voie de se perdre, un groupe qui sort de deux albums d'alternative metal, d'un album de reprises et d'une relecture symphonique (partiellement ratée) de son œuvre, d'un groupe qui a su, par la seule force d'une prise de position de sa tête à claques de batteur contre Napster, se faire détester comme rarement un groupe jadis adoré y parvint. Alors, oui, il fallait passer par St. Anger, passer par cet album où Lars Ulrich a le pire son de batterie de sa carrière (enterré les casseroles de And Justice for All !), où James empile les riffs là où il a d'habitude le bon goût de les sélectionner, ou le même s'adonne à une étonnante, atterrante, risible même !, caricature de son propre personnage de chanteur (des paroles à l'interprétation, tout y est), un album où Kirk Hammett est totalement privé de soli (et du coup assez absent, tant mieux pour lui), un album, enfin, sans bassiste où le producteur/grand frère/nounou, Bob Rock, fait l'intérim d'un Jason Newsted démissionnaire (parce qu'il a d'autres envies et parce qu'il n'en peut plus du psychodrame qu'est devenu Metallica)... Ca fait beaucoup ! Trop pour que ce Titanic d'opus ne rencontre pas l'iceberg artistique qui lui semble promis. De fait, que sauvera-t'on de St. Anger ? Frantic (tic toc tic toc) qui porte bien son nom, etSt. Anger, la chanson, parce qu'il s'y passe tout de même quelque chose... Et encore !, parce qu'on aime Metallica et qu'on veut trouver le rayon de soleil dans le ciel de plomb d'une œuvre magistrale parce que magistralement ratée, un album si intégralement inécoutable qu'on ne résiste pas de le ranger aux côtés du Metal Machine Music de Lou Reed avec lequel, d'ailleurs... Mais ça c'est une autre histoire (et pas la pire d'ailleurs !).

1. Frantic 5:50
2. St. Anger 7:21
3. Some Kind of Monster 8:26
4. Dirty Window 5:25
5. Invisible Kid 8:30
6. My World 5:46
7. Shoot Me Again 7:10
8. Sweet Amber 5:27
9. The Unnamed Feeling 7:10
10. Purify 5:14
11. All Within My Hands 8:48

James Hetfield– vocals, rhythm guitar
Kirk Hammett– lead guitar, backing vocals
Lars Ulrich– drums
&
Bob Rock– bass

METALLICA

MeRCReDi
Lou Reed "Metal Machine Music" (1975)
ou "De qui se moque-t-on?"

Ok, vive l'expérimentation, vive le bruit blanc, vive le "je n'en ai rien à carrer de ce que pense le reste de l'humanité", mais, tout de même, sur Metal Machine Music, Lou Reed se moque un tout petit peu, non ? Une démarche artistique vous dites ? Certainement pas de celles qui fédèrent les foules alors parce que cet opus de bruit et de bruit (et non de fureur parce que ce n'est pas particulièrement furieux) se pose un peu là dans le genre indigeste. Plutôt, si vous voulez mon avis et si vous ne voulez pas tant pis, vous l'aurez quand même, un pur exercice de provocation avec, certes, un authentique cheminement intellectuel derrière (l'influence des minimalistes qui "dronent" tel que LaMonte Young et son Theatre of Eternal Music dont était d'ailleurs le vieil ami/ennemi de Lou, John Cale) mais aucunement l'ambition d'accoucher d'une œuvre écoutable. Parce que, pour influent qu'est aujourd'hui considéré Metal Machine Music, via son influence sur le développement de la musique industrielle ou du Noise Rock, c'est d'une vraie purge auditive dont il s'agit de celles qu'on ne possède que pour se souvenir que celui qui avait si bien décollé avec l'immanquable Transformer (avec l'aide de qui vous savez) est un potentiel accident industriel pour qui oserait lui accorder toute latitude artistique, comme c'est le cas ici. A partir de là, savoir si vous avez l'estomac pour un pareil machin n'appartient qu'à vous, à votre capacité à encaisser cette grosse heure de chaos électroacoustique d'un vrai sale gosse du rock and roll qui, d'ailleurs, déclarera, à propos du présent : "Quiconque arrive jusqu'à la quatrième face est plus stupide que moi", c'est dire l'état d'esprit frondeur et le peu de cas que fait Lou Reed de son auditoire...

1. Metal Machine Music, Part 1 16:10
2. Metal Machine Music, Part 2 15:53
3. Metal Machine Music, Part 3 16:13
4. Metal Machine Music, Part 4 15:55

Lou Reed - Guitar, Keyboards, Vocals

LOU REED

JeuDi
Sigue Sigue Sputnik "Flaunt It" (1986)
ou "Les Escrocs"

Le look pseudo superheros de manga et la pochette qui va avec, la musique en forme de glam rock retravaillé à la sauce synthpop, décidément, ces anglais-là avait le cran d'un mauvais goût affirmé avec fierté, arrogance même. Évidemment, c'est le genre de supercherie, le type d'effet de mode qui, talent mis à part, ne fait que passer, atteint rapidement son pic avant d'entamer une vertigineuse descente, ne tient jamais très longtemps et, de fait, Sigue Sigue Sputnik disparaitra vite, et reviendra trois fois sans jamais regagner ses "15 minutes de gloire" originelles, faut pas rêver non plus. Tout ça nous ferait rapidement démettre cette absolue kitscherie, ce criard artifice sauf que, reconnaissons-le, il est plutôt bien fichu et plutôt très efficace ce vilain petit canard qui a voulu se faire aussi grosse que le bœuf, ce Flaunt It où, certes, les effets synthétiques sont souvent le cache-misère d'un songwriting approximatif, tout comme le look des cinq zozos, et le "spectacle" qui va avec, était sensé fourvoyer les oreilles de leurs auditoires live, à la Kiss, quoi, mais il fonctionne (particulièrement sur ses deux supra-efficaces singles, Love Missile et 21st Century Boy, la vraie crème de l'opus). Parce que, bon, pour tous ses défauts, l'album à son charme, et probablement le charme de ses défauts d'ailleurs, il est pétillant, distrayant comme l'est un poteau qui fait l'idiot, et tient plutôt bien la route avec ses déjà 30 ans d'âge. Essentiel ? Sans doute pas mais on peut décemment le recommander aux nostalgiques des excès des années plastiques ou à ceux qui n'y étaient pas mais ont des envies de "Machines à Remonter le Temps".

1. Love Missile F1-11 (Re-Recording Part II) 3:49
2. Atari Baby 4:57
3. Sex-Bomb-Boogie 4:48
4. Rockit Miss U·S·A 6:08
5. 21st Century Boy 5:10
6. Massive Retaliation 5:02
7. Teenage Thunder 5:17
8. She's My Man 5:37

Martin Degville - vocals
Tony James - synth guitar
Neal X - electric guitar
Ray Mayhew - drums
Chris Kavanagh - drums
&
Miss Yana Ya Ya - special effects

SIGUE SIGUE SPUTNIK

VeNDReDi
François Hadji-Lazaro "Les Mamies" (1992)
ou "Nanar"

Je ne sais pas si vous connaissez ça mais, personnellement, il y a des artistes "de ma famille", que je suis "religieusement" dans leurs œuvres principales comme dans leurs exactions parallèles où, parfois, on a de mauvaises surprises. C'est le cas de cette B.O. d'un gros nanar français du début des années 90 qui n'eut que le succès qu'il méritait, aucun, mais dont je m'étais procuré la soundtrack parce que, dans le mille Émile !, François Hadji-Lazaro (Pigalle, Les Garçons Bouchers, Los Carayos... excusez du peu) était à la barre. J'ai vu le film, Les Mamies, avec Danielle Darrieux, Sophie Desmarets, Odette Laure, Paulette Dubost et Marthe Villalonga dans les principaux rôles titres, c'te casting de folie !, qui m'a laissé fort peu de souvenirs outre son absolue nullité dans le registre de la comédie familiale qui n'en manque pas, notez, et fort peu écouté le CD avant de le ressortir, juste pour voir, enfin, entendre... Et c'est franchement moins pire que ce dont je me souvenais avec, même, quelques très jolis thèmes tel que l'acoustique Lise Boit, à la Moustaki,  les country & western Bonne Est Lise et Les Mousquetaires des Appalaches ou à Nashville, le folk rock de Qu'Est-ce Qu'On se Marre dans le Grenier, le "folkobilly" de A la Chasse à la Mob, ou le jazz bien mené de Le Jazz Club aux Mousquetaires, et même quelques chansons (le très Garçons Bouchers dernière période Adolescent, la chansons réaliste revisitée de Mon Gavroche à Moi, la divine apparition des fous-furieux des Tétines Noires (My Night Club Head)) qui contribuent certainement aux meilleurs moments. Épars, les bons moments, pas suffisamment présents, des idées parfois sous-développées comme c'est si souvent le cas avec les courtes pistes des bandes-sons de film, qui sont avant tout faites pour être entendues en support de la pellicule éclairée, pour qu'on recommande une galette de toute manière difficilement localisable (parce que plus éditée) mais, sait-on jamais, si un jour l'occasion se présente (ici par exemple ! ;-)) et que "le Gros" vous a toujours "parlé", ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée...

1. La Comptine Des Mousquetaires 0:30
2. Fanfare Des Mousquetaires 1:03
3. Lise Boit 1:09
4. Les Mamies 3:09
5. Le Menuet Des Mousquetaires 0:39
6. Kill Destroille 0:40
7. Bonne Est Lise 1:54
8. Adolescent 2:47
9. Les Mousquetaires Des Appalaches 1:18
10. Vive Le Mariage 0:35
11. Qu'Est-Ce Qu'On Se Marre Dans Le Grenier 1:53
12. Mon Gavroche À Moi 2:43
13. Les Mousquetaires Au Portugal 1:07
14. J'Ai Une Gueule D'Atmosphère? 1:19
15. Je Thème 1 2:44
16. Je Thème 2 2:07
17. Les Mousquetaires Sont Fatigués 1:32
18. À La Chasse À La Mob 1:00
19. Les Hard Mousqueters 1:12
20. Les Raviolis Sont Jolis 1:14
21. Dans La Rome Antique 3:20
22. Les Mousquetaires À Nashville 1:18
23. Charroux S.A. 0:59
24. Cherche Cherche 0:55
25. Les Mousquetaires À La Ferme 1:18
26. My Night Club Head (Les Tétines Noires) 3:16
27. Porto Rinolaryngologiste 1:31
28. Nom D'Un Bréviaire 1:39
29. Les Mousquetaires Valse 1:35
30. Le Bar Était Louche 2:16
31. Au Zoo C'Est Beau 1:29
32. Le Jazz Club Aux Mousquetaires 1:30
33. Pot-Pourri Des Mousquetaires 2:02

Various Instruments – François Hadji-Lazaro
Bass – Boubouche
Double Bass – Alain Wampas
Drums – Xavier Mesa
Guitar – Moby Dick (11), Robert Bazarte
Keyboards – Alex Reitzman
Saxophone – Pierre Rigaud
Trombone – Bernard Maitre
Trumpet – François Martin
Vocals – Sapu

FRANÇOIS HADJI-LAZARO

SaMeDi
Lene "Play with Me" (2003)
ou "Post-Barbie Girl"

Comment ça vous ne connaissez pas Lene ? Outre un physique qu'on remarque et une charmante frimousse, elle fut la reine (et l'est redevenue, le groupe s'étant reformé) des dance-poppers norvégiens d'Aqua, mais si, vous savez, Barbie Girl, ce one hit one-hit-wonder aussi agaçant qu'addictif, aussi fun que nauséeux avec son hymne, certes décalé, à la femme objet. Femme objet qu'était donc Lene, dans le clip, mais certainement pas derrière les spotlights où, plus qu'une simple potiche, elle participe activement à l'écriture, pour ce que ça vaut glisseront les tenants du bien-écoutant... Bref, en 2003, Aqua n'est plus qu'un souvenir et Lene, Nystrøm de son nom de famille, se lance dans une carrière solo avec, ô! surprise, un album de dance pop dans la droite lignée de qui vous savez. Play with Me qu'il s'appelle, un titre qu'on mettrait bien à exécution et une galette rondement menée qui, n'en doutons pas, saura séduire les amateurs du genre. Parce qu'elles sont bien troussées ces chansons, absolument classiques dans le genre, les figures du genre de l'époque (Madonna encore et toujours, Kylie Minogue, Britney Spears ou, déjà, Beyoncé) ne sont jamais bien loin, mais, à l'image d'un It's Your Duty (to Shake That Booty), single introductif et tube au Danemark et ne Norvège, passé sous silence chez nous d'ailleurs, absolument réussi et diablement efficace où la voix mutine de Lene fait merveille, c'est une affaire qui roule, une belle mécanique de précision parce qu'autour, il n'y a rien qui ne déçoive si on n'attend pas de Play with Me autre chose que ce qu'un album de dance-pop est capable d'offrir, une belle quarantaine de minutes de "mindless fun" pour se secouer le popotin avec même de jolies ballades (le trip-hop au refrain qui pète façon power ballad 80s, Bad Coffee Day, le classieux et cotonneux Scream qui clôt l'album en beauté) ou de belles trouvailles d'arrangements (les flaveurs orientales discrètes de Virgin Superstar et Up in Smoke, la guitare compressée d'It's Your Duty, Play with Me ou Surprise). Rien de révolutionnaire mais, indéniablement du travail bien fait et une galette finalement assez fraiche (la voix de Lene y est pour beaucoup) et donc largement recommandable si, prioritairement, aux amateurs du genre. Et aux curieux qui tomberaient par chance dessus, on ne sait jamais et qui auront sans doute un peu honte de l'aimer, ce petit album...

1. Virgin Superstar 3:24
2. Pretty Young Thing 4:24
3. It's Your Duty 3:06
4. Play with Me 3:05
5. Bad Coffee Day 4:44
6. Here We Go 3:43
7. Bite You 3:29
8. Up in Smoke 3:38
9. We Wanna Party 3:18
10. Pants Up 3:31
11. Surprise 3:01
12. Scream 3:44

LENE
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